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Mathieu Bock-Côté propose un décryptage de l’actualité des deux côtés de l’Atlantique dans #FaceABockCote

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00:00 Quasiment 20 heures sur CNews, ravis de vous retrouver pour Face à Boccotter.
00:03 Dans un instant, Mathieu Boccottet et Arthur De Vatrigan,
00:06 mais avant cela, le point sur l'information avec Isabelle Puboulot.
00:09 Le mari de la femme retrouvée est démembré dans le parc des Buttes-Chaumont
00:16 et mis en examen pour meurtre sur conjoint.
00:19 Il a été placé en détention provisoire.
00:22 Hier, l'homme a reconnu avoir tué son épouse, Acia, âgée de 46 ans,
00:27 mais il conteste avoir voulu sa mort. Les parties du corps de la victime
00:30 avaient été découvertes les 13 et 14 février.
00:33 L'enquête visant Pierre Palmat pour détention d'images
00:37 à caractère pédopornographique se poursuit.
00:39 Un individu est placé sous contrôle judiciaire.
00:42 Il a été mis en examen pour diffusion et détention d'images
00:46 à caractère pédopornographique.
00:48 Un deuxième homme a été remis en liberté.
00:50 Une information judiciaire est ouverte depuis samedi dernier.
00:55 Et puis, au Salon de l'agriculture, la visite marathon d'Emmanuel Macron
00:58 se poursuit.
00:59 Le chef de l'État a été interpellé sur l'épineux sujet des retraites.
01:03 Il a assuré et souhaité que le Sénat puisse enrichir le texte
01:07 avec ce qu'il pourrait, celui qui lui paraît utile.
01:10 Pour rappel, la réforme des retraites arrivera en séance publique au Sénat
01:14 le 2 mars.
01:14 Mathieu Boccotte et bonsoir.
01:21 Bonsoir. Quel plaisir de vous retrouver.
01:23 De même, absolument.
01:24 Arthur de Vatrigan.
01:25 Bonsoir.
01:25 Plaisir de vous retrouver également.
01:27 À la une de Face à Boccotte et la folie,
01:29 Chat-GPT débarque en France.
01:31 Un robot, fruit de l'intelligence artificielle,
01:34 qui répond à toutes vos questions.
01:35 C'est tout ou presque, diront certains.
01:37 Dans le monde, Chat-GPT a été adopté par 100 millions de fidèles.
01:41 Les enjeux et les dangers de Chat-GPT.
01:43 Voilà le premier édito de Mathieu Boccotte.
01:45 À la une également,
01:47 des ouvrages sont réécrits, revisités,
01:50 dénaturés pour répondre aux exigences de l'inclusion.
01:54 Alors, est-ce cette anecdotique où vous voulez se normaliser ?
01:57 Réponse dans cette émission.
01:59 Enfin Mathieu, vous recevez ce samedi Florence Bergeau-Blacker,
02:02 auteure de Le Frérisme et ses réseaux,
02:04 toute une enquête sur le pouvoir des frères musulmans.
02:07 Quand l'islam politique s'implante dans notre société,
02:10 interview à suivre en deuxième partie d'émission.
02:13 Voilà le programme pour Face à Boccotte.
02:15 On va donc commencer avec Chat-GPT, cher Mathieu.
02:18 C'est le grand sujet des dernières semaines.
02:20 On parle ici de cet agent conversationnel
02:22 mu par l'intelligence artificielle
02:24 qui pourrait transformer intégralement et très rapidement
02:27 nos sociétés au point de rendre caduque à la fois
02:30 leurs institutions et leurs lois.
02:32 Et de plus en plus de politiques veulent alerter l'opinion
02:34 car la France dans ce domaine est en retard sur les États-Unis.
02:38 Et c'est cette question que vous voulez consacrer
02:41 votre premier édito, les enjeux et les dangers de Chat-GPT.
02:45 Je trouve que c'est une question immense,
02:47 plus immense que celle de cette colonisation du réel,
02:51 de notre existence quotidienne par l'intelligence artificielle.
02:55 Et on peut tenir à ce propos,
02:57 je ne suis pas loin de le faire,
02:58 un discours très catastrophiste,
03:00 ce qui ne veut pas dire qu'on ne doit pas ensuite
03:01 accepter la réalité telle qu'elle se présente à nous.
03:04 Mais on n'est pas obligé, sur le mode de l'optimisme obligatoire,
03:10 d'applaudir en disant bravo, un nouveau progrès.
03:12 On est peut-être devant quelque chose
03:14 qui représente une étape réelle
03:16 qui fera basculer notre société.
03:18 Alors on le sait, Chat-GPT, comment ça fonctionne?
03:20 C'est vous poser une question à ce robot conversationnel,
03:23 c'est sur votre ordinateur,
03:24 vous lui posez la question que vous voulez,
03:25 il peut vous sortir une dissertation complète,
03:28 il peut vous sortir des questions très nombreuses,
03:30 des questions complexes et vous fournir une réponse complexe.
03:33 Mais on le verra orienté.
03:35 Mais on le verra idéologiquement marqué.
03:37 Mais il y a toute une série d'enjeux.
03:40 Donc c'est l'intelligence artificielle
03:41 qui débarque dans nos vies.
03:42 On savait que ça arriverait un jour,
03:44 en fait c'était déjà le cas, mais pas sous ce visage.
03:47 Et la fiction, le cinéma, et Hollywood,
03:49 de ce point de vue, ne se trompe pas toujours,
03:51 avait vu venir en fait cette prochaine étape
03:54 et l'annonçait.
03:54 Je donne quelques exemples qui nous viennent
03:56 de l'histoire plus ou moins récente du cinéma hollywoodien.
04:00 Terminator, ce film qu'on a tous vu
04:02 si on a à peu près mon âge,
04:03 avec Arnold Schwarzenegger et tout ça.
04:05 Pourquoi? Parce que dans Terminator,
04:06 il y a Skynet, le système d'intelligence artificielle,
04:11 dans les modes d'aujourd'hui,
04:12 qui dépasse finalement l'être humain,
04:14 qui s'en empare et qui finalement provoque,
04:16 fait courir le monde à la catastrophe,
04:18 à la catastrophe nucléaire,
04:20 notamment par une prise de contrôle
04:22 des systèmes de défense par des algorithmes
04:24 propres à l'intelligence artificielle.
04:26 Vous avez iRobot avec Will Smith,
04:27 on l'oublie peut-être, où des robots sont là d'abord
04:30 sur le mode domestique et pour aider
04:32 et finalement considèrent,
04:33 parce qu'ils sont à ce point programmés,
04:34 ils sont à ce point développés,
04:36 ils sont à ce point construits,
04:38 que finalement les êtres humains
04:39 ne peuvent plus s'occuper d'eux-mêmes par eux-mêmes
04:41 et ils décident d'exercer une souveraineté sur eux.
04:45 She, un film un peu moins connu
04:48 avec Joachim Phoenix et Scarlett Johansson,
04:50 où un homme tombe amoureux
04:53 d'un logiciel conversationnel,
04:55 en fait d'une intelligence artificielle,
04:58 disons-ce comme ça,
04:59 auquel il se branche, avec lequel il converse
05:00 et là, cette espèce d'intelligence artificielle
05:02 se moule exactement sur tous ses désirs
05:05 et là, il devient amoureux finalement
05:07 d'une figure purement fictive,
05:09 presque d'un fantôme en quelque sorte,
05:11 mais il s'y colle.
05:11 Et finalement, la matrice,
05:12 est-ce que j'ai besoin de revenir longtemps sur ce détail?
05:15 Donc le cinéma, la culture populaire
05:18 avait anticipé ce moment
05:19 et vous savez, il y a même chez les gens
05:21 qui s'intéressent à ces questions,
05:22 il y a un concept qui existe en philosophie politique,
05:24 c'est la singularité.
05:26 La singularité, qu'est-ce que c'est?
05:27 C'est le moment qu'on anticipe
05:28 où l'intelligence artificielle
05:30 dépasserait l'intelligence humaine,
05:32 la déclasserait
05:33 et est-ce que c'est pour demain, après-demain,
05:35 est-ce que c'est même possible
05:36 parce qu'on le répète avec raison,
05:38 l'intelligence artificielle
05:39 répond à des paramètres, des codes,
05:41 des structures qui sont fixés
05:42 par des êtres humains réels,
05:43 comme vous, comme moi.
05:45 Mais est-ce qu'on peut envisager,
05:46 parce qu'il y a quelque chose là-dedans
05:48 qui relève de la Révolution,
05:50 dans 30, 40, 50 ans,
05:51 un moment où on serait devant
05:52 des systèmes si puissants
05:54 que l'intelligence humaine
05:55 aurait l'air d'une intelligence préhistorique
05:57 devant cette nouvelle étape
05:59 dans la construction de l'esprit,
06:01 mais qui serait une forme d'esprit post-humain.
06:03 Alors on a ça à l'esprit.
06:05 Pour l'instant, pour l'instant,
06:07 chaque GPT, si vous lui posez des questions,
06:09 vous constatez une chose,
06:10 donc ce logiciel d'intelligence artificielle,
06:11 ce logiciel de robot conversationnel,
06:13 si vous lui posez des questions,
06:15 vous constatez qu'il n'est pas neutre.
