Parlons Vrai chez Bourdin : Emission du 31 mars 2023

  • l’année dernière
Parlons Vrai chez Bourdin avec José Bové, ancien député européen, fondateur de la Confédération paysanne, René Révol, Maire de Grabels, vice-président de Montpellier Méditerranée Métropole, délégué à la "Gestion raisonnée, écologique et solidaire de l’eau et de l’assainissement", Sabrina Ali-Benali, urgentiste à domicile, Jean-Claude Mailly, Secrétaire général de Force Ouvrière de 2004 à 2018, Jean Garrigues, historien, auteur de “La tentation du sauveur” aux Editions Payot, Jacky Isabello, communicant, co-fondateur de l'agence CorioLink et Jean-Philippe Derosier, juriste français, spécialiste de droit constitutionnel.

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##PARLONS_VRAI_CHEZ_BOURDIN-2023-03-31##

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Transcript
00:00:00 Sud Radio Parlons Vrai chez Bourdin, 10h30 midi 30, Jean-Jacques Bourdin.
00:00:06 Bonjour, bonjour à toutes et à tous et merci d'être avec nous.
00:00:09 Deux heures d'émission Parlons Vrai chez Bourdin, 10h30 midi et demi, vous avez maintenant l'habitude.
00:00:15 Vous nous retrouvez, une émission où l'on entend des témoignages,
00:00:19 où l'on apporte des explications, des analyses sur la situation et vos interventions évidemment.
00:00:26 0826 300 300.
00:00:29 Dans un instant, j'aurai le plaisir de recevoir José Bové, grande figure de l'écologie.
00:00:35 Question à José Bové sur la réforme des retraites, est-ce qu'il va manifester, est-ce qu'il participe ?
00:00:40 Question sur les retenues d'eau, sur Emmanuel Macron lui-même, sur les violences.
00:00:45 Nous allons parler de tout cela avec José Bové, si vous avez des questions à lui poser.
00:00:49 0826 300 300 à 10h45, précision sur le prix de l'eau justement.
00:00:54 Emmanuel Macron demande une généralisation de la tarification progressive de l'eau.
00:00:59 Plus on consomme, plus l'eau est chère.
00:01:01 Certaines communes appliquent cette tarification progressive, des exemples donc tout à l'heure.
00:01:08 Et là encore, vous témoignez, 11h-12h, débat sur la personnalité et les choix d'Emmanuel Macron.
00:01:14 Le président de la République cristallise les colères.
00:01:17 Pourquoi ? Est-il vraiment méprisant ? Se soucient-il des difficultés des français ?
00:01:22 Nous poserons la question, nous réfléchirons tous ensemble avec nos invités.
00:01:26 Et là encore, j'attends vos témoignages.
00:01:28 0826 300 300 à 12h05, tout savoir sur le Conseil constitutionnel.
00:01:34 Sa composition, le temps d'examen de la réforme des retraites, pour expliquer et préciser, là encore.
00:01:42 Il est 10h32, dans quel monde vit-on comme tous les jours ?
00:01:46 Avec Félix Mathieu. Félix, bonjour.
00:01:48 Bonjour Jean-Jacques.
00:01:49 10,3% de la population vivant en France est immigrée, une estimation de l'INSEE.
00:01:56 Oui, 7 millions de personnes nées à l'étranger vivaient en France en 2021, soit 10,3% de la population.
00:02:03 C'était 6,5% en 1968, précise l'Institut statistique.
00:02:08 Plus d'un tiers, 36% de ces personnes, ont acquis la nationalité française depuis leur arrivée.
00:02:13 Les origines, elles, se diversifient.
00:02:15 Là où les immigrés étaient surtout originaires d'Europe du Sud,
00:02:18 il y a 50 ans, ils viennent désormais principalement du Maghreb, d'Afrique ou d'Asie.
00:02:22 Le nombre d'immigrés venant d'Espagne ou d'Italie a baissé en disant 531 000 personnes,
00:02:28 soit 12 000 de moins qu'en 2011.
00:02:31 Quand au contraire, les habitants issus de l'immigration maghrébine sont passés d'1,063 000 à 2 millions sur la même période.
00:02:37 Les femmes représentent désormais la moitié, 52% de cette population, contre 44% en 1968.
00:02:44 L'immigration se concentre dans les grandes agglomérations, imprécise l'INSEE.
00:02:48 20% de la population parisienne est immigrée, 32% en Seine-Saint-Denis.
00:02:52 Il est 10h33, merci d'être avec nous.
00:02:55 Nous avons la chance de recevoir José Bové, j'en suis très heureux.
00:02:59 José, bonjour.
00:03:00 - Bonjour.
00:03:01 - Comment ça va sur le Larzac ?
00:03:03 - Sur le Larzac, s'il y avait un peu plus de pluie, on a les nappes traitites très très basses.
00:03:09 À Nantes, la source qui alimente le secteur est vraiment très basse,
00:03:15 et donc c'est une vraie inquiétude, malheureusement, comme beaucoup d'endroits en France et d'autres dans le monde.
00:03:21 - Évidemment, préoccupation majeure, ce manque d'eau, cette pénurie d'eau, cette sécheresse évidemment, qui nous guettent tous.
00:03:28 José Bové, est-ce que... on va parler de la situation actuelle,
00:03:33 et je suis très heureux de vous recevoir sur Sud Radio ce matin.
00:03:36 José Bové, d'abord, est-ce que vous allez manifester lors des manifestations contre la réforme des retraites ?
00:03:43 - Alors, je suis tout à fait solidaire, malheureusement je n'ai pas pu y participer,
00:03:47 mais j'ai effectivement soutenu et je soutiens à ma manière aussi la mobilisation,
00:03:52 parce que je crois qu'on ne peut pas ne pas écouter 90% des salariés qui remettent en cause cet âge de 64 ans,
00:04:03 et en même temps, on s'aperçoit qu'il y a, de la part du gouvernement, un refus de discuter avec les organisations syndicales,
00:04:11 et ça, je pense que c'est très dangereux par rapport à la démocratie dans notre pays.
00:04:16 - Vous êtes inquiet, là, José ?
00:04:18 - Écoutez, je suis inquiet parce que je sens qu'il y a un isolement de plus en plus important du pouvoir dans notre pays,
00:04:25 et que cet isolement peut entraîner à la fois de la révolte qui est légitime,
00:04:33 et en même temps aussi des gens qui vont se dire "puisqu'on ne peut plus rien faire, allons aux extrêmes",
00:04:40 et ça, je pense qu'effectivement, M. Macron a une très large responsabilité dans cette situation.
00:04:46 - Bien, José Bové, certains, les plus jeunes, ne vous connaissent pas bien,
00:04:51 alors j'ai demandé à Félix Mathieu de dresser un petit portrait de vous.
00:04:58 Vous avez été l'un des dirigeants emblématiques de la Confédération Paysanne, je crois l'un des fondateurs, hein, José ?
00:05:05 - Tout à fait, tout à fait. En 1986-87, j'ai effectivement fait partie du premier secrétariat national de la Confédération Paysanne.
00:05:14 - Puis ancien député euro, député écologiste, vous vous êtes notamment illustré,
00:05:18 alors évidemment on connaît votre combat contre la malbouffe, Félix Mathieu.
00:05:23 - Oui, en août 1999, José Bové démonte un McDo en construction à Millau,
00:05:27 entouré de producteurs de Roquefort, il s'en prend à un symbole de la mondialisation.
00:05:31 - Le McDo est le symbole de ces multinationales qui veulent nous faire bouffer de la merde et qui veulent faire crever les paysans.
00:05:39 - L'une des grandes causes du dirigeant de la Confédération Paysanne fut la lutte contre les OGM,
00:05:44 les organismes génétiquement modifiés. Avec ses faucheurs volontaires, il prône la désobéissance civile en arrachant des plantations expérimentales.
00:05:51 - Ni dans les champs, ni dans les assiettes, les OGM n'en veulent pas !
00:05:57 - Cet arrachage de maïs le conduit même en prison, d'où il ressort triomphalement dans cette autre archive, INA d'août 2003.
00:06:04 - 14 heures pile. Un José Bové un peu amégré et très ému passe la porte de la maison d'arrivée.
00:06:12 - Depuis 6 semaines, certains sont venus manifester leur soutien tous les soirs. Les premiers mots du leader syndical sont donc pour eux.
00:06:19 - Les multicolores ont absolument égayé l'enceinte de la prison dans une cellule qui donnait face à un mur.
00:06:26 José Bové a clamé au grand rassemblement altermondialiste du LARZAC en 2003 la sortie de prison.
00:06:32 Il a aussi embrassé, parmi beaucoup de causes, la cause de la Palestine en allant au palais présidentiel de Yasser Arafat dans Ramallah,
00:06:39 qui a été piégé en 2002 pour une sorte de bouclier humain autour de l'autorité palestinienne.
00:06:44 José Bové, qui était joint par France 2 à l'époque, on l'entend mais très faiblement, je ne sais pas pourquoi,
00:06:56 en tout cas, il s'est lancé en politique aussi avec une candidature à la présidentielle de 2007.
00:07:02 - Si José, José, si José Bové, je dirais non, voilà, voilà, voilà, non.
00:07:08 Si José, José, si José Bové, je dirais non, José n'est pas mauvais, non.
00:07:14 Il a aussi siégé sur les bancs écologistes, donc après les élections européennes de 2009,
00:07:18 plus récemment, José Bové est revenu à ses premiers engagements en combattant, figurez-vous, un fromage industriel commercialisé par Société Fromage
00:07:26 qui, selon lui, ressemblait un peu trop au Roquefort d'origine protégée.
00:07:30 - Tous ces combats, José !
00:07:32 - Eh ben oui !
00:07:34 C'est des bons souvenirs, tout ça, ce sont des très bons souvenirs.
00:07:38 - Oui, j'ajouterai la lutte contre les gaz de schiste.
00:07:42 - Ça, je crois que ça a été un combat très important, parce que ça a uni à la fois toutes les populations des régions concernées,
00:07:51 à peu près tout le sud de la France, et notamment chez nous, sur le Larzac, mais dans la vallée de la Tourbille,
00:07:56 je crois que ça a été quelque chose d'extraordinaire, parce qu'on a réuni des dizaines de milliers de personnes dans la non-violence,
00:08:03 avec tous les élus de tous bords, et je crois que c'est ce qui a fait reculer le gouvernement.
00:08:07 - Alors ça, c'est très intéressant, vous avez raison, c'était un combat très intéressant,
00:08:12 les élus de tous bords, toute la population qui était contre ces gaz de schiste,
00:08:17 et justement, José Bové, j'ai Claudine, qui est à Niord, dans les Deux-Sèvres,
00:08:22 évidemment les Deux-Sèvres, on pense à Sainte-Soline, Claudine, qui a une question à vous poser. Claudine, bonjour.
00:08:29 - Oui, bonjour Jean-Louis Bourdin, bonjour M. Bové, moi j'ose plus me dire écolo,
00:08:37 parce que bon, j'ai jamais été revendiquée à ce point-là, mais quand même,
00:08:42 vous ne pensez pas quand même que la direction que prennent les écolo, par rapport à ce que vous vous défendiez,
00:08:50 devient un peu outrancière et déborde un peu sur des choses qui ne sont pas très correctes, quelque part ?
00:08:59 - Trop de violence, vous voulez dire, Claudine ?
00:09:01 - Oui, trop de violence, et puis des dérives sectaires qui sont, de mon point de vue, dangereuses.
00:09:09 - José Bové, c'est intéressant cette question.
00:09:12 - Écoutez, moi, c'est vrai que j'ai été élu pendant 10 ans, j'ai suivi au Parlement européen avec le groupe des Verts européens,
00:09:19 donc de tous les pays d'Europe, je n'ai personnellement jamais été adhérent du parti écologiste,
00:09:27 dans la mesure où je viens de la société civile et je suis rentré comme syndicaliste.
00:09:32 Néanmoins, après, je pense que ce qui est important, et qui est le fond du combat des écologistes,
00:09:38 qu'ils soient en association ou en parti politique, c'est bien la question aujourd'hui du climat,
00:09:43 de la biodiversité et du partage de ressources.
00:09:48 Donc sur ces questions-là, qui sont pour moi les questions fondamentales,
00:09:51 je ne suis pas en désaccord, évidemment, avec l'Ecologie Les Verts.
00:09:56 Après, chacun peut avoir, sur plein de sociétés, des désaccords, et moi le premier.
00:10:02 Mais ce qui me paraît fondamental aujourd'hui, c'est qu'il faut que tous ceux qui se battent
00:10:07 contre le réchauffement pour la biodiversité et le partage des ressources,
00:10:11 effectivement, mènent ce combat, et que ce soit ça le combat principal.
00:10:16 - Oui, est-ce que, par exemple, la violence exprimée à Seine-Saint-Denis,
00:10:21 est-ce que vous comprenez, vous soutenez cette... je ne sais pas, il y a des comportements extrêmes,
00:10:26 est-ce que ces comportements extrêmes desservent la cause écologiste ?
00:10:30 - Alors je dirais que, dans beaucoup de mouvements, aujourd'hui à travers le monde,
00:10:35 pour de la défense de l'écologie et des sujets que j'ai abordés avant,
00:10:40 très clairement, le mouvement, les mouvements au niveau international sont des mouvements non violents
00:10:47 qui, de plus en plus, mettent en œuvre des actions de désobéissance civile.
00:10:54 Je viens de lire ce matin, tout à fait incroyable, le rapport de Michel Forst,
00:10:59 qui est le rapport des Nations Unies pour la défense de l'écologie et des mouvements écologiques,
00:11:09 et il donne une très bonne définition de ce qu'est la désobéissance civile,
00:11:15 agir de manière publique, agir de manière non-violente, assumer ses actes,
00:11:22 et y compris assumer les actes et les risques de poursuites judiciaires, voire de prison éventuellement.
00:11:29 Alors je dirais que ça, c'est la majorité des mouvements.
00:11:32 Mais on a un problème aujourd'hui, c'est qu'on voit bien l'État qui impose une surenchère
00:11:39 dans la demande de force de l'ordre de manière disproportionnée,
00:11:46 et face à ça, l'État est légitimé, je dirais, par ceux qui prônent la réaction violente face à la violence de l'État.
00:11:56 Et là, on rentre dans une spirale interassemblable.
00:11:58 Je crois que ce qui est important, c'est que quand on définit une stratégie d'un mouvement,
00:12:03 contre les bassines, parce que je pense que c'est un combat juste,
00:12:06 eh bien, il faut affirmer que la seule ligne juste et acceptable, c'est la non-violence et la désobéissance civile,
00:12:14 et qu'il ne faut pas accepter cette idée que toutes les tactiques peuvent se mettre en place en même temps.
00:12:21 Si on est dans une stratégie d'action non-violente, on ne peut pas dire
00:12:25 "eh bien, on accepte aussi que d'autres aient des stratégies d'action violente sur les personnes
00:12:30 et de rapports de force qui amènent cette situation insupportable qu'on a vu à Seine-Solide,
00:12:36 où il y a eu à la fois de la violence de certains manifestants,
00:12:42 et de l'autre côté, une utilisation, on va dire, disproportionnée d'armes, grenades, etc.,
00:12:50 mais d'autres, certaines qui sont classées administrativement comme des armes de guerre.
00:12:55 Donc je crois que là-dessus, la violence des deux côtés s'auto-alimente,
00:13:02 et je dirais fait passer au second plan le combat fondamental pour le partage de l'eau.
00:13:07 Et là, je crois qu'il faut être très clair, quand on organise une mobilisation, il faut dire,
00:13:11 on refuse de participer à ce qu'il y ait plus.
00:13:15 Il faut dire qu'il y aura une participation, soi-disant dans des tactiques divergentes et opposées.
00:13:21 En même temps, ça je crois qu'il faut réaffirmer la force de la non-violence
00:13:25 et de la désobéissance civile dans les mobilisations.
00:13:28 Est-ce que, José Bové, vous dites par là que la violence de certains extrémistes,
00:13:32 activistes extrémistes, dessert la cause de l'environnement, de la défense de l'environnement ?
