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Mardi 23 mai 2023, SMART TECH reçoit Philippe Le Grand (président, Infranum)

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00:00 ...
00:05 -C'est pas le festival de Cannes encore dans Smartech,
00:09 mais on va s'intéresser à ces technologies
00:11 qui changent le cinéma.
00:13 On en parlera dans notre Tech Talk avec Nicolas Godmet.
00:16 Bonjour, Nicolas. -Bonjour.
00:17 -Vous êtes partenaire en charge des industries créatives
00:21 chez Winepoint et vous serez rejoint par Vincent Florent,
00:24 qui est à Cannes en ce moment.
00:25 On sera à distance, connectés, avec le directeur numérique
00:29 de la Fédération de la Cinémathérapie,
00:31 Nicolas Godmet. Bonjour, Vincent.
00:33 On va parler de cette création cinématographique
00:36 qui va être, et qui commence d'ailleurs,
00:38 à être bouleversée par les technologies.
00:41 Mais d'abord, je vous propose que l'on fasse un point
00:44 sur le très haut débit en France,
00:46 puisque l'observatoire du très haut débit 2023,
00:49 réalisé par Infranum, vient d'être dévoilé il y a quelques jours.
00:52 Bonjour, Philippe Legrand. -Bonjour.
00:55 -Merci d'être avec nous pour nous en parler.
00:57 C'est une fédération qui rassemble, regroupe et représente
01:01 l'ensemble de la filière des infrastructures
01:03 du numérique en France.
01:05 Cet observatoire, vous l'avez mené avec la Banque des Territoires,
01:09 et l'Avica, qui regroupe les collectivités engagées
01:12 dans le numérique. Premier constat,
01:14 c'est la confirmation qu'on est bien dans les clous
01:17 du plan France très haut débit.
01:19 -C'est une bonne nouvelle.
01:20 -C'était pas gagné ? -C'était pas une surprise.
01:23 Il y a 10 ans, l'objectif qui avait été fixé
01:26 de rendre raccordable 80 % de la population française
01:29 et des entreprises françaises
01:31 nous paraissait particulièrement ambitieux.
01:34 Nous sommes au rendez-vous, la machine industrielle est lancée.
01:37 C'est une très bonne nouvelle. -A quel prix on y est arrivés ?
01:41 -On y est arrivés au prix de grands efforts,
01:43 d'une organisation entre l'Etat, les collectivités
01:46 et l'industrie en elle-même,
01:48 de la création de cette fédération,
01:50 qui a porté, elle aussi, à son niveau,
01:52 le plan France très haut débit,
01:54 avec les nouveaux enjeux auxquels nous faisons face.
01:57 C'est à ce prix-là et quelques dizaines de milliards d'euros.
02:00 -Plus de 12 000 prix sont raccordés par jour ouvrables.
02:04 C'est énorme.
02:06 Vous rencontrez quels genres de difficultés sur le terrain ?
02:09 -Les difficultés sont nombreuses.
02:11 Elles ont d'ailleurs défrayé la chronique
02:14 et font l'objet de concertations avec les collectivités.
02:17 Les difficultés sont les échecs de raccordement.
02:20 On ne raccorde pas le particulier parce qu'il refuse
02:23 ou le génie civil est manquant parce que le technicien
02:26 n'est pas qualifié ou n'a pas les bons outils.
02:28 Ce sont les échecs de raccordement.
02:31 Il y a aussi les malfaçons.
02:32 On raccorde la personne, mais le câble est mal posé,
02:35 il est en situation de fragilité.
02:37 Ou alors, il y a les pannes qui peuvent arriver sur le réseau.
02:41 Ce sont les 3 indicateurs que nous mesurons
02:43 pour mesurer la qualité et l'améliorer au fil du temps.
02:46 -Qu'est-ce qu'il donne, cet indicateur ?
02:49 Il nous dit quoi sur la qualité des prestations ?
02:52 -Je n'ai pas du mal à objectiver les chiffres.