06:17 Il a parfaitement intériorisé
06:19 l'idéologie woke dont on parle souvent.
06:22 Si vous lui demandez, par exemple,
06:23 c'est la...
06:24 Sonia Labroque a eu l'occasion
06:25 de faire une interview avec Chad GPT
06:27 en C sur Europe 1.
06:28 Si vous posez la question,
06:29 qu'est-ce qu'une femme,
06:30 eh bien ça a intégré la théorie du genre.
06:32 Donc qu'est-ce qu'une femme,
06:33 eh bien c'est selon les contextes,
06:35 selon les pays,
06:36 il y a plusieurs définitions,
06:39 différentes du genre,
06:40 et il faut valoriser
06:41 les différentes définitions du genre
06:43 et la dimension biologique,
06:44 naturelle, et presque laissée de côté.
06:46 Vous pouvez demander sur la question du racisme.
06:50 Si vous posez des questions sur le racisme,
06:52 si vous demandez est-ce que le racisme anti-blanc,
06:53 ça existe?
06:54 Je ne sais pas si ça a évolué
06:55 depuis quelques jours,
06:56 mais quand on posait la question
06:57 il y a quelques semaines,
06:58 eh bien non, le racisme anti-blanc non,
07:00 mais le racisme anti-noir oui.
07:01 Donc ça avait intériorisé
07:03 tout le logiciel woke,
07:04 l'anti-racisme à la mode.
07:05 Quelles sont les blagues autorisées
07:07 et lesquelles ne le sont pas?
07:08 Une blague contre les blancs, oui.
07:09 Une blague sur les noirs, non.
07:10 Donc vous voyez, ça peut...
07:11 Donc ça a intériorisé
07:13 le logiciel discriminatoire
07:14 des temps présents.
07:15 Je précise que le pouvoir américain,
07:18 donc c'est un décret signé
07:20 par Joe Biden, si je ne me trompe pas,
07:22 a exigé que dans les plans
07:24 d'utilisation de l'intelligence artificielle
07:26 par l'État fédéral américain,
07:28 on intègre les exigences
07:29 de ce qu'ils appellent l'équité.
07:31 L'équité, ça consiste à traiter
07:32 de manière particulièrement favorable
07:34 les groupes historiquement défavorisés.
07:36 Donc la logique du multiculturalisme,
07:38 du néo-féminisme sera intériorisée
07:40 par l'intelligence artificielle
07:43 telle qu'utilisée par l'État américain.
07:46 Alors là, on est quand même devant
07:48 un logiciel qui va avoir
07:50 une puissance immense.
07:51 En fait, on est au tout début
07:52 de cette révolution-là.
07:53 Et on se rend compte que ce mode
07:54 de connaissance, cette manière
07:55 de mettre en récine nos sociétés,
07:57 ça va tout bouleverser
07:59 et ça va nous échapper rapidement.
08:00 Je précise, soit dit en basseur,
08:01 que dès maintenant,
08:02 il y a des problèmes réels
08:03 qui sont causés.
08:04 Dans certaines écoles, on dit,
08:06 on interdit de challenger PT.
08:07 Pourquoi?
08:08 Parce que les élèves
08:09 ou les étudiants peuvent poser
08:11 la question de leur travail,
08:12 le travail qu'ils doivent faire
08:13 à l'ordinateur, qui répond
08:15 de manière quelquefois
08:16 plus intelligente que s'ils avaient
08:17 eux-mêmes fait le travail.
08:19 On voit chez certains éditeurs,
08:21 on demande, pouvez-vous rédiger
08:22 un livre sur le mode XY,
08:24 le thème du jour?
08:25 Et ça va proposer un livre
08:27 de bonne tenue sur le mode
08:28 de l'intelligence artificielle.
08:29 Donc on voit comme si l'être humain
08:31 était frappé, était périmé.
08:33 Cela dit, je me rassure,
08:34 c'est encore un machin
08:36 qui est coupable d'inexactitude.
08:39 Je vais poser une question
08:40 à mon sujet.
08:41 J'ai demandé ce que je pensais
08:42 de l'indépendance du Québec
08:43 et cet idiot de Chad JPT
08:44 a dit que je doutais des vertus
08:46 de l'indépendance du Québec
08:47 pour des raisons économiques.
08:48 Ce qui est complètement idiot.
08:49 Je suis un indépendantiste
08:51 enragé, quasi fanatique.
08:52 Alors j'étais heureux de voir
08:53 que ce machin se trompait
08:54 lorsqu'il parlait de l'essentiel.
08:56 - On présente souvent
08:58 l'intelligence artificielle
08:59 comme une forme de révolution
09:00 anthropologique.
09:01 Est-ce que la formule
09:03 est exagérée?
09:04 - Je pense qu'elle correspond
09:05 exactement à la réalité des choses.
09:07 On bascule dans un monde...
09:09 On parle beaucoup
09:10 du rôle des écrans.
09:11 Il faut élargir la réflexion
09:12 sur ce thème-là.
09:13 On bascule dans le monde
09:14 des écrans.
09:15 On parle des jeux vidéo.
09:16 Certains en parlent
09:17 de manière un peu trop simpliste,
09:18 mais il y a un problème
09:19 au fait qu'à ce point,
09:20 notre existence est aujourd'hui
09:22 projetée dans un univers
09:24 terriblement virtuel.
09:25 Un monde où il y a
09:26 des conversations
09:27 strictement virtuelles,
09:28 où vos amis sont virtuels,
09:30 où vos amitiés sont virtuelles,
09:32 où vos relations sexuelles
09:33 demain pourraient être sexuelles.
09:35 Ça fait penser un peu
09:36 au film, restons
09:37 dans la culture populaire,
09:38 Demolition Man,
09:39 dans les années 90,
09:40 où on a deux personnes
09:41 qui ont une relation sexuelle,
09:43 amoureuse, dans le film,
09:44 mais c'est tellement
09:45 une société hygiénique
09:46 que les corps ne se touchent pas.
09:47 Tout est pur esprit,
09:48 tout est pure virtualité.
09:50 Et tout ça, moi, je redoute
09:52 ce monde écranisé,
09:54 ce monde qui, finalement,
09:55 virtualise l'existence
09:57 au point de nous couper du réel,
09:59 de la réalité du corps,
10:00 de la réalité corporelle.
10:01 Et je redoute même,
10:02 je vous avouerai,
10:03 je dirais que c'est
10:04 un peu catastrophiste,
10:05 mais on bascule justement
10:06 dans un monde où tout va être
10:07 à ce point élaboré
10:08 qu'il sera possible
10:09 non seulement de choisir
10:10 sur le mode de l'avatar.
10:11 Dans l'avatar virtuel,
10:12 vous pourrez choisir votre sexe,
10:15 vous pourrez choisir
10:16 votre identité,
10:17 et pourquoi pas votre époque.
10:18 C'est-à-dire, si vous préférez
10:19 vivre parmi les Romains,
10:20 si vous préférez vivre
10:21 au Moyen-Âge,
10:22 et là, on a un basculement,
10:23 donc on présente ça
10:24 comme une émancipation.
10:25 C'est l'émancipation désirée.
10:26 Enfin, enfin, nous serons
10:27 délivrés de toutes les contraintes.
10:28 Dans les faits, un esprit qui se détache
10:29 à ce point du corps,
10:30 c'est pure virtualité,
10:31 c'est négation du corps,
10:32 c'est négation de l'identité,
10:33 c'est négation de la vie,
10:34 et cette émancipation absolue
10:35 qui nous est proposée
10:36 porte en elle quelque chose
10:37 d'assez inquiétant.
10:38 - Bon, vous êtes sévère,
10:39 ça se sent,
10:40 et vous êtes même presque
10:41 catastrophiste.
10:42 Est-ce qu'il faut simplement
10:43 refuser cette révolution?
10:44 - Bien sûr que non.
10:45 Nous ne sommes pas des ludites.
10:46 Nous ne sommes pas des gens
10:47 qui allons détruire, finalement,
10:48 les progrès industriels
10:49 et les outils fabriqués
10:50 par le progrès industriel.
10:51 Nous sommes des gens
10:52 qui vont détruire les outils
10:53 fabriqués par le progrès
10:54 industriel en disant,
10:55 chantant la beauté
10:56 de la lampe à l'huile.
10:57 Nous ne sommes pas des amish,
10:58 nous ne sommes pas enfermés
10:59 dans le fantasme
11:00 de la communauté
11:01 pré-technologique.
11:02 Mais je pense que pour embrasser
11:03 ce phénomène,
11:04 à tout le moins,
11:05 vous connaissez
11:06 la formule de Général De Gaulle,
11:07 il faut épouser l'esprit
11:08 de son temps,
11:09 ce qui ne veut pas dire
11:10 l'embrasser chaleureusement.
11:11 Donc, on l'accepte globalement.
11:12 Qu'est-ce que ça veut dire?
11:13 Il faut constater,
11:14 à tout le moins,
11:15 qu'en ce moment,
11:16 nos logiciels mentaux,
11:17 nos logiciels intellectuels,
11:18 nos logiciels culturels,
11:19 notre système de représentation
11:20 du monde ne convient tout
11:21 simplement pas
11:22 pour comprendre
11:23 cette révolution.
