Hatik revient sur sa carrière et se confie son dernier album “niyya” dans #Replay
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00:00 Quand j'ai des gens autour de moi qui veulent réaliser quelque chose,
00:02 le seul truc que je leur dis, c'est pas "ouais, il faut que t'aies du talent,
00:05 il faut que tu travailles".
00:05 Et je m'embrouille très souvent avec des amis à moi
00:08 parce qu'ils travaillent pas assez sur ce qu'ils veulent réaliser, etc.
00:11 Et je leur dis en fait, ça ne peut pas tomber comme ça.
00:14 Ça ne peut pas marcher comme ça.
00:15 Pour personne, ça ne marche comme ça, en mode, ça tombe du ciel
00:18 et vas-y, toute ta vie, tu vas avoir une vie où tu vas travailler,
00:21 tu vas faire plein de trucs de ouf et tout,
00:22 mais t'auras jamais bossé.
00:23 Non, c'est impossible.
00:24 On oublie des fois qu'un artiste, c'est aussi des années de galères.
00:28 Il y a beaucoup de ça dans ton parcours.
00:29 Parce que tout va pas aussi vite que prévu.
00:31 Tu te dis des fois, je suis arrivé, en fait, t'es pas arrivé.
00:33 C'est des trains qui passent.
00:34 Faut prendre le bon train au bon moment pour t'amener à la bonne gare.
00:37 Mais le truc, c'est que tu provoques ça en ayant des ondes positives
00:42 qui poussent à ça aussi.
00:43 Et ces ondes-là, frère, c'est le travail, c'est pas autre chose.
00:45 De manière générale, 90% du temps, tu kiffes ce que tu fais
00:48 et 10%, tu kiffes un peu moins.
00:49 Les 10%, tu kiffes un peu moins.
00:51 Tu te dis "OK, mais vas-y, je le fais parce qu'à un moment donné,
00:53 moi, j'ai besoin que ma mère, elle arrête de taffer".
00:55 Toutes ces choses-là, en fait, où tu te dis "ouais, c'est important".
00:57 Et il y a un morceau sur tous ces morceaux dans cette douce pénombre,
01:01 c'est "Quand tu rentres dans l'ombre", vraiment.
01:03 C'est 3.03.2022, où tu oses parler de suicide,
01:07 l'envie de crever pour retrouver la vie d'avant.
01:09 Pourquoi cette date, elle est fatidique ?
01:10 Comment t'as réussi à accoucher d'un morceau aussi fort ?
01:13 Les deux questions sont très liées.
01:15 C'est que c'est la date où j'ai fait le morceau.
01:16 Je sortais du concert du Luxembourg.
01:18 C'était une tournée qui était compliquée à gérer.
01:20 Je suis rentré à l'hôtel et je me suis retrouvé dans ma chambre
01:23 à avoir installé tout mon matos.
01:25 Et ce jour-là, j'étais pas bien.
01:26 Toute la soirée, jusqu'à 5h du matin à peu près,
01:29 j'ai écrit et après j'ai répété, répété, répété le texte
01:32 en boucle, en boucle, en boucle, tout le temps, tout le temps, tout le temps, tout le temps.
01:35 Jusqu'à arriver au stade, au point névralgique
01:38 où je ne pouvais plus le faire parce que j'étais trop dans l'émotion.
01:41 Et en fait, je savais que j'allais y arriver
01:43 et je savais qu'il fallait le temps que ça monte
01:46 et que je prenne conscience de chaque mot qui sortait.
01:48 C'est-à-dire que le texte, je l'ai écrit, mais j'intellectualisais pas ce qui se disait.
01:51 Il y a même des fois où ça rime pas forcément
01:54 parce que c'était bam, bam, bam, bam, tu lâches, tu lâches, tu lâches, tu lâches.
01:57 C'est un peu un état où tu planes.
01:59 Le seul souvenir que j'ai, c'est de me rendre compte que là,
02:01 putain, en fait, je suis en train de pleurer.
02:03 Je suis en train de le faire et je suis en train de pleurer.
02:04 Et c'est pour ça que j'ai voulu garder le truc très brut comme il est dans l'album.
02:07 - Est-ce que tu as l'impression parfois que Hattick, il bousille la vie de Clément ?
02:12 - Non, parce qu'en vrai, là, c'était autant Clément qui a bousillé la vie d'Hattick que l'inverse.
02:17 03-03-22, ce morceau, il parle des problèmes de Clément, il parle des problèmes d'Hattick.
02:20 Donc ouais, c'est autant l'un que l'autre, en fait.
02:24 C'est juste que c'est pas les mêmes problèmes.
02:25 En fait, toi, tu te dis, les choses peuvent rester comme avant
02:28 et je peux être la personne connue que je suis,
02:30 tout en ayant un truc un peu similaire à ce que j'avais avant et garder un peu la base.
02:34 Et en fait, plus ça va, plus la base, elle se réduit, elle se réduit, elle se réduit, elle se réduit.
02:37 Et à la fin, en fait, il te reste plus grand-chose de la base.
02:40 Par contre, ce qui te reste, c'est très important pour garder les pieds sur terre et tout.
