SMART TECH - La grande interview de Philippe Notton (SiPearl)

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Mercredi 19 avril 2023, SMART TECH reçoit Philippe Notton (Président-fondateur, SiPearl)

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Transcript
00:00 C'est la promesse d'un Intel européen, d'un Airbus, du semi-conducteur.
00:10 Bonjour Philippe Noton.
00:11 Bonjour Daphine.
00:12 Vous êtes le président fondateur de Cperl.
00:14 Merci beaucoup d'être dans Smartech.
00:16 Est-ce que la comparaison avec Intel ou Airbus vous convient pour votre projet Cperl ?
00:22 Alors je suis plutôt fier des deux comparaisons.
00:24 Airbus, ça a démarré en Europe une volonté franco-allemande.
00:28 Cperl a démarré également en Europe, à Bruxelles, il y a quelques années.
00:32 Intel, c'est la référence mondiale depuis plus de 40 ans.
00:35 Oui, le but c'est de faire un Intel en Europe, tout à fait.
00:38 Alors l'objectif, très concrètement, c'est de construire ce premier microprocesseur pour
00:43 les supercalculateurs qui soit 100% européen.
00:47 Est-ce qu'il doit être 100% européen d'ailleurs ?
00:49 Alors on essaie d'être le plus européen possible dans ce qu'on fait.
00:53 Il y a énormément de problématiques de souveraineté d'usines, d'accès aux technologies.
00:59 Dans notre cas, il va être fabriqué à Taïwan parce que c'est aujourd'hui qu'il y a les
01:02 usines les plus avancées pour ce qu'on veut faire.
01:05 Mais toute la R&D en revanche est en Europe ?
01:08 La conception est en Europe, oui tout à fait.
01:10 En Europe, plus précisément.
01:12 En France, en Allemagne, en Espagne ?
01:14 On a démarré en France avec quatre centres de R&D.
01:17 En France, ils ont la FIT, Massey, Grenoble et Sofia Antipolis qui sont des centres de
01:21 compétences, des bassins d'emploi sur ce qu'on fait.
01:23 On a très vite ouvert en Allemagne, près d'Huisbourg, qui est un centre de compétences
01:27 également et Barcelone qui est clairement indispensable dans le monde du supercalcul.
01:31 Donc aujourd'hui, six centres de R&D ?
01:35 C'est ça, tout à fait.
01:36 Autour du projet, donc moi je dis SIPER, vous dites SYPER ?
01:39 Oui, ça fait en anglais.
01:40 Ça passe mieux en international.
01:41 Très bien.
01:42 La première fois que je prends contact avec vous, par des relations, on ne va pas préciser
01:46 davantage, ce n'est pas très intéressant pour l'émission, mais c'est en 2018.
01:51 Et à ce moment-là, vous êtes déjà sur ce projet, l'idée de construire une entreprise
01:57 est là, mais elle n'existe pas encore.
01:59 Vous êtes le directeur général d'un programme européen, l'European Processor Initiative,
02:05 derrière lequel, ce programme, on retrouve un consortium de 23 partenaires devenus 27
02:10 partenaires.
02:11 Donc aujourd'hui, on peut citer Atos, le CEA, qui d'autres ?
02:16 Atos, le CEA pour les Français, vous avez Asté en Italie, vous avez Infineon en Allemagne,
02:20 il y a énormément de centres de recherche, que ce soit en Italie, en Espagne, jusqu'à
02:25 la Grèce.
02:26 Il y a 11 pays qui sont couverts.
02:28 Et SYPER est la première émanation industrielle de ce consortium que j'ai monté en 2018.
02:33 Et ce consortium, aujourd'hui, ce sont ceux qui vous soutiennent depuis le début, mais
02:38 aussi vos clients, demain ?
02:40 Tout à fait, c'est l'intérêt de ce type de consortium européen.
02:43 Globalement, c'est un programme qu'on appelle Horizon Europe.
02:45 On a nos clients, ou futurs clients d'Atos, on a les clients de nos clients, c'est-à-dire
02:50 ce qu'on va appeler nos end-users, nos utilisateurs finaux, type le CEA, type BSC en Espagne,
02:55 type Jülich en Allemagne, encore Gen-C en France, qui a de grandes chances d'ébercher
03:00 la plus grosse machine de recherche civile française.
