Gérard Larcher, président LR du Sénat, était mercredi 26 avril l’invité du 8h30 franceinfo.
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00:00 - La Première ministre Elisabeth Bonne dévoile tout à l'heure sa feuille de route pour les 100 prochains jours,
00:04 un peu moins maintenant puisque c'est Emmanuel Macron qui a fixé le cap il y a quelques jours.
00:07 Est-ce que vous dites quand même, comme elle, qu'il faut désormais tourner la page des retraites et que c'est derrière vous ?
00:13 - Il y a le texte sur les retraites, il a été promulgué, il fallait le promulguer.
00:20 Il y a toute la dimension qui va suivre cette réforme des retraites et qui va faire l'objet des négociations nécessaires
00:29 pour accompagner le dispositif d'évolution des retraites. Je pense à la question des seniors, je pense à la question de l'usure professionnelle,
00:38 je pense parallèlement à cela à la situation des femmes et à un certain nombre de dispositifs.
00:45 Donc la page des retraites n'est pas tournée, il suffit maintenant d'écrire un certain nombre de dispositifs, notamment d'accompagnants sociaux.
00:54 - Mais il va y avoir par exemple un test dans quelques semaines à l'Assemblée nationale, le groupe indépendant a déposé une proposition de loi
01:00 pour abroger la réforme des retraites. Est-ce que la droite va le voter, va voter contre ou est-ce que la droite va se déchirer,
01:07 comme on l'a vu sur la motion de censure ? - Je le réponds pour le Sénat, nous sommes dans une logique.
01:10 Je rappelle que depuis plus de 4 ans, nous votions chaque année dans le projet de loi de financement de la sécurité sociale.
01:16 - Et pourtant un tiers du groupe a voté la motion de censure. - La réforme des retraites, je parle du Sénat.
01:20 Et la logique, c'est quand même de réfléchir quand nous sommes parlementaires. Faire une loi pour abroger une loi qui vient d'être adoptée,
01:31 c'est quand même dangereux, me semble-t-il, pour la conception qu'on peut avoir du Parlement.
01:36 - Non mais il y a deux droites aujourd'hui, il y en a une à l'Assemblée et une au Sénat.
01:39 - Non il n'y a pas deux droites. - Qui disent pas la même chose, il y en a une qui dit 64 ans et l'autre qui vote la motion.
01:42 Il y a eu 19 de nos collègues députés et LR qui ont voté la motion de censure. La majorité du groupe des Républicains à l'Assemblée nationale a été sur une position proche de la nôtre.
01:57 - Gérard Larcher, ce matin vous dites qu'il faut avancer, sauf que vous voyez bien sur le terrain que c'est plus compliqué que ça.
02:01 Ces derniers jours, les déplacements des ministres et du chef de l'État aussi sont des casseroles. Est-ce que ça peut continuer comme ça ?
02:08 - D'abord le droit de manifester est un droit constitutionnel comme le droit de grève. Mais je crois qu'il faut que chacun retrouve la raison.
02:15 Nous venons de l'évoquer, il va falloir se retrouver, parler, négocier. C'est d'ailleurs prévu dans la loi, c'est l'article 1 du Code du travail.
02:27 Je pense qu'en même temps, il faut retrouver la raison. C'est aussi cesser ces agressions vis-à-vis des élus, vis-à-vis des ministres.
02:36 Et je le dis, il faut respecter le président de la République. On peut être en désaccord, on peut manifester, mais je crois qu'à un moment, il faut retrouver la raison.
02:47 - Retrouver la raison pour ceux qui manifestent à chaque déplacement des ministres et du chef de l'État, c'est demander au gouvernement de retirer la réforme des retraites.
02:54 Qu'est-ce que vous leur dites à eux ?
02:56 - La loi a été promulguée. Il faut maintenant que les partenaires sociaux, que ce soit les représentants des entreprises comme des salariés, se mettent autour de la table,
03:07 suivant une feuille de route qui leur sera proposée, je l'espère, dans le cadre de ces 100 jours, en se donnant le temps de la négociation, en se donnant le temps de rechercher des accords.
