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00:00On a l'impression de pouvoir souffler un tout petit peu, puisque Benyamin Netanyahou,
00:03le premier ministre israélien, a annoncé qu'un accord de paix a été trouvé dans la guerre au Liban.
00:07Alors évidemment c'est un accord qui est fragile.
00:09Netanyahou a déjà prévenu que si l'U.S. Bola tente de se réarmer, eh bien ils attaqueront.
00:13Et par ailleurs, certains se questionnent sur le contenu même de cet accord.
00:16Mais ça reste une source d'espoir pour beaucoup.
00:18Alors aujourd'hui, on va vous aider à comprendre les enjeux de cette trêve,
00:21comment elle a été négociée, quelles sont les conséquences sur la population libanaise,
00:25et sur la suite du conflit.
00:26Et pour en parler, on reçoit Camille Neveux.
00:28Salut Camille !
00:29Camille, tu es chef adjointe du service Planète de Libération.
00:32Est-ce que ce cessez-le-feu signifie la fin de la guerre au Liban ?
00:35Alors je pense que c'est ce que tous les Libanais et les Israéliens espèrent.
00:39Et nous aussi !
00:40En fait, hier soir, avant que l'accord soit annoncé, toute la journée d'hier,
00:44les Libanais comme les Israéliens ont vraiment oscillé entre espoir, entre scepticisme.
00:50On disait que le cessez-le-feu n'allait pas arriver, que s'il arrivait, il n'allait pas être respecté.
00:54Finalement, effectivement, Benyamin Netanyahou, à 19h, heure française,
00:57a annoncé que le cabinet de sécurité israélien allait donner son accord
01:02et que le cessez-le-feu allait être adopté par Israël.
01:05Et puis ensuite, on a eu un petit peu plus tard dans la soirée,
01:07une déclaration conjointe du président Macron et du président Biden,
01:12qui nous annonçait aussi ce cessez-le-feu.
01:15Et là, des deux côtés, surtout au Liban, puisque c'est vraiment le Liban qui était aussi sous un déluge de feux,
01:21la journée de mardi a été extrêmement violente.
01:24Il y a eu des bombardements très violents dans la banlieue sud,
01:26énormément de fumée, énormément de débris.
01:29Les gens ont commencé à fuir la banlieue sud, à partir vers le nord de Beyrouth, vers le nord du pays.
01:34Il y avait des embouteillages, tout le monde essayait de se mettre un peu à l'abri.
01:38Il y a des gens qui sont allés sur des plages publiques pour essayer d'échapper aussi à des destructions d'immeubles.
01:43Donc voilà, c'était une journée avec beaucoup d'espoir, mais aussi beaucoup d'angoisse.
01:47Le soir, les gens ont commencé un petit peu à souffler.
01:49Et puis en fait, la trêve est entrée en vigueur à 4 heures locales, 3 heures françaises.
01:54Et ce matin, moi, j'ai appelé nos correspondants sur place, Arthur Saradin à Beyrouth et Nicolas Rouget en Israël,
02:00pour faire un point avec eux. On s'était quittés tard la veille.
02:02On s'est retrouvés ce matin et j'ai senti dans leur voix qu'il y avait quand même un vent d'optimisme et d'espoir.
02:06Et ça a fait du bien. Notamment, Arthur à Beyrouth a posté ce matin une vidéo.
02:10Voilà, une vidéo du paysage qu'il voit de sa fenêtre et où on entend les oiseaux.
02:16Ce qui n'était pas arrivé depuis très longtemps à Beyrouth, il n'y a plus de bombardements, il n'y a plus de fumée.
02:19Et voilà, il était très content, comme beaucoup de Libanais.
02:22Je vous fais une toute petite pause. Merci beaucoup de regarder cette vidéo.
02:24S'il vous plaît, abonnez-vous à la chaîne YouTube de Libération.
02:27On en publie chaque semaine. Donnez-nous votre avis en commentaire et je vous souhaite un bon visionnage.
02:32Alors, on va rentrer dans le détail de toutes ces nouvelles qu'on a.
02:37Pour commencer, est-ce qu'on peut faire un petit retour en arrière ? Est-ce que tu peux m'expliquer ?