03:03 Alors, donc, on parle de construire le premier microprocesseur basse consommation au monde,
03:09 dédié aux calculs haute performance.
03:12 Vous avez qui d'autre sur le marché ?
03:13 En Europe, sur ce type de composants, ce qu'on va appeler des CPU, c'est-à-dire des
03:19 CPU, c'est un micro-processeur généraliste qui peut tout faire très rapidement.
03:24 On est tout seul.
03:25 Les concurrents sont essentiellement américains.
03:27 Il y a eu un peu de japonais également dans le temps.
03:30 Ce qui se passe en Chine, c'est devenu complètement isolé.
03:33 Ça ne nous concerne plus.
03:34 Donc, ça se joue globalement entre les Américains et nous.
03:36 Et ce n'est pas inquiétant quand on est tout seul ? Ou le premier ?
03:38 Alors, effectivement, en règle business ou startup, si vous êtes tout seul, c'est qu'il
03:42 y a un problème.
03:43 C'est que soit il n'y a pas de marché, soit votre projet, il est farfelu.
03:45 Dans notre cas, c'est différent parce que le projet est tellement grand, tellement compliqué
03:51 que c'est un projet supranational qui a pu démarrer grâce au support de Bruxelles,
03:55 qui n'est pas finançable uniquement par un État.
03:58 Et cet effort que Bruxelles fait à travers 2 Roche PC, qui est une entreprise commune
04:02 de plus de 1 milliard, est matérialisé à travers Cyper.
04:05 Ils ne peuvent pas initier beaucoup de sociétés comme ça.
04:08 Et là, on a passé la barrière à l'entrée nécessaire pour être…
04:11 Et alors, vous vous positionnez donc sur un microprocesseur pour des supercalculateurs.
04:16 Pourquoi spécifiquement ce marché ?
04:18 Alors, c'est… On répond à un besoin, ce qui est un peu nouveau également parce
04:23 qu'en culture, on est surtout français, c'est de créer…
04:25 On travaille la technologie.
04:26 On travaille la technologie, le produit.
04:27 Donc notre offre.
04:28 Après, on essaie de trouver un marché.
04:30 Nous, on répond à un besoin de supercalcul.
04:33 Il y a besoin de supercalcul pour tout faire en simulation et d'autant plus depuis la
04:37 problématique Covid, depuis la problématique guerre en Ukraine et simplement des problématiques
04:42 industrielles, de climato, etc.
04:44 Il faut faire du calcul pour tout.
04:46 Et depuis quelques années, Bruxelles a pris la décision très éclairée de monter le
04:53 nombre de supercalculateurs européens dans ce qu'on appelle le top 500, c'est-à-dire
04:57 les 500 supercalculateurs mondiaux.
04:59 Et ça commence à porter ses fruits parce que dans le top 4, il y a 2 Européens.
05:03 Il y a la machine finlandaise, il y a la machine italienne.
05:05 On attend encore une machine allemande, puis une machine française dont on compte bien
05:10 en faire partie.
05:11 Vous avez évoqué quelques domaines d'application.
05:14 Plus précisément, à quoi vont servir ces supercalculs boostés par des microprocesseurs
05:20 européens ?
05:21 Il y a des microprocesseurs dans tous les cas.
05:23 Il peut y avoir des accélérateurs également.
05:25 On parlera peut-être d'accélérateurs quantiques ou des solutions avec lesquelles on s'interface.
05:29 Ça, c'est une projection beaucoup plus long terme ?
05:32 Ça commence à arriver tout doucement.
05:34 Nous, on fournit le microprocesseur universel qui va être au centre de tout de cette taille-là.
05:39 C'est tous les calculs.
05:41 Vous montrez cette taille-là.
05:42 Ça, c'est un microprocesseur pour un supercalculateur ?
05:46 Voilà.
05:47 7 cm sur 7.
05:48 Dans un supercalculateur, vous allez en avoir entre 5 000 et 150 000.
05:51 Le record a été fait par le supercalculateur japonais, le Fugaku, qui a une 150 000 processeurs
05:56 comme ça.
05:57 Donc, tout le challenge, c'est de les orchestrer, de les faire travailler ensemble.
