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12e journée de mobilisation contre la réforme des retraites. Écoutez l'interview de la députée Nupes de Paris).
Regardez L'invité de RTL du 13 avril 2023 avec Amandine Bégot.

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00:02 RTL Matin
00:06 Il est 7h43, excellente journée à vous tous qui écoutez RTL. Amandine Bégaud, vous recevez ce matin Sandrine Rousseau, députée
00:12 Europe Écologie Les Verts de Paris.
00:14 Sandrine Rousseau, on va bien sûr évoquer dans un instant cette nouvelle journée de mobilisation contre la réforme des retraites,
00:19 mais d'abord un mot de l'union de la gauche. Adrien Quatennens va dès aujourd'hui réintégrer le groupe LFI à l'Assemblée. Les députés
00:26 insoumis ont en effet voté pour sa réintégration, c'était avant-hier. Vous, on le sait, vous étiez contre. Est-ce que dans ces circonstances
00:32 vous estimez encore avoir votre place au sein de l'ANUP ?
00:36 Mais l'ANUP
00:39 ne se résume pas à l'affaire Quatennens et heureusement, j'ai envie de vous dire, parce que là on a une responsabilité historique qui est d'incarner
00:45 une alternative face à la montée qui paraît aujourd'hui importante du RN.
00:50 Et donc on a rendez-vous avec l'histoire à la gauche, donc on va pas s'arrêter à ça, mais par contre on va transformer la NUPES de
00:56 l'intérieur et là en l'occurrence, oui, il faut se dire que nous
00:59 n'avons pas correctement géré. Quand je dis "nous", en l'occurrence cette affaire Quatennens n'a pas été gérée correctement. Sauf que ce sont des
01:06 questions de fonds, des valeurs
01:09 importantes, on parle de choses graves. Tout à fait. Est-ce qu'on peut travailler avec quelqu'un sur, quand on n'est pas d'accord sur le fond,
01:17 sur les fondamentaux, j'ai envie de vous dire ? - Mais c'est pour ça que le combat féministe que je porte est un combat
01:22 dont je rappelle qu'il est non seulement historique, c'est-à-dire que c'est un combat social
01:27 multicentenaire des femmes, qu'il y a eu des mortes sur le chemin de ce combat, et que par ailleurs ça n'est pas quelque chose d'anecdotique
01:35 dans les combats de la gauche, que c'est profondément au cœur même des
01:38 valeurs de gauche et de l'écologie que de
01:40 prôner l'égalité entre les femmes et les hommes et le respect des femmes. - Mais c'est pour ça que je pose la question avec la NUPE !
01:44 - Et bien c'est pour ça que je vous dis que c'est, oui, c'est pour ça qu'on élève la voix, c'est pour ça qu'on le dit.
01:48 Et bien sûr que je ne suis pas complètement à l'aise avec la décision qui a été prise, mais je dis aussi que c'est
01:55 au moins, voilà,
01:57 on s'interroge là-dessus, c'est la première fois, parce que lors du précédent mandat, et je rappelle quand même qu'il y avait Benoît Sillian dans le groupe
02:04 LREM, qui avait été condamné pour violence conjugale, et il s'était rien passé jusqu'au dernier jour de son mandat.
02:09 Il avait fait son mandat le plus normalement du monde. - Sauf que vous, vous portez ce combat là depuis des années, et c'est pour ça que je vous dis que c'est vous qui le caractérise.
02:16 - C'est pour ça que je vous dis qu'il y a un problème, qu'Adrien Quatennens aurait dû démissionner, qu'on n'en serait pas là, et que par ailleurs,
02:21 moi ce que j'attends aussi, c'est vraiment des mots très forts à
02:25 destination des femmes, et
02:27 particulièrement des 200 000 femmes qui subissent des violences conjugales,
02:29 leur dire que nous sommes là pour elles, que nous ne lâcherons rien, et c'est pas parce qu'il y a la réintégration d'Adrien Quatennens que le combat sur
02:37 la lutte contre les violences conjugales s'arrête, et vraiment, je vous le dis, je continuerai ce combat. - Mais qui doit les avoir ces mots très forts ?
02:43 Jean-Luc Mélenchon par exemple ? - Oui, notamment.
02:45 - Vous lui lancez cet appel ? - Bien sûr. - Il doit prendre position sur cette question là ? - Bien sûr, et il doit redire à quel point la lutte
02:51 contre les violences conjugales est prioritaire à gauche. - C'est lui qui a fait pression pour que les députés et les filles votent ? - Ça je ne sais pas,
02:56 honnêtement, je ne sais pas. - Hier matin, vous avez tweeté "c'est matin où croire à la politique est difficile". C'était en lien avec ça ?
03:02 - Oui, parce que
03:04 ça faisait... enfin, il y a des matins comme ça où on se dit "mais comment on va y arriver ?" et
03:07 et le combat féministe n'est pas un combat simple, ça je pense que ça ne nous aura pas échappé.