02:42Quelle était la situation du conflit avant cet accord ?
02:45Tout à fait. Alors, je vais faire un petit retour, si je puis dire, historique.
02:48On va remonter au 7 octobre, jour où le Hamas a lancé, depuis l'enclave de Gaza, une attaque terroriste contre Israël.
02:56Dès le lendemain, le 8 octobre, le Hezbollah a commencé à lancer des tirs de roquettes contre Israël en soutien à Gaza.
03:03Il y a pendant à peu près un an, on a eu une espèce d'affrontement de basse intensité, si je puis dire,
03:09entre le Hezbollah libanais et les Israéliens autour de la frontière.
03:13Et les choses se sont vraiment dégradées au mois de septembre.
03:17On a d'abord eu l'attaque au Bipper.
03:19Vous savez, c'est Bipper qui était détenu par des membres du Hezbollah qui ont explosé.
03:23Une attaque menée par Israël.
03:25Et ensuite, suite à ça, on a, je crois aussi, de mémoire la date, c'est le 23 septembre,
03:31les bombardements ont commencé, en fait, sur le sud Liban, les bombardements aériens,
03:35puis sur Beyrouth.
03:37Et on a eu ensuite une offensive terrestre qui a été menée par Israël au sud du Liban.
03:41Voilà, donc on a eu deux mois vraiment de guerres très intenses.
03:45Il y a près de 4000 personnes qui ont perdu la vie côté libanais.
03:49Voilà, donc ça c'est un petit peu un retour historique sur ce qui s'est passé
03:53et qui nous a amené à cet accord.
03:55Et du coup, tu le disais tout à l'heure concrètement,
03:57il y avait des bombardements quasiment constants, c'est ça ?
04:00Comment ça se passait pour la population ?
04:02Oui, il y avait des bombardements constants.
04:04Il y avait aussi l'offensive terrestre au sud Liban,
04:06des bombardements constants qui étaient menés sur le sud,
04:08qui ont été menés sur le sud de Beyrouth, mais aussi sur le centre.
04:11Il y a eu des bombardements aussi dans la Beka,
04:13qui est la partie à l'est du Liban, à la frontière syrienne.
04:17Voilà, c'était des bombardements incessants.
04:19Il y a eu des bombardements aussi qui ont visé Byblos.
04:25Excusez-moi, non loin de Byblos, vraiment différents endroits du pays.
04:29Et je crois qu'il y avait même aussi parfois le nord qui a été bombardé,
04:33pas beaucoup, mais donc il y a vraiment peu d'endroits
04:35où les Libanais se sentaient en sécurité.
04:37Il y a eu énormément de déplacés,
04:39de gens qui ont été déplacés à l'intérieur du Liban
04:41et même réfugiés en Syrie.
04:43Et ça, c'était vraiment quelque chose d'étonnant
04:45parce que quand on connaît la situation de la Syrie,
04:47où 90% de la population vit sous le seuil de pauvreté,
04:49où la situation est vraiment délétère,
04:51les gens se sont réfugiés là-bas vraiment par des puits.
04:54Et puis, il y a quelques jours,
04:56on a commencé à voir des Libanais et des Syriens
04:59revenir au Liban, fuir la Syrie
05:01parce que la situation économique et sociale était trop difficile.
05:03Enfin voilà, c'était vraiment un espèce de chaos
05:05à la fois libanais, syrien, dans la région.
05:07Et donc ce cessez-le-feu va aussi,
05:09on espère, mettre fin à tout ça.
05:11Donc c'est ça, le cessez-le-feu apporte beaucoup d'espoir.
05:13Est-ce que tu peux nous raconter un peu
05:15comment ce cessez-le-feu a été négocié ?
05:17Comment est-ce que ça s'est passé ?
05:19Notamment parce que je crois avoir lu
05:21qu'il y a des présidents américains et français
05:23qui ont joué un rôle dans cette négociation.
05:25Alors tout à fait.
05:27En fait, ça fait des semaines que l'émissaire américain
05:29pour le Liban
05:31qui s'appelle Amos Hoxton
05:33dont on a fait le portrait dans le journal
05:35se démène pour obtenir un cessez-le-feu
05:37entre les deux parties. Au départ, il y a un plan américain
05:39qui a été présenté.