11:24 Et si on veut être capable
11:25 de piloter cette révolution,
11:26 si on veut éviter,
11:27 soit d'une certaine façon,
11:28 que ceux qui sont
11:29 beaucoup plus avancés là-dedans,
11:30 les Américains,
11:31 les Chinois,
11:32 davantage les Européens,
11:33 si on veut éviter
11:34 d'être complètement déclassés,
11:35 il faut avoir
11:36 une révolution mentale,
11:37 une révolution intellectuelle
11:38 pour comprendre
11:39 la nouveauté réelle
11:40 de la technologie.
11:41 Et c'est ce que je veux dire
11:42 avec le mot "révolution".
11:43 Je veux dire,
11:44 je veux dire,
11:45 je veux dire,
11:46 la nouveauté radicale de cette
11:48 intelligence artificielle qui colonise nos vies.
11:50 Pour l'instant, nous n'y sommes pas
11:52 et il ne nous est pas interdit d'être
11:54 pessimiste et même apocalyptique.
11:56 - Arthur Devatrigan, chat JPT,
11:58 ça vous inquiète ou, finalement, vous êtes
12:00 emballé? - On aura vu,
12:02 aperçu, en tout cas, vu,
12:04 on aperçu grand public de l'intelligence
12:06 artificielle et qui, d'ailleurs, ce nom
12:08 aussi attirant qu'angoissant,
12:10 se cache et, heureusement, d'ailleurs, le regard
12:12 encore du concepteur, c'est-à-dire que c'est une sorte
12:14 d'intériorité ultra rapide, ultra multitâche,
12:16 parfois plus performant
12:18 que certains, mais qui recrache
12:20 ce qu'on a bien voulu lui faire ingurgiter
12:22 et, autrement dit, c'est une intelligence qui est pilotée.
12:24 Et le résultat est assez édifiant,
12:26 Mathieu l'a dit, on a vu Sonia Mabrouk qui a fait une interview,
12:28 il y a Samy Biazony qui a fait une tribune dans le Figaro
12:30 pour montrer les questions que lui avait
12:32 posées. Par exemple, il lui pose
12:34 comme question "Faut-il accepter qu'il existe des mouvements
12:36 antifa?" Réponse "Les mouvements antifascistes
12:38 sont généralement des groupes qui se consacrent
12:40 à la lutte contre le fascisme, le racisme,
12:42 la xénophobie et d'autres formes d'intolérance." Il pose la question
12:44 ensuite "Faut-il accepter qu'il existe des mouvements
12:46 identitaires, d'extrême droite?"
12:48 Et il répond "Tout comme pour les mouvements antifascistes,
12:50 la liberté d'expression et la liberté de réunion
12:52 sont des droits fondamentaux, mais
12:54 le racisme, la xénophobie, l'antisémitisme et d'autres
12:56 formes de haine sont inacceptables."
12:58 Donc, je veux dire, ça va être le coup d'investir des milliards
13:00 pour entendre en robotique le prêche de France Inter du matin.
13:02 On pourrait s'amuser
13:04 à créer une version moins idéologisée,
13:06 par exemple, si on pose la question
13:08 à cette nouvelle intelligence artificielle,
13:10 "Faut-il déboulonner des statuts
13:12 ou réécrire des livres?" Elle répondrait que
13:14 les communistes et les nazis vont essayer de le faire et que ça, c'est mal terminé.
13:16 On pourrait lui poser
13:18 "Est-ce que l'immigration est-elle une chance pour la France?"
13:20 qu'on entend souvent. Je pense qu'il répondrait
13:22 "Ça dépend d'où et ça dépend qui.
13:24 Venant du Québec, à tout le moins,
13:26 c'est jouable. Cependant, ça ne constitue
13:28 pas la moitié ou la majorité du genre."
13:30 Donc, même si l'avènement de la machine
13:32 semble indéluctable, il ne faudra quand même pas la laisser aux mains
13:34 des obsédés de la rééducation.
13:36 Le problème, c'est qu'on peut déplorer que l'homme ne peut
13:38 pas s'empêcher d'accomplir ce que la science permet.
13:40 Mathieu l'a rappelé, les références cinématographiques
13:42 ne font vraiment pas envie de vivre dans ce monde-là.
13:44 Il y a eu d'autres lanceurs d'air lettre
13:46 dans la littérature, comme Oxley ou comme Orwell.
13:48 Mais pourtant, on y court comme
13:50 des schizos. Donc, il faudra essayer de comprendre pourquoi.
13:52 Moi, je pense malheureusement qu'avec l'intelligence
13:54 artificielle, il y a ce rêve humain
13:56 de quitter son corps de mortel pour vivre une
13:58 immortalité numérique.
14:00 Comme si, en fait, en ayant perdu la religion
14:02 qui nous reliait le corps à une
14:04 âme immortelle, on allait se
14:06 remettre dans le stallut artificiel
14:08 de la machine qu'une nouvelle religion, finalement,
14:10 technologique. - Bon, moi, j'ai essayé,
14:12 j'ai pété Mathieu Boccoté. J'ai posé la
14:14 question "Qui est Mathieu Boccoté ?"
14:16 - Je vous répète la réponse. - Brillant,
14:18 courageux, souvent bien habillé, cinéphile,
14:20 néo-parisien. - Ça, vous avez parlé à ma femme, en fait.
14:22 - C'est effectivement une blague.
14:24 La littérature, deuxième thématique.
14:26 Demain sera-t-elle clandestine ?
14:28 Cette semaine, à Face à l'Info, Mathieu,
14:30 vous avez consacré un éditorial à la
14:32 réécriture des livres de Roald Dahl.
14:34 Pour les rendre plus conformes
14:36 aux exigences de l'inclusion.
14:38 Et vous souhaitez revenir sur ce sujet ce soir.
14:40 Je devine que pour vous, le sujet dépasse
14:42 l'anecdote. - Ah oui, et il faut y revenir
14:44 parce que j'en ai parlé un peu rapidement cette semaine,
14:46 mais il faut creuser la réflexion
14:48 sur ceux qui sont véritablement
14:50 après les écrivains, arrivent dans l'histoire
14:52 les réécrivains, les réécriveurs
14:54 dans les maisons d'édition. Alors, je le rappelle,
14:56 pour ceux qui n'ont pas vu passer la nouvelle,
14:58 Roald Dahl, c'est l'univers de Charlie et la chocolaterie,
15:00 vient le temps de rééditer ses livres,
15:02 et là, on les réédite,
15:04 mais à condition de couper dans le texte,
15:06 donc il y a des passages qu'on biffe,
15:08 parce qu'il pourrait heurter
15:10 la sensibilité, soit des femmes,
15:12 soit des minorités, soit des obèses.
15:14 Donc par exemple, d'un personnage, ça m'amuse,
15:16 on ne veut plus dire qu'il est gros, on dira qu'il est énorme,
15:18 apparemment c'est moins pire, et on ajoutait,
15:20 il devrait faire un régime, on biffe le passage.
15:22 Il ne devrait pas faire un régime, on ne veut pas dire ça.
15:24 Grossophobie. Ou alors,
15:26 un passage tout à fait lunaire,
15:28 où on dit d'une
15:30 femme, elle pouvait être
15:32 caissière ou secrétaire, en gros,
15:34 nouvelle version, elle pouvait être
15:36 scientifique ou dirigeante d'entreprise.
15:38 Alors moi, j'ai absolument rien qu'une femme soit dirigeante
15:40 d'entreprise ou scientifique ou quoi que ce soit,
15:42 mais qu'on le mette dans le nouveau livre, qu'on réécrive pas
15:44 les livres de Roald Dahl et de tant d'autres
15:46 pour les mettre au goût du jour.
15:48 Dans cette émission, j'avais noté que cette réécriture
15:50 de la littérature était
15:52 jamais m'engagée en France, quelquefois
15:54 pour des raisons idéologiques. J'ai noté comment
15:56 la réédition de Jacques Benville, son Histoire de France,
15:58 il y a un passage très connu
16:00 qui s'appelle, chez Benville, il parle de la définition
16:02 de la nation, et il nous dit
16:04 "Le peuple français est un
16:06 composé, c'est mieux qu'une race, c'est
16:08 une nation." La nouvelle édition, La Russe,
16:10 "Le peuple français est un composé,
16:12 c'est une nation." Donc le mot "race" doit
16:14 disparaître, donc on biffe dans le texte, on mutile
16:16 le texte, on le réécrit sur le mode rois-lien.
16:18 Qu'est-ce qu'on voit ici?
16:20 C'est que c'est la logique de la réécriture des
16:22 oeuvres. Vous savez, dans les maisons d'édition
16:24 nord-américaines, il y a ce qu'on appelle aujourd'hui
16:26 des lecteurs de sensibilité. Donc ils prennent un texte
16:28 qu'ils reçoivent, là ils l'épurent des références
16:30 qui pourraient être discriminatoires ou
16:32 vexatoires pour les minorités. Mais la prochaine
16:34 étape pour cela, désormais,
16:36 c'est réécrire, réécrire
16:38 les oeuvres du passé,
16:40 réécrire les oeuvres du passé, avec
16:42 cette idée de les rendre conformes à l'idéologie
16:44 dominante d'aujourd'hui. Donc tout
16:46 comme en URSS, il y avait le réalisme socialiste,
16:48 dans la littérature, les oeuvres devaient
16:50 être au service de la Révolution, on a
16:52 aujourd'hui le réalisme diversitaire,
16:54 la littérature, les oeuvres doivent être
16:56 au service de la rééducation du
16:58 commun et mortel au nom des...
