Les femmes dans l’œil du cyclone climatique (Débat complet Climat Libé Tour)

  • l’année dernière
Avec Eva Sadoun, fondatrice de Lita.co, Antoine Gatet, vice-président de France Nature Environnement et Louise Hemmerlé, journaliste et productrice, Nicolas Hodemon, membre du projet « Gender and Climate » chez CliMates. Rencontre animée par Maud Benakcha, journaliste au service « Forums » de Libération.

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00:00:00 à Bordeaux et on sera dans six villes de France en tout toute l'année.
00:00:04 Et donc là, c'est la deuxième étape à Paris.
00:00:07 Merci beaucoup d'être venu aussi nombreux et nombreuses.
00:00:09 C'est vraiment super.
00:00:11 Et alors, aujourd'hui, c'est assez impressionnant de voir sur les différents débats.
00:00:18 Je ne sais pas s'il y a des personnes qui ont été présentes à différents débats,
00:00:23 mais de se rendre compte à quel point les sujets que l'on aborde sont transdisciplinaires par rapport à l'écologie.
00:00:29 Ça paraît un peu évident, mais ce matin, quand on parlait de sport et en même temps,
00:00:33 il y avait une table ronde sur l'énergie.
00:00:36 On parlait des transports quand on avait une table ronde ce matin sur le social.
00:00:41 La première chose dont on a parlé, c'est le bâtiment et autour de la table ronde qui nous
00:00:47 retrouvent, qui nous rassemblent aujourd'hui et à cette heure ci sur écologie et écologie,
00:00:54 dérèglement climatique et les conséquences particulièrement sur les femmes.
00:00:59 On est par essence sur un sujet transdisciplinaire, donc ça va être plutôt intéressant pour présenter tous mes invités.
00:01:07 J'aimerais bien, au lieu que ce soit juste des présentations de poste que vous nous racontiez un petit peu.
00:01:12 Comment est ce que vous prenez?
00:01:14 Comment est ce que vous avez pris conscience justement de cette interdisciplinarité entre genre et dérèglement climatique?
00:01:23 Je vais commencer avec vous, Louise et Merle.
00:01:25 Vous êtes journaliste productrice chez Louis Média et vous avez produit une enquête qui a été diffusée il y a un an,
00:01:33 qui s'appelle Un jour, la terre s'ouvre.
00:01:36 Vous avez travaillé un an sur cette enquête et exactement sur ce thème.
00:01:41 Louis Média, pour resituer un peu, c'est un média qui est quand même assez engagé, engagé sur le féminisme.
00:01:47 Et pour autant, je crois que ça a été une sacrée prise de conscience de relier écologie et genre.
00:01:57 Il faut appuyer dessus, remonter. Non, non.
00:02:02 Ah, vous m'entendez? OK, parfait. Oui, tout à fait.
00:02:06 Donc, c'est vrai qu'on est on est très identifié sur les sujets qui ont attrait au féminisme.
00:02:11 On n'avait pas fait beaucoup, beaucoup de sujets liés au dérèglement climatique.
00:02:16 Et c'est vrai qu'en fait, toute notre enquête a démarré d'un étonnement et d'une surprise qui était le fait que,
00:02:24 en moyenne, en moyenne, les femmes meurent davantage dans des événements climatiques extrêmes.
00:02:32 Et on est parti de cet étonnement là de se dire, on ne comprend pas comment est ce que c'est possible.
00:02:37 Comment est ce qu'une vague de chaleur, comment est ce qu'une inondation pourrait être sexiste et choisir ses victimes?
00:02:45 Il y avait quelque chose qu'on ne comprenait pas là dedans. Et c'est pour ça qu'on a commencé à engager cette réflexion.
00:02:52 Et vous parlez en on parce que en tant que productrice, vous travaillez avec une journaliste, vous avez à travailler avec une journaliste.
00:02:57 Tout à fait, qui s'appelle Lucille Torregrossa et qui a écrit cette série.
00:03:01 Et c'est assez intéressant, même elle, que vous racontiez comment elle a pris cette, comment elle a eu cette prise de conscience.
00:03:07 Je crois qu'il y avait un chiffre qui était assez fort sur cette histoire.
00:03:09 C'était justement de rencontrer ce chiffre là et de se dire, OK, on est très au fait des sujets de féminisme.
00:03:17 Elle avait aussi une conscience écologique très développée, mais elle ne s'était jamais forcément interrogée sur l'intersection entre ces deux problématiques.
00:03:26 Et c'est comme ça que ça s'est fait.
00:03:28 Antoine Gattey, vous êtes beaucoup de sigles. Donc je vais vous laisser un peu raconter.
00:03:35 Vous êtes conseiller CESE au titre FNE, donc au titre France Nature Environnement.
00:03:39 Comme c'est un peu lourd, je vais vous laisser la patate chaude et je vais vous laisser expliquer exactement votre poste.
00:03:44 Et vous êtes autour de cette table parce que vous allez rendre public mardi prochain un rapport exactement sur ce thème.
00:03:52 Donc, est ce que vous pouvez rapidement parler de ce rapport?
00:03:56 On va le détailler au fur et à mesure, mais le cadre de ce rapport et donc en particulier, en parallèle,
00:04:01 comment est ce que vous êtes, vous avez pris conscience de ce rapprochement?
00:04:07 Merci. Bonjour à toutes et tous. Alors, effectivement, je suis responsable de France Nature Environnement,
00:04:10 qui est la fédération nationale des associations de protection de la nature et de l'environnement en France et en Outre-mer.
00:04:16 On regroupe 9000 associations partout qui sont groupées en fédération locale.
00:04:21 Et à ce titre là, on siège un truc que tout le monde ne connaît pas, qui s'appelle le CESE,
00:04:25 qui est le Conseil économique, social et environnemental, qui est en fait la troisième assemblée de la République qui regroupe
00:04:31 l'ensemble des représentants de la société civile organisée. Donc, au CESE, vous avez de ATD Carmonde au MEDEF pour faire simple,
00:04:39 en passant par les syndicats, les organisations agricoles, les choses comme ça.
00:04:44 Et on essaye collectivement de prendre en charge des sujets, de les discuter pour faire des états, des lieux partagés et de dresser des préconisations
00:04:52 pour les politiques publiques. Donc, le travail qu'on fait dans ce cadre là, c'est pour le Parlement, pour le gouvernement,
00:04:57 pour essayer de faire émerger des sujets et de leur proposer des axes de préconisation pour les traiter.
00:05:03 Et on a travaillé effectivement 15 mois sur ce sujet là, puisque je suis au CESE à la délégation aux droits des femmes.
00:05:08 Il y a une délégation aux droits des femmes et à l'égalité à l'Assemblée nationale, au Sénat et au CESE.
00:05:13 Et on a travaillé ce sujet pendant 15 mois. Et on présente un rapport qui va être validé en plénière mardi après-midi
00:05:21 et qui sera disponible après, gratuitement, sur le site internet du CESE, qui sera publié et qu'on essaiera de porter après un peu partout,
00:05:27 auprès des ministères, du Parlement, tout ça.
00:05:29 Et donc, vous parlez aussi en "on", parce que vous avez travaillé notamment avec Aminata Niakété, c'est bien ça ?
00:05:33 Oui, on est deux co-rapporteurs de la vie avec Aminata Niakété, qui est avocate et qui est au CESE au titre des professions libérales,
00:05:41 mais qui est aussi élue Europe Écologie de la ville de Paris et engagée sur ces sujets là.
00:05:46 Et c'est vous qui avez lancé la proposition de faire un rapport sur ce sujet, entre les femmes comme premières victimes du dérèglement climatique,
00:05:58 parce que c'est quand même pas rien comme sujet. Je pense qu'il fallait quand même le porter au début.
00:06:04 Alors, on a commencé à la délégation des droits des femmes, à faire s'engager le CESE,
00:06:07 pour travailler sur tous les sujets de transformation sociale liés aux grandes transitions à venir, dont la transition écologique.
00:06:13 Et une fois qu'on a fait acter ça, on s'est dit "bon, la transition écologique c'est important, ça va générer des transformations sociales importantes".
00:06:20 On a la bataille de l'égalité qu'on n'a pas gagnée, mais sur laquelle il y a encore beaucoup de travail.
00:06:25 Donc faisons un travail global sur ce croisement de ces deux sujets, le sujet environnement qui est déjà transversal par lui-même,
00:06:32 le sujet égalité qui est transversal aussi, et voyons comment on peut lier ces deux sujets transversaux.
00:06:37 Et Eva Sadoun, vous avez un sacré nombre de casquettes. Donc je vais commencer par le fait que déjà vous êtes une "wonder woman",
00:06:45 vous avez aidé quelqu'un juste avant d'arriver à la table ronde, vous étiez auprès de pompiers il y a exactement 4 minutes, donc pour ça merci.
00:06:53 Vous êtes aussi autrice du manifeste "Une économie à nous, changer de regard pour redéfinir les règles du jeu",
00:07:02 paru chez Actes Sud en février 2022, il y a tout juste un an, donc on est pile sur des années.
00:07:08 En fait c'est assez fou quand on regarde, parce que Louise Emerle a diffusé son podcast pile il y a un an,
00:07:15 vous avez commencé Antoine Gattet à travailler sur ce sujet il y a un an,
00:07:18 Eva Sadoun, je crois que ça fait 2-3 ans que vous travaillez sur ces sujets, mais en tout cas là ce livre c'était il y a un an,
00:07:25 donc il y a quand même une mobilisation qui se fait là-dessus. Après je sais que le livre n'était pas que sur ce sujet,
00:07:31 mais on peut quand même voir la corrélation des dates. Vous avez aussi d'autres casquettes,
00:07:36 vous êtes entrepreneure, militante, vous avez cofondé l'ITA.co, je ne sais pas si des personnes étaient là à la conférence précédente,
00:07:43 mais on en a parlé, vous avez aussi lancé Rift, vous avez un sacré nombre de casquettes.
00:07:52 Pour donner le contexte pour celles et ceux qui ne vous connaissent pas, vous travaillez dans la finance,
00:07:58 ou vous travaillez de manière générale, et donc comment est-ce que vous en êtes arrivés à commencer à travailler
00:08:04 justement sur la question entre genre et dérèglement climatique ?
00:08:08 - J'espère que vous allez bien. Je ne dirais pas que je travaille dans la finance,
00:08:23 je dirais que j'essaie de travailler à ce que l'économie puisse arrêter de mettre en place un contrat social
00:08:35 qui n'est pas en faveur des personnes les plus vulnérables, des femmes, qui détruit la planète, etc.
00:08:40 Et l'origine de mon engagement vient davantage de là que de la question financière,
00:08:45 et vous parliez de quand est-ce qu'on a pris conscience finalement de lien entre genre et transition écologique,
00:08:54 moi ça remonte en 2012, quand j'ai travaillé en Inde, justement, donc ça a plus que trois ans.