05:41Et puis la France a été associée, parce qu'elle a des liens
05:43très forts avec le Liban. Alors ce qui est intéressant,
05:45c'est qu'au départ, ce que nous a rapporté la presse libanaise,
05:47c'est que Benjamin Netanyahou
05:49ne voulait pas que la France soit associée aux négociations
05:51ni qu'elle soit
05:53dans le comité de surveillance internationale
05:55qui va être mis en place.
05:57C'est notamment une des parties de l'accord.
05:59Et puis finalement, les Etats-Unis ont fait pression
06:01et puis la France a été assise autour de la table.
06:03Et après, ça a été vraiment mené
06:05conjointement par l'Elysée
06:07et par la présidence américaine.
06:09Et c'est lié à quoi le fait qu'Israël ne voulait pas que la France
06:11prenne part aux négociations ?
06:13Les relations entre la France et Israël sont pas très bonnes.
06:15C'est un euphémisme de dire ça.
06:17Notamment entre M. Macron et M. Netanyahou.
06:19Donc voilà, c'était pour ça, essentiellement.
06:21Et donc comment est-ce que ça s'est débloqué ?
06:24Comment est-ce qu'ils ont travaillé pour atteindre
06:26cet accord de paix, une fois que la France
06:28est rentrée dans les négociations ?
06:30Alors les Etats-Unis, en fait,
06:32la France a joué un rôle, mais les Etats-Unis ont pesé
06:34de tout leur poids sur Israël et sur Netanyahou
06:36pour le contraindre
06:38à accepter cet accord, notamment
06:40si j'ai bien compris, en brandissant
06:42la menace d'arrêter de livrer des armes
06:44ou de diminuer les livraisons d'armes.
06:46Et il faut savoir aussi que
06:48Benjamin Netanyahou était sous pression
06:50de l'armée israélienne, qui visiblement
06:52pesait pour qu'il y ait un cessez-le-feu qui soit adopté au Liban.
06:54L'armée israélienne qui est aussi déployée à Gaza.
06:56Je rappelle qu'il y a aussi des tirs
06:58qui sont menés régulièrement sur la Syrie.
07:00Donc voilà, dans un contexte
07:02de déploiement régional, l'armée
07:04voulait vraiment fermer, entre guillemets,
07:06le front libanais. Il faut dire aussi
07:08que l'armée est fatiguée.
07:10Vous avez beaucoup de soldats
07:12qui ont des syndromes post-traumatiques.
07:14C'est quand même une situation très compliquée à vivre
07:16pour les Israéliens, pour l'armée libanaise
07:18et pour le pays.
07:20Donc là, concrètement, qu'est-ce que cet
07:22accord raconte ?
07:24Qu'est-ce qu'il y a dans cet accord ?
07:26C'est quoi les conditions du cessez-le-feu ?
07:28Ce qui est très étrange, c'est que c'est un accord
07:30qui n'a pas été publié publiquement.
07:32Visiblement, le média Lorient Le Jour
07:34y a eu accès.
07:36On sait assez peu de choses.
07:38C'est un accord, selon Lorient Le Jour,
07:40puisque moi je ne l'ai pas vu.
07:42C'est un accord en 13 points.
07:44La petite subtilité, c'est que
07:46il semble que ce soit plutôt une
07:48mise à jour de la résolution de l'ONU
07:5017-01, qui avait été adoptée en 2006
07:52pour mettre fin à la guerre entre Israël et le Liban.
07:54Et en fait, c'est une petite subtilité
07:56qui a toute son importance, puisque
07:58je vous rappelle que le Liban n'a plus
08:00de président, et que donc, en fait,
08:02c'était compliqué de faire adopter cet accord
08:04par le Liban formellement. Et donc, le fait que ce soit
08:06une simple mise à jour de la résolution
08:08fait que l'accord n'a pas besoin de passer ni devant
08:10le parlement, ni d'être ratifié.
08:12Il a juste été annoncé aujourd'hui
08:14par le Premier ministre libanais,
08:16avec Mikati. Mais voilà,
08:18c'est aussi pour ça qu'on attendait...
