Cyril Chabanier (CFTC) dénonce "le culot et les mensonges" du chef de l’Etat

  • l’année dernière
En marge de la manifestation du 23 mars contre la réforme des retraites, les différents leaders syndicaux ont fustigé la détermination du président de la République à faire passer son texte. Présent dans le cortège parisien, Public Sénat a recueilli la réaction de Cyril Chabanier, président de la CFTC.

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Transcript
00:00 Super, alors Sérge Chabanier, une nouvelle fois front uni de tous les syndicats aujourd'hui
00:06 dans cette manifestation à Paris. Que peut encore cet intersyndical alors que la réforme
00:10 est adoptée, le président a l'air inflexible. Aujourd'hui qu'est-ce que vous pouvez encore faire ?
00:14 Je crois qu'on ne peut pas continuer à mettre la pression. Oui la réforme a été adoptée
00:18 mais cette réforme aujourd'hui elle peut encore être retirée. Et je crois que c'est ça le combat.
00:23 Nous avons aujourd'hui encore dans les premiers chiffres qui nous remontent, plus de millions
00:27 de personnes qui vont être dans la rue. On est légèrement supérieur apparemment au 31 janvier
00:31 qui était déjà une très forte mobilisation. Je crois que cette pression au bout d'un moment
00:35 elle va peser, elle va peser sur le président de la République et son discours d'hier est un discours
00:39 de façade sur cette confiance qu'il annonce en disant "nous allons pas retirer cette réforme".
00:45 D'ailleurs on voit que le patronat commence à réagir puisqu'il s'inquiète de tous ces mouvements.
00:50 On voit que les marchés financiers sont beaucoup plus inquiets de ces mouvements de grève que le fait
00:54 que la réforme se fasse ou ne se fasse pas. Donc on voit que les pressions arrivent de tous bords aujourd'hui.
00:59 Et en plus avec ce déni démocratique par l'adoption de 49.3 et l'utilisation de 4 articles,
01:04 on voit que ça met aussi beaucoup de gens dans la colère et beaucoup de jeunes dans la colère.
01:08 Donc je crois que nous allons continuer, je crois que nous allons réussir à ce que cette réforme ne passe pas.
01:13 Et puis on a aussi d'autres combats en parallèle, le combat avec le Conseil constitutionnel
01:16 parce que beaucoup d'articles sont discutables et nous avons le référendum d'incentive partagée
01:23 qui est aussi un combat.
01:24 - Je veux mettre un mot avant sur les mots très durs qu'a envoyé le président de la République hier
01:29 à l'endroit de Laurent Berger, mais on a l'impression que ça pourrait vous inclure aussi tous les syndicats.
01:34 Qu'est-ce que vous en avez reçu ? Est-ce que vous avez perçu que vous n'avez pas proposé de compromis à l'exécutif ?
01:39 - J'ai envie de dire quel culot et quel mensonge. Quel culot de dire que les organisations syndicales
01:45 n'ont pas proposé de compromis. Nous avons à la CFTC 1 reconnu qu'il fallait une réforme des retraites.
01:50 Nous avons dit que nous avions des propositions. On a même accepté l'idée qu'il y ait un déficit dans le futur.
01:55 Et nous avons proposé un mix de solutions. Et dans le bureau de la Première ministre,
01:58 on a elle-même reconnu que nos propositions étaient sérieuses, crédibles et constructives,
02:03 mais que ce n'était pas leur choix.
02:05 Donc quand vous avez sur le financement un gouvernement qui vous dit qu'il y a une seule solution,
02:09 un seul choix, c'est le report de l'âge légal, ne vient pas nous dire derrière qu'on n'a pas voulu de compromis.
02:13 C'est eux qui n'ont pas voulu discuter d'aucune autre solution que le report de l'âge légal.
02:17 Donc ça, je dis quel culot et quel mensonge. Je suis venu en vous dire que sur les retraites,
02:21 il y a toujours ce triptyque de solutions. C'est insupportable d'entendre ça depuis 4 mois.
02:26 On nous dit que c'est soit l'augmentation des cotisations, soit la baisse des pensions, soit le recul de l'âge.
02:30 Non, il y a des dizaines d'autres propositions à faire et on l'a démontré.
02:33 Et le problème, c'est que le gouvernement ne regarde que du côté des dépenses.
02:37 Nous, on a fait des tas de propositions pour augmenter les recettes aussi.
