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00:00 (Générique)
00:08 Et à la table des informés ce matin, j'ai le plaisir d'accueillir Alex Bouyaga, éditorialiste politique sur France Info, Canal 27.
00:13 Bonjour.
00:14 Bonjour Marc.
00:15 Et à vos côtés, Étienne Girard, rédacteur en chef Société au magazine L'Express, l'hebdomadaire L'Express.
00:20 Bienvenue également.
00:22 Renaud Dely, séjour de motion de censure à l'Assemblée, deux motions au menu des députés cet après-midi.
00:27 C'est la suite logique du 49-3 qui a été brandi en fin de semaine dernière pour faire passer la loi sur les retraites.
00:33 Et oui, deux motions.
00:34 Alors l'une présentée par le Rassemblement national qui, a priori, elle n'a aucune chance d'être adoptée
00:38 parce qu'elle sera votée normalement par les seuls députés RN et peut-être quelques députés LR, mais très peu.
00:44 Et puis une autre motion dite trans-partisane qui est portée par le groupe Liott,
00:48 qui est un groupe de députés centristes, régionalistes et puis aussi députés d'Outre-mer,
00:53 qui rassemble plus large, qui est soutenu par notamment les députés de l'ANUP,
00:58 qui devraient être aussi votés par ceux du Rassemblement national.
01:01 Et puis par certains républicains, d'ailleurs Aurélien Pradié, le député LR frondeur du Lot,
01:06 a annoncé ce matin qu'il voterait lui-même cette motion de censure.
01:10 Pour autant, y a-t-il un risque ou pas que cette motion soit adoptée et qu'elle fasse chuter le gouvernement ?
01:16 A priori, alors qu'il est, les comptages ne vont pas dans ce sens.
01:20 Reste quand même une incertitude, une incertitude d'ailleurs sur laquelle a appuyé tout à l'heure
01:25 le ministre des Transports Clément Beaune, qui était notre invité il y a un instant,
01:28 et qui s'indigne, en tout cas dénonce l'attitude des députés LR susceptibles de voter cette motion de censure.
01:35 – Je leur dis simplement, comme quelqu'un qui ne vient pas de la droite,
01:38 comme un responsable politique qui essaye de chercher un peu de dignité et un peu de cohérence,
01:42 est-ce que vous voulez ajouter de la difficulté à la difficulté ?
01:46 Est-ce que vous voulez jouer l'instabilité ?
01:48 Et je trouve ça dommage que certains préfèrent être des francs-tireurs
01:52 que des responsables politiques au sens plein du terme.
01:55 – Alors est-ce que c'est vraiment incohérent de la part de certains députés LR
01:58 de voter cette motion de censure, donc y compris avec le RN, les Insoumis et d'autres,
02:02 ou est-ce que finalement, dès lors que ceux en tout cas qui étaient hostiles à la réforme des retraites
02:06 ont cette possibilité, est-ce qu'il est assez logique finalement
02:08 qu'ils cherchent à faire tomber le gouvernement ?
02:10 – Elisabeth Zouaillac et je voulais réagir pendant les propos de Clément Beaune.
02:13 – Je suis totalement abasourdie par la manière dont s'y prend actuellement le gouvernement
02:18 pour tenter de se dépêtrer de cette affaire de motion de censure.
02:23 Ils ont besoin des Républicains, donc qu'est-ce qu'on fait normalement
02:26 quand on a besoin de quelqu'un ? On lui fait des câlins, donc on l'accuse pas de tout.
02:30 Et c'est vrai que ça fait trois jours que Aurore Berger, la patronne des députés Renaissance,
02:35 les ministres tombent à bras raccourcis sur les Républicains.
02:38 Je vois pas en quoi c'est productif, à la limite qu'ils règlent leur compte
02:41 après la motion de censure, mais en amont c'est totalement délicat.
02:45 C'est vrai que sur le groupe 61 députés Républicains, on dit qu'il y aurait peut-être
02:50 en ce moment une quinzaine de Républicains qui pourraient franchir le Rubicon
02:54 et voter cette motion de censure.