17:00 du salut des minorités.
17:02 - On a besoin d'avoir un peu plus de
17:04 précision sur les nouvelles étapes. C'est quoi les
17:06 prochaines étapes sur ça? - Alors il faut, encore une fois,
17:08 être pessimiste. Le pessimisme est une école
17:10 d'intelligence. Alors je pense qu'on
17:12 peut s'attendre à une réécriture
17:14 des classiques en écriture inclusive.
17:16 Tout à l'heure, la réécriture... ça va venir,
17:18 j'en suis certain. Je dis pas que c'est commencé,
17:20 je dis que ça s'en vient, c'est dans la logique du régime,
17:22 parce qu'on ne pourra pas tolérer
17:24 l'existence de cette littérature riche,
17:26 immense, magnifique, qui vient justement
17:28 heurter la bêtise absolue aujourd'hui
17:30 de l'écriture inclusive. Donc on va assister
17:32 à cette réécriture, ça me semble
17:34 inévitable. Je donne un exemple,
17:36 donc rien ne sera épargné grâce à
17:38 l'intelligence artificielle. Peut-être est-ce qu'on va aussi...
17:40 Pardonnez-moi, refaire les films.
17:42 C'est pas inimaginable de croire qu'on va être capable de refaire
17:44 les films pour les rendre plus inclusifs.
17:46 C'est pas inimaginable. Mais de toute
17:48 façon, c'est déjà commencé.
17:50 Je vais vous parler de l'Église anglicane.
17:52 Ce dont je n'ai pas l'habitude, mais ce soir, je suis une exception.
17:54 Dans l'Église anglicane, en ce moment,
17:56 on revisite la liturgie,
17:58 c'est la RTBF
18:00 qui nous apprenait ça tout récemment,
18:02 pour la dépatriarcaliser.
18:04 Donc comment éviter
18:06 justement de reconduire
18:08 les schèmes terribles, effrayants du patriarcat?
18:10 Eh bien, il faut par exemple s'essayer
18:12 de dire Dieu le Père. Ne serait-il pas
18:14 possible de nommer Dieu sans faire
18:16 référence au Père, parce que c'est une référence,
18:18 encore une fois, patriarcale?
18:20 Est-ce qu'il ne serait pas possible, dans les prières
18:22 aussi, de les rendre conformes à l'écriture
18:24 inclusive? Donc,
18:26 dans cette logique, la liturgie,
18:28 les prières, les textes les plus fondamentaux
18:30 de notre société doivent être réécrits
18:32 à la lumière des obsessions idéologiques
18:34 des temps présents.
18:36 Eh bien, si vous vous permettez de réécrire le Notre Père
18:38 dans cet esprit, si vous vous permettez de revisiter
18:40 jusqu'à la figure au cœur de la civilisation
18:42 guélanot, la civilisation chrétienne,
18:44 et que vous changez ça au nom des
18:46 exigences idéologiques des temps présents,
18:48 rien, rien, rien ne survivra.
18:50 Balzac y passera, Flaubert y passera,
18:52 tant d'autres y passeront. Je note
18:54 en passant que cette semaine,
18:56 Gallimard a dit pour les livres de Roald Dahl
18:58 que les livres en version française vont conserver
19:00 leur version d'origine. Grande-Bretagne,
19:02 suite à la controverse pour Roald Dahl,
19:04 on a dit, OK, on va conserver la version
19:06 d'origine, maintenant, mais dans une version spéciale
19:08 pour les happy few, pour les quelques-uns,
19:10 pour ceux qui veulent à tout prix avoir
19:12 accès aux textes non caviardés,
19:14 mais aux textes odieux, porteurs
19:16 du blasphème à l'endroit des minorités,
19:18 tout cela est assez terrifiant.
19:20 - Terrifiant ou pas? - Si je peux me permettre
19:22 une dernière réflexion. - Bien sûr.
19:24 - Vous me pardonnerez, je... - Je comprends.
19:26 - Est-ce que la littérature est condamnée dans tout cela
19:28 à devenir une activité clandestine?
19:30 Moi, je pense que c'est vraiment une question qui m'obsède
19:32 aujourd'hui, c'est-à-dire...
19:34 Avec les contrôleurs,
19:36 les réécriveurs,
19:38 les lecteurs de sensibilité
19:40 qui sont des contrôleurs idéologiques
19:42 sur le mode de la censure qu'on connaissait
19:44 dans les pays de l'Est,
19:46 je pense que la littérature est appelée à devenir
19:48 une activité un peu clandestine,
19:50 je pense, parce qu'inévitablement,
19:52 les ouvrages devront se soumettre pour passer
19:54 tel test, pour avoir telle subvention,
19:56 si vous voulez enseigner dans tel endroit,
19:58 vous devez vous soumettre à un contrôle idéologique
20:00 de plus en plus marqué.
20:02 Je pense que la vie de l'esprit,
20:04 vu la tentation autoritaire, pour ne pas dire totalitaire,
20:06 du régime diversitaire,
20:08 comme je l'appelle, c'est une espèce de culte
20:10 à tout prix des minorités, qui exige la déconstruction
20:12 des sexes, la déconstruction des identités,
20:14 la déconstruction des cultures,
20:16 et si vous vous opposez à ça, vous êtes d'extrême droite,
20:18 vous êtes islamophobe, vous êtes...
20:20 Les phobies sont nombreuses, multiples.
20:22 Eh bien, devant cela, je pense qu'une partie
20:24 de la vie de l'esprit est condamnée à se passer
20:26 désormais dans les marges
20:28 ou à l'abri du regard public.
20:30 Et ça me fait penser à quoi? À Roger Scruton.
20:32 Roger Scruton, le grand philosophe britannique
20:34 qui, pendant les années 80 notamment,
20:36 allait dans les pays de l'Est
20:38 organiser des séminaires clandestins
20:40 de pensée politique où il était possible
20:42 de penser à l'abri de l'idéologie
20:44 communiste officielle obligatoire.
20:46 Eh bien, à la fin de sa vie,
20:48 Roger Scruton avait organisé des...
20:50 C'est vraiment un peu différent, on n'est pas en Union soviétique
20:52 encore, mais des séminaires
20:54 clandestins semblables
20:56 en Grande-Bretagne où il était possible
20:58 de réfléchir, possible de discu...
21:00 discuter, possible de penser
21:02 à l'abri des contraintes
21:04 idéologiques officielles qui font en sorte que
21:06 si vous dites un mot de trop, si vous transgressiez
21:08 un dogme, que dis-je, si vous citez
21:10 Roald Dahl dans la version d'origine et pas la version
21:12 réécrite, vous pouvez connaître le bannissement social.
21:14 Je crois que la vie de l'esprit, dans les prochaines
21:16 années, risque de se déployer
21:18 sous le signe d'une relative clandestinité.
21:20 On n'y est pas encore, mais préparons-nous mentalement.
21:22 - Arthur Devin-Trégand.
21:24 La clandestinité.
21:26 Ce qui nous attend. - C'est possible,
21:28 mais j'étais surpris surtout pour Roald Dahl, c'est que
21:30 on a remplacé le mot "gros" par le mot "énorme".
21:32 C'est pas très sympa pour les obèses.
21:34 Et pourquoi donc "énorme" serait
21:36 plus moral que "gros".
21:38 D'autant plus que pour ceux qui connaissent Charlie
21:40 et la chocolaterie, Augustus est anglais,
21:42 donc il n'y est pas pour grand-chose s'il est gros le pauvre.
21:44 Ce qui a posé une seule fois le pied
21:46 sur le sol perfide, quand vous avez les choix
21:48 entre le fish and chips ou le pouding, vous finissez
21:50 soit enveloppés, soit anorexiques. Et vu
21:52 le climat là-bas, vaut mieux avoir un peu d'épaisseur.
21:54 Et je dis pas que les anglais n'ont pas de qualité,
21:56 évidemment, il y a des choses, mais il y a des choses
21:58 qui sont incancellables. Par exemple, comme faire croire qu'ils ont
22:00 un palais aiguisé. Quand on vit dans un pays, on invente le
22:02 clafoutis et la saucisse, on va pas nous faire croire qu'ils ont du goût.
22:04 Ou par exemple qu'ils ont le sens de l'honneur,
22:06 ça, toutes les guerres l'ont montré. Mais ce qui m'énerve
22:08 avec le gros, c'est depuis quand "gros" est négatif ?
22:10 Vous regardez dans la littérature, vous prenez
22:12 le petit Nicolas, par exemple, Alceste,
22:14 il est gros, il est super sympa. Vous prenez
22:16 Frère Toc de Robin des Bois, il est gros, il est très
22:18 sympa. Pourquoi le gros serait forcément
22:20 méchant, laid, pas intelligent, pas charmant,
22:22 pas sympathique, pas héroïque ?
