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Musique
Transcription
00:00 Tant qu'il y a de la lutte, il y a de l'espoir, tant qu'il y a de la vie, il y a du combat,
00:02 tant qu'on se bat, c'est qu'on est debout, tant qu'on est debout, on lâchera pas.
00:05 L'arrache de vin coule dans nos veines, maintenant tu sais pourquoi on se bat.
00:07 Notre idéal, bien plus qu'un rêve, un autre monde, on n'a pas le choix.
00:11 On lâche rien, ou est l'où ?
00:13 Salut, Kombini, c'est HK du groupe HK et les saltins manques
00:16 et je vais vous raconter le fabuleux destin de la chanson "On lâche rien".
00:19 Je viens de Roubaix, la ville la plus pauvre de France.
00:22 C'est un championnat qu'on a gagné une bonne dizaine de fois d'affilée. On met une ville avec une grande richesse humaine, beaucoup de solidarité.
00:28 C'est une ville ouvrière, c'était l'industrie textile à Roubaix et aussi un foisonnement culturel, musical.
00:33 Et donc voilà, quand j'ai voulu monter HKL et Saltin Bank, j'ai vite trouvé les copains, les bonnes personnes.
00:38 La chanson "On lâche rien", elle naît déjà, moi je me souviens très bien de la phrase qui pour moi le déclic.
00:43 Donc c'était le président Sarkozy à l'époque à la tribune, faisant le malin.
00:47 Il était un peu voilà, un peu arrogant.
00:50 Et il avait prononcé cette phrase quand il disait "Je sais pas si vous avez remarqué, mais aujourd'hui en France, quand il y a une grève, plus personne s'en aperçoit".
00:55 Et le sourire derrière. Le sourire, voilà, l'autosatisfaction.
00:58 Et moi c'était quelque chose qui m'avait blessé en tant que Roubaisien, de cette ville ouvrière, de cette famille ouvrière,
01:04 de ces gens, quand ils font grève, c'est pas par gaieté de cœur.
01:07 Quand on est smicard et qu'on perd un, deux, dix jours de son salaire, c'est parce qu'on estime qu'on n'avait pas le choix,
01:12 c'est qu'on estime que c'était le dernier moyen possible pour se faire entendre.
01:15 Et moi, oui, une forme de colère je pense, une forme de...
01:17 À ce moment-là, il y avait le côté "Ah ouais, tu vas voir".
01:19 Le texte, à proprement dit, moi je me souviens, j'étais à Roubaix, j'étais dans mon HLM au cinquième étage,
01:23 alors moi je fais le dessin, voilà, au cinquième étage du HLM, dans...
01:26 Ma cité HLM, jusque dans ta campagne profonde, notre réalité est la même, et partout la révolte gronde.
01:33 Et bon, vous savez comment c'est dans les appartements, le cagibi, c'est l'endroit qui résonne dans la cage escalier chez les voisins et chez les voisines,
01:40 donc voilà, ça m'a valu quelques... on va dire quelques négociations.
01:44 Et donc c'est là, c'est dans ce cagibi-là que je commence, voilà, avec le stylo, la feuille, avec l'ordinateur,
01:49 et le texte vient très vite, avec ce petit "On lâche rien" qui était mis comme ça, presque en signature, quoi.
02:11 Et le texte vient très vite, et quand on écrit des chansons, alors je sais pas pour les autres, mais moi y a deux types de chansons,
02:17 y a des chansons qui vont prendre vraiment beaucoup de temps, où je vais aller chercher le moindre mot, la moindre virgule, et peaufiner,
02:23 et y a des chansons qui sont brutes et qui sortent comme ça, et sur lesquelles j'ai pas envie de revenir.
02:28 Et voilà, et le texte sort, c'est qu'un texte à la base, donc on met quelques temps derrière à le mettre en musique,
02:35 donc ça devient une chanson, "On lâche rien", et donc on avait balancé le MP3, gratuit, accessible pour tous,
02:40 c'était le 1er mai, donc le 1er mai 2010.
02:43 Mais sans savoir qui allait la télécharger cette chanson, elle allait être son destin, son histoire.
02:47 Voilà, on pensait que c'était important que cette chanson-là soit offerte, soit partagée gratuitement.
02:51 Y a la réforme de 2010, qui déjà, à l'époque, nous parlait de reporter l'âge de départ à la retraite, donc on passait de 60 à 62 ans.
02:58 Cette vérité, c'est que le gouvernement et l'Élysée envisagent de reculer l'âge de la retraite de manière progressive, de 60 à 63 ans, d'ici 2030.
03:06 Y a ces gens qui ont travaillé toute leur vie, pour certains dans les travaux pénibles, qui ont rempli leur part de contrat,
03:10 et au crépuscule de leur vie, on leur dit "Ah, oui, non, par contre, désolé, il va falloir travailler deux ans de plus, mais c'est pas grave, vous allez voir, et puis c'est normal".
03:18 Et puis en fait, on n'a pas le choix, c'est-à-dire qu'il y a rien à espérer, il y a rien à essayer de gagner, il y a rien à espérer conquérir dans notre époque.
03:26 En 2010, c'était passé à 62 ans, aujourd'hui c'est passé à 64 ans, demain ce sera 66 ans, et donc face à ça, ce côté de "On lâche rien",
03:33 on ne peut pas lâcher, on n'a pas le choix de lâcher, la chanson se termine par "Un autre monde, on n'a pas le choix".
03:38 Donc oui, ça résonne d'un coup, et là, nous, on assiste aux premières manifestations, on entend la chanson qui résonne dans la rue, qui est reprise dans les sonos à blindes.
03:54 On sait que la musique peut être importante, on sait que la musique peut aider, peut accompagner, nous on en est convaincus,
03:59 et on se dit "Tiens, est-ce qu'on irait pas chanter dans une des prochaines manifs ?" Et on commence à faire les réglages, et les gens commencent à affluer,
04:07 et en fait là, la manif n'était même pas commencée, on ne s'est pas arrêté de chanter de 11h à 17h.
04:12 Je crois qu'on "Lâche rien" ce jour-là, on a dû la chanter peut-être 20 fois, peut-être 30 fois, je sais pas.
04:17 Et puis il pleuvait, c'est ça qui est fou, c'est que il pleut, il fait froid, il y en a un qui dit à l'autre "T'es sûr que c'était une bonne idée ?"
04:27 Des fois il y a des gens qui nous disent "Mais non, on dit pas "On lâche rien", on dit "On ne lâche rien" !
04:31 Donc il y a cette formule qu'on assume balancée comme ça, peut-être qu'à apporter une autre contribution, voilà, modeste, on est bien d'accord,
04:37 mais quand même, une journaliste à l'époque avait écrit, et j'ai adoré cette formule, c'est "Une révolte joyeuse et en mouvement".
04:43 On lâche rien ! On lâche rien ! On lâche rien ! On lâche rien ! On lâche rien !
04:51 *Bruit de moteur*
04:52 COMMIS !

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