02:54 J'ai fait un appel à ce que l'ARCEP, le gendarme des télécoms,
02:58 puisse disposer des moyens de contrôler cette qualité
03:01 et d'objectiver les débats,
03:03 puisque la grogne des élus est assez forte.
03:05 Du fait de ce qu'ils voient sur le terrain,
03:08 on oublie ce qui va bien.
03:09 Les 75 ou 80 % de raccordements qui se passent bien,
03:12 on regarde ceux qui ne vont pas.
03:14 C'est la raison pour laquelle j'ai présenté en septembre dernier
03:18 au ministre Jean-Noël Barrault et à la présidente de l'ARCEP
03:22 un indicateur qui a été présenté.
03:24 Il met du temps, il avance trop lentement.
03:26 Je pense que les indicateurs doivent s'améliorer.
03:29 -Ces problèmes de qualité qui viennent parfois des prestataires,
03:33 ce sont aussi des membres de la Fédération Infranume ?
03:36 -Ils sont tous au sein d'Infranume.
03:38 Il y a tous les sujets qu'on peut mettre sur la table.
03:41 Le zéro défaut n'existe pas sur un plan de cette nature.
03:44 Partout en Europe, ces problèmes se rencontrent
03:47 de façon plus ou moins importante.
03:49 Nous travaillons dessus.
03:51 Il ne faut pas oublier que ce plan reste un très beau succès,
03:54 une formidable épopée pour la France.
03:56 -Avec une petite pression supplémentaire,
03:59 on a la fin du cuivre qui a été annoncée.
04:01 Il y a aussi ce contexte de crise dont on a encore parlé hier,
04:05 l'inflation, qui pèse évidemment, j'imagine,
04:08 sur les économies de vos membres.
04:10 Comment vous arrivez aujourd'hui
04:14 à embrasser ces deux défis de coûts
04:17 et de pression sur la fin du cuivre ?
04:19 Il faut vraiment accélérer sur la fibre optique.
04:22 -On a toujours été dans un système de challenge
04:25 et dans des grandes aventures industrielles.
04:27 Vous avez raison de le signaler,
04:29 c'est quand même près de 40 millions de prises
04:32 qu'il va falloir enlever,
04:34 avec un objectif fixé par Orange,
04:36 qui est de le faire d'ici 2030.
04:38 Orange est propriétaire du réseau.
04:40 Il y a un vrai enjeu industriel,
04:42 et c'est l'affaire de tous,
04:44 pas d'un seul opérateur, de tout le monde.
04:46 C'est une situation et un défi qui nous fait face
04:49 et auquel on a répondu un peu,
04:51 avec un ajustement par négociation
04:55 avec les opérateurs,
04:57 au premier rang duquel on trouve Orange,
04:59 qui a accepté une augmentation de 4 %,
05:01 l'inflation subie par nos entreprises,
05:03 de 5 à 10 %, mais elle est subie par tout le monde.
05:06 Elle n'est pas adossée à un marché
05:08 avec des revenus suffisamment élevés
05:10 et un partage de la valeur entre les grandes,
05:13 les GAFA et les opérateurs suffisamment équilibrés.
05:16 Pour nous donner de la sérénité.
05:18 La sérénité viendra aussi
05:20 avec l'adossement à un marché plus grand,
05:22 peut-être que les prix sont trop bas.
05:25 La valeur doit rejaillir jusqu'à celui qui raccorde,
05:28 jusqu'au technicien de terrain qui va chez vous
05:30 vous brancher votre prise.
05:32 -Je voulais revenir sur le cuivre.
05:34 Le cuivre a montré sa résilience.
05:36 C'est un vieux réseau qui fonctionne toujours aujourd'hui.
05:40 On le déconnecte alors que ça fonctionne.
05:42 Comment on va s'assurer de la résilience
05:44 des futurs réseaux ?
05:46 -Il a rendu son office, ce bon vieux réseau cuivre.
05:49 Vous avez raison d'insister.