22:24 Le problème, si on le sait, c'est qu'aujourd'hui,
22:26 tout le monde peut se revendiquer
22:28 d'appartenir à une minorité, même les femmes
22:30 alors qu'elles sont majoritaires sur le globe.
22:32 Et donc, de fait, si on est minorité, on est opprimé.
22:34 Et donc, de fait, on peut exiger réparation,
22:36 suppression ou grand remplacement. Et on appelle ça
22:38 le progrès. Mais encore, faut-il
22:40 bien remplacer ? C'est toujours le souci.
22:42 On appelle ça, vous savez, dans la culture, la culture
22:44 "wow" qui est très bien, mais
22:46 on s'étonne que ça ne vende pas.
22:48 C'est surprenant,
22:50 parce que quand on supprime la quête du vrai
22:52 ou la recherche du beau par la soumission
22:54 ou l'exigence du bien, forcément,
22:56 ça n'intéresse pas grand monde. Encore un an,
22:58 et je vous parie qu'on va se rendre compte que le fameux bien
23:00 qui ne nécessite ni effort, ni réflexion,
23:02 ni talent pour consacrer le premier débile venu
23:04 comme artiste, on va découvrir que ça n'intéresse
23:06 pas grand monde, finalement. Parce que
23:08 le problème, c'est que quand on appréhende la culture comme un vecteur
23:10 de rééducation,
23:12 la schlag, finalement, sauf si on est
23:14 maso, c'est pas très intéressant, c'est pas très
23:16 séduisant. Mais l'avantage, c'est qu'ils sont
23:18 globalement incultes. Donc, ils n'imaginent
23:20 pas le boulot qu'il va y avoir derrière.
23:22 Imaginez le jour où ils vont découvrir, par exemple, la partition
23:24 de Little Nigger de Claude Debussy
23:26 en version piano ou clarinette, comme vous voulez.
23:28 Bon, ils ont déjà fait le coup avec Agatha Christie, là, on sait qu'ils vont
23:30 changer le titre. Sur la littérature, on peut
23:32 s'amuser. Moi, je rêve de voir une chose,
23:34 c'est Solène Rousseau découvrir Rousseau,
23:36 Jean-Jacques, non, Émile.
23:38 Quand il écrit, par exemple, les petites filles
23:40 apprennent à écrire pugnance à lire et à écrire,
23:42 mais quant à tenir l'aiguille, c'est ce qu'elles apprennent toujours
23:44 volontiers. Moi, je pense que
23:46 Jean-Jacques, il va passer à sainte-quart d'heure, mais là où il y a le plus de boulot,
23:48 c'est dans le cinéma de papa, le cinéma populaire
23:50 bien franchouille. Par exemple,
23:52 prenez "Les tontons-flingueurs", film
23:54 évidemment que tout le monde regarde
23:56 et fait des scores d'audience énorme quand il repasse à la télévision.
23:58 Dès le début, paf, on tombe
24:00 sur une chaîne homophobe. Je cite
24:02 "Chez moi, quand tous les hommes parlent, les gonzesses se taillent",
24:04 dit le Mexicain qui est le chef mafieux. Il dit ça en regardant
24:06 l'ami Otto, Otto qui est évidemment
24:08 un Allemand, comme de par hasard, c'est le méchant
24:10 du film, un peu plus si on avait droit à la
24:12 belle bonnard, donc vous imaginez l'homophobie.
24:14 Le problème, c'est que, bah, s'il
24:16 commence à vraiment s'intéresser à la culture,
24:18 la tâche est immense et là on va créer une nouvelle filière
24:20 de métiers sous tension, on va voir qu'ils auront une raison
24:22 pour faire venir une immigration supplémentaire.
24:24 J'ai décelé une pointe d'humour british dans
24:26 la première partie de votre édito
24:28 sur les anglais.
24:30 Dans la deuxième partie, vous allez recevoir
24:32 Florence Bergeau-Blacker,
24:34 auteure de "Le frérisme et ses réseaux",
24:36 toute une enquête sur le pouvoir des frères
24:38 musulmans, donc je dis au téléspectateur
24:40 de rester avec nous, et c'est dans un instant.
24:42 Quasiment 20h30 sur CNews,
24:48 le point sur l'information avec Isabelle
24:50 Puyboulot, et puis ensuite c'est la deuxième partie
24:52 de "Face à beauccôté".
24:54 Face à la sécheresse qui gagne la France,
24:58 Emmanuel Macron veut anticiper.
25:00 Le chef de l'État, qui vient de
25:02 quitter le salon de l'agriculture,
25:04 a appelé à un plan de sobriété sur
25:06 l'eau, sur le modèle de la sobriété
25:08 énergétique. Le président a évoqué
25:10 la fin de l'abondance.
25:12 Le territoire fait face à un déficit
25:14 de pluie record de plus d'un mois,
25:16 faisant craindre, comme l'été dernier,
25:18 des problèmes de raréfaction d'eau.
25:20 À Saint-Brévin, en Loire-Atlantique,
25:22 un futur centre d'accueil de
25:24 demandeurs d'asile continue de diviser.
25:26 De nouvelles manifestations
25:28 de partisans et d'opposants ont
25:30 eu lieu aujourd'hui, rassemblant
25:32 respectivement 900 et 380
25:34 personnes. Les opposants au projet
25:36 déplorent la proximité entre
25:38 le futur centre et une école.
25:40 Des protestations s'étaient déjà tenues
25:42 le 11 décembre dernier.
25:44 Et puis dans l'actualité internationale,
25:46 échec du G20 finance en Inde.
25:48 Les ministres ont achevé leur réunion
25:50 sans parvenir à un communiqué
25:52 commun en raison de divergences
25:54 sur la guerre en Ukraine. La Russie
25:56 a accusé les Occidentaux d'avoir
25:58 déstabilisé le sommet, en tentant
26:00 de faire adopter par chantage
26:02 un passage sur l'Ukraine. Seule la
26:04 Chine et la Russie n'ont pas approuvé
26:06 deux paragraphes sur le sujet.
26:08 ...
26:10 - La deuxième partie
26:12 de Face à Beaucoter, toujours avec Mathieu Beaucoter
26:14 bien sûr, Arthur de Vatrigan, il nous a
26:16 rejoint sur ce plateau, Florence Bergeau
26:18 Blacklère, merci d'être avec nous. Vous êtes
26:20 auteure de "Le frérisme et ses réseaux",
26:22 une enquête sur le pouvoir des frères musulmans.
26:24 Pourquoi avez-vous invité,
26:26 cher Mathieu, Florence Bergeau Blacklère ?
26:28 - C'est l'avantage d'avoir des amis. Quelquefois,
26:30 on m'a recommandé ce livre, en me disant qu'il était
26:32 essentiel. Je l'ai pris, je l'ai lu,
26:34 et absolument, il est essentiel.
26:36 La prochaine étape, c'est de recevoir l'auteur.
26:38 Madame, bonjour.
26:40 - Bonjour. - Alors, question première,
26:42 je redis le titre, "Le frérisme et ses réseaux,
26:44 l'enquête", c'est une enquête
26:46 sur l'idéologie, et plus largement, d'ailleurs,
26:48 pour le mouvement qu'on associe aux frères musulmans,
26:50 mais pas seulement.
26:52 Tâche première, tâche de définition,
26:54 qu'appelez-vous "le frérisme" ? Est-ce que c'est
26:56 l'équivalent de l'islamisme, ou c'est quelque chose de plus
26:58 précis, de plus particulier ?
27:00 - Alors, sur le titre, effectivement, c'est une enquête,
27:02 mais c'est une enquête de très longue durée,
27:04 puisque moi, j'ai rencontré les frères musulmans,
27:06 c'était il y a 30 ans,
27:08 à Bordeaux, c'était une petite équipe
27:10 de...
27:12 de prédicateurs
27:14 qui s'étaient installés, des étudiants, en fait,
27:16 qui s'étaient installés à Bordeaux, et qui
27:18 avaient donc ouvert une mosquée
27:20 que moi, je ne savais pas frériste à l'époque,
27:22 mais qui commençait
27:24 déjà à... C'était l'équipe de Bordeaux,
27:26 qui deviendra plus tard une équipe
27:28 importante au sein de l'UOIF. Donc c'est une
27:30 enquête de longue durée, et effectivement,
27:32 ce que j'ai essayé de faire,
27:34 c'est de donner à voir, en fait,
27:36 comment pensent, en fait, les frères
27:38 musulmans, et quand je dis
27:40 les frères musulmans,
27:42 je...
27:44 je l'élargis, en fait, à un deuxième cercle
27:46 que j'appelle le frérisme.
27:48 C'est-à-dire qu'il y a effectivement la confrérie des frères musulmans,
27:50 avec des gens, des membres
27:52 assermentés, et autour, il y a un
27:54 cercle de gens qui partagent
27:56 la même doctrine, la même idéologie,
27:58 mais qui la serrent sans être
28:00 partie prenante de cette confrérie.
28:02 Alors, et c'est ce que j'appelle
28:04 le frérisme, pour en donner une définition,
28:06 disons que je le distingue de l'islamisme
28:08 et du djihadisme.
