ÉDITO - Emmanuel Macron qui estime que "la foule n'a pas de légitimité": "

  • l’année dernière
Les opposants à la réforme des retraites ont vivement contesté les déclarations du président de la République ce mardi soir. Devant des députés de la majorité, Emmanuel Macron a affirmé que "la foule" n’a "pas de légitimité" face "au peuple qui s’exprime à travers ses élus."

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00:00 C'est donc dans ce contexte que le président de la République intervient à la télévision à 13h.
00:03 Vous pouvez le suivre évidemment en direct sur BFMTV.
00:06 L'édition spéciale autour de Pascal de La Tour du Pain commencera à midi.
00:09 Le chef de l'État a peut-être donné le tempo hier face au parlementaire de la majorité réuni à l'Élysée.
00:14 Il a donné le temps. Il faut vraiment décrypter, écouter tous les mots qui ont été prononcés.
00:19 Oui, alors pour ceux qui n'en ont pas compris, on va se faire engueuler.
00:23 Le chef de l'État a affirmé sa fermeté hier soir.
00:26 Il a bien appelé à l'apaisement et à écouter les colères, mais pour le reste, ça ressemblait beaucoup à un circulé et à rien avoir en trois temps.
00:33 D'abord à tous ceux qui ont été choqués par le 49.3,
00:36 utiliser la Constitution pour faire passer une réforme est toujours une bonne chose si on veut être respectueux de nos institutions, répond le président.
00:42 A tous ceux qui pensent qu'il s'en est fallu d'un cheveu pour que la motion de censure soit adoptée et la réforme rejetée,
00:47 en démocratie, ce n'est pas parce qu'un texte passe à très peu de voix qu'il est illégitime, répond le chef de l'État.
00:52 Et puis enfin, quant aux centaines de milliers de Français qui manifestent depuis le 19 janvier, les voilà prévenus.
00:57 Quand on croit à cet ordre démocratique et républicain, l'émeute ne l'emporte pas sur les représentants du peuple
01:03 et la foule n'a pas de légitimité face au peuple qui s'exprime souverain à travers ses élus.
01:09 Bon, c'est une provocation.
01:12 Sur la posture qu'il adopte, il n'y a rien de nouveau sous le soleil.
01:15 C'est un classique du pouvoir confronté à des manifestations.
01:18 Jean-Pierre Raffarin, Premier ministre, confronté à des manifs contre sa réforme des retraites en 2003, avait déclaré
01:23 "ce n'est pas la rue qui gouverne".
01:25 Et puis on l'a peut-être un peu oublié, mais François Hollande, en 2016, face aux manifestations des opposants de la loi El Khomri,
01:30 avait même envisagé, lui, d'interdire les manifestations.
01:33 Ce qui est intéressant, je trouve, c'est le choix des mots pour le dire.
01:36 La foule. La foule, c'est une masse indistincte, la foule.
01:39 Les individus, les citoyens, ils sont noyés dans une multitude manipulable, presque inquiétante, ne parle-t-on pas d'ailleurs,
01:45 de phénomène de foule. Mais surtout, la foule qui gouverne en politique, ça porte un nom.
01:49 Ça s'appelle l'oclocratie, c'est un concept qui existe depuis l'Antiquité,
01:53 qui est considéré par les philosophes comme une dégénérescence de la démocratie,
01:56 selon la définition qu'en donnait l'encyclopédie en 1751.
01:59 L'oclocratie, c'est un abus qui se glisse dans le gouvernement démocratique,
02:03 lorsque la ville populace est seule maîtresse des affaires.
02:06 Victor Hugo en parlait dans "Les Misérables", il disait "c'est les gueux qui attaquent le droit commun".
02:10 Mais qu'est-ce qu'il disait l'écrivain aussi ?
02:12 "Ces mots qui veulent être des injures constatent hélas plutôt la faute de ceux qui règnent
02:16 que la faute de ceux qui souffrent, plutôt la faute des privilégiés que la faute des déshérités."
02:19 Mathieu, ça va avoir quel impact tout ça sur les manifestants de demain,
02:23 puisqu'il y a une nouvelle journée de mobilisation demain, 9e ?
02:25 On voit bien que le message ne s'adresse pas aux manifestants, mais s'adresse plutôt à l'opinion.
02:29 L'objectif de l'Elysée, c'est de siffler la fin de la récré,
02:31 de disqualifier l'opposition à la réforme en la désignant comme le camp de la chianlie, pour résumer.
02:36 Le problème, c'est que c'est pas comme ça que ça marche,
02:39 que Paris risquait de durcir le ton dans le discours,
02:42 durcir le ton dans la répression des manifestations.
02:44 On l'a vu, parce que la société a plutôt besoin d'apaisement que d'une ultime provocation.

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