Jeudi 27 avril 2023, SMART TECH reçoit Anne Cousin (Avocat associée, cabinet HERALD) , Cécile Doutriaux (avocate, fondatrice, cabinet Juris défense Avocats) et Henri d'Agrain (Délégué général, Cigref)
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00:00 ...
00:05 -On débat de l'actualité avec Cécile Doutriau,
00:08 avocate fondatrice du cabinet Jury Défense Avocat.
00:11 Je vous dis à nouveau bonjour.
00:13 Je vous ai déjà salué en ouverture,
00:15 mais on recommence.
00:16 Henri Dagrin, délégué général du CIGREF,
00:19 et Anne Cousin, avocate.
00:21 On a deux avocates en plateau.
00:23 Restez avec nous, Léo Brianc, cofondateur et président
00:26 de Vitascience. On a commencé à aborder ces enjeux
00:29 ensemble autour de l'intelligence artificielle,
00:32 des plateformes numériques qui prennent de plus en plus de place.
00:35 On va commencer avec ce premier sujet,
00:38 la liste fournie par la Commission européenne
00:40 de 19 plateformes, des grandes plateformes du numérique,
00:44 qui ont jusqu'au 25 août pour se conformer
00:47 au Digital Services Act,
00:49 donc un nouveau règlement européen
00:51 qui va s'imposer, qui va imposer aux plateformes
00:54 davantage de contraintes.
00:55 Elles ont une échéance un peu plus tôt
00:58 que la mise en oeuvre début septembre,
01:00 parce qu'on va les tester,
01:01 on va monter des audits en blanc
01:04 pour voir si ces plateformes sont prêtes.
01:07 Et dans cette liste, évidemment,
01:09 il y a Twitter, mais ça, on en reparlera.
01:11 On va commencer avec la liste des 19.
01:13 Première réaction là-dessus.
01:15 C'est la machine de la Commission européenne qui est lancée.
01:18 -Oui. -Anne Cousin.
01:20 -Oui, tout à fait. C'est l'offensive européenne
01:23 qui est lancée. On n'a pas beaucoup de surprises
01:25 dans la liste des 19. On s'y attendait, évidemment.
01:28 C'est à la fois des plateformes et des moteurs de recherche.
01:31 C'est important de le dire.
01:33 -Il y a même Zalando, j'ai vu. -Il y a même Zalando.
01:36 J'étais étonnée.
01:37 Donc ces plateformes, elles sont au coeur
01:40 du dispositif européen, il faut bien le comprendre.
01:42 Ce qu'on va leur demander avec l'entrée en vigueur du DSA,
01:46 c'est un effort considérable, à la fois de s'interroger
01:49 sur elles-mêmes et leur fonctionnement,
01:51 c'est-à-dire rechercher pourquoi elles sont l'occasion
01:54 de donner des informations, etc., et travailler là-dessus,
01:57 et aussi se plier annuellement à un audit extérieur.
02:00 Donc c'est considérable, parce qu'en fait,
02:03 ces plateformes-là, elles ont un fonctionnement secret.
02:06 -Là, on va défiler la liste des 19.
02:08 -Voilà. Même si parfois, la justice française
02:10 essaye de soulever le voile et de leur demander
02:13 plus d'informations à l'occasion de référés
02:16 engagés par des associations de défense de droits humains,
02:19 elles sont très réticentes à fournir des informations,
02:22 et là, elles vont avoir une obligation réglementaire
02:25 de le faire, sous peine de sanctions très élevées.
02:28 Donc on change complètement la donne.
02:30 Donc on va voir, on va voir si elles vont effectivement
02:33 jouer le jeu, mais on est probablement...
02:36 -Oui, parce qu'en plus, il va falloir...
02:38 Ces plateformes sont censées ouvrir la boîte noire,
02:41 vous parliez de la boîte noire des algorithmes,
02:44 aux experts mandatés par l'Union européenne.
