Aujourd'hui dans "Punchline", Laurence Ferrari et ses invités reviennent sur l'explosion encore inexpliquée à Marseille.
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00:00 Je vous le disais donc, les recherches se poursuivent rue de Tivoli à Marseille pour
00:04 tenter de retrouver d'éventuels survivants.
00:07 Plus de 200 personnes, dont des familles, ont dû être évacuées.
00:10 Un quatrième corps a été découvert ce midi.
00:13 Le commandant des marins-pompiers de Marseille a tenu un point presse il y a quelques minutes.
00:18 Le commandant Pascal, il y a toujours espoir selon lui de retrouver des survivants.
00:22 Écoutez-le.
00:23 On poursuit les actions de déblément et de recherche dans l'espoir de retrouver des
00:29 victimes.
00:30 Donc voilà, ça c'est sans cesse.
00:33 On continue, on a toujours espoir.
00:34 Et on a organisé également l'accès ponctuel aux gens qui ont été évacués et qui sont
00:41 actuellement relogés soit par la ville, soit par leurs propres moyens, pour leur permettre
00:46 de récupérer des effets personnels, leurs clés d'identité, de l'argent, les clés
00:49 de la voiture, les clés de l'accès au travail pour demain, etc.
00:52 On continue, on va se dire toujours menaçant.
00:55 Donc là-dessus, on expose un minimum nos personnels.
01:00 C'est un travail qui se fait de concert avec un engin de gruttage qui, de façon chirurgicale,
01:06 toujours enlève les gros blocs et déblée un maximum les gros morceaux de façon à
01:12 nous permettre à nous, après à la main, de récupérer les morceaux manipulables et
01:19 d'accéder aux victimes sans risquer d'aggraver leur état si elles sont dessous.
01:24 Et nous sommes en direct avec Jérôme Giron.
01:27 Bonsoir, vous êtes membre des sapeurs-pompiers de France.
01:31 C'est un gros dispositif qui est toujours déployé au moment où nous parlons ce soir
01:35 à Marseille.
01:36 Est-ce que les équipes de secours qui travaillent d'arrache-pied depuis de nombreuses heures
01:40 maintenant sont aguerries à ce type de situation ? On imagine que oui.
01:45 Dans quelles conditions est-ce qu'elles travaillent ce soir ?
01:46 Effectivement, bien sûr, les équipes, les sans-sauveteurs qui sont sur place sont aguerries
01:52 à ce type de mission qui est très spécifique.
01:53 On appelle ça le sauvetage déblayant.
01:56 Donc naturellement, les conditions sont, on l'a évoqué, le commandant des opérations
02:00 de secours vient de l'évoquer dans sa conférence de presse, les actions sont rendues difficiles
02:04 par le contexte de ces gravats qui se sont accumulés.
02:08 Donc oui, ce sont des opérations qui sont difficiles, périlleuses pour les sauveteurs
02:12 et qui se mènent pas à pas dans les gravats.
02:17 Comment est-ce qu'on travaille précisément au milieu de ces gravats ? Parce qu'on aperçoit
02:22 des grues, des tractopelles, mais tout cela en réalité est extrêmement minutieux.
02:27 Quelle zone est-ce que vous allez explorer en premier ? Quelle est la méthode de travail ?
02:31 Effectivement, il faut être très organisé.
02:34 D'abord parce que ça présente un risque pour les sauveteurs, un risque d'accident.
02:38 Et puis, il faut pouvoir se garantir que l'ensemble du périmètre concerné puisse être observé
02:44 de façon à ne pas passer à côté d'une victime potentielle.
02:47 C'est un travail combiné avec les équipes Sino-techniques qui vont pouvoir, grâce aux
02:52 chiens, détecter des victimes.
02:55 C'est aussi du travail d'écoute, du travail de recherche avec éventuellement des caméras
02:59 qui permettent de détecter peut-être des poches de survie.
03:02 Naient ces poches de survie dans l'explosion, de l'effondrement des planchers et des structures
03:07 qui peuvent potentiellement laisser de l'espoir dans un espace libre pour les victimes.
03:12 Donc voilà, tout ça se mène avec des spécialistes en lien avec le commandant des opérations
03:17 de secours de façon à être le plus efficace possible et en sécurité.
03:21 Est-ce que la fatigue commence aussi peut-être à se faire sentir du côté des secours qui,
03:26 je l'ai dit, travaillent nuit et jour ? Bien sûr, ils sont relevés, mais c'est un travail
03:30 très fatigant.
03:31 Est-ce que la fatigue commence peut-être à se faire sentir ?
03:34 Oui, naturellement, mais bien aussi évidemment, les relèves sont réguliers.
03:40 Mais pour autant, d'abord parce qu'il faut être extrêmement concentré et puis il faut
03:43 fournir un effort important.
03:44 Donc naturellement, les équipes ne peuvent être engagées que sur des durées relativement
03:49 courtes et en tout cas, ce sont des gens aguerris.
