Tout pour empêcher l'escalade au Liban: la France a révélé, ce mercredi 25 septembre à l'ONU, travailler avec les États-Unis en vue d'un cessez-le-feu temporaire de 21 jours entre Israël et le Hezbollah, afin d'éviter une situation hors de contrôle.
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00:00Guillaume Ancel, est-ce que les pressions internationales de l'ONU peuvent faire reculer Israël ?
00:06Parce qu'on a un peu le sentiment qu'il est très difficile de tordre le bras aux Israéliens.
00:10Je ne dirais pas Israël, je dirais Benyamin Netanyahou.
00:13Parce qu'en fait, c'est lui qui est totalement autiste aux pressions extérieures,
00:17sachant que le seul acteur qui peut réellement infléchir sa position, ce sont les États-Unis.
00:22Or, les États-Unis sont en pleine élection présidentielle.
00:25Et Joe Biden se sent sans doute piégé de se dire,
00:28si je prends une décision qui exerce la moindre pression sur Israël,
00:32Donald Trump me tombera dessus comme la peste sur le peuple.
00:36Et par conséquent, je suis foutu. C'est un véritable piège pour lui.
00:39Sachant que la guerre que mène Netanyahou actuellement au Liban,
00:43il le fait uniquement avec des munitions américaines qui sont livrées jour après jour.
00:47Israël n'a pas de stock de munitions.
00:49Or, les Américains étaient persuadés que comme Gaza a fini d'être dévastée,
00:53on pourrait enfin signer un accord de cessez-le-feu.
00:56S'il y avait eu cet accord de cessez-le-feu,
00:58je rappelle que le Hezbollah avait annoncé qu'ils arrêteraient de bombarder le nord d'Israël.
01:03Donc tout le monde espérait qu'on allait enfin sortir de la guerre.
01:06On se demande si Netanyahou n'est pas ivre de la guerre.
01:10On a retrouvé Igor Saheri. Cette intervention terrestre possible, ça inquiète les Libanais ?
01:18Bien sûr qu'elle les inquiète.
01:21D'abord parce que la plupart des chaînes de télévision libanaises sont en édition spéciale depuis lundi.
01:26On ne parle donc que de cette intervention israélienne depuis maintenant trois jours,
01:31que les bombardements continuent, que l'afflux massif de réfugiés à Beyrouth se poursuit
01:37et que donc il y a un climat de guerre clairement aujourd'hui à Beyrouth
01:41et quels que soient les quartiers et notamment le nôtre
01:43où les réfugiés tentent de trouver un logement massivement.
01:46Et si ça rappelle des souvenirs, à propos de toutes les générations,
01:49nous ont parlé de 2006, nous ont parlé de 1982, de ces tentatives d'invasion d'Israël
01:54et ça a traumatisé littéralement la population, sans parler de ce pays qui est exsangue depuis 2019
02:00avec une crise économique très importante.
02:02Tous ces traumatismes ressurgissent aujourd'hui
02:04et donc l'invasion terrestre serait finalement le climax de cette nouvelle catastrophe qui attend les Libanais.
02:09Alors justement il faisait allusion à 2006 à Igor Saheri.
02:122006, ça s'était mal passé pour les Israéliens.
02:14Mais ils avaient dû reculer finalement.
02:16Ils avaient perdu 250 hommes, ce qui paraît ridicule
02:19quand on donne les bilans des morts civiles en ce moment au Liban.
02:22Mais ils avaient fini par reculer.
02:24Mais surtout, on est sur une situation gelée, en tout cas de 2006-2008 jusqu'au 7 octobre dernier.
02:31Et donc oui, les Israéliens, ils le savent.
02:33Pour l'instant, il faut reparler de politique israélienne.
02:36Netanyahou, il a repris le lead.
02:38Il avait une impopularité folle avec son espèce de désinvolture vis-à-vis du sort des otages.
02:44Le fait de remettre dans la balance le sort cette fois de 60 000 à 100 000 Israéliens
02:51qui pourraient remonter et revenir chez eux,
02:53là il ramène tout le monde avec lui.
02:55Donc il y a une dimension de politique.
02:56Il y a une dimension de politique.
02:57Le fait d'envoyer non seulement des soldats mais aussi des réservistes
03:00sur le sol d'un Liban que le Hezbollah connaît par cœur,
03:04c'est beaucoup plus dangereux politiquement aussi pour Netanyahou.
03:07Pour l'instant, il a la main.
03:09Il a retrouvé les Israéliens et il pourrait les perdre, en tout cas politiquement,
03:13s'il commençait à mettre « boots on the ground »,
03:15c'est-à-dire des pattes au gaz de soldats sur le sol libanais.
