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Eric Coquerel, député LFI de Seine-Saint-Denis, président de la Commission des Finances, était jeudi 27 avril 2023 l’invité du 8h30 franceinfo.

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00:00 -Cocrèle, le gouvernement veut s'attaquer à la dette, promet de la faire passer sous les 3% de déficit d'ici à la fin du quinquennat.
00:05 Est-ce qu'il a raison de dire 3 000 milliards d'euros de dette, ça suffit ?
00:08 On ne peut pas vivre un crédit comme ça pendant des décennies et en faire supporter le poids à nous et à nos enfants.
00:14 -Moi, je pense qu'il part sur une logique qui devrait être inversée.
00:22 C'est-à-dire qu'en gros, l'idée, c'est de se dire voilà, il faut réduire la dette et puis on adapte les budgets après.
00:27 Moi, je pense qu'il faudrait faire l'inverse. Il faudrait partir des besoins. Vous parlez d'une dette, par exemple.
00:32 Moi, la dette qui me fait le plus peur pour nos enfants, c'est pas la dette financière.
00:36 La dette financière, je vais peut-être vous choquer, mais par exemple la dette Covid, on pourrait très bien décider,
00:40 comme ça a été fait dans le passé, et moi, c'est ce que j'ai d'ailleurs proposé, c'est la dette détenue par les banques centrales,
00:45 qui passe sur les marchés, on pourrait proposer de l'annuler.
00:47 -Ça représente combien si on annule la dette Covid ?
00:49 -C'est 20% de notre dette totale.
00:51 -Donc 20% pardon de 3 000 milliards, 600 milliards d'euros.
00:54 -On annule 600 milliards d'euros. -Je vous rappelle que 600 milliards, pour assurer les gens qui nous écoutent,
01:00 c'est pas remboursé sur un an, c'est remboursé sur 7 à 8 ans environ.
01:04 -Au fil de l'eau. -Et donc, on les annule. Pourquoi on l'annule ?
01:07 Parce que cette dette-là, elle a été créée de manière exceptionnelle pour faire face au Covid,
01:11 comme il y a eu des dettes dans le passé qui ont été faites pour des guerres et autres, et ça aurait pu être annulé.
01:16 -Mais la dette Covid, elle n'est pas uniquement détenue par les banques centrales.
01:18 -La dette Covid, celle qui a été décidée par la Banque centrale européenne à peu près à hauteur de 20% des banques,
01:26 la particularité, et ça a d'ailleurs dérogé au traité, comme quand on peut déroger au traité,
01:30 c'est que ce sont des banques centrales qui détiennent. Contrairement aux autres 80% qui sont restées par les marchés.
01:36 -Mais vous pensez que les investisseurs continueront à nous prêter ?
01:38 -Si je vous dis ça, c'est qu'une dette financière, c'est quelque chose que l'on peut décider politiquement de manière...
01:45 On peut essayer de l'étaler plus dans le temps, on peut décider de l'annuler, on peut essayer de faire un moratoire,
01:51 on peut décider aussi, de toute façon, ce qui sera fait, de ne jamais rembourser le stock.
01:54 -On sait qui c'est la France, on sait l'Europe.
01:56 -On ne rembourse jamais le stock d'une dette. On rembourse les intérêts, et on a tellement de personnes qui veulent prêter aux Etats,
02:02 parce que, in fine, c'est quand même très intéressant, que la dette se renouvelle sans arrêt.
02:05 Donc tout ça, ce que je veux dire, c'est qu'elle est beaucoup moins importante qu'une autre dette, qui est la dette écologique.
02:09 Celle-là, elle n'est pas annulable. Donc moi, je propose de partir des besoins, en termes de transition écologique,
02:15 en termes, par exemple, de ce que le chef de l'Etat a annoncé pour les hôpitaux publics, pour l'éducation nationale.
02:21 Il y a aussi un plan, vous savez, programmation militaire pour la défense. Et à partir de là, de voir qu'est-ce qu'on fait.
02:27 Qu'est-ce qu'on fait en termes de déficit ? Est-ce que vraiment, c'est absolument décisif de revenir à 2,7 % de déficit en 2027 ?
02:35 Mais aussi ce qu'on fait en termes d'impôts. Parce que là où le gouvernement, j'allais dire, véritablement nous met dans le mur,
02:42 et le mur, c'est la baisse des dépenses publiques, c'est qu'il dit que dans le même temps, on ne reviendra sur aucun des cadeaux fiscaux
02:47 qui ont été faits aux plus riches. Donc on réduit les déficits publics. Les dépenses publiques, c'est la seule chose qu'il propose.