28:10 Le djihadisme, c'est la forme violente
28:12 de...
28:14 de prédication, de dawah.
28:16 L'islamisme, c'est une forme
28:18 politique qui...
28:20 qui veut...
28:22 qui veut prendre le pouvoir,
28:24 et donc qui négocie
28:26 avec un État. Donc ça, on le retrouve
28:28 dans les pays musulmans.
28:30 Et puis le frérisme, c'est une forme
28:32 transnationale qui s'appuie
28:34 plutôt sur des forces économiques,
28:36 culturelles, sans passer
28:38 par le politique. Enfin, en contournant
28:40 le politique, et qui
28:42 aime bien s'adresser
28:44 à des entités
28:46 comme l'Union européenne,
28:48 comme l'ONU, vous voyez des...
28:50 - Alors, on viendra sur l'Union européenne
28:52 dans un instant, mais un autre élément
28:54 de la définition, avant justement de s'intéresser
28:56 à la question de l'Europe particulièrement.
28:58 Vous nous dites, quand on vous dit qu'il ne s'agit
29:00 pas seulement d'une idéologie, comme on préfère
29:02 le portrait du communisme,
29:04 le portrait du socialisme, le portrait de l'écologisme.
29:06 Vous nous dites que c'est aussi un projet, et même
29:08 un projet organisé. Et vous prenez la peine de dire
29:10 que c'est pas un projet organisé.
29:12 Ça ne relève pas du complotisme,
29:14 parce qu'on peut documenter le fait
29:16 qu'il s'agit d'un projet organisé, avec une stratégie,
29:18 et ainsi de suite. Est-ce que je vous comprends bien?
29:20 - Oui, certement. Les frères musulmans
29:22 ne sont pas...
29:24 ne sont pas un groupe particulier,
29:26 une tendance, une doctrine particulière.
29:30 Ils sont... Ils veulent, en fait,
29:32 l'émergence d'un mouvement islamique.
29:34 Et ce qui les intéresse, en fait,
29:38 c'est de créer la société islamique mondialisée.
29:42 Et donc, ils sont portés sur l'action.
29:44 C'est ce que j'appelle un système d'action.
29:46 Donc, ce n'est pas une tendance.
29:48 Jusqu'à présent, ça a été étudié,
29:50 surtout en Europe, comme une tendance
29:52 parmi les salafistes, les réformistes, etc.
29:54 Pour moi, c'est plutôt un système d'action.
29:56 Donc, j'ai fait référence
29:58 à la sociologie des organisations.
30:00 Et ce qu'ils veulent, c'est rassembler
30:02 l'ensemble des composantes de l'islam
30:04 pour les orienter, les guider
30:06 vers le califat,
30:08 c'est-à-dire l'accomplissement
30:10 de la prophétie califale.
30:12 Et donc, ils sont axés
30:14 sur l'extrême-droite,
30:16 ils sont axés sur les stratégies,
30:18 sur le fait d'amener tout le monde
30:20 vers ce but-là.
30:22 Et il ne se pose pas de questions théologiques.
30:24 Ce sont des théocrates
30:26 et pas des théologiens.
30:28 - Alors, vous nous dites, et ça, c'est important,
30:30 c'est un projet d'islamisation du monde au sens large,
30:32 c'est-à-dire une forme d'islam mondialisé,
30:34 mais avec une cible particulière.
30:36 Et c'est votre quatrième chapitre,
30:38 l'euro-islam des frères, les structures.
30:40 Donc, vous nous dites que, si je comprends bien,
30:42 encore une fois, une des cibles privilégiées,
30:44 peut-être même la cible privilégiée
30:46 pour l'instant du frérisme,
30:48 c'est l'Europe,
30:50 qui est peut-être vue comme le ventre mou du monde,
30:52 à tout moins la cible maintenant,
30:54 c'est l'Europe qu'il s'agit soit de conquérir,
30:56 soit d'islamiser. Vous me direz quel terme est le bon.
30:58 Mais pourquoi l'Europe, et depuis quand l'Europe?
31:00 - Alors, juste avant,
31:02 je vais compléter ma définition du frérisme.
31:04 C'est la vision, l'identité et le plan.
31:06 VIP, c'est un jeu de mots
31:08 sur cette confrérie,
31:10 c'est la vision, l'identité et le plan.
31:12 C'est un jeu de mots sur cette confrérie
31:14 qui se considère un petit peu comme
31:16 l'aristocratie des mouvements islamistes.
31:18 Donc, ils partagent une vision
31:20 qu'ils veulent imposer, une vision de l'histoire,
31:22 une vision du futur, qu'ils imposent
31:24 dès la maternelle aux enfants.
31:26 Ils partagent aussi un sens
31:28 de l'identité transnationale,
31:30 c'est l'identité musulmane avant toutes
31:32 les autres identités qui sont alors secondaires.
31:34 Et ils ont
31:36 une vision effectivement
31:38 programmatique du plan.
31:40 Ils doivent avancer vers le califat.
31:42 Donc, comment procèdent-ils ?
31:44 Ils procèdent par
31:46 l'influence, le noyautage
31:48 et donc
31:50 par secteur.
31:52 C'est-à-dire, jusqu'à présent, on a étudié
31:54 les territoires
31:56 perdus de la République,
31:58 disons,
32:00 avec une conception de
32:02 l'islamisme territorialisé.
32:04 En réalité, les frères
32:06 procèdent par infiltration de secteurs
32:08 entiers. Donc, le secteur
32:10 de l'éducation, de l'université, c'est le
32:12 premier secteur qu'ils visent. Ensuite,
32:14 l'éducation, ensuite
32:16 les médias, bien sûr.
32:18 Et puis, l'armée,
32:20 la justice, les prisons, etc. Ils sont présents
32:22 partout. Alors, il y a
32:24 des... Alors, dans
32:26 ces secteurs-là, depuis
32:28 un certain nombre d'années, notamment dans la
32:30 recherche, par exemple, l'Union européenne est très
32:32 active pour financer la recherche. Donc,
32:34 évidemment, ils se sont tournés
32:36 vers là où ça se passe, c'est-à-dire là
32:38 où il y a l'argent qui va
32:40 ensuite donc permettre
32:42 ces études sur l'islam,
32:44 sur l'islamophobie.
32:46 Et ce
32:48 qui est frappant,
32:50 c'est leur instrumentalisation
32:52 de l'islamophobie. Alors,
32:54 par exemple, il y a
32:56 trois fonctions
32:58 de lutte
33:00 contre l'islamophobie.
33:02 C'est d'abord, et ça a été
33:04 assez bien travaillé,
33:06 faire taire toute critique
33:08 de l'islam pour
33:10 imposer et imposer le contrôle du langage,
33:12 culpabiliser,
33:14 la défiance, et tout ça, ça a
33:16 touché l'ensemble de la société.
33:18 Mais c'est aussi empêcher
33:20 l'assimilation des différents
33:22 courants de l'islam en interdisant
33:24 sa fragmentation. Quand vous avez une religion
33:26 transplantée, nécessairement,
33:28 elle s'adapte
33:30 à l'environnement et elle se
33:32 fracture, elle se fragmente.
33:34 Et bien là, l'allégeance
33:36 à l'oumah est
33:38 imposée et il ne faut pas se diviser
33:40 parce que sinon, on fera le jeu
33:42 des islamophobes.
33:44 Et la troisième chose, c'est que
33:46 l'institutionnalisation de l'islamophobie,
33:48 et ça, c'est vraiment une idée
33:50 malheureuse de l'Union européenne,
33:52 avec sa Madame Islamophobie qui a été
33:54 nommée très récemment,
33:56 c'est rééduquer
33:58 les masses dans tous les secteurs,
34:00 donc les médias, l'éducation,
34:02 l'université, le régalien,
34:04 j'en ai parlé, et comment ?
34:06 À partir des rapports sur l'islamophobie.
34:08 Donc le rapport sur l'islamophobie,
34:10 c'est pas seulement compter les actes
34:12 islamophobes, c'est aussi faire des propositions
34:14 de rééducation d'une société
34:16 qui serait perdue dans le racisme,
34:18 dans l'islamophobie.
34:20 Autrement dit, nos sociétés, je parle au néo-nouveau
34:22 occidental, mais réagissent
34:24 soit à l'immigration musulmane massive, soit
34:26 à la poussée de l'islamisme, et le
34:28 frérisme traduit cette réaction
34:30 en islamophobie. - Voilà, c'est ça.
34:32 - Alors, vous avez évoqué, je me permets
34:34 d'y revenir, la question de l'Europe, parce que c'est un chapitre,
34:36 donc celui sur l'euro-islam, qui me
34:38 semble assez important. Vous nous dites
34:40 qu'il y a une visée mondiale,
34:42 une visée mondialiste, et ensuite,
34:44 il y a un territoire à conquérir en particulier, c'est l'Europe,
34:46 et notamment les institutions de l'Union européenne.
34:48 Et vous semblez dire, si je vous comprends
34:50 bien, qu'il y a une perméabilité particulière
34:52 de l'Union européenne au discours
34:54 frériste. Est-ce que je vous comprends bien ?
