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00:00 Bonjour Céline Bidarco, votre invité média présente le premier podcast natif de France
00:04 Télévisions, ça s'appelle "Au comptoir de l'info".
00:07 Des journalistes du groupe de télévision mais aussi de Radio France se confient sur
00:10 leur métier, dévoient les coulisses de leurs émissions ou de leurs reportages.
00:15 Bonjour François Bodonnet.
00:16 Bonjour Céline, bonjour à tous.
00:17 Vous êtes rédacteur en chef Europe à France Télé, éditorialiste sur France Info, Canal
00:21 27, chroniqueur dans l'émission "Nous les Européens" sur France 3.
00:24 Que venez-vous faire dans ce podcast ? C'est votre idée ?
00:26 Oui, en fait j'ai proposé ça à France Télévisions il y a trois ans maintenant.
00:30 En fait ça part d'un constat assez simple.
00:32 Chaque fois que je rentre de reportage, ce qui m'arrive souvent en télé mais également
00:38 en radio puisque j'étais auparavant à France Inter, en fait ça m'a toujours marqué,
00:42 c'est le sentiment de ne dire que 10% de ce que j'ai vu dans le reportage.
00:48 Donc j'avais envie… Il y a une frustration ?
00:49 Absolument, il y a une frustration.
00:51 Alors ça ne veut pas dire qu'il y a de la censure, surtout pas, ou de l'auto-censure.
00:55 Mais ça veut dire qu'on a un angle, on a une durée à tenir.
00:58 Et donc j'avais envie de donner la parole comme ça à mes confrères, à mes consoeurs
01:02 pour qu'ils puissent venir raconter ce qu'ils vivent dans les reportages et aussi pour faire
01:08 tomber un certain nombre de fantasmes.
01:09 Parce qu'on s'imagine que les journalistes, pour le coup, ils ont des contacts réguliers,
01:14 par exemple avec le gouvernement, on leur dit ce qu'il faut dire ou qu'on écrit
01:18 les textes des présentateurs.
01:20 Pas du tout.
01:21 Et donc voilà, c'est tous ces fantasmes que j'avais envie de faire tomber.
01:24 Alors à ce sujet, il y a cette anecdote que vous livre la grand-reporteure Maryse Burgot
01:29 lorsqu'elle couvrait la mobilisation des Gilets jaunes.
01:31 Une fois, l'un d'eux m'a dit "mais vous, vous gagnez combien ?" Ces gens gagnent
01:37 le SMIC, moins que le SMIC très souvent.
01:40 Et là, j'étais désarçonnée parce que j'avais du mal à dire combien je gagne,
01:45 non pas que je gagne beaucoup d'argent, mais je gagne plus que le SMIC.
01:49 Et je me suis dit "tu vas le choquer si tu dis combien tu gagnes".
01:53 Et là, j'ai compris aussi pourquoi les gens pouvaient avoir une sorte de haine à
01:59 notre égard.
02:00 Parce qu'on est un peu des nantis, nous on fait partie des parisiens, ils nous ont
02:04 l'impression qu'on gagne plein d'argent, que nous on part en vacances tout le temps.
02:08 Et j'ai senti sur les Gilets jaunes que eux ne partent pas en vacances.
02:13 C'est tellement énorme cette différence que je comprends que certains nous détestent.
02:21 Mais ce n'est pas mérité, ajoute Maryse Burgos.
02:23 Ce podcast, il sert aussi à rapprocher les journalistes des autres citoyens, à mieux
02:27 se comprendre, mieux se connaître.
02:28 Oui, d'ailleurs, quasiment dans chaque épisode, on parle du parisianisme supposé des journalistes.
02:35 Et moi, j'invite des confrères et des consoeurs, qui justement, d'ailleurs souvent, ne sont
02:41 pas parisiens d'origine.
02:42 Après, il se trouve que la concentration des médias à Paris fait qu'ils travaillent
02:46 forcément à Paris.
02:47 Et puis qui souvent sont, je dirais, c'est le cas de Maryse, mais c'est le cas de plein
02:52 d'autres, sont d'un milieu social tout à fait modeste.
02:55 Et c'est exactement le contraire, le sentiment contraire qu'on donne parce qu'on a le
02:59 sentiment que les journalistes viennent de niveaux sociaux extrêmement élevés, qui
03:03 sont tous très riches.
03:04 Et c'est évidemment pas le cas.
03:06 Alors, il y a eu déjà une quarantaine d'épisodes depuis 2019.
03:09 Chacun dure une petite demi-heure.
03:11 Alors, vous n'avez pas de mal à les trouver puisque ce sont vos collègues.
03:13 Caroline Roux, Thomas Soto, Anne-Sophie Lapix, Élise Lucey, entre autres.
03:17 Vous avez élargi aux journalistes de Radio France, comme Angélique Bouin, notre correspondante
03:21 à Bruxelles.
03:22 Recevoir, je ne sais pas, Gilles Boulot ou Yves Calvi qui travaillent dans le privé,
03:26 ça, c'est pas possible pour un podcast France Télé ?
03:28 Alors, pour l'instant, ce n'est pas le concept du podcast, mais oui, on pourrait
03:31 tout à fait imaginer de l'ouvrir et je crois que ça serait très intéressant.
03:35 L'ouvrir aussi aux autres médias publics ? Il y en a d'autres.
03:38 Il y a Arte, il y a France 24.
03:41 Absolument.
