Eric Naulleau : "Considéré comme étant coupable, le meurtrier de Sarah Halimi ne sera jamais jugé !"

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Transcript

00:00 Éric Nolot, bonjour.

00:02 Bonjour Patrick, bonjour à tous.

00:04 Comme chaque vendredi matin. Alors vous nous parlez ce matin d'un livre qui selon vous nous concerne tous.

00:10 Il est parfois nécessaire de rappeler quelques évidences.

00:14 Que l'antisémitisme tue, par exemple.

00:16 L'antisémitisme a tué, le 4 avril 2017 à Paris,

00:20 l'antisémitisme a tué Sarah Halimi, assassinée parce que juive,

00:24 pour nul autre raison qu'elle était juive.

00:26 Dans un livre à sortir mardi prochain, soit très exactement 6 années après les faits,

00:31 250 personnalités ont souhaité revenir sur ce drame.

00:34 250 personnalités aussi diverses que le pape François, ou l'imam Hassan Chalgoumi,

00:39 Alain Finkielkraut ou Valéry Thauragnan, Kamel Daoud ou Raphaël Enthoven, Rachel Kahn ou Mathieu Ricard.

00:45 Alors pourquoi cette démarche ?

00:47 Pas seulement en raison de l'horreur du crime, même si les circonstances de ce dernier sont particulièrement épouvantables,

00:52 ainsi que le rappel en ouverture le grand rabbin de France Haïm Korsia.

00:56 Sarah Halimi fut d'abord rouée de coups, puis défenestrée par son meurtrier,

01:01 un délinquant de 27 ans au cri de "Allah Akbar".

01:04 Non, pas seulement.

01:06 Le livre s'intitule "L'invisible de la rue Vaucouleur, Sarah Halimi, femme juive assassinée à Paris en 2017".

01:13 Car il fallait redonner son nom à Sarah Halimi,

01:16 car ainsi va le monde et l'immonde que la plupart d'entre nous savent comment s'appelle

01:20 l'assassin des enfants de l'école Otsaratora de Toulouse en 2012,

01:24 mais ignore généralement l'identité de cette toute jeune victime.

01:28 Il fallait redonner son nom et son existence à Sarah Halimi,

01:31 une femme de bien, comme le résume encore Haïm Korsia, je le cite,

01:35 car c'était sa vocation et son sacerdoce, s'occuper des autres, des plus faibles en particulier.

01:41 Mais il y a une autre raison encore, peut-être la principale, pour que paraisse ce livre.

01:46 Il se trouve que j'habite la rue Vaucouleur où fut massacrée Sarah Halimi,

01:49 et à chaque fois qu'il m'arrive d'évoquer la tragédie avec un voisin,

01:52 je puis témoigner que l'incompréhension le dispute à l'émotion.

01:55 Oui, alors on comprend bien ce qui suscite l'émotion dans ce drame,

01:58 mais qu'est-ce qui provoque l'incompréhension à son sujet, Éric Nolot ?

02:03 Eh bien, il s'avère que tout en étant considéré comme coupable,

02:06 le meurtrier de Sarah Halimi ne sera jamais jugé,

02:09 la Cour de Cassation ayant définitivement confirmé son irresponsabilité légale.

02:13 Il aurait agi sous l'influence d'une bouffée délirante aiguë,

02:16 causée par la consommation massive de cannabis.

02:20 Pas d'ambiguïté, la loi s'impose ici comme partout, mais elle peine à convaincre.

02:24 Comment accepter qu'un criminel échappe aux assises

02:27 en ayant lui-même créé les conditions de son irresponsabilité ?

02:30 Comment se peut-il, par ailleurs, que le caractère antisémite du meurtre ait été retenu,

02:35 s'il est d'autre part affirmé que le meurtrier ne savait pas ce qu'il faisait ?

02:39 Le débat autour de ces questions essentielles prit tant d'ampleur

02:42 qu'une loi dite Sarah Halimi fut votée l'année dernière,

02:45 loi qui annule l'irresponsabilité en cas de consommation proche et volontaire de psychotropes

02:50 dans le but de commettre une infraction.

02:52 Cruelle ironie de l'histoire, la loi dite Sarah Halimi ne s'applique pas

02:56 au cas de Sarah Halimi n'étant évidemment pas rétroactive.

02:59 Pas de quoi dissiper l'impression que justice ne lui fit pas rendu,

03:02 ce que seul un procès aurait sans doute permis.

03:05 Alors que vous soyez juif ou non, l'invisible de la rue Vaux-Couleurs,

03:09 Sarah Halimi, femme juive assassinée à Paris en 2017,

03:12 est un livre qui s'adresse à vous.

03:14 C'est ce que nous rappelle Haïm Korsia à travers cette citation du psychosociologue Kurt Lewin,

03:19 je le cite "Les prétendus problèmes dont souffre la minorité juive

03:23 renvoient toujours à ceux dont souffre la majorité".

03:26 Merci Eric Nolot, vous reviendrez tout à l'heure,

03:29 vous revenez tout à l'heure avec nous dans une quinzaine de minutes,

03:33 avec les auditeurs et Guillaume Migaud, après 8h30 dans un instant,

03:37 je reçois Manon Aubry, députée européenne,

03:39 éléphie présidente du groupe de la gauche au Parlement européen.

03:42 heures et treize minutes. Bon réveil si vous venez juste de vous réveiller à

03:45 l'écoute de Sud Radio.

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