08:20Ça pouvait un peu prêter à confusion, on attendait...
08:22On avait l'impression que le feu vert venait que de la partie
08:24israélienne. Mais en fait, les Libanais avaient
08:26déjà donné leur accord, et n'avaient pas besoin de le donner
08:28formellement, comme c'était le cas en Israël.
08:30Est-ce que cet accord,
08:32il est
08:34de ce qu'on en sait ?
08:36Est-ce qu'il est équilibré ?
08:38Est-ce qu'il y a des inquiétudes sur
08:40les conséquences que ça pourrait avoir
08:42sur le conflit, sur le Liban ? Comment est-ce que ça se passe ?
08:44Alors oui, il est...
08:46De fait, comme on n'y a pas accès, c'est un peu compliqué
08:48de le commenter, mais en fait,
08:50beaucoup de personnes,
08:52beaucoup de journalistes notamment, de spécialistes de la région,
08:54avant qu'il soit signé, avaient peur que
08:56les zones de flou
08:58permettent notamment aux
09:00hostilités de reprendre. En fait, cet
09:02accord stipule notamment, sur la base de la région
09:0417-01,
09:06que l'UE
09:08se retire du sud Liban, qui est
09:10délimité au Liban par le fleuve Litani,
09:12donc passe au nord du fleuve Litani.
09:14Et
09:16c'est un cessez-le-feu de 60 jours
09:18et à l'issue des 60 jours, il est stipulé aussi
09:20que l'armée israélienne se retirera
09:22du Liban, pour repasser du coup au nord
09:24d'Israël, et que seuls
09:26peuvent être présents dans cette zone, de fait
09:28tampons de plusieurs
09:30dizaines de kilomètres, l'armée libanaise
09:32et la FINUL, donc la Force
09:34Internationale de l'ONU dédiée au Liban.
09:36Aujourd'hui, ce serait quoi les conséquences
09:38de ce cessez-le-feu
09:40pour le Liban, évidemment,
09:42mais aussi pour ses habitants ?
09:44Alors, Arthur Saradin, notamment,
09:46va nous raconter, sur le site, cet après-midi,
09:48dans le journal de demain,
09:50le fait que tous les habitants, beaucoup d'habitants
09:52veulent rentrer chez eux, dans le sud, il y a énormément d'embouteillages,
09:54beaucoup de joie
09:56au milieu des décombres, les gens veulent retourner
09:58à la fois,
10:00pas forcément...
10:02veulent retourner dans le sud Liban, ce qui va être très compliqué,
10:04c'est pour les villages frontaliers, puisque
10:06Israël a extrêmement peur
10:08que des habitants et des combattants du Hezbollah
10:10se réinstallent, il y a beaucoup de choses ici qui ont été détruites,
10:12notamment, ce qu'il faut aussi comprendre,
10:14c'est que la peur israélienne, c'est qu'il y a des combattants du Hezbollah
10:16qui s'installent, et ils nous expliquent
10:18qu'ils ont peur que le Hezbollah
10:20creuse des tunnels, et qu'on aboutisse
10:22à une attaque, comme il y a eu
10:24depuis Gaza, le 7 octobre.
10:26Voilà, ça c'est ce que racontent les Israéliens.
10:28Les gens,
10:30Arthur me disait
10:32ce matin, et je pense qu'on l'expliquera dans le journal,
10:34les gens vont essayer de se réinstaller, pas tout à fait
10:36à la frontière, un petit peu plus loin,
10:38dans ce qui n'a pas été détruit, et puis après,
10:40il va aussi y avoir la question de la reconstruction.
10:42Parce qu'évidemment, on voyait déjà
10:44les autorités libanaises qui disaient, oui, dès ce matin,
10:46nous allons reconstruire le poste frontière
10:48de Masna,
10:50entre la Syrie et le Liban, il y a aussi une
10:52volonté libanaise d'aller vite,
10:54le cessez-le-feu ne va durer que 60 jours,
10:56c'est à la fois court et long, ces 60 jours
10:58nous amènent
11:00à la présidence américaine,
11:02à la présidence Trump, et une fois que
11:04Trump sera aussi en manette aux Etats-Unis,
11:06peut-être que lui décidera
11:08d'accorder plus de largesse au gouvernement Netanyahou
11:10par rapport à la position Biden,
11:12donc les autorités libanaises aussi veulent
11:14aller vite pour s'assurer que
11:16les gens reviennent,
11:18les villes,
11:20les maisons puissent être reconstruites.