06:00 Il y a des interconnexions très rapides d'un microprocesseur à l'autre.
06:03 Il ne suffit pas de faire des calculs dans les cœurs du microprocesseur.
06:05 Il faut les envoyer sur les processeurs à côté, les envoyer vers la mémoire, etc.
06:11 et que les données soient accessibles.
06:13 Ça, c'est une partie de nos spécialités.
06:15 Pour répondre à votre question, qu'est-ce qu'on y met ?
06:18 On y met une charge applicative dessus.
06:20 C'est tout ce qui est massivement parallèle.
06:22 Typiquement, ça va l'application historique Météo France, calcul météorologique.
06:26 Maintenant, ça joue au niveau planétaire.
06:28 C'est tout ce qui est simulation climato pour limiter les réchauffements de la planète.
06:34 C'est tout ce qui est simulation mécanique.
06:36 Un Airbus, aujourd'hui, c'est conçu en simulation.
06:39 Une voiture, c'est conçu en simulation.
06:41 On va jusqu'à faire les simulations de crash.
06:43 Euro NCAP, maintenant, ce n'est plus sur des cas réels, des vrais crash test.
06:48 C'est fait en bonne partie sur simulation.
06:49 Donc, c'est beaucoup plus green.
06:51 En France, depuis qu'on a arrêté les essais nucléaires dans le Pacifique, ça se fait
06:58 en simulation.
06:59 C'est fait au CEA, c'est-à-dire que la quantité d'applications est énorme.
07:04 Il y en aura de plus en plus.
07:06 Ça va aller jusqu'à ce qu'on appelle le jumeau numérique.
07:08 Le but, c'est globalement d'être capable de tout remodéliser, y compris un corps humain,
07:12 pour faire de la modélisation biologique, etc., voir des effets médicamenteux ou calculer
07:16 les médicaments eux-mêmes.
07:17 Vous n'avez pas encore parlé d'intelligence artificielle.
07:20 C'est une des applications.
07:22 On a beaucoup parlé récemment, par exemple, de chat GBT.
07:25 Derrière, vous avez un supercalculateur spécialisé en IA qui est capable de préparer et de calculer
07:30 toutes les réponses.
07:31 C'est un marché.
07:32 C'est un marché pour vous.
07:35 Vous avez évoqué la voiture.
07:38 Quand on avait discuté en 2018, vous m'aviez dit qu'on pourrait aussi être utilisé demain
07:43 pour la voiture autonome.
07:45 C'était demain en 2018, qui est en fait plutôt après-demain.
07:48 À l'époque, il y avait un très gros hype sur tout ce qui était voiture autonome, ce
07:52 qu'on appelait niveau 4, niveau 5.
07:54 C'est un peu retombé après.
07:56 C'est en train de reprendre.
07:57 Parce que depuis, ils ont eu le diesel gate, il fallait gérer l'électrification.
08:02 Maintenant, il commence à y avoir un besoin très fort de gros calculateurs embarqués
08:06 dans les véhicules.
08:07 Ce n'est pas tout à fait ce type de composants qui sont encore très chauds, qui consomment
08:10 beaucoup et avec une puissance de calcul qui est peut-être un peu trop forte pour les
08:14 véhicules.
08:15 Mais d'ici quelques années, oui, ça va être le cas.
08:19 D'autant plus qu'ils ont des cycles qui sont assez lents de développement.
08:22 Ça peut aller jusqu'en 10 ans entre la création du besoin et la mise en production.
08:26 Donc, c'est des secteurs sur lesquels on commence à regarder tout à fait.
08:28 En même temps, 10 ans, ce n'est pas grand-chose.
08:30 À notre échelle, ce n'est pas grand-chose.
08:32 Non.
08:33 Alors, là, on a parlé du développement applicatif.
08:37 À quoi ça va servir, tous ces super calculateurs ? Il y a aussi cet enjeu de souveraineté.
08:43 Est-ce que vous vous inscrivez dans le CHIP Act qui fait l'actualité d'ailleurs en ce
08:49 moment, puisqu'on est en trilogue au niveau européen ?
08:51 On connaît très bien le CHIP Act, comme dit le consortium EPI, ça a démarré à
08:55 Bruxelles.
