L'invité du jour - Vincent Lagaf'

  • l’année dernière
Du lundi au jeudi, rendez-vous, dès 6h30 avec Thomas Sotto et Julia Vignali. Et du vendredi au dimanche, c'est au tour de Damien Thévenot et Maya Lauqué de dynamiser le réveil.

Category

📺
TV
Transcript
00:00 Grâce à un invité culture de Télématin, Damien, vous recevez Vincent Lagaffe.
00:04 Bonjour Vincent.
00:05 Bonjour Damien, bonjour Maya.
00:07 Merci d'être là en direct.
00:08 Nos téléspectateurs vont être très touchés, je suppose,
00:11 comme je l'ai été à la lecture de votre livre.
00:13 Ça s'appelle « Je m'appelais Franck » XO Édition.
00:16 Il est sorti avant-hier, je crois, il y a deux jours.
00:19 Alors Vincent, on va commencer par une photo.
00:22 Cette photo qui est dans ce livre, bien sûr.
00:24 Voilà.
00:25 Là, c'est le petit Franck qu'on voit à l'image.
00:28 Or, c'est vous. Expliquez-nous le contexte.
00:31 Pourquoi « Je m'appelais Franck » ?
00:33 « Je m'appelais Franck » parce que quand je…
00:36 D'abord, je suis né en…
00:41 1959.
00:42 Je suis à la rue, moi.
00:44 Je ne sais pas comment vous faites le matin pour assurer…
00:46 On a vécu trois heures et demie de chronographie.
00:47 … pour être étrange comme ça. Félicitations.
00:49 Oui, je suis né en 1959.
00:52 Et puis, très vite, ma mère biologique s'est rendue compte
00:58 qu'elle ne pourrait jamais assumer un enfant.
01:01 Et donc, elle a décidé de me confier à l'assistance publique.
01:04 Et je dis « confier » parce que dans le livre, je dis « abandonner »
01:07 et je m'aperçois, en le lisant et en répondant aux journalistes
01:10 et aux critiques, que finalement, je n'ai pas été abandonné.
01:13 On abandonne un boulot, on abandonne un chien, on abandonne une cause,
01:16 mais on peut abandonner un enfant.
01:19 Mais elle, elle ne m'a pas abandonné parce que vraiment,
01:21 elle m'a aimé, elle m'a aimé profondément d'un amour maternel.
01:24 En fait, cette maman, je crois qu'elle a 18 ans quand elle tombe enceinte de vous.
01:27 Elle est fille mère.
01:29 Votre géniteur vous en dit ?
01:31 C'est un sale con, on n'en parle plus.
01:32 On est d'accord. Non mais pour simplement une phrase,
01:34 c'est qu'elle travaille dans une entreprise de textile.
01:37 Elle a 18 ans, elle a besoin du boulot et il lui dit…
01:39 Elle n'est pas chez elle. Elle, elle est du sud de la France.
01:41 C'est ça, elle est partie.
01:42 Elle est montée en Normandie pour chercher sa mère,
01:44 qu'elle a trouvée, qu'elle a vue une fois,
01:46 et qui a compris tout à fait qu'elle n'avait rien à faire ici.
01:48 Elle est partie, elle a trouvé du boulot.
01:50 Et son chef d'atelier, qui est marié et qui a déjà deux enfants,
01:54 l'a mis enceinte.
01:56 En gros, il faut être gentil pour avoir le job, quoi.
01:58 Ou pour garder le boulot.
01:59 Oui. C'est ma manière de l'analyser.
02:01 Ce n'est peut-être pas 100% comme ça, mais ça pue, quoi.
02:04 Donc de toute façon, c'est comme ça.
02:05 Il cherche quand même à l'aider,
02:07 puisqu'il lui fait rencontrer un faiseur d'ange,
02:10 qui à l'époque, on l'avortait avec les aiguilles à tricoter.
02:13 Et comme j'ai un rare de part Dieu, il ne fallait déjà pas me faire chier.
02:15 Vous étiez bien accroché, Vincent, c'est ça.
02:17 Donc, votre prénom de naissance, c'est Franck.
02:20 Et vous devenez Vincent lorsque vous êtes adopté.
