MOTIONS DE CENSURE- Olivier Véran est l'invité de Amandine Bégot

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Regardez L'invité de RTL du 21 mars 2023 avec Amandine Bégot.

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00:02 RTL Matin
00:06 Il est 7h44, excellente journée à vous tous qui nous écoutez. Amandine Légault, vous recevez donc ce matin le porte-parole du gouvernement Olivier Véran.
00:13 Olivier Véran, on l'a appris il y a moins d'une heure, Emmanuel Macron va donc prendre la parole demain à 13h.
00:18 Interview annoncée sur TF1 et France 2. Il ne pouvait pas ne pas parler.
00:22 Il avait toujours dit qu'il aurait l'occasion de s'exprimer lorsque le moment serait venu.
00:27 Et je le redis, il y a le moment du Parlement, ce moment s'est terminé hier avec un vote.
00:32 Celles et ceux qui disaient qu'il n'y avait pas de vote parce qu'il y avait un 49-3, je les écoutais hier soir en commentaire,
00:37 disaient que le vote avait été serré à leurs yeux, signe qu'il y a bien eu vote.
00:41 J'écoutais monsieur Mélenchon, madame Le Pen qui disait à neuf voix près, est-ce qu'on peut dire que c'est...
00:45 Oui.
00:45 Ça s'est joué à neuf voix près, on est d'accord, vous attendiez quand même sans doute un écart un peu plus grand, non ?
00:50 Vous savez, je regarde dans les tablettes de la Ve République, parce que là c'est le centième 49-3.
00:54 Personne n'aime utiliser le 49-3.
00:56 D'habitude pour Elisabeth Borne, on était sur une cinquantaine de voix.
00:59 Sur 149-3, il est arrivé que l'écart de voix au moment d'une motion de censure soit plus petit que celui qu'on a constaté hier.
01:06 Michel Rocard, lorsqu'il crée la CSG, n'emporte que seulement cinq voix.
01:11 Et ce qu'il lui manque à l'époque, c'est des voix de sa majorité.
01:13 Sauf que pour les précédentes motions de censure contre le gouvernement d'Elisabeth Borne, on était plutôt sur une cinquantaine de voix.
01:18 Là, quelque chose a changé quand même, non ?
01:20 Il n'aura échappé à personne que là où les députés républicains, pour certains d'entre eux d'ailleurs, se sont engagés en disant "on votera ce texte en cohérence",
01:30 puisque nous l'avons porté nous-mêmes dans notre campagne,
01:33 et puisque des accords ont été trouvés avec la majorité présidentielle pendant des semaines, pendant des mois,
01:37 un certain nombre d'entre eux se sont échappés au dernier moment et ont considéré que finalement, ils préféraient renier leur propre...
01:44 Vous parlez des Républicains ?
01:45 ...leurs propres idées bien sûr, de certains Républicains, leurs propres idées, leurs propres propositions de campagne, plutôt que d'aller conforter le gouvernement.
01:51 Je dirais peu importe, encore une fois, quand Michel Rocart crée la CSG, il y a cinq voix d'écart.
01:55 Pierre Bérégovoy, il y a trois voix d'écart.
01:57 Donc vous dites "il n'y a pas de problème ce matin" ?
01:59 Je dis juste que c'est pas... Personne ne dit qu'il n'y a pas de problème.
02:02 Je vous dis que nous étions engagés à ce qu'il y ait un examen de ce texte au Parlement.
02:06 Nous étions engagés à ce que d'une manière ou d'une autre, il y ait un vote des parlementaires sur ce texte.
02:11 Ce vote, il s'est traduit à travers le 49.3 par une motion de censure qui a été déposée.
02:16 La Première Ministre était engagée à remettre sa responsabilité devant le Parlement
02:19 et qu'elle a été, de cette manière-là, confortée par le Parlement.
02:22 C'est un point qui est important et je le redis parce que...
