Willy Rozembaum : "Aujourd'hui, la majorité des personnes atteintes du VIH sont hétérosexuelles"

  • l’année dernière
Avec Willy Rozembaum, co-découvreur du virus VIH, président du conseil national du sida et exerce dans le service des maladies infectieuses à l'hôpital Saint Louis à Paris

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##SUD_RADIO_MEDIA-2023-03-23##
Transcript
00:00 Sud Radio Média, 10h10h30, Valérie Exper, Gilles Gansman.
00:05 Bonjour Gilles, bonjour Valérie, bonjour, aujourd'hui c'est le...
00:10 Oh je suis très fier !
00:11 On reçoit le professeur Willy Rosenbaum, bonjour Willy Rosenbaum, merci d'être avec nous.
00:17 Codécouvreur du virus, du VIH, vous avez été président du Conseil National du Sida,
00:23 vous exercez dans le service des maladies infectieuses de l'hôpital Saint-Louis à Paris,
00:28 et avec vous on va parler du Sida Action, on va parler également de deux documents très importants et passionnants,
00:34 l'un sur Public Sénat, Sida dans l'œil des politiques,
00:38 vraiment un documentaire qui est extrêmement bien fait, qui retrace toute l'histoire de ce virus,
00:45 et surtout vu à travers les politiques, le déni, l'inaction, et la manière dont vous vous êtes battus,
00:51 Willy Rosenbaum, vous avez été l'un des pionniers, l'un des seuls à avoir, avec un groupe de médecins,
00:58 voulu... enfin vous vous êtes préoccupés de ce virus, et puis samedi...
01:03 Qui a quitté votre place, c'est ça que vous racontez aussi dans le documentaire,
01:06 que vous êtes licencié parce que vous vous occupez du Sida.
01:10 On vous a dit si vous voulez vous en occuper, allez le faire ailleurs.
01:12 Sida Action, les 50 ans, c'est dans...
01:16 Les 50 ans du disco.
01:18 Oui, c'est parce qu'ils font une émission de variété pour...
01:21 Ah d'accord.
01:22 Non, non, je ne voulais pas...
01:23 Et puis dimanche, la case du siècle, les années Sida, à la mort, à la vie,
01:27 et donc on va parler de tout cela dans un instant.
01:30 Voilà, et vous pouvez déjà aussi faire des dons aux 110,
01:34 et puis vous pouvez également envoyer un SMS aux 81...
01:38 Alors je vais vérifier...
01:40 Oui, je trouve que c'est très bien cette initiative de donner 5 euros,
01:43 je trouve que c'est très très bien parce que c'est...
01:45 C'est facile à faire.
01:46 Vous envoyez un SMS et je vais vous dire le...
01:49 Tout à l'heure je vous donnerai le numéro, je crois que c'est le...
01:51 Vous le savez, Willy Rosenbaum ou pas ?
01:53 Vous avez 81 110, quelque chose comme ça, je vais vous dire ça.
01:56 On va vous le retrouver.
01:57 Alors, on passe au Zapping.
01:58 Valérie Jean-Claude Mailly, ancien patron de Force Ouvrière,
02:05 a peut-être donné hier une clé sur la crise que nous vivons.
02:09 Emmanuel Macron, pour Jean-Claude Mailly, n'a jamais compris le rôle des syndicats.
02:14 C'était dans cet avou hier.
02:16 Écoutez, moi j'avais eu l'occasion, quand j'étais en responsabilité,
02:18 de discuter de ça avec lui.
02:19 On était en désaccord là-dessus.
02:20 Lui pense que le syndicat, sa place, c'est dans l'entreprise ou dans l'administration,
02:25 mais pas au niveau national.
02:26 Au niveau national, il considère que ça relève de l'intérêt général,
02:29 donc de l'exécutif et du Parlement.
02:31 Ça, c'est un point clé chez lui.
02:34 Et à partir de là, on l'a vu sur l'assurance chômage,
02:37 on l'a vu sur toute une série de décisions.
02:39 Lui considère que c'est une perte de temps, gros, le dialogue social.
