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Le député Charles de Courson, figure de l'Assemblée nationale, porte la motion de censure contre le gouvernement d’Élisabeth Borne, après le passage en force de la réforme des retraites. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien-du-lundi-20-mars-2023-3996842

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00:00 Avec Léa Salamé, nous recevons aujourd'hui le député centriste de la Marne, membre
00:04 à l'Assemblée nationale du groupe Liott, Liberté, Indépendant, Outre-mer et Territoire.
00:10 Questions et réactions au 01 45 24 7000 et sur l'application de France Inter.
00:16 Charles de Courson, bonjour.
00:17 Bonjour.
00:18 Et bienvenue sur Inter, votre groupe Liott a donc déposé une motion de censure trans-partisane
00:24 qui sera débattue et mise au vote tout à l'heure.
00:27 On a fait les comptes, à ce stade, même si l'ensemble de votre groupe, l'ensemble
00:32 de la NUP, du RN et des non-inscrits votent la motion, vous n'y êtes pas, vous seriez
00:37 à 262 voix.
00:39 Il en manque donc environ 25 pour atteindre la majorité absolue qui est à 287 voix.
00:45 Alors certains députés LR peuvent s'y associer, mais franchement, ce matin, 8h23, pensez-vous
00:51 avoir une chance de faire adopter cette motion de censure ?
00:54 Tout repose sur le vote de mes amis républicains hostiles à ce texte.
01:02 Je rappelle qu'ils étaient 25 à 26 à vouloir voter la motion de rejet que je portais jeudi
01:09 dernier et 3, 4 abstentionnistes.
01:12 Donc si tous ceux-là votent la motion de censure, elle peut passer.
01:18 Donc tout est entre les mains de cette trentaine de députés républicains qui sont hostiles
01:25 à cette réforme, à juste raison.
01:27 Alors effectivement, on est à quelques voix près, comme jeudi dernier au moment du vote
01:31 de la loi, ça se joue vraiment à moins de 10 voix près, puisque là, à cette heure,
01:37 Éric Ciotti, le patron des LR, a dit "il ne faut pas voter cette motion de censure",
01:41 sauf qu'on apprend qu'Aurélien Pradié va la voter finalement, il vient de le décider,
01:45 comme on l'annonçait sur Europe 1, et elle affirme que 15 députés LR pourraient voter
01:50 cette motion de censure.
01:51 S'ils sont 15 à voter la motion de censure, si je calcule bien, Amélie de Courson, ça
01:55 passe pas.
01:56 Pour vous ?
01:57 Oui, c'est ce que je vous disais à l'instant, il faut au moins 25, entre 25 et 30 députés
02:05 républicains, c'est-à-dire tous ceux qui étaient hostiles à ce texte et qui ont fait
02:08 que le président de la République a donné l'ordre de passer au 49-3, de se rendre
02:15 à pas compte des conséquences politiques graves d'un recours au 49-3.
02:21 Mais vous y croyez ce matin ?
02:22 Ah mais vous savez, dans la vie politique, il faut se battre jusqu'au bout, et donc
02:28 c'est à eux de décider.
02:29 Tous les autres ont une position qui est claire.
02:34 Mais vous leur dites "venez et votez" ou vous avez des arguments à faire valoir, un
02:38 message à leur faire passer ce matin ?
02:40 Eh bien, c'est la seule façon d'arrêter la crise sociale et la crise politique dans
02:45 ce pays.
02:46 Si on continue comme cela, plus personne ne maîtrisera quoi que ce soit.
02:51 C'est ce que disent d'ailleurs tous les responsables syndicaux auxquels il faut rendre
02:56 hommage, puisqu'ils ont réussi à tenir jusqu'à présent.
03:00 Mais ils nous disent tous "la radicalisation est en marche".
03:06 D'ailleurs, vous le voyez dans les derniers sondages.
03:08 Je lisais dans le journal du dimanche, les derniers sondages, le président de la République
03:12 n'a plus que 28% de soutien.
03:14 C'est un niveau abyssal.
03:16 Vous y croyez ? Vous y avez cru au 49-3 ?