03:12 C'est un combat qui génère de la violence en face, qui est très compliqué à mener au quotidien. Pendant quatre mois,
03:18 je me suis levée à chaque fois qu'il a parlé dans l'hémicycle, et nous sommes une petite dizaine de députés à nous être levés à
03:24 chaque fois qu'il parlait dans l'hémicycle. Et moi vraiment, je ne comprends pas comment...
03:30 La seule chose que lui a imposée LFI, en quelque sorte, c'était que pendant quatre mois il se taise,
03:35 et ça n'a pas été possible de respecter cette simple sanction. Pendant quatre mois, il se taisait.
03:41 Vraiment, on n'est pas à la hauteur. - On devrait empêcher un député condamné pour violence conjugale
03:45 d'être siégé à l'Assemblée. - Il devrait en avoir la décence. - Mais pourquoi vous avez voté, du coup,
03:52 j'allais dire contre. Non, vous n'avez pas voté contre la proposition de loi d'Aurore Berger,
03:57 la proposition de loi d'Aurore Berger qui prévoyait justement qu'un élu ne puisse pas,
04:01 en cas de condamnation pour violence conjugale,
04:04 ce qui est une peine d'inégibilité obligatoire. Vous êtes abstenue sur ce texte ? - Oui, je me suis abstenue parce qu'en fait j'avais dit
04:12 au groupe Renaissance que je voterais pour la loi à condition qu'il y ait un amendement PS qui soit accepté, qui était un amendement qui
04:18 listait en fait les cas de violence faite aux femmes, violence conjugale, violence faite aux enfants, enfin, violence physique, etc.
04:25 Et qu'on excluait par exemple des violences qui auraient pu avoir lieu sur des lieux de manifestation, etc.
04:31 Et en fait si cet amendement avait été adopté, et vraiment il aurait pu être adopté s'il y avait eu un tout petit peu d'ouverture
04:36 d'esprit, alors moi je votais dès demain cette loi.
04:38 - Dans ce contexte, Fabien Roussel, le secrétaire national du Parti communiste, a appelé cette semaine à repenser la gauche, à une nouvelle alliance des
04:45 gauches élargies, ce sont ces mots. Est-ce que vous seriez prête à y participer ?
04:51 - Bah ça s'appelle la nupes, non ? Enfin, moi j'ai l'impression qu'on refait le monde à chaque fois, j'ai l'impression que c'est scisif, quoi.
04:57 C'est-à-dire qu'on monte la nupes et puis il faut créer autre chose, etc.
05:00 Là on a la nupes, elle n'est pas parfaite, il faut un acte 2, il faut la faire évoluer, il faut une coordination, il faut plus
05:06 d'équilibre des forces à l'intérieur de la nupes,
05:08 mais on va pas recommencer quelque chose qu'on connaît déjà.
05:11 - Sauf que sur ces questions-là, de violence conjugale par exemple,
05:14 le PC est plus proche de vous que Nele et les filles en tout cas dans l'attitude.
05:18 - Oui mais sur le nucléaire par exemple, ça n'est pas vrai.
05:20 Donc en fait, la nupes elle est traversée de points de désaccord que nous avons listés d'ailleurs lors de...
05:26 - Elle est fragilisée aujourd'hui ou pas ?
05:28 - Oui !
05:29 - Mais non, elle n'est pas plus fragilisée qu'elle l'était au début, on savait qu'on avait des désaccords,
05:33 mais on ne savait pas que ça porterait sur les violences conjugales, ça je vous l'accorde.
05:37 Mais on savait que par exemple sur le nucléaire, on avait des désaccords.
05:40 La force de la nupes, c'est aussi d'avoir des regards complémentaires et d'assumer le fait que nous ne soyons pas à 100%
05:47 d'accord sur l'ensemble des textes. Et que quelque part, c'est aussi ça de faire une coordination,
05:51 c'est aussi ça de faire de la politique différemment, c'est d'assumer une forme de désaccord et non pas qu'on ait
05:56 chacun et chacune le doigt sur la couture du pantalon et qu'on soit aux ordres de qui que ce soit.
06:02 Donc voilà, la nupes c'est ça, c'est un nouvel objet politique qui est une composition et qui propose une alternative,
06:08 une alternative sociale, une alternative écologique, une alternative de l'égalité.
06:12 Et bien c'est ça que nous devons construire.
06:14 - Venons-en à cette nouvelle journée de mobilisation contre la réforme des retraites.
06:17 Avant je le disais, demain, la décision du Conseil constitutionnel,
06:20 ce n'est pas un peu un barreau d'honneur avant la décision de demain ?
06:24 - Non, c'est montrer que la détermination contre la réforme des retraites ne faiblit pas.
06:30 On voit que les sondages ne bougent pas là-dessus, la contestation est toujours aussi grande.
06:36 Et vraiment, je pense que le Conseil constitutionnel a une décision historique à prendre.