02:42 Pas de sa faute, c'est son histoire.
02:44 Il n'a pas de culture du dialogue social.
02:46 Évidemment, avec le professeur Azambo, on va parler du sida et des homosexuels
02:51 qui ont évidemment souffert énormément de cette maladie.
02:54 Le sida qui a ravagé l'Afrique.
02:57 Hier, l'Ouganda a voté une loi interdisant l'homosexualité.
03:03 Mais vous allez voir, pas que.
03:05 Quand vous avez le sida, c'est tout simplement la mort.
03:09 Il s'agit de criminaliser l'homosexualité.
03:11 Les députés ougandais ont voté des peines de prison
03:14 pour toute personne qui se livre à des actes homosexuels,
03:17 pour les personnes qui se revendiquent de la communauté LGBTQ+,
03:21 pour ceux et celles qui en feraient la promotion.
03:24 Seuls deux députés sur 389 n'ont pas approuvé ce texte.
03:28 La loi prévoit même la peine de mort pour toute personne séropositive
03:32 qui aurait des relations sexuelles avec une personne de même sexe.
03:35 Une loi adoptée au grand désarroi des représentants d'une communauté
03:38 plutôt habituée à se cacher en Ouganda et qui craint des persécutions désormais.
03:43 J'ai peur vraiment qu'un jour il y ait des camps de concentration
03:48 ou des endroits où on va rééduquer les homosexuels.
03:53 La peine de mort quand on a le sida, c'est horrible.
03:56 C'est horrible mais c'est stupide surtout.
03:59 C'est stupide parce qu'on ne contraint pas la sexualité des personnes,
04:05 même par des méthodes horribles comme ça.
04:08 Et puis c'est contre-productif parce que les gens se cachent
04:12 et donc ne bénéficient pas, en tout cas en ce qui concerne le sida,
04:18 qui est très prévalent dans cette région,
04:21 ne bénéficient pas d'un accès au traitement actuellement
04:26 qui est un des outils qui permettent de contrôler la transmission de la maladie.
04:32 Mais est-ce que ça ne coûte pas cher pour les pays africains ?
04:34 Non, c'est gratuit aujourd'hui.
04:36 Il y a eu un événement extrêmement important sociétal
04:40 qui est survenu il y a maintenant 15 ans,
04:44 qui est la création du Fonds mondial,
04:46 qui permet aux pays du Sud d'accéder au traitement à des prix extrêmement faibles.
04:52 C'est le WONU-SIDA, c'est ça ?
04:53 Oui, c'est le WONU-SIDA.
04:55 C'est la France qui a été d'ailleurs promoteur.
04:57 Jacques Chirac, dans les années 2000,
05:00 a exprimé de manière très claire les choses.
05:04 Les patients sont au Sud et les traitements sont au Nord.
05:08 Et il a créé le Fonds mondial de solidarité.
05:12 Vous savez Valérie, que touche pas à mon poste,
05:15 et Cyril, elle adore nous faire peur.
05:17 Et puis c'est bien pour l'audience.
05:19 Alors pour bien avoir peur, ils ont appelé Martin Blaché,
05:22 bon là déjà on a peur,
05:24 qui est venu nous parler,
05:25 c'est pour ça que je vais vous faire réagir,
05:26 d'un nouveau virus, le candida,
05:28 qui s'en prend aux voies respiratoires,
05:30 et il se répand comme une traînée de poudre aux Etats-Unis,
05:33 mais que dans les hôpitaux,
05:34 parce qu'on l'attrape dans les hôpitaux.
05:36 Voilà ce qu'il a déclaré hier,
05:38 et tout le monde a eu peur.
05:39 C'est vrai que c'est un champignon.
05:41 Si ça attrape à l'hôpital par le contact,
05:43 donc on touche,
05:44 sur des draps, ça peut être sur des surfaces,
05:47 et en fait effectivement, quand vous êtes malade,
05:48 en général quand vous êtes à l'hôpital,
05:49 c'est que vous n'êtes pas très en forme,
05:50 vous pouvez l'attraper,
05:51 et si vous vous êtes infecté,
05:52 en fait vous avez de grandes chances de mourir,
05:54 parce qu'on n'a aucun traitement efficace.
