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Mathieu Bock-Côté propose un décryptage de l’actualité des deux côtés de l’Atlantique dans #FaceABockCote

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00:00 Quasiment 20h sur CNews, le point sur l'information et ensuite face à Mathieu Bocoté.
00:05 Opération de sécurisation à la défense.
00:10 Les services de police sont mobilisés dans le quartier d'affaires en raison d'un possible suicide.
00:15 Dans le centre commercial des Quatre-Temps, un mouvement de panique a été engendré,
00:19 provoqué par un bruit puissant semblable à une détonation.
00:22 Selon les passants, la préfecture de police recommande d'éviter le secteur.
00:27 Selon l'un des passagers du véhicule de Pierre Palmad,
00:30 l'humoriste aurait insisté pour prendre le volant malgré son état sous cocaïne.
00:35 Sous bracelet électronique, Pierre Palmad est désormais assigné à résidence
00:39 à l'hôpital Paul Brousse de Villejuif au sein d'un service d'addictologie.
00:43 Et puis c'est une première, la Russie accusée par les Etats-Unis
00:47 d'avoir perpétré des crimes contre l'humanité en Ukraine.
00:50 Déclaration de la vice-présidente Kamala Harris qui prévient
00:54 que les responsables devront en rendre compte.
00:57 En presque un an de guerre, les Etats-Unis ont répertorié
01:00 plus de 30 600 cas de crimes de guerre commis par les forces russes.
01:05 La police tue, assassins, vous me faites vomir.
01:12 Voilà ce qu'on a pu entendre ces deux dernières semaines à l'Assemblée.
01:15 Le rapport avec les retraites, allez savoir.
01:18 En revanche, c'est à la gauche de la gauche de l'hémicycle que ces attaques ont fusé.
01:22 La tolérance d'une partie de la gauche est-elle sans limite ?
01:24 Où trouve-t-elle sa source ? Dans les médias ? Dans la rue peut-être ?
01:27 Élément de réponse avec Mathieu Bocoté.
01:30 A la une également de face à Bocoté, Vincent Cassel,
01:32 attaqué par les wokistes convaincus.
01:34 Pour misogynie, l'acteur français a eu le malheur de dire
01:37 "si les hommes deviennent trop féminins, il va y avoir un problème".
01:40 Alors pourquoi ça dérange ? Être un homme, le revendiquer, est-il devenu tabou ?
01:44 On en parle dans un instant.
01:45 Enfin ce samedi Mathieu, vous recevez la philosophe Julia de Funès,
01:48 auteure du "Siècle des égarés". Vous allez parler de l'identité, de la liberté et du travail.
01:53 Voilà le programme. Ravis de vous retrouver cher Mathieu Bocoté.
01:56 C'est un plaisir. Merci d'être avec nous également Arthur de Vintrigan.
02:01 On va commencer avec les sources de l'intolérance de la gauche.
02:06 Les dernières semaines ont été marquées par une manifestation décomplexée d'intolérance à gauche,
02:11 à l'Assemblée mais aussi dans la rue et dans la presse.
02:13 Elles semblent croire que les circonstances justifient qu'elles montent d'un cran.
02:17 C'est sur les ressorts idéologiques de ce rapport trouble avec l'indolérance
02:21 et même avec la violence que vous souhaitez revenir.
02:24 Oui absolument parce que c'est une séquence très particulière qu'on voit en ce moment
02:28 et qui se donne dans tous les domaines de la vie publique où une certaine gauche,
02:32 pas toute la gauche, je ne parle pas de la gauche sociale-démocrate classique,
02:35 mais une certaine gauche qui est aujourd'hui la gauche hégémonique dans son camp,
02:39 qui se permet justement de jouer avec un imaginaire révolutionnaire,
02:43 un imaginaire qui n'est pas loin du fanatisme.
02:45 Alors on a tous vu cette scène avec Thomas Porte qui avait devant lui un ballon
02:50 à l'effigie du ministre Dussopt, sur le mode de la tête qui roule en temps révolutionnaire
02:55 et il jouait au soccer, pardonnez-moi au foot, avec la tête du ministre,
03:00 donc sur le mode les têtes tomberont et la sienne tombera aussi.