06:40 Est-ce qu'il la prendra ? Je n'en suis pas certaine, mais il a une décision historique à prendre.
06:44 Je me demande dans quelle mesure il peut complètement s'autonomiser du pouvoir.
06:48 Et j'espère qu'il le fera, parce qu'il est garant de la Constitution, il est garant de nos institutions.
06:54 Et là, il a quelque chose presque d'historique à faire, presque d'historique.
07:00 Face au mépris et à la brutalité d'un pouvoir qui s'enferme à l'Élysée et qui se ferme à la contestation sociale,
07:11 qui méprise à ce point-là les syndicats qui sont, je le rappelle, des corps intermédiaires qui ont été élus dans les entreprises.
07:17 - Macron a dit qu'il recevrait les syndicats une fois le processus est en pratique.
07:20 Après la décision, il faut qu'ils y aillent les syndicats d'ailleurs, Sandrine Rousseau ou pas ?
07:23 - Non mais ça c'est à eux de décider, je n'interviendrai pas là-dedans.
07:26 Mais après ? Quel est l'intérêt de les recevoir après ?
07:30 - Pour préparer la suite ?
07:31 - Non, pour faire diversion et dire "ça y est, on passe à autre chose".
07:34 Et leur dire "voyez, c'est moi qui ai gagné".
07:36 C'est ça qu'il va faire, c'est qu'il va leur tendre la main, leur dire "voyez, c'est moi qui ai gagné".
07:39 Je n'en peux plus de cette manière-là d'être au pouvoir.
07:42 C'est vraiment une manière qui est non seulement violente et brutale, mais qui est complètement dépassée, totalement dépassée.
07:48 Et on a l'impression qu'Emmanuel Macron fait de la France une affaire personnelle, de la gestion de la France une affaire personnelle.
07:54 Je rappelle que nous sommes en démocratie et je rappelle que nous avons tous et toutes quelque chose de l'ordre de la composition d'une politique,
08:02 de politique publique qui soit acceptable par tout le monde.
08:05 - Sauf qu'il a été élu et il le rappelle.
08:07 - Bien sûr qu'il a été élu, mais nous aussi.
08:10 Évidemment qu'il a été élu, mais ce n'est pas pour ça qu'il doit brutaliser la France tous les matins.
08:15 Ce n'est pas pour ça que son opinion est plus importante que les 3,5 millions de personnes qui manifestent dans la rue.
08:21 - Si le Conseil constitutionnel valide demain le texte, il faudra poursuivre le mouvement ?
08:25 - Bien sûr, et il faudra trouver d'autres voies et moyens de le poursuivre.
08:29 - Ça sert à quoi ? Si le texte est validé, pardon, mais Emmanuel Macron aura 15 jours pour promulguer cette loi.
08:34 - Et il n'a pas le choix ? C'est la loi ?
08:37 - Déjà, il a toujours le choix de ne pas...
08:39 - Il peut la promulguer, mais ne pas l'appliquer.
08:40 - Exactement.
08:41 - Comme a fait Jacques Chirac avec le CPE.
08:42 - Exactement, et puis par ailleurs, le Conseil constitutionnel va juger en droit.
08:46 Donc à mon avis, il y a deux axes selon lesquels il va juger.
08:49 C'est, est-ce qu'il était opportun de faire un PLFSS rectificatif,
08:53 c'est-à-dire un projet de loi de finances de la sécurité sociale rectificatif,
08:57 trois semaines après avoir voté le premier ?
08:59 Donc ça, c'est la première chose, parce que normalement,
09:01 quand on fait un texte rectificatif sur le budget, c'est à la fin de l'année et pas au début de l'année.
09:05 Et la deuxième chose, c'est est-ce qu'il y a une opportunité de saisir le fait que le Parlement ait été dévoyé,
09:17 parce qu'ils ont utilisé le 47.1, le 49.3.
09:21 Donc est-ce qu'on considère que toutes les astuces qu'ils ont trouvées pour qu'il n'y ait pas de vote respectent la démocratie ?
09:28 En fait, ce sont les deux piliers sur lesquels ils vont se fonder.
09:31 Moi, j'ai aussi présenté devant le Conseil constitutionnel la question de l'égalité femmes-hommes,
09:35 qui n'est pas respectée dans cette réforme, puisque les femmes vont en supporter l'essentiel des efforts.
09:40 Bon voilà, ils ont trois arguments, ils en ont encore d'autres sans doute,
09:43 vraiment sur lesquels ils pourraient fonder un rejet de ce texte.
09:46 Merci beaucoup Sandrine Rousseau, et cette décision, on le rappelle, du Conseil constitutionnel, c'est donc demain après-midi.
09:53 Rôle historique, venez-vous de dire, concernant le Conseil constitutionnel, il y a quelques instants, Sandrine Rousseau.
09:58 - Merci.
09:59 [SILENCE]

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