02:56 Il faudrait pas qu'il y en ait plus parce qu'il manque aujourd'hui à la majorité,
03:00 pour atteindre 287 députés, il manque une trentaine de votes.
03:05 Donc attention, danger.
03:07 – Etienne Gérard, quelle est la stratégie du gouvernement avec les Républicains
03:10 et est-ce qu'elle est, comme le dit Alix Bouillaguet, absolument illisible ?
03:13 – Or oui, qualifier ça de stratégie, c'est peut-être un peu gentil.
03:19 En tout cas, on a l'impression que depuis quelques jours, le gouvernement,
03:23 si on peut appeler ça une stratégie, souhaite mettre au défi les députés des Républicains.
03:27 Il y a un sentiment de trahison qui se mainte un peu dans ces échanges.
03:32 Ils ont tenté vraiment très longtemps de parvenir à un accord.
03:36 Ils pensaient y être parvenus, dites-vous, à la fois avec Éric Ciotti
03:42 et donc il se disait qu'il allait gérer la majorité à l'Assemblée nationale
03:47 et avec la majorité sénatoriale, et puis patatras, puisque c'est quand même à cause,
03:52 et uniquement à cause des députés des Républicains,
03:55 que le 49-3 doit être actionné.
03:57 Les députés républicains, au dernier moment, ont fait fondre,
04:00 ont dit "ah non, je ne suis pas sûr, peut-être que je ne vais pas voter,
04:03 peut-être que je vais voter contre".
04:04 Donc il y a un véritable énervement aujourd'hui.
04:07 Et au gouvernement, il y a aussi cette petite musique de…
04:11 s'ils veulent vraiment y aller, qu'ils y aillent,
04:13 et on se rencontrera, on s'arrangera aux élections, on ira aux élections,
04:17 puisque si la motion de censure est votée,
04:20 on peut penser qu'il y aura dans la continuité une dissolution de l'Assemblée nationale.
04:24 Ce qui n'est pas une obligation présidentielle.
04:26 Absolument pas. C'est une possibilité, mais une probabilité politique, disons.
04:30 Le Fil info à 9h10 avec Sophie Echene, on poursuit dans un instant.
04:34 L'avenir de la réforme des retraites se joue cet après-midi à l'Assemblée
04:38 avec le vote sur les deux motions de censure déposées après le recours au 49-3.
04:42 Il faudra la majorité absolue, soit 287 voix, pour renverser le gouvernement.
04:47 Autrement, le texte sera définitivement adopté.
04:50 En parallèle, les grèves se poursuivent dans les transports,
04:53 avec 4 TGV sur 5 en circulation aujourd'hui,
04:56 2 TER sur 3 et 60% des intercités.
04:59 Dans les airs, 30% des vols sont annulés ce lundi à l'aéroport de Paris-Orly.
05:04 Et puis une opération "Ville morte" à Rennes ce matin,
05:06 avec des blocages sur plusieurs axes routiers.
05:09 Eux aussi, elles menacent de faire grève.
05:11 Les surveillants du Bac, qui commencent aujourd'hui avec les premières épreuves de spécialité.
05:15 Plus de 500 000 lycéens se mettront au travail cet après-midi.
05:18 Des surveillants supplémentaires ont été recrutés pour pallier de potentielles absences.
05:23 Ils avaient été enlevés il y a deux semaines dans le nord du Mali.
05:26 Deux employés du comité international de la Croix-Rouge ont été libérés hier soir.
05:30 Ils sont sains et saufs.
05:31 [Musique]
05:42 Je parlais il y a quelques instants de stratégie avant de me faire reprendre le volet par Etienne Girard,
05:46 qui me disait que c'était un grand mot pour qualifier ce qui se passe en ce moment
05:49 entre le gouvernement et les Républicains.
05:50 Renaud Delis, qu'en est-il pour vous ?