03:05 Mais de manière, ça c'est la rhétorique à l'Assemblée,
03:08 on traite aussi des gens d'assassins, c'est sans limite, sans retenue.
03:11 Mais un événement très particulier a eu lieu ces derniers jours
03:14 et il vaut la peine d'y revenir, ça s'est passé à Marseille.
03:17 Alors Reconquête, le parti d'Éric Zemmour, veut ouvrir une permanence à Marseille.
03:22 Ils parviennent à l'ouvrir.
03:23 Un groupe de gauche, des groupes de gauche, s'en appellent à manifester
03:26 pour empêcher finalement l'ouverture de cette permanence.
03:30 200 personnes sont rassemblées pour l'essentiel, il y aura quelques interpellations.
03:35 Qu'est-ce qu'on voit avec cette séquence?
03:37 Une volonté très, très nette d'envahir les locaux s'il le faut,
03:41 d'empêcher la tenue de l'événement s'il le faut,
03:43 à tenu de créer une forme de périmètre qui empêcherait à l'événement d'avoir lieu.
03:48 Donc autrement dit, en démocratie, le droit de se rassembler, il est élémentaire,
03:52 le droit de tenir des associations politiques est élémentaire,
03:55 mais cette gauche radicale dit non, vous ne vous rassemblerez pas.
03:59 Et là, on pourrait dire normalement, c'est simplement des excités,
04:02 des encagoulés, des fou furieux malveillants qui se retrouveraient là,
04:06 des zombies agressifs.
04:08 Non, il y a aussi, on l'a vu sur une autre chaîne d'info,
04:12 un débat avec notamment un représentant, l'adjoint au maire, Théo Chalande,
04:17 qui est chargé de la lutte contre les discriminations,
04:19 et qui explique que s'il y a de la violence à Marseille,
04:22 elle est d'abord le fait des gens de tendances reconquêtes, et ainsi de suite,
04:26 il s'agirait d'une violence contre les racisés et les femmes.
04:29 Donc sachez, chers amis, que s'il y a de l'insécurité à Marseille,
04:32 c'est de la faute à la zémourie.
04:35 Et là, je vais citer un passage, parce que pourquoi veut-il interdire avec d'autres,
04:38 pourquoi voulait-il interdire avec l'autre cet événement?
04:41 Je le cite.
04:42 « Pour que son discours soit le moins audible possible,
04:45 parce qu'il n'est pas légitime, parce qu'en République,
04:48 ni le racisme, ni le sexisme, ni l'homophobie n'ont de place dans cette République,
04:52 et je crois que c'est le point de départ de tout contrat social,
04:55 et c'est là où Marseille est remarquable de savoir faire cela,
04:57 de savoir se défendre. »
04:59 Alors, je précise que le monsieur en question reconnaît que l'événement,
05:03 l'ouverture d'une permanence, c'est légal.
05:05 C'est légal, mais ce n'est pas recommandable.
05:07 Autrement dit, au-delà du droit, il y a la légitimité, selon Théo Chaland,
05:11 et que nous dit-il?
05:13 Il faut regarder la vidéo, c'est un truc de commissaire politique
05:16 qui parle avec la voix monocorde du commissaire politique,
05:19 persuadé d'être porteur d'une vérité révélée,
05:22 mais qui nous dit, je reviens, le droit, c'est un facteur mineur.
05:24 C'est certes légal, mais ce n'est pas permis moralement.
05:27 L'essentiel, la légitimité, c'est lui qui la fixe,
05:30 et ensuite les trois concepts sexisme, racisme, homophobie.
05:33 Alors, on comprend que ces trois réalités sont condamnables,
05:37 mais à gauche, on étire sans cesse la définition de ces concepts
05:40 pour, par exemple, aujourd'hui, au nom de la question du racisme,
05:43 on veut interdire toute critique de l'immigration massive.
05:45 Au nom du sexisme, on veut interdire toute critique du féminisme.
05:49 Et au nom de la lutte contre l'homophobie,
05:51 on veut interdire toute critique de l'idéologie du genre.