05:55 C'est un champignon qui est ultra résistant
05:57 aux antifongiques classiques.
05:59 Donc effectivement, ça inquiète,
06:00 parce que ça a été découvert au Japon en 2006,
06:03 en fait ça gagne du terrain.
06:04 Et si tous les hôpitaux commencent à être contaminés
06:06 par ce type de champignon,
06:07 en fait à chaque fois que vous allez avoir des gens
06:09 qui vont l'attraper alors qu'ils sont venus pour une autre cause,
06:11 et qui du coup risquent de mourir,
06:13 et vous ne pouvez rien faire
06:14 parce que vous n'avez aucun traitement.
06:15 On peut encore aller à l'hôpital,
06:16 il nous a bien fait peur hier.
06:17 C'est le candidat à Auris,
06:18 champignon résistant,
06:19 qui se répond aux Etats-Unis.
06:21 - Écoutez, ça fait partie de ce qu'on appelle aujourd'hui
06:25 les fake news.
06:26 On n'attrape pas le candidat comme on veut,
06:29 c'est uniquement chez les personnes susceptibles,
06:32 souvent immunodéprimées,
06:34 ou ayant...
06:35 Il y a des circonstances très particulières
06:37 pour attraper ce type de champignon,
06:40 ce qui ne veut pas dire que ce n'est pas important,
06:42 mais chacun d'entre nous ne sera jamais contaminé.
06:45 - Mais c'est une nouvelle maladie nosocomiale
06:47 sur laquelle il n'y a pas de traitement ?
06:48 - Non, c'est une maladie opportuniste,
06:52 plutôt que nosocomiale.
06:54 Ça atteint essentiellement,
06:57 pour ne pas dire exclusivement,
06:59 les patients immunodéprimés.
07:00 - C'est-à-dire des gens...
07:01 - Qui ont un cancer,
07:03 qui ont une greffe,
07:05 des choses comme ça.
07:06 - C'est gravissime,
07:07 de dire des choses comme ça à la télé.
07:09 - Non, il avait précisé que c'était
07:11 "ça s'attaquait aux immunodéprimés".
07:13 Ne vous fiez pas à mon extrait.
07:15 Non, là-dessus, il a été assez clair.
07:18 C'est le retour des Bleus, Valérie, ce soir.
07:20 Vous allez être devant votre télé,
07:22 j'en suis sûre,
07:23 pour assister à France Pays-Bas.
07:25 On n'avait pas vu ça depuis la Coupe du Monde,
07:27 mais avec un nouveau capitaine,
07:29 ex-étugueur l'auriste.
07:30 C'est qui le nouveau capitaine ?
07:31 - C'est Mbappé.
07:32 - Bravo, madame.
07:33 Même si, à un temps,
07:35 on a cru que ça serait Antoine Griezmann,
07:37 et du coup, il est très déçu,
07:39 puis Mbappé, il le comprend,
07:40 que Griezmann soit déçu.
07:42 - Oui, j'ai parlé avec Antoine,
07:44 parce qu'il était déçu,
07:46 et franchement, tout honnêtement,
07:48 c'est compréhensible.
07:49 C'est normal, c'est une réaction qui s'entend.
07:51 Je lui ai dit qu'à sa place,
07:53 j'aurais peut-être la même réaction.
07:55 Ça a été un joueur plus qu'important,
07:57 peut-être l'un ou le joueur le plus important
07:59 de l'ère Didier Deschamps.
08:00 Donc, c'est normal,
08:02 c'est normal qu'il ait cette déception.
08:04 Ce que je lui ai dit, c'est que,
08:05 lorsque moi, je suis capitaine,
08:06 et lui vice-capitaine,
08:07 je ne suis pas son supérieur hiérarchique.
08:09 - Protostype ?
08:11 - Oui.
08:12 - Vous me décevez.