02:46 On sait pas trop comment ça va se passer,
02:49 quand même, encore, tout ça. Henri ?
02:51 -On commence à avoir, en tous les cas,
02:53 des indications assez précises,
02:55 puisque déjà, c'était prévu dans les textes
02:57 que la Commission européenne devait se doter
03:00 de structures d'expertise permettant d'assurer le contrôle.
03:04 Alors, il y a eu quelques débats entre le niveau européen
03:07 et les niveaux nationaux.
03:09 Je crois que ça a été, pour le DSA, en tous les cas, réglé,
03:12 et ça sera au niveau européen.
03:14 Pour un autre texte qui arrive,
03:16 qui est tout aussi important, le Digital Market Act,
03:19 qui va arriver, qui entre en vigueur,
03:21 et qui sera effectif à partir du mois de juillet,
03:24 où il va y avoir d'autres plateformes
03:26 qui vont être désignées comme gatekeepers,
03:29 comme contrôleurs d'accès, ça va être tout aussi important,
03:32 je crois que l'Union européenne, aujourd'hui,
03:35 fait valoir son droit, je régule,
03:37 et je dis ce qu'on peut faire,
03:38 conformément aux valeurs de l'Union européenne,
03:41 sur le marché européen.
03:43 Il faut pas oublier que, globalement,
03:45 au niveau mondial, l'Europe, ça représente 30 %
03:48 de l'Union européenne, je ne sais pas pour chacune de ces plateformes
03:51 quelle est la part du marché européen,
03:54 mais c'est 30 %.
03:55 Personne, aujourd'hui, aucune grande entreprise mondiale
03:58 peut se dire "je vais renoncer à 30 % du marché".
04:01 -Là, on voit que l'Union européenne fait la force.
04:04 -Absolument.
04:05 -Et puis, il y a cette phrase de Thierry Breton,
04:08 "With great scale comes great responsibility".
04:10 Ca doit plaire aux avocats, ça.
04:12 -En fait, ça s'inscrit dans un mouvement
04:15 qui date déjà de plusieurs années,
04:17 où on parlait d'une charte éthique,
04:19 parce qu'on n'avait pas les moyens juridiques
04:21 de réglementer l'intelligence artificielle.
04:24 Ca, c'est en octobre 2020.
04:25 Après, vous avez eu le 21 avril 2021,
04:28 justement, des règlements européens
04:30 voulant légiférer sur l'IA pour la rendre plus transparente
04:34 les algorithmes, pour corriger les biais,
04:36 pour lutter aussi, et on en reparlera,
04:38 contre la désinformation en ligne et tous ces systèmes-là.
04:42 Mais vous parliez d'un terme offensif.
04:45 C'est vrai que l'Europe, l'Union européenne,
04:47 paraît très offensive, mais pour moi, elle a,
04:50 et je le regrette, un rôle davantage défensif.
04:53 C'est-à-dire que, comme on n'arrive pas,
04:55 au niveau technique, il faut bien le dire,
04:57 à rattraper notre retard en matière d'intelligence artificielle,
05:01 de souveraineté numérique,
05:03 on a recours à la loi, effectivement,
05:05 pour mettre des barrières à l'entrée du marché.
05:08 Vous le disiez très justement, Henri.
05:10 Forcément, se passer du marché européen,
05:12 c'est délicat pour ces entreprises.
05:14 Il y a des façons de mettre des barrières,
05:17 c'est par des taxes.
05:18 -Et trouver le moyen d'avoir des règles
05:20 pour être joué d'égal à égal, aussi,
05:22 sur ce marché du numérique ?
05:24 -Oui.
05:26 Enfin, je pense qu'il y a deux choses qui sont différentes.
05:29 Il y a, effectivement, et il faut le déplorer,
05:32 il faut même le crier,
05:34 pour l'Europe, c'est scandaleux,
05:36 ce sont ces pertes d'autonomie technologique,
05:39 cette incapacité de l'Europe à se doter de ses acteurs,
05:43 et de l'autre côté, cette capacité à réguler.