05:54 Et lorsque le dénommé Chaland dit que M. le lutte contre la discrimination
05:59 donne un exemple du racisme,
06:01 c'est notamment vouloir retirer une aide aux mineurs isolés étrangers.
06:05 C'est assez fascinant, le racisme est rendu là.
06:08 Qu'est-ce qu'on voyait dans cette manifestation,
06:10 donc la manifestation en tant que telle, et ensuite sa défense médiatique?
06:14 C'est une forme de haine inconsciente d'elle-même.
06:18 On connaît la formule des révolutionnaires,
06:19 pas de liberté pour les ennemis de la liberté,
06:21 mais aujourd'hui, on nous dit finalement,
06:23 c'est au nom de la lutte contre la haine
06:25 que nous nous permettrons nous-mêmes la haine.
06:27 Et là, qu'est-ce qu'on voit?
06:29 C'est une forme de fascination qu'on a vue ces dernières semaines
06:31 avec le film du Puy du Fou, mais pas seulement.
06:34 C'est le retour à 93.
06:36 On comprend que pour une partie de la gauche radicale,
06:38 elle n'aime pas la révolution, malgré 93, mais à cause de 93.
06:43 Une partie de la gauche radicale aime la révolution
06:45 parce que tout le monde juge ses débordements,
06:47 parce que pour elle, c'est le moment où la violence maximale est permise,
06:50 où les codes légaux tombent,
06:52 où il est permis parce que j'ai le bien et que vous êtes le mal,
06:55 parce que je suis la vertu révélée, je suis la vertu incarnée,
06:58 et vous êtes la lit de l'humanité, vous êtes un résidu à balayer,
07:01 vous êtes un bois mort de l'humanité.
07:03 Il est possible d'en finir avec vous,
07:05 mais de manière très concrète à l'Assemblée.
07:07 Ce sont tous ces gens insoumis, ces insoumis qui disent
07:09 jamais, jamais nous n'accepterons même de toucher du bout des doigts
07:12 les gens du Rassemblement national,
07:14 comme si tous les Français qui avaient voté pour eux
07:16 étaient aussi de sales lépreux.
07:18 - Cette intolérance, Mathieu, telle que vous la voyez,
07:20 elle n'est pas exclusive à la vie politique.
07:22 - Ah non, on la voit aussi dans les médias.
07:24 Qu'est-ce qu'on a vu cette semaine dans l'Ibé ?
07:26 Une volonté, encore une fois, de salir, d'humilier,
07:29 de souiller la figure de Michel Houellebecq.
07:32 Michel Houellebecq, grand écrivain,
07:34 aujourd'hui écrivain avec une dimension prophétique,
07:36 qui a compris l'époque dans ses profondeurs.
07:38 Vous savez, il y a des gens à gauche,
07:40 je l'appelle ça, des commissaires politiques
07:42 du journalisme de cas contact.
07:44 C'est des journalistes qui sont là,
07:46 vous êtes amis avec cette personne, qui est amie avec cette personne,
07:48 qui est amie avec cette personne, donc finalement,
07:50 vous êtes coupable de ce qu'aurait dit cette personne
07:52 en dormant la nuit.
07:54 C'est du journalisme, c'est très à la mode,
07:56 c'est vouloir faire tomber des statues.
07:58 On prend quelqu'un qu'on juge moralement inacceptable
08:00 parce qu'il ne pense pas à gauche,
08:02 et là, on va chercher à révéler sur lui
08:04 les vers grouillants derrière la statue.
08:06 On va chercher à l'humilier, on va chercher à le diaboliser,
08:08 et c'est ce qui va être le cas avec Houellebecq cette semaine.
08:11 Dans l'Ibé, une volonté, en fait,
08:13 d'abattre la statue Houellebecq.
08:15 Et je donne le tweet, notamment,
08:17 d'une commissaire politique
08:19 qui se fait passer comme journaliste
08:21 sur Twitter.
08:23 J'évite de donner son nom par politesse.
08:25 Houellebecq islamophobe, on le sait depuis toujours,
08:27 mais il s'était assagi, avait anesthésié les élites.
