"Je pense qu’il faut accueillir ce qu’on ressent" Marina Kaye parle de ses débuts à 13 ans, sa manière de gérer les commentaires sur les réseaux sociaux et de sa santé mentale.
Son dernier single "Heavenbound" est dispo partout !
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00:00 Le plus dur dans le fait d'être célèbre à 13 ans,
00:02 je pense que c'était à quel point les gens ne réalisent pas,
00:04 comme c'est compliqué.
00:05 J'ai pas l'impression qu'on faisait attention à ma santé mentale
00:08 ou à ma santé tout court.
00:09 Ça va ?
00:10 Ça va, très bien.
00:13 Comment ça allait à 10 ans ?
00:15 Ça n'allait pas très bien.
00:15 J'avais 15 ans,
00:16 j'étais une adolescente plutôt perdue.
00:19 J'essayais de me trouver un équilibre avec la musique,
00:22 j'essayais de me trouver aussi, tout simplement.
00:24 J'ai fait "Incroyable Talent" quand j'avais 13 ans,
00:26 donc j'ai un petit peu grandi devant les caméras
00:28 et j'ai grandi d'une manière un peu spéciale.
00:31 Et quand on commence aussi jeune que moi,
00:36 forcément, sur le moment, on peut croire qu'on le gère,
00:39 mais en fait, avec du recul,
00:41 c'est sûr que c'était pas normal de grandir comme ça.
00:44 Par contre, faire de la musique,
00:45 oui, pour moi, c'était une condition sine qua non à ma vie,
00:48 surtout à cette période-là, quand j'étais adolescente,
00:50 et que pour moi, la musique,
00:51 c'était vraiment un truc auquel je m'accrochais énormément
00:54 parce que j'étais une gamine qui était très mélancolique.
00:57 Je suis née avec un tempérament comme ça,
00:59 donc c'est quelque chose que j'apprends à gérer avec le temps.
01:02 Mais à l'époque, c'est vrai que la musique, pour moi,
01:04 c'était vraiment une manière d'arriver à garder mon cerveau focus,
01:07 parce que si je faisais pas ça, j'allais vraiment pas bien.
01:10 Le plus dur dans le fait d'être célèbre à 13 ans,
01:17 je pense que c'était à quel point les gens ne réalisent pas,
01:19 comme c'est compliqué.
01:21 Les gens, forcément, ils voient les paillettes,
01:23 ils voient qu'on a gagné une émission,
01:24 ils voient qu'il y a de l'argent, qu'il y a de la célébrité,
01:27 mais ils voient pas la pression qu'il y a derrière,
01:28 ils voient pas la peur qu'on a, en fait,
01:30 la peur du vide qu'on peut avoir derrière,
01:32 si ça s'arrête ou si ça continue.
01:34 On est tellement tiraillés par des sentiments
01:36 qui n'ont aucun rapport les uns avec les autres,
01:37 on est tellement dans une espèce d'autrosphère
01:39 qu'on arrive à s'identifier à personne
01:41 et qu'on arrive surtout à ne l'expliquer à personne.
01:43 Donc on se sent très seul.
01:45 Et c'est ça, je pense, que les gens ne voient pas.
01:46 Je regrette pas de m'être lancée aussi jeune,
01:48 parce qu'honnêtement, moi, j'essaye de vivre ma vie sans le moindre regret.
01:51 Et puis, je pense que, mine de rien,
01:53 même si j'ai eu des moments compliqués,
01:55 ma vie, elle est bénie.
01:56 J'ai une chance inouïe, je vis de ma passion.
01:59 Maintenant, il y a des choses, évidemment,
02:01 que j'ai pas nécessairement choisies.
02:02 En fait, on m'a inscrite à "Incroyable Talent",
02:03 donc c'était un peu une surprise pour moi de le faire.
02:05 Mais je crois énormément au destin,
02:06 donc je pense que rien n'est pour rien.
02:08 Et aujourd'hui, je suis bien, donc non, je regrette pas.
02:12 Mais je pense que pour faire ces émissions,
02:14 il faut quand même être assez construit dans sa tête.
02:15 Honnêtement, moi, je suis contente aussi
02:17 d'avoir pu évoluer dans une autre époque
02:20 où il y avait moins cette pression des réseaux.
02:22 Et c'est vrai que ça fait un peu flipper
02:23 parce que c'est un peu la porte ouverte à tout.
02:25 Tout le monde donne son avis sur tout.
02:27 Il y a des gens qui peuvent être hyper virulents.
02:29 Et finalement, on peut dire ce qu'on veut.
02:31 Il y a des mots qui font mal.
02:32 Moi, à l'époque, j'étais très touchée
02:33 par les commentaires sur Internet.
02:35 Oui, au tout début de ma carrière, forcément, j'étais là.
