Chroniqueuse: Julia Vignali.
À l'approche des prochains jeux qui se tiendront à Paris en 2024 Julia Vignali reçoit Jean Galfione, champion olympique du saut à la perche en 1996. Il évoque son parcours ainsi que la préparation liée à cet évènement intense dans la vie d'un sportif de haut niveau.
À l'approche des prochains jeux qui se tiendront à Paris en 2024 Julia Vignali reçoit Jean Galfione, champion olympique du saut à la perche en 1996. Il évoque son parcours ainsi que la préparation liée à cet évènement intense dans la vie d'un sportif de haut niveau.
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00:00 Bonjour Jean-Galfian, merci d'avoir accepté l'invitation de Télématin.
00:03 Nous sommes à 500 jours exactement du début des Jeux Olympiques de Paris.
00:07 Vous avez, vous, été sacré champion olympique du saut à la perche en 1996, c'était à Atlanta.
00:14 Aujourd'hui, les Jeux Olympiques ont lieu en France.
00:16 Est-ce que cela aurait été un rêve pour vous de participer aux Jeux Olympiques à Paris ?
00:22 Oui, bien sûr, ça aurait été un événement incroyable dans une vie d'athlète, de vie de sportif.
00:27 Déjà vivre les Jeux et les gagner, c'est un truc incroyable bien sûr,
00:30 mais quand en plus c'est à la maison devant son public, ça change de dimension.
00:33 Vous pensez que pour nos athlètes, ça va être quelque chose d'énorme à vivre ?
00:37 C'est à double tranchant, c'est-à-dire qu'il y a une grosse pression qui se pose d'un coup sur les épaules.
00:40 Il faut gérer sûrement un regard médiatique, un regard de pression qui est différent de quand ça se passe à la maison.
00:47 Et ce n'est pas toujours très confortable. Après, c'est le principe du très haut niveau,
00:51 il faut se mettre dans sa bulle aussi et pas en sortie.
00:53 C'est peut-être un peu plus compliqué quand c'est à la maison.
00:55 Évidemment. Alors comment on se prépare ? Vous parliez justement de la bulle psychologiquement,
01:00 physiquement aussi, mais psychologiquement quand on a ce genre de compétition.
01:04 Est-ce que c'est très différent les Jeux olympiques de n'importe quelle haute compétition ?
01:09 Alors à préparer sportivement, ce n'est pas très différent.
01:13 C'est un peu la maison, on a les mêmes repères, c'est très familier.
01:17 Néanmoins, on sait bien que c'est un projet d'une vie, d'une vie de sportif,
01:21 et c'est souvent trois, quatre ans de préparation en amont.
01:24 Et d'un coup, on y est. La préparation psychologique, quoi qu'on dise, elle est très différente.
01:29 Pourquoi ? Parce qu'il faut gérer une pression inédite ?
01:32 Oui, et puis on se met une pression. On sait que c'est l'événement de sa vie,
01:35 c'est le Graal, c'est la quête absolue. Et donc d'un coup, on peut se sentir un peu fragile.
01:40 Donc pour préparer, c'est en amont bien sûr. Tout se passe en amont des années avant,
01:44 des heures et des heures d'entraînement, de préparation physique, technique,
01:47 mais aussi psychologique avec l'entraîneur, son entourage.
01:49 Donc tout ça est millimétré. Et à ce niveau-là, c'est le détail, surtout au jeu.
01:54 Parce qu'on sait en plus au jeu, ce qui est différent comme compétition,
01:57 c'est qu'à chaque fois, les favoris sont en difficulté.
02:00 Parce que l'histoire des jeux, c'est comme ça. C'est tellement une compétition magique
02:04 que tout le monde, ce jour-là, est au maximum de son talent.
02:08 C'est un jour sans lendemain et tout le monde est capable d'aller chercher quelque chose d'extraordinaire.
02:12 Donc les favoris sont en difficulté et ça crée des histoires incroyables.
02:16 Alors en 1996, justement, vous devenez enfin champion olympique.
02:21 Vous êtes devenu une méga-star. Comment vous avez vécu ce changement ?
02:25 Vous n'étiez pas anonyme, mais là vous êtes passé dans une dimension énorme.
02:29 Oui, c'est ça aussi la différence avec d'autres compétitions.
02:31 C'est que là, on rentre vraiment chez les gens. On touche le grand public pendant 15 jours.
02:38 Les jeux, c'est ça aussi. Et on sent cet engouement, on va dire.
02:43 On sent que ça change de dimension, que d'un coup les sollicitations ne sont plus les mêmes.
02:46 Du coup, il faut vraiment se protéger.