02:23 C'est à l'âge de 3 ans et demi.
02:26 Je suis officiellement adopté à 1 an et demi,
02:29 mais la France étant ce qu'elle est, c'était toujours très long.
02:33 Et donc, il a fallu attendre pratiquement 3 ans.
02:35 Avril 63, je crois.
02:36 Voilà. Il a fallu attendre pratiquement 3 ans pour que je puisse sortir de la poupanière.
02:40 Donc là, on vous voit avec votre maman adoptive.
02:43 Et elle décide de changer mon prénom parce que Franck ne lui convient pas
02:47 ou ce n'est pas son choix.
02:49 Et là, vous dites une connerie phénoménale.
02:51 Parce que pour un petit gamin de 3 ans qui se faisait appeler Franck,
02:54 on l'appelle Vincent et là, tout est bouleversé.
02:57 On change son identité.
02:58 Tu n'es plus...
03:00 Et intrinsèquement parlant, fondamentalement, biologiquement, physiquement,
03:06 pourquoi pas lui changer de sexe ?
03:09 C'est ce que je dis.
03:10 Le cran au-dessus, c'est de changer le genre du bonhomme.
03:14 Alors, cette maman biologique, vous l'avez revue une fois,
03:17 bien des années plus tard.
03:19 40 ans, 45 ans.
03:21 Vous étiez présentateur vedette.
03:22 Oui.
03:23 Voilà.
03:24 Et elle vous a fait faire une promesse, vos demi-frères et soeurs.
03:27 Oui, il y a 4 demi-frères et soeurs.
03:29 Et elle m'a demandé de ne pas chercher à les rencontrer de son vivant.
03:31 Chose que je respecte.
03:34 Maintenant, je pense que si ce bouquin lui arrive entre les mains
03:37 et si aux enfants, il arrive entre les mains,
03:40 ils vont se poser des questions et il y aura des mises au point à faire.
03:43 Ce n'est pas tout à fait mon problème,
03:45 bien que j'en serais le déclencheur.
03:47 Mais moi, j'avais besoin d'écrire ce livre.
03:50 J'avais besoin de boucler la boucle.
03:51 J'avais besoin de dire ce que j'avais sur le cœur.
03:54 Voilà, c'est fait.
03:55 Et je suis très content de l'avoir fait parce que c'est fait d'une manière...
04:00 Alors, oui, je peux être un peu sévère.
04:02 Je peux être un peu, parfois, violent dans les termes.
04:05 Mais je l'ai vraiment raconté avec mon cœur.
04:07 Je n'ai pas cherché à faire du sensationnel.
04:09 J'ai juste dit...
04:11 - J'ai regardé, c'est vous qui l'écriviez tout seul.
04:12 Il n'y a pas de nom de quelqu'un qui vous aurait tenu la plume.
04:15 - Nadège Méziat, une copine, auteure de théâtre que j'ai jouée,
04:19 m'a fini un coup de main pour certaines tournures.
04:21 Elle me disait là, c'est violent.
04:22 - Mais on vous entend quand même.
04:23 On entend votre style.
04:24 C'est comme si vous nous susurriez à l'oreille.
04:26 C'est votre style, votre ton.
04:27 - C'est ce que je dis au début.
04:28 Imagine que je te raconte...
04:29 Tu connais le son de ma voix.
04:30 Tu connais mes maladresses qui ont fait mon surnom.
04:33 Imagine que je te le raconte.
04:35 - Ça donne le bouquin.
04:36 Alors, vous allez...
04:37 On va tracer les grandes lignes parce que les téléspectateurs liront votre livre.
04:40 Mais vous allez suivre une formation de soudeur.
04:42 Vous avez un CAP de soudure.
04:45 - Un BEP de soudure.
04:46 Ou le contraire, un CAP de mécanicien, un BEP de soudure.
04:49 - Vous allez être ensuite marin-pompier.
04:51 Vous racontez que vous avez été très tôt confronté à des situations horribles,
04:55 des accidents, des morts dans des voitures, etc.