00:13:39 Je dirais que l'utilisation de cette force contre la force entre guillemets de l'État
00:13:48 sert, je dirais, plutôt le modèle inverse, c'est-à-dire justifie la logique de l'État,
00:13:55 plutôt que de poser le problème et de gagner les batailles.
00:13:58 Donc je dirais que c'est absolument contre-productif,
00:14:02 et que ça peut amener aussi beaucoup de gens à se poser la question de leur participation
00:14:07 à des manifestations qui sont populaires et qui réunissent de plus en plus de monde.
00:14:12 On a déjà vécu la même chose il y a 50 ans, en 1977,
00:14:17 contre la construction de la centrale de Tresmalville,
00:14:20 où il y avait eu malheureusement un mort vital du chalon,
00:14:24 et ça avait cassé complètement le mouvement antinucléaire à ce moment-là.
00:14:30 Et je ne voudrais pas aujourd'hui qu'on se retrouve dans cette situation
00:14:34 où certains refusent de condamner la violence,
00:14:38 parce que, somme toute, ça ne serait pas bien, ça ne serait pas correct.
00:14:42 Non, je crois qu'il faut être très clair sur les stratégies de mobilisation,
00:14:46 sur les stratégies d'action.
00:14:48 Le mouvement doit être non-violent, à visage découvert,
00:14:51 on assume, même si on fait des actions illégales, c'est l'objectif de la désobéissance.
00:14:56 C'est reconnu même au niveau des Nations Unies comme étant une forme,
00:15:01 y compris si on arrache des ovies, même si on coupe un tuyau, etc.,
00:15:06 eh bien c'est reconnu aujourd'hui comme des actions
00:15:10 qui sont des actions légitimes de désobéissance civile.
00:15:13 Alors je crois qu'aujourd'hui, ce qui est important,
00:15:15 c'est qu'on gagne ces combats, parce qu'on sait bien que le réchauffement climatique
00:15:19 avance de manière inéluctable, et qu'il faut lutter contre tous ces effets,
00:15:24 et contre toutes les dérives du modèle industriel.
00:15:28 - Alors, vous continuez à vous battre pour ne pas bouffer de la merde,
00:15:33 je le sais, José Bové, mais vous continuez aussi à manger de la viande.
00:15:38 Je vous dis ça parce qu'il y a aussi tous ces débats avec les spécistes et les antispécistes,
00:15:44 enfin bon, vous, vous continuez à manger de la viande.
00:15:47 - Écoutez, moi j'ai toujours été quelqu'un qui essayait de manger de l'ocarte,
00:15:53 qui était éleveur, j'étais éleveur, je fabriquais du fromage,
00:15:57 et donc j'ai élevé des agneaux, et ces agneaux, évidemment, terminent dans l'assiette,
00:16:01 c'est-à-dire qu'il n'y a pas de fromage sans agneaux ou sans veau.
00:16:05 Donc pour moi, ce débat n'est pas un débat, je veux dire que si quelqu'un veut manger végétarien,
00:16:11 ça ne me pose aucun souci, et manger de la viande certains jours de la semaine ou à certains repas
00:16:17 ne me pose pas de problème, puisque je le fais moi-même.
00:16:20 Mais derrière ce débat, derrière les antispécistes, on a un vrai table combat de société,
00:16:26 avec une dérive, on va dire, totale, sur le fait que les gènes se valent en tous,
00:16:33 les uns les autres, que ce soit ceux d'animaux, d'humains et tout ça,
00:16:36 on peut à la fois les modifier, et à partir de là,
00:16:39 eh bien on est sur une forme de génisme et de société artificielle,
00:16:43 on voit bien ce qui est en train de se faire aujourd'hui avec la viande de synthèse en laboratoire,
00:16:48 tout ça devient très dangereux.
00:16:51 Donc le rapport aux animaux est un rapport fondamental,
00:16:54 évidemment la mode d'élevage, mais je dirais aussi le rapport à la mort,
00:16:59 qui dans nos sociétés est complètement évagé.
00:17:02 Donc je dirais que c'est fondamentalement quelque chose qui est d'un ordre qui n'est pas que philosophique,
00:17:09 mais qui pose vraiment un rapport de société.
00:17:12 – Merci beaucoup José Bové, merci d'avoir été avec nous ce matin,
00:17:16 sur l'antenne de Sud Radio, il est 10h47,
00:17:20 vous êtes sur Sud Radio, dans un instant nous allons parler de l'eau,
00:17:23 de la tarification de l'eau, et nous allons partir à Grabel,
00:17:26 c'est à côté de Montpellier, rejoindre le maire René Révol,
00:17:30 qui est vice-président de Montpellier Méditerranée Métropole,
00:17:34 délégué à la gestion raisonnée écologique et solidaire de l'eau et de l'assainissement.
00:17:39 A tout de suite, il est 10h48.
00:17:41 – Jean-Jacques Bourdin.
00:17:43 – Il est 10h51, nous sommes avec René Révol, le maire de Grabel,
00:17:47 vice-président de Montpellier Méditerranée Métropole,
00:17:50 René Révol bonjour.
00:17:51 – Bonjour.
00:17:52 – Merci d'être avec nous, le président de la République a présenté son plan eau hier,
00:17:56 parmi les mesures, une généralisation de la tarification progressive de l'eau,
00:18:00 vous avez mis en place cette tarification progressive de l'eau,
00:18:04 sur votre commune, mais pas que sur votre commune,
00:18:07 plusieurs communes de l'agglomération du Grand Montpellier,
00:18:11 René Révol, comment ça fonctionne ?
00:18:14 Les premiers mètres cubes sont gratuits ?
00:18:18 – Oui, alors le principe qui a été adopté est simple,
00:18:20 il faut qu'on réponde à deux objectifs,
00:18:22 premier objectif, faire que l'eau potable soit accessible à tous,
00:18:27 quelle que soit leur situation,
00:18:29 parce que c'est un bien fondamental pour la vie humaine,
00:18:33 et deuxièmement, faire que, comme on est face à un changement climatique
00:18:36 qui exerce une grosse pression sur cette ressource,
00:18:39 faire que tout le monde ait un comportement responsable
00:18:41 et qu'on économise au maximum l'eau.
00:18:43 Donc pour ça, on fait les 15 premiers mètres cubes gratuits,
00:18:46 pour tous les abonnés individuels,
00:18:48 et puis ensuite c'est progressif, 95 centimes jusqu'à 120 mètres cubes,
00:18:53 et puis ensuite il y a des tranches jusqu'à 200, 40, et au-delà,
00:18:57 pour faire que le prix soit incitatif à ce que les gens fassent des économies d'eau.
00:19:02 – Le problème, c'est que de nombreux Français
00:19:05 ne connaissent pas le montant de leur facture d'eau,
00:19:07 ne font pas trop attention au montant de leur facture d'eau,
00:19:10 ce qui fait qu'ils ne font pas attention au gaspillage de l'eau.
00:19:15 C'est une réalité René Révol.
00:19:17 Et puis il y a des Français qui ont des difficultés pour les fins de mois,
00:19:20 et qui eux, font attention au prix de l'eau.
00:19:22 Mais une famille nombreuse va consommer plus d'eau qu'un célibataire.
00:19:30 René Révol, comment faites-vous pour trouver un équilibre ?
00:19:33 – Nous n'avons pas accès à la composition des ménages,
00:19:36 mais on a un peu regardé de près la consommation des différentes familles.
00:19:40 Quand on regarde, on fait des échantillons,
00:19:43 je l'ai fait moi-même sur ma propre commune,
00:19:45 et je m'aperçois qu'en fait, la principale dépense d'eau supplémentaire
00:19:49 ne vient pas du fait qu'il y ait une famille nombreuse,
00:19:51 et que cette famille nombreuse doit se laver tous les jours.
00:19:54 La vraie cause de la surconsommation, en tout cas dans nos régions du Sud,
00:19:58 c'est les piscines, c'est l'arrosage des voitures, c'est l'arrosage des jardins.
00:20:03 Il y en a certains qui se croient en Angleterre ici,
00:20:05 donc il faut faire attention.
00:20:07 Donc il faut que tout le monde comprenne que ce n'est pas possible de fonctionner comme ça,
00:20:12 et que l'eau est rare.
00:20:13 Donc je m'aperçois d'ailleurs que depuis qu'il y a eu une médiatisation,
00:20:18 d'abord localement, puis maintenant nationalement,
00:20:20 avec cette initiative du Président de la République,
00:20:22 beaucoup de gens se mettent à ressortir leurs factures,
00:20:25 et regardent ce qui consomme, et commencent à en prendre conscience.
00:20:28 Et puis nous, l'objectif, si vous voulez, c'est que dans un premier temps,
00:20:32 pour les premières consommations, les premiers mètres cubes indispensables à la vie humaine,
00:20:38 le prix va baisser, puisque les 15 premiers mètres cubes sont gratuits,
00:20:42 qu'ensuite le prix baisse un peu, et il augmentera au fur et à mesure que vous consommez.
00:20:46 Donc ça entraîne une responsabilité de chacun,
00:20:49 et on incite par la même toutes les copropriétés,
00:20:54 les vieilles copropriétés où il y a des compteurs collectifs,
00:20:57 et tout ça est dans les charges, sans que les gens le vérifient,
00:21:01 eh bien il faut qu'on installe des compteurs individuels partout,
00:21:04 pour que tout le monde puisse mesurer sa consommation.
00:21:07 - Évidemment, des compteurs individuels partout.
00:21:09 Sabine Ettaginiak, dans l'héros,
00:21:11 c'est pas tout à fait dans le même coin que Grabel, mais c'est dans l'héros.
00:21:15 Sabine, bonjour. - Oui, bonjour.
00:21:17 - Vous avez une question à poser, Sabine.
00:21:19 - En fait, j'ai deux questions.
00:21:21 Donc je connais M. Le Maire, on s'est rencontrés il n'y a pas longtemps.
00:21:26 Déjà bonjour, parce que c'est quelqu'un que j'apprends.
00:21:28 - Bonjour Sabine.
00:21:29 - Et M. Bourdin, pareil, donc ça va.
00:21:31 - Ça va Sabine, vous êtes en terre connue là, ça va.
00:21:35 - Voilà, juste deux questions.
00:21:37 La première, est-ce qu'en faisant l'incitation effectivement à l'économie d'eau,
00:21:41 est-ce que les taxes vont être alignées sur la consommation ?
00:21:44 Je m'explique, actuellement, l'eau nous coûte très cher,
00:21:46 non pas pour ce qu'on consomme, mais pour les taxes que nous payons.
00:21:49 Quand on regarde la facture, puisqu'on disait que les gens ne regardaient pas trop,
00:21:52 moi je fais partie de ceux qui grattent un petit peu le truc,
00:21:54 quand on consomme 3 m3 et qu'on paye presque 80 euros,
00:21:58 il n'y a que des taxes.
00:22:00 - Il y a beaucoup de taxes.
00:22:01 Est-ce que René Révol, les taxes vont être concernées ?
00:22:03 - Alors il y a deux choses, il y a deux choses qu'il ne faut pas mélanger.
00:22:05 Il y a premièrement l'abonnement, où tout le monde est abonné.
00:22:08 Or, selon les collectivités, l'abonnement est plus ou moins faible ou fort.
00:22:11 Chez nous, il est assez faible, puisqu'il est de 18 euros.
00:22:14 Donc à d'autres endroits, l'abonnement est beaucoup plus élevé.
00:22:17 Alors vous êtes abonné, même si vous n'avez pas consommé une goutte d'eau,
00:22:20 vous payez votre abonnement.
00:22:21 Donc il faut absolument que l'abonnement soit tout à fait faible.
00:22:25 Il faut que les gens s'abonnent pour qu'il y ait une responsabilité de l'abonnement.
00:22:28 Mais il faut que ce soit le plus faible.
00:22:29 Ça, ce n'est pas une taxe, c'est la collectivité qui est en charge de l'eau qui la décide.
00:22:33 La deuxième chose des taxes, vous avez la TVA sur l'eau, l'assainissement,
00:22:37 et puis vous avez les redevances à l'agence de l'eau,
00:22:40 qui sont pour la mutualisation.
00:22:42 Tout ça, c'est déterminé par l'État.
00:22:44 Donc si par exemple, l'État considère décider que l'eau potable
00:22:49 est un bien fondamental à la survie humaine,
00:22:52 et qu'il ne devrait pas y avoir de TVA à 0% sur l'eau potable,
00:22:56 donc on pourrait très bien décider ça.
00:22:58 Mais ça, ce n'est pas de notre responsabilité.
00:23:00 C'est la responsabilité de l'État qui fixe les taxes.
00:23:02 - Voilà, Sabine.
00:23:04 - D'accord. Et la deuxième question, tu peux la poser ?
00:23:06 - La responsabilité de l'État qui fixe les taxes, oui.
00:23:08 D'ailleurs, c'est une bonne question à poser
00:23:11 dès que je recevrai l'un des ministres de cette République,
00:23:15 de notre République.
00:23:16 - Tout à fait.
00:23:17 - C'est une bonne question.
00:23:18 Merci Sabine, dans tous les cas, et merci René Révol.
00:23:21 Merci à tous les deux.
00:23:22 - Au revoir.
00:23:23 - Au revoir.
00:23:24 Il est 10h56.
00:23:25 L'eau, si vous avez des remarques, n'hésitez pas, 0826-300-300.
00:23:30 Vous êtes sur Sud Radio.
00:23:33 Dans un instant, débat autour du président de la République.
00:23:37 Parce que je le remarque, je l'entends, je le lis, je le vois.
00:23:41 Toute la colère est maintenant cristallisée en grande partie
00:23:44 sur la personnalité d'Emmanuel Macron.
00:23:47 Alors, a-t-il changé ?
00:23:49 Est-ce que vous pensez qu'il a changé, Emmanuel Macron,
00:23:52 sa personnalité et ses choix ?
00:23:54 Le président de la République cristallise les colères.
00:23:56 Pourquoi est-il méprisant ?
00:23:57 Vraiment se soucie-t-il des difficultés des Français ?
00:24:01 Vous allez en parler avec nous, avec nos invités,
00:24:04 entre 11h et midi, débat sur Sud Radio, 10h57.
00:24:08 - Jean-Jacques Bourdin.
00:24:09 - Il est 11h03. Merci d'être avec nous.
00:24:11 Nous allons nous interroger sur la personnalité d'Emmanuel Macron,
00:24:16 mais plus encore que sa personnalité, ses actes.
00:24:19 Évidemment, Emmanuel Macron qui concentre beaucoup de colère.
00:24:24 Pourquoi son charme et son talent ont séduit ?
00:24:27 Ça agace plutôt aujourd'hui.
00:24:29 Pourquoi ? Est-ce que c'est pris pour du mépris ?
00:24:33 Est-ce un réel mépris ?
00:24:34 Est-il méprisant, peu soucieux des difficultés des Français ?
00:24:37 Nous avons parlé de tout cela.
00:24:38 Je regardais le dernier sondage, 26% des Français lui font confiance.
00:24:42 50% ne lui font pas du tout confiance.
00:24:45 26%, c'est un peu son socle électoral, encore, qu'il conserve pour l'instant.
00:24:50 Il est 11h04.
00:24:51 Allez, nous allons débattre tout cela avec nos trois invités qui sont avec nous.
00:24:58 Et j'en suis très très heureux.
00:25:00 Par ordre alphabétique, Jean Garrigue,
00:25:02 qui est historien auteur de "La tentation du sauveur" aux éditions Payot.
00:25:05 Bonjour.
00:25:06 Jacques Isabello, qui est communicant,
00:25:08 cofondateur de l'agence Coriolink.
00:25:10 Bonjour.
00:25:11 - Bonjour.
00:25:12 Et puis, Jean-Claude Mailly, secrétaire général,
00:25:15 ancien secrétaire général de Force Ouvrière.
00:25:17 J'allais dire secrétaire général de Force Ouvrière.
00:25:19 - Non, non, c'est fini.
00:25:20 - Non mais c'est fini.
00:25:21 Tiens un mot, un mot.
00:25:23 Sophie Binet, vous la connaissez évidemment,
00:25:25 élue à la tête de la CGT.
00:25:28 Sophie Binet, cadre.
00:25:31 C'est étonnant, la tête de la CGT, non ?
00:25:33 - Oui, c'est nouveau.