00:09:00 Donc en allant en Inde, j'ai déjà pris conscience parce que je pense qu'un engagement, quand il est sincère,
00:09:06 il est souvent tiré de l'intime, et personnellement c'est en Inde que j'ai découvert déjà que j'étais une femme.
00:09:13 Donc c'est vrai que mon parcours de ma vie de mes vingt premières années, j'avais l'impression de bénéficier des mêmes droits,
00:09:21 d'avoir certes dans certains lieux comme des lieux religieux, ou dans une certaine communauté,
00:09:28 ou même dans une certaine organisation politique, syndicats de lycéens, etc.
00:09:32 J'avais l'impression effectivement que les femmes étaient plus silenciées, mais je ne sentais pas oppressées,
00:09:37 et je ne sentais pas par ma condition de femme nécessairement une vulnérabilité plus forte que celle des hommes,
00:09:42 et notamment je n'avais pas conscience de cette vulnérabilité économique et climatique.
00:09:46 Et c'est vrai que c'est en arrivant en Inde que déjà je prends conscience de mon propre genre,
00:09:50 parce que mon rôle était un petit peu plus compliqué à faire accepter,
00:09:55 j'avais travaillé dans un hôpital et je n'avais pas accès aux salles de réunion avec les autres médecins,
00:10:02 c'était pas juste de la discrimination induite, c'était de la discrimination auquel j'étais exposée concrètement,
00:10:09 je me faisais traiter de tous les noms dans les rues, c'était compliqué.
00:10:12 C'est dans une ville particulière qui s'appelle Varanasi, je ne sais pas si vous avez l'occasion d'y aller,
00:10:17 qui est une ville sublime d'un point de vue spirituel, mais un peu compliquée d'un point de vue des questions égalité femmes-hommes.
00:10:23 Et de cette même manière j'ai commencé à échanger avec des femmes, des familles, etc.
00:10:29 Et j'ai pris conscience de la précarité, notamment économique, qui avait un impact très fort chez ces femmes-là,
00:10:37 et qu'elles présentaient comme étant un des premiers responsables de leurs conditions,
00:10:41 notamment quand elles faisaient face à des inondations, parce que les inondations à Varanasi c'est pendant trois mois de l'année,
00:10:49 on rentre avec l'eau jusque là, etc. Donc c'est lié à d'autres phénomènes climatiques.
00:10:54 On ne sait pas si on peut faire le lien avec les questions de réchauffement, on pourrait à certains égards,
00:11:00 mais en tout cas j'avais conscience du fait que les phénomènes climatiques et physiques avaient un impact plus fort sur elles,
00:11:05 parce que c'est elles qui devaient aller tout chercher dès qu'il y avait une inondation.
00:11:08 Vu qu'elles étaient dans ce rôle de soins au sein de la maison, elles portaient aussi la charge d'aller protéger la maison,
00:11:16 d'aller protéger les enfants, quand il y avait effectivement un phénomène climatique.
00:11:20 Ensuite je pars de cet hôpital, parce que c'était trop difficile d'y travailler, et je vais dans le sud de l'Inde,
00:11:24 où là je découvre la microfinance. Je ne sais pas si vous connaissez tout ce concept de la microfinance,
00:11:29 et je découvre tout le travail de l'entrepreneur Mohamed Younous, qui est un entrepreneur bengalais,
00:11:34 qui a travaillé sur mettre en place, rendre accessible la finance et le microcrédit à des femmes,
00:11:42 pour développer des zones rurales et faire face à des problèmes de précarisation.
00:11:47 Et la raison pour laquelle il ne prêtait qu'à des femmes, c'est parce qu'il avait constaté que quand il prêtait de l'argent à un homme,
00:11:53 ça finissait davantage pour son intérêt personnel, et au pire des cas, dans l'alcool.
00:11:58 Ces mots, ce ne sont pas les miens. Et par contre, quand il prêtait à une femme, c'était rendu à la communauté.
00:12:04 Et les femmes investissaient dans le développement économique local.
00:12:07 Et c'est là que j'ai pris conscience de deux choses, en fait, finalement, en l'espèce de six mois.
00:12:12 C'était que d'une part, les femmes étaient effectivement plus vénérabilisées face aux phénomènes climatiques et physiques,
00:12:17 et aussi que par leur savoir, par le fait qu'elles sont dans la sphère du soin, par le fait que c'est vraiment les personnes qui portent leur communauté,
00:12:25 elles sont aussi porteuses de solutions résilientes, et on leur fait davantage confiance quand il s'agit de reconstruire, notamment, des économies locales.
00:12:34 On va détailler tout ça au fur et à mesure de notre échange. Je présente le dernier invité de cette table ronde, Nicolas Audemont.
00:12:40 Vous êtes membre du projet "Gender and Climate", donc "Genre et Climat" à l'association Climate.
00:12:47 Est-ce que vous, vous avez eu cette prise de conscience où c'était un peu... Vous l'aviez déjà compris, vous êtes un peu plus jeune,
00:12:54 vous n'avez pas non plus mille ans de différence avec nous, mais vous êtes un peu plus jeune.
00:13:00 Est-ce que, dans la manière dont on a parlé pour préparer un peu l'entretien, j'avais l'impression que c'était presque inné cette notion de relation entre genre et climat ?
00:13:09 Alors effectivement, moi j'avais déjà, bien avant mon intégration au sein de GCC, donc "Gender and Climate Change" et "Climate",
00:13:16 une appétence pour l'ensemble de ces sujets, puisque j'avais toute une base académique de sociologie, donc on est un peu obligé de traiter de la sociologie du genre,
00:13:24 qui néanmoins en France est encore assez nouveau par rapport aux Etats-Unis.
00:13:29 Et vous avez ces liens qui étaient faits à l'université ou en école en France ?
00:13:34 Bien heureusement, et du coup j'en suis très content. Donc j'avais fait mes études à Paris 1, c'est vrai que Paris 1 était assez pionnier,
00:13:39 donc pantalon sorbonne dans l'établissement des études sur le genre, qui sont encore, comme vous l'avez dit, assez niches en France,
00:13:45 où justement il y a eu pas mal de polémiques dans l'établissement de ce genre d'études très récemment.
00:13:51 Et pourquoi GCC, effectivement ? Donc moi je suis rentré chez Climate à travers ce projet,
00:13:57 où justement je me suis dit, là il y a quelque chose à faire, j'avais jamais vu en fin de compte, mine de rien,
00:14:02 même dans mes cours académiques, ce lien fait directement avec le climat et de manière générale le développement durable.
00:14:08 Donc ce constat en fait, il a été fait très tôt par une des fondatrices de GCC, donc Mouna Chambon,
00:14:14 qui lors d'un terrain en fin de compte dans une archipelle du Vanuatu en Océanie,
00:14:18 travaillait sur les impacts du changement climatique sur la population autochtone,
00:14:23 et s'est rendu compte que mine de rien, s'agissant des ressources en eau et des ressources en bois,
00:14:27 il y avait une inégale répartition des tâches qui était très genrée,
00:14:33 et qui mettait à mal du coup les femmes qui étaient chargées de récupérer, par exemple, les ressources en eau,
00:14:39 donc un allongement des distances, une perte de la ressource, une ressource de plus en plus rare et de moins bonne qualité,
00:14:47 qui pesait du coup sur le travail de ces femmes, qui a un travail gratuit et provenant de l'exploitation.
00:14:55 Et donc c'est à partir de ce constat, dans ce groupe, qu'on a commencé à réfléchir et à se dire,
00:15:00 en fin de compte en tant qu'assos jeunes, comment on peut être présent dans des espaces, notamment à la COP,
00:15:05 pour porter ce genre de message, donc vient après une sorte d'institutionnalisation de cette organisation,
00:15:14 on se dit qu'il faut qu'on fasse partie de constituantes à l'échelle internationale,
00:15:18 donc la constituante genre et femme de l'ONU, enfin de la CNUC, pardon,
00:15:22 et à l'échelle française on se dit, mine de rien, pour avoir un impact sur les jeunes,
00:15:26 il faut quand même qu'on vulgarise ce concept, parce que ce n'est pas vraiment un acquis l'écoféminisme,
00:15:31 donc on a décidé de rédiger, mine de rien, un guide qui permettait de montrer en fin de compte,
00:15:36 de manière très concrète et très attachée au réel, comment l'écoféminisme, mine de rien,
00:15:42 pouvait s'expliquer dans l'ensemble des thématiques de la vie quotidienne qui nous font sens,
00:15:47 comme la mobilité, la vie en société, l'alimentation, l'art, la sexualité, etc.
00:15:54 Là on va rentrer un peu plus dans le concret, vous vouliez rebondir sur quelque chose,
00:15:58 après on va revenir sur le film.
00:16:00 Non, je voulais justement revenir sur l'impact différencié des catastrophes environnementales
00:16:05 ou des changements climatiques, on a effectivement quelques chiffres qui sont assez parlants,
00:16:08 on a l'exemple du cyclone au Bangladesh en 1999, qui a fait 90% de victimes femmes.
00:16:17 Je ne sais pas si vous l'avez bien dit dans le micro, parce que depuis le début,
00:16:21 on part d'un constat, il y a un lien, que les femmes sont les premières victimes du dérèglement climatique,
00:16:27 je veux bien que vous le redisiez bien dans le micro.
00:16:29 Le Bangladesh est un exemple intéressant, parce que c'est un pays en 1999 où les inégalités étaient particulièrement importantes,
00:16:36 et on voyait très clairement l'effet de ces inégalités femmes-hommes sur la gestion d'une catastrophe.
00:16:41 Au Bangladesh en 1999, 16 000 victimes, 90% de femmes parmi les victimes.
00:16:46 Pendant le tsunami en 2004 en Asie, on est aussi sur 70% de victimes qui sont des femmes.
00:16:55 Donc on a à l'occasion de catastrophes de ce type là, les rares chiffres qu'on a,
00:16:59 qui sont d'ailleurs plutôt dus aux ONG internationales qu'aux États, nous disent ça.
00:17:04 Ce que je voulais dire aussi, c'était qu'au-delà de cet impact différencié, il y a aussi une action différenciée.
00:17:11 Nous en tant qu'activistes environnementaux, depuis longtemps, ça fait 50 ans à FNE qu'on mène des combats environnementaux,
00:17:17 puisque la question n'est pas que climatique, elle est bien environnementale,
00:17:20 on n'a pas attendu uniquement le réchauffement climatique et ses effets pour avoir des problématiques environnementales genrées,
00:17:25 et on a aussi énormément de combats de femmes qui sont très connus dans les mouvements écologistes et environnementaux,
00:17:30 on a partout dans le monde, c'est les femmes en Inde, rejoignent par exemple un état en particulier du mouvement Shipko et tout ça,
00:17:40 c'est en Amérique du Sud, beaucoup de mouvements aussi contre l'extractivisme, notamment au Mexique,
00:17:46 c'est en Italie, au moment de la catastrophe de Ceveso aussi, d'abord les femmes qui se sont mobilisées,
00:17:55 à Bhopal pareil aussi, en Inde, sur ces catastrophes là.