05:52 Je pense qu'on est dans un moment d'effervescence où c'est plus l'émotion,
05:56 l'émotion L', l'émotion de censure aussi,
05:59 mais en tout cas l'émotion qui gouverne que la stratégie, que la raison parfois,
06:02 de part et d'autre, c'est-à-dire du côté des Républicains,
06:04 on voit des divisions, des têtes à queue,
06:07 Aurélien Pradié qui a fait par exemple peser un lourd suspense tout le week-end,
06:11 qui laissait entendre en fin de semaine dernière
06:13 que peut-être qu'il ne voterait quand même pas la motion de censure,
06:15 qu'il annonce ce matin qu'il le fait, etc.
06:16 Il y a à la fois de l'émotion, il y a aussi des positionnements stratégiques,
06:20 enfin tactiques plutôt des uns des autres,
06:21 et c'est la même chose du côté du gouvernement,
06:23 c'est-à-dire que la réaction que vous évoquiez à l'instant, fort justement,
06:27 elle relève plus du ressentiment qu'une bonne partie du gouvernement,
06:32 de l'exécutif, de la majorité à l'endroit des Républicains,
06:35 mais c'est par leur faute si j'ose dire,
06:37 ça renvoie à l'erreur initiale, l'erreur stratégique initiale
06:41 du gouvernement et de la Première Ministre,
06:43 qui a été en quelque sorte de snobber les syndicats,
06:46 d'évacuer l'hypothèse d'un compromis social selon la formule de Laurent Berger,
06:50 pour tenter un compromis, un accord politique avec un partenaire
06:54 qui effectivement leur a claqué entre les doigts,
06:56 le gouvernement ne peut s'en prendre qu'à lui-même,
06:59 sauf que dans ce moment effectivement d'effervescence,
07:01 il y a une forme de ressentiment qui ne sera pas forcément payant
07:04 cet après-midi au moment du vote de la motion de censure,
07:07 ça peut inciter certains députés à aller à la voter,
07:10 en revanche, d'un autre côté, on voit aussi que la menace de dissolution,
07:13 qui est réelle, certes rien ne serait automatique d'un point de vue constitutionnel,
07:17 vous avez raison, il n'y a pas forcément une dissolution si le gouvernement tombe,
07:20 ça serait quand même logique d'un point de vue démocratique.
07:22 – Quel serait l'intérêt pour Emmanuel Macron de dissoudre aujourd'hui ?
07:24 – Il y a un moment où l'intérêt des uns ou des autres s'efface peut-être
07:28 derrière l'impératif démocratique, c'est-à-dire que si le gouvernement tombe,
07:31 la logique quand même démocratique c'est de retourner devant les électeurs.
07:34 – Y compris avec une popularité au plus bas comme est celle aujourd'hui
07:38 du chef de l'État.
07:39 – Si vous placez le débat sur la question de l'intérêt, vous avez raison Marc,
07:42 lui il n'y a pas intérêt, la droite il n'y a vraiment pas intérêt a priori,
07:45 et d'ailleurs le gouvernement joue aussi de cet argument-là vis-à-vis des députés LR,
07:48 ils n'ont pas du tout intérêt, peut-être que les insoumis d'un côté
07:51 peuvent espérer progresser, bénéficier du climat social,
07:54 et de l'autre côté on le voit bien, Marine Le Pen et le ARN y auraient intérêt.
07:58 Mais d'un point de vue démocratique, je pense que l'impasse serait telle
08:00 si le gouvernement tombait, que plutôt que de se livrer
08:03 à des petits calculs tactiques des uns ou des autres,
08:05 il serait de bonne logique démocratique que de retourner devant les électeurs.
08:09 – On rappelle que ce n'est pas le scénario le plus plausible ce matin,
08:12 celui d'un gouvernement mis en minorité tout à l'heure lors du vote
08:16 de ces deux motions de censure, Alex.
08:17 – C'est vrai que le système français il est peut-être un peu mal fait,
08:20 c'est-à-dire quand on voit ce qui se passe en Allemagne,
08:23 s'il se pâle aussi un petit peu en Espagne,
08:25 c'est qu'on ne peut avoir une majorité alternative que si on se met d'accord avant,
08:30 on fait une coalition, on désigne un leader, un éventuel Premier ministre
08:33 et ensuite on fait tomber les gouvernements.