08:56 Le CHIP Act est une très bonne chose, qui a été ratifiée hier avec plusieurs piliers.
09:02 Ça va entre autres permettre d'avoir du budget pour des usines.
09:07 Parce que, comme dit précédemment, dans notre cas, on est faiblesse.
09:10 On ne peut pas avoir notre propre usine.
09:12 C'est juste impensable en termes de budget, vu qu'on est sur des classes d'usines de
09:16 l'ordre de 20 à 30 milliards.
09:17 On ne représenterait nous-mêmes qu'une fraction de ce que pourrait produire une usine.
09:21 C'est un effort mutuel.
09:23 Donc si le CHIP Act permet d'avoir des usines en Europe, il y a une possibilité qu'il
09:27 y ait une usine d'Intel assez significative en Allemagne de l'Est.
09:31 Pourquoi pas ?
09:32 On imagine mal Intel accueillir votre projet ?
09:34 Est-ce que vous venez de concurrencer directement ?
09:37 Non, parce que justement, Intel est concurrent avec une offre produit, ce qu'on appelle
09:41 l'écosystème x86, mais à des usines.
09:44 Il y a une politique de fonderie comme TSMC, c'est-à-dire d'accueillir des sociétés
09:47 comme nous dans leurs usines.
09:49 Donc vous êtes éventuellement en discussion avec eux ?
09:51 On est potentiellement client.
09:53 Le tout, c'est d'avoir que l'usine arrive et une usine de ce niveau-là, ça ne se
09:56 fait pas en quelques minutes, on est plutôt sur quelques années.
09:58 Comme ça s'est produit en Arizona, les premières usines en Arizona, la première
10:04 a déjà dû être inaugurée pour du 5 nanomètres.
10:06 Et puis il y a Nvidia aussi.
10:08 Alors Nvidia est faiblesse, comme nous.
10:11 On va être en partie concurrent sur certains marchés, partenaire.
10:16 D'ailleurs, on a publié un accord stratégique parce que notre CPU, c'est-à-dire notre
10:21 microprocesseur, peut très bien travailler avec des accélérateurs Nvidia, comme avec
10:24 des accélérateurs Intel, comme avec des accélérateurs AMD ou Graphcore en Angleterre.
10:29 Et on peut partager les mêmes usines.
10:31 Comment est-ce qu'ils regardent ça, ces grands puissants américains du semi-conducteur,
10:37 de la puissance de calcul ? Comment ils vous regardent, petit Européen ?
10:40 C'est une très bonne question.
10:43 Leur regard sur nous a énormément changé en 5 ans de projet.
10:47 Au départ, c'était oui, c'est encore une petite idée européenne qui ne va jamais marcher.
10:52 On va dépenser beaucoup d'argent.
10:54 Ça ne va pas le faire, par cette répartie sur X pays, avec plutôt une vision académique.
11:01 Très bien, parce que les Européens sont très bons pour la partie recherche amont.
11:04 Mais après, pour ce qui s'agit de l'industrialisation, on sait que ça part.
11:08 Donc ça, c'était l'idée au départ.
11:10 Un des très gros nous a dit d'ailleurs, la seule façon de faire un micro-processeur en Europe,
11:13 c'est que les Américains le fassent pour vous.
11:16 Avec toute l'arrogance qu'il y avait derrière.
11:19 Et il se trouve qu'avec les balbutiements du Chips Act,
11:23 le fait qu'on soit sorti de ce consortium comme entité privée,
11:28 c'est-à-dire avec une gestion privée, énormément de super-européens,
11:31 c'est quelque chose qu'ils n'avaient pas vu depuis Airbus.
11:34 Airbus, c'était pareil. Au départ, la caravel, ça faisait rigoler les Américains.
11:37 Après, quand il y a eu A300, A320, c'est différent.
11:40 Et maintenant, il se trouve qu'Airbus est tout de suite Boeing.
11:42 Alors, toutes proportions gardées, parce qu'on n'est pas du tout à ce niveau-là,
11:46 on fait maintenant partie de l'écosystème.
11:48 Et si on a pu signer ces accords avec justement Intel, Nvidia, AMD,
11:52 ce n'est pas anodin. C'est-à-dire à l'époque, quand on a démarré avec Intel, on était 5 ans.