00:17:58 Donc on a aussi beaucoup de, sans parler en 1980 de la grande marche des femmes sur le Pentagone pour lutter contre le nucléaire,
00:18:07 on a plein dans l'histoire des mouvements écologistes, de mouvements qui sont des mouvements de femmes,
00:18:12 et qui sont d'ailleurs à la naissance et à la racine de la pensée écoféministe et de la philosophie écoféministe,
00:18:19 qui est née en France avec Françoise de Bonne, mais qui n'a pas pris en France,
00:18:22 parce que l'écoféminisme à la française a été à tort d'ailleurs jugé un peu essentialiste par une partie des féministes,
00:18:30 et qui s'est beaucoup développée aux Etats-Unis et partout dans le monde.
00:18:32 Donc c'était aussi pour dire que les femmes sont les premières victimes de ces cas, mais c'est aussi souvent les premières actrices.
00:18:39 De toute façon ça en y reviendra, sur l'action, et là j'aimerais quand même qu'on pose un peu aussi, qu'on détaille le constat.
00:18:46 Louise Emerly, quand vous avez travaillé sur votre podcast, sur votre enquête,
00:18:51 je crois que ça a été difficile de trouver des chiffres qui ne soient pas des chiffres,
00:18:56 les seuls chiffres sur lesquels vous avez pu vous baiser au début, c'était les chiffres internationaux.
00:18:59 Oui, oui, tout à fait. Donc nous on s'est concentré pour le coup sur l'exemple du tsunami de 2004.
00:19:06 En fait, d'abord on est parti des chiffres d'Oxfam, qui intervenait pour secourir les victimes sur le terrain,
00:19:13 et qui a commencé à sortir des chiffres en se disant, en Andonésie, dans la province la plus touchée, qui est la province d'Ache,
00:19:20 dans un village ils ont noté que trois quarts des survivants étaient des hommes.
00:19:26 Ensuite dans un autre village, que 70% des victimes, des personnes décédées, sur le coup, étaient des femmes.
00:19:32 Donc voilà, et ça s'est grainé comme ça, et on s'est dit, ok, qu'est-ce qui se passe, qu'est-ce qui s'est passé dans ces villages,
00:19:40 est-ce que c'est une exception ? Et en fait, il y a la coalition d'évaluation du tsunami en 2005 qui a sorti un rapport
00:19:49 qui justement faisait l'estimation globale du nombre de personnes tuées dans tous les pays lors du tsunami.
00:19:57 Donc il y a quand même eu 230 000 victimes. Et le delta était effectivement très important,
00:20:04 entre 65 et 70% de femmes qui faisaient partie des victimes.
00:20:10 Donc peut-être qu'on peut essayer d'expliquer pourquoi, parce que moi je sais que je ne comprenais pas.
00:20:16 Je peux juste poser une dernière question avant de passer au pourquoi, c'est que les femmes sont les premières victimes au moment des événements,
00:20:22 mais elles sont aussi victimes sur l'après, et ça vous l'explique assez bien dans "Un jour la terre s'ouvre".
00:20:28 Est-ce que vous pouvez juste revenir là-dessus, sur l'exemple par exemple du Malawi ?
00:20:32 Oui, complètement. Je finis juste sur le tsunami et ensuite j'enchaîne.
00:20:38 Mais du coup, sur le tsunami, ce qu'on s'est rendu compte, et globalement ce dont on se rend compte lors des catastrophes naturelles,
00:20:45 c'est qu'il y a plusieurs choses qui rendent les femmes plus vulnérables.
00:20:49 C'est les assignations sociales et leur statut socio-économique.
00:20:53 Donc les assignations sociales, là en l'occurrence en Indonésie, dans cette province d'Ache,
00:20:58 c'était, le tsunami a eu lieu un dimanche, c'était un jour de travail,
00:21:02 donc les femmes étaient dans leur maison pendant que beaucoup d'hommes étaient en mer en train de pêcher,
00:21:09 et ce qui les rendait moins vulnérables, parce que c'est sur la côte que les dégâts étaient les plus importants.
00:21:16 Ensuite, elles ne savaient moins bien nager ou grimper aux arbres que les hommes.
00:21:24 Ensuite, elles se sont occupées des personnes vulnérables dans leur foyer,
00:21:28 notamment des personnes âgées et des enfants, ce qui a aussi restreint leurs courses et leurs fuites.
00:21:35 Donc voilà, tout un tas de facteurs sociaux qui expliquent pourquoi finalement elles ont eu plus de mal à fuir.
00:21:42 Donc ça, c'est effectivement quand une catastrophe s'abat, elle va toucher davantage les femmes.
00:21:47 Et effectivement, après, c'est de se dire, ok, mais une fois que la mer s'est retirée, qu'est-ce qui se passe ?
00:21:53 Et en fait, effectivement, c'est de comprendre qu'un événement climatique extrême, quand il survient,
00:22:01 il va aussi aggraver les inégalités liées au genre, et notamment les violences sexistes et sexuelles.
00:22:12 Et donc ça, ça a été notre deuxième surprise, c'était de se rendre compte que dans certaines parties du monde,
00:22:17 après des événements climatiques extrêmes comme des inondations, des sécheresses très sévères,
00:22:22 on notait une augmentation du nombre de mariages forcés et précoces de jeunes filles.
00:22:27 Donc, seconde surprise de se dire, ok, qu'est-ce qui se passe à cet endroit-là ?
00:22:33 Et donc, c'est l'exemple du Malawi où en 2015, il y a eu la plus grave inondation depuis 500 ans.
00:22:42 Et en fait, on a noté, déjà le Malawi, c'est un des pays où les taux de mariage précoces sont les plus importants,
00:22:50 il y a eu une telle augmentation après ces inondations-là de mariages de jeunes filles
00:22:58 que le gouvernement a clairement établi les liens entre dérèglement climatique et mariage précoce,
00:23:04 et a interdit, quelques mois après cette catastrophe, les mariages féminins.
00:23:09 Et du coup, on raconte en fait les trajectoires de deux jeunes filles qui ont été mariées à 13 et 14 ans.
00:23:17 Et pourquoi ? Et ce qui s'est passé, évidemment, c'est que leur famille était dans une précarité,
00:23:24 une détresse totale, et leur solution pour survivre était de marier leur fille.
00:23:31 Et ce qui était dit aussi dans le podcast, c'est que le gouvernement du Malawi a mis en place une règle
00:23:38 pour interdire certains mariages de mineurs sur une période après des événements aussi catastrophiques.
00:23:47 Mais ça, ce sont des chiffres à l'international, mais c'est aussi le cas en France, Sébastien Doune.
00:23:54 Enfin, il y a peut-être des mariages forcés, ce n'est pas le sujet.
00:23:58 Mais en tout cas, sur les femmes comme victimes du dérèglement climatique, c'est aussi le cas en France.
00:24:03 Absolument, et globalement dans les pays. Parce qu'on a souvent l'impression que nous, quand il y aura des catastrophes climatiques,
00:24:09 vu que le rempart qu'on a en France, dans les pays occidentaux, a des niveaux de violence que sont les mariages forcés, acceptés, etc.,
00:24:20 tout en sachant qu'on a encore notre lot de violences sexuelles et sexistes aujourd'hui qui ne sont pas traitées, il faut quand même le rappeler.
00:24:25 Mais notre seul rempart pour ne pas accéder à ce niveau-là, c'est un rempart économique.
00:24:29 C'est juste parce qu'on est encore un pays riche.
00:24:31 Le jour où les catastrophes climatiques et les migrations fortes auront enseveli, entre guillemets, notre rempart économique,
00:24:39 on n'est pas du tout à l'abri que ce type de choses se passent.
00:24:42 Notamment parce qu'une des raisons principales, enfin moi la cause, mais chacun à son prisme,
00:24:47 que j'analyse à peu près à chaque fois qu'il y a un phénomène climatique, et la raison pour laquelle les femmes sont les premières victimes,
00:24:54 c'est la cause économique et financière.
00:24:56 Aujourd'hui, les femmes sont les 70% des personnes les plus vulnérables financièrement et économiquement au monde.
00:25:02 Donc elles sont dans une situation nécessairement, notamment en France, de précarité énergétique supplémentaire.
00:25:07 On a pu l'analyser pendant les épisodes de feu de cet été.
00:25:11 Les personnes qui étaient le plus touchées et qui en sont mortes, à 60% ou 50%, il faudrait que je retrouve le chiffre exact,
00:25:18 ce sont des femmes de plus de 60 ans.
00:25:21 Parce qu'elles n'ont pas de capacité de déplacement, parce qu'elles sont isolées et parce qu'elles sont aussi dans une situation d'isolement et de précarité énergétique.
00:25:33 Le GIEC le dit de façon de manière très claire.
00:25:35 Notre capacité de nous adapter dépend aussi de nos ressources.
00:25:39 Le fait qu'on maintienne des personnes en pauvreté nous rend incapable de nous adapter effectivement à la transition et au phénomène climatique.
00:25:47 On a pu l'analyser aussi en Louisiane d'une différente manière quand il y a eu effectivement les tremblements.
00:25:53 Mais là c'est une autre raison qui a fait que les femmes ont été, avec les hommes, mises dans des refuges pour les personnes qui sont les plus précaires.
00:26:02 Et effectivement, les femmes vivant en collectivité avec des hommes qui sont dans une situation, parce qu'ils ont perdu leur maison, etc.,
00:26:08 une situation de misère intellectuelle, le premier outil pour pouvoir se défouler, c'est ça en fait.
00:26:18 C'est les femmes qui étaient disponibles dans le refuge.
00:26:21 Donc c'est 300% d'augmentation, notamment en Louisiane, pendant les phénomènes climatiques, des violences sexuelles et sexistes vis-à-vis des femmes.
00:26:28 Donc c'est quand même dans un état dans lequel on pense qu'on ne pourrait pas arriver.
00:26:33 Ce type de violence serait normalement remarqué, accompagné.
00:26:37 Mais le fait que le système soit aujourd'hui excluant des femmes, toujours dans les pays occidentaux,
00:26:44 fait qu'on n'est pas à l'abri, qu'en cas de catastrophe, il se passe exactement les mêmes choses.
00:26:48 C'est pourquoi les femmes doivent être aujourd'hui au cœur des réponses aux crises.