11:22Mais du coup, ça ne durera
11:24que 60 jours, l'arrêt des bombardements,
11:26l'arrêt des hostilités,
11:28ne durent que 60 jours ?
11:30Oui, et à l'issue de ces 60 jours,
11:32on verra si les discussions
11:34seront menées, bien évidemment, avant ça,
11:36mais on va voir si le cessez-le-feu
11:38tient et s'il est possible de le pérenniser
11:40dans les conditions qui ont été prédéfinies. Je rajoute
11:42juste une chose, il semblerait aussi que
11:44à cet accord en 13 points,
11:46ait été ajouté un accord
11:48entre le gouvernement
11:50américain et le gouvernement israélien,
11:52qui donne des gages au gouvernement israélien
11:54sur le fait qu'effectivement il n'y ait pas de combattants qui reviennent,
11:56et que notamment, ce qui pose problème côté libanais,
11:58les Israéliens puissent
12:00contrôler l'identité des gens qui reviennent au sud du Liban.
12:02Ça, c'était une des grosses inquiétudes libanaises.
12:04J'ai du mal à comprendre
12:06quel est l'impact
12:08de l'élection présidentielle américaine
12:10sur ce conflit, et pourquoi est-ce que
12:12ça a défini la durée de 60 jours ?
12:14Alors juste une chose, je précise,
12:16les gens reviennent chez eux côté libanais,
12:18mais ils reviennent aussi chez eux côté israélien,
12:20c'est ce que nous racontera notre correspondant en Israël,
12:22qui est revenu ce matin, même si effectivement,
12:24ce retour aussi pose beaucoup de questions, mais côté israélien,
12:26il y avait plus de 60 000 déplacés,
12:28c'était beaucoup plus côté libanais,
12:30mais voilà, il y a aussi des gens qui n'habitent plus à la frontière
12:32depuis un an côté israël et qui ont envie de rentrer chez eux,
12:34des écoles qui ne fonctionnent plus et dont on espère
12:36qu'elles refonctionneront. Donc pour la présidence
12:38américaine, oui,
12:40Donald Trump,
12:42lors de son premier mandat,
12:44avait montré qu'il était
12:46un allié fidèle d'Israël, et il n'y a
12:48aucune raison pour que ça change pendant cette deuxième
12:50présidence. Notamment,
12:52on va se poser aussi la question de Gaza,
12:54sur la présidence
12:56américaine, son
12:58gendre, Jared Kushner, qui suit de près
13:00la question moyenne orientale, avait déclaré
13:02dans le Guardian que finalement, ce serait
13:04pas mal qu'on construise à Gaza des hôtels,
13:06que ça pourrait être une formidable côte pour faire du tourisme.
13:08Mais donc vous imaginez bien que ce serait
13:10dans le cas d'une annexion,
13:12d'une privatisation de Gaza par les Israéliens,
13:14ça vous donne une idée de ce que peut
13:16penser l'administration
13:18Trump et de ce qu'elle peut faire dans la région,
13:20et de ce qu'elle peut accorder en termes
13:22de blanc-seing au gouvernement d'Ettah Niaoua,
13:24à la fois sur Gaza, mais aussi au Liban.
13:26Si Trump dit
13:28dans deux mois, mais non, finalement, ce cessez-le-feu,
13:30ça marche pas du tout, et puis
13:32Israël a le droit à légitime
13:34défense, Israël peut se défendre, on peut avoir
13:36une reprise du conflit. Justement,
13:38sur la situation
13:40à Gaza, comment est-ce que cet accord,
13:42concrètement, pourrait
13:44avoir une influence sur ce qui se passe
13:46dans Gaza, au-delà de ce que
13:48Trump
13:50a pu dire ? Alors, c'est la
13:52deuxième question du jour. Ce matin, le Hamas
13:54a annoncé qu'il était prêt, lui aussi,
13:56à une trêve avec Israël.