08:30 Il est fourbe, il cache, il réussit à endormir les élites.
08:33 Le flop d'année entière, romans sans polémique,
08:35 et le Nobel qu'il lui a filé entre les doigts
08:37 ont fait tomber les barrières.
08:39 Autrement dit, il est tellement aigri
08:41 qu'il redevient le méchant personnage qu'il est.
08:43 Autre exemple, J.K. Rowling,
08:45 dont le sort est assez intéressant.
08:47 J.K. Rowling, c'est la figure,
08:49 la mère de l'univers d'Harry Potter,
08:51 qui est aujourd'hui diabolisée à répétition
08:54 dans le monde anglo-saxon. Pourquoi?
08:56 Parce qu'elle s'entête à croire
08:58 qu'il ne suffit pas de se croire femme pour être femme.
09:00 Parce qu'elle considère que l'être femme,
09:02 c'est lié à un corps, une biologie,
09:04 c'est lié à l'intégralité de l'être.
09:06 Et si vous pensez comme ça,
09:08 on vous accuse de transphobie.
09:10 Et J.K. Rowling, aujourd'hui,
09:12 au coeur d'une campagne de diffamation permanente
09:14 pour chercher à l'humilier
09:16 de toutes les manières possibles.
09:18 Et encore une fois,
09:20 et on voit c'est quoi le prix,
09:22 J.K. Rowling a les moyens de se défendre.
09:24 Mais ils n'ont pas tous les moyens de se défendre.
09:26 Et vous comprenez, si vous êtes à l'université,
09:28 si vous êtes dans les médias,
09:30 si vous évoluez dans l'espace public,
09:32 vous comprenez que si vous transgressez
09:34 ce que la gauche radicale dit en ce moment,
09:36 voilà ce qu'est le racisme, voilà ce qu'est le sexisme,
09:38 voilà ce qu'est la transphobie,
09:40 si vous transgressez la définition du moment,
09:42 vous serez transformé en paria, vous serez ostracisé,
09:44 vous serez transformé en infréquentable.
09:46 Et ce qui est le plus profondément,
09:48 je dirais, des soubassements idéologiques,
09:50 c'est la certitude qu'a la gauche radicale
09:52 d'avoir le monopole du vrai, du juste et du bien.
09:54 Et si vous incarnez la figure rayonnante
09:56 de l'humanité sur d'elle-même, devant vous,
09:58 vous n'avez pas un contradicteur, vous avez un sous-humain
10:00 et tout est permis selon le cadre juridique
10:02 et on verra pour la suite.
10:04 - Mais cette intolérance, Mathieu,
10:06 est-elle exclusive à la gauche radicale?
10:08 - Et vous avez tout à fait raison de faire cette nuance.
10:10 Il y a la gauche radicale qui la pratique
10:12 de manière décomplexée parce qu'elle s'excite.
10:14 Elle est érotisée à l'idée de voir une forme de chaos social
10:16 où tout serait permis.
10:18 Mais il y a aussi une gauche institutionnelle
10:20 de régime qui, elle aussi,
10:22 croit à la légitimité de la censure.
10:24 Donc, c'est pas une violence, cette fois-là,
10:26 mais c'est une volonté de censure du contradicteur.
10:28 Et vous me pardonnerez de revenir un instant
10:30 sur Mme Rima Abdul-Malak,
10:32 qui, avec sa menace de fermeture
10:34 de deux chaînes de télévision...
10:36 On n'est pas au Tadjikistan,
10:38 on n'est pas en Moldavie,
10:40 on n'est pas dans une lointaine république soviétique
10:42 oubliée où le pouvoir menace
10:44 de fermeture des chaînes de télévision.
10:46 On est simplement, aujourd'hui, en France,
10:48 pays démocratique, libéral, admirable,
10:50 désiré à travers le monde,
10:52 qui fascine à travers le monde,
10:54 où la vieille logique révolutionnaire,
10:56 finalement, commande aussi le comportement
10:58 de ceux qui se disent centristes
11:00 et où on dit, finalement, il est possible
11:02 de fermer une chaîne. Autrement dit,
11:04 plus le régime, plus les élites, en fait,
11:06 plus les élites se sentent déconnectées,
11:08 abandonnées par le peuple,
11:10 par la personnalité sociale,
11:12 plus ils se disent qu'il faut être radical,
11:14 il faut mater, mater, mater
11:16 cette insurrection possible.