00:25:35 Vous savez, comme ça arrive parfois,
00:25:37 quand vous avez deux candidats ou candidates qui s'affrontent
00:25:40 à 50-50, la solution c'est d'aller chercher un ou une troisième.
00:25:44 C'est ce qui s'était passé avant le Congrès,
00:25:46 avec Louis Vianney, au départ de Louis Vianney.
00:25:49 Mais là, oui, oui, c'est quelqu'un d'intelligent.
00:25:52 Non, non, je pense que pour la CGT, c'est un bon choix.
00:25:55 Maintenant, il va falloir qu'elle recolle les morceaux.
00:25:57 - Oui, parce que là, oui, Jean Garrigue...
00:26:00 - Non mais à court terme, c'est le symptôme d'une crise,
00:26:04 c'est quelque chose qui va les affaiblir,
00:26:06 y compris maintenant dans le dialogue avec le pouvoir,
00:26:09 éventuel, parce qu'il va être difficile.
00:26:11 Mais à long terme, ça peut être effectivement,
00:26:14 comme le dit Jean-Claude, ça peut être une chance,
00:26:16 parce qu'elle a un profil complètement nouveau,
00:26:18 c'est une nouvelle génération,
00:26:20 c'est la première femme secrétaire générale de la CGT
00:26:23 depuis 1895, donc c'est vraiment quelque chose de très nouveau.
00:26:28 Puis elle porte un certain nombre de thématiques
00:26:31 féministes, égalitaires,
00:26:34 qui sont quand même dans l'air du temps
00:26:36 pour remobiliser un peu une partie des travailleurs,
00:26:40 même si c'est plus tout à fait ça,
00:26:42 parce que la première partie des travailleurs aujourd'hui,
00:26:45 c'est le Rassemblement National.
00:26:47 Enfin, voilà, il y a un élément là, je pense,
00:26:51 pour moderniser la stratégie de la CGT,
00:26:55 ça peut être intéressant pour eux.
00:26:57 - Bien, nous verrons bien, 11h06,
00:26:59 parlons d'Emmanuel Macron,
00:27:01 et je voudrais accueillir au téléphone
00:27:03 Sabrina Ali Benali, bonjour.
00:27:05 - Bonjour.
00:27:07 - Vous êtes urgentiste à domicile,
00:27:09 je voudrais préciser que vous êtes proche
00:27:11 de la France Insoumise,
00:27:13 vous êtes militante, vous êtes une révoltée,
00:27:16 Sabrina, disons clairement les choses,
00:27:19 et ça se lit à travers vos tweets,
00:27:22 je vous lis, "Si vous saviez, monsieur Macron,
00:27:25 les gens comme ils sont courageux,
00:27:27 je viens de chez une dame de 94 ans,
00:27:29 fin de vie à domicile, la nuit elle crie,
00:27:31 elle gémit, déjà 10 minutes de ses larmes
00:27:33 mutiques pendant ma visite,
00:27:35 mon cœur se serrait, c'était horrible
00:27:37 à entendre ses pleurs de vieille dame
00:27:39 qui n'arrive plus à parler, juste à crier
00:27:41 de souffrance agonisante,
00:27:43 sa fille se lève à 4h du mat' chaque nuit,
00:27:45 lui donner des calmants en goutte,
00:27:47 le lendemain elle est au boulot,
00:27:49 comme chaque matin, et elle ne dit rien.
00:27:51 Alors monsieur Macron, je vous le dis,
00:27:53 c'est vous qui nous lancez un appel à la violence,
00:27:55 personne n'a goût à faire mal,
00:27:57 personne n'a goût à la violence gratuite,
00:27:59 mais quelle porte de sortie
00:28:01 ne nous offrez-vous aucune ?
00:28:03 Je m'arrête là, dans la lecture
00:28:05 de vos tweets,
00:28:07 Sabrina, vous êtes une révoltée,
00:28:09 qu'avez-vous envie de dire
00:28:11 à Emmanuel Macron ce matin ?
00:28:13 - Bah écoutez,
00:28:15 j'ai envie de lui dire ce que je
00:28:17 lui ai dit dans ce tweet que vous citez,
00:28:19 c'est-à-dire que je crois
00:28:21 que monsieur Macron, il ne tiendrait pas
00:28:23 un mois dans la vie quotidienne
00:28:25 d'une aide soignante,
00:28:27 dans la vie quotidienne d'un éboueur,
00:28:29 d'une aide à domicile,
00:28:31 ou d'une caissière, la vie des gens,
00:28:33 c'est ça en fait, ils nous traitent de feignants,
00:28:35 ils nous méprisent, etc.
00:28:37 Sauf que les gens, ce ne sont absolument
00:28:39 pas ce qu'ils croient,
00:28:41 et que de fait, les conditions de vie
00:28:43 sont de plus en plus
00:28:45 difficiles pour tout le monde,
00:28:47 en plus de l'inflation galopante
00:28:49 qui fait qu'aujourd'hui plus personne ne remplit son panier,
00:28:51 et qu'il n'est pas question,
00:28:53 comme il le dit lui-même,
00:28:55 pour tenir sa promesse au marché financier,
00:28:57 de toujours nous faire payer,
00:28:59 de toujours faire payer les travailleurs.
00:29:01 Les gens, ils font déjà tout,
00:29:03 malgré la maladie, malgré
00:29:05 la dureté du travail,
00:29:07 malgré l'inflation, avec
00:29:09 tout ce qu'il faut faire, à la maison, les papiers,
00:29:11 les services publics qui délitent,
00:29:13 et qui demandent aux gens de plus en plus de donner
00:29:15 d'eux-mêmes pour compenser
00:29:17 ces manques-là, les gens sont courageux,
00:29:19 ils se laissent séjour, ils vont au boulot,
00:29:21 ils disent non après non
00:29:23 sur la réforme des retraites en manifestation
00:29:25 tranquillement,
00:29:27 M. Macron il nous dit quoi ? Il nous regarde
00:29:29 et il nous crache dessus, littéralement.
00:29:31 Mais on n'est pas du bétail,
00:29:33 on ne peut pas juste marcher
00:29:35 un mardi après-midi par semaine
00:29:37 tranquillement sans lui créer de troubles,
00:29:39 qu'en plus il nous regarde
00:29:41 et il dise que vous soyez 200
00:29:43 ou que vous soyez 3 millions, j'en ai rien à foutre
00:29:45 de vous, c'est moi qui décide. Bah non
00:29:47 M. Macron en fait, si Macron il n'est pas là
00:29:49 pendant 2 jours ou 3, il ne se passe rien dans le pays.
00:29:51 Si nous tous tous les matins on ne se lève pas,
00:29:53 le pays ne marche plus.
00:29:55 Donc ce pays s'il tourne c'est grâce aux travailleurs.
00:29:57 Donc il faut qu'il y ait un peu de respect
00:29:59 pour les travailleurs.
00:30:01 - Vous pensez qu'il ne vous
00:30:03 respecte pas ?
00:30:05 Vous pensez qu'il ne vous connaît pas ?
00:30:07 Vous pensez que, je ne sais pas moi,
00:30:09 il ne prend pas
00:30:11 conscience de ce que représentent
00:30:13 celles et ceux qui sont au quotidien,
00:30:15 au travail ?
00:30:17 - Ah bah bien sûr, les deux. Non seulement
00:30:19 il ne nous respecte pas,
00:30:21 je veux dire 73%
00:30:23 de la population est contente de cette réforme
00:30:25 et 90% des actifs.
00:30:27 Donc c'est à dire quasi
00:30:29 tous les actifs, tous les gens que ça peut concerner.
00:30:31 On lui dit poliment,
00:30:33 gentiment, tout le monde une des moyens
00:30:35 pacifiques
00:30:37 pour exprimer son mécontentement
00:30:39 parce qu'il passe en plus
00:30:41 en force à l'Assemblée nationale.
00:30:43 On a tous élu des gens
00:30:45 à l'Assemblée pour porter nos voix
00:30:47 et lui dit, même eux,
00:30:49 je m'en fiche et je vais faire passer
00:30:51 article derrière article
00:30:53 pour vous imposer mon rapport de force coûte que coûte.
00:30:55 Donc non, ça c'est pas respectueux.
00:30:57 C'est absolument pas respectueux.
00:30:59 Et bien sûr qu'il ne connaît pas
00:31:01 la vie des gens. M. Macron,
00:31:03 c'est quand la dernière fois qu'il a attendu
00:31:05 un bus dans sa vie ?
00:31:07 Est-ce que ça lui est déjà seulement arrivé ?
00:31:09 Non, il ne connaît pas la vie des gens. La moitié
00:31:11 de ce gouvernement est millionnaire.
00:31:13 Les gens ils vivent avec 1100 balles par mois,
00:31:15 au 15 du mois, la moitié des gens
00:31:17 sont à découvert. C'est quoi les parents
00:31:19 qui s'engueulent le soir parce que, au lieu
00:31:21 de passer du temps avec leurs enfants, ils essayent de savoir
00:31:23 comment ils vont sortir à la fin du mois.
00:31:25 Donc non, Macron il ne la connaît pas la vie des gens.
00:31:27 Leur bateau sur les yachts,
00:31:29 ils partent en hélicoptère et ils font des allers-retours
00:31:31 au ski en 48 heures. C'est pas ça la vie des gens.
00:31:33 La vie des gens c'est la galère.
00:31:35 Et les gens n'en peuvent plus de galérer
00:31:37 alors qu'il y a les mêmes
00:31:39 qui se gavent tout le temps.
00:31:41 - Bien, coup de colère.
00:31:43 - Les gens le ont dit. - Bon, ben merci
00:31:45 Sabrina Lebenali parce que
00:31:47 je voulais que nous écoutions Sabrina
00:31:49 parce qu'elle est la porte-parole
00:31:51 de nombreux
00:31:53 français qui ne comprennent plus
00:31:55 l'attitude et la politique
00:31:57 d'Emmanuel Macron. Et nous sommes là
00:31:59 justement pour comprendre. Vous réagissez
00:32:01 Jean Garrigue. - Oui, alors
00:32:03 si on examine les choses
00:32:05 de manière objective,
00:32:07 on voit que cette réforme,
00:32:09 cet âge pivot à 64 ans,
00:32:11 ça serait, au fond,
00:32:13 par rapport à l'âge
00:32:15 d'aujourd'hui qui est à peu près 63 ans.
00:32:17 On n'a pas une réforme
00:32:19 qui remet en péril
00:32:21 tout l'édifice de notre État-providence.
00:32:23 On peut dire aussi qu'Emmanuel Macron
00:32:25 n'a jamais
00:32:27 véritablement insulté
00:32:29 les français ou fait preuve
00:32:31 de mépris de manière caractérisée,
00:32:33 de manière objective.
00:32:35 Mais, ce qui compte, c'est la perception.
00:32:37 Et là, ce qui compte dans la perception
00:32:39 de cette dame, c'est effectivement
00:32:41 qu'elle ressent comme
00:32:43 une politique qui est
00:32:45 sourde aux revendications
00:32:47 populaires, une politique
00:32:49 qui n'a pas effectivement
00:32:51 écouté même la représentation
00:32:53 nationale en utilisant 49.3.
00:32:55 Cet exemple du 49.3,
00:32:57 il est révélateur parce que le 49.3,
00:32:59 c'était la centième fois qu'on l'utilisait
00:33:01 sous la Ve République.
00:33:03 Il est tout à fait légal, institutionnel.
00:33:05 Michel Rocar l'a utilisé
00:33:07 28 fois. Mais il est ressenti
00:33:09 aujourd'hui, dans ce contexte
00:33:11 d'intransigeance
00:33:13 et d'obstination du président de la République,
00:33:15 il est ressenti comme un affront.
00:33:17 Il est ressenti comme quelque chose
00:33:19 d'irrespectueux vis-à-vis de l'opinion
00:33:21 publique, vis-à-vis des syndicats,
00:33:23 vis-à-vis du peuple. - Alors, nous nous poserons la question
00:33:25 est-ce qu'Emmanuel Macron
00:33:27 peut continuer à dire
00:33:29 non, strictement
00:33:31 non, à cette
00:33:33 volonté
00:33:35 de mettre à bas cette réforme,
00:33:37 cette volonté
00:33:39 de ne pas enteriner
00:33:41 cette réforme ? Lui,
00:33:43 maintient, et d'ailleurs il l'a encore fait
00:33:45 hier à mot couvert, il maintient
00:33:47 les 64 ans, cet âge légal
00:33:49 qui cristallise un peu
00:33:51 toutes les rancœurs, mais
00:33:53 son comportement, aujourd'hui, il est
00:33:55 dépassé finalement. Finalement, lorsque
00:33:57 je disais tout à l'heure,
00:33:59 son charme et son talent ont
00:34:01 séduit en 2017, et aujourd'hui
00:34:03 ça se retourne contre lui, ça agace.
00:34:05 Vous le pensez, Jean-Claude Mahi ?
00:34:07 - Oui, ben écoutez, quand vous voyez,
00:34:09 y compris dans les manifestations,
00:34:11 aujourd'hui, d'une certaine
00:34:13 manière le dossier retraite, c'est la goutte d'eau qui fait
00:34:15 des bordels vases, qu'il y a d'autres problèmes,
00:34:17 il y a l'inflation, il y a la sortie de la
00:34:19 crise sanitaire, etc.
00:34:21 Et les gens,
00:34:23 c'est à Macron qu'ils s'adressent.
00:34:25 Parce que c'est lui qui a initié
00:34:27 le projet, c'est pas le Premier ministre, ou la
00:34:29 Première Ministre, c'est lui qui a initié, donc c'est lui
00:34:31 qui peut siffler la fin de la récré, s'il veut le faire
00:34:33 à un moment donné, même si c'est pas...
00:34:35 Il l'a rappelé hier, c'est pas sa volonté
00:34:37 apparemment. Donc, il y a
00:34:39 une rancœur, et vous savez
00:34:41 quand vous n'êtes pas content, vous manifestez
00:34:43 et puis ça ne bouge pas.
00:34:45 Vous avez un mur devant vous, en
00:34:47 expression, parfois avec des formules
00:34:49 provocatrices, inutiles,
00:34:51 quand il s'attaque à Laurent Berger,
00:34:53 on comprend pas, quoi.
00:34:55 On comprend pas pourquoi il fait ça, je veux dire.
00:34:57 Et donc à partir de là, le mécontentement se transforme
00:34:59 en colère, et on en veut
00:35:01 celui qui ne bouge pas. Et on est dans cette
00:35:03 situation, et les gens considèrent, beaucoup
00:35:05 parlent de mépris. Et quand on parle
00:35:07 de mépris, ça veut dire qu'on ne respecte pas les gens.
00:35:09 Moi je considère
00:35:11 qu'il a un peu le syndrome du premier de la classe,
00:35:13 et qu'il se surestime, et quand
00:35:15 vous vous surestimez, vous sous-estimez
00:35:17 les autres. Voilà. Et
00:35:19 en tous les cas, il aurait intérêt... - Il donne
00:35:21 la sensation qu'il ne prête plus attention
00:35:23 qu'il ne prête plus attention
00:35:25 à ce que
00:35:27 ressentent les Français.
00:35:29 - Oui, mais...
00:35:31 - Après, je voudrais
00:35:33 donner la parole à Jacqui Zabello.
00:35:35 - Non, non, mais c'était...
00:35:37 - Jacqui d'abord.
00:35:39 - La révolution à laquelle
00:35:41 nous invitait le jeune
00:35:43 candidat Emmanuel Macron, en
00:35:45 2016, pour faire sa campagne,
00:35:47 nous ramène finalement
00:35:49 à ce que les gens craignaient, les spécialistes
00:35:51 de la politique, qui disaient "Attention, vous voulez
00:35:53 dégager la classe politique
00:35:55 en place, mais
00:35:57 la politique, femme politique, c'est un vrai métier.