08:35 Là c'est vrai qu'aujourd'hui il n'y a pas de majorité alternative
08:39 et c'est pour ça qu'Elisabeth Borne prend un tout petit risque
08:42 quand elle fait presque de cette motion de censure
08:45 une forme de nouveau référendum sur la réforme des retraites,
08:49 quand elle dit "c'est clair, lundi vous allez voter pour ou contre la retraite".
08:53 Je trouve ça un petit peu dangereux parce que certains républicains
08:56 peuvent se dire "bon ben alors puisque finalement c'est aussi simple que ça,
09:00 je vais être cohérent, je ne veux pas de cette réforme,
09:02 je vais donc… une forme de relâchement peut-être dans ce vote,
09:05 d'oublier le côté un peu définitif de cette motion de censure.
09:09 Et le deuxième point c'est que la dissolution dont on parlait à l'instant,
09:14 moi c'est vrai que je ne vois pas trop à quoi elle peut servir.
09:17 Emmanuel Macron l'a beaucoup agité comme un épouvantail
09:20 mais il risquerait lui de se retrouver avec une majorité encore plus relative.
09:24 Alors peut-être qu'il mettrait la dernière balle aux républicains
09:27 mais je trouve que ça… déjà on se dit il faut durer encore 4 ans
09:31 et on sent quand même les choses un peu bloquées,
09:33 se dire comment est-ce qu'il va continuer à avancer,
09:36 d'autant qu'il n'a le droit plus qu'à un 49-3 sur un projet de loi, sur un texte.
09:39 Jusqu'au mois de juin.
09:40 Jusqu'au mois de juin, donc là…
09:42 Il fait ressortir un 49-3 d'ici le mois de juin,
09:44 je pense qu'il a un peu "grillé sa cartouche" quand même.
09:47 Donc cette dissolution, je ne vois pas trop quel serait l'avantage ou l'intérêt pour Emmanuel Macron.
09:52 Que peut-il faire Étienne Gérard Emmanuel Macron aujourd'hui ?
09:54 Oui c'est toute la question,
09:56 même si la… et surtout si la motion n'est pas votée,
10:00 parce que l'histoire ne s'arrêtera pas là.
10:02 Certes le texte sera adopté,
10:05 il ne sera pas adopté définitivement,
10:07 il ne sera pas promulgué,
10:09 puisqu'il faut encore que le Conseil constitutionnel confirme
10:12 et dise que ce texte est bien conforme à la Constitution.
10:16 Avec un petit risque, ou un gros risque sur plusieurs articles,
10:19 puisqu'ils ont été mis là dans un projet de loi sur la Sécu,
10:22 et que le Conseil constitutionnel pourrait tiquer sur plusieurs points.
10:26 Voilà, peut considérer que ces textes devaient avoir passé par une procédure normale,
10:31 et donc que le gouvernement utilisait de facilité auxquelles il n'avait pas droit.
10:34 Oui, pour que ce soit un texte sur la Sécu,
10:36 il faut que chacune des mesures, chacun des articles,
10:38 ait une conséquence directe sur le budget de la Sécu.
10:41 Le CDI senior, ou l'index senior, ça ne saute pas aux yeux tout de suite.
10:46 Ce qui est terrible dans cette situation,
10:48 c'est qu'Emmanuel Macron peut avoir l'impression qu'il n'a pas commis d'erreur.
10:51 Parce que pour avoir commis une erreur,
10:53 il faut se dire qu'en procédant autrement,
10:56 l'issue aurait pu être différente.
10:58 Est-ce qu'il aurait pu procéder autrement avec les syndicats ?
11:01 Avec la CFDT par exemple ?
11:03 En proposant la retraite à 64 ans ?
11:05 C'est pas sûr !
11:06 Le 64 ans était un casus belli de toute façon.
11:10 Est-ce qu'il aurait pu procéder autrement avec les Républicains ?