05:45 Elles ne sont pas antinomiques.
05:47 Les Etats-Unis, eux-mêmes, d'une certaine manière,
05:50 régulent tout autant, si non plus, que l'Europe.
05:53 La Chine, de la même manière.
05:54 Ce n'est pas parce qu'on a une autonomie technologique,
05:58 qu'on a même une hégémonie technologique,
06:00 qu'on ne régule pas par ailleurs ses acteurs.
06:03 Ce sont les deux piliers qui doivent faire avancer la technologie.
06:06 Ce qu'on peut déplorer en Europe,
06:08 c'est que ce pilier de l'autonomie technologique,
06:11 des géants technologiques, soit si absent,
06:15 et que ce soit véritablement des carences de notre continent.
06:18 -Je voulais qu'on écoute Thierry Breton,
06:20 parce que j'ai titré sur Twitter, on l'écoute.
06:23 Il était sur France Inter.
06:25 -Ce que je voulais dire pour répondre sur Elon Musk,
06:28 j'ai proposé à ces plateformes de procéder
06:31 avant le mois de septembre,
06:33 où la loi va devenir de droit,
06:35 d'aller faire des audits en blanc,
06:40 parce qu'à partir du mois de septembre,
06:42 pour toutes celles qui ont peur,
06:44 je crée une équipe extrêmement performante,
06:47 qui va faire des descentes,
06:50 quand elle est finie,
06:52 parce qu'elle voit les problèmes.
06:54 -Il y a un nouveau shérif dans la ville.
06:56 -On va le faire, mais comme mon objectif,
06:59 c'est que ces plateformes respectent désormais
07:02 notre droit européen,
07:04 j'aurais proposé de faire des audits en blanc.
07:07 Figurez-vous qu'Elon Musk a accepté.
07:09 Donc, j'irais faire un audit.
07:11 -Oui, quand même des descentes.
07:14 Thierry Breton, le commissaire européen,
07:16 ira lui-même se déplacer chez Twitter.
07:20 -Il y avait eu une initiative d'Elon Musk
07:22 de libérer l'algorithme,
07:24 pour le fil d'actualité de Twitter récemment.
07:27 -Pour le rendre plus transparent.
07:29 -Il y a d'autres éléments qui n'ont pas été libérés,
07:32 et l'audit va aller plus loin.
07:34 On a eu un premier élément
07:35 qui va vers plus de transparence
07:37 dans les algorithmes des réseaux sociaux.
07:40 -C'est intéressant concernant Twitter,
07:42 car Twitter, un peu obligé, a été un des premiers
07:45 à collaborer pour rechercher des auteurs.
07:47 Ca a commencé par des propos antisémites
07:50 il y a de nombreuses années,
07:52 où Twitter avait refusé de délivrer l'identité
07:54 des abonnés des comptes,
07:56 et avait été condamné par la justice.
07:58 Après, il s'est inscrit dans un mouvement d'ouverture.
08:01 Ce qui est intéressant concernant Elon Musk,
08:04 qui est un personnage fantasque,
08:06 c'est qu'il a signé aussi cet appel,
08:08 dont on parlera ensuite...
08:10 -Le moratoire sur l'intelligence artificielle.
08:13 -Sur l'intelligence artificielle.
08:15 -Tout en lançant sa propre entreprise.
08:17 -Il a bâti cette société.
08:19 Il a besoin de tout remettre à plat.
08:21 Cette pause, effectivement...
08:23 Il n'a pas que de mauvaises intentions.
08:25 Faire du commerce n'est pas une mauvaise intention.
08:28 Mais lui a une volonté d'ouverture.
08:31 Ca lui permet de replacer comment positionner sa société
08:34 par rapport à tout ça,
08:36 et je suis certaine qu'il a une idée précise.