03:42 C'est tout à fait possible.
03:43 Et effectivement, je pense que là, on est dans la quatrième saison, donc on sera en
03:47 saison 5 à partir de septembre prochain.
03:49 Peut-être que pour renouveler, on pourrait effectivement ouvrir à ces médias-là.
03:52 Est-ce que pour un podcast, l'interview est différente que pour la télé ou la radio ?
03:57 Peut-être une parole plus vraie, moins dans le contrôle ?
04:00 Oui, complètement.
04:01 Alors, en fait, ce qui est drôle, c'est que je travaille pour France Télévisions,
04:05 donc nous, notre métier, notre cœur de métier, c'est l'image.
04:06 Et donc, il y a beaucoup de personnes à France Télévisions qui m'ont dit "mais on devrait
04:09 filmer ton podcast".
04:10 Ce qui n'est pas le concept d'un podcast.
04:13 C'est de l'audio.
04:14 Et donc, j'ai dit non à chaque fois.
04:19 D'ailleurs, ça n'a parfois pas été très bien interprété.
04:21 Mais je crois vraiment que dans le rapport qu'on a de deux personnes, chacune devant
04:27 un micro, comme on l'a actuellement, on se dit beaucoup plus de choses que si on est
04:30 dans un studio avec du maquillage, avec plein de monde autour.
04:33 Il y a plus, je dirais, de franchises et les gens se livrent plus facilement.
04:38 Par exemple, vous avez des exemples d'invités qui vous ont surpris alors que vous les connaissez.
04:42 Mais dont vous avez quand même appris des choses nouvelles.
04:45 C'est ça qui est intéressant.
04:46 En fait, c'est que la plupart des invités, je les connais bien.
04:49 Ce sont souvent des collègues de bureau.
04:50 Parfois, on était à 5 mètres tous les jours.
04:53 Et en fait, je pensais les connaître parce que je les vois à l'antenne, etc.
04:57 Et je me suis rendu compte que souvent, je ne les connaissais pas.
04:59 Et par exemple, un exemple parmi d'autres, parce que tous ces podcasts m'ont marqué,
05:03 tous ces épisodes m'ont marqué, c'est Dominique Verdaillant.
05:06 Dominique Verdaillant, qui était le chroniqueur judiciaire sur France Télé pendant 30 ans.
05:11 Quand il est venu au podcast, il m'a dit un certain nombre de choses extrêmement émouvantes,
05:16 très personnelles et que je ne soupçonnais même pas une minute de sa part.
05:21 Et après, je l'ai vu tout à fait différemment.
05:24 Une discussion de comptoir, c'est un sens péjoratif, sans recul, sans filtre, sans réflexion profonde.
05:29 Pourquoi ce titre "Au comptoir de l'info" ?
05:31 Parce que je voulais que ce soit dans une ambiance justement de café.
05:35 C'est ça, on entend d'ailleurs cette ambiance, ce fond sonore de café.
05:41 - Mais qui est réel ?
05:42 - Non, en fait, on est dans un studio et c'est du son qu'on rajoute.
05:49 Mais en fait, après, ça aurait pu être, on a hésité un petit peu sur le titre,
05:53 ça aurait pu être "Au café de l'info", mais justement, je ne voulais pas que ça fasse trop café du commerce.
05:58 Et c'est pour ça qu'on a opté pour "Au comptoir de l'info".
06:00 - Et vous buvez un coup pendant que vous parlez ou pas ?
06:02 - Et bien même pas !
06:04 - Et le tutoiement entre vous et vos invités, ça c'est le code du podcast ?
06:08 - Alors d'abord, c'est devenu une espèce de gimmick.
06:11 Je commence toujours par "Salut" et la personne me répond "Salut".
06:15 Le tutoiement, c'est parce qu'aussi, entre journalistes, on se tutoie.
06:18 Ça, c'est la règle.
06:19 Même des journalistes qui ne se connaissent pas entre eux se tutoient.
06:24 Donc, je me suis dit qu'on devait faire ça.
06:25 Après, il ne faut pas tomber, je dirais, dans la connivence.
06:29 C'est-à-dire que moi, j'essaye effectivement, on est dans le tutoiement comme ça,
06:31 on est tranquille, que ce soit un présentateur vedette ou un reporter de base,
06:36 on est exactement à égalité.
06:39 Après, il ne faut pas être dans la connivence.
06:42 Et même si je les connais, ça ne doit pas s'entendre en fait.
06:45 - Vos prochains invités, François Bodonnet.
06:47 Alors, je vous soumets une idée, j'imagine que vous y avez pensé,
06:50 mais là, c'est Julien Bugé qu'il faut avoir ses premières impressions
06:52 après sa première interview présidentielle.
06:54 - Exactement.
06:54 Alors, Julien Bugé est déjà venu, j'y ai pensé hier.
06:57 Je me suis dit "Tiens, ça serait bien de l'inviter de nouveau, on va peut-être le faire".
07:00 Ici, à Radio France, ça sera Bruno Duvic,
07:02 présentateur du 13h de France Inter.
07:06 Et puis, côté France Télévisions, ça sera Patricia Loison
07:08 qui présente "Le monde de Loison" à 18h sur France Info Télé.
07:11 - Merci d'être venu, François Bodonnet.
07:13 - Et je précise que le podcast "Au comptoir de l'info"
07:15 est donc disponible gratuitement sur france.tv/info.fr.
07:19 Merci Céline Baïdharcourt.