11:55 Vous êtes un interlocuteur pris au sérieux aujourd'hui.
11:57 Très, très pris au sérieux.
11:58 Avec qui vous pouvez négocier ? Vous pouvez négocier avec Intel, Nvidia aujourd'hui ?
12:02 Alors, il y a quand même un certain rapport de force,
12:03 parce qu'ils sont, on va dire, plusieurs milliers de fois plus gros que nous.
12:07 Mais il y a un truc qu'ils n'auront jamais, c'est le rapport européen.
12:10 Alors, vous annoncez début avril une levée de fonds de 90 millions d'euros.
12:15 Donc, d'un seul coup, vous êtes dans la lumière.
12:18 On peut dire que c'est vraiment le grand démarrage.
12:21 Vous ne partez pas juste avec ces 90 millions d'euros,
12:23 puisque au départ, donc, avec ce programme Montblanc 2020
12:28 et puis l'European Processor Initiative,
12:31 vous cumulez au total 220 millions d'euros, c'est ça ?
12:34 Alors, on va être sur un budget total de 220 millions d'euros.
12:37 On a touché jusqu'à présent, que ce soit en aide de Bruxelles,
12:41 ce qu'on appelle des grantes, donc H20, puis après Horizon Europe,
12:44 ainsi qu'une aide plutôt sympathique de la région Ile-de-France,
12:47 à plus de 20 millions d'euros, ce qui nous a permis de décoller,
12:50 d'avoir les premiers employés.
12:52 Et là, cette première partie de notre série A de 90 millions d'euros
12:54 qu'on a annoncé il y a deux semaines,
12:56 va nous permettre dans un premier temps de consolider la technologie
12:59 et surtout de doubler nos effectifs.
13:00 Et qui vous a suivi alors pour cette levée spectaculaire ?
13:03 Alors, on en revient sur le drapeau européen
13:06 qu'on a un peu partout sur ce qu'on fait,
13:08 la Banque Européenne, le EBI, enfin la BUI, pardon,
13:11 l'EIC, l'European Innovation Council, qui est un super outil,
13:15 que je tiens à remercier aujourd'hui.
13:19 Alors là, on va dire que ça se passe sous forme de concours,
13:21 il y a des dossiers à monter, etc.
13:23 On est challengé au niveau européen
13:24 et on fait partie de la promo de décembre 2021
13:27 où il y a eu 99 start-up qui ont été sélectionnés,
13:30 donc quand même très orientés de D-Tech
13:32 et sur des projets très durs à financer.
13:34 Donc ça va d'Abiotech au Cortic au Semiconducteur.
13:37 Et sur notre promotion là, la Commission Européenne
13:39 a mis plus de 680 millions d'euros d'investissement,
13:41 ce qui est colossal.
13:42 En fait, l'EIC, c'est un peu la French Tech au niveau européen.
13:45 Mais pour des projets qui sont moins logiciels, moins SaaS.
13:48 Donc très bien pour ce qu'on fait.
13:51 Ça, ça a été pour les deux premiers,
13:53 donc ça, c'est la consolidation européenne de ce qu'on fait.
13:55 Le troisième, et Cocorico, c'est le drapeau français,
13:58 French Tech Souveraineté,
14:00 qui est un, ça dépend du plan France 2030,
14:03 qui prend un ticket significatif
14:05 et qui consolide l'ancrage français sur ce qu'on fait.
14:08 Et après, nous avons deux corporate,
14:11 ARM, qui est détenue par Softbank,
14:13 qui est le numéro un mondial.
14:14 Mais ARM, alors, américain ?
14:16 Alors aujourd'hui, c'est anglo-japonais.
14:19 OK.
14:19 C'est une société mondialisée, il y a quand même 400 personnes,
14:22 par exemple la Sofia Antipolis qui développe des coeurs
14:24 et qui est le numéro un mondial de ce qu'on appelle l'IP,
14:26 la propriété intellectuelle, et qui est dans tous les smartphones.
14:29 Donc vous avez dans un smartphone comme celui-ci,
14:32 plusieurs dizaines de coeurs ARM.
14:35 Donc ARM est partenaire stratégique
14:37 et investisseur corporate chez nous.