02:24 Elle est confortée ce matin, elle n'est pas affaiblie, Elisabeth Borne ?
02:27 Monsieur Mélenchon et Madame Le Pen qui disaient "il n'y a pas de vote"
02:29 ont constaté hier soir qu'en fait il y avait eu un vote, puisqu'ils constataient eux-mêmes que ce vote avait été, à leurs yeux, serré.
02:34 Vous nous dites "elle n'est pas affaiblie, la Première Ministre, ce matin".
02:37 Vous pensez quand même que ça se jouerait à plus que 9 voix, non ?
02:40 Mais je vous dis que dans le contexte politique d'hier, qui échappe, pardonnez-moi,
02:44 aux fondamentaux idéologiques s'agissant de la droite,
02:47 où vous avez quand même, pardon, une motion qui a été posée par un député...
02:50 D'accord, mais "elle n'est pas affaiblie", c'est ma question.
02:52 Je voudrais juste terminer là-dessus parce que c'est important de savoir ce qui s'est joué.
02:55 Est-ce que ce qui s'est joué hier, c'est un jugement porté sur une politique ou une Première Ministre ?
02:59 Ou est-ce que ce qui s'est joué hier, c'est une espèce d'alliance de circonstances
03:02 de personnes qui ne pourraient pas gouverner ensemble ?
03:05 Parce que ce qui est important, c'est est-ce qu'il existe une majorité alternative avec le Parlement actuel ?
03:10 La réponse à l'est non. Hier, vous avez eu l'alliance de tous les amis de M. Mélenchon
03:14 et de tous les amis de Mme Le Pen, qui ont voté ensemble, et qui se sont soutenus,
03:19 et qui ont voté une motion déposée par un député de centre droit
03:23 qui dit depuis 20 ans qu'il faut porter l'âge de départ de la retraite à 65 ans.
03:27 Donc vous voyez qu'il s'est joué quelque chose hier,
03:29 qui n'est porté moins sur le texte en tant que tel que sur la volonté de faire tomber le gouvernement.
03:34 - Donc pas affaibli, je vous repose la question.
03:36 - La Première Ministre est la seule, et notre majorité,
03:40 à pouvoir aujourd'hui porter un projet de gouvernement.
03:44 Sauf à considérer, et vous l'avez même vu, que même lorsque l'extrême gauche s'associe à l'extrême droite
03:48 comme ils l'ont fait hier, ils n'ont pas de majorité.
03:51 - Donc demain, Emmanuel Macron n'annoncera pas qu'il va changer de Première Ministre.
03:55 - Et la Première Ministre, ce matin, sera, je serai à côté d'elle d'ailleurs,
03:59 à l'Elysée auprès du Président de la République, sera ensuite,
04:02 participera aux réunions des groupes de la majorité.
04:05 A midi, il recevra l'ensemble des ministres, j'y serai également à Matignon.
04:09 Et ce soir, le Président de la République recevra aussi les parlementaires,
04:12 après avoir reçu le Président du Sénat, la Présidente de l'Assemblée Nationale,
04:16 pour porter notre soutien aux institutions qui ont pu, et qui peuvent encore parfois,
04:21 être malmenées, non pas par les textes ou les processus législatifs,
04:24 mais par l'attitude de certains.
04:26 - Je reviens à cette prise de parole annoncée pour demain.
04:28 Il ne peut pas parler pour ne rien dire, sans rien annoncer.
04:31 - Mais d'abord, la parole du Président est toujours très attendue,
04:34 et elle l'est en particulier dans ce contexte.
04:36 La preuve est que vous avez ouvert votre interview avec cette intervention demain.
04:40 Il fait d'abord le choix d'être interviewé, et de ne pas faire une allocution.
04:44 Ça veut dire qu'il y aura un contradicteur en face de lui.