02:41 Donc c'est du mensonge, c'est du culot. Et honnêtement, les mots qui ont été dits tout au long de cette intervention,
02:50 y compris envers certains de mes collègues, je pense à Laurent Berger, c'est quand même très dur et très méprisant.
02:57 Quand j'ai entendu ça, j'ai vu l'image de faute palistique, de tacle par derrière, les deux pieds décollés.
03:04 Ce n'est pas comme ça qu'on crée du consensus et du compromis.
03:08 Et quand le Président nous dit à deux reprises "dans l'avenir, il va falloir faire un engagement collectif",
03:13 ah oui, très bien, mais l'engagement collectif, on aimerait le voir en ce moment, on aurait aimé le voir sur la réforme des retraites.
03:19 Donc nous tendre la main pour dire "il faut revenir dans trois semaines" comme si ce n'était rien passé, je crois que c'est complètement morceau.
03:25 On voit aussi un toursissement quand même de la mobilisation dans la rue, avec de nombreuses manifestations spontanées
03:32 qui sortent un peu des cadres habituels de ce que vous faites ici.
03:36 Est-ce que ça vous inquiète un peu aussi de voir qu'il pourrait y avoir une certaine forme de radicalité,
03:40 ce n'est pas trop votre truc à la CFTC, qui viendra peut-être gréver un peu le message que vous voulez porter ?
03:46 Après d'abord, je veux tempérer. Il y a quand même énormément de mobilisations qui sont d'ailleurs conduites par les organisations syndicales,
03:53 les mobilisations de proximité qui se passent très bien.
03:55 Ça reste une minorité de rassemblement où ça se passe mal. Je pense que c'est important de le préciser.
04:00 Évidemment que ça nous inquiète, mais ce n'est pas pour rien qu'on avait écrit au président pour lui dire qu'on était au bord d'une crise sociale ou d'une explosion sociale.
04:08 C'est parce que ce mépris, ce mensonge, ça crée de la colère. La colère crée la violence, et la violence, on la voit de tous bords d'ailleurs.
04:15 Il y a eu des violences de la part des manifestants, il y a eu des choses aussi qui ont été violentes dans certains endroits de la part de la police,
04:21 mais tout ce contexte-là crée ce sentiment de violence.
04:24 Hier, on attendait justement un discours d'apaisement du président, et au contraire, il a soufflé sur les presses.
04:30 Donc on est inquiets, mais on n'est pas surpris parce qu'on avait prévenu.
04:34 J'ai encore deux questions. La question de ce soir sur l'intersyndical Frédéric Souviaud.
04:38 À l'instant, on nous disait qu'il n'y a pas un grain de sable entre nous, il n'y a pas un gravier qui nous sépare. L'intersyndical va continuer ce soir ?
04:45 L'intersyndical va continuer ce soir. Vous savez, ça fait deux mois qu'on nous prédit que l'intersyndical va finir la semaine d'après.
04:51 Donc ça fait deux mois que l'intersyndical tient bon, on arrive à se mettre d'accord et il n'y a aucun problème par rapport à ça.
04:56 Donc oui, l'intersyndical se réunit ce soir. Je suis persuadé qu'elle va trouver encore un communiqué en commun,
05:02 des moyens d'action en commun, sans grande difficulté. Et quand on voit une mobilisation aussi forte aujourd'hui,
05:09 on voit très bien que ce soir ne sera pas la dernière intersyndical.
05:13 Un dernier mot, monsieur El Chabani, peut-être sur votre espoir de voir peut-être le Conseil constitutionnel censurer tout ou partie de cette réforme.
05:19 Est-ce que ce serait ça votre salut ?
05:22 Je crois que le salut, y compris pour le Président, ça serait de dire "je retire ce texte et on se remet autour de la table".
05:28 Tout le monde se retirerait je crois la tête haute. Mais évidemment que si le Président ne va pas vers cette voie,
05:33 le Conseil constitutionnel, dans lequel on a déjà eu l'expression de son Président qui avait dit que certains articles étaient très discutables,
05:41 évidemment on a beaucoup d'espoir par rapport au Conseil constitutionnel.
05:45 Et il y a aussi le référendum d'initiative partagée, obtenir les 4,5 millions de signatures sur un texte comme celui-là, je crois que c'est tout à fait faisable.
05:53 Merci beaucoup.
05:54 [Musique]

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