11:18 Et de quelle manière on mate l'insurrection?
11:20 On empêche tout autre discours sur la réalité
11:22 que le nôtre.
11:24 - Arthur De Vintrigan, sur cette intolérance
11:26 à gauche et pas seulement à la gauche
11:28 de la gauche, en quelque sorte.
11:30 - Vous savez, il y a deux types de personnes
11:32 qui osent tout. Il y a les cons,
11:34 comme l'a révélé audiard,
11:36 puis il y a la nuppesse. Ils sont assez fascinants.
11:38 C'est vrai, le beau, et surtout cette aisance
11:40 de ballerine russe qui lui permet
11:42 de se compromettre partout sans jamais salir son slip.
11:44 Mais je ne dis pas que la gauche
11:46 n'a jamais rien fait de bien, on ne va pas raisonner
11:48 comme un gauchiste, mais si l'on tire le bilan du XXe siècle,
11:50 disons qu'il y en a qui ont fini
11:52 dans les poubelles de l'histoire pour moins que ça.
11:54 Entre les quilles de champagne ouverts
11:56 à Pnoppen en 1975 pour fêter
11:58 les libérateurs qui vont zigouiller 2 millions de personnes
12:00 après, en passant par la promotion de la pédophilie
12:02 ou les votes du projet de Laval
12:04 en 1940, bon, le pédigré
12:06 est assez chargé, mais au moins eux, cette gauche-là,
12:08 n'en avaient jamais fait leur porte-étendard.
12:10 Avec El-Hafi et leurs alliés,
12:12 là on passe à autre chose, c'est que les immondices,
12:14 eux, ils les revendiquent, ce qui est assez merveilleux.
12:16 On a la groupe hydro-bespières qui revendiquent
12:18 les populicides et la terreur, on a Fabien Roussel
12:20 qui hésite à placer Staline
12:22 dans le camp des dictateurs alors que pourtant il a le record intergalactique
12:24 du nombre de cadavres en peu de temps.
12:26 On a le grand démocrate Pélenchon
12:28 qui admire Chavez et qui
12:30 explique que la République, c'est lui.
12:32 Donc avec tout ça, on touche un peu le sublime.
12:34 On ne parle pas de Sandrine Rousseau et de ses amis
12:36 qui, dès qu'elles ouvrent la bouche, ont l'impression qu'il y a un sécateur
12:38 à roupettes qui se remballe comme ça, qui sort.
12:40 Elles appellent ça la déconstruction. On connaît le programme,
12:42 c'est l'homme nouveau. Alors même si elles disent que
12:44 Mussolini c'est Marine Le Pen, l'homme nouveau, on sait à quoi ça fait référence.
12:46 Et si un jour, quelqu'un lui refourgue
12:48 les clés de l'Elysée, je ne vous raconte pas
12:50 les prix de l'immobilier qui vont grimper dans le maquis
12:52 dans les mois qui suivent. Bref.
12:54 Mathieu parlait de Michel Houellebecq
12:56 et en fait, Michel Houellebecq, ce qui est intéressant, c'est un cas
12:58 assez fascinant. Pourquoi ? Parce que Michel Houellebecq,
13:00 c'est en fait, si vous regardez, c'est un peu
13:02 l'ancien idole de la presse de gauche
13:04 malgré tout. Et aujourd'hui, il est accueilli
13:06 aux bazookas dès qu'il ouvre la bouche
13:08 ou qu'il sort un roman ou même un porno
13:10 comme si le porno était devenu le maître étalon de la morale
13:12 de l'Ibée et des Inrecuptibles.