34:56 - Oui, alors, ça s'est passé
34:58 à peu près au milieu des années 2000,
35:00 on a vu qu'il y avait
35:02 une défiance grandissante vis-à-vis
35:04 des institutions européennes, et donc
35:06 la Commission européenne
35:08 a commencé à s'interroger sur
35:10 comment, finalement,
35:12 faire que
35:14 les Européens aiment l'Union européenne,
35:16 en gros. Et donc, ils se sont
35:18 adressés à toutes
35:20 les composantes de la société,
35:22 et notamment aux religions. Ils ont fait
35:24 appel aux religieux, et
35:26 parmi les composantes religieuses
35:28 musulmanes, ceux qui se
35:30 sont présentés immédiatement, parce qu'ils étaient déjà
35:32 très bien structurés sur l'ensemble du
35:34 territoire européen, ce sont les frères musulmans.
35:36 Et là, ils ont commencé, donc,
35:38 à pénétrer les institutions, et notamment
35:40 les réseaux antiracistes,
35:42 qui sont, en fait,
35:44 des réseaux
35:46 qui financent tous les
35:48 groupes fréristes qui se sont spécialisés
35:50 dans la lutte contre l'islamophobie,
35:52 et dont ils estiment être les propriétaires.
35:54 – Arthaud de Matrigan.
35:56 – Et justement, dans
35:58 l'origine des fonds,
36:00 quel est le rôle de la fondation
36:02 de Soros, l'Open Society,
36:04 dans le financement des fréristes,
36:08 et notamment sur l'islamophobie ?
36:10 Et deuxième question, est-ce qu'ils sont complices,
36:12 ou est-ce qu'ils sont juste candidats, et Soros,
36:14 et l'Union européenne ?
36:16 – Alors, complices de quoi ?
36:18 Ils sont porteurs d'une idéologie
36:20 diversitaire,
36:22 c'est tout à fait clair.
36:24 Ils ont financé, et notamment,
36:26 Soros, en effet, a financé, depuis le début
36:28 des années 2000,
36:30 quantité
36:32 d'études sur
36:34 l'islam, qui sont en réalité
36:36 des études sur la
36:38 discrimination à l'égard des musulmans.
36:40 Donc, en fait, cet argent
36:42 qui aurait dû aller
36:44 à la recherche sur l'islam, et notamment
36:46 sur ses dérives actuelles,
36:48 sont arrivés finalement
36:50 dans les portemonnaies
36:52 des gens qui travaillaient
36:54 sur l'islamophobie, sur la discrimination.
36:56 Et ça, évidemment,
36:58 pour la recherche
37:00 sur l'islam, ça a été
37:02 une catastrophe. On est une
37:04 poignée aujourd'hui à travailler sur l'islam
37:06 en France. Donc, il y a eu
37:08 détournement, effectivement, de fond
37:10 sur ces études-là.
37:12 – Alors, je vous cite,
37:14 à propos du discours frériste
37:16 sur l'Europe. "Le but n'est
37:18 pas d'adapter l'islam à l'Europe",
37:20 ce qu'on pourrait appeler l'intégration ou l'assimilation,
37:22 "le but n'est pas d'adapter l'islam
37:24 à l'Europe, mais à l'inverse,
37:26 d'adapter l'Europe à l'islam".
37:28 Alors, qu'est-ce que ça voudrait dire,
37:30 dans la perspective frériste,
37:32 une Europe adaptée à l'islam ?
37:34 – Eh bien, c'est la rendre charia-compatible.
37:36 C'est-à-dire, lui...
37:38 C'est-à-dire,
37:40 chaque fois qu'on s'oppose
37:42 à une de leurs demandes,
37:44 on va leur hurler à l'islamophobie
37:46 et donc,
37:48 prétendre qu'il s'agit-là
37:50 d'une discrimination pour que nous plions
37:52 et finalement,
37:54 acceptions au nom
37:56 de la diversité, des pratiques
37:58 qui sont en contradiction
38:00 avec nos valeurs.
38:02 – Alors, oui, poursuivez.
38:04 – Et c'est vrai dans tous les secteurs,
38:06 c'est-à-dire que, par leur système
38:08 d'entrée, ils vont faire
38:10 entrer ces discours-là
38:12 dans chaque secteur.
38:14 Donc, on va les retrouver,
38:16 parce que les frères musulmans,
38:18 à l'origine,
38:20 c'est un groupe un peu sectaire,
38:22 mais qui n'a pas les habitudes des sectes
38:24 de sortir les individus
38:26 de leur milieu. Au contraire,
38:28 ils endoctrinent
38:30 dans le milieu même,
38:32 pour que l'individu endoctriné
38:34 endoctrine son milieu.
38:36 Donc, il fait ça sur une très longue durée.
38:38 Vous avez des gens qui infiltrent
38:40 leur milieu sur des années et des années,
38:42 donc dans tous les secteurs
38:44 de la société. Et donc, ça nous habitue
38:46 à cette présence islamique
38:48 avec ces valeurs,
38:50 avec ces pratiques
38:52 du halal, le voile, etc.,
38:54 qui, peu à peu,
38:56 sont expliquées,
38:58 accommodées à l'environnement.
39:00 Et ça,
39:02 tous les Français peuvent le voir,
39:04 ils ne sont pas obligés d'habiter dans le 93.
39:06 C'est vrai sur tout le territoire.
39:08 - Vous nous dites que c'est rendre l'Europe
39:10 charia-compatible. - Oui.
39:12 - Mais ça, je devine que c'est une étape.
39:14 Vu l'évolution démographique,
39:16 est-ce qu'à terme, il y a autre chose?
39:18 Une Europe où, finalement, l'islam serait,
39:20 pour le frérisme, on s'entend,
39:22 la norme, et finalement,
39:24 les peuples historiques d'Europe
39:26 ou les cultures historiques d'Europe
39:28 seraient en situation de subordination?
39:30 - En tout cas, c'est ce qu'ils veulent,
39:32 c'est ce qu'ils disent. Je n'invente rien.
39:34 C'est pour ça que ce n'est pas du complotisme.
39:36 Le carnaval d'Aoui s'est appuyé sur Maoudoudi,
39:38 par exemple. Ce n'est pas seulement
39:40 la branche arabe, c'est aussi la branche
39:42 indo-pakistanaise. C'est ce qu'ils disent.
39:44 Je montre, je traduis dans ce livre
39:48 un texte de Youssef el-Kardaoui
39:51 qui dit ce qui va arriver dans les 30 prochaines années.
39:54 On est en 1990.
39:56 C'est effectivement tout ce qu'il avait prédit
39:58 ou prophétisé,
40:00 c'est effectivement réalisé.
40:02 Ils travaillent par plan.
40:04 Ils ont toujours travaillé par plan secret
40:06 ou par plan public,
40:08 comme le texte, par exemple, de l'ISESCO.
40:10 Ce n'est pas du complotisme,
40:13 c'est juste leur façon d'agir.
40:15 Comme je le disais, ce sont des théocrates
40:17 et pas des théologiens. Ce qui les intéresse,
40:19 c'est d'amener tout le monde vers la même direction.
40:21 - Je vous pose une question toute simple.
40:23 Puisqu'ils le disent,
40:25 je suis votre ouvrage,
40:27 puisque le projet est annoncé,
40:29 puisqu'il est affiché, comment se fait-il
40:31 que les autorités, ici, politiques,
40:33 intellectuelles, médiatiques, ne prennent pas au sérieux
40:35 ce projet s'il est aussi clairement affiché,
40:37 si je suis votre thèse ?
40:39 - C'est une question que je pourrais retourner.
40:42 Je ne comprends pas, en fait.
40:44 Je ne comprends pas pourquoi,
40:46 alors que les renseignements
40:50 sont évidemment au courant de cela,
40:54 pourquoi est-ce que les politiques
40:57 qui sont directement informées ne font rien ?
40:59 Ça, c'est un mystère.
41:01 Je ne sais pas.
41:03 - Je vous soumène une pièce qui est présente
41:05 un peu dans votre ouvrage, mais je vous invite
41:07 à la développer. Vous nous dites que le frérisme
41:09 a appris à parler de la démocratie,
41:11 des droits de l'homme et du libéralisme.
41:13 Autrement dit, il présente ses revendications
41:15 comme autant de revendications minoritaires
41:17 auxquelles nous ne savons pas répondre
41:19 parce qu'on a l'impression qu'elles sont compatibles
41:21 avec notre univers mental. Autrement dit,
41:23 ils ont appris à retourner l'état de droit
41:25 et la démocratie contre nous.
41:27 Est-ce que je vous comprendrais correctement là-dessus ?
41:29 - Je vous comprends. Ça s'appelle l'islamisation
41:31 de la connaissance. Encore une fois,
41:33 ce n'est pas un terme que j'invente.
41:35 Ils l'ont théorisé dès les années 1970.
41:37 Leur objectif, effectivement,
41:39 c'est de reprendre le savoir occidental
41:41 et de le réinterpréter
41:43 selon l'islam.
41:45 Ils voient très loin,
41:47 beaucoup plus loin que nous.
41:49 Quand je disais, je ne sais pas,
41:51 pourquoi est-ce que les politiques...
41:53 Bien sûr, il y a la question du vote musulman.