00:35:59 Il faut avoir arpenté
00:36:01 la France, il faut faire preuve d'empathie,
00:36:03 il faut connaître
00:36:05 les problèmes du quotidien. - Au cul des vaches, disait
00:36:07 Chirac. - Et donc cette modernité qui à un moment nous a
00:36:09 nous a séduit,
00:36:11 eh bien, elle se retourne contre
00:36:13 lui, et c'est vrai que s'il n'est pas
00:36:15 agriculteur, eh bien Emmanuel Macron
00:36:17 a quand même nourri cette colère,
00:36:19 en distillant au fur et à mesure
00:36:21 de son parcours
00:36:23 des mots très très durs, des petites
00:36:25 phrases, une arrogance,
00:36:27 un mépris de
00:36:29 celui qui est horticulteur et qui pourrait
00:36:31 traverser la route pour trouver
00:36:33 un bouleur, et à force d'accumuler,
00:36:35 eh bien, les gens
00:36:37 expriment cette colère-là. Je pense qu'ils l'ont
00:36:39 toujours eu un peu en place, parce que si on reprend
00:36:41 les traits d'image qui ont été faits
00:36:43 sur Emmanuel Macron depuis très longtemps,
00:36:45 ce reproche de l'arrogance,
00:36:47 il est arrivé quasiment tout de suite.
00:36:49 - Très tôt. - Et il s'est installé,
00:36:51 et il s'est ancré.
00:36:53 Finalement, Chirac disait,
00:36:55 on est toujours le ministre de son premier
00:36:57 marocain, alors c'est vrai qu'il n'a pas été
00:36:59 ministre de l'agriculture en premier, on a oublié
00:37:01 son premier secrétaire d'Etat sous
00:37:03 Pompidou, mais il est resté le ministre des
00:37:05 agriculteurs, Emmanuel Macron il est resté
00:37:07 ce président des relish, et par
00:37:09 extension, ce président extrêmement
00:37:11 arrogant. - Le ministre des start-up. - Le premier
00:37:13 de la classe, et la colère
00:37:15 de votre invité, eh bien résume un peu
00:37:17 tout ça. - Elle résume tout ça. Bien.
00:37:19 Nous allons poursuivre ce débat, on a plein
00:37:21 de choses à dire, il est 11h17,
00:37:23 merci d'être avec nous sur l'antenne
00:37:25 de Sud Radio, à tout de suite. - Jean-Jacques Bourdin.
00:37:27 - Il est 11h20, bien, merci d'être
00:37:29 avec nous, allez, tiens, Sabrina
00:37:31 Ali Ben Ali, écoutez
00:37:33 votre conversation, messieurs,
00:37:35 et avez envie de réagir.
00:37:37 Allez-y, Sabrina.
00:37:39 - Oui, merci monsieur Bourdin, c'est gentil
00:37:41 à vous de me reprendre une minute. - Non,
00:37:43 c'est normal, tout le monde s'exprime.
00:37:45 Allez-y. - Merci.
00:37:47 Je voulais juste réagir
00:37:49 au propos de la première
00:37:51 personne qui vient d'intervenir, je suis
00:37:53 désolée de vous oublier votre nom. - Jean Garrigue.
00:37:55 - Oui. - Historien.
00:37:57 - Alors, un, oui, évidemment,
00:37:59 c'est un mépris, si ce n'était pas,
00:38:01 ça serait de l'aveuglement, et ça serait encore
00:38:03 plus grave. Or, je ne crois pas que monsieur
00:38:05 Macron soit incompétent, je pense
00:38:07 juste qu'on n'a pas les mêmes intérêts.
00:38:09 Et ce n'est pas du ressenti,
00:38:11 c'est factuel. L'autre jour,
00:38:13 à 2h du mat', j'étais en garde, je suis sortie,
00:38:15 j'ai trébuché. Vous savez
00:38:17 sur quoi j'ai trébuché ? Sur
00:38:19 quelqu'un, putain. Sur quelqu'un
00:38:21 allongé par terre.
00:38:23 Qui a promis qu'il n'y aurait plus de
00:38:25 LDF dans le pays ? Il y en a partout,
00:38:27 vous faites Paris en roulant la nuit,
00:38:29 les gens pourraient crever par terre comme des
00:38:31 chiens. Il y a des enfants
00:38:33 qui sont morts. Chaque année, le collectif
00:38:35 des morts de la rue fait un hommage.
00:38:37 Un bébé de 18 mois, l'année dernière, est mort
00:38:39 dans les rues de Paris. Alors, ce n'est pas
00:38:41 du ressenti, c'est des faits.
00:38:43 Les macronistes,
00:38:45 ils sont là en train de nous parler de la violence parce qu'ils ont
00:38:47 3 autocollants sur leur permanence.
00:38:49 Mais vous voulez qu'on vous la dise, non ? La violence,
00:38:51 tous les jours ? Vous savez ce que c'est, moi, quand on va
00:38:53 voir les personnes âgées chez
00:38:55 eux et qu'on doit les envoyer en urgence
00:38:57 parce que leur pronostic vital est engagé,
00:38:59 qu'ils vous disent "non, j'ai plus la force de subir ça" ?
00:39:01 Parce que nos urgences, on peut
00:39:03 même plus s'occuper d'eux ?
00:39:05 Donc c'est ça, la violence.
00:39:07 Tous les jours, tous les jours, à l'hôpital,
00:39:09 à l'école, la maîtresse de ma gosse
00:39:11 qui a un ulcer, que son médecin a dit "je vous
00:39:13 arrête pour un mois" et elle ne le prend pas
00:39:15 parce qu'il n'y a pas de remplaçant.
00:39:17 Parce que c'est sa santé qu'elle va faire passer avant
00:39:19 ses petits CP parce qu'elle ne veut pas
00:39:21 qu'ils aient de problèmes à l'école
00:39:23 et qu'ils prennent de retard.
00:39:25 C'est ça, c'est tous les jours la violence.
00:39:27 C'est des gens qui n'ont plus le moyen de partir en vacances
00:39:29 et d'emmener leur gosse. C'est tout ça, la violence.
00:39:31 Moi, je travaille aussi à l'hôpital
00:39:33 d'Avicennes. J'ai des gens qui arrivent
00:39:35 qui dorment dans leur voiture et qui bossent
00:39:37 au McDo la journée.
00:39:39 Donc voilà, juste pour vous dire, c'est pas
00:39:41 un ressenti, c'est factuel.
00:39:43 Quand M. Macron dit "je vais revenir
00:39:45 sur mes décisions", c'est pas vrai.
00:39:47 Donc là, moi, je vous le dis.
00:39:49 Quelle porte de sortie il ouvre ? Je vous pose
00:39:51 juste la question. Dites-moi, qu'est-ce qu'il nous
00:39:53 permet pour signaler un désaccord ?
00:39:55 Même à ses députés, il a dit "si vous votez pas
00:39:57 pour moi, je vous vire de mon parti".
00:39:59 Alors, les pros du dialogue et de la démocratie,
00:40:01 moi, je vous attends sur cette
00:40:03 question-là. Dites-moi, comment
00:40:05 il permet à un peuple souverain
00:40:07 - je le rappelle, Macron, il est à notre service,
00:40:09 c'est à notre papa -
00:40:11 on le paye pour être à notre service, au service
00:40:13 des Français. Donc, qu'est-ce qu'il permet ?
00:40:15 Comment il permet à 90% des gens
00:40:17 qui travaillent de lui dire notre
00:40:19 désaccord ?
00:40:21 - Bon, ben merci Sabrina, je vous pose une question.
00:40:23 Quelle réponse
00:40:25 doit apporter aujourd'hui Emmanuel
00:40:27 Macron ? Jean Guérig ?
00:40:29 - Je pense que pour beaucoup
00:40:31 d'observateurs et Jean Fébart,
00:40:33 on ne comprend pas pourquoi
00:40:35 il n'a pas apporté une autre
00:40:37 réponse. D'abord, dans un premier
00:40:39 temps, pourquoi utiliser ce véhicule
00:40:41 législatif ?
00:40:43 - Pourquoi ne pas être allé au vote ?
00:40:45 - Pourquoi ne pas être allé au vote ? Pourquoi, surtout,
00:40:47 essentiellement, ne pas avoir
00:40:49 négocié véritablement
00:40:51 avec les syndicats ? Ça s'est
00:40:53 toujours fait, d'ailleurs, dans toutes les réformes
00:40:55 des retraites, de manière plus ou moins officielle
00:40:57 ou officieuse, il y a toujours eu une négociation
00:40:59 avec les syndicats.
00:41:01 Même quand Alain Juppé avait dû
00:41:03 retirer son projet en 1995,
00:41:05 il y avait des négociations entre
00:41:07 Jacques Chirac, Marc Blondel et
00:41:09 Nicole Nota. Il y a toujours eu des négociations.
00:41:11 Je reviens d'Italie, où
00:41:13 on me racontait comment a été votée la réforme
00:41:15 des retraites il y a plusieurs
00:41:17 années, où on est arrivé quand même
00:41:19 à l'âge de 67 ans. Eh bien,
00:41:21 le Premier ministre, le Président du
00:41:23 Conseil de l'époque et son ministre du Travail
00:41:25 se sont fermés pendant une semaine
00:41:27 avec les trois principaux leaders syndicaux
00:41:29 et c'est ensemble qu'ils ont conçu
00:41:31 cette réforme du travail.
00:41:33 C'est l'inverse de ce qui s'est passé aujourd'hui.
00:41:35 Donc effectivement, cette dame parle
00:41:37 de... c'est pas simplement du ressenti.
00:41:39 Évidemment, on est dans une société fracturée,
00:41:41 il y a une violence sociale extrême, on est
00:41:43 d'accord là-dessus. Mais si vous voulez,
00:41:45 ne serait-ce que dans la méthode,
00:41:47 effectivement, il y a eu quelque chose,
00:41:49 il y a eu un déni de démocratie sociale
00:41:51 de la part d'Emmanuel Macron.
00:41:53 - Oui, d'ailleurs, vous le dites,
00:41:55 Jean-Claude Mahi, vous dites "mais pourquoi
00:41:57 est-ce qu'Emmanuel Macron n'a pas encore
00:41:59 reçu les syndicats ?" - Oui, bien sûr.
00:42:01 Écoutez, moi je sais que dans les pays
00:42:03 européens autour, l'Allemagne,
00:42:05 etc., les leaders
00:42:07 syndicaux de ces pays ne comprennent pas
00:42:09 ce qui se passe en France. Ils ne comprennent pas.
00:42:11 C'est inimaginable pour eux que
00:42:13 si les syndicats demandent
00:42:15 d'être reçus en Allemagne par le chancelier,
00:42:17 ils seront reçus en Italie, ou en
00:42:19 Espagne, etc. Or là, c'est porte-close.
00:42:21 C'est incompréhensible.
00:42:23 Et moi, je suis frappé en ce moment,
00:42:25 même sans parler du fond de la réforme.
00:42:27 Il y a beaucoup de choses à dire, mais
00:42:29 sur la méthode, je ne vois
00:42:31 personne qui me
00:42:33 dise que la méthode est bonne. Même ceux
00:42:35 qui sont pour le report de l'âge
00:42:37 disent "il faut changer de méthode". Même le patronat
00:42:39 dit qu'il faut changer de méthode. C'est qu'il y a bien
00:42:41 un problème. Or ça, ce problème, il est lié
00:42:43 à qui ? Il est lié au président de la République.
00:42:45 Et à personne d'autre, puisque c'est lui qui a la main
00:42:47 sur... - C'est pour ça que la colère est
00:42:49 cristallisée sur Emmanuel Macron ? - Bien sûr.
00:42:51 - C'est pour ça ? - Bien sûr. - Mais il nous l'avait
00:42:53 dit, finalement, quand on revient à ce
00:42:55 qu'il nous a promis.
00:42:57 Emmanuel Macron nous a dit
00:42:59 "je n'aime pas les corps intermédiaires".
00:43:01 Lorsqu'il a été membre de la commission
00:43:03 non pas à Tally, mais encore une autre avant
00:43:05 qui s'appelait la commission d'Arroi, qui a
00:43:07 statué sur des changements juridiques, déjà
00:43:09 il avait en tête de casser
00:43:11 ce modèle, qui est un modèle qui ne
00:43:13 correspond pas à sa culture
00:43:15 au sein de l'inspection générale
00:43:17 des finances. Et il l'a annoncé tout du long.
00:43:19 Et cette promesse,
00:43:21 et là, moi je ne suis pas un politique,
00:43:23 je ne fais pas de reproche aux Français, mais je leur
00:43:25 dis, comme le président vous dit dans
00:43:27 ce dernier programme "j'avais dit que
00:43:29 je ferais la réforme des retraites", en 2017
00:43:31 il avait dit "moi j'aime pas les corps intermédiaires".
00:43:33 On va travailler ensemble. Là où
00:43:35 il a trahi sa promesse,
00:43:37 c'est que cette relation charnelle que les gens
00:43:39 pensaient tisser avec lui,
00:43:41 eh bien, ses oripeaux
00:43:43 ont disparu. On s'est aperçu que
00:43:45 cette proximité, elle était tout à fait
00:43:47 inexistante. Et aujourd'hui,
00:43:49 eh bien, ce village
00:43:51 Potemkin d'Emmanuel Macron
00:43:53 forme une colère qui peut être
00:43:55 préoccupante pour la société.
00:43:57 - C'est très étonnant parce que
00:43:59 on le voit, il a une conception
00:44:01 extrêmement verticale du pouvoir.
00:44:03 - Oui. - Oui. Or,
00:44:05 c'est quelqu'un qui est le
00:44:07 disciple, un philosophe, qui s'appelait Paul Ricœur,
00:44:09 qui a exactement
00:44:11 élaboré, si vous voulez, des idées
00:44:13 inverses de ça. C'est-à-dire qu'au contraire,
00:44:15 il faut faire participer, que la démocratie
00:44:17 doit être active, s'appuyer sur
00:44:19 les corps intermédiaires. - Et Emmanuel Mounier,
00:44:21 lorsqu'il nous fait, lorsqu'il fait
00:44:23 campagne en 2016, il s'appuie sur les
00:44:25 marcheurs, ce qu'on appelle le "bottom-up", c'est-à-dire on
00:44:27 part du citoyen pour élaborer
00:44:29 les politiques publiques.
00:44:31 Et il fait exactement l'inverse.
00:44:33 Il nous fait une politique un peu
00:44:35 à la Général De Gaulle,
00:44:37 sauf qu'il n'a pas la légitimité du
00:44:39 Général De Gaulle et que même le Général De Gaulle
00:44:41 à chaque fois est revenu au peuple. - Il a été renversé par le peuple.
00:44:43 - Il a été renversé par le peuple. Donc, on ne
00:44:45 comprend pas. On ne comprend pas.
00:44:47 - On ne comprend pas. Jean-Claude Mahi.
00:44:49 - Avant ce que vient de dire Jacqui Isabello,
00:44:51 moi j'ai été marqué par
00:44:53 un journaliste qui est,
00:44:55 c'était sur une autre radio, mais qui est
00:44:57 François-Xavier Bourmeau, qui est accrédité
00:44:59 par Le Figaro à l'Élysée.
00:45:01 Donc, il suit en permanence l'Élysée.
00:45:03 Et il expliquait, il n'y a pas longtemps,
00:45:05 il y a une semaine, que
00:45:07 il y aurait eu débat à l'Élysée,
00:45:09 savoir s'il fallait discuter,
00:45:11 pas discuter, etc.
00:45:13 Entre ceux qui pensaient
00:45:15 qu'il fallait discuter et ceux qui,
00:45:17 avec le président, ne voulaient pas discuter.
00:45:19 Et la phrase qui serait sortie,
00:45:21 moi je n'y étais pas, mais
00:45:23 "J'ai arrasé les partis politiques
00:45:25 en 2017
00:45:27 et je vais arraser les syndicats."
00:45:29 Si c'est vrai,
00:45:31 c'est bougrement dangereux, y compris
00:45:33 pour la démocratie.
00:45:35 Si c'est vrai, je dis bien, moi je n'étais pas présent dans ce truc,
00:45:37 bon, c'est un journaliste sérieux, ce n'est pas un branquignol.
00:45:39 Donc, à partir de là,
00:45:41 il faut vraiment être inquiet. Mais c'est vrai
00:45:43 que, moi, quand j'étais en responsabilité
00:45:45 et que j'avais l'occasion de le voir,
00:45:47 on a eu ces discussions, non pas sur arraser les syndicats,
00:45:49 mais lui, il disait,
00:45:51 "Les syndicats, leur place, c'est dans l'entreprise
00:45:53 ou dans l'administration, pas au niveau national."