13:58La Turquie a aussi
14:00dit que ce serait très bien de se saisir de ce cessez-le-feu au Liban
14:02pour obtenir un cessez-le-feu à Gaza.
14:04Et voilà, il y a un émissaire américain
14:06qui est actuellement en Arabie Saoudite
14:08pour discuter d'un cessez-le-feu à Gaza.
14:10Toutes les parties, en fait,
14:12que ce soit les Qatar,
14:14l'Egypte, donc maintenant l'Arabie Saoudite,
14:16la Turquie, mais aussi
14:18les Etats-Unis, tout le monde
14:20a essayé de s'arrimer à cet accord sur le Liban
14:22pour pouvoir essayer d'obtenir un accord à Gaza.
14:24Sauf qu'en fait, Benyamin Netanyahou
14:26aurait aussi cédé sur le Liban
14:28pour pouvoir, en échange, de pouvoir
14:30continuer
14:32à vider l'enclave
14:34de ses habitants. L'idée, c'est vraiment,
14:36on l'a aussi raconté dans Libé la semaine dernière, l'idée, notamment
14:38dans le Nord, c'est de créer une espèce de zone tampon
14:40visée de ses habitants, ou alors où les habitants
14:42vivraient dans des camps fermés, dont l'identité
14:44serait contrôlée
14:46de manière biométrique.
14:48Les routes ont été rasées pour faire des routes plus grandes
14:50pour que les soldats israéliens
14:52aient une vision plus large,
14:54et que des combattants du Hamas ne puissent pas revenir.
14:56La grosse
14:58crainte, c'est qu'en fait Gaza soit un peu
15:00sacrifiée. Gaza
15:02qui est déjà tellement meurtrie sur l'hôtel
15:04des négociations
15:06libano-israéliennes,
15:08et vous avez notamment derrière les familles israéliennes
15:10d'otages aussi, qui ont
15:12poussé un cri d'alarme en disant, on a peur que
15:14effectivement Gaza soit oubliée,
15:16sacrifiée, et que les otages ne reviennent jamais,
15:18et c'est pas parce qu'il y a un cessez-le-feu au Liban
15:20qu'on doit oublier nos otages israéliens
15:22détenus à Gaza.
15:24Dans ce contexte-là, c'est quoi la place
15:26du Hezbollah dans le contexte
15:28du cessez-le-feu ?
15:30Puisque c'est la guerre,
15:32le conflit est mené entre
15:34Israël et le Hezbollah,
15:36qui est donc, corrige-moi si je me trompe,
15:38une organisation terroriste,
15:40notamment au sein du Liban. Comment ça se passe par rapport au Hezbollah ?
15:42Alors le Hezbollah n'a pas négocié
15:44directement, c'est le Hezbollah
15:46qui est mené à la guerre, mais c'est l'État libanais
15:48qui a négocié au nom du Hezbollah, notamment
15:50le dirigeant du Parlement
15:52qui s'appelle Nabi Béring, qui fait partie de
15:54la force chiite Amal, qui est proche
15:56du Hezbollah, donc il y avait un canal aussi de transmission
15:58comme ça, et le
16:00Premier ministre aussi a négocié. Et donc
16:02l'État libanais, en fait, s'est porté garant
16:04du fait que le Hezbollah
16:06n'allait pas reprendre les hostilités.
16:08Après, c'est aussi une des vraies
16:10questions qui se posent.
16:12En 2006,
16:14il y a eu cette volonté-là,
16:16et on voit que ça n'a pas fonctionné, puisque le Hezbollah
16:18a continué à se développer, à se réarmer, etc.,
16:20et puis ça nous a amené à la situation qu'on connaît aujourd'hui.
16:22C'est une vraie interrogation, oui.
16:24Parce qu'il y a aussi une interrogation du fait de la puissance, entre guillemets,
16:26de l'armée libanaise,
16:28et quelle place il peut avoir
16:30par rapport au Hezbollah, c'est ça ?
16:32Oui, tout à fait. Alors il faut aussi rappeler
16:34que le Hezbollah est quand même affaibli.
16:36Les Israéliens
16:38ont tué son chef,
16:40Saad Nasrallah, d'autres grandes têtes
16:42du mouvement.