08:13 Un pari compliqué pour la chanteuse québécoise.
08:16 On va finir en musique.
08:17 Isabelle Boulet a décidé de faire un album
08:19 des reprises des tubes d'Alain Bachung.
08:21 Quand on connaît la voix et l'interprète du chanteur iconique,
08:25 ce n'est pas simple de reprendre du Bachung.
08:27 Vous me direz si c'est un pari réussi.
08:29 - Osez, osez, Joséphine.
08:33 Osez, osez, Joséphine.
08:40 Rien ne s'oppose à la nuit.
08:44 Rien ne justifie...
08:46 - Ça marche pas mal.
08:47 - Oui, je trouve que c'est plutôt réussi.
08:49 C'est plutôt pas mal.
08:50 - Ça vous plaît ?
08:51 - Oui, plutôt.
08:52 J'aime bien Bachung, mais ça fait bien.
08:54 - Peut-être qu'on peut redire, encore un auditeur nous dit...
08:57 - Peut-être qu'on peut arrêter la musique.
08:59 C'est une maladie qui touche les immunodéprimés
09:01 et donc les vaccinés Covid-19.
09:03 Non, non, non.
09:05 Mais c'est terrible.
09:07 Peut-être un mot, parce que vous vous êtes évidemment occupé du Covid.
09:11 Comment vous avez vécu, on va parler du sida après,
09:13 mais comment vous avez vécu ce déferlement d'antivax
09:17 et de fausses informations ?
09:19 - C'est incompréhensible.
09:23 Vous voyez, on a été submergé par la vague de Covid.
09:31 C'est incroyable d'ailleurs qu'on n'ait pas craqué,
09:35 que le système n'ait pas craqué.
09:37 Individuellement, il y en a qui ont craqué.
09:39 On ne comprend pas pourquoi la réaction vis-à-vis des vaccins
09:49 qui sont imparfaits, évidemment,
09:51 mais aucun vaccin n'est parfait.
09:53 Mais qui ont montré, qui ont largement montré...
09:58 - Des milliards de personnes qui ont été vaccinées.
10:00 - Oui, que les effets indésirables étaient mineurs
10:04 ou en tout cas, c'est fantasmatique.
10:07 Je crois que le fait que c'est du matériel génétique
10:10 qui est injecté fait fantasmer, je pense.
10:14 Et on n'a jamais montré que ça avait des effets délétères,
10:22 surtout de l'ARN, c'est une sorte de locomotive.
10:25 Donc aucune raison majeure pour imaginer que ça ait...
10:29 - Mais il y a une question qui est revenue souvent,
10:31 c'est qu'on a mis seulement un an à faire un vaccin
10:34 contre le Covid et en 40 ans, on n'a toujours pas trouvé
10:39 de vaccin contre le sida.
10:41 C'est quelque chose qu'on a beaucoup entendu durant la crise.
10:44 - C'est deux virus totalement différents.
10:46 Le virus du sida s'intègre aux gènes,
10:50 des cellules qu'il contamine,
10:54 et là, les vaccins traditionnels ne peuvent pas marcher.
10:58 En plus, il a une capacité de se modifier extrêmement importante.
11:03 On estime qu'il y a chaque jour une nouvelle sous-espèce de virus
11:07 qui est produite.
11:11 Et donc, notre système immunitaire ou un vaccin,
11:15 puisque le vaccin stimule notre système de défense,
11:21 perd la course de vitesse.
11:25 Et donc, on ne peut imaginer de protéger les gens
11:31 contre ce virus qu'en ayant justement une intervention génétique.
11:36 Donc justement, agir sur l'ARN, voire l'ADN.
11:41 - Ce qui n'est pas le cas du vaccin contre le Covid.
11:46 - Le coronavirus, c'est un virus beaucoup plus simple.
11:49 - On va y revenir, on ne va pas parler du coronavirus,
11:52 on va parler du sida, du sidaction qui débute aujourd'hui.
11:56 Et évidemment, vous pouvez faire des dons au 92 110,
12:00 juste vous envoyer un SMS, ce sera 5 euros.