00:26:52 Et il s'agit d'arrêter de les exclure systématiquement des réponses aux crises.
00:26:57 Et moi, je fais ce parallèle, notamment entre la manière, je trouve que la crise du Covid est un bon révélateur
00:27:02 de la manière dont on gère toujours les crises quand même en Occident et notamment en France.
00:27:07 Je ne sais pas si vous êtes au courant, mais après le Covid, quand le plan de relance a été porté par le gouvernement,
00:27:14 c'est uniquement 5% des fonds du plan de relance qui ont été alloués à des métiers dits féminins ou dirigés vers des femmes.
00:27:21 Donc c'est 95% vers des hommes.
00:27:23 Et ça a amené à une précarisation encore plus forte, notamment en France, des femmes,
00:27:28 une précarisation encore plus forte des métiers du soin.
00:27:31 Tout ce qui rappelle le travail du soin, rappelle les femmes, a été fortement précarisé pendant cette crise du Covid
00:27:37 parce qu'elle n'a pas été vue comme une priorité pour le système politique actuel.
00:27:42 Et ça, c'est un vrai problème.
00:27:44 C'est exactement ce qui se passera et ce qui va finir par se passer et ce qui se passe aujourd'hui dans le cadre d'une crise climatique.
00:27:50 Donc, il faut avoir recours effectivement à un vrai nouveau système qui inclut les femmes, si on veut ne pas constater tout ça.
00:27:57 D'où le travail d'Antoine Gattès et Amina Taniakate et toutes les personnes qui ont participé à ce rapport sur ces sujets.
00:28:05 Est-ce que vous avez des choses à ajouter sur ces constats par rapport à la France ?
00:28:08 Parce que c'est ce sur quoi vous avez travaillé ces 15 derniers mois.
00:28:12 Alors effectivement, ce n'est pas qu'un problème international et ce n'est pas que pour la France un problème d'aide au développement
00:28:17 et d'accompagnement du développement et d'objectifs de développement durable, des trucs comme ça.
00:28:21 C'est un vrai problème aussi aujourd'hui en France.
00:28:23 C'est-à-dire que les... moi je n'aime pas parler de crise environnementale parce qu'une crise ça peut s'arrêter, là on n'est pas sûr...
00:28:30 ça ne va pas s'arrêter, enfin on a des impacts environnementaux importants qui commencent à avoir des effets sur l'échauffement climatique
00:28:37 et qui nous amènent sur des choses importantes.
00:28:39 Ces impacts environnementaux, ils sont liés, ils sont aussi liés à ce qu'on appelle la justice environnementale,
00:28:45 c'est-à-dire à des inégalités préexistantes et si on ne les gère pas correctement, ils peuvent renforcer ces inégalités existantes.
00:28:50 On a montré par exemple dans le rapport que les métiers dits verts et verdissants,
00:28:55 alors qu'est-ce que c'est que les métiers verts et verdissants ?
00:28:57 C'est les métiers à la fois environnementaux, déchets, énergie, protection de la nature,
00:29:01 et les métiers verdissants c'est les métiers plutôt extractivisme, industrie, les métiers polluants en gros,
00:29:06 les métiers liés aux activités polluantes qui vont devoir se transformer.
00:29:11 Les femmes dans ces métiers-là, les métiers de la transition écologique on appelle ça, c'est 18%.
00:29:16 C'est-à-dire que dans le secteur privé on a 47% de femmes, dans les métiers verts et verdissants on a 18% de femmes.
00:29:22 On a des secteurs comme les transports où on est à 10% de femmes.
00:29:25 On a des secteurs comme les industries extractives dans lesquelles on est même en dessous de 10% de femmes.
00:29:29 Donc pour le dire autrement et entre nous, on est sur des métiers d'hommes qui sont générateurs d'impact environnementaux importants,
00:29:35 là où les femmes sont assignées sur les métiers du CAIR effectivement à 70% aux soins et tout ça.
00:29:40 Le problème qu'on a sur ces sujets-là c'est qu'on manque cruellement de données aussi.
00:29:44 On l'a beaucoup montré dans le rapport.
00:29:46 - Est-ce que c'est parce qu'en France on n'aime pas mettre des quotas, on n'aime pas mettre des chiffres, on n'aime pas mettre les gens dans des cases ?
00:29:51 Ou est-ce que ça n'a rien à voir, je pense aux quotas par exemple sur les personnes racisées en entreprise ?
00:29:57 On n'aime pas faire ça, est-ce que c'est lié à ça ou c'est simplement qu'on n'a pas pris la mesure de ce que vous êtes en train de dire ?
00:30:04 - Là on n'en est pas à imaginer des quotas, on en est à pouvoir faire les constats.
00:30:08 En fait c'est sur les constats qu'on manque de données sexospécifiques.
00:30:11 Quand on fait des analyses de consommation par exemple, on est encore beaucoup au niveau de l'INSEE sur l'unité ménage.
00:30:17 Et l'unité ménage ça ne vous donne pas la finesse des inégalités potentiellement, en tout cas des modes de consommation différents entre les femmes et les hommes.
00:30:24 Donc on a des problèmes importants de données sexospécifiques sur l'ensemble de ces politiques environnementales.
00:30:29 Et ça se retrouve à la fois dans le rapport du GIEC.
00:30:31 Le GIEC, qui est quand même l'instance internationale qui est censée faire les grands bilans, n'a pas intégré le bilan des inégalités de genre dans ses grands constats.
00:30:39 Et quand il fait des scénarios de transition au niveau international, pourtant il y a des scénarios avec des questions sociales,
00:30:46 la question des inégalités de genre dans les questions sociales n'est pas identifiée.
00:30:49 En France, vous avez, je ne sais pas si vous en avez entendu parler, l'ADEME qui a proposé des grands scénarios de transition,
00:30:54 Négawatt qui en a fait aussi, EDF qui en a fait aussi.
00:30:57 A chaque fois la question des inégalités de genre n'est pas incluse dans ces scénarios-là,
00:31:01 parce qu'on n'a pas de données sexospécifiques à la base.
00:31:04 Pourtant, tu l'as dit, en matière de précarité énergétique,
00:31:08 la précarité énergétique touche en particulier les pauvres et les familles monoparentales.
00:31:12 Les pauvres, c'est 70% des femmes, les familles monoparentales, c'est 80% des femmes seules.
00:31:16 Donc on a bien un sujet d'inégalité sur ça.
00:31:19 Donc on manque de données, et un des axes, on le dira tout à l'heure, c'est effectivement d'affiner cette donnée
00:31:23 pour pouvoir l'intégrer dans les politiques publiques environnementales.
00:31:25 On est au cœur de la justice environnementale.
00:31:28 Je peux peut-être donner un autre exemple qui était assez frappant aussi quand on a regardé justement l'impact
00:31:35 de la canicule de 2003 en France où il y a eu 65% des victimes qui étaient des femmes.
00:31:41 On a interrogé Grégoire Rey, qui est le directeur du Centre d'épidémiologie des causes médicales de décès,
00:31:48 qui avait étudié les causes de la mortalité au moment de la canicule.
00:31:53 En fait, il nous expliquait la différence par le fait que les femmes étaient tout simplement...
00:32:01 il y avait plus de femmes âgées d'un âge plus important que les hommes,
00:32:06 et du coup les vagues de chaleur tuent davantage les personnes les plus âgées.
00:32:10 Donc c'était normal qu'on ait 65% une majorité de femmes parmi les victimes.
00:32:16 Et on s'est dit d'accord, on n'était pas tout à fait convaincu que ça expliquait l'intégralité de ce delta.
00:32:23 Et il avait une seconde partie dans son étude où il identifiait bien l'isolement,
00:32:30 le statut socio-économique comme étant des facteurs de surmortalité,
00:32:35 et on était là très bien, et ce que vous avez croisé avec justement la question du genre,
00:32:42 parce que les femmes âgées sont davantage isolées, davantage précaires, enfin voilà.
00:32:47 Et il nous a dit qu'on aurait pu le faire, on aurait dû le faire,
00:32:52 mais on avait beaucoup d'autres dimensions à prendre en compte.
00:32:56 Et je trouve que du coup ça revient sur cette question de priorité,
00:33:00 de justement qu'est-ce qu'on choisit de croiser, et comment est-ce qu'on choisit de regarder ces sujets-là,
00:33:06 et à partir du moment où on met ses lunettes, c'est impossible de ne pas voir l'intersection de ces sujets-là.
00:33:13 Et d'ailleurs c'est marrant dans la forme quand on écoute,
00:33:16 il y a un peu un blanc à un moment et on sent qu'il y a quelque chose dans son cerveau qui dit
00:33:21 "mince, quand même je suis passé à côté de quelque chose qui est très gros"
00:33:24 et j'aurais bien aimé avoir les conversations qu'il a eues après cet enregistrement pour voir si,
00:33:29 et d'ailleurs ce sera intéressant de le recontacter un an après,
00:33:32 même plus d'un an après pour lui demander si ça a changé.
00:33:36 Après c'était en 2003, c'était il y a 20 ans,
00:33:38 mais bon on voit bien l'évolution de la prise en compte de ces sujets-là qui ne sont toujours pas acquis.
00:33:44 Oui mais du coup entre-temps il n'avait pas fait ce travail-là.
00:33:47 Oui.
00:33:48 Je vais juste réagir sur ce problème.
00:33:52 Nous ce qu'on constate, ce qui bug en fait, ce qui fait qu'on ne voit pas,
00:33:57 nous dans notre milieu économique notamment,
00:33:59 parce que je considère que la question de la précarité économique est une des raisons principales
00:34:04 et aujourd'hui pour le système dans lequel on vit, le seul salut des femmes,
00:34:09 c'est d'investir, les saluts des femmes économiques c'est d'investir les sphères d'hommes,
00:34:12 donc les sphères extractivistes etc.
00:34:15 Et quand on parle notamment aux décideurs,
00:34:19 pour eux, ils ont fait le choix prioritaire,
00:34:22 notamment pendant la crise Covid ou tous les phénomènes climatiques effectivement, du PIB.
00:34:27 Et le choix du PIB c'est le choix de l'économie productive
00:34:31 dont sont exclus naturellement les femmes,
00:34:33 de la théorie économique libérale jusqu'à aujourd'hui,
00:34:37 la manière dont fonctionnent les entreprises,
00:34:38 c'est-à-dire que le travail dans la théorie économique libérale,
00:34:41 le travail des femmes étant improductif,
00:34:44 est censé être du travail gratuit à la maison,
00:34:46 c'est comme ça que l'économie fonctionne,
00:34:49 l'état providence est quand même structuré autour de la progression du PIB,
00:34:53 sans quoi il ne fonctionnerait pas etc.