03:19On va en parler dans un instant, d'éventuels bruits de bottes,
03:21mais d'abord une question d'un téléspectateur, Antoine.
03:25Oui, on a une question de Anthony de Metz qui nous demande
03:28« Si Israël rentre sur le sol libanais, est-ce que l'ONU et les casques bleus rentreront en action ? »
03:34Alors, Guillaume.
03:36La force des Nations unies...
03:38D'abord, ce qu'il faut rappeler, c'est qu'il y a des soldats des Nations unies.
03:41Il y a des casques bleus actuellement au Liban.
03:43Ce n'est pas le chiffre exact, mais normalement, ils sont plusieurs milliers.
03:45Plusieurs milliers, dont 700 Français.
03:47C'est la force intérimaire des Nations unies au Liban.
03:51Et pour vous donner une idée simple, mes camarades l'appellent
03:55la force inutile des Nations unies au Liban.
03:57Finule force inutile.
03:59Force inutile, aucune capacité d'action.
04:01Donc, il est hors de question que cette force intervienne.
04:03Elle n'est pas mandatée pour le faire et surtout, elle n'est pas équipée pour le faire.
04:07Elle est là pour quoi alors ?
04:08Parce qu'en fait, elle est là pour observer la situation.
04:11Elle observe beaucoup, elle n'agit pas.
04:13Elle a l'ordre de ne pas agir.
04:15C'est un peu la définition de l'ONU.
04:17Ça dépend, parce qu'il peut y avoir des interventions qui sont un peu plus efficaces.
04:21Mais celle-ci a pris délibérément l'orientation de ne pas agir.
04:25Et par conséquent, les Libanais s'en moquent autant que les Israéliens et l'U.S.B.O.L.A.
04:29Pour eux, c'est une non-force.
04:31Ce sont des observateurs inutiles.
04:33À la rigueur, je pense qu'ils préfèrent les journalistes parce qu'ils disent au moins, eux, ils rapportent quelque chose.
04:37Mais l'armée israélienne dit hier, on se prépare à une possible entrée au Liban.
04:41Voilà, les termes.
04:43Tout est dans le possible.
04:44Il y a des signes tangibles de l'imminence d'une invasion terrestre ce matin ?
04:49Alors moi, j'écoute beaucoup quand même les renseignements américains
04:52qui ont vocation, et c'est du renseignement aussi, de faire fuiter tout ça.
04:56La plupart des officiels américains, sous le saut de l'anonymité évidemment,
04:59l'anonymat, pardon, disent que ce n'est pas du tout imminent.
05:02Disons que c'est beaucoup plus facile de négocier avec 30 000 hommes à la frontière
05:06qu'avec les 30 000 hommes dans leurs casernes.
05:09Le fait d'arriver, oui, c'est possible.
05:10Et si l'U.S.B.O.L.A. ne revient pas à quelque chose de plus raisonnable,
05:14c'est-à-dire arrêter de bombarder le Nord,
05:16pour le coup, l'objectif, il est très clair,
05:18il a été dit par Netanyahou, il a été dit par l'état-major israélien,
05:20c'est le retour des Israéliens du Nord dans le Nord d'Israël.
05:24Ce n'est pas la destruction totale de l'U.S.B.O.L.A. en tout cas officiellement.
05:27Ils sont nombreux à l'avoir quitté depuis que l'U.S.B.O.L.A. bombarde la zone ?
05:29Quasiment 100 000.
05:31Et ça fait un an qu'ils sont partis.
05:33C'est vrai que c'est toujours délicat.
05:35Vous avez les équipes de BFMTV qui sont à Beyrouth
05:38et qui montrent des destructions absolument terribles et surtout des morts.
05:42Et puis de l'autre côté, vous avez les équipes de BFMTV
05:44qui montrent aussi ce qui se passe dans le Nord avec des bâtiments détruits
05:47mais des bâtiments vides.
05:48Mais il faut quand même penser à ces populations qui sont réfugiées à Tel Aviv,
05:52voire chez les amis de la famille depuis plus d'un an
05:56et qui veulent tout simplement rentrer chez elles, ces familles.
05:59Mais que reste-t-il ce matin du U.S.B.O.L.A.?
06:01En fait, l'U.S.B.O.L.A. est une véritable armée.
06:04Contrairement au Hamas qui a toujours été un ramassis chaotique de miliciens.
06:07Donc ce sera plus compliqué contre l'U.S.B.O.L.A. que contre le Hamas ?
06:09Ce sera surtout complètement différent.
06:11Parce que là, on ne se bat pas contre une armée d'ombre.