00:45:55 Pour lui, il considérait que c'était l'intérêt général.
00:45:57 - Mais quel...
00:45:59 ça mérite, pour les journalistes,
00:46:01 je m'adresse à tous les journalistes qui
00:46:03 vont la voir face à eux,
00:46:05 Emmanuel Macron,
00:46:07 une interview vérité, ça serait formidable,
00:46:09 où on pourrait lui poser les questions
00:46:11 et rentrer vraiment dans la personnalité
00:46:13 d'Emmanuel Macron.
00:46:15 - Mais vous l'avez déjà interrogé là-dessus ?
00:46:17 - Oui, mais non, pas complètement.
00:46:19 Moi, je l'ai rencontré des quantités de fois,
00:46:21 évidemment, en l'interviewant uniquement.
00:46:23 Je ne suis jamais allé à l'Élysée
00:46:25 passer des soirées ou des repas.
00:46:27 D'autres le font, mais bon,
00:46:29 chacun son style.
00:46:31 Mais il est...
00:46:33 Voilà quelqu'un qui est très convaincant
00:46:35 et je me demande s'il est convaincu
00:46:37 par ce qu'il dit.
00:46:39 - Vous savez, il applique des méthodes...
00:46:41 - On ne sait jamais,
00:46:43 quand on ressort d'une conversation
00:46:45 avec lui,
00:46:47 on ne sait jamais s'il
00:46:49 dit vrai ou il dit faux.
00:46:51 - Vous vous souvenez...
00:46:53 - Vous confirmez ? On ne sait jamais !
00:46:55 C'est quand même extraordinaire !
00:46:57 - Dans le temps, il y avait
00:46:59 une journaliste dont j'oubliais non,
00:47:01 qui s'appelait Arlette, qui présentait...
00:47:03 - Arlette Chabot ! - Non, non, pas Arlette Chabot,
00:47:05 une autre, Arlette... Annette Ardisson !
00:47:07 - Annette Ardisson, oui. - Après, qui a été une des premières femmes
00:47:09 à lancer une matinale sur France Inter.
00:47:11 Elle a écrit un bouquin, elle dit "Ne vous méprenez pas,
00:47:13 tous les hauts fonctionnaires
00:47:15 qui, depuis 1974,
00:47:17 étaient identifiés par la gauche,
00:47:19 parce que la gauche savait qu'elle allait arriver au pouvoir,
00:47:21 ils ne sont pas de gauche ou de droite,
00:47:23 ils sont programmés pour monter au pouvoir."
00:47:25 Et donc cette classe-là,
00:47:27 Emmanuel Macron la représente complètement.
00:47:29 Et donc Julien Dray l'explique
00:47:31 extrêmement bien. Julien Dray dit
00:47:33 "Là où on s'est planté avec Emmanuel Macron,
00:47:35 c'est que des jeunes technocrates
00:47:37 qui voulaient devenir ministre, qui voulaient prendre le pouvoir,
00:47:39 on en a eu plein au Parti Socialiste."
00:47:41 Il dit "Atali, vous expliquez que c'est pas vrai,
00:47:43 on l'a mis dans une université d'été au Parti Socialiste,
00:47:45 il s'est fait dévorer par les militants."
00:47:47 Et puis un jour, on a fait pareil avec Emmanuel Macron,
00:47:49 on l'a posé, et là,
00:47:51 il a fait un discours, un truc, et on s'est dit
00:47:53 "On a un vrai problème, parce que les gens l'écoutent."
00:47:55 Et donc, il a été attiré
00:47:57 par cette espèce de promesse en écoutant
00:47:59 sa voix, en voyant son reflet dans le miroir,
00:48:01 et ce talent oratoire, rhétorique,
00:48:03 et tout ça, il l'a mis au service d'un projet,
00:48:05 et qui n'est pas un projet, finalement,
00:48:07 de répondre aux angoisses, aux obsessions,
00:48:09 aux contradictions des Français.
00:48:11 Et donc, dans des périodes où c'est très difficile,
00:48:13 il peut être très efficace
00:48:15 dans certaines crises, mais par rapport
00:48:17 à cette empathie dont on a besoin en permanence
00:48:19 pour gérer nos contradictions,
00:48:21 mais aussi pour nous faire avancer,
00:48:23 et bien la limite macroniste, elle est là.
00:48:25 - Il est 11h31, c'est passionnant,
00:48:27 11h31 de s'interroger
00:48:29 sur son comportement, sur son attitude,
00:48:31 sur ses choix,
00:48:33 là aussi, on va
00:48:35 essayer de développer. Il est 11h31,
00:48:37 vous êtes sur Sud Radio, à tout de suite.
00:48:39 Jean-Jacques Bourdin, 0826-300-300,
00:48:41 tout le monde s'exprime ici,
00:48:43 c'est "Parlons vrai",
00:48:45 donc "Parlons vrai" avec Eric,
00:48:47 Eric est à Albi, dans le Tarn.
00:48:49 Bonjour Eric.
00:48:51 - Bonjour, bonjour monsieur Bourdin,
00:48:53 et bonjour à vos invités.
00:48:55 - Bonjour Eric, vous êtes traiteur à Albi.
00:48:57 - Oui, c'est ça.
00:48:59 - Alors vous dites, Emmanuel Macron n'est pas parfait,
00:49:01 mais il y a un acharnement contre lui.
00:49:03 - Ah oui, ça c'est scandaleux.
00:49:05 Mais on est des millions en France
00:49:07 à s'offusquer contre ça.
00:49:09 Enfin, ce président,
00:49:11 il est ce qu'il est,
00:49:13 mais il a quand même fait pas mal de choses
00:49:15 pour notre pays, entre autres,
00:49:17 pour nous, les restaurants, les traiteurs,
00:49:19 tous les gens qui sont dans l'alimentaire,
00:49:21 s'il ne nous avait pas,
00:49:23 s'il n'y avait pas eu le quoi qu'il a coûte,
00:49:25 aujourd'hui on serait morts,
00:49:27 on aurait disparu. Et pour la réforme des retraites,
00:49:29 moi je dis,
00:49:31 pourquoi tous les pays ont réformé
00:49:33 leurs retraites, et nous on est
00:49:35 à 64 ans, on s'obscille
00:49:37 à 62 ans.
00:49:39 Mais on sait très bien que dans 10 ans,
00:49:41 on va dire à nos enfants et petits-enfants,
00:49:43 il faut réformer. Et là,
00:49:45 ça sera encore plus dur. Là, on passera
00:49:47 à 68 ans. Regardez l'Espagne,
00:49:49 l'Espagne est à 67 ans.
00:49:51 - On va y revenir sur l'Espagne, effectivement,
00:49:53 l'Espagne est à 67 ans,
00:49:55 et l'Italie aussi.
00:49:57 - Moi, ce président,
00:49:59 on lui tape sur la tête tous les jours, tous les jours, tous les jours.
00:50:01 - Vous le trouvez, vous trouvez qu'il a changé ?
00:50:03 Eric, vous trouvez que
00:50:05 dans son comportement,
00:50:07 dans son attitude ?
00:50:09 - Je pense que,
00:50:11 en fait, il est tellement attaqué
00:50:13 que dès qu'il sort
00:50:15 un peu de...
00:50:17 qu'il va en face du peuple, on voit bien qu'il a des...
00:50:19 il a des problèmes, c'est sûr.
00:50:21 Mais dans sa situation,
00:50:23 je pense que ça serait pareil pour nous.
00:50:25 Mais quand on parle de Macron,
00:50:27 mais regardez Hollande, Hollande, il a fini
00:50:29 à combien de popularité ?
00:50:31 - Non, il était plus impopulaire,
00:50:33 Hollande, que Macron de l'époque.
00:50:35 - Mais Sarkozy,
00:50:37 Chirac aussi, mais on n'aime pas les présidents,
00:50:39 France, qu'est-ce que vous voulez que je vous dise ?
00:50:41 - Bon, Eric,
00:50:43 remarquez, Eric, c'est vrai que
00:50:45 c'est vrai qu'il a agi
00:50:47 pour certains,
00:50:49 notamment pendant
00:50:51 la crise du Covid. Le quoi qu'il en coûte,
00:50:53 moi je pense
00:50:55 que ça a été un succès, non ?
00:50:57 Qu'est-ce que de sa politique ?
00:50:59 - Oui, oui, oui, non, mais...
00:51:01 - Vous le reconnaissez ?
00:51:03 - Ça a été très large.
00:51:05 Effectivement, ce que dit Eric, il a tout à fait raison.
00:51:07 S'il n'avait pas eu le quoi qu'il en coûte,
00:51:09 etc., il aurait fermé la boutique.
00:51:11 Bon, voilà. Quand je dis ça a été très large,
00:51:13 vous avez aussi beaucoup d'entreprises
00:51:15 qui ont utilisé les aides
00:51:17 sans en avoir besoin, ce qu'on appelle les phénomènes.
00:51:19 - Oui, c'est assez vrai.
00:51:21 - Il a fait ça, c'est évident.
00:51:23 Non, non, mais il y a...
00:51:25 Moi je considère qu'il n'y a pas de...
00:51:27 ce qu'on appelle une colonne vertébrale idéologique, en fait.
00:51:29 Bon, savoir que demandent les gens ?
00:51:31 Macron ou un autre, hein ?
00:51:33 Où on va ? Où on veut nous emmener ?
00:51:35 Et ça, personne ne voit clair
00:51:37 aujourd'hui sur où on veut nous emmener.
00:51:39 Et après, il y a un problème de méthode.
00:51:41 Sans parler du fond, il y a un vrai
00:51:43 problème de méthode. La démocratie, c'est le droit
00:51:45 de vote, certes, c'est important, etc.
00:51:47 Mais c'est aussi la démocratie sociale.
00:51:49 Il y a deux jambes pour avancer.
00:51:51 Il y a l'économique et le politique et le social.
00:51:53 Donc là, il y a un vrai
00:51:55 problème. Il y a un manque
00:51:57 de respect, il y a un schisme.
00:51:59 - Jean Garrigue. - Oui, il n'y a pas longtemps,
00:52:01 historien, on va dire politique,
00:52:03 que je suis, j'ai fait une tribune dans le monde
00:52:05 où je disais, mais vous voyez, il y a une légitimité
00:52:07 institutionnelle, il est président
00:52:09 de la République, il ne faut pas contester cette légitimité.
00:52:11 Le processus,
00:52:13 même ce qui s'est passé à l'Assemblée,
00:52:15 le 49-3, bon, c'est légitime, mais
00:52:17 c'est au-dessus de cette légitimité-là,
00:52:19 et là, c'est quelque chose d'historique. En France,
00:52:21 particulièrement en France, il y a une autre
00:52:23 légitimité qui est celle du peuple.
00:52:25 La légitimité de la souveraineté populaire.
00:52:27 - Légitimité populaire. - Au-dessus
00:52:29 de nos institutions, il y a ça.
00:52:31 Et on ne peut pas gouverner
00:52:33 sans le peuple, on ne peut pas gouverner sans
00:52:35 écouter le peuple. Et là, dans cette crise,
00:52:37 il nous a montré tous les signaux
00:52:39 d'une forme
00:52:41 de cécité,
00:52:43 de surdité.
00:52:45 C'est tout à fait incroyable, et ça vient
00:52:47 corroborer
00:52:49 cette image, comme le disait
00:52:51 Jacqui, c'est une image qu'il a depuis
00:52:53 le début d'un président qui est
00:52:55 hautain, qui représente
00:52:57 une caste. - Est-ce qu'il n'a pas fait
00:52:59 dans cette affaire une erreur d'estimation,
00:53:01 une erreur de jugement,
00:53:03 et ne se retrouve-t-il pas
00:53:05 aujourd'hui coincé, justement,
00:53:07 dans son erreur de jugement, sans pouvoir
00:53:09 bouger, finalement,
00:53:11 prisonnier de ses choix ?
00:53:13 - Je pense qu'il y a quand même une
00:53:15 tactique macroniste. Si vous reprenez
00:53:17 ce que dit le président à ses ministres,
00:53:19 il leur dit "faites des choses qui se voient".
00:53:21 Il faut que les gens voient.
00:53:23 Sa méthode, elle n'est pas stratégique,
00:53:25 mais elle est extrêmement tactique, je ne suis pas tout à fait d'accord
00:53:27 avec Jean-Claude Mailly.
00:53:29 Qu'est-ce qu'a fait Emmanuel Macron ? Il a géré
00:53:31 la crise du Covid, et
00:53:33 il s'est installé dans la tête des gens,
00:53:35 dans le poste des gens, comme chef de guerre. Et donc, il a dit
00:53:37 "Puisque je fais ça, je ne fais pas
00:53:39 campagne, vous allez me réélire.
00:53:41 Vous voyez ce que je suis capable de faire."
00:53:43 Deuxième étape, il a dit "C'est bon, on a suffisamment
00:53:45 discuté sur les retraites, donc maintenant,
00:53:47 je ne vais pas discuter
00:53:49 avec les représentants du syndicat,
00:53:51 parce que j'ai fait le quoi qu'il en coûte. J'ai sauvé tout le monde,
00:53:53 ça nous a coûté des centaines de milliards,
00:53:55 donc cette réforme des retraites, elle va passer sans
00:53:57 discuter." Donc cette tactique-là,
00:53:59 elle est quand même extrêmement bien
00:54:01 installée. Après, je suis d'accord avec vous,
00:54:03 elle fout le feu à la France, mais je pense que
00:54:05 dans ce qu'il exprime, et la manière
00:54:07 dont il agit, il est complètement là-dedans.
00:54:09 Et il le fait, il le fait tout seul.
00:54:11 - Oui, mais vous l'avez vu à travers...
00:54:13 - Et Eric le sent bien, d'ailleurs, vous avez vu, il le dit.
00:54:15 - Vous l'avez vu, il y a
00:54:17 entre 25 et 30% des Français
00:54:19 qui le soutiennent totalement.
00:54:21 - Et sur ce... - Et fermement.
00:54:23 - Et pour la crise du Covid, pour la
00:54:25 possession de chefs de guerre. - Et ça, il le sait.
00:54:27 Ça, il le sait.
00:54:29 - Et c'est ceux qui lui ont permis d'être élu président,
00:54:31 ça a été sa base électorale.
00:54:33 - Évidemment. - Le reste, c'est fait pour...
00:54:35 - Évidemment, d'autant plus qu'il vit dans
00:54:37 une situation politique, un paysage politique
00:54:39 où il n'y a pas d'opposition. Enfin, d'opposition
00:54:41 majoritaire, je veux dire. - Il a des structures
00:54:43 à la droite... - Il y a toutes les oppositions,
00:54:45 mais il n'y a pas une opposition.
00:54:47 Donc, évidemment, c'est plus facile pour lui.
00:54:49 L'opposition, aujourd'hui,
00:54:51 c'est une grande partie
00:54:53 du peuple. C'est une grande partie des Français.
00:54:55 C'est ça, son opposition. C'est plus politique,
00:54:57 son opposition. - Mais ça fait du monde.
00:54:59 Mais ça fait du monde quand vous...
00:55:01 - Non, mais ça fait du monde. - Je suis d'accord avec
00:55:03 Jacques Isabello, mais c'est de la tactique, ça.
00:55:05 - Oui, c'est de la tactique. - C'est pas une vision,
00:55:07 c'est pas un projet, voilà. Mais selon les gens,
00:55:09 il joue sur la désagrégation
00:55:11 totale des contre-pouvoirs.
00:55:13 Je veux dire, l'Assemblée a donné un
00:55:15 spectacle pitoyable depuis... - Oui,
00:55:17 c'est sûr. - Elle est tripartite, donc
00:55:19 elle est quasiment ingouvernable. Et quand
00:55:21 je dis tripartite, même quadripartite, parce qu'il y a
00:55:23 quand même les Républicains qui, eux-mêmes, sont
00:55:25 divisés. Vous avez les partis politiques
00:55:27 complètement affaiblis, qui ne jouent plus du tout
00:55:29 leur rôle d'intermédiaire
00:55:31 avec le pouvoir. Les syndicats
00:55:33 qui se sont un tout petit peu
00:55:35 réévalués grâce à la crise,
00:55:37 mais enfin, qui sont comme si en perte
00:55:39 de vitesse, et en tout cas,
00:55:41 qui n'ont pas la place qu'ils ont dans d'autres
00:55:43 pays. Donc lui, il joue complètement
00:55:45 sur cette absence de contre-pouvoirs,
00:55:47 et il instaure une relation comme ça
00:55:49 de verticalité totale. - Oui, mais est-ce
00:55:51 qu'il n'a... Est-ce qu'il a réussi, parce que
00:55:53 c'est la grande question, à ouvrir un dialogue
00:55:55 entre lui et le peuple ? C'est la grande question.
