Gavin's Clemente Ruiz nous raconte la cité utopique d'Auroville en Inde.
Retrouvez "Mes aïeux quelle époque !" sur : http://www.europe1.fr/emissions/mes-aieux-quelle-epoque
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00:00 - Europe 1, historiquement votre, avec Stéphane Bern.
00:04 - Mais aïe, quelle époque, mais aïe, quelle époque !
00:07 - Oui, mais aïe, quelle époque !
00:08 Une époque et même plusieurs qu'on vous raconte chaque jour pendant deux heures.
00:11 Toujours avec Jean-Luc Lemoyne, David Cassel-Lopez qu'on retrouve dans un instant.
00:15 Et aujourd'hui avec vous, Gavin Screment et Ruiz, notre globe-trotteur de l'histoire.
00:19 Ça s'est passé dans le passé, on remonte en 1968
00:23 pour découvrir une cité utopique, utopiste même,
00:26 qui a vu le jour cette année-là en Inde du Sud, pas très loin de notre comptoir de Pondichéry,
00:32 la cité d'Auroville qui continue d'accueillir des habitants encore de nos jours.
00:37 - Encore et encore, oui Stéphane.
00:39 A l'origine c'est plus qu'une ville, Auroville, c'est davantage une expérience unique
00:43 de vie en communauté pour vivre différemment, ça c'est le projet.
00:47 Et quand on arrive sur place, on se demande bien ce qu'on va vraiment y faire,
00:50 aujourd'hui encore, à Paris.
00:52 Au milieu vous avez une grosse boule dorée au centre de la communauté
00:55 et le lieu de méditation entouré de verdure, il n'y a pas grand chose d'autre.
00:58 Et le pari est gagné quelque part, parce que Auroville, ça se vit avant de se visiter.
01:03 - Et qui a créé alors Auroville ?
01:07 - Et bien c'est Mira Alphassa, ou de son nom d'épouse Mira Richard,
01:10 elle était aussi surnommée la mère, M-E-R-E,
01:13 pour son parcours auprès du philosophe indien Sri Aurobindo.
01:16 Et son souhait en fait, c'était de créer une cité universelle, disait-elle,
01:21 où hommes et femmes de tout pays devaient pouvoir vivre en paix.
01:24 Tout cela en harmonie, au-dessus de toute croyance, toute politique et toute nationalité.
01:29 On est en Inde, dans les années 68,
01:32 les habitants d'Auroville étaient selon elle des réfugiés spirituels.
01:36 Auroville n'appartient à personne mais à l'humanité.
01:39 Chaque Aurovillien, c'est comme ça qu'on les nomme,
01:41 se devait d'être serviteur de la conscience divine
01:44 et favoriser la recherche spirituelle humaine.
01:47 - Oui, enfin concrètement, sur le terrain, Auroville ça ressemble à quoi ?
01:50 - Eh bien, pour construire Auroville, on a fait appel à un architecte français, Roger Auger,
01:54 et le plan d'urmadisme représente la forme d'une galaxie tournante autour d'un point central.
02:00 Au centre se trouve le lieu de méditation dont je parlais tout à l'heure, la grosse boule dorée,
02:04 appelée plus poétiquement le matrimon-dire.
02:07 Sa forme sphérique veut évoquer la perfection,
02:10 et tout autour il y a quatre zones, la zone culturelle, la zone résidentielle, industrielle et internationale.
02:16 - Alors, sur le papier c'est beau, mais est-ce que ça a marché ?
02:19 - Alors, pas complètement Jean-Luc.
02:21 A l'origine, Auroville était prévue pour accueillir 50 000 personnes,
02:24 et aujourd'hui la ville compte moins de 3 000 habitants.
02:27 Plus de 50 nationalités quand même sont représentées sur place,
02:30 en grand parti des indiens, la moitié,
02:33 mais aussi 400 français environ, et chaque communauté a un sens.
02:36 Alors il y a la communauté du courage, la communauté de la gratitude, de l'existence, etc.
02:40 - Mais tout le monde peut venir vivre à Auroville ?
02:43 - Eh bien non en fait, il y a une période d'essai d'un an pour être accepté dans la communauté.
02:48 En revanche, on peut en partir quand on le souhaite,
02:50 et il y a un salaire minimum versé autour de 64 euros par mois,
02:53 et le reste revient à la communauté.
02:55 - Parce que les gens travaillent à Auroville, on ne fait pas que méditer ?
03:00 - Non, on ne fait pas que méditer, ce n'est pas une secte ou un regroupement d'illuminés,
03:04 on pourrait y croire au début quand même, mais non.
03:06 Chacun a sa tâche, sa mission pour la communauté,
03:08 on travaille dans les secteurs, dans différents secteurs de l'économie,
03:12 du reboisement, du défrichage, mais aussi de l'artisanat,
03:14 dans certains secteurs aussi à la pointe de l'innovation,
03:16 il y a notamment les énergies renouvelables,
03:18 il y a même des fermes bio sur place,
03:20 il y en a une qui produit de la spiruline,
03:22 c'est ce produit énergisant à base d'algues.
03:25 Idem, une société d'Auroville fabrique aussi des éoliennes pour l'approvisionnement en eau,
03:29 parmi les plus efficaces d'Inde.
03:31 Auroville, en quelque sorte, ce n'est pas qu'une utopie,
03:34 et ses activités le prouvent.
03:36 - Mais on peut créer une ville comme ça, sortie de nulle part ?
03:42 - En fait, il a fallu attendre 1991 pour qu'Auroville ait un statut juridique légal
03:48 digne de ce nom, avec un conseil d'administration,
03:50 avec notamment des membres du gouvernement indien et d'Auroville,
03:53 mais chaque communauté s'auto-gère,
03:55 et une partie des revenus de chacun est réintégrée aux besoins d'Auroville.
03:59 - Pardon d'insister, mais si on veut juste venir y dormir sans attendre un an pour être co-opté,
04:03 c'est possible ou pas ?
04:04 - Ah ça, oui, David, ça, pas de souci.
04:06 Il y a plusieurs types d'auberges sur place,
04:08 des "guest house" comme on les appelle,
04:10 pour vous accueillir,
04:12 vous pouvez rester un jour ou deux,
04:14 c'est l'occasion aussi de croiser peut-être quelques Français,
04:17 qui vous donneront leur vision des choses d'un point de vue local,
04:20 même si des doutes apparaissent de plus en plus ces dernières années dans la communauté
04:24 quant à l'avenir même d'Auroville,
04:26 mais finalement, le doute dans une société n'est-ce pas mieux que des certitudes ?
04:31 Je vous laisse méditer.
04:33 - Merci beaucoup, Gavin Scrementerouis, pour cette visite guidée d'Auroville,
04:37 une ville utopiste d'Inde du Sud, née en 1968,
04:41 et toujours présente encore aujourd'hui.
04:43 Mais aïeux, quelle époque !