11:13 C'est pas sûr.
11:14 Il était persuadé d'avoir l'accord d'Éric Ciotti
11:17 jusqu'à se rendre compte que certains députés des Républicains
11:21 ne suivent pas leur chef.
11:23 Si on ne comprend pas ce qui a péché,
11:25 il ne pourra pas y avoir d'acte 2 de son deuxième quinquennat.
11:29 En réalité, ce qui s'est passé, c'est qu'Emmanuel Macron,
11:32 à mon sens, a fait preuve d'excès de confiance,
11:35 a cru que parce qu'il disposait d'une majorité relative,
11:38 qu'il pouvait de toute façon à l'Assemblée,
11:40 d'une façon ou d'une autre, et si besoin en force, ça passait.
11:44 Et ce qu'on voit aujourd'hui, c'est que le pays lui dit non.
11:48 Le pays lui dit peut-être que ça va passer, mais cette fois-là, stop.
11:52 Et donc, il va falloir à un moment ou à un autre,
11:55 et à mon sens très vite, qu'il reprenne la main
11:58 pour proposer quelque chose d'autre démocratiquement,
12:02 une nouvelle ère démocratique.
12:04 Alors, peut-être une réforme constitutionnelle,
12:06 on sait que c'est très difficile de les faire adopter en France,
12:09 mais au moins, quelque chose d'autre, un acte 2 très fort.
12:12 – Renaud Delis.
12:13 – Non seulement, Emmanuel Macron peut peut-être se dire
12:15 qu'il n'aurait pas eu de meilleurs résultats s'il avait agi autrement,
12:18 mais on peut même se demander s'il a vraiment, lui,
12:21 envisagé au fond de lui, d'agir autrement.
12:23 Parce qu'il faut souvenir d'abord qu'au mois de septembre dernier,
12:26 il avait envisagé, le chef de l'État, de faire passer le report
12:29 de l'âge légal du départ en retraite par un amendement au PLFSS,
12:32 au projet de loi de financement de la Sécurité sociale,
12:34 là aussi, ce qui lui permettait éventuellement d'utiliser le 49-3.
12:38 On se souvient qu'à l'époque, notamment Elisabeth Borne,
12:40 François Bayrou ou d'autres, ont demandé justement davantage de temps,
12:43 Elisabeth Borne d'ailleurs, pour avoir un compromis,
12:45 voire un accord politique, on a vu ce qu'il en était à l'issue de cette séquence.
12:48 Et puis d'autre part, s'il a choisi un texte budgétaire,
12:50 justement pour faire sa réforme des retraites,
12:52 le chef de l'État, c'était aussi pour se ménager la possibilité
12:55 de dégainer le 49-3.
12:56 Donc, on voit bien qu'on touche là, en fait, à un problème,
13:00 un nœud démocratique, enfin un nœud constitutionnel en France.
13:03 L'exemple allemand est très intéressant à ce titre-là,
13:05 parce qu'en Allemagne, en fait, non, on ne désigne pas avant un candidat
13:09 à la chancellerie, on ne sait même pas forcément avant, d'ailleurs,
13:12 quelle sera la couleur de la coalition.
13:13 On se souvient, alors, à l'issue des dernières législatives en Allemagne,
13:16 il y avait d'abord une candidate verte qui était envisagée comme chancelière,
13:19 et puis comme les sociodémocrates ont fait un meilleur résultat,
13:21 c'est finalement Olaf Scholz qui a été désigné comme candidat à la chancellerie,
13:24 mais il a fallu attendre plusieurs semaines, deux mois,
13:26 pour savoir quelle serait la couleur, entre guillemets, de la coalition,
13:29 si les sociodémocrates s'allieraient plutôt avec les libéraux, avec les écologistes,
13:33 est-ce qu'il y aurait une coalition alternative ?
13:34 Et personne en Allemagne n'a dénoncé à l'époque des tripatouillages,
13:38 des manigances, des discussions qui seraient antidémocratiques.