03:21 Alors, une semaine avant, j'étais persuadé que la motion de rejet que je portais serait
03:34 adoptée, puisque mes amis républicains me disaient qu'il serait 25 voire 26 et 3-4 abstentions.
03:43 Et donc, si vous faites le décompte, ça passait.
03:46 Et ça passait largement, d'autant plus qu'il y avait des craquements dans la majorité.
03:49 Il y avait déjà deux membres de la minorité présidentielle qui avaient annoncé, donc
03:54 mon vieil ami Favnek, qui avait annoncé qu'il voterait contre.
03:58 Et il y avait 4-5 autres qui voulaient s'abstenir.
04:01 Donc, ils étaient battus, mais très largement.
04:05 Et donc, ce qui m'étonnait, c'est que M. Véran, qui est quand même le porte-parole
04:11 du gouvernement, affirmait, y compris la veille, qu'on n'aurait pas recours au 49-3.
04:15 Et d'autres ministres le disaient.
04:17 Et donc, voir qu'en quelques heures, le retournement…
04:22 Comment vous l'expliquez, vous qui êtes habitué à…
04:25 Je pense que nous avons un président joueur.
04:27 C'est un joueur de poker.
04:30 Et alors ?
04:31 Et donc…
04:32 Jusqu'au bout, il a tenté de faire le tapis ?
04:35 Absolument.
04:36 Absolument.
04:37 Et ça passe ou ça casse.
04:38 Et on passe au 49-3.
04:40 Ils ont découvert que l'accord qu'ils avaient cru passer avec Eric Ciotti ne tenait pas.
04:47 D'autant plus que le président Ciotti, en fait, s'est fait rouler dans la farine,
04:54 pour être clair.
04:55 C'est vrai sur le MICO, le minimum contributif à 1 200 euros.
05:01 C'est vrai aussi sur les carrières longues.
05:05 Vous ne pouvez pas dire qu'ils n'ont pas obtenu un certain nombre de choses.
05:07 Ça a été chaque semaine, Elisabeth Born lâchait quelque chose sur les carrières
05:11 longues, sur les mères de famille.
05:13 Mais contrairement à ce que vous croyez, ils le reprenaient.
05:17 Moi, j'ai participé aux 7h30 de commission mixte paritaire.
05:21 Prenez le contrat senior, qui était une bonne idée.
05:23 C'était une idée qu'on avait essayé de vendre à la première ministre.
05:25 C'est-à-dire une dégressivité des cotisations sociales patronales pour les salariés âgés.
05:33 Ils ont répondu que ça coûtait trop cher.
05:36 Oui, et vous savez ce que c'est devenu ?
05:38 C'est devenu, pour ménager les Républicains, ça coûtait 800 millions ce qu'avait décidé
05:44 le Sénat.
05:45 Et bien, après commission mixte paritaire, on était à 100 millions.
05:48 On ne savait même plus 100 millions en 2030.
05:50 Ça ne dit rien.
05:52 Et tout était comme ça.
05:54 Ils leur avaient vendu à Éric Ciotti les 1200 euros de Mico.
06:00 Ils avaient oublié de préciser que c'était uniquement pour ceux qui avaient une carrière
06:05 complète.
06:06 Or, les petites retraites, précisément, c'est des gens qui ont une carrière incomplète.
06:09 Et donc, on est parti de 200 000 en séance.
06:12 Monsieur Dussopt nous a dit que c'était 200 000.
06:14 Puis 40 000, puis entre 10 000 et 20 000.
06:17 Et tout est comme ça.
06:18 On l'a suivi à ce micro.
06:20 Charles de Courson, en quoi le 49-3 est-il un déni de démocratie ?
06:24 C'est un outil constitutionnel utilisé 100 fois sous la Ve République.
06:29 Où est le déni ?
06:31 Alors, effectivement, c'est la centième fois que ça a été utilisé.
06:34 Dont le tiers, d'ailleurs, a été utilisé par Michel Rocard.
06:39 C'est un déni de démocratie puisque le gouvernement ne voulait pas officiellement
06:45 recourir au 49-3.