03:51 Donc il faut aussi noter que ces gens ont la capacité, que ce soit les marins-pompiers
03:55 ou les sapeurs-pompiers du SNIS 13 qui sont engagés actuellement, les sapeurs-pompiers
04:00 spécialistes et même les autres, ils sont préparés à un engagement un peu dans la
04:05 durée.
04:06 Donc oui, de la fatigue, mais aussi des gens particulièrement aguerris pour pouvoir durer
04:11 dans le temps et être encore efficaces et en sécurité.
04:13 Un dernier mot avec vous Jérôme Giron, sur ce qui est le plus important ce soir, retrouver
04:18 d'éventuels survivants puisque quatre personnes sont toujours portées disparues.
04:22 Il y a de l'espoir, disait le maire de Marseille cet après-midi.
04:25 Pour vous aussi, il y a toujours de l'espoir, on peut encore retrouver des survivants à
04:30 l'heure où nous parlons ?
04:31 Bien sûr, naturellement.
04:32 Et puis je crois que tout le monde concentre les efforts dans ce sens-là.
04:35 Oui, potentiellement, effectivement, même si tout ça s'amenuise au fil du temps.
04:42 Pour autant, il ne faut pas baisser les bras et les sauveteurs sont encore entièrement
04:47 mobilisés dans l'hypothèse de retrouver une victime vivante, bien évidemment.
04:53 Merci beaucoup Jérôme Giron.
04:54 Je rappelle que vous êtes membre des sapeurs-pompiers de France.
04:57 Merci d'avoir été avec nous en direct sur CNews et sur Europe.
05:00 Gabriel Cluzel, en entendant Jérôme Giron et en voyant aussi les pompiers travailler
05:05 d'arrache-pied à Marseille, j'étais en train de me dire, ils font un travail extraordinaire.
05:09 On les applaudit à Marseille et pendant ce temps, dans des manifestations à Paris notamment
05:13 ou dans certaines villes de province, on leur tape dessus, ils se font caillasser dans les
05:17 manifestations.
05:18 Il y a quand même un paradoxe là qui est à la fois inacceptable et incompréhensible.
05:22 Je pense qu'il faut profiter de ces occasions, de ces malheurs, mais des drames même, pour
05:28 rendre hommage à ce corps de métier qui est extrêmement impressionnant dans son dévouement.
05:32 C'est vraiment la France silencieuse qui se met au service des autres, qui sert et qui
05:36 ne se sert pas.
05:38 Il y a beaucoup de gens qui se servent aujourd'hui, et eux ils se servent.
05:41 C'est vrai que c'est un métier dangereux, il l'a expliqué.
05:43 C'est-à-dire qu'il y a des risques pour eux, d'effondrement, c'est pas simplement du sauvetage,
05:50 c'est de la propre mise en danger.
05:52 Donc c'est important d'être là pour les saluer.
05:57 De fait, on sait qu'aujourd'hui les sapeurs-pompiers sont agressés.
06:00 Alors ils sont agressés en manifestation, ils sont agressés en banlieue, parce que
06:03 comme tout ce qui porte un uniforme aujourd'hui est assimilé, c'est à peine sur les textes
06:10 pas de répression, comme on peut le faire à l'endroit des policiers.
06:14 Donc c'est grotesque, je joue la corne, mais en même temps c'est une réalité, ce qui
06:20 est une réalité scandaleuse.
06:21 18h08 en direct sur CNews et sur Europe.
06:23 Nous sommes en direct à présent avec Samia Ghali.
06:25 Bonsoir Madame Ghali.
06:26 Vous êtes adjointe au maire de Marseille.
06:29 Vous êtes sur place, évidemment, sur le lieu du drame.
06:32 Bonjour.
06:33 Qu'est-ce que vous savez plus déjà sur ce qui a pu conduire à l'effondrement de
06:37 cet immeuble ?
06:38 Écoutez, pour l'instant on nous parle éventuellement d'une explosion de gaz, mais je pense qu'il
06:46 faut être encore prudent, parce que comme vous avez pu le constater, la procureure de
06:50 Marseille était encore sur les lieux ce matin, pour se rendre compte réellement de la récupération
06:57 des débris, qui seront analysés, qui seront fouillés, analysés pour vraiment voir et
07:03 comprendre quelle a été la réelle cause malheureusement de cette explosion.
07:08 Dans quel état d'esprit sont les Marseillais ce soir, Samia Ghali, et en tout cas les habitants
07:13 du quartier concernés par cet effondrement et cette explosion ?
07:16 Écoutez, ils sont cibérés de ce qu'ils ont pu vivre, ou en tout cas ce qu'ils ont
07:23 entendu ou vécu, parce que pour certains ils l'ont vécu en étant chez eux, en étant
07:28 réveillés ou en tout cas être surpris par l'explosion qui était quand même...
07:33 On l'a vu, il suffit de voir les bâtiments, et moi j'ai eu l'occasion de voir les dégâts
07:38 que ça a causés même dans le voisinage.