04:58 Est-ce qu'on peut dire, Vincent, sans faire de la philo à 2,50 euros,
05:01 que cette enfance difficile, ensuite les aléas de la vie,
05:05 ont fait que cette envie de faire rire, de faire de rigolo,
05:07 de faire le gars qui s'éclate au Club Med pendant des années,
05:11 tout ça, c'est peut-être en réponse à ce que vous avez vécu ?
05:14 - Je me suis aperçu très vite que, quand je faisais le pitre,
05:18 on me regardait et quand on me regardait, on riait.
05:20 - Là, pardon, vous êtes au Club Med, perché en rouge, là, voilà.
05:23 - Voilà. Là, on est à Smyr au Maroc.
05:25 On est en train de répéter un chronotique et je dois sauter
05:28 dans un cerceau de feu et au dernier moment, il y a quelqu'un
05:31 qui est gêné par le cerceau de feu qui va le déplacer un peu.
05:33 Donc, je suis parti dans la piscine avec le cerceau de feu.
05:36 Mais oui, j'ai eu une vie à 200 à l'heure.
05:41 Je n'ai pas pu tout mettre parce que c'était un pavé trop gros.
05:44 J'ai encore autant d'anecdotes à raconter.
05:46 Mais oui, donc, pour répondre à ta question,
05:49 quand je fais rire, les gens me regardent et ils sourient.
05:53 Et je pars du principe que si on te regarde en te souriant,
05:56 c'est qu'on t'aime bien.
05:57 - C'est la chanson de Fernand Held.
05:58 Je ne sais pas pourquoi, quand je parlais, les gens riaient.
06:00 Je crois que c'est un peu ça, cette évidence.
06:02 En quelques secondes, il y a fait quand même un sacré Case du siècle.
06:05 Avec ça, là, regardez, le Case du siècle de Vincent Lagaffe.
06:08 Est-ce qu'on a la vidéo ?
06:09 [Musique]
06:16 La partie star, animateur, humoriste.
06:19 Donc, Guinness Book avec cette chanson.
06:21 - Un film qui a fait la vente de 45 tours en une journée.
06:23 Numéro un du top pendant six semaines devant les Stones.
06:25 Madonna et Michael Jackson.
06:27 Ça vous a dépassé, ce succès du Lavabo ?
06:29 - Complètement.
06:31 C'est le truc.
06:33 C'est grâce à Gérard Lovain que j'ai fait ça.
06:35 J'ai été voir Gérard en lui disant
06:37 « Je veux passer dans une émission comme la vôtre pour faire de la promo. »
06:40 Et il m'a dit « On dirait que je ne peux pas prendre un comique qui débute.
06:43 Si tu te casses la gueule, les gens vont zapper et je perds l'audience. »
06:45 J'ai dit « Attends, je ne comprends pas.
06:47 Tu préfères que je vienne chanter une chanson en playback
06:49 sur un prompteur plutôt qu'avec mes tripes ? »
06:51 Il m'a dit « Oui. »
06:53 J'ai dit « Donc, si je fais une chanson qui marche, tu me prends. »
06:55 Il m'a serré la main et il m'a dit « Je n'ai qu'une parole. »
06:59 Et il n'a qu'une parole.
07:01 - Voici quelques anecdotes que vous retrouvez dans le livre de Vincent.
07:03 Évidemment, ce livre est pour vous si vous l'aimez.
07:05 Mais aussi peut-être pour les gens qui ne vous aiment pas
07:07 parce qu'ils vont découvrir un autre Vincent Lagaffe.
07:09 - C'est vrai qu'en fermant ce livre,
07:11 si les gens qui m'aiment me disent « J'en étais sûr. »
07:13 C'est comme ça.
07:15 Mais ceux qui m'ont beaucoup décrié, qui m'ont beaucoup critiqué,
07:17 qui m'ont mis comme un comique de base,
07:19 s'ils arrivent à comprendre le comment du pourquoi,
07:23 peut-être qu'ils changeront de regard en se disant
07:25 « Oui, ok, c'est le gros bourrin de la télé.
07:27 Mais en attendant son parcours... »
07:29 - Il n'est pas si mal. - Il n'est pas si mal.
07:31 - On marque une pause, Vincent. Vous restez avec nous ?
07:33 - Volontiers. - Vous êtes réveillé.
07:35 - Oui, maintenant que je suis debout, je suis debout.

Recommandée