06:47 Ils sont passés outre et ils l'ont fait sur ordre du président de la République.
06:51 Et il y a une majorité à l'Assemblée Nationale.
06:54 L'Assemblée Nationale représente le peuple français.
06:56 Et il y avait une majorité de nos collègues qui étaient contre ce texte.
07:03 Et donc, passer outre au 49-3.
07:05 Parfois, on utilise le 49-3 pour abréger la discussion.
07:09 Mais il y a une majorité, si vous voulez.
07:11 Et c'est pas du tout le cas, en l'espèce.
07:13 Donc, toutes les procédures ont été utilisées depuis le début, y compris d'avoir recours
07:20 à une loi de financement rectificatif de sécurité sociale pour contourner l'hostilité
07:26 des représentants du peuple.
07:28 C'est ça.
07:29 Et d'ailleurs, si le président veut aller jusqu'au bout, eh bien qu'on soumette
07:35 un référendum.
07:36 Tout le monde sait ce qu'il y aura à ce référendum.
07:38 Ça sera un raz-de-marée contre ce texte.
07:42 Emmanuel Macron a justifié son choix de passer par le 49-3 en invoquant des risques
07:47 financiers trop grands.
07:48 Vous entendez l'argument des risques financiers ?
07:50 Il est nul et non avenu.
07:52 Pourquoi il est nul et non avenu ?
07:54 Je vais vous expliquer.
07:55 Premièrement, c'est bizarre de sortir un argument.
07:58 Au début, on nous a sorti deux arguments.
08:00 Le premier, la justice.
08:01 Il a explosé en vol.
08:02 Le deuxième, c'était il faut redresser les comptes de la branche retraite.
08:09 C'était un argument tout à fait recevable, mais pas comme cela.
08:13 Et l'argument financier, s'il tenait, expliquez-moi pourquoi dans les marchés, il n'y a eu aucune
08:20 évolution du taux d'intérêt.
08:22 Les taux d'intérêt remontent sur la dette de l'État partout dans le monde.
08:27 Parce que les banques centrales américaines, puis la banque centrale européenne...
08:30 Donc vous n'y croyez pas à cet argument ? Vous pensez qu'Emmanuel Macron, c'est quoi ?
08:33 On discute de quoi ?
08:34 Si le texte était voté, l'ordre de grandeur, c'est 1 milliard supplémentaire par an.
08:41 Mais que M.
08:42 Le Maire, chargé des comptes publics, s'occupe des 155 milliards de déficit du budget de
08:48 l'État.
08:49 C'est là le cœur des déficits publics.
08:53 Ah bah M.
08:54 Le Maire, il n'est pas tendre avec vous sur la motion de censure, sur votre motion de
08:57 censure.
08:58 Il a eu des mots durs hier dans Le Parisien.
09:00 Une formation centriste qui tend la main à la NUP et aux RN pour faire tomber le gouvernement.
09:04 Quelle hypocrisie.
09:05 Mathilde Panot, Marine Le Pen et Charles de Courson, alliés pour faire tomber le gouvernement
09:09 et constituer une majorité alternative.
09:11 Quel attelage clownesque.
09:13 Sortons du cirque dans lequel est en train de tomber la vie politique française et retrouvons
09:17 nos repères.
09:18 Oui, quand M.
09:19 Le Maire utilise le thème "clown", un clown c'est pour faire rire.
09:22 Est-ce qu'il pense que tout ce qu'on fait c'est pour rire ? Il faut être sérieux.
09:28 Et que M.
09:29 Le Maire s'occupe des comptes publics, avant de s'occuper d'une réforme des retraites
09:33 qui est fondamentalement injuste et qu'on veut faire voter par un déni de démocratie.
09:37 Mais pardon tout de même, vous qui avez toujours assumé votre combat contre l'extrême droite,
09:42 votez une motion de censure avec le RN et les Insoumis et l'extrême gauche, il y a
09:46 quand même quelque chose de baroque Charles de Courson, non ?
09:47 Ce n'est rien de baroque.
09:49 Ils sont tous élus du peuple français.