13:42 Alors qu'en France, effectivement, dès qu'un groupe discute avec un autre,
13:45 en gros, pour résumer, je le fais très bref,
13:47 mais on entend surtout dans ce climat aujourd'hui,
13:49 qui est effectivement incandescent, notamment à l'Assemblée nationale,
13:52 pas seulement, dans le pays aussi,
13:53 eh bien on a tout de suite des accusations de trahison, de retour…
13:56 – Négocier ses trahions.
13:57 – Voilà, donc discuter c'est trahir, en quelque sorte.
14:00 Et là, on aboutit, d'un côté on a ce climat où discuter c'est trahir,
14:05 et on a des institutions qui sont effectivement extrêmement verticales,
14:08 et où le poids présidentiel est probablement excessif
14:10 au regard de l'aspiration démocratique dans le pays,
14:12 eh bien on arrive à ce blocage.
14:13 – On se retrouve dans un instant, le temps du Fil info à 9h20, avec Sophie Echelle.
14:17 [Générique]
14:18 – Elisabeth Borne pourra-t-elle rester à Matignon ?
14:21 Les deux motions de censure déposées contre le gouvernement
14:23 après le recours au 49-3 pour faire adopter la réforme des retraites,
14:26 sont débattues cet après-midi à l'Assemblée.
14:29 Il faudra la majorité absolue, soit 287 voix, pour renverser le gouvernement,
14:34 sinon la réforme sera adoptée.
14:36 "Je ne céderai à aucune intimidation", les mots d'Éric Ciotti,
14:40 ce matin au lendemain du caillassage de sa permanence à Nice.
14:43 Le président des Républicains et député des Alpes-Maritimes
14:46 dénoncent également les erreurs du gouvernement
14:48 qui ont suscité la colère des Français.
14:51 "Les problèmes ne concernent pas les banques françaises et européennes",
14:55 prévient ce matin le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Gallo,
14:58 après le rachat du crédit suisse par UBS, sa principale rivale,
15:02 pour un peu plus de 3 milliards d'euros.
15:04 UBS qui chute de près de 9% en bourse après ce rachat.
15:08 Et puis en football, Marseille remonte à la deuxième place du classement de Ligue 1
15:12 après sa victoire à Reims hier soir, 2 buts à 1.
15:15 [Générique]
15:17 – France Info
15:19 [Générique]
15:20 – Les informés, Renaud Delis, Marc Fauvel.
15:24 [Générique]
15:26 Suite et la fin des informés du matin avec Étienne Girard de L'Express,
15:29 Alix Bouillaguet de France Info, Canal 27 et Renaud Delis.
15:32 – Dans la foulée de la décision du gouvernement d'enclencher le 49-3,
15:35 on a vu depuis la fin de la semaine des rassemblements spontanés,
15:38 des mouvements se multiplier un peu partout dans le pays,
15:41 à Paris et ailleurs dans des grandes villes de région,
15:44 avec parfois d'ailleurs des débordements, parfois des violences,
15:47 des permanences d'élus aussi qui ont été saccagées ou des élus qui ont été menacés.
15:50 Et puis le mouvement social lui-même qui se durcit,
15:53 notamment dans les raffineries,
15:55 et puis le mouvement des éboueurs aussi qui continue.
15:57 Bref, un regain de la protestation,
16:00 parfois sous une forme radicalisée voire violente.
16:03 À qui la faute ?
16:04 Voici ce qu'en disait ici, hier, le député de la France Insoumise
16:07 et président des commissions des finances de l'Assemblée, Éric Coquerel.
16:11 – Quand on violente un Parlement,
16:14 en faisant en sorte de faire passer une loi, le 49-3,
16:17 il ne faut pas s'étonner qu'à un moment donné, la colère explose.
16:20 Le premier responsable de tout ça, c'est d'abord le gouvernement
16:23 qui décide déjà une loi contre la grande majorité des Français
16:27 qui condamne les gens à travailler deux ans de plus
16:29 et qui en plus de ça, utilise des procédés totalement antidémocratiques.
16:33 Et dans quel monde vivons-nous ? C'est inacceptable.