02:37 "Qu'est-ce qu'on pense ? Qu'est-ce qu'on pense de moi ?"
02:39 Et puis aujourd'hui, non, plus du tout,
02:41 parce que j'ai construit mon estime de moi, en fait.
02:43 L'avantage d'avoir commencé aussi jeune aussi,
02:45 c'est que maintenant, ça fait 11 ans que je suis dans ce métier.
02:48 Donc forcément, à un moment donné, on apprend quand même
02:51 à faire la part des choses entre les gens qui veulent dire du mal,
02:54 puisqu'il y a des gens, clairement, ils ont passé une sale journée,
02:56 ils rentrent chez eux, ils veulent juste casser sur Internet,
02:58 et les gens aussi qui font des commentaires constructifs
03:01 parce qu'il y a des commentaires constructifs.
03:02 Moi, ce que je n'accepte pas, évidemment,
03:04 c'est quand ça devient des insultes, de la méchanceté gratuite.
03:06 Donc ça, si je le vois, franchement, je l'enlève
03:09 parce que je n'ai pas envie d'avoir de mauvaise vibe sur mes réseaux.
03:12 Ma paix, en fait, je la trouve chez moi.
03:13 Quand je suis chez moi, je vis une vie où on ne peut plus normal.
03:16 Donc c'est vrai que ça m'aide énormément.
03:18 Je suis retournée vivre dans le Sud, je suis hyper au calme.
03:21 Bien sûr que je suis déjà allée voir un psy, j'en ai même vu quelques-uns.
03:24 Et j'ai commencé avec un nouveau psy il y a trois semaines.
03:27 Et il est super !
03:29 C'est très compliqué de trouver le bon psy,
03:31 et je pense que ça, c'est vraiment une affaire hyper perso, en fait.
03:34 Après, honnêtement, moi, quand je vais mal, qu'est-ce que je fais ?
03:37 Je ne vais pas écouter des sons cools, je vais écouter des sons qui m'enfoncent encore plus.
03:41 Comme tout le monde, je crois.
03:42 Je vais m'envoyer du Adele, du Lana.
03:44 J'ai trop aimé aussi le dernier album d'Olivia Rodrigo.
03:47 Alors, ce n'est pas du tout ma vie, parce que je n'ai pas 17 ans et je n'ai pas le cœur brisé.
03:50 Mais du coup, on écoute cette musique et on est là.
03:52 Honnêtement, jusqu'à la personne avec qui je partage ma vie aujourd'hui,
03:57 je n'ai jamais eu vraiment personne qui m'écoutait sincèrement.
04:01 Et aujourd'hui, c'est quelque chose qui est merveilleux pour moi,
04:03 c'est que je suis avec quelqu'un qui m'écoute.
04:04 Donc je sais que je peux lui dire absolument tout ce que je ressens,
04:06 et ça, c'est un cadeau.
04:07 Je pense qu'aujourd'hui, on en parle de plus en plus de la santé mentale dans la musique,
04:11 et je trouve ça merveilleux.
04:12 On peut être n'importe qui, on peut avoir accompli n'importe quoi dans sa vie.
04:15 On a tous des moments où, franchement, on est paumé, on est mal.
04:18 Par contre, à l'époque où moi j'ai commencé, non, ce n'était pas un sujet.
04:22 Et je n'ai pas l'impression qu'on faisait attention à ma santé mentale ou à ma santé tout court.
04:26 Bon, ma lettre a servi à tous mes textes.
04:30 J'ai écrit énormément sur ça, évidemment.
04:33 D'ailleurs, je fais très clairement partie des chanteuses
04:36 qui trouvent leur inspiration dans les moments où elles ne se sentent pas bien.
04:39 Moi, honnêtement, c'est là que j'écris le mieux.
04:41 Après, la petite nouveauté dans mon dernier album,
04:44 c'est que j'ai réussi à écrire sur mon bien-être,
04:47 et ça, j'en suis très heureuse et très fière,
04:49 parce que c'est la première fois que j'y arrive.
04:51 Je dirais quoi à quelqu'un qui est au plus bas en ce moment ?
04:52 Je lui dirais "c'est bête", mais je lui dirais que ça va passer.
04:54 Je pense que le pire, c'est d'essayer de le refouler, de le nier ou de palier avec autre chose.
04:58 Je pense qu'il faut accueillir vraiment ce qu'on ressent.
05:01 Moi, je suis quelqu'un qui pleure énormément.
05:03 Je pleure vraiment très facilement, je suis hyper sensible.
05:05 Et franchement, quand je ne vais pas bien, je pleure, je pleure, je pleure, je pleure.
05:08 Et franchement, je me sens vraiment mieux après.
05:10 Donc, je vis vraiment mes émotions,
05:12 et je pense que c'est déjà une première clé pour ouvrir les autres portes.
05:16 Comédie !
05:18 [Musique]