05:50 -Il n'est pas à bout de souffle.
05:52 -Il n'est plus capable de répondre aux enjeux d'aujourd'hui.
05:56 Le débit supporté par le réseau cuivre,
05:58 la qualité de service supportée par le cuivre
06:01 n'est plus au rendez-vous aujourd'hui,
06:03 eu égard aux enjeux et aux attentes des entreprises.
06:06 Comment on assure la résilience ?
06:08 Nous avons présenté un plan, le "good deal",
06:11 avec Patrick Chesne, le président de l'AVICA,
06:13 qui est le président de l'AVICA.
06:15 Nous avons présenté un plan qui repose en 3 piliers.
06:18 Sur le pilier de la résilience,
06:20 nous pensons qu'il est nécessaire d'investir
06:23 pour effacer les réseaux, les lignes aériennes,
06:26 qui sont sujettes à beaucoup d'incidentologies,
06:29 pour sécuriser les nœuds de raccordement
06:31 pour ne pas avoir des actes de malveillance
06:34 ou même de piratage, de piraterie sur ces équipements-là.
06:37 Nous avons présenté un plan qui pourrait se financer
06:40 par le marché lui-même en adossant ces investissements
06:44 sur les infrastructures.
06:45 -C'est un plan économe en argent public.
06:47 -Oui.
06:49 -Ca le contribue à adorer.
06:50 Mais d'ailleurs, qui pourrait s'y opposer ?
06:53 A priori, il fait l'unanimité ?
06:55 -Il ne fait pas encore l'unanimité.
06:57 Il fera l'unanimité quand les pouvoirs publics,
07:00 le gouvernement s'en sera saisis.
07:02 Il est très économe en argent public.
07:04 Il repose en 3 piliers.
07:06 La résilience, les raccordements complexes,
07:08 le fait d'aller raccorder les 500 000 foyers
07:11 qui n'auront pas la fibre.
07:13 Et le 3e point, qui est la solidarité,
07:15 faire en sorte qu'on puisse avoir une économie pérenne
07:18 dans les zones rurales.
07:19 En France, on a considéré en 2015
07:21 que le coût d'exploitation d'une ligne en Corrèze
07:24 ou dans un département rural était le même qu'à Paris.
07:27 Ce qui est complètement faux. Il faut réajuster cela.
07:30 Nous proposons un plan qui réaffecte
07:32 une partie de la fiscalité spécifique au Télécom
07:35 sur ces investissements-là.
07:36 C'est juste une réaffectation d'une partie
07:39 de l'augmentation de la fiscalité, si elle devait augmenter.
07:42 Il n'y a pas de dépenses nouvelles pour le gouvernement,
07:45 pour le contribuable français,
07:47 et tout le reste doit pouvoir être financé par le marché,
07:50 à condition qu'on puisse l'adosser
07:52 à une réhausse de la tarification de ce marché.
07:55 -Enjeu aussi autour de l'emploi, trouver les compétences.
07:58 Si à la fois, il faut déployer un réseau,
08:00 mais aussi en démonter un, ça fait double travail.
08:03 Vous avez besoin de recruter combien de personnes
08:06 aujourd'hui dans la filière ?
08:08 -33 000. -Sur l'année, quoi ?
08:10 2023, 2024 ? -D'ici 3 ans.
08:12 -En 3 ans ? -D'ici 3 ans.
08:13 Une étude catalyse faite dans le cadre
08:15 du comité stratégique de filière a montré
08:17 que nous allons passer de 69 000 équivalents en plein à 100 000
08:21 sur les seuls chantiers du numérique.
08:23 C'est pas la filière. Au sein d'Afranium,
08:26 c'est quelques centaines de milliers d'emplois,
08:28 44 milliards d'euros de chiffre d'affaires.
08:31 Mais uniquement sur les chantiers,
08:33 on doit passer de 69 000 à 102 000 emplois
08:35 sur les marchés de la 5G, sur le décommissionnement du cuivre,
08:39 sur les 10 000 équivalents en plein.