16:44Vous avez énormément aussi de gens,
16:46des combattants, mais aussi des gens de la branche
16:48plus administrative, si je puis dire,
16:50parce que c'est à la fois un mouvement combattant,
16:52mais c'est aussi un mouvement qui gère
16:54la vie des gens, si je puis dire,
16:56qui s'est aussi implanté, là où il y a eu
16:58un vide qui a été laissé de la part
17:00de l'État libanais, c'est aussi le parti mini,
17:02ça a aussi réussi à se glisser
17:04dans des interstices, et puis à grossir,
17:06et à finalement gérer la vie des gens.
17:08Le mouvement est affaibli,
17:10différentes composantes du mouvement sont affaiblies.
17:12Après, effectivement, c'est une très bonne remarque,
17:14le déploiement de l'armée libanaise
17:16va être quelque chose de très important.
17:18On parle de 10 à 15 000 hommes
17:20qui pourraient être déployés au sud.
17:22C'est une armée qui est professionnelle,
17:24mais qui, je pense ne pas vous dire de bêtises,
17:26n'a jamais combattu.
17:28Donc du coup, elle va aussi...
17:30C'est aussi pour ça qu'il y a un comité international de surveillance
17:32qui sera notamment épaulé
17:34par la France et les Etats-Unis,
17:36pour faire en sorte
17:38d'épauler aussi l'armée libanaise
17:40dans ce cessez-le-feu.
17:42Je voulais que tu nous réexpliques un petit peu
17:44concrètement, aujourd'hui,
17:46au Liban, le gouvernement
17:48est assez faible, entre guillemets,
17:50puisque il me semble que c'est un gouvernement
17:52provisoire. Pourquoi, comment
17:54est-ce qu'on en est arrivé là, et c'est quoi les rapports
17:56avec, aujourd'hui, le Hezbollah ?
17:58Alors, effectivement,
18:00le gouvernement est faible, et on peut dire
18:02d'une certaine manière que l'Etat est faible,
18:04puisqu'il n'y a pas de président.
18:08C'est un gouvernement, vous savez,
18:10qui est composé de...
18:12Différentes
18:14factions ethniques
18:16et religieuses sont représentées.
18:18Finalement,
18:20le gouvernement est affaibli, mais
18:22fonctionne comme ça depuis des mois.
18:24Je reprends ce que j'ai dit
18:26tout à l'heure, c'est aussi pour ça
18:28que les parrains, entre guillemets,
18:30de l'accord, que sont la France et les Etats-Unis,
18:32sont importants pour faire
18:34en sorte que le cessez-le-feu soit
18:36mis en place. Et il y a
18:38une autre brique qui s'ajoute à tout ça.
18:40Dès ce matin, en fait,
18:42les Libanais, je crois qu'il me semble que
18:44c'est le Premier ministre, a appelé
18:46le Liban
18:48à se saisir de cette opportunité pour enfin
18:50se trouver un président et faire en sorte que l'Etat
18:52libanais soit renforcé. Et ça, c'est effectivement
18:54extrêmement important. Si le
18:56Hezbollah, donc, je disais, a pris une place laissée-vacante,
18:58si on ne veut pas qu'il se reconstruise dans cette place laissée-vacante,
19:00il faut effectivement qu'il y ait un Etat libanais
19:02qui soit plus fort. Il me semble que Jean-Yves Le Drian,
19:04qui est l'émissaire, donc, de
19:06l'Élysée, l'émissaire français
19:08au Liban, qui a beaucoup
19:10travaillé sur ce sujet de trouver un président pour le Liban,
19:12il me semble qu'il devait se rendre dès aujourd'hui à Beyrouth,
19:14notamment pour plancher sur ce dossier.
19:16Est-ce que tu peux nous faire
19:18un bref rappel de ce qu'on peut trouver
19:20comme analyse dans l'Ibé, là, aujourd'hui,
19:22sur le site, demain, dans le
19:24journal, pour comprendre cette situation ?