04:46 Ensuite, il fait le choix symbolique du 13h, dont on dit que ce sont les journaux des territoires,
04:51 pour parler au maximum de français, et il le fera de manière évidemment solennelle,
04:55 puisqu'il le fera depuis l'Elysée.
04:57 Donc, il pourra être interrogé, il aura vocation à répondre aux questions
05:00 qui lui seront posées en matière de réforme des retraites,
05:02 mais aussi sans doute, pour commencer à esquisser ce qui va se passer désormais.
05:06 Sachant que le cheminement du texte des retraites,
05:09 s'il s'est arrêté hier au Parlement avec ce vote,
05:13 et donc le texte a été adopté,
05:15 la Première Ministre a fait le choix de saisir elle-même le Conseil constitutionnel,
05:20 pour vérifier que tout est valide sur la forme et sur le fond,
05:23 et conforme à notre Constitution.
05:24 - C'est quoi, un moyen d'accélérer les choses, d'essayer de tourner la page ?
05:27 - Elle n'était pas obligée de le faire, elle a pris la décision de le faire,
05:29 et donc, dans un délai d'un mois maximum,
05:31 le Conseil constitutionnel nous dira si, oui ou non,
05:34 l'ensemble du texte, ou toute ou partie du texte,
05:36 est conforme aux règles constitutionnelles.
05:39 - Olivier Véran, je vais vous citer quelques hypothèses
05:41 sur ce qui peut se passer ou pas dans les semaines qui viennent,
05:43 ce que réclament notamment les oppositions.
05:45 D'abord, que le gouvernement renonce à cette réforme, ça c'est impossible ?
05:49 - Mais, pourquoi nous faisons cette réforme ?
05:51 C'est ça en fait la question qu'il faut poser.
05:53 Je comprends parfaitement, et j'entends, et je reçois, j'ai aussi des amis...
05:56 - Il y a des députés Renaissance, Patrick Vignal, par exemple,
05:58 hier, qui dit qu'il faudrait peut-être suspendre cette réforme.
06:01 C'est possible ça ou pas ?
06:03 - Vous me posez une question, je ne vais pas répondre en parlant d'un député
06:06 ou d'une intervention d'une personne, mais de manière plus générale.
06:08 Je comprends qu'il y ait des gens qui ne soient pas d'accord avec ce que nous faisons,
06:11 et je le respecte.
06:13 Et je comprends qu'il y ait des gens qui soient déçus ou en colère,
06:16 qu'on ait eu recours au 49.3. Je le comprends, et je le respecte.
06:19 J'aurais souhaité aussi que nous puissions aller au vote,
06:21 mais les conditions du vote, les conditions d'un vote,
06:24 n'étaient pas réunies, sous la forme classique,
06:26 mais les conditions du vote ont été réunies, sous la forme du 49.3.
06:29 Et ça vraiment, c'est le message que je porte ce matin.
06:31 C'est qu'il y a bien eu ce vote.
06:33 Ensuite, nous faisons cette réforme des retraites, parce que sinon,
06:35 nous ne pouvons pas payer le système des retraites dans la durée.
06:38 C'est que chaque année, nous empruntons sur les marchés financiers
06:41 l'argent nécessaire pour combler le déficit creusé
06:44 du fait que la population vieillit.
06:46 Et que chaque Français peut comprendre que s'il était obligé d'emprunter
06:50 chaque mois auprès de sa banque de l'argent pour payer ses courses,
06:52 au bout d'un moment, la banque lui dirait "stop".
06:54 Là, on ne parle pas de banque en l'occurrence, on parle de notre modèle social.
06:57 On parle de ce qui fait sens dans la société, et on a besoin de l'équilibrer.
07:00 Donc, si je vous comprends, à question de renoncer à cette réforme,
07:03 le référendum, oui ou non ? C'est une possibilité ou non ?
07:06 Mais la loi vient d'être adoptée, elle sera promulguée,
07:08 et nous attendons sa validation par le Conseil Constitutionnel.