00:55:57 - Non, non, non. - Il n'a pas réussi.
00:55:59 - Vous avez raison, parce que c'est un grand paradoxe.
00:56:01 Souvenez-vous du grand débat
00:56:03 national qui suit les Gilets jaunes.
00:56:05 On se dit "Ah bah, il est capable d'aller
00:56:07 voir les Français, de leur parler, etc."
00:56:09 Mais ça ne prend pas. Ça ne prend pas.
00:56:11 Ça n'a pas pris.
00:56:13 - Et le grand débat, c'était
00:56:15 avec des Français, bien sûr, mais c'était avec des élus.
00:56:17 C'était des élus municipaux,
00:56:19 c'était pas... Là,
00:56:21 quand il dit hier, dans son déplacement
00:56:23 "Ça ne m'empêche pas,
00:56:25 la crise, enfin, le problème ne m'empêche pas
00:56:27 d'aller rencontrer des Français." - C'est pas vrai.
00:56:29 - C'est pas vrai.
00:56:31 Il ne peut pas aller à la rencontre des Français.
00:56:33 - Bien sûr, quand on voit les images, il arrive en hélico,
00:56:35 il a quelques élus derrière, mais c'est pas les Français.
00:56:37 Il ne peut pas. Il y a un vrai problème.
00:56:39 - Mais à l'époque des Gilets jaunes, c'est là
00:56:41 où il y a une évolution. C'est intéressant aussi
00:56:43 de réfléchir à cette évolution. C'est-à-dire que par rapport
00:56:45 aux Gilets jaunes, ils pouvaient
00:56:47 encore, je pense, aller discuter,
00:56:49 dialoguer avec les Français,
00:56:51 se mettre au milieu d'une place publique,
00:56:53 la gora... - Rappelez-vous Haute-Loire ?
00:56:55 La préfecture a flambé quand il a fait ça.
00:56:57 - Oui, mais...
00:56:59 - Il y avait encore du drame.
00:57:01 - Aujourd'hui, comment faire ?
00:57:03 - Il ne pourrait plus. Est-ce qu'il pourrait ?
00:57:05 - Moi j'ai une analyse là-dessus sur son...
00:57:07 Parce que quand il a été élu, il y a eu
00:57:09 les premières discussions avec les syndicats, ça a été
00:57:11 sur ce qu'on appelle les ordonnances Macron,
00:57:13 le droit du travail, etc. Il y a eu à l'époque...
00:57:15 Bon, il n'a pas de culture du dialogue social,
00:57:17 c'est pas le seul, hein.
00:57:19 Mais il avait fait... Il avait accepté
00:57:21 qu'on mette tout sur la table, qu'il n'y avait pas de tabou,
00:57:23 comme là, il y a un tabou sur l'âge.
00:57:25 Et il y avait une vraie concertation. Pas avec lui,
00:57:27 on l'avait vu quelques fois, mais c'était surtout
00:57:29 avec la ministre en charge du dossier.
00:57:31 Donc on ne peut pas dire que là, il n'y a pas eu...
00:57:33 Tout au début, qu'il n'y a pas eu une vraie concertation.
00:57:35 Ensuite, il y a eu la crise
00:57:37 des Gilets jaunes. Et lui est persuadé
00:57:39 que seul lui a pu sortir de la crise
00:57:41 avec le grand débat. Heureusement qu'il était là,
00:57:43 d'une certaine manière. Après, il y a eu la réforme
00:57:45 de la SNCF. Rappelez-vous,
00:57:47 il y a eu des grèves, etc. Il passe la réforme
00:57:49 du statut. Et là, il se dit "je peux tout faire".
00:57:51 Et j'ai même plus besoin de discuter
00:57:53 avec les syndicats. Mais c'est là que c'est dangereux.
00:57:55 Parce que quand vous avez,
00:57:57 politiquement, la situation que l'on connaît,
00:57:59 certains partis à la ramasse,
00:58:01 les extrêmes qui montent, etc.
00:58:03 Et que vous, vous coupez aussi des organisations
00:58:05 syndicales. Imaginez demain,
00:58:07 vous ne pouvez pas discuter avec les Gilets jaunes.
00:58:09 Ils n'ont pas de représentants.
00:58:11 Donc ça veut dire que c'est le monarque
00:58:13 républicain, tout seul, qui veut s'adresser
00:58:15 au peuple, mais il ne peut plus s'adresser au peuple.
00:58:17 Parce qu'une bonne partie de la population
00:58:19 sur les retraites, en tous les cas, 70%
00:58:21 sont d'accord avec les syndicats.
00:58:23 94% des salariés sont contre.
00:58:25 Après, on peut discuter du fond, c'est autre chose. Mais la méthode,
00:58:27 franchement, elle est incohérente.
00:58:29 - Et puis c'est la personnalité aussi. Parce que
00:58:31 je pense qu'il peut avoir de l'empathie.
00:58:33 Je ne suis pas tout à fait... Moi, je pense
00:58:35 qu'il peut avoir de l'empathie, mais le problème, c'est qu'il ne sait
00:58:37 pas l'exprimer, cette empathie. Alors, il est
00:58:39 incapable de l'exprimer. Pourquoi ?
00:58:41 Ça tient à sa personnalité.
00:58:43 - A son parcours. On en a parlé tout à l'heure
00:58:45 de quelqu'un qui a tout réussi.
00:58:47 Et puis quelqu'un qui est aussi
00:58:49 quand même le représentant d'une
00:58:51 caste. Il l'incarne.
00:58:53 Peut-être à son corps défendant. Parce qu'on sait bien
00:58:55 que c'est quelqu'un qui a aussi d'autres
00:58:57 intérêts dans la vie. Intellectuel,
00:58:59 philosophique, littéraire, théâtre,
00:59:01 etc. Mais, d'une manière
00:59:03 ou d'une autre, il incarne ses corps privilégiés,
00:59:05 si vous voulez, ses grands commis de l'État,
00:59:07 qui ont une vision extrêmement
00:59:09 intellectuelle
00:59:11 et refermée de la politique.
00:59:13 - Il est 11h45. Une dernière pause
00:59:15 et nous terminons ce débat passionnant à toutes ces...
00:59:17 - Jean-Jacques Bourdin. - Il est 11h49
00:59:19 nous terminons.
00:59:21 Je voudrais revenir sur l'Espagne.
00:59:23 Juste
00:59:25 67 ans, donc. Regardons
00:59:27 la loi qui a été approuvée.
00:59:29 D'abord, il y a eu une recherche du compromis
00:59:31 avec les syndicats. C'est un gouvernement
00:59:33 de gauche en Espagne, il faut le savoir.
00:59:35 Hausse des cotisations.
00:59:37 On pourra partir à la retraite en Espagne
00:59:39 à 65 ans si on a 38 ans
00:59:41 et 6 mois de cotisation.
00:59:43 A la retraite pleine. Il faut savoir
00:59:45 aussi que pour
00:59:47 que cette réforme soit
00:59:49 adoptée et acceptée par
00:59:51 la gauche, il y a une augmentation
00:59:53 des cotisations sur les revenus
00:59:55 les plus élevés et une hausse
00:59:57 de la contribution des employeurs
00:59:59 au fonds de réserve des retraites.
01:00:01 Tout cela, c'est
01:00:03 une réforme globale, évidemment.
01:00:05 Il faut savoir aussi
01:00:07 qu'il y a une augmentation des pensions
01:00:09 qui a été votée, +8,5%,
01:00:11 mais les pensions en Espagne sont en moyenne
01:00:13 beaucoup plus basses qu'en France.
01:00:15 Il faut prendre tous ces paramètres en compte.
01:00:17 - Jean Connevally. - Oui, mais les comparaisons
01:00:19 sont toujours... Il faut faire attention sur les comparaisons.
01:00:21 On ne peut pas se contenter de dire "en Espagne, c'est 67,
01:00:23 en Allemagne, ça va être 67, etc."
01:00:25 En fait, il y a 3 âges qui comptent.
01:00:27 Il y a l'âge, je prends le cas de la France,
01:00:29 il y a 62... Aujourd'hui, c'est 62 ans
01:00:31 l'âge à partir duquel vous pouvez partir
01:00:33 si vous avez toutes vos annuités.
01:00:35 Alors, bientôt, ce sera 43.
01:00:37 Après, vous avez l'âge
01:00:39 de 67 ans.
01:00:41 On oublie toujours de le dire, mais en France,
01:00:43 si vous n'avez pas toutes vos annuités,
01:00:45 à 67 ans, vous pouvez partir
01:00:47 à taux plein. Vous n'avez plus de décote.
01:00:49 Mais 67 ans, ça existe déjà en France.
01:00:51 Et après, il y a l'âge moyen de départ des gens.
01:00:53 Aujourd'hui, l'âge moyen de départ, il est à 63 et quel?
01:00:55 63,4.
01:00:57 63,4,
01:00:59 63,7.
01:01:01 Si vous regardez l'Espagne,
01:01:03 effectivement, ce que vous dites est juste,
01:01:05 vous l'avez dit, vous pouvez partir à taux plein
01:01:07 après 38 années de cotisation.
01:01:09 - 38 années et 6 mois.
01:01:11 - Oui, en France, on arrive bientôt à 43.
01:01:13 On a joué moins sur l'âge, plus sur la durée.
01:01:15 Mais les deux conduisent à retarder
01:01:17 l'âge de départ.
01:01:19 Donc, il faut faire attention, les comparaisons
01:01:21 n'est pas toujours... - Alors, la parenthèse
01:01:23 est refermée. Revenons à Emmanuel Macron.
01:01:25 Emmanuel Macron,
01:01:27 est-il en train de s'enfermer ?
01:01:29 Franchement.
01:01:31 Est-il en train de...
01:01:33 déjà
01:01:35 terminer son...
01:01:37 second mandat ?
01:01:39 - En tout cas, il se met dans... - Comment gouverner ?
01:01:41 - Il se met dans une position très difficile,
01:01:43 parce qu'il est contesté, évidemment,
01:01:45 par les deux tiers de l'opinion.
01:01:47 Il est contesté par les syndicats.
01:01:49 Et de quelle manière ?
01:01:51 Il est contesté par
01:01:53 toute l'opposition, tous les opposants
01:01:55 politiques, même la main tendue,
01:01:57 enfin, les tentatives de compromis avec les républicains
01:01:59 aujourd'hui. - Ça marche moyen ?
01:02:01 - Ça marche moyen.
01:02:03 Il est contesté aussi, on le sait moins,
01:02:05 mais on s'en est aperçu quand même pendant la crise
01:02:07 par une partie des députés
01:02:09 d'Ensemble.
01:02:11 Il est un petit peu lâché par
01:02:13 Édouard Philippe, qu'on n'a pas tellement vu dans
01:02:15 cette crise. Donc, le roi
01:02:17 est nu, quand même. C'est-à-dire qu'il y a un isolement
01:02:19 politique, moi, qui me fait penser un peu
01:02:21 à ce qui était arrivé à Valéry Giscard d'Estaing
01:02:23 à la fin de son...
01:02:25 Alors, il n'avait duré que 7 ans, Giscard,
01:02:27 mais à l'époque... - Oui, mais c'était 7 ans, à l'époque.
01:02:29 - Ce président qui, au départ,
01:02:31 voulait regarder la France au fond des yeux,
01:02:33 qui désespérément essayait
01:02:35 de se rapprocher des Français, qui avait fait
01:02:37 des réformes, et qui a terminé en une forme
01:02:39 disant... - Oui, mais 7 ans !
01:02:41 - Il était... - Au bout de 7 ans !
01:02:43 - Emmanuel Macron ne gouverne pas depuis 5 ans !
01:02:45 - Ah oui ! Moi, je pense qu'il a encore
01:02:47 un agenda. - Faut pas oublier, hein !
01:02:49 Faut pas oublier, oui ! - Je pense qu'il a encore un agenda.
01:02:51 Je voyais récemment mes anciens petits copains
01:02:53 de cabinet, on est tous tombés d'accord,
01:02:55 alors que ça n'arrive jamais, en se disant
01:02:57 quand même, si on regarde les choses,
01:02:59 ils continuent de fracasser les Républicains.
01:03:01 Les grands perdants de la séquence retraite,
01:03:03 c'est les Républicains. Si demain, on dissout,
01:03:05 qu'est-ce que fait cet électorat ?
01:03:07 Ça, c'est le premier point. Et le deuxième point,
01:03:09 on est tous persuadés d'une chose,
01:03:11 c'est que finalement, il n'a pas rénové
01:03:13 la politique, il a compris. Il sait
01:03:15 qu'il est une fin de cycle, et que
01:03:17 la fin de cycle, elle risque de mettre au pouvoir
01:03:19 quelqu'un dont les dictionnaires
01:03:21 diront que c'est lui qui l'a mis
01:03:23 en place. Et il est obsédé par ça.
01:03:25 Il est totalement obsédé par ça,
01:03:27 et donc, il se dit une seule chose,
01:03:29 je ne veux pas que Marine Le Pen
01:03:31 me succède en tant que présidente de la République.
01:03:33 Et donc, dans ce qu'on lit,
01:03:35 comme ça, ces espèces de signes aux faibles,
01:03:37 c'est d'arriver petit à petit à une dissolution
01:03:39 qui le contraindrait
01:03:41 à mettre quelqu'un qui est aux extrêmes,
01:03:43 Marine Le Pen ou quelqu'un d'autre, et on sait
01:03:45 très bien que trois ans de cohabitation,
01:03:47 quand on n'a jamais gouverné,
01:03:49 ça vous essore. Et dans ce cas-là,
01:03:51 mécaniquement, vous évitez le...
01:03:53 - Mais ça, c'est un cynisme absolu !
01:03:55 - Oui, mais vous voyez, Jean-Jacques,
01:03:57 on est tous un peu cyniques à l'intérieur.
01:03:59 - Quand vous dites "les yeux dans les yeux"
01:04:01 à François Hollande, mais François,
01:04:03 je ne me présenterai jamais contre toi !
01:04:05 C'est une séquence
01:04:07 cahuzienne, cahuzakienne,
01:04:09 mais dans le bureau de l'Elysée. Il faut avoir
01:04:11 un peu de cynisme. - Oui, oui.
01:04:13 - Je ne suis pas en désaccord avec ce
01:04:15 qui est dit, sauf qu'il prend un gros risque.
01:04:17 Il prend un énorme
01:04:19 risque en faisant ça,
01:04:21 parce qu'il est coupé avec tout le monde.
01:04:23 Il perd de l'aura au niveau international,
01:04:25 également. Il ne faut pas l'oublier au niveau européen,
01:04:27 au niveau international, avec un voyage en Afrique
01:04:29 qui a été raté, etc.
01:04:31 Donc, lui, qui était présenté... - Or, il adore ça,
01:04:33 et ça le passionne. - Oui, mais il était présenté
01:04:35 comme l'homme moderne, le jeune de l'Europe,
01:04:37 le leader de l'Europe, c'est fini, ça, aujourd'hui.
01:04:39 Donc, il prend, selon moi, de très gros risques.
01:04:41 Après, lui pense
01:04:43 que s'il bouge sur les retraites,
01:04:45 il ne pourra plus rien faire derrière.
01:04:47 Mais moi, je pense qu'il se trompe. - C'est le contraire.
01:04:49 - C'est le contraire. S'il bouge sur les retraites, il pourra...
01:04:51 - Il s'en grandit ? Est-ce que s'il bouge
01:04:53 sur les retraites, il s'en grandit ?
01:04:55 - Pour moi, oui. Après, vous savez, dans un conflit,
01:04:57 l'idéal, dans un conflit,
01:04:59 c'est que tout le monde,
01:05:01 personne ne soit humilié.
