Suzane est passée nous parler de son parcours dans La Dalle
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00:00 Je me demande souvent pourquoi je fais ce métier aussi.
00:03 Je crois que c'est pour monter sur scène.
00:04 J'ai une peur bleue en coulisses.
00:06 Je me demande ce que je fais là.
00:07 J'ai envie de me cacher dans un trou.
00:08 Finalement, quand j'arrive dans la lumière, je m'y sens à ma place.
00:10 Je commence la danse à 5 ans.
00:15 C'est vraiment mon premier moyen d'expression.
00:17 Quelques années après, je passe une audition pour entrer
00:20 au conservatoire de danse nationale d'Avignon.
00:23 Ça dure quand même une bonne dizaine d'années dans ma vie.
00:26 Donc, j'entre à 7 ans au conservatoire, j'en sors à 17.
00:29 J'arrête parce que je ne trouve plus trop le plaisir de pourquoi je danse,
00:33 pourquoi je fais tout ça.
00:34 Et là, je commence à chanter, à écrire mes premiers textes.
00:38 Donc, c'est des textes que j'ai très vite jetés.
00:40 Je me rends compte en tout cas que le corps, les mots, c'est important pour moi.
00:43 22 ans, je crois que je prends un billet Wigo.
00:46 Tout le monde me dit que ça va être totalement impossible
00:48 parce que chanteuse, ce n'est pas un vrai métier.
00:50 Moi, c'est plus fort que moi.
00:50 Donc, je monte dans ce train Wigo en espérant ne pas revenir tout de suite.
00:54 Et je pose un CV chez Krishna.
00:56 C'est un petit resto du 20e.
00:57 C'est le premier job alimentaire que je trouve.
01:00 Et en fait, il se trouve que j'écris mon premier album sur le coin du bar.
01:05 Et ce premier album qui est "Toy Toy" en fait,
01:07 et je ne pensais pas qu'il allait arriver là où il est aujourd'hui.
01:11 C'est vrai qu'il est disque d'or.
01:12 Et la rencontre la plus importante, je pense, dans cette histoire,
01:15 c'est la rencontre avec le public.
01:16 J'ai eu la chance en 2019 d'être la plus programmée
01:20 des artistes français en festival.
01:21 Et je pense que c'est vraiment ça qui m'a mis le pied à l'étrier
01:25 et qui a attisé la curiosité du public.
01:28 Je pense que ça arrive plus tard, ça.
01:29 C'est vrai que mon attrait pour la musique,
01:31 je ne comprenais pas toujours d'où ça venait
01:33 parce que c'est vrai que je n'ai pas une famille
01:34 où on écoute énormément de musique.
01:36 Mais en tout cas, moi, les premières choses que j'écoute à la maison,
01:38 un peu malgré moi, et tant mieux, c'est Miley Lundfarmer.
01:42 À ce moment-là, j'ai arrêté la danse et je me retrouve à sortir en club.
01:46 Alors oui, avant ma majorité.
01:47 Désolée, papa, maman.
01:48 Mais c'est un super moment dans ma vie d'artiste
01:50 puisque finalement, je découvre Daft Punk,
01:52 je découvre Justice, je découvre tout plein d'artistes.
01:55 qui ont nourri la French Touch.
01:57 Donc là, c'est ma première vraie claque
01:58 et c'est surtout la musique qui me redonne envie de danser.
02:02 Je me revois écrire à l'adolescence, tu vois, des premiers textes.
02:08 Je n'assume pas trop, j'écris, mais je jette très vite.
02:11 Je me dis que c'est un peu nié, un peu cucu,
02:13 c'est jamais assez bien.
02:14 Mais j'ai toujours cette envie assez urgente d'écrire.
02:18 Je pense que c'est à l'âge de 23 ans,
02:20 que vraiment, 22-23 ans, quand j'arrive,
02:22 là, mon envie d'écrire devient vraiment urgente.
02:25 Depuis, je ne peux plus trop me passer de l'écriture dans ma vie.
02:27 C'est vraiment quelque chose qui est devenu central,
02:30 alors qu'avant, je ne me le permettais pas.
02:31 Je me demande souvent pourquoi je fais ce métier aussi
02:37 et je crois que c'est pour monter sur scène.
02:39 Moi, c'était un peu ma carotte, quoi.
02:41 L'endroit, pour moi, le plus beau au monde,
02:43 c'est-à-dire que je voyage un peu partout en France ou ailleurs,
02:45 mais à chaque fois, pour me retrouver au même endroit.
02:47 Et cette scène qui me permet de se mettre sur scène,
02:50 de me retrouver au même endroit et cette scène qui me permet de lâcher prise,
02:53 qui me permet de passer un peu au-dessus de toutes mes angoisses,
02:55 de partager avec le public, etc.
02:57 Pour moi, c'était un vrai combat parce que j'ai un track qui est immense.
03:01 Les gens ne s'en aperçoivent peut-être pas
03:03 quand ils me voient une fois arrivé sur scène.
03:04 Je suis très déter et je suis dans mon truc
03:07 et limite, je suis dans une sorte de trance.
03:10 Même moi, je ne pourrais pas vraiment l'expliquer
03:11 parce que j'ai une peur bleue en coulisse.
03:13 Je me demande ce que je fais là.
03:14 J'ai envie de me cacher dans un trou et je remets tout en question.
03:17 Et finalement, quand j'arrive dans la lumière,
03:19 je m'y sens bien, je m'y sens au chaud et je m'y sens à ma place.
03:21 Je ne sais pas pourquoi ça marche, pourquoi ça ne marche pas.
03:28 Pourquoi un album marche plus qu'un autre ?
03:30 Pourquoi ?
03:31 On ne sait pas, en fait, dans la carrière d'un artiste.
03:33 Tant que le public est là, déjà, je serais heureuse.
03:35 Je serais heureuse aussi de continuer à être libre, en fait.
03:38 De ne pas me dire, OK, cet album-là a bien marché,
03:41 il faut que celui-ci marche tout autant,
03:43 il faudra que le prochain marche encore plus.
03:45 Je pense que la force de mon projet aujourd'hui,
03:47 c'est qu'il est inclassable.
03:48 Mais en même temps, je trouve ça cool de faire galérer les playlists,
03:53 de ne pas trop savoir où me mettre
03:54 et mettre tout le monde d'accord quand on arrive en live.
03:56 Pour quelqu'un qui a envie de se lancer,
04:01 je lui dirais de ne pas attendre l'approbation des autres.
04:04 Après tout, il ne faut pas oublier,
04:05 c'est l'artiste qui emmène la matière première.
04:07 Après, il y a des gens qui sont intéressés.
04:09 Mais en tout cas, de se faire confiance
04:10 et faire confiance à leur musique, à leur art,
04:12 à ce qui sort de leur tête.
04:14 Et surtout, trouver les bons partenaires aussi,
04:16 trouver des gens qui croient.
04:18 Parce qu'un artiste, il jouera toujours sa vie.
04:19 Je veux dire, on fait ça par besoin.
04:21 Il faut qu'à côté, on ait des gens passionnés.
04:23 Voilà, il faut continuer d'oser, de travailler, de croire en soi.
04:25 [Bruit de la vidéo qui se termine]