08:38 Cette volonté d'ouverture lui permet de se démarquer
08:41 de ses concurrents et d'obliger ses concurrents
08:44 qui sont des bien lancés.
08:46 Il faut qu'il remette en marche son entreprise.
08:48 Ca lui permet, effectivement,
08:50 cette pause est plutôt pas mal venue.
08:52 -Pour l'instant, il n'y a pas de pause.
08:55 On va passer à notre 2e actualité.
08:57 C'est Yann Lequin qui ne donne pas 5 ans à Tchad GPT.
09:00 C'est bien, ça change du discours qu'on entendait jusqu'ici.
09:04 Donc, voilà, interview à Ousbek, Erika.
09:07 Il nous dit qu'il n'est pas bluffé par les réponses fournies
09:10 par Tchad GPT, que c'est de la bonne ingénierie.
09:13 En même temps, c'est pas monsieur, madame, tout le monde,
09:17 Yann Lequin. C'est quand même l'un des pères
09:19 de la méthode du deep learning.
09:21 C'est le patron de l'intelligence artificielle
09:24 chez MetaFacebook.
09:26 Voilà, c'est Medaille Fields.
09:28 Enfin, bon, c'est quelqu'un de vraiment très respectable.
09:31 Mais ce qu'il nous dit, c'est surtout que ce Tchad GPT,
09:34 il a ses limites.
09:35 Aujourd'hui, on ne sait pas produire des textes longs cohérents,
09:39 on a un outil qui ne fournit pas des réponses fiables,
09:43 sur lequel on ne peut pas se baser en termes de sources.
09:46 Et donc, selon lui, ces modèles vont disparaître
09:49 et laisser la place à d'autres,
09:51 d'autres sur lesquels il travaille, bien évidemment.
09:54 -Il réagit aussi par rapport à l'hystérie collective
09:57 qu'on a en ce moment, où on prête à Tchad GPT,
10:00 "Mondes et merveilles", toutes les possibilités,
10:03 la conquête de l'espèce humaine, presque.
10:05 Il a raison de dire que l'outil est limité,
10:08 et c'est ce qu'on essaie à notre modeste niveau de faire.
10:11 Après, je pense qu'il a été un peu dur, quand même,
10:14 en disant que dans cinq ans, plus personne n'en parlera.
10:17 Je ne vais pas parier avec lui directement,
10:20 mais je serais prêt à prendre le pari
10:22 que dans cinq ans, on en parlera encore,
10:24 ne serait-ce que dans les Tchadbots qu'on aura sur les sites web
10:28 qui répondront mieux aux gens.
10:30 Je pense à l'administration française,
10:32 ce serait très agréable...
10:34 -Son rôle, c'est d'éviter qu'on ait trop peur de ces outils.
10:37 C'est quand même son job.
10:39 -C'est pas que Tchad GPT.
10:41 -Non. -Là, c'est un petit peu...
10:43 -Absolument. -C'est vraiment
10:45 une vision un petit peu limitée.
10:47 -C'est ce qu'il dit, d'ailleurs.
10:49 -Je crois que c'est important de remettre ce modèle
10:52 d'intelligence artificielle développé par Oppenheim
10:55 dans l'histoire du temps long.
10:57 On travaille sur l'intelligence artificielle
11:00 depuis la fin des années 50.
11:02 C'est d'abord une discipline scientifique
11:04 qui étudie la façon dont on peut modéliser
11:06 le fonctionnement du cerveau humain
11:09 pour arriver à des décisions.
11:11 Dans les années 70, il y avait déjà des modèles
11:13 fondamentalement différents de ce que l'on fait aujourd'hui,
11:17 les systèmes experts.
11:18 C'était dans cette famille des modèles
11:21 d'intelligence artificielle.
11:23 Il y a eu une conjonction, ces dernières années,
11:26 de la disponibilité de la puissance de calcul,
11:29 de la puissance de réseau, de la puissance de stockage,
11:32 qui ont permis de mettre en oeuvre des modèles
11:35 mais qui sont déjà anciens, qui sont connus depuis longtemps.