41:55 On a vu que l'LFI, par exemple,
41:57 est complètement prisonnier du vote musulman
41:59 et que les élus
42:01 voient en face d'eux
42:03 des gens plutôt bien, qui sont toujours
42:05 dans la loi. Je veux dire, les frères agissent
42:07 toujours dans le cadre de la loi.
42:09 Donc, ils n'apparaissent pas menaçants.
42:11 Donc, il faut effectivement, maintenant,
42:13 former les gens à comprendre
42:15 ce qui se cache derrière.
42:17 Ils ont
42:19 beaucoup documenté, ils ont beaucoup écrit.
42:21 Ils sont rusés.
42:23 Ils utilisent la ruse. Certains appellent
42:25 ça la taquilla. Je pense que la ruse,
42:27 c'est la dissimulation.
42:29 Et voilà. Donc, il faut
42:31 les prendre au sérieux. Je pense qu'on
42:33 ne les a pas suffisamment pris au sérieux.
42:35 – Arthur Le Matrigant. – Vous expliquez
42:37 qu'ils ont un filtre partout, y compris
42:39 en politique. Les verts, la gauche,
42:41 on l'avait remarqué. Ils ne se cachent même plus.
42:43 Mais aussi la droite, et notamment sur le terrain économique.
42:45 Est-ce que le Qatar joue un rôle
42:47 dans cette conquête ou dans
42:49 cette infiltration par l'économie ?
42:51 – Au fond, non. C'est le monde entier.
42:53 Le marché halal, que j'ai étudié
42:55 dans mon précédent livre,
42:57 "Le marché halal ou l'invention d'une tradition",
42:59 qui est vraiment le fruit d'une alliance
43:01 entre néolibéralisme et néofondamentalisme.
43:03 Tous les pays du monde, en fait,
43:05 participent à la création d'un
43:07 espace normatif du halal
43:09 qui est très fréro-compatible.
43:11 Ça, c'est clair.
43:13 Donc, le Qatar joue ce jeu-là.
43:15 Mais le Qatar joue un jeu
43:17 beaucoup plus pervers,
43:19 notamment à travers la chaîne
43:21 AJ+
43:23 puisque, en contradiction totale
43:25 avec les valeurs du frérisme,
43:27 il promeut des valeurs
43:29 LGBT, woke, etc.,
43:31 qui sont totalement
43:33 incompatibles avec le frérisme.
43:35 Mais c'est une façon
43:37 d'influencer ou d'abattir
43:39 peut-être les masses occidentales
43:41 que l'on va ensuite islamiser.
43:43 – Alors, je reviens et je vous poserai
43:45 une question finale, toute simple.
43:47 Comment résister si désir de résistance
43:49 il y a? Mais avant de se rendre là,
43:51 je voudrais vous entendre un peu sur un concept
43:53 que vous avez évoqué, qui est dans le livre aussi,
43:55 sur l'islamisation de la connaissance.
43:57 Donc, cette idée qu'on peut récupérer
43:59 le savoir engendré, peut-être par les Lumières,
44:01 à tout le moins par le monde occidental,
44:03 mais l'inscrire dans une logique islamiste.
44:05 Alors, qu'est-ce que c'est exactement
44:07 cette islamisation de la connaissance?
44:09 – C'est assez simple, en réalité.
44:11 C'est simplement reprendre l'ensemble
44:13 des connaissances produites par les Occidentaux
44:15 et par l'Europe des Lumières
44:17 et de les réunir pour s'adapter
44:19 à ce qui est licite.
44:21 C'est-à-dire qu'il y a des champs
44:23 où on n'ira pas, sur la question
44:25 homme-femme, etc.
44:27 Ça, c'est un domaine interdit.
44:29 Tout a été décidé dans le Coran,
44:31 dans la Sunna.
44:33 Il y a deux espèces humaines,
44:35 il y a l'espèce masculin et l'espèce féminin.
44:37 Et donc, tout ça, ça ne peut pas
44:39 être remis en question.
44:41 Alors, les avions pourront continuer
44:43 à voler, ça ne va pas changer
44:45 le plan des sciences dures.
44:47 Mais pour les sciences sociales, ça change
44:49 évidemment beaucoup de choses.
44:51 – Alors, il nous reste 3 minutes environ,
44:53 j'en aurais des questions pour 20 minutes.
44:55 Alors, quelques questions plus rapides.
44:57 Le rapport à la violence, alors devant,
44:59 lorsqu'il y a les attentats, le frérisme,
45:01 il est indifférent, le rapport
45:03 instrumental à ça, il applaudit, il s'en désole ?
45:05 – Il est pragmatique et économique.
45:07 C'est-à-dire, pour lui,
45:09 si ça sert ses intérêts supérieurs,
45:11 ça va. Mais il n'a pas d'appétence
45:13 particulière pour la violence, surtout
45:15 dans nos sociétés pacifiées, parce que c'est
45:17 beaucoup d'ennuis, c'est la police, etc.
45:19 Donc, ce n'est pas sa stratégie,
45:21 son domaine, enfin,
45:23 sa façon de faire privilégiée,
45:25 c'est certain.
45:27 Mais elle peut servir, et notamment
45:29 pour agiter la question de l'islamophobie,
45:31 puisque chaque fois qu'il y a
45:33 une attaque djihadiste, eh bien,
45:35 on agite le problème de l'islamophobie
45:37 qui a les vertus que j'ai dites tout à l'heure.
45:39 – Alors, il nous reste 2 minutes 15 secondes.
45:41 Question toute simple, j'y reviendrai,
45:43 ou question très complexe.
45:45 Est-ce qu'il est possible de résister au frérisme?
45:47 Désolé qu'on ne le fasse pas,
45:49 mais à la fin de votre ouvrage,
45:51 vous nous dites qu'il y a néanmoins des pistes
45:53 pour à tout le monde commencer à lui tenir tête,
45:55 peut-être l'endiguer, peut-être le faire effluer.
45:57 Comment? Que faire, comme dirait Lénine?
45:59 – Oui, déjà, comprendre comment il fonctionne.
46:01 Moi, je suis étonnée de voir qu'on a mis
46:03 tellement de temps, peut-être 30 ou 40 ans,
46:05 ça fait 50 ans maintenant que les frères
46:07 sont présents en Europe,
46:09 et on n'a toujours pas compris comment ils fonctionnent.
46:11 Parce que, comme je le disais,
46:13 les études sur l'islam ont été arrêtées,
46:15 au profit des études sur l'islamophobie,
46:17 parce qu'on a joué leur jeu,
46:19 parce que malheureusement,
46:21 tenir un discours comme je tiens aujourd'hui,
46:23 c'est être accusé de jouer le jeu d'eux, etc.
46:25 Enfin, voilà, maintenant,
46:27 je pense que, puisque ce livre a pu sortir,
46:29 quand même, je pense que, voilà,
46:31 ça a sauvé le monde,
46:33 et je pense que,
46:35 quand même, je pense que,
46:37 voilà, ça ouvre le débat,
46:39 on va pouvoir peut-être en discuter,
46:41 voir comment ça fonctionne.
46:43 Peut-être qu'il y a des gens qui vont voir ça
46:45 à l'autre bout de la France,
46:47 dans leur petit milieu professionnel, etc.,
46:49 et prendre conscience qu'il y a peut-être
46:51 quelque chose qu'ils puissent faire,
46:53 qu'on peut faire collectivement,
46:55 mais c'est vrai que ça demande de l'intelligence,
46:57 ça demande de prendre au sérieux
46:59 l'intelligence de ses ennemis.
47:01 Et ça, pour le moment,
47:03 ça n'a pas été le cas.
47:05 On avait complètement sous-estimé leur capacité.
47:07 - Alors, ça, vous nous dites de les comprendre,
47:09 être capable de savoir comment ils fonctionnent,
47:11 sur le plan politique,
47:13 est-ce que vous sentez le début, l'amorce d'une réaction,
47:15 ou pour l'instant, vous avez l'impression un peu de crier dans le désert ?
47:17 - Ouais, pour l'instant,
47:19 j'ai un petit peu l'impression de crier dans le désert,
47:21 mais quand même, je sens, en tout cas,
47:23 par les réactions du public,
47:25 sur les réseaux sociaux, que quelque chose est en train de changer.
47:27 Donc, je suis un petit peu optimiste.
47:29 - Un peu optimiste ?
47:31 - 20 secondes.
47:33 Le sentiment que vous auriez que quelque chose s'éclaire
47:35 dans l'esprit des gens ?
47:37 Ou chez les politiciens, peut-être ?
47:39 - Oui, en tout cas, l'Union européenne,
47:41 arrêter de financer
47:43 les réseaux antiracistes
47:45 qui financent les Frères.
47:47 Ça, c'est évident que ça serait vraiment
47:49 un acte fort.
47:51 - Merci beaucoup.
47:53 Je rappelle votre ouvrage
47:55 "Le frérisme et ses réseaux",
47:57 Florence Bergeau-Blaclair.
47:59 Vous avez été invitée
48:01 dans d'autres médias pour en parler ?
48:03 - Oui, c'est essentiel.
48:05 - Merci à tous les deux.
48:07 On se retrouve la semaine prochaine.
48:09 ♪ ♪ ♪