09:51 Que ça plaise ou que ça déplaise à Pierre, Paul ou Jacques.
09:54 Et donc, ils sont libres de leur vote.
09:57 Moi je n'ai passé aucun accord particulier en la matière.
10:00 S'ils adoptent la motion qui a été rédigée par le groupe Lyott, je m'en félicite.
10:06 Parce que moi je suis démocrate.
10:07 Et démocrate c'est respecter ceux qui ne pensent pas comme vous.
10:09 Charles de Courson, vous êtes élu 110 continués depuis 1993.
10:14 Vous en êtes à votre 7ème mandat de député.
10:17 Vous détenez le record de longévité à l'Assemblée Nationale.
10:20 Vous êtes libéral, attaché aux questions budgétaires, à l'équilibre des comptes
10:25 publics.
10:26 Et encore, vous avez fait la campagne présidentielle de Valérie Pécresse, dont le programme
10:31 promettait un report de l'âge légal à 65 ans.
10:34 Comment le pape de l'orthodoxie budgétaire, comme vous appelle un de vos collègues députés
10:39 Renaissance, est-il devenu le chef de file des opposants à la réforme ?
10:43 Mais je suis un opposant à ce type de réforme.
10:49 Comment elle a été faite ?
10:51 La réforme des retraites pour nous, centristes, c'était de faire une politique pro-seigneur.
10:58 Nous avions proposé cinq grandes mesures à la première ministre.
11:01 Aucune n'a été retenue.
11:03 Enfin, c'était aussi travailler plus longtemps, Amélie de Courson.
11:06 Vous étiez pour les 65 ans.
11:08 Ce n'était pas que des seniors.
11:11 Premièrement, j'ai soutenu Valérie Pécresse parce que c'était la moins éloyée de mes convictions.
11:17 Premièrement, il n'y avait pas de candidat centriste.
11:19 Deuxième élément, ce que nous avons essayé d'expliquer à la première ministre, c'est
11:26 que la réforme des retraites passait par une politique senior et des éléments d'incitation.
11:31 On lui avait proposé cinq choses.
11:33 La dégressivité des cotisations sociales patronales pour les seniors.
11:37 On leur avait proposé d'augmenter la surcote.
11:41 C'est-à-dire que quand vous faites une année supplémentaire, vous avez 5% de majoration
11:46 de votre retraite, de passer à 7%.
11:49 Nous lui avions proposé une véritable politique de formation, de continuer à former des seniors.
11:55 Enfin, comme ça, on lui avait proposé cinq mesures.
11:58 Aucune n'a été retenue.
11:59 Aucune.
12:00 On va passer aux standards d'Inter.
12:04 Nombreux auditeurs, à la fois sur l'application et donc aux standards.
12:08 Bonjour Henri.
12:09 Oui, bonjour.
12:10 Bonjour M. Le Courson.
12:11 Bienvenue.
12:12 Bonjour.
12:13 On vous écoute Henri, allez-y.
12:14 Alors, ma question, ne serait-il pas temps en France d'avoir une réforme constitutionnelle
12:19 d'importance, de supprimer le régime présidentiel actuel, de le remplacer par un régime parlementaire.
12:24 Aujourd'hui, 16 à 18% des inscrits gouvernent la France.
12:28 Et chaque élection fait 80% au moins de mécontents.
12:31 L'abstention n'est pas la cause de cette situation, c'est l'effet d'une constitution
12:34 qui confirme l'hépotisme.
12:35 Primes majoritaires, scrutin du Sénat, etc.
12:39 Merci Henri pour cette question.
12:40 Charles de Courson vous répond.
12:42 Écoutez, vous savez ce que disait Churchill, c'est que le régime démocratique est le
12:47 pire des régimes à l'exception de tous les autres.
12:49 Et moi je partage.
12:51 Moi je suis pour un régime parlementaire et je pense que la vraie réforme, ce serait
12:55 d'avoir une dose significative de proportionnelle et d'éviter que des courants tout à fait
13:01 minoritaires, comme vous le rappelez, puissent gouverner le pays.