00:34:57 Et donc en fait ils priorisent la stabilité,
00:35:00 et dont tous les métiers gratuits ou sous-payés,
00:35:04 que sont le travail du soin ou la sphère privée,
00:35:07 sont complètement exclus.
00:35:08 Donc pour eux ils n'ont même pas à investir cette sphère,
00:35:11 c'est-à-dire que même Adam Smith, c'est très drôle quand vous lisez
00:35:14 la théorie des sentiments moraux, il dit surtout
00:35:16 que la sphère économique ne doit pas s'intérer à la sphère privée,
00:35:19 la sphère privée c'est la sphère des sentiments moraux,
00:35:21 la sphère publique c'est la sphère économique privée etc.
00:35:28 La sphère publique c'est celle-ci qu'on doit investir
00:35:30 pour l'intérêt général etc.
00:35:32 Dans tous les cas, les femmes continueront de s'occuper de leur maison,
00:35:36 et d'ailleurs lui il s'est fait occuper par sa mère,
00:35:39 enfin je ne sais pas si il s'est fait occuper par sa mère,
00:35:40 mais en tout cas c'est un vieux garçon Adam Smith,
00:35:42 il a vécu chez sa mère, il lui faisait à manger tous les soirs,
00:35:45 il y a un livre très drôle qui s'appelle "Le dîner d'Adam Smith" d'ailleurs,
00:35:47 où vous verrez que la seule raison pour laquelle il a pu écrire
00:35:50 c'est parce que sa mère lui faisait à manger,
00:35:52 et il dînait tous les soirs avec sa mère.
00:35:54 Donc bon, c'est bien ce qui se passe en fait dans la tête de certains décideurs,
00:35:59 et plutôt que de se dire que le salut économique des femmes
00:36:02 est d'investir cette sphère en fait productive,
00:36:05 il est temps en fait de revaloriser cette sphère du soin,
00:36:09 il n'est pas question d'essentialisme,
00:36:10 et les questions dans toutes lesquelles les femmes sont socialisées de cette manière
00:36:13 sont dans ces métiers-là,
00:36:15 si elles sont dans ces métiers-là c'est parce qu'elles considèrent
00:36:17 que leur travail est censé être gratuit,
00:36:19 et qu'on dévalorise du coup ces sphères naturellement en y mettant des femmes.
00:36:23 Et pourtant il y a d'autres pays qui voient les choses différemment,
00:36:26 par exemple en Espagne, les infirmières,
00:36:29 et les infirmiers, vous voyez,
00:36:31 mais c'est également là-bas 80% d'infirmières,
00:36:34 sont payées 30% au-dessus du salaire moyen,
00:36:38 alors qu'en France on a 20% en dessous du salaire moyen.
00:36:41 Donc finalement on peut créer un système politique
00:36:44 qui valorise davantage ces métiers et cette sphère-là.
00:36:47 Finalement si on parle d'action,
00:36:49 parce que là on a parlé de femmes comme victimes du dérèglement climatique,
00:36:53 on a assez rapidement parlé du fait qu'elles aient aussi actrice,
00:36:56 mais du coup on est un peu à deux échelles.
00:36:58 Pour un exemple très concret,
00:37:04 Nicolas Haudemont, hier vous animiez une fresque écoféministe pour le climat,
00:37:09 il y avait qui sur place pour participer à cette fresque ?
00:37:14 C'était à Orly, c'est ça, dans la ville d'Orly ?
00:37:16 Oui c'était dans un centre social organisé par la mairie d'Orly,
00:37:20 effectivement un public justement qui ne nous ressemble pas,
00:37:25 pas forcément CSP+,
00:37:28 un public composé majoritairement de femmes mais aussi d'hommes,
00:37:33 de différents univers sociaux,
00:37:37 mais majoritairement quand même d'une classe assez ouvrière.
00:37:40 Et justement ce qui a été intéressant lors de cet atelier,
00:37:45 c'est aussi qu'on ait pu associer le réel et des concepts qui sont affiliés à l'écoféminisme,
00:37:52 comme, c'est assez connu peut-être dans cette salle,
00:37:55 vu que vous êtes venu à cette table ronde,
00:37:56 mais comme la charge mentale ou le patriarcat,
00:37:59 des choses qui résonnent en eux mais sur lesquelles ils n'avaient jamais posé en fin de compte
00:38:02 un lien ou en tout cas une réalité.
00:38:07 Donc là en fait tout le travail, c'est aussi ce qu'on fait à JustiCi,
00:38:11 c'est un peu de montrer l'ensemble des connexions qui existent entre les différents systèmes d'oppression
00:38:16 qui sont liés quand on parle d'écoféminisme,
00:38:18 donc le patriarcat, le colonialisme et le capitalisme,
00:38:21 et qui conjointement en fin de compte permettent d'expliquer cette vulnérabilité
00:38:26 sur-représentée chez les femmes.
00:38:28 Donc concrètement, effectivement le but de ce genre d'atelier
00:38:32 c'est aussi de repartir d'exemples très concrets,
00:38:35 donc tout à l'heure je parlais des mobilités,
00:38:36 c'est là-dessus qu'on avait quand même pas mal de réactions parfois,
00:38:38 c'est-à-dire que quand on parlait de prise en main du vélo ou ce genre de choses,
00:38:43 le fait de poser le constat que la majorité des personnes,
00:38:47 voire deux tiers des utilisateurs de vélo sont des hommes,
00:38:51 ça ne parlait pas à tout le monde,
00:38:52 et pour autant après le constat s'est fait rapidement en se disant
00:38:55 "ouais, c'est vrai que après avoir..."
00:38:58 là je me mets une image mentale dans la rue,
00:39:01 c'est vrai que ça fait plus sens pour moi,
00:39:03 et là on cherche les pourquoi, et on se demande pourquoi.
00:39:05 Parce qu'on a une offre technique en vélo par exemple
00:39:09 qui est assez stéréotypée et genrée,
00:39:11 on a des vélos pour destiner aux femmes qui ont une structure assez particulière,
00:39:15 avec des codes couleurs un peu comme on voit pour les enfants,
00:39:17 donc bleu, rose, etc.,
00:39:19 et avec aussi une culture sportive du vélo
00:39:23 qui n'a pas de modèle aussi féminin
00:39:25 qui permettrait justement une prise en main des mobilités douces beaucoup plus importante,
00:39:31 et donc là se pose la question de comment on construit des politiques publiques
00:39:34 qui permettraient justement de répondre à ça.
00:39:36 Et puis au-delà de la construction des vélos, c'est qu'elles sont chargées souvent,
00:39:39 il y a un truc collectif de "elles ont des enfants, elles ont des courses".
00:39:42 Ce qu'on appelle la mobilité du care, voilà, c'est ça,
00:39:44 c'est qu'en fin de compte,
00:39:46 pour un certain nombre de rôles sur lesquels elles sont placées,
00:39:49 elles doivent par exemple s'occuper en tant que...
00:39:54 excusez-moi...
00:39:56 pour respecter ce rôle de care,
00:39:58 en fin de compte, de donner du soin et d'empathie,
00:40:02 et donc ça se fait à travers notamment l'éducation des enfants,
00:40:06 mais aussi des plus âgés.
00:40:08 Et bien ce genre, c'est un impact très concret sur les mobilités, effectivement,
00:40:11 parce qu'on a besoin de faire plusieurs déplacements,
00:40:14 c'est pas pour rien que du coup la plupart des femmes utilisent des transports en commun
00:40:19 plutôt que la voiture,
00:40:21 avec une mobilité qui est très genrée en fait,
00:40:23 et qui par exemple, c'était justement une étude
00:40:25 qui avait fait B.A. L'Ovulation sur cette mobilité en vélo,
00:40:29 qui montrait que les femmes étaient plus utilisées par exemple de sacoches
00:40:33 quand elles étaient à vélo, justement,
00:40:35 parce qu'elles ont besoin de pouvoir transporter un certain nombre de ressources
00:40:41 justement pour respecter cette théorie, enfin ce concept du care.
00:40:44 Et sur l'action à deux échelles dont je parlais tout à l'heure,
00:40:48 c'est vrai qu'on peut revenir,
00:40:50 on va commencer à être limité en niveau de temps,
00:40:52 mais je reviens sur ce que vous disiez sur les microcrédits,
00:40:56 qui ont plutôt été alloués à des femmes pour des investissements collectifs,
00:41:01 est-ce que vous pouvez parler Louise,
00:41:03 de ce que vous me disiez sur les agricultrices ?
00:41:06 Oui tout à fait, donc en Amérique du Sud, en Asie du Sud-Est, en Afrique,
00:41:15 les femmes représentent la majeure partie de la main d'œuvre agricole,
00:41:21 et pour autant elles sont propriétaires que de 15% des terres,
00:41:26 et en fait la FAO a estimé effectivement que si les femmes avaient les mêmes ressources que les hommes,
00:41:35 le rendement agricole augmenterait mécaniquement,
00:41:40 et on parle en millions de tonnes de nourriture produite en plus dans ces pays,
00:41:46 sachant que la faim est l'une des principales menaces posées par la crise climatique,
00:41:53 on se rend bien compte que renforcer les capacités économiques et financières des femmes,
00:42:01 c'est aussi augmenter notre résilience commune,
00:42:05 en tout cas pour ce qui concerne l'agriculture face à la menace climatique.
00:42:11 Et sur l'autre échelle Antoine Gattey,
00:42:13 je voulais vous poser deux questions,
00:42:15 je vais les poser rarement parce que souvent on ne répond que à la deuxième et pas à la première,
00:42:19 la première c'est sur l'autre échelle,
00:42:21 le fait que dans les décisionnaires finalement il y a moins de femmes,
00:42:25 quasiment pas de femmes,
00:42:27 sur la COP je crois que vous avez des chiffres que vous pourriez partager,
00:42:31 je vais déjà partir sur cette question.
00:42:33 Alors effectivement si on veut pouvoir traiter ces problèmes d'un point de vue organisation publique correctement,
00:42:37 il faut que les femmes soient associées à la décision publique,
00:42:41 on a remarqué, on sait que quand on a des grandes réunions internationales,
00:42:45 vous avez 73% de chefs d'état et de gouvernement qui sont des hommes,
00:42:49 ce qu'on a calculé aussi au niveau des COP,
00:42:51 c'est qu'aujourd'hui encore on n'a que 38% des femmes qui font partie des délégations des pays,
00:42:55 c'est le cas en France en particulier,
00:42:57 quand on envoie une délégation sur une conférence des partis pour les conventions climat en particulier,
00:43:01 il y a eu un cas assez rigolo à l'occasion de la dernière COP,
00:43:05 parce que comme on était en plein Covid,
00:43:07 elle était à distance,
00:43:09 et pour la première fois on avait 51% d'hommes et 49% de femmes,
00:43:13 et on s'est dit tiens, il est en train de se passer quelque chose,
00:43:15 et en fait quand on a regardé le détail de comment s'est déroulée la COP,
00:43:21 malgré le fait qu'on ait 49% de femmes,
00:43:23 les hommes ont pris la parole 60% du temps,
00:43:25 et ils ont parlé 75% du temps,
00:43:29 c'est à dire qu'ils ont pris la parole plus souvent et ils ont parlé plus longtemps,
00:43:31 donc on a retrouvé l'inégalité dans la prise de décision.