12:03 - Il faut envoyer le mot "don".
12:06 - Absolument. A tout de suite avec le professeur Willy Rosenbaum.
12:09 - Sud Radio Média, l'invité du jour.
12:12 - L'invité du jour, c'est le professeur Willy Rosenbaum,
12:15 co-découvreur du virus du VIH.
12:18 Il a été, je le rappelle, président du Conseil National du Sida.
12:22 Vous exercez à l'hôpital Saint-Louis, dans le service des maladies infectieuses.
12:26 Le sidaction commence aujourd'hui, pendant trois jours.
12:30 Vous le verrez à l'antenne, sur toutes les antennes de télévision.
12:34 Appel au don 92 110, vous envoyez "don"
12:37 et vous donnerez 5 euros pour la recherche contre le sida.
12:41 - Ou par téléphone le 110.
12:44 - Public Sénat, sida dans l'œil des politiques,
12:47 c'est le début d'un débat qui sera présenté par Rebecca Fitoussi.
12:50 Il y aura une émission de variété sur France 2.
12:53 Et puis, les années sida, la vie à la mort, c'est plus axé sur la recherche,
12:56 dimanche soir sur France 5.
12:59 Mais ce document de Public Sénat est particulièrement intéressant,
13:02 Willy Rosenbaum, parce qu'il revient sur l'origine du sida,
13:07 l'apparition du sida dans nos sociétés.
13:10 Et vous avez été réellement un pionnier dans cette recherche.
13:14 Dans le fait, c'est vous qui avez pris conscience que c'était quelque chose de grave,
13:18 et qu'il fallait s'en préoccuper.
13:21 Contre l'avis des politiques et même des médecins.
13:24 - Oui, c'était une période très difficile, qui a duré pas mal d'années.
13:27 Et ce qui m'a conduit à dire, depuis maintenant plusieurs décennies,
13:34 que le traitement d'une maladie, et le traitement du VIH,
13:37 c'est pas simplement des progrès médicaux, des progrès scientifiques,
13:41 mais c'est aussi un traitement politique.
13:44 C'est vrai pour le sida comme pour d'autres maladies d'ailleurs.
13:47 Mais il faut savoir qu'il ne suffit pas d'avoir des médicaments,
13:52 il faut que les gens qui en ont besoin en bénéficient réellement.
13:57 Et que la prévention, c'est pas simplement des outils de prévention,
14:02 c'est aussi un moyen de les mettre à disposition de tous les gens qui en ont besoin.
14:07 L'un des progrès les plus importants en prévention qui a été fait,
14:11 c'est Michel Barzac, qui a libéré la publicité sur les préservatifs
14:17 qui n'était pas possible avant 87.
14:20 On ne pouvait pas faire de publicité pour les préservatifs,
14:22 et qui a permis la vente libre des seringues,
14:27 qui a fait que les utilisateurs de drogue y ont adhéré très rapidement.
14:34 Ce qui a permis d'ailleurs de contrôler l'épidémie dans cette population assez rapidement.
14:39 Les utilisateurs de drogue pour avoir intraveineuses ont été souvent plus intelligents que beaucoup de politiques.
14:44 Alors au départ ça a été très violent, parce que c'était des gens jeunes,
14:48 qui étaient âgés entre 20 et 25 ans,
14:51 qui avaient ce qu'on appelle le syndrome de Kaposi's, des tâches.
14:55 Et moi j'ai bien connu cette période,
14:57 et je vous l'ai dit au téléphone, j'ai rié beaucoup de noms dans mon carnet d'adresse,
15:01 parce que c'était une hécatombe, c'est la première fois que j'ai pu mettre une odeur sur la mort.
15:05 Et vous m'avez répondu que vous avez rié tellement de noms de vos patients.
15:10 - Oui, il y a eu cette période entre 85 et...
15:17 Je dis 85 parce que c'est là où il a commencé à y avoir vraiment beaucoup de patients,
15:21 jusqu'en 2000, 98-2000,
15:26 j'ai dû accompagner, jusqu'à leur dernier souffle,
15:32 des centaines de patients.
