Loi de programmation militaire : le budget des armées françaises en hausse jusqu'en 2030

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Chaque jour, Romain Desarbres et ses invités font un point complet sur l'actualité.
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00:00 - Europe 1 Midi, Romain Desarbres.
00:03 - Il est midi 20, merci d'être avec nous sur Europe 1 dans Europe 1 Midi.
00:06 La loi de programmation militaire a donc été présentée ce matin au Conseil des ministres.
00:11 William Molligny est avec nous. Bonjour William.
00:13 - Bonjour Romain.
00:14 - Spécialiste des questions de défense à la rédaction d'Europe 1.
00:17 Les sommes en jeu sont très importantes et les enjeux eux-mêmes sont très importants.
00:23 C'est pour ça que je voulais qu'on s'arrête sur ce qui a été annoncé ce matin.
00:27 On était il y a quelques instants, mais que j'accèderai à l'éliser.
00:29 William, plus de 400 milliards d'euros à dépenser d'ici 2030.
00:34 C'est le fruit, expliquez-nous, d'un bras de fer entre Matignon et Bercy d'un côté
00:39 et le ministère des armées, Sébastien Lecornu de l'autre.
00:42 - Oui, c'est 413 milliards d'euros sur la période 2024-2030.
00:49 Effectivement, les militaires ont gagné en tout cas les derniers arbitrages
00:54 parce que Matignon, pendant des mois, a voulu, évidemment, réduire l'enveloppe,
01:02 passer en deçà des 400 milliards d'euros.
01:06 Les militaires disaient qu'avec moins de 400 milliards d'euros,
01:09 ils ne pourraient pas faire et finalement, ils ont obtenu 413 milliards d'euros,
01:14 avec surtout aussi un intense bras de fer sur ce qu'on appelle les marges budgétaires,
01:18 c'est-à-dire les augmentations chaque année du budget des armées.
01:24 Là, on est sur quelque chose d'assez lissé, c'est-à-dire 3 milliards d'euros de plus
01:28 chaque année jusqu'en 2024, puis 4 milliards d'euros jusqu'en 2030.
01:36 Or, Bercy et Matignon souhaitaient, en fait, ventiler avec des petites marches
01:43 en début de période et passer à des marches supérieures,
01:47 c'est-à-dire au-delà des 6 ou 7 milliards d'euros,
01:49 mais après 2027, évidemment, 2027, élection présidentielle,
01:54 ils n'étaient plus au la net.
01:55 - En laissant un petit cadeau pour les suivants.
01:56 - Voilà, exactement.
01:59 - C'est un budget historique.
02:00 - Budget historique parce que c'est une augmentation d'un tiers
02:05 par rapport à la dernière loi de programmation militaire.
02:08 Entre 2017 et 2030, le budget des armées aura doublé.
02:14 Augmentation, donc oui, historique,
02:19 mais qui est évidemment justifié par des menaces
02:24 qui sont changeantes et qui sont de plus en plus importantes.
02:29 - Budget historique pour situation, j'allais dire exceptionnelle,
02:33 mais en tout cas, effectivement, les enjeux mondiaux,
02:36 on le voit, le monde entier est en train de se réarmer.
02:39 - Oui, avec...
02:40 - Il n'y a pas que la France.
02:41 - Il n'y a pas que la France, effectivement, regardez juste,
02:44 pour faire une comparaison, les Américains,
02:47 en 2023, leur budget sera de 853 milliards d'euros
02:51 pour l'année 2023.
02:53 Nous, on est à la moitié sur 7 ans
02:57 et à 50 milliards, un peu moins de 50 milliards sur l'année 2023.
03:01 Donc, certes, ce n'est pas équivalent.
03:04 On n'est pas les Américains, on n'est pas les Russes,
03:05 on n'est pas les Chinois,
03:07 mais il y a une compétition effectivement géopolitique
03:09 qui est changeante.
03:11 En fait, tout l'objectif pour cette loi de programmation militaire,
03:16 c'est de passer, c'est ce qu'expliquait le président de la République,
03:20 passer d'une logique de réparation à une logique de reconstruction
03:23 avec deux défis, à la fois garder ce modèle d'armée expéditionnaire
03:29 au coup par coup, capable d'aller aider, intervenir sur des théâtres
03:34 face à des ennemis asymétriques,
03:41 type lutte antiterroriste dans le Sahel,
03:44 mais aussi se préparer à un combat de haute intensité
03:49 face à une armée conventionnelle,
03:51 donc face à une armée lourde avec une capacité d'engagement dans la profondeur.
03:57 - Georges nous appelle au 3921. Bonjour Georges !
04:01 - Bonjour, est-ce que vous m'entendez ?
04:03 - Bonjour, on vous entend très bien.
04:05 Voilà, vous écoutiez l'émission visiblement et hop, on saute sur le combiné.
04:09 Georges, 30 ans, doctorant en chimie.
04:12 Merci de nous appeler.
04:14 Vous êtes où ? Vous nous appelez d'où ?
04:17 - Alors moi je vous appelle depuis Israël.