00:43:35 Effectivement on a identifié ça aussi, la question d'égalité dans les organes de décision,
00:43:39 en particulier dans les organes de décision sur les financements de la transition écologique,
00:43:43 dans lesquels là on a encore moins de femmes,
00:43:45 et voilà pour intégrer ça,
00:43:47 donc là on est sur des questions de parité.
00:43:49 Mais plus globalement c'est la question de l'égal conditionnalité,
00:43:53 c'est à dire des financements publics.
00:43:55 Pour faire une transformation sociale qui soit à la hauteur des enjeux environnementaux qui nous attendent,
00:44:01 il va falloir faire des investissements importants sur l'énergie, sur les modes de consommation,
00:44:07 il y a beaucoup d'investissements publics importants pour accompagner ce qu'on appelle la transition écologique,
00:44:11 qui est vraiment une transformation.
00:44:13 Si on l'a fait dans un pays qui est encore inégalitaire, on n'y arrivera pas.
00:44:17 La grosse conclusion c'est quand même qu'une société inégalitaire ne peut pas résoudre ses problèmes environnementaux,
00:44:21 il faut être très clair sur ça,
00:44:23 donc il faut réussir à faire la bataille de l'égalité en même temps que la bataille environnementale.
00:44:27 Avec l'égal conditionnalité, c'est ce qu'on demande dans le rapport,
00:44:31 il y a beaucoup d'organisations comme Oxfam qui demandent depuis longtemps,
00:44:33 par exemple exiger qu'au moins 85% des financements,
00:44:37 que ce soit par l'AFD au niveau international ou en France,
00:44:40 sur les financements de la transition,
00:44:42 soient conditionnés par le fait que les mesures qui vont être prises intègrent la question
00:44:47 et produisent aussi, améliorent aussi les questions d'égalité.
00:44:50 Donc par exemple si on fait des investissements, tu as pris l'exemple des pistes cyclables ou des choses comme ça,
00:44:55 faire des pistes cyclables, on a des exemples à Genève,
00:44:58 on l'a fait correctement en intégrant l'égal conditionnalité,
00:45:01 et on a des pistes cyclables qui prennent en compte les itinéraires différenciés des femmes
00:45:05 parce qu'elles accompagnent les enfants à l'école.
00:45:07 Alors malheureusement, encore une fois, on aimerait bien que la bataille de l'égalité soit d'abord gagnée,
00:45:12 mais là c'est le cas aujourd'hui, donc il faut bien l'intégrer pour que progressivement ces différences-là s'éteignent
00:45:18 et que les hommes autant que les femmes puissent assurer ces charges-là.
00:45:22 Donc là, sur les pistes cyclables par exemple, on a fait des efforts.
00:45:25 Autre exemple, l'éclairage public.
00:45:27 On nous a dit pendant longtemps qu'il fallait éteindre les lumières la nuit pour gagner la bataille de l'énergie
00:45:32 et pas le gaspiller d'énergie.
00:45:34 Ok, si on n'intègre pas la question de l'égalité femmes-hommes,
00:45:36 vous avez des villes dans lesquelles vous entravez encore plus la vie des femmes le soir,
00:45:42 notamment des femmes seules, qui vont être plus en danger,
00:45:45 et vous allez éventuellement accentuer les violences faites aux femmes, les violences masculines d'ailleurs.
00:45:50 Est-ce que les chiffres ont été montrés sur ça ?
00:45:52 Parce que dans les dernières informations que j'avais lues, ce n'était pas forcément le cas et j'étais assez étonnée.
00:45:57 Ce qui est montré sur le volet transport, c'est qu'une ville qui le fait correctement comme Genève
00:46:03 a des résultats et est capable de les chiffrer.
00:46:05 La ville de Paris a commencé à l'intégrer aussi.
00:46:07 Des villes qui ne le font pas, on peut aussi analyser assez vite
00:46:10 le fait qu'on se retrouve, comme tu le disais, avec des pistes cyclables qui sont empruntées à 80%
00:46:14 par des hommes qui font à fond les gamelles sur les pistes.
00:46:17 D'accord. Et avant de donner la parole au public, j'aimerais juste faire un point sur la question de la formation.
00:46:25 Parce que sur l'écologie, mon introduction c'était sur le fait que c'était transdisciplinaire,
00:46:31 c'était à l'intersection entre plusieurs domaines d'expérience.
00:46:35 Et en travaillant à l'ITA.com, je vais reprendre exactement la phrase
00:46:40 pour ne pas me tromper, une plateforme d'investissement dans des entreprises à impact social et environnemental
00:46:45 qui fonctionne bien. Et vous êtes repartie dans une formation, vous êtes reformée sur la question du genre,
00:46:51 sur la philosophie. A quel moment est-ce que vous vous êtes dit que c'était utile de repartir
00:46:57 alors que finalement l'ITA.com fonctionnait bien, a une bonne présence médiatique ?
00:47:02 Je veux dire, a priori, vous auriez pu être assise tranquillement dans votre siège
00:47:06 et continuer de rouler avec votre entreprise.
00:47:09 Ce n'était pas mon objectif, effectivement, vu que mon objectif était d'investir les sphères de la société.
00:47:14 Pourquoi j'ai monté une boîte, deux boîtes et aussi un syndicat ?
00:47:19 C'est parce que mon objectif était d'infuser tous les verrous de la société économique patriarcale, en gros.
00:47:29 Donc l'entreprise, c'est un des lieux. Et pour moi, c'était important, au-delà de prêcher une vision différente de l'économie,
00:47:36 de montrer que c'était possible que des entreprises se développent avec des objets écologiques, sociaux, fonctionnent,
00:47:43 rémunèrent bien les gens, permettent l'émancipation économique et arrêtent de capitaliser sur le travail gratuit des bénévoles, etc.
00:47:51 C'était important pour moi de développer un modèle qui était durable dans le temps
00:47:54 et qui aidait aussi au développement de mon idéologie, donc le financement notamment des projets écologiques, sociaux.
00:48:03 C'est pour ça qu'après j'ai monté une autre boîte qui s'appelle Rift, pour attaquer plus la question de la transparence du secteur financier
00:48:09 et d'engager les gens dans des campagnes militantes pour qu'avec leur épargne, ils puissent inverser le délire.
00:48:15 Et puis ensuite, en voyant que malgré tout ce qu'on portait dans les médias, avec nos boîtes, finalement les lois ne changeaient pas.
00:48:22 C'est pour ça que j'ai pris la présidence de ce syndicat qui s'appelle Impact France,
00:48:26 qui a pour objectif de créer une alternative sociale et écologique au MEDEF.
00:48:30 D'ailleurs, un syndicat qui n'a toujours pas été accepté au CESE.
00:48:34 C'est un objet un peu bizarre parce qu'en fait on est des patrons, donc c'est 25 000 dirigeants,
00:48:41 mais qui avons envie d'arrêter de niveler les politiques économiques vers le bas en matière écologique.
00:48:48 On porte des vraies transformations, des vraies politiques publiques, on a un vrai lobby d'intérêt général.
00:48:54 Et notre but c'est vraiment d'accéder à cette place des partenaires sociaux pour qu'il y ait des choses qui se passent en matière de réglementation.
00:49:03 Et ensuite, je me suis dit, je ne suis plus co-présidente en mai, j'ai repris la philosophie effectivement il y a trois ans,
00:49:11 parce que j'avais envie d'écrire sur ce qu'on faisait, c'est-à-dire de montrer que ce n'était pas juste une anecdote.
00:49:17 C'est-à-dire que derrière j'essayais d'imaginer un nouveau modèle de société, économique, féministe, sociale, écologique.
00:49:23 Et ce modèle-là, je le teste au quotidien, mais c'est important pour moi aussi d'avoir une approche plus métaphysique,
00:49:30 autour du sens de ce que je faisais. Donc j'ai repris la philo, j'ai arrêté.
00:49:35 Et là, effectivement, je vous parlais de ça la dernière fois, donc je vais reprendre un doctorat d'économie,
00:49:39 pour être capable, sur la base de tout ça, d'ériger une nouvelle école de pensée économique.
00:49:44 Parce qu'une des raisons principales pour lesquelles on en est là, c'est pour les problèmes notamment liés aux fondamentaux de l'économie libérale.
00:49:51 Et depuis les Chicago Boys et l'école de Chicago qui a fait naître l'économie libérale dans laquelle on est,
00:49:57 et qui a structuré l'ensemble de notre système, qui fait qu'aujourd'hui on a du mal à en sortir.
00:50:02 C'est très compliqué quand un système a été aussi globalisé, intermédié. Derrière, il y a des structures, il y a du secteur financier,
00:50:10 il y a les marchés, il y a des gens qui régulent, il y a des gens qui notent. En fait, tout le système fonctionne selon ce dogme-là.
00:50:16 Il faut réinventer une nouvelle école de pensée économique pour trouver une alternative, et c'est pour ça que je reprends mes études.
00:50:24 Et j'essaie aussi d'incarner le fait qu'on n'a pas tous notre rôle, on n'est pas tous dans des cas.
00:50:30 Et je trouve que ça, ça tue la société aussi. Ça ne crée pas d'intersection entre les différents lieux,
00:50:35 parce que les gens eux-mêmes ont des œillères et sont dans leur milieu, et appartiennent à leur propre communauté,
00:50:42 et ont besoin de le soutien de leur père. Donc chacun est là, dans son petit silo, et on n'avance pas.
00:50:46 Donc j'invite tout le monde, même si vous êtes en entreprise, à faire de la philo, vous êtes philosophe,
00:50:51 d'aller voir ce qui se passe dans la réalité du quotidien, etc.
00:50:56 Est-ce qu'il y a des questions dans le public ?
00:51:01 On a tout dit !
00:51:09 Bonjour à tous, et je salue un panel paritaire, donc c'est chouette.
00:51:15 C'est une question de néophyte, mais on voit que les enjeux environnementaux, quand même,
00:51:21 commencent à être évoqués dans le secteur privé. Alors évidemment, on est sur des réglementations qui sont minimes,
00:51:27 mais qui arrivent, et on voit en parallèle des nouvelles réglementations aussi pour exiger des femmes
00:51:34 qu'elles soient plus présentes dans les comex, au sein des conseils d'administration. Est-ce que vous pensez que ce n'est pas
00:51:39 une solution, que ça ne va pas faire un effet booster, parce que vu que vous croisez les deux données,
00:51:46 peut-être que c'est quelque chose de positif pour l'avenir, ou est-ce que vous pensez que c'est une goutte d'eau ?