13:06 Car il faut rappeler que les candidats de la minorité présidentielle aux élections
13:12 législatives de 2022, ils ont fait 25% des voix des 47% des Français qui sont venus
13:18 voter.
13:19 C'est-à-dire que 13% des Français inscrits ont voté pour eux.
13:23 Donc on voit bien que c'est la crise démocratique.
13:25 Et ils n'ont eu que 46% des sièges.
13:28 Ils sont minoritaires à l'Assemblée nationale.
13:29 Ils n'ont pas la majorité absolue, mais ils sont majoritaires.
13:32 Charles de Courson, on vous parlait de la minorité parlementaire.
13:35 Aujourd'hui, quel est le premier groupe à l'Assemblée nationale ?
13:37 La minorité, mais ce n'est pas parce que vous êtes le premier groupe que vous avez
13:40 la majorité.
13:41 Ils n'ont pas la majorité.
13:42 Ils ont une majorité relative.
13:43 Non, la majorité relative n'existe que quand vous avez d'autres groupes qui s'abstiennent
13:47 ou qui de temps en temps votent pour tel ou tel texte.
13:49 Donc il n'y a pas de majorité relative.
13:52 Et quand on est dans cette situation-là, voilà, crisper le pays, faire un déni de
13:58 démocratie à coup de 49-3, c'est aller au clash.
14:02 Et d'ailleurs, c'est ce qu'on est en train de vivre dans notre pays.
14:04 La faute pour vous, uniquement Emmanuel Macron ?
14:07 C'est lui qui a pris la décision, tout le monde le sait.
14:11 Même la malheureuse première ministre était contre, parce qu'elle voyait bien ce que
14:15 ça allait entraîner.
14:16 On ne peut pas demander à la première ministre d'essayer de trouver des compromis, etc.
14:20 Et après, lui dire "on passe au 49-3".
14:22 Elle s'est dit choquée par ce qui s'est passé jeudi à l'Assemblée nationale.
14:25 Mais ça, c'est autre chose.
14:26 C'est le comportement excessif de certains collègues.
14:28 Ça vous a choqué, vous ?
14:30 C'est pas mon style personnel.
14:34 Je suis plutôt respectueux des personnes et surtout de ceux qui ne pensent pas comme moi.
14:39 Sur l'application d'Inter, Francis vous demande pourquoi, quand on est centriste,
14:44 vouloir accroître le niveau de confusion dans le pays.
14:47 Sur le même thème, Raphaël vous dit la chose suivante, alors que nous sommes au bord
14:51 de la guerre avec la Russie, que la situation politique internationale est plus que volatile,
14:56 est-ce le moment de provoquer une crise institutionnelle en France ?
15:00 Mais il a tout à fait raison.
15:02 Mais qui est à l'origine de tout ça ?
15:04 Il semble que ce soit vous à lire les questions qui vous sont posées.
15:09 Pas du tout, ils ont raison de poser la question.
15:11 Mais tout cela, c'est la stratégie du président en la matière.
15:16 Vouloir faire une réforme des retraites contre la totalité des syndicats.
15:20 Ils n'ont aucun allié, nulle part.
15:22 Ils n'ont pas d'allié politique.
15:23 Ils ont cru qu'ils avaient fait une alliance temporaire avec les républicains,
15:28 qui a volé en éclats.
15:30 En fait, ça ne tient pas.
15:33 Ils ont tout le monde contre eux, y compris dans le pays, si vous voulez.
15:37 Et donc quand on est respectueux, quand on est démocrate, même si on pense qu'on a raison,
15:41 eh bien il faut tenir compte de ce qui se passe dans un pays.
15:44 Sinon vous n'êtes plus démocrate, vous tombez dans l'autocratie.
15:47 Il n'est pas démocrate Emmanuel Macron, à vous écouter en redondre.
15:50 La démocratie, c'est le pouvoir du peuple.
15:53 Il a été élu, non ?
15:54 Il a été élu au second tour par une masse de gens qui ont voté pour lui
15:59 parce qu'ils ne voulaient pas de l'autre candidate.