11:39 Il n'y a pas une révolution.
11:41 Il y a d'abord une révolution, je crois,
11:43 marketing formidable, parfaitement réussi,
11:46 d'Oppenheim, qui a réussi ce que aucune autre entreprise
11:50 avait fait, d'avoir 100 millions d'utilisateurs
11:53 en deux mois ou deux mois et demi.
11:55 -Peut-être parce que personne n'avait osé lancer
11:58 ces modèles, c'était encore en version bêta.
12:01 -Souvent, on pose la question, quand on voit ce qu'est
12:04 Child GPT, qu'est-ce que ce sera dans 18 mois ?
12:07 Il faut plutôt se poser la question,
12:10 qu'est-ce que ce sera dans 18 ans ? C'est ça qui est important.
12:13 Il faut de la formation, la capacité à s'approprier
12:16 ces technologies, il faut de la capacité.
12:19 Et oui, l'Europe.
12:20 -Là-dessus, avec un règlement, quand même.
12:23 -Oui, mais juste... Il faut réglement.
12:26 Il faut toujours de la régulation, c'est important,
12:29 et les "I act" sont importants, mais il faut...
12:32 -Yann Lequin nous donne un conseil.
12:34 Il nous dit que si l'UE veut favoriser
12:36 la structuration d'une industrie de l'IA,
12:39 elle doit d'abord faire émerger une telle plateforme open source.
12:43 Il nous donne un conseil.
12:44 -Je pense que c'est un conseil tout à fait intelligent.
12:48 L'open source est certainement une des voies importantes
12:52 pour la capacité de l'Europe à restaurer son autonomie.
12:55 L'autonomie technologique, c'est pas la seule.
12:58 Il faut pas en faire l'alpha et l'oméga
13:01 de la souveraineté technologique pour l'UE,
13:03 mais c'est une voie tout à fait importante,
13:06 et je crois qu'on néglige trop, aujourd'hui, la capacité.
13:10 D'autant plus que ce qu'on ne voit pas,
13:12 c'est que l'open source, aujourd'hui,
13:15 pétrit l'essentiel de nos infrastructures.
13:17 -Absolument.
13:18 -Les leaders français de l'IA open source,
13:21 c'est justement Hugging Face, la société...
13:24 Elle n'est pas française, mais elle a été fondée par des Français.
13:28 C'est eux, les leaders, au niveau mondial,
13:31 de l'open source dans l'IA, qui ont lancé,
13:33 hier ou avant-hier, un modèle qui s'appelle Hugging Chat,
13:37 qui a vocation à être un challenger de chat GPT,
13:40 mais version open source. -On les a reçus en plateau.
13:43 -Il faudra que le monde de l'open source
13:46 se conforme à ces régulations, ce qui est plus compliqué,
13:49 ce qui semble plus compliqué,
13:51 en matière de sécurité, en matière environnementale...
13:55 -C'est bien, là, vous avez lancé un débat
13:57 sur les réseaux sociaux. -Il existe, déjà.
14:00 -Je propose qu'on enchaîne, le temps passe très vite.
14:03 Je voulais qu'on parle, notamment avec mes deux avocates,
14:06 en plateau, de ce salarié, si tu peux l'appeler,
14:09 ce chauffeur Uber,
14:11 qui s'est fait virer par un algorithme,
14:14 tout simplement, et qui a gagné son procès.
14:17 Vous avez étudié ça de près, mesdames ?
14:19 -Oui, avec plaisir, parce que moi,
14:21 les plateformes qui font travailler des personnes
14:24 me passionnent depuis de longues années.