19:26Tout à fait. Alors, nous, on a publié
19:28hier soir ce qu'on appelle, dans notre jargon,
19:30un breaking, au moment de l'annonce du
19:32cessez-le-feu, pour expliquer ce que c'était
19:34ce cessez-le-feu,
19:36comment c'était un petit peu passé cette dernière journée
19:38de négociation. On a
19:40vu, dès hier soir,
19:42deux reportages de nos correspondants, un au Liban,
19:44un en Israël. Ce matin, on a mis en ligne
19:46une grande analyse
19:48sur ce
19:50qu'est cet accord, de quoi il est composé,
19:52comment est-ce qu'il a été négocié, donc, ce dont
19:54on a parlé, là, mais on rajoute encore pas mal
19:56de détails et pas mal d'analyses. Et puis,
19:58vous retrouverez, en fin
20:00de journée, en ligne, un nouveau reportage
20:02de nos correspondants au Liban et en Israël,
20:04où chacun rejoint... L'un est
20:06descendu vers le sud du Liban, et l'autre est monté
20:08au nord d'Israël, qui vont nous raconter comment les gens essayent
20:10de rentrer chez eux, des deux côtés, avec
20:12les difficultés et toutes les questions que ça se pose, et toutes les
20:14précautions. Et on aura
20:16également un papier
20:18à venir sur Gaza, puisque, effectivement,
20:20c'est une des grosses questions qui se posent, et maintenant,
20:22Gaza. Je vois qu'on a une question, juste, dans
20:24le chat de Ken Loche.
20:26Est-ce que ce n'est pas la corruption
20:28qui a discrédité les politiciens
20:30au Liban, avant la mauvaise
20:32organisation ? Et si oui, comment espérer
20:34que cela se règle en urgence ?
20:36Alors, oui.
20:38C'est une très bonne remarque. La corruption
20:40est aussi, effectivement,
20:42responsable de tout ça. Se régler
20:44en urgence, ce ne sera pas possible.
20:46Ça va être un travail de très longue haleine,
20:48et c'est, effectivement, une des grandes questions qui va se poser,
20:50oui, sur la reconstruction de l'État libanais,
20:52et comment faire en sorte que le Hezbollah
20:54prenne aussi
20:56moins de place, bien sûr.
20:58Donc, comme je le disais, on est revenus
21:00sur les conséquences
21:02de ce conflit, de cet accord, sur
21:04la population libanaise, la population
21:06gazaouie palestinienne, sur les Israéliens.
21:08Maintenant, Camille,
21:10qu'est-ce qui va se passer, dans les prochains jours ?
21:12On va surveiller,
21:14en tout cas. Je ne sais pas ce qui va se passer,
21:16mais nous, je peux vous dire qu'au journal,
21:18on va surveiller avec attention,
21:20voir si le cessez-le-feu est respecté, en fait.
21:22Ce matin, il y a eu des premiers tirs de sommation
21:24de l'armée israélienne, parce que,
21:26à destination de gens qui essaieraient de revenir
21:28à la frontière, je vous expliquais que les Israéliens
21:30ont très peur que le Hezbollah se réimplante.
21:32Donc voilà, on va suivre ça, en fait. Est-ce que c'est un
21:34cessez-le-feu qui s'annonce comme pérenne,
21:36ou qui s'annonce comme fragile ? On va vraiment
21:38essayer de voir tous les signaux forts et les signaux faibles,
21:40en espérant, effectivement, que ça tienne, oui.
21:42Mais il y a déjà des troupes qui ont
21:44quitté le pays ?
21:46Des troupes israéliennes ? Non, les Israéliens...
21:48Alors, les bombardements, normalement,
21:50il n'y a plus de bombardements.
21:52Les Israéliens sont encore au sol, dans le sud du Liban,
21:54et on dit qu'ils ne se retireraient que quand ils seront sûrs
21:56que le Hezbollah sera retiré et que, du coup,
21:58l'armée libanaise et la Finule
22:00se seront déployées.
22:02Donc les Israéliens ne vont pas se retirer tout de suite
22:04du pays. Normalement, un cessez-le-feu
22:06est un cessez-le-feu, et il n'y a plus de tirs,
22:08il n'y a plus de bombardements, il n'y a plus rien.
22:10Merci beaucoup, Camille,
22:12pour toutes tes éclairages. Merci à vous.
22:16Sous-titrage Société Radio-Canada