15:35 Ça a été très difficile, il y avait dans le service que je dirigeais à l'époque,
15:39 un à trois décès par jour.
15:43 - Et les familles qui ne voulaient pas venir, qui avaient peur d'être vaccinées.
15:48 - Oui, les familles ne voulaient pas venir,
15:50 mais j'ai eu aussi à constater que
15:55 il y avait aussi beaucoup de dévouement dans l'environnement amical,
15:59 parmi les partenaires des personnes,
16:05 beaucoup de dévouement et un très grand engagement.
16:09 Donc il y a eu les deux choses qu'on a pu observer.
16:12 A la fois beaucoup de dévouement pour certains,
16:14 et à la fois beaucoup de rejet pour d'autres.
16:17 - On voit dans le document, ce que vous disiez en préambule de votre intervention,
16:21 c'est le très fort lien entre santé et politique.
16:26 C'est vraiment ce qui ressort de ce document.
16:28 Mitterrand pendant deux septennats, il est totalement silencieux.
16:32 - Touche pas à un mot, il ne dit pas un mot, soit-il.
16:34 - Edmond Hervé, pareil.
16:36 Il y a une forme de déni ou de désintérêt, c'est quoi ?
16:40 Comment vous l'aviez ressenti à l'époque ?
16:42 - Écoutez, c'est une maladie qui d'emblée a senti le souffle.
16:45 - Oui, c'est ça.
16:46 - Les relations sexuellement transmissibles.
16:49 - Les relations sexuellement transmissibles, l'usage de drogue.
16:52 Les hémophiles ont fait pleurer comme s'il y avait des victimes d'un côté
16:57 et des coupables de l'autre.
16:59 Vous savez, les jugements moraux dans la confrontation
17:03 à un phénomène comme une maladie n'ont pas leur place,
17:06 ne devraient pas avoir leur place surtout.
17:08 Donc ça a beaucoup trop influencé, au détriment de chacun d'ailleurs.
17:13 Il ne faut pas imaginer que, bien entendu, les gens qui étaient touchés
17:18 ont souffert de cette discrimination en premier lieu.
17:21 Mais c'est l'ensemble de la société qui souffre de ça
17:24 parce que la maladie continue à évoluer, touche tout le monde.
17:28 Aujourd'hui, la majorité des personnes concernées,
17:32 c'est des hétérosexuels dans le monde.
17:36 - C'est la majorité aujourd'hui.
17:38 Si on parle du sida aujourd'hui, en Afrique en particulier,
17:42 - Oui, en Afrique, mais même aujourd'hui en France.
17:46 Alors c'est vrai que c'est beaucoup de populations qui sont nées à l'étranger.
17:52 Mais ça c'est banal dans les maladies.
17:54 Vous savez, c'est toujours les populations les plus vulnérables
17:57 qui finissent par être concernées.
17:59 Parce qu'elles ne bénéficient pas de la prévention,
18:04 des bons messages, des bonnes connaissances pour se prémunir.
18:09 - Mais il y a assez, aujourd'hui, il faudrait refaire des campagnes de prévention.
18:13 Je vous racontais une anecdote orientaine,
18:15 mais c'est vrai que les jeunes d'une trentaine d'années n'ont pas connu ça.
18:18 Et sont totalement ignorants sur les modes de transmission du sida.
18:23 - Oui, il y a encore des gens aujourd'hui qui pensent que la maladie peut se transmettre avec des moustiques.
18:27 Je ne sais pas ce qu'ils font avec les moustiques.
18:29 - Quand il y a salive, quand il y a baisers...
18:32 - Et on en est où aujourd'hui ?
18:34 Je voyais une déclaration de Françoise Barré-Sinoussi,
18:38 qui a été nobélisée.
18:41 Elle dit "il est possible d'éradiquer le sida à condition d'améliorer l'accès au dépistage et au traitement".
18:47 Est-ce qu'on peut y arriver ?