00:51:53 Je voulais avoir votre sentiment là-dessus.
00:52:01 Je vais répondre sur une partie, parce que ça fait partie du rapport qu'on a fait,
00:52:06 on a un rapport qu'on présente mardi, et ce rapport est accompagné d'un avis,
00:52:13 et dans cet avis on a 24 préconisations en 6 axes, et un des axes c'est celui-là.
00:52:18 Un des axes c'est quelle est l'action des acteurs publics sur ces sujets-là,
00:52:23 et effectivement on a identifié le fait que dans la RSE par exemple des entreprises,
00:52:27 la responsabilité sociétale et environnementale des entreprises, on travaille encore en silo les sujets,
00:52:32 la question environnementale dans les comités environnementaux, et la question égalité dans les comités égalité,
00:52:37 alors que justement ça serait l'endroit où il faudrait peut-être le faire un peu plus,
00:52:41 au-delà des questions de parité dans les organes de représentation.
00:52:44 On a aussi identifié le fait que les entreprises aujourd'hui, une de leurs portes d'entrée sur ces questions-là,
00:52:48 c'est les bilans carbone des entreprises. On a auditionné Carbon4 qui fait ses bilans carbone,
00:52:53 et Carbon4 nous a dit "oui c'est vrai, on n'a jamais pensé à ça, on n'a pas dans nos questions et dans nos critères
00:52:58 des questions d'égalité, des questions de consommation différenciée, des choses comme ça".
00:53:02 Donc on a travaillé avec eux pour voir éventuellement si on pouvait faire évoluer l'instrument au bilan carbone pour intégrer ces sujets-là.
00:53:08 Et l'autre piste sur laquelle on a travaillé c'est la question de la... comment ça s'appelle ?
00:53:17 Mince. Les entreprises, les grandes multinationales, aujourd'hui ont l'obligation de faire leur bilan...
00:53:25 Non, non, non, c'est leur bilan... ah mince, comment ça s'appelle ?
00:53:31 Non, c'est pas la RSE, c'est plus que ça. Je vais vous le dire tout de suite, si j'ai pas mes lunettes.
00:53:37 Le devoir de vigilance. Le devoir de vigilance des entreprises au niveau international, elles ont l'obligation sur l'ensemble de leur parcours de production
00:53:49 de se poser la question des impacts environnementaux que ça a eu. Par exemple sur le bois, quelqu'un qui fabrique des meubles en Europe
00:53:57 est censé savoir d'où vient ce bois. Et on a dit "intégrons aussi, beaucoup plus que ça, les questions d'égalité dans ce devoir de vigilance".
00:54:05 C'est à dire, ces bois ont été faits à l'autre bout du monde, mais dans quelles conditions ? De travail des femmes, d'égalité, des choses comme ça.
00:54:11 Donc on a investi un certain nombre d'économisations avec les acteurs économiques, à leur destination en particulier, et c'est effectivement un des leviers importants.
00:54:20 Oui, j'ai regardé pas mal d'études justement sur ça, il y a beaucoup, Esther Duflo aussi et son mari, qui ont fait des analyses sur quand on met des femmes
00:54:31 en charge des politiques publiques, est-ce que ça change ? Et il y a d'autres économistes qui ont fait pas mal d'études justement sur l'ecomex et sur la sphère privée.
00:54:38 Et les conclusions de ces études, c'est que de mettre une femme dans un univers patriarcal, ça change rien. De toute façon, parce que pour arriver à là,
00:54:47 la sociologie, elle est évacuée, on est même plus d'une femme, d'un point de vue sociologique, pour arriver à la tête d'une très grande banque,
00:54:56 c'est la personne, mais ça crée pas des effets nécessairement positifs pour l'organisation, et d'ailleurs c'est souvent des portes-drapeaux, il y a beaucoup de pression sur ces femmes-là.
00:55:05 Il y a un phénomène qui s'appelle la falaise de glace qui est assez intéressant, que dans des banques, dans des secteurs notamment en crise, ou dans des sphères politiques en crise,
00:55:13 on met souvent une femme à un moment de crise, parce qu'il y a ce problème, cette assimilation à la réparation, le fait que c'est notre mère qui va finalement nous aider
00:55:24 quand on est dans la merde, et souvent, vu que c'est toujours très difficile de passer une situation de crise, elles sont souvent éjectées, on l'a pu le voir avec la patronne d'Engie à une époque,
00:55:35 ou dans d'autres contextes. Par contre, ces études montrent que quand l'organisation finalement se féminise, donc quand les comexes sont paritaires,
00:55:45 quand les conseils d'administration deviennent paritaires, etc., là on analyse un vrai impact. Donc c'est pas une goutte d'eau, il faut continuer à se battre
00:55:53 pour que ces milieux se féminisent, et que surtout la socialisation féminine soit acceptée dans l'entreprise, et on montre que ça fait évoluer vraiment même la manière
00:56:02 dont les entreprises évaluent leurs performances, etc., donc c'est pas neutre du tout.
00:56:16 Merci beaucoup pour vos interventions très intéressantes. Je voudrais vous demander chacun un conseil à donner en manière pratique pour les femmes,
00:56:25 pour faire aboutir la cause féminine et écologique dans la vie quotidienne en entreprise, dans la vie privée, et peut-être dans la sphère politique. Merci.
00:56:42 Moi ça va être un conseil très global, mais on sait que, enfin il y a une étude qui date de 2100 qui dit très bien que quand dans la représentation nationale
00:56:56 il y a plus de femmes, que ces pays-là ont davantage tendance à passer des lois pour la protection de l'environnement. Donc c'est très bête, méchant et mathématique,
00:57:08 mais oui, il faut encourager les femmes à s'investir en politique, il faut les former. Dans le podcast, on interview une femme qui s'est investie auprès d'Europe Ecologie Les Verts
00:57:27 et qui a suivi une formation auprès d'un programme qui s'appelle Investi, justement pour former les femmes à la prise de pouvoir en politique.
00:57:34 Donc tout ça c'est super important, à la fois de s'engager et ensuite derrière nous de voter pour des femmes qui portent des politiques à la fois écologistes et féministes.
00:57:48 Oui oui, et moi pas vraiment de conseil, mais plutôt aussi de se dire, c'est aussi à l'ensemble des acteurs qui œuvrent pour la transition écologique
00:58:00 de se responsabiliser pour transformer le discours sur l'inclusivité et sur la grille genrée qu'on met pour avoir des lunettes, pour avoir tout ça,
00:58:12 pour le mettre vraiment en action avec des indicateurs de suivi, vraiment faire un effet transformationnel des associations, mais aussi des mouvements politiques.
00:58:22 Parce que mine de rien, c'est un peu aussi l'état de fait, c'est que le mouvement écolo n'est pas exemple des biais genrés.
00:58:28 Et que c'est aussi dans ces milieux, de manière assez prioritaire également, je pense qu'il faut construire des expérimentations sociales,
00:58:36 voire comme vous avez parlé de quotas, mais moi je pense que c'est aussi une bonne idée.
00:58:39 Moi je le vois au sein de nos associations jeunes, c'est encore des choses qui ne sont pas vraiment mises en place, peut-être parce qu'on est assez frileux,
00:58:47 qu'on ne sait pas vraiment comment mettre ça en place, et je pense que justement, il faudrait oser l'accompagnement, oser aussi l'expérimentation sociale,
00:58:55 pour permettre enfin de donner de l'espace, de permettre justement la montée en compétence, pour donner de la légitimité.
00:59:01 Et donc ça nécessite une responsabilisation de ces espaces qui n'est encore pas ultra présents aujourd'hui.
00:59:06 Moi je dirais d'éduquer mieux les hommes. Parce que je ne sais pas si vous avez lu ces analyses,
00:59:14 mais il y a beaucoup d'études sociologiques qui montrent que c'est entre 4 et 7 ans que les petits garçons sont poussés à réfuter toutes les qualités d'empathie, etc.,
00:59:24 qu'on leur apprend naturellement assez tôt. Et c'est pendant cette période-là aussi qu'on pousse les femmes à commencer à se censurer, à s'occuper du foyer.
00:59:34 D'ailleurs j'ai vu récemment, parce que j'étais malade, je voulais regarder un dessin animé, je me suis mis Peter Pan.
00:59:38 Je ne sais pas si vous vous souvenez de Peter Pan, mais c'est une catastrophe. C'est une catastrophe.
00:59:44 Je n'avais pas conscientisé ça quand j'étais jeune, mais c'est fou quoi. La petite Wendy, elle a 8 ans quand même,
00:59:48 elle s'occupe de ses frères, elle fait à manger, elle fait le ménage, c'est comme de la folce.
00:59:53 Et en plus elle est dans une bataille concurrente féminine avec la fée Clochette pour le regard des hommes et de Peter Pan.
00:59:59 C'est une catastrophe et il faut arrêter de montrer ça aux petits-enfants.
01:00:02 Nous maintenant on peut le regarder pour se détendre et tout, parce qu'on est plus ou moins déconstruit,
01:00:06 mais il ne faut pas montrer ça aux enfants. Et je pense qu'il faut faire un peu attention,
01:00:10 parce que c'est en éduquant mieux les hommes aussi qu'on arrivera à construire une meilleure société.
01:00:14 Et mon deuxième conseil c'est l'émancipation économique et financière.
01:00:17 Des femmes c'est très important, ne travaillez pas gratuitement, ne montrez pas aux autres femmes que vous travaillez gratuitement.
01:00:22 Et je trouve ça extrêmement important. C'est un conseil, c'est simple.
01:00:28 Alors moi je dirais que c'est d'abord une question politique, c'est d'abord un sujet politique,
01:00:32 c'est d'abord de la responsabilité collective et après sur le volet plus individuel,
01:00:37 c'est comme les questions environnementales, vous pouvez faire tout ce que vous voulez en termes d'éducation,
01:00:41 à se laver les dents, à se laver la douche, ça ne résoudra pas le problème environnemental qui est systémique.
01:00:47 Donc on est sur des questions systémiques, il faut trouver des armes et des réponses systémiques.
01:00:51 Ceci étant dit, je partage ce qui vient d'être dit, c'est-à-dire qu'un des secrets aussi pour nous
01:00:56 c'est la lutte contre les stéréotypes de sexe de façon globale.
01:00:59 Sortons des stéréotypes, sortons de la stéréotypie et de l'assignation sociale des sexes et des genres,
01:01:07 en disant une femme c'est naturellement plus douce et ça s'occupe du caire, un homme ça doit faire de la moto.
01:01:12 On a montré les conséquences que ça avait en particulier sur l'aménagement public et l'aménagement de l'espace public.