01:05:03 Par exemple, je prends un exemple
01:05:05 de ce qu'il pourrait faire. Je ne dis pas qu'il va le faire, je n'ai pas le sentiment.
01:05:07 Il pourrait très bien dire... Bon, tout le monde
01:05:09 est d'accord pour dire que le travail, c'est important,
01:05:11 même moi, je l'ai dit, puisqu'on va lancer
01:05:13 un cycle sur le travail, etc.
01:05:15 Alors, OK, on se réunit autour de la table, tout est sur la table,
01:05:17 les travails, les retraites, et je suspend
01:05:19 la réforme des retraites jusqu'à temps
01:05:21 où on ait fini les discussions. Il pourrait faire ça.
01:05:23 - Il pourrait, tout à fait. - Il pourrait faire ça.
01:05:25 - Il pourrait même, d'ailleurs, s'appuyer... - Je ne suis pas sûr du tout.
01:05:27 - ...sur d'éventuelles invalidations
01:05:29 d'articles de la loi par le Conseil constitutionnel.
01:05:31 - Évidemment. - Voilà.
01:05:33 Même si ce n'est pas une invalidation globale
01:05:35 de la loi, mais, voilà, ces articles-là
01:05:37 ne correspondent pas véritablement
01:05:39 à l'esprit de la loi que je voulais faire,
01:05:41 rediscutons-en et incluons ça
01:05:43 dans ce qu'il aurait dû faire, d'ailleurs, en préliminaire,
01:05:45 c'est-à-dire un grand débat sur le travail,
01:05:47 avec les acteurs sociaux.
01:05:49 - C'est intéressant ce que vous dites, parce qu'on va parler du Conseil constitutionnel
01:05:51 juste après, justement,
01:05:53 du rôle du Conseil constitutionnel
01:05:55 et de ce temps mis
01:05:57 par le Conseil constitutionnel
01:05:59 pour décider...
01:06:01 Oui, peut-être joue-t-il
01:06:03 le temps ?
01:06:05 Peut-être pense-t-il que le temps joue pour lui ?
01:06:07 - Il perdrait son autorité. - En se disant le con.
01:06:09 - Il perdrait quand même de son autorité. - Il perdrait l'autorité, là, oui.
01:06:11 - Politiquement, pour pacifier, c'est ce qu'il faudrait faire,
01:06:13 mais sur son électorat,
01:06:15 et cet électorat de droite, dont il va
01:06:17 tirer une large partie, les Républicains,
01:06:19 là, cette retraite,
01:06:21 cette réforme qui n'a pas été votée par les Républicains,
01:06:23 ça va être dévastateur
01:06:25 dans leur électorat. - Oui, mais ça, c'est sûr.
01:06:27 - C'est un marqueur, le travail, la retraite. - C'est sûr.
01:06:29 - Si, lui, il décide de faire autrement,
01:06:31 sur son électorat, ce serait également dévastateur.
01:06:33 - Oui, mais sur l'objectif fondamental
01:06:35 que tu as eu raison de mettre
01:06:37 en valeur, c'est-à-dire affaiblir
01:06:39 le Rassemblement, ne pas permettre
01:06:41 à Marine Le Pen d'être élue
01:06:43 en 2027, là, il fait
01:06:45 exactement le contraire, parce que s'il y a
01:06:47 bien une force qui va sortir renforcée
01:06:49 par cette crise, en tout cas, elle l'est
01:06:51 dans la séquence parlementaire,
01:06:53 elle l'est déjà, c'est le Rassemblement national,
01:06:55 et c'est Marine Le Pen. Donc là,
01:06:57 il est complètement à contrario
01:06:59 d'abord de ce qu'il avait dit en arrivant
01:07:01 en 2017, il nous disait, "Bon, ben,
01:07:03 avec moi, vous allez voir, il n'y aura plus
01:07:05 aucune chance d'avoir l'extrême droite au pouvoir."
01:07:07 Il est en train de conduire exactement l'inverse.
01:07:09 - Mais Jean, toi qui es historien, tu sais que
01:07:11 l'autorité, c'est toi-même qui as dû
01:07:13 expliquer dans un bouquin que
01:07:15 quand Churchill décide de faire les Dardanelles,
01:07:17 c'est absolument dévastateur
01:07:19 des centaines de milliers de personnes, mais c'est
01:07:21 le rôle d'un chef et de l'endosser. Donc, à un moment,
01:07:23 le chef, il faut qu'il cheffe, et s'il
01:07:25 abandonne cette autorité en res-campagne,
01:07:27 pour son électorat, et en tout cas, ses ambitions,
01:07:29 c'est compliqué. - Comme il ne se représentera pas,
01:07:31 ça c'est humain, lui ou un autre,
01:07:33 quand vous êtes en... - Il reste quatre ans. - Oui, il reste
01:07:35 quatre ans, d'accord, mais plus le temps
01:07:37 va passer, plus il va perdre de l'autorité. Mais ça,
01:07:39 c'est parce qu'il ne se représente pas. Quand on commence déjà
01:07:41 à dire "voilà, un tel machin sera un candidat", etc.
01:07:43 Donc, l'autorité, il va la perdre progressivement,
01:07:45 d'une manière ou d'une autre. Après, moi,
01:07:47 je considère qu'il joue avec le feu.
01:07:49 S'il avait un dialogue social, parce que
01:07:51 c'est bien gentil, mais demain, supposé
01:07:53 il ne bouge pas. Ça ne va pas se raccommoder
01:07:55 comme ça du jour au lendemain avec les syndicats, hein.
01:07:57 - Vous savez ce qu'il perd ?
01:07:59 C'est l'autorité morale. - Oui.
01:08:01 - Et ça, c'est pire que tout. - C'est pire que tout.
01:08:03 - Bien. Messieurs,
01:08:05 merci d'être venus nous voir.
01:08:07 C'était passionnant, évidemment.
01:08:09 On va parler du Conseil constitutionnel
01:08:11 dans un instant,
01:08:13 juste après les infos,
01:08:15 avec Jean-Philippe de Rosier, qui est juriste,
01:08:17 spécialiste de droit constitutionnel.
01:08:19 - Jean-Jacques Bourdin. - 14 avril.
01:08:21 Tout le monde a cette date en tête,
01:08:23 pour ceux qui suivent l'actualité
01:08:25 et qui suivent la réforme des retraites.
01:08:27 Pourquoi ? Parce que le 14 avril,
01:08:29 le Conseil constitutionnel
01:08:31 décidera.
01:08:33 Voilà. Bon. Nous allons en parler.
01:08:35 Comment fonctionne le Conseil constitutionnel ?
01:08:37 Qui siège au Conseil constitutionnel ?
01:08:39 Comment les membres du Conseil
01:08:41 sont-ils choisis ? Nous allons en parler
01:08:43 avec Jean-Philippe de Rosier, qui est juriste,
01:08:45 qui est spécialiste de droit constitutionnel
01:08:47 et qui est notre invité
01:08:49 ce matin sur l'antenne de Sud Radio.
01:08:51 Mais auparavant, nous sommes le 1er avril.
01:08:53 Demain ? Hein ?
01:08:55 - Eh oui. - Pas de poisson aujourd'hui.
01:08:57 Fin de la trêve hivernale, demain.
01:08:59 Revalorisation des allocations
01:09:01 au chômage et des prestations sociales.
01:09:03 Quelques changements à l'occasion
01:09:05 du 1er avril. Félix Mathieu.
01:09:07 - Après 5 mois de trêve hivernale,
01:09:09 les expulsions de locataires qui ont des arriérés de loyers
01:09:11 peuvent reprendre. Quelques coups de pouce
01:09:13 du côté des aides sociales. Les allocations
01:09:15 d'assurance chômage vont être revalorisées
01:09:17 d'1,9% le 1er avril.
01:09:19 Un coup de pouce exceptionnel pour
01:09:21 raison d'inflation.
01:09:23 Du côté du RSA aussi, ou de la prime d'activité,
01:09:25 les allocations familiales
01:09:27 vont augmenter d'1,6%.
01:09:29 Pour ce qui est des banques,
01:09:31 pour ceux qui voudraient par exemple emprunter pour acheter
01:09:33 le taux d'usure qui fixe la limite
01:09:35 des nouveaux crédits sera relevé au 1er avril
01:09:37 de 4% à 4,24%
01:09:39 pour les prêts immobiliers
01:09:41 à taux fixe d'une durée de 20 ans
01:09:43 et plus. Si vous êtes déjà propriétaire
01:09:45 mais d'une passoire thermique, sachez
01:09:47 que MaPrimeRénov' subventionnera
01:09:49 moins de choses désormais à partir de demain.
01:09:51 Le dispositif destiné à la rénovation
01:09:53 énergétique ne subventionnera plus
01:09:55 certains projets destinés au ménage
01:09:57 aux ressources supérieures. Aménagement
01:09:59 des combles, isolation des toits terrasse,
01:10:01 isolation des murs par l'extérieur
01:10:03 ou l'intérieur, tout ne sera plus subventionné
01:10:05 par MaPrimeRénov'.
01:10:07 L'Etat met fin au bonus
01:10:09 de 1000 euros jusqu'ici
01:10:11 versé pour le remplacement d'une chaudière au fuel
01:10:13 ou à gaz, remplacé par
01:10:15 un équipement d'énergie renouvelable.
01:10:17 Fin de ce bonus, il devait initialement
01:10:19 s'arrêter en 2022, mais il avait été prolongé
01:10:21 de 3 mois supplémentaires.
01:10:23 Et puis attention aussi, si vous prenez la voiture pour
01:10:25 travailler, vous n'avez plus que quelques heures
01:10:27 pour demander l'indemnité carburant.
01:10:29 Vous ne pouvez plus la réclamer après minuit
01:10:31 ce soir. - Bien, il est 12h10,
01:10:33 merci d'être avec nous.
01:10:35 Je vois une première déclaration
01:10:37 de Sophie Binet, qui est la nouvelle secrétaire
01:10:39 générale de la CGT.
01:10:41 Que dit-elle ? L'intersyndicale Unis
01:10:43 rencontrera Elisabeth Borne
01:10:45 pour exiger le retrait de la réforme des retraites.
01:10:47 Voilà. Bon, c'est clair,
01:10:49 il y aura une rencontre, nous verrons ce que ça donnera.
01:10:51 Mercredi prochain, 12h09.
01:10:53 En attendant, nous avons parlé
01:10:55 du Conseil constitutionnel.
01:10:57 Tout le monde attend, attend la décision.
01:10:59 Eh bien, nous allons
01:11:01 en parler, nous allons parler du fonctionnement
01:11:03 du Conseil constitutionnel.
01:11:05 Avec Jean-Philippe Derozier, à tout de suite.
01:11:07 Jean-Jacques Bourdin.
01:11:09 Voilà que l'on parle beaucoup du Conseil constitutionnel.
01:11:11 Les Français
01:11:13 avaient une idée
01:11:15 un peu vague
01:11:17 de ce qu'était le Conseil constitutionnel.
01:11:19 Et puis, nous lisons partout
01:11:21 maintenant des présentations
01:11:23 du Conseil constitutionnel.
01:11:25 Certains parlent
01:11:27 abondamment dans les médias
01:11:29 des décisions que
01:11:31 pourrait prendre le Conseil constitutionnel.
01:11:33 Le Conseil constitutionnel,
01:11:35 comment fonctionne-t-il ?
01:11:37 Jean-Philippe Derozier est avec nous,
01:11:39 professeur de droit constitutionnel. Bonjour.
01:11:41 - Bonjour. - Merci d'être avec nous.
01:11:43 Conseil constitutionnel, neuf membres.
01:11:45 - Neuf membres, absolument.
01:11:47 - Qui sont choisis comment ?
01:11:49 - Alors, ils sont choisis, ils sont nommés
01:11:51 par le Président de la République,
01:11:53 le Président du Sénat et le Président
01:11:55 de l'Assemblée nationale, à raison
01:11:57 de trois tous les trois ans. C'est-à-dire que
01:11:59 le Conseil se renouvelle par tiers tous les
01:12:01 trois ans, parce que le mandat dure neuf ans.
01:12:03 Et chacun,
01:12:05 chacune des autorités de nomination est libre
01:12:07 de choisir qui il veut.
01:12:09 Il n'y a aucun critère,
01:12:11 aucune obligation dans le choix
01:12:13 de la personne. En revanche,
01:12:15 une fois que la personne est ainsi
01:12:17 pressentie avant sa nomination,
01:12:19 elle est auditionnée par
01:12:21 les assemblées parlementaires, par la commission
01:12:23 des lois de l'Assemblée nationale et du Sénat.
01:12:25 Et donc, cette audition est
01:12:27 publique, elle est retransmise,
01:12:29 donc on voit un petit peu de quelle personnalité
01:12:31 il s'agit. Pousse-la pour dire
01:12:33 qu'il peut choisir qui il veut,
01:12:35 mais s'il choisit une personnalité
01:12:37 qui est absolument
01:12:39 incompétente dans le... - Mais si la commission
01:12:41 des lois dit non au choix ? - Alors, si la commission
01:12:43 des lois dit non, elle peut dire non,
01:12:45 elle peut s'y opposer à la
01:12:47 majorité des trois cinquièmes, c'est ce qu'on
01:12:49 appelle les trois cinquièmes négatifs, elle ne doit pas
01:12:51 voter pour, elle peut simplement s'y opposer.
01:12:53 Et donc, si trois cinquièmes
01:12:55 des membres de la commission s'opposent à la nomination,
01:12:57 la nomination ne peut pas
01:12:59 avoir lieu. Et ça ne s'est jamais produit
01:13:01 pour une nomination au Conseil
01:13:03 constitutionnel, mais c'est quand même un pouvoir assez
01:13:05 important, parce que il y a là
01:13:07 effectivement une audition
01:13:09 transparente qui met un petit peu les choses sur la
01:13:11 table et qui teste la personnalité
01:13:13 pressentie. - Je vous dis ça, Jean-Philippe de Rosé, parce que
01:13:15 on l'a entendu, on l'a lu,
01:13:17 il y a une forme de contestation
01:13:19 politique de certains membres
01:13:21 du Conseil constitutionnel.
01:13:23 J'ai lu, ce sont
01:13:25 des membres qui ont été
01:13:27 nommés par des
01:13:29 hommes de droite, donc ce sont des
01:13:31 membres de droite, anciens ministres,
01:13:33 notamment anciens premiers ministres,
01:13:35 donc, vous voyez là...
01:13:37 - Premièrement, il ne faut pas généraliser.
01:13:39 Certains ont été nommés par
01:13:41 des hommes de droite, d'autres ont été nommés
01:13:43 par des hommes de gauche. François Hollande
01:13:45 a nommé Laurent Fabius,
01:13:47 Claude Bartholone a nommé Corine Luquiens, l'un comme l'autre
01:13:49 étaient des hommes de gauche.
01:13:51 Bon, ça c'est un premier point, il ne faut pas généraliser.
01:13:53 Et deuxièmement, il y a un certain nombre de garanties
01:13:55 qui affectent le statut des membres
01:13:57 du Conseil constitutionnel, la durée
01:13:59 du mandat, leur incompatibilité
01:14:01 avec toute autre chose, c'est-à-dire qu'ils se dédient pleinement
01:14:03 à ce mandat-là
01:14:05 ou à cette fonction, ils ne peuvent pas être
01:14:07 renouvelés, donc le caractère non-renouvelable
01:14:09 et très souvent
01:14:11 ce sont des personnalités qui ont déjà
01:14:13 une certaine carrière derrière eux
01:14:15 et n'ont plus grand-chose à espérer.
01:14:17 Et donc tout cela participe
01:14:19 de leur indépendance, de ce que Robert
01:14:21 Badinter avait appelé lorsqu'il avait été nommé
01:14:23 par François Mitterrand, son devoir
01:14:25 d'ingratitude, c'est-à-dire qu'ils n'ont
01:14:27 pas besoin d'être redevables à l'autorité
01:14:29 de nomination parce qu'ils
01:14:31 n'ont plus rien à espérer de cette autorité de nomination,
01:14:33 ils n'ont plus de compte à rendre.