16:36 – Alors, à qui la faute ?
16:37 Est-ce que tout est de la faute du gouvernement
16:38 dans ce climat de tension qui verse parfois dans la violence ?
16:41 Notons que les syndicats, les directions des centrales syndicales
16:44 dénoncent tous les actes violents et que notamment la CFDT,
16:47 par la voix de Laurent Berger, a fait savoir qu'elle s'opposait
16:50 à toute forme de blocage aujourd'hui des épreuves du BAC.
16:52 – On est face à quoi ?
16:53 Une nouvelle forme de contestation de la réforme à Lisboëghe ?
16:56 – Ah oui, on est effectivement dans une deuxième phase.
16:58 Il faut savoir si ce qui va se passer cet après-midi,
17:00 ça termine un chapitre ou au contraire, ça en ouvre un autre.
17:03 Quand j'entends Éric Coquerel parler d'antidémocratique,
17:07 c'est ça qui est quand même surprenant.
17:09 Sur le papier, rien n'est antidémocratique.
17:12 La procédure accélérée, elle existe dans la Constitution.
17:14 Le 49-3, il a été utilisé, on l'a suffisamment dit,
17:17 Michel Rocart 28 fois, en plus sur des sujets importants.
17:19 De Gaulle, c'était sur la dissuasion nucléaire,
17:21 Manuel Valls sur la réforme du travail,
17:23 Michel Rocart, c'était sur la programmation militaire
17:26 ou la réforme de l'hôpital, donc ce n'étaient pas des petites choses.
17:29 Et là, c'est vrai que c'est un sentiment, les Français n'en peuvent plus.
17:32 Mais je crois que ça a un rapport avec la personnalité d'Emmanuel Macron.
17:36 Sans doute un cycle, c'est-à-dire une défiance constante,
17:40 grandissante vis-à-vis du pouvoir politique.
17:42 Et puis peut-être ce que dégage Emmanuel Macron,
17:45 parce qu'aujourd'hui, au-delà d'Elisabeth Borne,
17:48 c'est le procès d'Emmanuel Macron, c'est sa manière de gouverner,
17:52 c'est sa méthode et sa personne.
17:55 Et d'ailleurs, ça se voit dans les sondages,
17:57 il dégringole, il repart au pire moment,
18:00 il me semble que c'est le moment des Gilets jaunes,
18:02 de la contestation des Gilets jaunes.
18:04 – Il retrouve son niveau dans le baronnet du GDDR.
18:06 – Exactement, et donc ça veut bien dire que l'opinion publique,
18:09 il lui porte, voilà, pour l'opinion publique,
18:12 c'est Emmanuel Macron le responsable.
18:14 – Et Théné Gérard ?
18:15 – Oui, le 49.3 vivra forcément la colère,
18:18 déjà c'est objectivement un passage en force,
18:21 certes prévu par la Constitution,
18:24 mais ça implique quand même qu'il n'y ait pas de vote pour la réforme,
18:27 ça implique seulement l'échec d'un vote contre la démission du gouvernement.
18:32 Donc c'est pas exactement pareil, ça c'est pour le côté force.
18:35 Et puis le 49.3 a marqué aussi et surtout,
18:38 et c'est ça qui va aviver la colère, la faiblesse du gouvernement,
18:41 parce que le 49.3, le gouvernement avait dit énormément de fois
18:46 qu'il essayerait, qu'il ne souhaitait pas l'utiliser pour ce projet de loi.
18:50 Et le fait que ça se soit passé quand même,
18:53 c'est une marque aussi de plus que le gouvernement n'écoute pas
18:58 ou n'hésite pas pour faire passer son texte
19:01 à revenir sur ses engagements précédents.
19:05 La question c'est quand ça va s'arrêter ?
19:07 Ça ne va pas s'arrêter tout de suite à mon avis,
19:09 tout simplement parce que le texte ne pourra pas être promulgué immédiatement.
19:13 Le délai devant le Conseil constitutionnel, même en urgence, c'est huit jours.