02:48 Il n'y a pas un risque de prendre la grosse tête et de terminer perché jusqu'à la fin de séjour ?
02:52 Si, bien sûr, c'est très facile de prendre la grosse tête et de se perdre.
02:56 C'est pour ça que l'entourage, il faut se préparer avant.
02:59 Bien sûr, il y a les athlètes qui ont vécu et qui n'étaient pas bien préparés.
03:03 Parfois, c'est un peu difficile pour se réveiller le lendemain, quand ça s'arrête tout ça surtout.
03:07 Et oui, c'est ça, changement d'ambiance le lendemain. Ça doit être quelque chose à vivre.
03:11 Qu'est-ce que c'est le moment de la compétition qui vous a le plus marqué au moment des Jeux d'Atlanta ?
03:15 Est-ce que c'est quand vous arrivez là-bas, le moment où vous réalisez votre exploit ou la remise de la médaille ?
03:21 Il y a plein de choses. Il y a plein de choses.
03:24 Il y a ces sensations sur les derniers sauts où j'ai l'impression de ne plus toucher le sol, d'être sur un tapis volant.
03:29 Parce que, je vous dis, on est au maximum de ce qu'on pourrait faire dans tout.
03:34 Donc derrière, après, c'est la remise de la médaille, bien sûr.
03:37 Le sentiment de se dire que ce moment-là ne va jamais se reproduire.
03:41 C'est l'accueil de mon entraîneur Maurice Ouvillon qui me saute dans les bras,
03:44 de Pierre Quinon qui était champion olympique en 1984.
03:47 En fait, il y en a des centaines. Et puis la fête après la fête.
03:50 Et les gens surtout que je croise tout au long des journées, des jours qu'on suivit,
03:55 qui étaient en pleurs, qui m'ont dit qu'ils ont vécu un moment incroyable.
03:58 Alors, à cause de moi, bon.
04:00 Grâce à vous, vous voulez dire.
04:01 Grâce à moi, oui.
04:02 Donc c'est très perturbant, j'imagine, de voir cette liesse populaire autour de vous.
04:05 On partage l'émotion comme aucune autre compétition.
04:07 C'est-à-dire les gens, ils vivent une émotion pure, sincère.
04:10 Ils la prennent en plein fouet.
04:12 Et chacun de manière différente.
04:14 Mais on sent que ce petit bout de métal en or, enfin en or, ce bout de métal,
04:18 il a un pouvoir, c'est un peu mon précieux.
04:21 D'ailleurs, je me pose la question, il est où ce petit bout de métal chez vous ?
04:24 Il est au chaud, oui.
04:25 Il est quoi, au fond d'un tiroir ou au-dessus de la cheminée ?
04:27 Non, non, non, non. Il est accroché gentiment dans un bureau.
04:32 Je ne l'ai pas mis en vitrine.
04:35 Vous ne l'avez pas exposé particulièrement.
04:37 D'accord.
04:38 Et aujourd'hui, vous êtes entre autres un navigateur.
04:41 Pourquoi continuer dans la compétition comme ça ?
04:44 C'est vraiment une drogue, le sport ?
04:46 Oui, c'est une drogue absolue.
04:48 Et le sport est indispensable dans la vie de tous et de tout le monde,
04:51 et à chacun son niveau.
04:53 Et du coup, moi, j'ai voulu continuer la compétition.
04:55 J'ai eu cette chance de rencontrer, à un moment donné,
04:57 des personnes qui m'ont mis un pied sur un bateau,
04:59 j'ai mis le deuxième et j'ai fait une seconde vie sur la mer
05:02 comme skipper, comme équipier.
05:04 Vous avez le pied marin, c'est le moins qu'on puisse dire.
05:06 Ou du rhum.
05:07 Oui, oui, oui, oui.
05:08 Après, la vie continue aussi, et donc, il y aura d'autres projets derrière,
05:13 mais néanmoins, d'autres défis.
05:14 Sportifs ?
05:15 Dans le domaine du sport, c'est indispensable.
05:18 Alors, vous serez où le jour de la cérémonie des Jeux Olympiques à Paris,
05:21 le 26 juillet 2024 ?
05:23 Je n'en ai aucune idée.
05:24 Vous avez pris vos places ou pas ?
05:25 Non, ça a l'air compliqué, cette histoire de places.
05:27 Justement, on va être avec Tony Sanguet dans quelques instants.
05:30 Il va nous réexpliquer comment être présent ce jour-là.
05:33 Merci beaucoup, Jean Galfian, d'avoir accepté l'invitation de Télématin
05:36 et surtout de nous avoir fait partager ces moments d'émotion
05:39 que vous avez vécus en 1996.
05:40 Avec plaisir.