18:49 - Oui, il y a des modèles qui permettent de prédire
18:54 que si on utilise les outils aujourd'hui disponibles pour la prévention,
18:58 à commencer par le dépistage, puis les traitements à différents stades,
19:02 aujourd'hui, une personne traitée ne transmet plus la maladie.
19:09 Ce qui fait que j'ai l'habitude de dire que pour éviter le sida,
19:14 il vaut mieux avoir une relation sexuelle avec une personne qui est séropositive et qui se traite,
19:19 qu'avec une personne séro-ignorante.
19:22 - Est-ce qu'elle sera sous prêve ? C'est indétectable ?
19:26 - Non, elle sera sous traitement.
19:28 Indétectable ou non, je pense que ce n'est pas pragmatique de dire comme ça.
19:32 Parce que vous ne faites pas tester avant chaque rapport sexuel, vous n'attendez qui ?
19:38 Par contre, de prendre un traitement réduit...
19:41 - Réduit, anime complètement le risque.
19:45 - Le risque de transmission, on sait ça depuis très longtemps,
19:48 puisque les femmes bénéficient de traitements pour éviter la transmission à leur bébé,
19:52 depuis 1994.
19:56 - Qu'est-ce que vous espérez aujourd'hui ?
19:59 La recherche travaille sur quoi ?
20:02 Cet appel au don est fait pour aider la recherche ?
20:05 - Il y a plusieurs types de recherche.
20:08 Il y a la recherche opérationnelle, ce qu'on appelle,
20:10 qui est comment on fait pour que les gens se dépistent, se traitent.
20:14 Encore une fois, c'est les gens qui ignorent qu'ils sont contaminés
20:17 qui sont le réservoir de transmission de la maladie.
20:22 - Vous pouvez aller dans vos pharmacies chercher un auto-test.
20:25 - Je demande sur l'avenir.
20:28 - Aujourd'hui, en France, on peut se faire dépister par auto-test,
20:32 en allant dans n'importe quel laboratoire, gratuitement,
20:37 on n'a pas besoin d'ordonnance.
20:39 On peut se faire dépister dans les centres de dépistage anonymes et gratuits,
20:42 on peut se faire dépister par son médecin, bien entendu,
20:45 en lui demandant d'ailleurs, parce que les médecins
20:48 ne font pas assez la promotion du dépistage.
20:52 Si on est négatif, on est tranquille, si on est positif, on prend un traitement.
20:56 Aujourd'hui, un traitement, c'est un comprimé par jour.
20:58 Dans certaines circonstances, c'est même une injection tous les deux mois.
21:02 Dans deux ans, ce sera une injection tous les six mois.
21:06 Donc voilà, on a fait des progrès fantastiques
21:09 en termes de prise en charge thérapeutique.
21:11 Par contre, la recherche sur les vaccins,
21:15 la recherche sur les traitements curatifs,
21:18 on a fait des progrès conceptuellement,
21:22 on est dans une phase où on a besoin de la mettre en œuvre techniquement.
21:26 Et ça, moi je ne ferai pas de prédiction,
21:29 ça peut prendre des années, voire des dizaines d'années.
21:32 - Alors, je vous conseille vraiment de regarder ce document sur Public Sénat,
21:37 "Sida dans l'œil des politiques", et puis le débat qui suivra.
21:40 - Samedi soir, je tiens à.
21:41 - C'est samedi soir à 21h.
21:42 Samedi, il y a également une grande soirée sur France 2,
21:45 les 50 ans du disco, et puis la case du siècle sur France 5,
21:49 les années Sida, à la mort, à la vie.
21:51 Évidemment, tout ça existe en replay.
21:53 Les dons au 92 110, vous envoyez "don" et ça fera un don de 5 euros.
21:57 Et puis le 110 éventuellement pour appeler.
22:00 Merci beaucoup Professeur Rosenbaum d'avoir été avec nous ce matin.
22:03 On se retrouve nous lundi.
22:05 Très bon week-end. Tout de suite, Jean-Jacques Bourdin.
22:07 Sud Radio, parlons vrai !

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