08:41 Et la baisse du nombre d'emplois sur le chantier
08:44 du plan France Très Haut Débit va être largement compensée
08:47 et va nécessiter beaucoup de recrutement
08:49 sur les autres chantiers. -Pas simple, j'imagine.
08:52 -Pas simple, parce que la filière n'est pas très attractive,
08:55 d'autres filières payent mieux, la précarité s'est installée.
08:59 Il nous faut trouver les recettes. La féminisation est absente.
09:02 On a beaucoup de mal à féminiser notre profession.
09:05 On fait de grands efforts.
09:07 Il faut qu'on réussisse à équilibrer l'ensemble.
09:09 Déjà, on s'est engagé à faciliter l'accès
09:12 aux formations qualifiantes pour toutes les personnes féminines,
09:15 à communiquer à destination des lycées et des écoles
09:18 de façon à ce que les femmes puissent se rendre compte
09:21 que cette filière n'est pas une exclusion pour elles,
09:24 mais plutôt une opportunité.
09:26 On a de belles histoires qui commencent à naître
09:29 et des partenariats avec des organisations
09:31 de promotion de la féminisation.
09:33 -Il y a des projets qui peuvent être séduisants.
09:36 L'arrivée de la 5G industrielle.
09:38 -C'est une formidable aventure.
09:40 La 5G industrielle, l'industrie 4.0,
09:42 l'automatisation totale, la sécurisation.
09:45 Tout ça, c'est une filière qui est en devenir.
09:48 Il y a 1,7 milliard d'euros
09:49 qui est en cours d'investissement
09:51 avec 700 millions d'euros de financement public.
09:54 -C'est de la croissance directe pour vos membres ?
09:57 -Oui, c'est de la croissance du déversement.
10:00 Quand un chantier baisse, d'autres naissent.
10:02 On est dans un secteur qui est en bonne santé.
10:05 -C'est une croissance sur le long terme.
10:07 Les projets industriels, c'est durable, c'est pérenne.
10:10 -C'est plusieurs années. -Sur 10 ans, au moins.
10:13 Et ça s'exporte.
10:14 La France est extrêmement présente à l'étranger.
10:17 On peut se réjouir que l'Angleterre a mis les pas dans les pas
10:21 et développe beaucoup de fibre optique
10:23 avec des entreprises françaises.
10:25 Parfois, en déployant du câble produit en France.
10:28 Les autres pays suivent ce modèle-là.
10:30 C'est très bien pour notre industrie.
10:32 -On a aussi le marché des data centers.
10:35 -Très dynamique. En France, on a 345 data centers.
10:37 L'axe Paris-Marseille se renforce.
10:39 On va bientôt pouvoir rivaliser avec les grands centres
10:43 comme Londres et Francfort, qui font référence au niveau européen.
10:46 La France développe un modèle de data center de proximité.
10:49 Il n'y a pas que les grands, mais aussi les petits,
10:52 proches des entreprises, des citoyens.
10:55 C'est bien pour l'environnement.
10:56 Ça fait une caractéristique française qu'il convient de développer
11:00 avec les milliers d'emplois consacrés à ce secteur.
11:04 -Nicolas Gaudemey, une remarque sur ce sujet
11:06 ou une question pour Philippe ?
11:08 -La proximité des data centers, c'est un enjeu clé.
11:11 On a de plus en plus d'outils d'intelligence artificielle
11:14 qui ont besoin de capacités de calcul.
11:16 C'est important d'avoir ces capacités de calcul
11:19 dans des pays où le coût de l'électricité carbone
11:22 est plus faible, comme en France.
11:24 C'est une très bonne chose que ça puisse se développer
11:27 dans notre pays.
11:28 -Pour ça, on a besoin de toute votre filière.
11:31 Merci, Philippe Legrand, président d'Infranum.
11:34 - Avec plaisir.
11:35 - Vous restez avec nous, on va s'intéresser au cinéma dans Smartech.

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