04:19 - Depuis Israël, très bien.
04:20 Bon, alors vous dites que c'est une bonne nouvelle.
04:23 Vous dites que l'armée, c'est la continuation logique de la diplomatie.
04:27 Bon, si on est faible militairement, on n'a aucun moyen de pression.
04:32 En clair, quand on est autour de la table,
04:34 et que s'il y en a un qui a un pistolet à la ceinture,
04:37 on écoute un peu plus celui-là.
04:41 - C'est ce que je comprends, et puis ce n'est pas ce que je comprends seulement.
04:44 C'est l'enseignement qu'on tire de toute l'histoire qui nous précède.
04:48 C'est-à-dire que si on n'a pas les moyens de s'imposer,
04:51 de justement montrer le gros pistolet, comme vous dites,
04:53 on ne sera pas écouté.
04:55 Et je pense que là, on l'a bien compris avec notamment ce qui s'est passé en Ukraine,
04:59 à rebours d'ailleurs des décisions qui ont pu être prises dans le quinquennat précédent,
05:03 mais pas uniquement, depuis de nombreuses décennies maintenant,
05:06 qui ont consisté systématiquement à rogner dans le budget de l'armée
05:09 en se disant que l'histoire était terminée, vous connaissez Fukuyama,
05:12 que dorénavant il n'y aurait plus de conflits,
05:14 et puis là on est un petit peu ramené à la réalité.
05:17 Donc c'est un peu comme ça que je vois la chose.
05:21 Maintenant la question qui se pose,
05:23 c'est de savoir à quoi exactement cet argent va servir.
05:26 J'ai cru comprendre qu'il y allait y avoir un nouveau porte-avions.
05:29 - Je vois que vous êtes bien informé.
05:31 Non, je rigole, mais...
05:34 Le ministre l'a annoncé ce week-end.
05:36 - Ben oui, bien sûr.
05:38 - C'est ça, et puis comme le disait Kissinger,
05:41 le secrétaire d'Etat américain,
05:44 un porte-avions c'est 100 000 tonnes de diplomatie flottante.
05:47 - Voilà.
05:47 - Donc voyez bien que là il n'y a clairement pas d'équivoque sur la question.
05:53 Je regrette seulement, comme je vous dis,
05:55 qu'on ne soit forcé à prendre ce type de décision
05:59 qu'en réaction et non pas en anticipation.
06:00 - Oui, oui.
06:01 - Voilà, mais évidemment que c'est une bonne nouvelle.
06:03 William Mollinier, à quoi vont servir ces 413 milliards d'euros
06:08 dépensés entre 2024 et 2030 ?
06:11 Georges, il faisait allusion, il va y avoir le porte-avions nucléaire,
06:14 effectivement 100 000 tonnes de diplomatie.
06:16 Quand on a des avions de chasse, on est autour de la table,
06:20 on vous écoute un petit peu plus.
06:21 Donc il y a ce porte-avions dont on a beaucoup parlé, il y a quoi d'autre ?
06:24 - Il y a... Alors, une des grandes faiblesses
06:27 qui avait été d'ailleurs pointée du doigt,
06:29 y compris par le ministère des Armées,
06:32 c'était l'artillerie, problème d'artillerie,
06:35 de capacité d'artillerie en France.
06:39 Donc il va y avoir une nouvelle génération de canons César,
06:43 vous savez, on en a déjà fourni 30 à l'Ukraine.
06:46 En 2025, l'objectif, c'est d'arriver à 109 unités
06:50 en propre pour l'armée française.
06:54 La défense antiaérienne aussi,
06:56 on a actuellement 8 batteries Mamba,
07:01 dont 2 qui ont été déployées en Roumanie.
07:06 L'objectif, c'est de monter aussi en puissance là-dessus.
07:08 Les feux longues portées... - C'est de la défense sol-air, hein ?
07:10 - Absolument. - C'est le Führer, oui.
07:12 - La lutte anti-mine, notamment méditerranée,
07:15 les drones, on l'a vu dans le contexte ukrainien,
07:20 qui sont devenus vraiment une arme redoutable et stratégique.
07:27 3000 drones tactiques à horizon 2025 pour l'armée de terre,
07:31 et puis effectivement, dans les airs, le passage au tour Rafale,
07:36 alors là, ça va prendre un peu plus de temps,
07:38 mais l'objectif, c'est évidemment de passer au tour Rafale,
07:42 et le PANG, le porte-avions de nouvelle génération,
07:45 5 milliards d'euros avec une mise à l'eau en 2036-2037,
07:51 et un tuilage avec le Charles de Gaulle en 2038-2039
07:57 pour avoir un nouveau porte-avions à propulsion nucléaire opérationnel en 2040.
08:04 - William Mollinier, merci beaucoup William.
08:07 Le PANG, j'avoue que j'ai appris en préparant cet entretien,
08:11 c'est son petit nom, mais ce ne sera pas son nom définitif.
08:14 Les armées et l'Elysée réfléchissent à un nouveau nom.

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