14:26 Ce qui est intéressant, vous disiez,
14:28 ce salarié, on ne sait pas, mais c'est vrai
14:31 que dans un premier temps, la société Uber,
14:33 comme d'autres, se sont installées avec des prix très attractifs,
14:37 ils proposaient un emploi au chauffeur,
14:40 ils étaient à leur compte, donc c'est toujours valorisant
14:43 d'avoir sa propre entreprise, et peu à peu,
14:46 les conditions d'exercice se sont dégradées,
14:49 et ils ont été en contrainte.
14:50 Il y a eu plusieurs recours devant la cour de cassation,
14:53 et c'est très intéressant, parce que dans ce cas précis,
14:57 c'est un logiciel d'intelligence artificielle
14:59 en matière de ressources humaines qui aurait détecté
15:03 qu'il n'a pas respecté un itinéraire préconisé,
15:05 et donc il l'a sanctionné par un avertissement,
15:08 en lui disant que vous allez être détaché de la plateforme
15:11 si vous ne modifiez pas votre comportement.
15:14 Effectivement, par la suite, il a été...
15:17 -C'est que même quand il a essayé d'avoir un recours,
15:19 de s'adresser à un humain pour expliquer ce qui s'était passé,
15:23 ou en tout cas avoir une explication
15:25 sur la décision de l'algorithme, porte-closes.
15:28 -Ce qui est très intéressant, c'est que c'est au Royaume-Uni
15:31 que la décision de justice a été rendue,
15:34 et en France, on aurait eu la même décision,
15:36 c'est l'impossibilité d'automatiser à 100 %
15:39 une décision qui a des conséquences importantes
15:42 pour un être humain.
15:43 Peut-être que cette plateforme était sa seule source de revenus,
15:47 qui était inscrite à d'autres plateformes,
15:49 mais elle générait beaucoup de revenus pour lui.
15:52 Ca a des conséquences importantes sur sa vie.
15:54 Il y avait la loi pour une République numérique
15:57 en octobre 2016 qui disait qu'on ne peut pas,
15:59 sans avoir recours à un être humain en parallèle,
16:02 automatiser une décision par l'intelligence artificielle
16:05 sans que l'être humain intervienne.
16:07 C'est ce qu'il demandait.
16:09 C'est au Royaume-Uni que cette décision est intervenue.
16:12 Moi, ce qui m'interroge profondément...
16:14 -C'est grave de les faire réagir.
16:16 -Oui. C'est juste que je suis étonnée
16:18 que des plateformes comme Uber ont des juristes,
16:21 j'imagine, pour les conseiller,
16:23 que c'était tellement prévisible.
16:25 -On les écoute pas, les jurés, c'est connu.
16:27 -Ca dépend. Ca dépend.
16:29 -On va les écouter de plus en plus.
16:31 J'ai l'impression que vous vouliez ajouter quelque chose.
16:34 -C'est une décision pas très étonnante, en réalité,
16:37 puisque dans toute l'Europe, grâce au RGPD,
16:40 l'Europe juridique existe, il faut savoir le dire.
16:43 -Bien sûr.
16:44 -On a un droit à ne pas être l'objet d'une décision
16:47 purement automatisée qui a des conséquences juridiques.
16:50 C'est un droit reconnu comme tel dans le règlement.
16:53 Il a fait valoir ce droit.
16:55 Il a pas réussi à le faire valoir en interne,
16:57 c'est-à-dire à l'égard de son employeur,
17:00 mais il a réussi à le faire valoir devant un juge.
17:02 En France, la décision sera exactement la même.
17:05 -Dernière actualité qu'on va commenter ensemble,
17:08 c'est cette idée d'ajouter une taxe sur les plateformes de streaming
17:12 pour financer le secteur de la musique en France.
17:15 C'est un rapport qui a été publié le 20 avril
17:17 par le sénateur Renaissance Julien Bargeton.
17:20 Il recommande de taxer d'1,75 % les plateformes
17:22 et il dit qu'en gros, ce sera un dollar pour les abonnés.
17:26 Henri ? -Un problème, une taxe.
17:27 Rires
17:29 Bon, moi, je veux pas me prononcer sur le streaming,
17:32 mais on le voit...