14:39 Donc pas américain, pardon,
14:40 mais vous êtes allé chercher des fonds chez les Américains ?
14:43 On est allé chercher des fonds partout.
14:46 On continue parce que c'est une série A
14:48 qui va se faire sur plusieurs, on va dire plusieurs niveaux
14:52 avant une série B,
14:53 parce que la problématique de la deep tech et du semi-conducteur,
14:55 c'est qu'on est sur des tickets qui sont très gros.
14:59 On est sur une approche deep tech,
15:00 donc il faut dépenser énormément de cash pendant plusieurs années
15:04 avant d'avoir un produit,
15:05 comme dans une biothèque où il faut tester la molécule,
15:07 faire toutes les phases cliniques,
15:09 et au bout de dix ans, ça peut être jackpot.
15:10 Bon, nous, c'est sur des cycles quand même un peu plus courts.
15:13 Et pour le dernier investisseur,
15:15 qui est quand même assez fondamental sur ce qu'il fait,
15:17 qui est le numéro un en Europe,
15:18 alors à l'époque, on l'appelait Atos,
15:20 maintenant c'est évident,
15:21 qui fabrique des supercalculateurs
15:24 et qui, pour nous, est un client privilégié.
15:26 Alors, vous, vous avez mené toute votre carrière
15:29 dans le domaine, on va dire, des technologies,
15:31 des semi-conducteurs, de la sécurité.
15:34 Vous travaillez à l'époque pour ST Microelectronics
15:37 quand l'idée de Cyperlainé.
15:39 Pourquoi ne pas avoir proposé ce projet en interne ?
15:42 Alors, je ne peux pas rentrer dans des sujets un petit peu délicats.
15:45 Juste, ST Microelectronics, c'est franco-italien.
15:49 Donc, à priori, une base avec laquelle
15:52 on pouvait construire quelque chose autour du semi-conducteur souverain.
15:55 Tout à fait. Alors, je dirigeais la division,
15:58 ce qu'on appelait grand public, consumeur.
16:00 C'est essentiellement des produits audio-vidéo
16:02 qui a une dizaine d'années, ST a été numéro un mondial sur ça.
16:06 C'est une division que j'ai en partie redressée,
16:08 mais pour des raisons stratégiques que je respecte tout à fait,
16:11 ST a décidé d'arrêter ce qu'on appelait à l'époque le digital,
16:14 c'est-à-dire les composants complexes.
16:17 Celui-ci, globalement, la Formule 1, c'est-à-dire à l'extrémité du spectre,
16:21 pour se concentrer sur ce qu'ils font très bien aujourd'hui.
16:23 Je reviens au smartphone, capteur d'image,
16:26 et tout ce qu'on appelle les composants de puissance
16:27 qui permettent de charger ou décharger la batterie de votre véhicule électrique.
16:30 Donc, pour des raisons stratégiques.
16:32 Et du coup, le digital et l'accès au process avancé type 6 nanomètres,
16:37 3 nanomètres, comme on a sur ce type de composants,
16:40 n'étaient plus du tout dans la ligne stratégique d'ST.
16:42 C'est pour ça que je suis parti pour faire ça à l'extérieur.
16:45 Alors, que pensez-vous aujourd'hui de la politique européenne ?
16:47 On a évoqué le Chips Act ensemble.
16:50 Est-ce que vous estimez qu'on est suffisamment protecteur aujourd'hui de notre industrie ?
16:56 Est-ce qu'on devrait davantage pousser la préférence européenne ?
17:01 Alors, le Chips Act et tout ce qui se passe dans le semi-conducteur depuis quelques années,
17:04 on trouve depuis la pénurie qui a démarré pendant le Covid,
17:07 c'est un peu une révolution.
17:08 Enfin, je vois ça comme une révolution en Europe.
17:10 Alors, ce n'est pas que le marché se referme,
17:11 mais on se rend compte que si on met de l'argent public sur des projets,
17:14 à terme, si les PME et les sociétés locales, locales, européennes pouvaient en profiter,
17:19 ce serait quand même bien mieux.
17:20 Donc, on commence à faire ce que les Américains, les Chinois,
17:25 même les Japonais font depuis des dizaines d'années.
17:28 C'est-à-dire, on met de l'argent public,
17:29 c'est d'abord pour des emplois locaux, créer de la valeur locale.