19:18 Donc à mon sens, la colère dans la rue, de façon pacifique et non pacifique,
19:23 elle peut durer encore au moins une semaine.
19:26 – Renaud Delis.
19:27 – Non seulement c'est effectivement Étienne Girardin à raison,
19:30 mais quand va s'arrêter le mouvement ?
19:31 Et ça va continuer, ces blocages, cette colère, cette protestation.
19:34 Et puis quel ressentiment derrière, quelle trace ça laissera ?
19:37 Et c'est bien l'un des drames des années qui viennent de s'écouler,
19:40 c'est qu'on a évidemment en même temps le mouvement des Gilets jaunes.
19:43 Or on voit aujourd'hui que depuis le début de ce mouvement social,
19:47 les syndicats ont une attitude absolument apaisée, apaisante,
19:52 qu'ils ont réussi des mobilisations, des mouvements massifs, répétés,
19:57 de façon continue, en tenant toujours un discours responsable
20:00 et en dénonçant très clairement les violences.
20:02 Tout l'enjeu aujourd'hui, c'est de savoir s'ils vont continuer
20:04 à avoir la main sur cette protestation, sur cette colère,
20:07 ou s'ils vont être débordés de ci, de là, par des abcès de radicalisation,
20:12 y compris des actes violents qu'on a pu voir déjà ce week-end.
20:17 C'est vrai qu'on a un peu tendance à s'habituer aujourd'hui
20:19 à voir des permanences d'élus saccagés ou des élus menacés de mort,
20:23 ce qui illustre aussi un climat qui n'est pas né ce week-end,
20:27 mais un climat d'une dégradation du débat public.
20:31 Or tout l'enjeu, c'est de savoir si les centrales syndicales
20:33 vont réussir à maintenir, à continuer à encadrer ce mouvement.
20:36 Et c'est là aussi que le gouvernement pêche quand même de longue date,
20:40 c'est-à-dire qu'il a quand même largement snobé ce partenariat potentiel,
20:43 celui des syndicats, à commencer par la CFDT,
20:46 au risque justement d'enfoncer un coin,
20:48 d'enfoncer dans un corner des syndicats.
20:50 C'est vrai que la situation est beaucoup plus difficile aujourd'hui.
20:52 Et pour Philippe Martinez à la CGT, et pour Laurent Berger à la CFDT.
20:55 Il y a peut-être une solution dans cette espèce de zone un peu de turbulence,
21:00 c'est le référendum d'initiative partagée.
21:03 Il a été signé, s'il est soumis à 5 millions de personnes
21:06 pour pouvoir finalement demander au gouvernement de récupérer son taxe
21:10 ou alors de soumettre cette réforme.
21:12 5 millions de signataires, c'est beaucoup.
21:14 Il y a eu un précédent, on était arrivé à 1 million,
21:17 c'est sur la privatisation des aéroports, je crois que c'est ça.
21:19 C'est beaucoup et en même temps, il y a du monde dans les rues.
21:23 Les manifestations, elles sont pourvues.
21:26 Donc on peut se dire que ça peut être peut-être une voie de sortie
21:29 pour cette réforme des retraites.
21:30 Merci. A tous les trois, Renaud Dely, Alix Bouyagué, éditeur Yali sur France Info,
21:34 Canal 27, Etienne Girard, la une de l'Express de cette semaine.
21:38 Emmanuel Macron, ses ambitions pour 2027.
21:41 Emmanuel Macron, vous avez dessiné, enfin pas vous,
21:43 à la une de l'Express dans le rôle de penseur de Rodin.
21:48 Il va se lancer dans la sculpture en 2027, c'est pour ça ?
21:50 Pas exactement, mais il a un destin d'écrivain qui l'attend.
21:53 À lire dans l'Express cette semaine.
21:55 Belle journée à tous, les informés, le retour 20h ce soir.
21:57 Édition spéciale à partir de 15h pour suivre les débats à l'Assemblée
22:01 à l'occasion de ces deux motions de censure.
22:03 Belle journée à tous.