17:33 -Il faudrait dégager 20 millions d'euros supplémentaires,
17:37 selon le sénateur.
17:38 -Un problème, une taxe, je ne sais pas.
17:40 Je ne sais pas si on peut continuer longtemps comme ça.
17:43 -On n'est pas sûrs, en plus,
17:45 que ce soit vraiment un dollar pour les abonnés.
17:48 J'imagine mal, les plateformes,
17:50 parce que les prix sont déjà assez bas
17:52 pour des écoutes illimitées,
17:54 j'imagine mal qu'on ne ressente pas quand même passer
17:57 cette petite taxe, nous aussi, sur nos abonnements.
18:00 Une réaction ?
18:01 -Ca concerne aussi la volonté qu'il y avait de lutter,
18:04 de protéger les droits d'auteur,
18:06 qui est quand même une loi qui n'a pas donné grand-chose
18:09 pour les faits. C'est un peu la même solution,
18:12 que les plateformes ou le digital service acte
18:14 pour les réseaux sociaux, les moteurs de recherche,
18:17 les plateformes, etc., au niveau européen.
18:20 -Les droits d'auteur sont respectés,
18:22 et il y a la redevance pour la coffee privée.
18:24 -C'est pour financer le fonctionnement
18:27 du Centre national de la musique,
18:29 qui a eu un financement un peu aléatoire,
18:31 et donc, là, il s'agit de renforcer le financement.
18:34 -On n'a pas trouvé le bon business model, c'est ça ?
18:37 -Je pense, quelque chose comme ça.
18:39 -Bon. Vous aviez remarqué une autre actualité
18:42 que vous vouliez commenter, Cécile Doutriau,
18:44 c'est la proposition de lutte contre le cyberharcèlement.
18:47 -C'est très intéressant,
18:49 parce que cette histoire de cyberharcèlement
18:51 est déjà ancienne, et on a beaucoup de mal
18:54 à l'endiguer de manière concrète.
18:56 C'est vrai que les gouvernements successifs,
18:58 et le Parlement, les sénateurs,
19:01 ont vraiment tenté de remédier à ce problème.
19:04 On a une multiplication de là.
19:06 Il y avait aussi la loi contre la haine en ligne
19:09 qui avait été déposée par madame Laetitia Avia,
19:13 qui, effectivement, avait été censurée en partie.
19:15 On revient constamment à la charge.
19:18 Ce qui est le plus intéressant, c'est sur le terrain judiciaire,
19:21 où ma consœur Scala a pu constater,
19:23 c'est vrai que les lois en France sont très complètes,
19:26 sont très précises,
19:28 mais il y a un empilement, en fait, de législation,
19:31 et après, sur le terrain, c'est autre chose.
19:34 Quand on a des dossiers, on veut les faire avancer.
19:37 -En plus d'un mot, ça vous semble pertinent ?
19:39 -L'idée est pertinente.
19:41 L'inouïable problème sur le terrain...
19:43 -Il y a les outils juridiques.
19:45 -On ne cesse de réaffirmer et d'en faire un sujet
19:48 du cyberharcèlement.
19:49 Je trouve ça très important,
19:51 parce qu'on gagnera davantage sur la sensibilisation
19:54 et sur la moralisation de l'utilisation
19:56 des réseaux sociaux, l'usage qu'on peut en faire.
19:59 -Merci. Il faut vraiment qu'on arrête là.
20:02 On a vraiment dépassé tout le temps qu'on avait.
20:05 -Cécile Dutrieux, du cabinet jury défenseur avocat,
20:08 Henri Dagrain, du CIGREF.
20:09 Je n'ai pas cité votre cabinet,
20:11 je ne l'avais pas noté. -Cabinet Hérald.
20:14 -Merci, Léo Brillant, de VitaSciences.
20:16 On fait une petite pause,
20:18 et ensuite, on part s'intéresser au sauvetage des navettes Navia.