17:32 Aujourd'hui, si vous achetez un million de dollars de composants américains,
17:36 que ce soit Intel ou AMD, c'est un million de dollars qui vont aux Etats-Unis,
17:39 à quelques pourcents pour les forces de vente d'Intel en Europe.
17:42 Mais le reste, c'est parti.
17:43 Donc, la création de valeur, les emplois, c'est là-bas.
17:45 Vous allez acheter un million de dollars de composants faits
17:48 dans des sociétés européennes, que ce soit chez nous ou nos voisins.
17:52 Alors, il y a une petite partie qui va aller à l'usine qui est en Asie,
17:55 ça, c'est évident, mais le reste, c'est quand même la création de valeur locale,
17:58 ce qui permet après, cercle vertueux, de recréer des emplois, créer d'autres produits.
18:02 Donc, enfin, on arrive là-dessus.
18:03 Bon, avec tout le respect de l'OMC pour éviter des problèmes derrière.
18:07 Mais j'ai vu en quelques années...
18:09 - Il y a vraiment un changement de doctrine ?
18:12 - Il y a un début de changement de doctrine.
18:13 On va le voir sur des faits et dans notre cas en particulier,
18:16 quand on est tout seul en Europe,
18:18 il n'y a pas de problématique de distorsion de concurrence en Europe.
18:20 - Alors, c'est l'autre question.
18:21 Est-ce que vous devez rester seul en Europe ?
18:23 Où est-ce qu'il nous faut plusieurs Cyperl
18:25 pour vraiment bâtir cette industrie du microprocesseur ?
18:27 - Alors, on va dire pour bâtir une industrie du semi-conducteur au sens large,
18:31 parce que le spectre est très large, ça va être composants.
18:34 On est à l'extrémité très haute gamme du spectre
18:36 sur des composants qui valent plusieurs milliers de dollars.
18:38 Mais vous pouvez avoir des composants pour ce qu'on appelle du edge,
18:41 pour de l'IOT, etc., enfin des tas de secteurs techniques.
18:45 Il y a un besoin de créer énormément de sociétés fablesses.
18:48 D'ailleurs, c'est les startups de semi-conducteurs
18:50 qui n'ont pas forcément besoin de budget aussi élevé que les nôtres.
18:53 Mais sur certains secteurs techniques,
18:55 pour 10 millions, 20 millions d'euros, vous pouvez faire des produits.
18:58 Dans notre cas, on est plutôt sur classe 200 millions d'euros.
19:01 Mais il faut des produits, il faut que l'écosystème prenne
19:05 pour que les ingénieurs aient envie d'aller dans ce secteur,
19:07 parce que paradoxalement, il n'y en a pas assez.
19:10 Il y a un enjeu de recrutement pour vous aussi ?
19:12 Qui est colossal sur ce qu'on fait.
19:13 Ce n'est pas par hasard qu'on est sur 600 BRD et probablement d'autres.
19:17 Donc, il faut créer une filière. On en fait partie.
19:19 Montrer aux ingénieurs qu'on est sur des projets qui sont très sexy,
19:23 sur lesquels ils peuvent aller et que ce n'est pas du tout,
19:27 en ce qui nous concerne, du fer à souder, monter des composants, etc.
19:30 C'est de la conception.
19:31 Donc, ça se fait sur des consoles de CAO, comme pour concevoir un avion.
19:35 Et qui dit startup, dit produit, dit ingénieur, dit après création de valeur.
19:38 Et pareil, le cercle vertueux, la machine va se mettre en route pour qu'il y en ait beaucoup plus.
19:42 C'est toute la spécificité de la Silicon Valley.
19:45 Un petit peu moins maintenant, parce qu'avec l'effet télétravail,
19:48 c'est un peu en train de se déporter sur d'autres sites aux États-Unis.
19:51 Mais c'est visible en Californie, c'est également visible en Israël.
19:55 Alors, comparé aux États-Unis, c'est peut-être un peu démesuré.
19:57 L'Israël n'est pas beaucoup plus gros que la France, même plus petit.
20:01 Donc, ce que les Israéliens font, on devrait arriver à le faire.