07:10 La dissolution, oui ou non ?
07:12 Mais vous avez eu un vote hier, encore une fois, du Parlement.
07:15 On n'a pas de majorité absolue au Parlement.
07:17 Ça veut dire que sur le papier, il y a plus de députés
07:20 qui auraient pu être amenés à nous dire "vous partez"
07:23 que de députés qui auraient pu être amenés à nous dire "vous restez".
07:26 Et dans le contexte particulièrement difficile d'un 49-3,
07:29 sur un texte particulièrement difficile comme la réforme des retraites,
07:32 alors que nous n'avons pas la majorité absolue au Parlement,
07:35 une majorité absolue de députés ont décidé de ne pas demander
07:38 à la Première Ministre de partir.
07:40 On respecte aussi ce choix du Parlement.
07:42 Olivier Véran, en attendant cette prise de parole,
07:44 demain, les mobilisations se poursuivent.
07:46 Ces grèves aussi, avant la grande mobilisation annoncée par les syndicats jeudi,
07:50 j'imagine que ce n'est pas non plus anodin que le Président prenne la parole juste avant.
07:54 Ce matin, il y a 37% des stations-services à sec dans les bouches du Rhône.
07:58 Vous avez annoncé des réquisitions du personnel pétrolier de Fos-sur-Mer.
08:03 Elles sont en cours ?
08:05 Depuis hier soir, sur Fos, les réquisitions sont en cours.
08:08 Quand on constate qu'il y a des stations qui sont à sec
08:11 et que la mobilité des Français est gênée par des blocages,
08:15 les blocages sont levés.
08:17 Il y en aura d'autres, les réquisitions ?
08:19 D'autres où ?
08:20 Il y en aura partout où c'est nécessaire.
08:22 A chaque fois que vous constaterez que les blocages des raffineries
08:24 ou des centres de dépôt n'empêchent d'alimenter les stations-services
08:27 et donc empêchent les Français d'évoluer, de travailler et d'emmener leurs enfants à l'école.
08:31 Vous n'avez pas peur que ça ajoute de la colère à la colère ?
08:33 Mais on respecte et on différencie le mouvement social encadré par les syndicats
08:37 avec les manifestations par exemple,
08:39 des blocages ou des scènes de tension auxquelles on a pu assister encore hier soir
08:43 avec une dizaine de policiers qui ont été blessés dans les rues de Paris.
08:46 Ce n'est pas la même chose.
08:48 Je fais vraiment le distinguo entre les deux.
08:50 Et donc manifester, faire grève, c'est un droit constitutionnel et qu'on respecte.
08:54 Bloquer, casser et aller hurler dans les rues de Paris "tout le monde déteste la police",
08:59 ce n'est pas complètement la même chose.
09:01 Pour ça, là-dessus nous sommes extrêmement fermes.
09:03 D'un mot, quand vous entendez Jean-Luc Mélenchon hier soir rappeler à la censure populaire,
09:06 vous lui répondez quoi ?
09:08 Mais Jean-Luc Mélenchon, vous savez, il s'est présenté à la présidentielle.
09:12 Ensuite il a dit qu'il ne voulait plus être président de la République mais Premier ministre.
09:14 Ensuite il a perdu législative.
09:16 Il a dit que quoi qu'il arrive, le troisième tour, il sera social et dans la rue.
09:20 Donc il attend son moment, année après année, mois après mois, occasion après occasion.
09:25 Je vous dis juste que occasion après occasion, les faits ne lui donnent pas raison.
09:29 On n'est pas dans le troisième tour social.
09:31 La France n'est pas politiquement un pays d'extrême gauche.
09:35 Merci beaucoup Olivier Véran.
09:37 La Première Ministre est la seule à pouvoir porter un projet de gouvernement,
09:40 vient de nous dire notamment Olivier Véran.
09:42 [SILENCE]

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