16:02 Ce n'est pas plus compliqué que cela.
16:03 Et je vous rappelle ce qu'il a dit le soir du deuxième tour.
16:06 "Vos votes m'obligent".
16:08 Je fais partie de ceux qui au second tour ont voté pour Emmanuel Macron.
16:11 - Vous ce matin, à Medide Courso, vous nous dites qu'il y a des risques autoritaires d'Emmanuel Macron ?
16:14 - Mais qu'est-ce que c'est que le 49.3 ?
16:16 C'est un déni de démocratie.
16:18 - C'est une procédure constitutionnelle.
16:20 - Mais ça peut être constitutionnel.
16:23 Mais constituer un déni de démocratie.
16:25 Et il le fait au dernier moment, alors que son gouvernement a affirmé qu'il n'y aurait pas de recours au 49.3
16:30 parce qu'il sait qu'il est minoritaire.
16:32 C'est ça ce qui est choquant minoritaire dans les instances démocratiques qui s'appellent l'Assemblée Nationale.
16:38 - Au standard, Lionel nous attend. Bonjour, bienvenue Lionel.
16:41 - Bonjour France Inter, bonjour M. De Courso.
16:44 J'ai une petite remarque et surtout une question.
16:47 D'ailleurs, vous avez dit tout à l'heure, tout de suite,
16:50 que vous avez voté M. Macron au deuxième tour.
16:52 - Je suis très respectueux.
16:54 J'ai fait 55 ans au PS.
16:56 J'ai jeté ma carte.
16:57 Tout ça parce que le PS, excusez-moi, était associé avec la MUP.
17:02 D'accord ?
17:03 - D'accord.
17:04 - Voilà.
17:04 - Alors la question maintenant Lionel.
17:06 - La question elle est là.
17:07 Est-ce que si le gouvernement saute aujourd'hui,
17:10 c'est la porte ouverte au Front National, M. ?
17:13 - Mais...
17:14 - Les 4 ans qui restent à venir,
17:16 ils seront Premier ministre.
17:18 Et après, vous vous en prendrez pour 5 ans.
17:21 Ça fait 9 ans de Front National.
17:22 Réfléchissez à ça, M..
17:24 - Merci Lionel pour cette question.
17:26 Charles de Courson vous répond.
17:27 - Je vous réponds très simplement.
17:29 Vous faites deux hypothèses.
17:30 C'est que si la motion de censure est votée,
17:34 ça fait tomber le gouvernement.
17:35 Mais le président, il peut renommer un nouveau gouvernement.
17:39 Il peut essayer d'élargir ce gouvernement.
17:43 Enfin, il peut faire beaucoup de choses.
17:45 Et la dissolution n'est pas du tout automatique.
17:48 C'est pas parce qu'on vote une motion de censure qu'il y a dissolution.
17:52 Car tout le monde sait ce qui se passerait en cas de dissolution.
17:55 Y compris la minorité présidentielle est persuadée,
17:57 ils sont 250, ils ne reviendront pas à 150.
18:00 Vous voyez, ça sera un ras de marée...
18:02 - Pour qui ?
18:04 - Ça sera un ras de marée contre les représentants de la minorité présidentielle.
18:08 - Vous voyez le Rassemblement National, vous ?
18:10 - Ça dépend de la campagne.
18:12 Et est-ce que les gens raisonnables,
18:14 puisque je crois que M. vous êtes un homme raisonnable,
18:16 puisque vous avez quitté l'EPS à cause de l'alliance NUPES,
18:21 il peut y avoir un regroupement de tous les modérés de ce pays
18:25 pour essayer d'éviter le déchirement du pays.
18:27 - Si la motion de censure est rejetée cet après-midi
18:30 à l'Assemblée Nationale Charles de Courson,
18:31 qu'est-ce qui va se passer ?
18:32 C'est fini, le texte va s'adopter, vous vous y plierez ?
18:35 - Ah non, non, non, non, non, non, non, non.
18:36 Il y a le Conseil Constitutionnel.
18:39 Et il y aura plusieurs recours.