20:04 Et d'ailleurs, sur vos recrutements, quel est le nombre de nationalités que vous avez dans votre entreprise Saiperl ?
20:10 Est-ce que vous allez chercher des talents aussi au-delà des frontières européennes ?
20:14 Est-ce que vous allez les chercher aussi en Silicon Valley, peut-être ?
20:17 Alors, on a été très vite sur pas mal de nationalités.
20:20 C'est une problématique de recrutement global. On en a plus de 15.
20:23 On a, sur notre siège à la Maison Laffitte, des ingénieurs qui ne parlent pas français,
20:27 qui sont en train d'apprendre le français.
20:30 Deux CV sur trois aujourd'hui, qu'on reçoit sur la base de tous les postes qu'on a ouverts, sont hors Europe.
20:36 Et alors où ? D'où ?
20:38 Alors, on a des flux venant de l'Afrique du Nord.
20:40 On a énormément de flux, enfin de demandes, pardon, venant d'Inde.
20:44 Pourquoi ? Ben l'Inde, 1,4 milliard de citoyens, je crois qu'ils produisent plus d'un million d'ingénieurs par an.
20:51 10% des ingénieurs indiens n'auront pas de travail en Inde.
20:55 Donc, de toute façon, ils sont obligés de fuir.
20:56 Puis dans le semi-conducteur, c'est assez classique.
20:58 C'est un vivier intéressant. Après, c'est le management d'équipes aussi éclatées sur la planète.
21:06 Ça doit être compliqué.
21:07 Alors, pour l'instant, on est en dire France, Allemagne, Espagne.
21:09 Donc, on est dans la même time zone.
21:12 Contrairement aux États-Unis, où vous êtes très vite sur trois flux horaires.
21:16 Pour les jeunes sortis de l'école, c'est très bien de démarrer directement dans un contexte international,
21:21 d'avoir des voisins de bureaux qui sont de nationalités différentes.
21:25 Alors forcément, tout se passe en anglais.
21:27 C'est de la, on va dire, c'est de l'amidité.
21:31 Ça diffuse très bien comme ça.
21:32 Et on n'a pas le choix.
21:33 De toute façon, on est bien au-delà d'une problématique de trouver des ingénieurs français.
21:37 Ça, c'est fini.
21:38 Le président Biden a dit que dans le cadre du US Chips Act,
21:41 donc le pendant de la version européenne, il lui fallait plus de 50 000 ingénieurs en semi-conducteurs par an.
21:45 Ça va être la bataille.
21:46 Quasiment pas.
21:47 Et là, il faut y aller.
21:48 D'où ces relations qu'on est en train de tisser avec les écoles.
21:52 Allez dans le secteur.
21:52 Il n'y a pas que le conseil.
21:53 Il n'y a pas que la finance.
21:55 Allez, faites ingénieur.
21:56 C'est pour faire de l'industriel.
21:57 Bon, et puis, c'est intéressant en termes de technologie.
21:59 C'est aussi intéressant en termes de défis à relever pour la planète,
22:03 que vous travaillez aussi sur les économies d'énergie.
22:07 Économie d'énergie, entre autres.
22:08 Mais effectivement, parce qu'il faut se projeter sur ce qu'on fait en termes d'application,
22:11 ce qu'on va supporter en termes d'application.
22:13 Alors, il y a une acronyme assez classique, la Tech for Good.
22:16 Effectivement, les cas applicatifs qu'on gère du supercalcul sont très séduisants pour un précision pour tout le monde,
22:21 parce que vous donnez un sens à votre travail.
22:24 Vous venez ici.
22:24 J'irai. Vous allez améliorer la vie de chaque citoyen, que ce soit en termes de santé,
22:29 que ce soit en termes de météo, enfin, sur beaucoup de choses.
22:31 Eh bien, j'espère que vous serez entendu.
22:33 Vous allez recevoir plein de candidats très prochainement.
22:36 Le sujet du recrutement, c'est un sujet aussi qu'on suit beaucoup dans Smartech.
22:39 Merci beaucoup, Philippe Nothomb de Cyperl.
22:42 Merci de toutes vos explications.
22:45 On se retrouve après une courte pause.
22:46 Cette fois, on va basculer du côté de la BPI pour s'intéresser à ce qui se passe du côté du financement de la culture.

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