07:40 C'est extrêmement violent et donc oui, les gens sont encore sous le choc, certains ont
07:47 du mal à comprendre, ils ont besoin de comprendre ce qui s'est passé, ils ont besoin aussi
07:51 de savoir et finalement de se dire est-ce que les autres personnes qui sont encevelies,
07:56 est-ce qu'elles vont sortir saines et sauves de cette situation-là.
07:59 Vous nous dites que les Marseillais, les habitants du quartier sont comme vous, choqués.
08:04 S'ils sont choqués, Samia Ghali, c'est parce qu'il faut bien repréciser que cet immeuble
08:08 n'est pas du tout un immeuble insalubre.
08:11 Donc ça a dû être une surprise aussi pour vous quand vous avez appris où cet effondrement
08:15 avait eu lieu.
08:16 Ça veut dire que l'explosion aurait pu avoir lieu n'importe où.
08:22 On verra ensuite les conclusions définitives de l'enquête.
08:26 Mais oui, si c'était un immeuble insalubre, on se serait dit que c'est la négligence,
08:34 on aurait tout imaginé, à juste titre d'ailleurs.
08:36 Mais pour le coup, là on n'est pas du tout là-dedans, on est dans vraiment autre chose.
08:40 Ça veut dire que c'est encore plus inquiétant et moi j'entends de plus en plus de gens
08:43 me dire "mais finalement le gaz, ma voisine, elle a le Alzheimer, j'ai peur qu'elle oublie
08:50 son gaz, ma mamie, j'ai peur qu'elle l'oublie aussi" et ça peut nous arriver à tous.
08:55 Donc oui, ça veut dire que le gaz peut provoquer en tout cas une explosion aussi importante
09:03 que ce qu'on vient de vivre.
09:04 On va attendre évidemment les conclusions de l'enquête, mais vous l'avez dit, la
09:07 piste de la fuite de gaz est privilégiée.
09:09 Dernière question avec vous Samia Ghali, effectivement 200 personnes ont été évacuées,
09:15 est-ce que vous savez à quel moment elles pourront d'abord regagner leur logement et
09:19 où sont-elles hébergées en attendant de pouvoir rentrer chez elles ?
09:22 Alors d'abord les personnes sont hébergées à de multiples endroits en fonction de leur
09:29 volonté.
09:30 D'abord il y a celles qui sont à l'hôtel parce qu'elles n'ont pas forcément de la
09:34 famille, des amis pour être hébergées chez leurs proches.
09:38 Ensuite il y a celles qui ont souhaité plutôt être avec leurs proches, ce qu'on peut comprendre
09:42 dans ce cas de figure, puisque c'est temporaire pour certaines, et d'autres effectivement
09:47 dans des hôtels, des appartements temporaires.
09:53 Et bien sûr au fil des jours, croyez-moi, nous avons mis sur place depuis deux jours
09:58 une cellule de crise et nous gérons au quotidien tous les élus, tous les adjoints autour du
10:04 maire de Marseille et toute l'administration de la ville de Marseille pour essayer de trouver,
10:09 avec le service de l'Etat, des lieux adaptés et qui conviennent à toutes les populations,
10:15 les accompagner aussi par des soins, des médecins, des médicaments, c'est tout bête, mais aller
10:22 acheter des médicaments, aller acheter du lait, vous savez des choses qui font que les
10:28 gens ont besoin de continuer à vivre et surtout de les soigner aussi.
10:32 Donc ça c'est la situation dans laquelle nous sommes.
10:37 Il faut aussi savoir que demain l'école dans laquelle nous avons mis d'ailleurs la cellule
10:41 de crise sera fermée, qui est juste l'école en fait, qui est rue de Thivoli, qui sera
10:49 complètement, elle, fermée.
10:52 On a donc dirigé les enfants vers d'autres structures pour permettre aux parents qui
10:56 travaillent de pouvoir garder, qu'on puisse garder les enfants et leur permettre d'aller
11:00 travailler dans de bonnes conditions.
11:02 Ensuite, on a aussi mis en place cette cellule psychologique qui accompagne aussi les familles
11:09 des victimes et des personnes qui attendent parce que c'est très douloureux psychologiquement
11:13 pour ces familles, c'est-à-dire que l'attente, il n'y a rien de pire de ne pas savoir, d'avoir
11:16 la censure émotionnelle, on ne sait plus où on en est, même nous.
11:22 Merci beaucoup Samia Ghali d'avoir été avec nous en direct sur CNews et sur Europe 1.
11:26 Je rappelle le bilan pour l'instant qui est toujours un bilan provisoire.
11:29 4 morts, donc 4 personnes qui sont toujours disparues, activement recherchées par les
11:33 quelques 100 marins-pompiers qui sont toujours déployés dans cette rue de Marseille où
11:38 cet immeuble s'est effondré.
11:40 Merci à vous d'avoir été avec nous.
11:42 Vous restez précisément avec nous sur Europe 1 et sur CNews.
11:45 On marque une très courte pause et on se retrouve dans un instant.