01:01:17 Il y a Yves Rébeau qui a écrit beaucoup sur ce sujet, qui a fait beaucoup à Bordeaux en particulier.
01:01:21 Quand aujourd'hui on construit des grands stades qui sont à 95% pour les hommes,
01:01:26 quand on a tous les grands équipements, les cours de récréation, les choses comme ça.
01:01:28 Donc il y a beaucoup de choses dans la vie de tous les jours qui continuent à alimenter ces stéréotypes et ces assignations sociales.
01:01:34 Donc effectivement par l'éducation en particulier au plus tôt, et en particulier et pourquoi pas,
01:01:39 c'est ce qu'on essaie de soulever aussi nous, au travers de l'éducation à l'environnement, déconstruisons ces stéréotypes là.
01:01:45 Et ça passe aussi par le langage et ça passe aussi par la communication. Beaucoup.
01:01:50 Moi je crois qu'il y a un bouquin assez intéressant qui est sorti sur ça, sur la psychologie du langage,
01:01:56 qui montre que plus on parlera en langue un peu plus inclusive,
01:02:01 et plus on fera apparaître aussi cette moitié de la population qui a tendance à être beaucoup invisibilisée dans ces sphères là.
01:02:10 On a déjà un peu débordé de notre table ronde, j'ai une toute dernière question,
01:02:20 parce qu'on entre vraiment sur comment est-ce qu'on peut changer politiquement ce rapport qui va être rendu public mardi,
01:02:26 il va être voté mardi ou lundi. Concrètement ça peut être quoi la vie de ce rapport,
01:02:32 et quel est l'impact que ce rapport peut avoir sur nos vies ?
01:02:38 C'est peut-être un peu intense, mais vous travaillez pendant 15 mois sur ce rapport, c'est énorme de pouvoir en parler,
01:02:47 c'est super, mais c'est quoi la vie de ce rapport, quelles sont les possibilités ?
01:02:51 Je vous invite à le lire quand il sortira. On a voulu être opérationnel, c'est-à-dire les rapports qui disent "il n'y a qu'à Faucon",
01:02:58 on en a beaucoup, c'est dans toutes les conventions sur l'échange climatique, il y a un plan genre depuis 2014.
01:03:05 Sur la convention sur la biodiversité, il y a un plan genre depuis 2017.
01:03:09 A la COP de Paris, il y avait des plans genre, dans lesquels tous les états du monde se sont engagés à dire "oui, oui, il faut intégrer la question de l'égalité".
01:03:19 Nous ce qu'on a voulu faire c'est dire "ok, il faut, donc c'est un sujet, maintenant concrètement comment on fait ?"
01:03:25 On a 24 préconisations dans 6 axes, on aurait pu faire beaucoup plus, mais on était limité à 20, on a déjà débordé sur 24.
01:03:30 Notre objectif après, c'est de pouvoir dire "ces préconisations-là et ce constat-là, c'est le constat de la société civile organisée aujourd'hui".
01:03:37 Ce qui n'est pas représentatif de tout le monde, je suis désolé, ce n'est même pas à moi d'être désolé, mais il manque du monde dans le CESE,
01:03:43 il y a des organisations qui sont trop nombreuses, il y en a qui manquent, et on est d'accord là-dessus,
01:03:47 et on y travaille pour essayer de faire en sorte qu'elles soient plus inclusives.
01:03:50 Il y a les organisations des mouvements de jeunesse par exemple, qui sont au CESE aussi.
01:03:53 C'est pour voir que chacune de ces organisations sociales s'approprient le rapport et le portent chacun,
01:03:57 mais c'est aussi nous on va aller le porter au ministère de l'égalité, au ministère de l'écologie, de la condition écologique, au parlement,
01:04:03 et pas que dans les délégations, et on a essayé de faire en sorte que pour chaque préconisation, on vise les acteurs concernés.
01:04:10 Donc à chaque fois qu'on aura un acteur visé par une préconisation, on va essayer d'aller lui présenter les préconisations qu'on a faites pour lui.
01:04:15 Ça peut être l'Agence française de développement, ça peut être les entreprises, ça peut être les syndicats, les choses comme ça.
01:04:21 Merci, merci beaucoup. Je tiens avant que vous partiez à dire qu'il y a une petite librairie à côté,
01:04:31 donc n'hésitez pas à y passer si vous le souhaitez, qui est une association à but lucratif.
01:04:38 Merci beaucoup à tous nos invités, Antoine Gattel, Louise Emmerle, Nicolas Audemont.
01:04:43 Ah oui, et Eva Sado, un petit conseil culturel avant de partir, Antoine Gattel voulait le dire.
01:04:52 Mais non, mais c'est parce que tu nous avais dit éventuellement si on avait un conseil de lecture.
01:04:56 Moi j'ai des super conseils de lecture sur ces sujets-là.
01:05:00 On a fait un exercice super pendant les travaux, c'est qu'on a arpenté l'ouvrage d'Emilie Hache,
01:05:04 qui est un recueil de textes écoféministes que je vous conseille, qui sont un recueil de textes un peu historiques sur l'écoféminisme.
01:05:10 Alors arpenter un ouvrage c'est un exercice super, on a déchiré le livre, on se l'est partagé, on a lu chacun des parties,
01:05:17 après on a restitué chacune des parties avec un regard sensible un peu sur la partie,
01:05:22 on a reconstitué le livre ensemble et on a maintenant un bel ouvrage à noter, c'est un très très bel exercice,
01:05:27 l'arpentage collectif de livres, je vous le conseille.
01:05:30 Deux autres conseils de lecture en philosophie un peu sur ces questions-là,
01:05:33 Jeanne Burghardt-Guttal qui a écrit "Comment être écoféministe", petit titre, je ne sais plus quel est le sous-titre,
01:05:39 qui est très bien fait, je te laisserai le présenter si tu veux.
01:05:43 Et pour aller un peu plus loin, il y a une BD qui est super, qui s'appelle "Il est où le patron",
01:05:52 qui est une BD qui a été faite par des agricultrices de la SIVAM et qui est absolument géniale,
01:05:57 parce que c'est vraiment le récit de parcours d'agricultrices, plutôt agriculture biologique,
01:06:02 par rapport à l'appréhension de ces stéréotypes et de la façon dont elles vivent leurs activités,
01:06:08 et surtout Geneviève Pruvaux, "Quotidien politique", ça s'appelle, c'est un bouquin de 2021,
01:06:16 qui est très très bien aussi, et on est vraiment là sur des théories écoféministes contemporaines,
01:06:21 c'est quelqu'un qu'on a auditionné aussi, donc ça c'est un très bon conseil de lecture aussi Geneviève Pruvaux.
01:06:27 Et Geneviève Pruvaux vient de publier un autre livre exactement sur ce sujet,
01:06:32 sur Françoise Daubone, qui parle plus en France de l'écoféminisme.
01:06:38 Moi c'est un petit ouvrage qui est très accessible, qui s'appelle "Après la pluie",
01:06:44 qui a été fait par le collectif Les Angraineuses, c'est une sélection de 60 petits textes sur l'écoféminisme,
01:06:53 sur des sujets très variés, donc ça permet de toucher une palette de sujets,
01:06:58 et les dessins sont très beaux, la lecture est ponctuée de poèmes, etc., donc c'est une lecture très agréable.
01:07:05 J'ai écrit dedans mais il y a longtemps, je ne pense plus exactement à ce que je pensais à l'époque, pour ceux qui vont le lire.
01:07:13 Allez-y, continuez sur votre proposition.
01:07:16 Alors moi j'ai deux propositions pour sortir aussi des autrices écoféministes françaises,
01:07:20 avant d'Anna Chivac, qui est quand même notre mother à tous et à toutes.
01:07:25 Désolée, c'était ça ton bouquin ?
01:07:27 Non, non.
01:07:28 Ah ok, ça va, parce que le pauvre depuis tout à l'heure il s'est bouffé toutes ses rêves.
01:07:32 Donc voilà, je vous les conseille tous, parce que tout le travail qu'elle a fait sur,
01:07:39 je ne sais pas si vous connaissez son travail, mais bon, c'est une militante, entrepreneurneuse, scientifique,
01:07:44 enfin incroyable, qui protège notamment les agriculteurs et qui fait un travail de protection de lobbying,
01:07:52 pour protéger effectivement les agriculteurs indiens, et qui fait tout un travail aussi spirituel très fort sur l'écoféminisme,
01:07:59 et qui a un prisme triple de la lutte, de l'entrepreneuriat, de la spiritualité dans son écoféminisme,
01:08:04 et elle réunit tout, donc voilà, c'est genre the goal.
01:08:08 Et le deuxième c'est un homme qui s'appelle Achille Mbembe, qui est un philosophe sud-africain,
01:08:16 enfin qui allait en tout cas étudier en Afrique du Sud, qui a écrit là-bas,
01:08:22 et qui lui parle du devenir nègre du monde, et c'est très intéressant,
01:08:26 et il s'est inspiré aussi un peu d'écoféminisme, mais ce n'est pas sa seule référence,
01:08:30 et qui montre à quel point en fait ça se retourne, et tout son travail, et notamment le livre "Brutalisme",
01:08:36 je vous le conseille fortement, qui notamment questionne tout le modèle économiste libéral,
01:08:43 et qui s'inspire de l'écoféminisme, mais aussi de l'anticapitalisme,
01:08:47 et de beaucoup de... enfin il fait la fusion je trouve, de pas mal de philosophies,
01:08:53 et il a lui-même la sienne qui est assez forte, donc je vous le conseille.
01:08:56 Et dernière recommandation rapidement.
01:08:58 Dernière recommandation rapidement, j'avais plus d'un livre dans mon sac, donc ça va,
01:09:02 principalement, un petit peu d'autopro, mais notre petit guide de l'écoféminisme,
01:09:06 qui est une super pote d'entrée mine de rien, sur un certain nombre de thématiques,
01:09:10 et qui se lit super facilement, qui a été rédigé par des jeunes super cools,
01:09:14 donc je vous invite, et c'est gratuit en plus de ça,
01:09:18 sur notre page Instagram, n'hésitez pas à aller le consulter, je l'ai cici.
01:09:23 - Association qui s'appelle "Climate". - "Climate", oui.
01:09:25 - Dernière chose, donc pour le rapport, si ça vous intéresse, il sera rendu public mardi,
01:09:29 et il y aura la rediffusion du rendu lundi à 14h, mardi à 14h ? En direct lundi ou mardi ?
01:09:36 - Mardi à 14h, si ça vous intéresse et que vous êtes disponible.
01:09:41 Merci beaucoup pour votre écoute, on a explosé le temps, et bonne soirée.
01:09:45 - Merci.
01:09:47 (Applaudissements)
01:09:50 (...)

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