18:40 - Et vous espérez quoi au Conseil Constitutionnel ?
18:42 - Ah ben je pense que le Conseil Constitutionnel aura à trancher de questions fondamentales.
18:48 La première, c'est est-ce que le recours à une loi de financement rectificatif
18:53 et social pour faire une réforme des retraites,
18:55 15 jours après avoir adopté la loi de financement initiale, si je peux dire,
19:02 est-ce que ce n'est pas un détournement complet de procédure ?
19:04 Moi, c'est ma thèse.
19:05 Mais ce n'est pas moi qui décide, c'est le Conseil Constitutionnel.
19:08 Après, vous avez des tas d'articles qui sont manifestement des cavaliers sociaux.
19:12 - Donc vous irez sur le 47.1, sur tout ce qui a été utilisé ?
19:15 - Non, ça c'est sur la procédure, mais sur le fond.
19:17 Prenez par exemple le fameux article 2 sur l'index Senior,
19:22 tout le monde sait qu'il va sauter.
19:24 C'est d'ailleurs l'avis qu'on nous a dissimulé du Conseil d'État.
19:28 Mais il n'y a pas besoin d'être un grand juriste pour ne pas le savoir.
19:31 - Mais les 64 ans ?
19:33 - Les 64 ans, c'est autre chose.
19:35 - Vous allez les attaquer au Conseil Constitutionnel ?
19:37 - Mais attendez, vous savez, dans des recours au Conseil Constitutionnel,
19:42 on essaie de développer des arguments, d'ailleurs parfois contradictoires selon les recours,
19:48 en soulevant les principes constitutionnels.
19:51 Mais après, ce sera au Conseil Constitutionnel.
19:53 Je pense que le Conseil Constitutionnel, ce texte peut sortir complètement étrié
19:58 par le recours constitutionnel.
20:00 - Vous avez toujours été très dur avec le macronisme
20:03 auquel vous reprochiez dans le monde des péchés,
20:05 comme l'arrogance intellectuelle, le mépris pour les corps intermédiaires,
20:08 les collectivités territoriales, l'absence de toute considération sociale.
20:13 Le gouvernement le plus techno et homogène socialement de la Ve République,
20:17 la bourgeoisie a toujours vécu dans l'entre-soi, dites-vous, en parlant du macronisme.
20:22 Ce qui, pour un descendant d'aristocrate fortuné, peut faire sourire, non, Charles de Courson ?
20:26 - Pas du tout.
20:27 Parce que, vous voyez, moi j'ai été élevé par un père qui était un aristocrate
20:33 et qui s'occupait de tout le monde.
20:34 Il était maire de son village, il était conseiller général, voilà.
20:37 Et chez nous, tout le monde venait.
20:40 Des plus modestes jusqu'aux plus huppés, vous voyez.
20:43 Et moi, je n'ai pas vécu dans ce milieu hyper protégé de la grande bourgeoisie parisienne.
20:48 Et mon père était fort riche en plus, ce qui lui donnait une vraie indépendance.
20:52 Vous voyez.
20:53 - Et là donc ?
20:54 - Eh bien, je persiste à penser qu'on a besoin,
21:01 autant au gouvernement que dans les conseillers, de gens divers,
21:04 d'origines culturelles diverses, vous voyez,
21:07 et pas de se concentrer toujours sur le même petit milieu social.
21:11 Je pense que certains des comportements du président, Lilus,
21:15 est-ce que c'est digne d'un président de la République de dire,
21:18 "Oh, les pauvres, oh, ça nous coûte un fric de dingue ?"
21:25 Non mais, écoutez, franchement,
21:27 est-ce que c'est digne d'un président de dire à un gamin qui lui demande,
21:31 "Je cherche du boulot",
21:32 "Bon, t'as qu'à aller traverser la rue et va de l'autre côté."
21:35 Vous voyez, ces comportements.
21:37 Et d'ailleurs, ce qui m'a toujours frappé, si vous voulez,
21:41 dans l'union publique et chez mes concitoyens,
21:44 c'est que ce n'est pas de l'hostilité au président.