01:14:35 - Donc ils gagnent leur indépendance en entrant au
01:14:37 Conseil constitutionnel. - Absolument,
01:14:39 alors je n'ai jamais siégé au Conseil constitutionnel,
01:14:41 je n'ai jamais participé à un délibéré
01:14:43 mais d'après les informations dont j'ai
01:14:45 pu avoir connaissance,
01:14:47 il n'y a pas de politique au Conseil constitutionnel.
01:14:49 Le Conseil constitutionnel statue en droit
01:14:51 et il n'y a pas de majorité politique
01:14:53 à gauche ou à droite,
01:14:55 il examine une question de droit, la Constitution
01:14:57 est totalement infondée.
01:14:59 Je ne dis pas que marginalement
01:15:01 il y a pu y avoir des incidents, des dysfonctionnements,
01:15:03 on cite souvent l'exemple de
01:15:05 Roland Dumas qui avait validé les comptes
01:15:07 de Jacques Chirac, Édouard Ballédur,
01:15:09 alors premièrement ça a presque 30 ans,
01:15:11 deuxièmement, il n'y a pas eu beaucoup de membres
01:15:13 qui se sont fait virer du Conseil constitutionnel,
01:15:15 Roland Dumas est le seul. Donc ça montre bien
01:15:17 qu'il y avait là effectivement un problème,
01:15:19 il a été poussé par la sortie en raison
01:15:21 d'un certain nombre d'affaires,
01:15:23 donc oui il y a comme partout
01:15:25 des dysfonctionnements, mais je ne pense pas
01:15:27 qu'il y ait de la politique au Conseil constitutionnel.
01:15:29 - Aux fonctionnaires de l'État, statut particulier,
01:15:31 un membre
01:15:33 du Conseil constitutionnel,
01:15:35 évidemment, rémunéré ?
01:15:37 - Oui absolument, la rémunération
01:15:39 fait partie de l'indépendance, parce que si on n'est pas
01:15:41 rémunéré, on va chercher de la rémunération
01:15:43 ailleurs, il faut bien vivre, et par conséquent
01:15:45 lorsque l'on a une bonne rémunération,
01:15:47 on n'a pas besoin d'aller chercher cette rémunération ailleurs,
01:15:49 et on évite tout conflit d'intérêt potentiel,
01:15:51 et ça participe donc de l'indépendance
01:15:53 également. - Bon, alors, donc,
01:15:55 rémunéré, et avec un
01:15:57 temps de travail, comment ça fonctionne ?
01:15:59 - Alors, il y a eu une réforme
01:16:01 très importante de la Constitution en 2008
01:16:03 qui a introduit une grande nouveauté
01:16:05 pour le Conseil constitutionnel, c'est ce que l'on
01:16:07 appelle la QPC, la question prioritaire
01:16:09 de constitutionnalité, qui, pour
01:16:11 dire les choses assez simplement, permet
01:16:13 aujourd'hui à n'importe quel justiciable de contester
01:16:15 la constitutionnalité d'une loi en vigueur,
01:16:17 ce qui n'était pas possible auparavant.
01:16:19 Et donc cela, inévitablement, a
01:16:21 alourdi un petit peu le travail
01:16:23 des membres du Conseil constitutionnel,
01:16:25 qui avant étaient occupés
01:16:27 une fois tous les cinq ans lorsqu'il y avait les élections,
01:16:29 parce que le Conseil constitutionnel est jugé électoral,
01:16:31 et puis pour une vingtaine d'affaires par an
01:16:33 lorsque il jugeait la constitutionnalité de la loi.
01:16:35 Là, maintenant, il travaille beaucoup plus régulièrement,
01:16:37 il y a des sessions,
01:16:39 des audiences publiques,
01:16:41 tous les mardis-matins,
01:16:43 il y a généralement, classiquement,
01:16:45 des délibérés le jeudi.
01:16:47 - Alors là, par exemple, sur la réforme
01:16:49 des retraites, est-ce que le public
01:16:51 pourra aller assister ? - Non.
01:16:53 Non, parce qu'on est dans le cadre du contrôle
01:16:55 a priori, et dans le cadre du
01:16:57 contrôle a priori, ce n'est pas un
01:16:59 procès, donc les règles du procès
01:17:01 équitable, et notamment de la publicité
01:17:03 des audiences et des débats, ne s'appliquent pas.
01:17:05 Il n'y a pas d'audience en réalité.
01:17:07 Alors il y a cette rencontre dont la presse
01:17:09 a parlé, qui a lieu le 4 avril prochain,
01:17:11 où un certain nombre de parlementaires vont aller rencontrer
01:17:13 les membres du Conseil constitutionnel,
01:17:15 ça n'a pas forcément grand intérêt,
01:17:17 c'est assez nouveau, c'est notamment
01:17:19 la France insoumise qui se lance dans cette
01:17:21 initiative de
01:17:23 multiplier ce type de rencontres.
01:17:25 Bon, ça permet effectivement peut-être de
01:17:27 porter quelques arguments, mais ça permet surtout
01:17:29 de faire un petit coup de com' de la part
01:17:31 des parlementaires.
01:17:33 - Et peut-être un peu de pression sur les membres ?
01:17:35 - Alors peut-être que c'est ce qu'ils
01:17:37 cherchent à faire,
01:17:39 je ne suis pas sûr que ce soit bienvenu,
01:17:41 je ne suis pas sûr que les membres s'y laissent prendre.
01:17:43 D'ailleurs, en général,
01:17:45 dans ce type de rencontres, ce n'est pas l'ensemble
01:17:47 du Conseil constitutionnel qui rencontre les
01:17:49 parlementaires en question, mais soit
01:17:51 seulement le rapporteur, soit le rapporteur et
01:17:53 un ou deux autres membres, et donc
01:17:55 c'est plus un échange sur les mémoires
01:17:57 qui ont pu être ainsi déposées
01:17:59 dans le cadre de la requête.
01:18:01 - Bien, je ne vais pas vous interroger sur le fond,
01:18:03 sur le travail du Conseil constitutionnel,
01:18:06 sur cette réforme des retraites,
01:18:08 ni sur le référendum
01:18:10 d'initiative partagée.
01:18:12 D'autres le font, vous le déplorez d'ailleurs.
01:18:14 - Je le déplore absolument, absolument,
01:18:16 je le déplore parce que je pense que...
01:18:18 - D'autres constitutionnalistes le font.
01:18:20 - Je pense que d'une part, on peut tout à fait avoir des arguments
01:18:22 à porter, mais il faut alors les porter devant le juge,
01:18:24 et pas forcément dans l'espace médiatique
01:18:26 public, pour une raison très simple,
01:18:28 c'est qu'une décision de justice, elle ne s'annonce pas,
01:18:30 elle se commente, et donc
01:18:32 une fois qu'elle est rendue, effectivement, là, on peut
01:18:34 l'analyser, la décrypter, l'expliquer,
01:18:36 la critiquer, le cas échéant, mais
01:18:38 il ne faut pas, je pense,
01:18:40 exercer une forme de pression dans l'espace public,
01:18:42 dans l'espace médiatique, sur une institution
01:18:44 qui doit être indépendante.
01:18:46 - Je vais en citer un, Dominique Rousseau, qui
01:18:48 régulièrement s'exprime
01:18:50 aujourd'hui sur ce que
01:18:52 pourrait décider le Conseil
01:18:54 constitutionnel concernant cette réforme des retraites.
01:18:56 C'est faire pression
01:18:58 sur le Conseil constitutionnel ?
01:19:00 Est-ce qu'il y a une volonté, par certains,
01:19:02 parce qu'il faut qu'il soit absolument
01:19:04 étanche à toutes les pressions, le Conseil constitutionnel ?
01:19:06 - Absolument. Le Conseil constitutionnel,
01:19:08 dans cette affaire-là qui nous occupe, quoi qu'il décide,
01:19:10 premièrement, constituera
01:19:12 un précédent, parce qu'on est dans quelque chose
01:19:14 de tout à fait exceptionnel et inédit,
01:19:16 et deuxièmement, quoi qu'il décide, il sera
01:19:18 critiqué, parce qu'il y a les partisans
01:19:20 de la réforme qui, s'ils censurent,
01:19:22 le critiqueront, et puis il y a les partisans
01:19:24 du rejet de la réforme que, s'ils
01:19:26 le valident, le critiqueront. Et
01:19:28 je pense que, lorsque l'on
01:19:30 plaide ainsi, dans l'espace public, dans l'espace
01:19:32 médiatique, pour, dans un
01:19:34 sens ou dans un autre, en réalité,
01:19:36 on alimente cette crispation politique
01:19:38 par des arguments de droit, dont
01:19:40 est supposé se saisir le
01:19:42 Conseil constitutionnel. Et donc, je pense
01:19:44 que c'est effectivement nourrir
01:19:46 cette pression politique sur le
01:19:48 Conseil constitutionnel, sous le sceau de la
01:19:50 légitimité de l'expert, et je ne crois pas
01:19:52 que ce soit son rôle. - Bien. Le Conseil
01:19:54 constitutionnel décidera le 14
01:19:56 avril. Est-ce que le délai vous
01:19:58 paraît normal, logique, pour examiner
01:20:00 ces requêtes ?
01:20:02 - Il aurait pu être un petit peu plus long,
01:20:04 puisque le Conseil constitutionnel a été saisi
01:20:06 le 20 mars, et il dispose d'un mois, donc il
01:20:08 aurait pu statuer le 20 avril.
01:20:10 Il décide d'avancer un petit peu.
01:20:12 Ce n'est pas surprenant.
01:20:14 C'est... Disons
01:20:16 qu'on est dans le délai,
01:20:18 la moyenne des délais qui s'appliquent
01:20:20 au Conseil constitutionnel. Il aurait fait
01:20:22 plus vite que le 14 avril, on
01:20:24 aurait pu clairement y voir une pression de la part du
01:20:26 gouvernement. Là,
01:20:28 il prend ses responsabilités,
01:20:30 puis il a un agenda lui-même à organiser,
01:20:32 entre certainement
01:20:34 d'autres affaires, peut-être
01:20:36 des considérations plus personnelles des membres. On va
01:20:38 rentrer dans une période de vacances, et ce sont
01:20:40 des hommes et des femmes comme vous et moi qui ont le droit
01:20:42 aussi un petit peu de temps de repos. - Combien de personnel
01:20:44 au Conseil constitutionnel ?
01:20:46 - C'est une petite maison.
01:20:48 Une petite maison qui, en tout
01:20:50 et pour tout, incluant
01:20:52 tout le staff, si j'ose dire,
01:20:54 ne va pas au-delà d'une cinquantaine de personnes.
01:20:56 - Cinquantaine de personnes, oui.
01:20:58 J'ai...
01:21:00 Alors, je ne vais pas entrer encore une fois
01:21:02 dans la constitutionnalité
01:21:04 de la loi de finances rectificative de la
01:21:06 Sécurité sociale. C'est ce que examine
01:21:08 le Conseil constitutionnel, qui examine
01:21:10 aussi la demande de référendum
01:21:12 d'initiative partagée. C'est aussi son rôle.
01:21:14 - Absolument. Ça aussi, c'est une
01:21:16 innovation de la révision
01:21:18 constitutionnelle de 2008,
01:21:20 qui avait été initialement envisagée
01:21:22 comme un renforcement de
01:21:24 la démocratie, donc un instrument au service
01:21:26 du peuple, ce qu'il reste bien sûr, mais
01:21:28 il est devenu, et ce n'est guère
01:21:30 surprenant, un levier de l'opposition.
01:21:32 Parce qu'on a vu que, à chaque fois qu'il avait été mobilisé, c'était
01:21:34 pour permettre à l'opposition, c'est-à-dire à une
01:21:36 minorité parlementaire, de manifester
01:21:38 une hostilité, une opposition
01:21:40 à une politique ou à
01:21:42 une loi qui est en cours d'examen
01:21:44 ou qui vient tout juste d'être adoptée
01:21:46 avant qu'elle soit promulguée, puisque
01:21:48 ce RIP, ce référendum d'initiative
01:21:50 partagée, ne pourrait pas porter sur une loi
01:21:52 qui vient d'être promulguée. Or là, la
01:21:54 loi de finances rectificatives n'est pas encore
01:21:56 promulguée, comme vous l'avez très bien dit, puisqu'elle
01:21:58 est à l'examen du Conseil constitutionnel.
01:22:00 Et donc, pour valider la
01:22:02 recevabilité de ce référendum,
01:22:04 de cette proposition de loi référendaire,
01:22:06 le Conseil constitutionnel doit en examiner
01:22:08 la constitutionnalité. - Alors, le Conseil
01:22:10 constitutionnel donnera son avis
01:22:12 sur... - Sa décision. - Oui, c'est vrai.
01:22:14 C'est pas un avis, vous avez raison. - C'est pas un avis, c'est une décision.
01:22:16 - L'avis, c'est le Conseil d'État. - Absolument.
01:22:18 - La décision, c'est le Conseil
01:22:20 constitutionnel. Grande différence.
01:22:22 Si
01:22:24 le Conseil constitutionnel
01:22:26 valide ou tout
01:22:28 le texte, ou une partie du texte,
01:22:30 le Président de la République est obligé de promulguer
01:22:32 la loi après ? - Non, il a encore une ultime
01:22:34 prérogative constitutionnelle, qui est
01:22:36 de demander une nouvelle délibération, s'il le
01:22:38 souhaite. C'est le deuxième alinéa
01:22:40 de l'article 10 qui prévoit la promulgation.
01:22:42 Alors, ça ne s'est pas produit très souvent, ça n'a été
01:22:44 utilisé qu'à trois reprises depuis 1958.
01:22:46 À une reprise,
01:22:48 à une fois en 1983, par
01:22:50 François Mitterrand, pour, en réalité,
01:22:52 écarter une loi qui n'avait plus lieu
01:22:54 d'être promulguée, parce qu'elle
01:22:56 programmait l'exposition universelle qui n'était
01:22:58 finalement plus organisée en France, et donc il a demandé
01:23:00 une nouvelle délibération pour que la loi puisse mourir.
01:23:02 Ça peut être une solution à une crise
01:23:04 politique intense, en disant, soit
01:23:06 on va réexaminer la loi, soit je
01:23:08 demande cette nouvelle délibération et puis je ne l'inscris plus
01:23:10 à l'ordre du jour, comme ça, elle meurt
01:23:12 de sa belle mort. Je ne dis pas que c'est l'hypothèse
01:23:14 la plus probable, mais, en tout cas,
01:23:16 pour répondre à votre question, le Président de la République n'est pas
01:23:18 obligé de promulguer la loi, il peut
01:23:20 demander une nouvelle. - Mais en général, la loi est promulguée.
01:23:22 - En général, la loi est promulguée. - Quand elle est validée.
01:23:24 - Absolument. - Parce que c'est une validation, le Conseil
01:23:26 constitutionnel. - Le Conseil constitutionnel examine,
01:23:28 décide, et peut faire
01:23:30 soit une conformité totale, dans quel cas la loi
01:23:32 est validée, comme vous dites, soit
01:23:34 une non-conformité partielle, il supprime
01:23:36 quelques articles. - De lui-même, il supprime
01:23:38 quelques articles. - Alors, il censure des articles,
01:23:40 tel et tel article sont contraires à la Constitution,
01:23:42 et s'ils sont détachables du reste
01:23:44 du texte, c'est-à-dire, si le reste du texte peut vivre
01:23:46 sans ces articles, alors le reste du texte
01:23:48 peut être promulgué, ou alors
01:23:50 il censure la loi dans sa totale idée, c'est une non-conformité
01:23:52 totale, et là, pour le coup, la loi
01:23:54 ne peut pas être promulguée. - Eh bien, merci
01:23:56 à vous d'être venu nous voir,
01:23:58 Jean-Philippe de Rosier, merci parce que c'est
01:24:00 passionnant, je vous le dis tout de suite, ça parait
01:24:02 rébarbatif, c'est très très gentil.
01:24:04 - Je reviens quand vous voulez pour vous continuer à parler du Conseil Constitutionnel.
01:24:06 - Ça parait très rébarbatif,
01:24:08 mais c'est finalement passionnant. Il est 12h26,
01:24:10 oh, souvent,
01:24:12 dans la vie, il est 12h26,
01:24:14 quand on est un peu curieux, c'est sûr,
01:24:16 André Bercoff.

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