03:20 Pour reprendre une formule d'un syndicaliste, il y a du grain à moudre. Et ce grain-là, il faut le transformer en bonne farine dans l'intérêt des salariés, dans l'intérêt des entreprises,
03:31 dans l'intérêt tout simplement de notre pays. N'oublions pas la situation financière de notre pays. Alors ce que je veux dire simplement, c'est qu'en 100 jours, on fera pas ce qu'on n'a pas fait en 6 ans.
03:41 - Emmanuel Macron-Gérard Larcher n'a pas plus de majorité aujourd'hui qu'il n'en avait pour faire passer la réforme des retraites.
03:47 Il a demandé à Elisabeth Borne de l'élargir, cette majorité. Est-ce que pour vous, c'est un élargissement vers la droite, vers vous ?
03:55 - Écoutez, il appartient à la Première ministre d'examiner les situations politiques. Comme vous le savez, moi, pour ma famille des Républicains, je suis pour une ligne autonome.
04:04 Je suis pour une ligne indépendante. Et je pense que nous devons travailler texte par texte, en dialoguant, en les enrichissant, en disant que nous sommes d'accord
04:16 et que c'est un intérêt du pays. Nous sommes d'accord. Et en disant parfois notre désaccord.
04:20 - Est-ce que vous êtes candidat à Matignon ?
04:22 - Je suis candidat au sénatorial dans un département cher à votre cœur, Marc Fauvel, qui s'appelle les Ivies.
04:28 - Les sénatorial, c'est en septembre. Matignon, ça pourrait peut-être se libérer avant.
04:33 - Le sénatorial, c'est en septembre. Et c'est mon horizon. Vous savez, je l'ai dit. Pour faire une coalition, puisque c'est le mot qui a été prononcé, y compris par le président de la République...
04:44 - Et y compris par des gens dans votre propre famille politique, comme Xavier Bertrand.
04:48 - Il faut un projet. Il faut un contrat. Il faut une majorité. Et ça, ça se construit après des élections législatives ou des élections présidentielles.
04:59 - Mais vous voyez souvent le président de la République. Vous en parlez pas avec lui ?
05:02 - Je vois le président de la République parce que nous devons faire fonctionner nos institutions.
05:06 Je le vois souvent avec la présidente de l'Assemblée nationale parce que je pense que notre responsabilité, c'est de faire fonctionner les institutions.
05:15 Vous savez, je pense pas que nous sommes dans une crise institutionnelle.
05:18 - Une crise démocratique. La crise démocratique.
05:19 - Non, nous sommes dans une crise de gouvernance.
05:21 - La pire depuis la guerre d'Algérie, c'est ce que dit l'historien Pierre Rosanvallon. Il se trompe ?
05:25 - Oui, je suis en désaccord avec Rosanvallon. Je pense que nous avons une crise de gouvernance. La verticalité du président de la République.
05:32 Ce mot que je prononçais depuis des années, il est en train d'être prononcé par beaucoup aujourd'hui.
05:36 Et puis naturellement, la crise, elle est liée à l'absence de majorité absolue à l'Assemblée nationale.
05:44 - Donc, je repose ma question mais différemment. À quelles conditions pourriez-vous être candidat à Matignon ?
05:50 - Je viens de les résumer.
05:51 - S'il y avait un accord de gouvernement, par exemple...
05:53 - C'est pas ma candidature à Matignon. C'est les conditions pour créer une coalition. Et elles ne sont pas réunies aujourd'hui.
06:00 - Et elles ne le seront jamais dans la suite du quinquennat ?
06:02 - Non. Aujourd'hui, elles ne sont pas réunies. Et aujourd'hui, la ligne qui est la mienne, c'est une majorité sénatoriale qui est dans la volonté d'être utile pour le pays.
06:15 À chaque fois qu'un texte nous apparaît bon, on l'enrichit, on l'abandonne, on le vote. Quand nous sommes en désaccord, nous le lisons.