21:46 C'est normal qu'on ne pouvait pas faire l'imité, ça c'est tout à fait normal.
21:50 Mais c'est pire que ça, c'est de la haine.
21:54 Vous voyez, on l'a vu lors des Gilets jaunes.
21:56 Moi, je suis allé sur les barrages.
21:59 J'ai discuté, je connaissais beaucoup des gens qui manifestaient sur les barrages.
22:05 Et tous me disaient, "On le hait."
22:08 Je dis, "Pourquoi vous le haissez ?"
22:10 Et vous savez ce qu'ils me disaient tous ?
22:11 "Parce qu'ils nous méprisent."
22:13 - Elisabeth Borne peut-elle rester à Matignon ?
22:16 - Ça, c'est une décision du président de la République.
22:19 - Est-ce qu'elle est encore légitime, après ce qui s'est passé ?
22:22 - Je pense que ce gouvernement ne pourra plus gouverner.
22:26 Avec un blocage parlementaire, puisqu'ils sont minoritaires,
22:30 et tous les problèmes qu'il y a dans le pays.
22:33 Et puis, il n'y a pas que les problèmes internes à la France.
22:35 - Mais vous feriez quoi, là ? Pardon, je vous écoute depuis tout à l'heure.
22:38 Vous feriez quoi à sa place, Emmanuel Macron, si vous étiez à sa place ?
22:41 - Mais je ne suis pas Emmanuel Macron.
22:43 - Oui, mais là, pour sortir de la crise, pour reprendre la main,
22:45 pour voir bien qu'il y a un blocage, il faut faire quoi ?
22:48 Parce que pardon de vous dire, s'il retire le texte,
22:50 il ne peut pas non plus gouverner quand le quinquennat est terminé.
22:53 - Non, mais de toute façon, il est minoritaire, très minoritaire.
22:57 Ils ne peuvent plus gouverner.
22:58 Donc, soit il renvoie au peuple,
23:04 et il dit que le peuple se prononce une nouvelle fois,
23:06 c'est-à-dire la dissolution, c'est une solution parmi d'autres.
23:10 Soit il change complètement.
23:11 Mais je ne crois pas au changement du président Macron.
23:15 - Donc c'est fini, à vos yeux, quoi qu'il arrive,
23:17 le quinquennat est terminé, on est en fin de règne, c'est ça ?
23:20 - Oui, c'est une fin de règne, oui.
23:21 Mais le problème, c'est que la situation intérieure
23:24 et la situation internationale se dégradent tous les jours.
23:27 La situation militaire avec l'affaire ukrainienne,
23:29 mais il n'y a pas que cela.
23:30 Il y a aussi la situation économique qui se dégrade.
23:33 Vous auditionniez tout à l'heure le gouverneur de la Banque de France.
23:37 - Je l'ai interviewé, c'est vous qui auditionnez, moi j'interview.
23:41 - Non, vous interviewez, mais l'audition...
23:43 - Ce n'est pas une commission d'enquête.
23:45 - Non, mais l'audition, ça veut dire que...
23:47 - Oui, je l'écoute, oui.
23:48 - Voilà, bon, si vous pouvez...
23:50 - Il est sur le gré.
23:51 - Le chômage va remonter, il y a des problèmes financiers,
23:55 enfin, il y a beaucoup de problèmes.
23:57 - Vous n'êtes pas trop pessimiste, Charles de Courson ?
24:00 - Ben écoutez, moi je suis pessimiste par méthode,
24:04 mais très optimiste sur le fond.
24:06 Parce que je pense que le peuple français s'est toujours redressé.
24:08 Mais parfois, il faut être au fond du trou pour qu'il se redresse.
24:11 - On y est, au fond du trou ?
24:13 - On creuse.
24:13 - On peut continuer à descendre ?
24:14 - On creuse, on creuse, voilà.
24:16 Mais parfois, on se demande si on ne creuse pas sous la piscine.
24:19 - Et voilà, rendez-vous tout à l'heure à l'Assemblée Nationale.
24:23 Merci Charles de Courson d'avoir été au micro de France Inter aujourd'hui.

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