02:42 Mais c'est compliqué.
02:44 - Est-ce qu'il y a des choses, justement, que tu fais qui te permettent d'avoir,
02:46 de garder encore les pieds sur terre ?
02:47 - Je me fais des soirées avec mes potes que j'ai depuis 15 ans.
02:50 Des soirées entre amis, avec des gens que tu fréquentais déjà au moment où t'avais rien
02:55 et que tu sais que t'as déjà fait le tri dans tous les gens qu'il y avait quand t'as commencé à péter.
02:59 Les gens qui restent, voilà, là, c'est bon, le tri, il a été fait.
03:03 Genre, ça marche, tu vois.
03:04 Ça, c'est des choses importantes.
03:06 Les trucs simples, en fait, de famille, d'amis, c'est le plus important.
03:09 - Tu disais dans une interview, je crois que c'était pour M6,
03:12 et j'ai trouvé cette phrase ultra forte,
03:14 c'est quand on a ce qu'on a toujours voulu, qu'on se rend compte qu'on veut autre chose.
03:18 Est-ce qu'aujourd'hui, à quelques jours de la sortie de l'album,
03:21 tu penses déjà à autre chose ou justement cette philosophie, elle a changé ?
03:24 - En fait, je veux autre chose déjà parce que j'ai pas d'attente pour l'album.
03:27 J'ai pas d'attente dans le sens où moi, je l'ai fait comme une thérapie.
03:30 Donc en fait, si ma thérapie vous intéresse, tant mieux.
03:33 Si elle vous intéresse pas, c'est pas grave.
03:34 Moi, si j'avais pas eu la musique pour parler, j'aurais parlé à Ake.
03:37 Mais en vrai, c'est ça qu'il faut se dire,
03:38 c'est que ça a été tellement dur de faire cet album,
03:41 tellement pesant d'aller chercher au fond de soi-même,
03:44 des émotions, des trucs comme ça et tout,
03:46 qu'en fait, à la fin, une fois que tu l'as fait, t'es juste soulagé.
03:49 Moi, là, je veux juste que l'album, il soit livré dans les mains des gens
03:52 et que juste, ils le prennent comme ils veulent.
03:54 Une fois qu'il est livré, moi, ça va me libérer d'un poids de ouf.
03:57 C'est possible que ce soit un album sur lequel je veux jamais revenir
04:00 parce que j'ai pas envie de ça.
04:02 En fait, les morceaux en soi sont des excellents titres, selon moi,
04:05 mais c'est pas parce que c'est des excellents titres
04:07 que j'ai toujours besoin de les écouter
04:08 parce que moi, plus que quiconque, ça me touche
04:11 et j'ai pas forcément envie de repartir dans ces émotions-là, en gros.
04:14 Est-ce que t'as encore cette même flemme pour la musique aujourd'hui ?
04:16 Moins parce que j'ai vu tous les à côté, en fait.
04:17 Ma passion, elle se matérialise d'une autre manière,
04:19 c'est que je vais peut-être écouter beaucoup moins de musique qu'avant,
04:22 mais par contre, je vais peut-être plus penser à la musique.
04:25 Je suis tout le temps en train de réfléchir à un concept d'album
04:28 ou un concept de truc, de clip ou de machin comme ça.
04:31 C'est comme ça qu'elle se matérialise, ma passion, aujourd'hui, je pense.
04:33 Chose qui arrive beaucoup moins avec d'autres types d'activités.
04:36 J'aime bien les vêtements, j'ai envie de développer des choses là-dedans,
04:39 dans le textile et tout,
04:40 mais je suis beaucoup moins en train de penser tous les jours
04:42 à "ouais, faut faire un t-shirt comme ci, comme ça, machin,
04:44 faut faire un pull comme ça et tout, machin".
04:45 Ouais, c'est quelque chose qui te traverse à chaque instant, en fait.
04:47 Est-ce que Attic et Clément, ils sont épanouis au jour d'aujourd'hui ?
04:51 Ouais, je pense Clément plus qu'Attic.
04:53 C'est juste que je me suis recentré sur la vraie vie, quoi.
04:55 Évidemment, c'est important que la carrière se passe bien
04:58 et que tu fasses plein de belles choses et tout,
04:59 mais on va dire que là, ma vraie vie prend tellement de place que c'est cool.
05:03 C'est chanmé de savoir que dans ta vraie vie, t'es bien
05:06 et tu sais ce que c'est en plus quand dans ta vraie vie, ça va pas bien
05:09 et que du coup, ça impacte le pro.
05:10 Moi, je peux plus avoir les trucs comme ça.
05:11 T'as de la promo à faire et puis à ce moment-là,
05:14 tu viens d'avoir un truc qui se passe dans ta vie perso
05:16 qui fait que t'as pas envie d'être là parce que t'es ailleurs
05:19 et donc, du coup, t'es pas forcément totalement à 100 % dans la discussion
05:22 et machin, truc, tu vois.
05:22 C'est pas plaisant, c'est même pas rendre service à sa carrière en soi.
05:25 L'un va détendre sur l'autre et tout, non, franchement.
05:27 Un esprit sain dans un corps sain et puis c'est très bien.