06:13Là, c'est une armée qui est estimée en réalité à 50 000 hommes
06:16qui ont été très bien armés par l'Iran, qui ont été bien préparés
06:19et qui sont contrôlés par l'Iran.
06:21Or l'Iran a pris la décision de ne pas lancer d'attaque terrestre contre Israël.
06:27C'est pour ça qu'on ne comprend pas l'attitude de Netanyahou
06:30puisqu'il ne peut pas dire qu'il était menacé par l'U.S.B.O.L.A.
06:33L'U.S.B.O.L.A. avait affiché le fait que s'il y avait un accord
06:36de cesser le feu sur Gaza, il arrêtait cette guerre
06:39parce qu'il n'est pas autorisé par l'Iran à lancer une opération terrestre
06:43contre Israël.
06:44Mais Israël est bombardé depuis le 8 octobre au quotidien
06:48et riposte au quotidien.
06:49Vous faites le calcul, ça fait plus de 300 frappes multipliées par 10
06:54depuis pratiquement un an.
06:55Ils n'ont jamais réussi à neutraliser l'U.S.B.O.L.A.
06:57Pourquoi ?
06:58Parce que l'U.S.B.O.L.A. a dispersé ses équipes sur pratiquement
07:02l'intégralité du Liban, qui certes est un petit pays
07:05mais beaucoup plus vaste que la bande de Gaza.
07:07Après, c'est peut-être la chance pour un cesser le feu.
07:10Il faut vraiment le dire, le Hamas et notamment Yaya Sinwar
07:13sont en mission suicide depuis un an.
07:15C'est-à-dire qu'ils n'ont rien à perdre si Yaya Sinwar meurt.
07:18C'est un martyr pour le Hamas.
07:20Eux, ils veulent mourir et faire mourir le plus de personnes possibles
07:24notamment en Israël.
07:25Et tout est dans la différence entre le chaos de Gaza et du Hamas
07:28et le contrôle du U.S.B.O.L.A. et de l'Iran.
07:31Ce sont, pardon, c'est extrêmement cynique de dire,
07:33mais ce sont des gens sérieux, sérieux dans leurs attaques
07:36contre Israël mais sérieux aussi dans les négociations à avoir.
07:39Et c'est pour ça qu'il y a sans doute plus de chance.
07:41Pourquoi ?
07:42Notamment parce que les Français, qui ont vraiment beaucoup plus
07:44la main sur ce qui se passe au Liban que ce qui se passe
07:46dans la bande de Gaza, parlent par les voix détournées au U.S.B.O.L.A.
07:50Les Américains font pareil.
07:52Et donc, on peut parvenir à quelque chose.
07:54Ce qui est très important aussi, c'est le soutien de la population
07:57libanaise au U.S.B.O.L.A.
07:58Est-ce qu'il est possible de le mesurer, Igor ?
08:04Absolument.
08:05En tout cas, dans une bonne partie de la capitale libanaise,
08:07on se rend bien compte, avec Hortense Gérard,
08:09de l'influence et du pouvoir du U.S.B.O.L.A. sur la population.
08:13Par exemple, toutes les écoles, ou presque aujourd'hui, à Beyrouth,
08:16sont contrôlées par l'U.S.B.O.L.A.
08:19Et ce sont ces membres qui accueillent les réfugiés du sud du Liban,
08:24ou en tout cas tous ceux qui veulent se réinstaller à Beyrouth.
08:27Et quand on discute avec les gens, on se rend bien compte
08:29qu'il y a un vrai soutien, parce que l'U.S.B.O.L.A.
08:32a remplacé quelque part un petit peu l'État libanais,
08:35que c'est l'U.S.B.O.L.A. qui aide la population aujourd'hui,
08:38ou en tout cas une partie d'entre elles,
08:40et que quel que soit le choix du U.S.B.O.L.A.
08:42dans cette nouvelle guerre avec Israël,
08:44une bonne partie de la population le soutiendra,
08:47parce que c'est le Liban, parce que les gens sont chez eux,
08:49et qu'ils considèrent cette invasion potentielle d'Israël
08:52comme quelque chose d'impossible, ou en tout cas d'injuste
08:56pour la population libanaise.
08:58– Guillaume ?
08:59– Attention, pour pouvoir lancer une opération terrestre,
09:01il faut des semaines de bombardement.
09:03Normalement, après, Israël pourrait tenter un autre coup,
09:05mais on se souvient que pour Gaza, ça avait duré des mois,
09:07avant le début d'une invasion strictement terrestre,
09:09et donc on a un délai de toute façon technique
09:12qui n'est pas possible de laisser de côté.