02:54 Et donc je ne vois pas comment on va mettre en place, par exemple, ce que propose la ministre de l'Agriculture et des Sons Jusqu'au Jour.
02:58 — Comment vous annulez la dette Covid ?
03:01 — Ah mais ça, c'est... S'il y avait une décision, c'est au niveau européen, on est bien d'accord. Même si...
03:05 — Donc il faut l'unanimité des 27. Il y a des pays, vous le savez très bien, l'Allemagne ne dira jamais oui à ça, par exemple.
03:10 — Eh bien on pourrait prendre des mesures au niveau unilatéral. Mais le débat, c'est pas le débat que je veux porter, là.
03:15 — Si, c'est le débat. Puisque vous dites qu'on devrait annuler la dette Covid et prendre la démarche dans l'autre sens.
03:19 — Je dis que ça pourrait être une solution pour montrer qu'une dette financière, c'est moins important que la dette que nous subissons tous
03:27 et que nous augmentons que la dette écologique.
03:29 — C'est impossible à faire, à réaliser. Votre raisonnement marche pas. Pardon. Je le comprends.
03:33 — Si, c'est possible à réaliser. On pourrait le décider. Encore une fois, ça a été fait par le passé. La France pourrait au moins le défendre
03:39 au niveau européen. Ce n'est pas ce qui a été fait. Donc voilà. Je vous le dis.
03:43 — Et s'il n'y avait pas d'accord des 26 autres pays européens...
03:45 — ...à avoir cette politique-là, ben non, ça n'a pas été fait. Donc je vais revenir. Comme ça n'a pas été fait, on va le mettre de côté.
03:51 — S'il n'y avait pas d'accord de nos partenaires européens...
03:53 — Laissez-moi continuer mon raisonnement. Ça n'a pas été fait. Donc on va le mettre de côté pour l'instant.
03:56 Mais moi, je vous dis que la dette telle qu'elle est aujourd'hui, il faut arrêter de se faire peur avec des taux d'intérêt qui nous sont présentés
04:04 qui, en plus de ça, pour l'instant, restent négatifs si on tient compte de l'inflation. Ça ne me semble pas être la chose décisive.
04:10 En tout cas, ce n'est pas la chose décisive dès lors qu'en même temps, on nous propose de ne pas baisser les dépenses fiscales,
04:16 que sont les cadeaux aux entreprises à hauteur de 200 milliards d'euros par an que l'on fait chaque année sans contrepartie,
04:22 ou les 60 milliards de cadeaux fiscaux qu'on fait soit aux entreprises, soit aux plus riches de nos concitoyens. Voilà.
04:27 Je pense qu'au moins, il faudrait récupérer cet argent si on veut réduire la dette, et ça nous permettrait d'investir.
04:32 — Et on fait fuir les plus riches. En tout cas, c'est ce que répond le gouvernement quand vous proposez de taxer davantage les entreprises.
04:38 Dans un entretien à L'Obs, François Hollande propose de taxer les plus riches pour faire rentrer 10 à 15 milliards d'euros dans les caisses.
04:47 Vous dites, Manco, c'est ce qu'il faut faire en taxant le capital ?
04:50 — Ah bah il faudrait retaxer le capital au moins à la hauteur où il l'était il y a quelques années, parce que les dizaines de milliards que l'État a perdus,
04:57 justement, après, on propose de faire en sorte que ça soit des baisses des dépenses publiques, c'est-à-dire qui concernent tous les concitoyens qui les payent.
05:04 Donc je pense que oui, une mesure qui pourrait être faite, c'est ce qu'on avait proposé au moment de la réforme des retraites.
05:09 C'est non pas d'imposer mais de soumettre à cotisation les revenus des dividendes, c'est-à-dire la part des bénéfices qui est utilisée uniquement
05:17 pour les intérêts particuliers des actionnaires, à la même hauteur que les revenus du travail, 17%.
05:22 Si on faisait ça, par exemple, ça rapportait 40 milliards d'euros par an dans la caisse des retraites et on réglait toutes les questions des déficits.
05:29 Donc oui, je pense qu'à partir du moment où, depuis des années, il y a une politique qui, au nom de la compétitivité,
05:35 consiste à alimenter sans arrêt le capital de manière proportionnellement trop importante par rapport à ce qu'il rapporte dans le pays,
05:42 je crois que oui, c'est sain d'aller l'imposer à nouveau, en tout cas de revenir sur les cadeaux fiscaux qui lui ont été faits.

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