13:14 C'est une bonne blague. Mais en fait, le problème
13:16 c'est que, comme le définit très bien mon confrère,
13:18 ami journaliste Romaric Sangar, c'est
13:20 Houellebecq, c'est un révélateur. Et c'est là où c'est fascinant
13:22 parce que par son œuvre, il met un coup de projecteur
13:24 sur ce que la plupart de nous reniflons
13:26 sans trop comprendre. Et il a souvent été
13:28 décrié pour ça. Il a été rétraité de réactionnaire,
13:30 d'islamophobe. Mais quand même, la presse
13:32 de gauche, souvent stalinienne, épargnait
13:34 Houellebecq. Pourquoi ? Parce qu'il était plus intelligent,
13:36 plus cultivé, plus fin, qu'il vendait beaucoup.
13:38 Et qu'en plus, malheureusement,
13:40 des attentats terroristes
13:42 parafaient chacune de ces dystopies sur l'islam
13:44 à chaque fois. Donc c'était un peu compliqué de le critiquer.
13:46 Sauf qu'aujourd'hui, là, c'en est trop pour la gauche.
13:48 Parce que Houellebecq va trop loin.
13:50 Il commence à donner tort au réel, et ça, la gauche
13:52 n'aime pas trop. Et donc, on sort l'artillerie lourde.
13:54 Et donc, encore une fois, Houellebecq,
13:56 malgré lui, révèle la gauche qui perd
13:58 un peu son magistère moral. Et c'est là que ça devient intéressant.
14:00 Voilà ce qu'on pouvait dire sur
14:02 les sources de l'intolérance à gauche.
14:04 Passons à Vincent Kessel, qui a fait
14:06 scandale sur les réseaux sociaux,
14:08 suite à un entretien au Guardian, où il
14:10 affirmait que si les hommes deviennent
14:12 trop féminins, il va y avoir
14:14 un problème. Je cite Vincent Kessel.
14:16 "Et selon vous, Mathieu, avec cette
14:18 simple déclaration, il vient de toucher
14:20 un des grands interdits de l'époque."
14:22 - Ah, mais absolument, c'est fascinant.
14:24 Vincent Kessel, je laisse de côté ses déclarations
14:26 sur, tu sais, le Tate,
14:28 qui me semble une figure, effectivement, toxique du débat
14:30 public. Donc, je laisse ça de côté.
14:32 Et je m'intéresse au personnage Kessel lui-même.
14:34 Enfin, à la déclaration de Kessel.
14:36 Qu'est-ce qu'il nous dit, tout simplement?
14:38 Il ose nommer le tabou. C'est qu'aujourd'hui, l'homme
14:40 est la figure conspuée. L'homme est la figure
14:42 diabolisée. Je vous en avais parlé
14:44 cette semaine, quand on s'était croisés à la station.
14:46 J'ai dit que je voulais faire, cette semaine, un édito
14:48 sur la guerre contre les garçons. C'est-à-dire,
14:50 cette idée qu'il faut déconstruire l'identité
14:52 masculine au plus tôt, qu'il faut
14:54 diaboliser le jeune homme, le pousser à
14:56 s'arracher à sa masculinité pour
14:58 devenir ouvert, inclusif,
15:00 et ainsi de suite. Bien, je pensais pas qu'aujourd'hui,
15:02 on aurait le prétexte Kessel pour aborder le sujet.
15:04 Alors, quel est le concept au coeur
15:06 du discours public aujourd'hui, quand on parle
15:08 de l'homme? C'est la masculinité
15:10 toxique. La masculinité toxique.
15:12 Qu'est-ce que ça nous dit? Ça nous dit que
15:14 l'ensemble des vertus qui étaient autrefois
15:16 masculines sont aujourd'hui
15:18 diabolisés. Le courage,
15:20 le courage, soit civique ou physique,
15:22 qui a permis, à certains moments, de défendre la démocratie
15:24 et la nation dans l'histoire, le courage
15:26 devient violence. Le fait de prendre
15:28 sur soi, c'est-à-dire dans un événement,
15:30 dans une période qui est difficile,
15:32 qui est trouble, qui est angoissante,
15:34 plutôt que de se mettre à chialer, à pleurer,
15:36 on décide, c'est le moment, l'homme décide
15:38 qu'il se tient droit, il garde ça pour lui,
15:40 puis pour reprendre la belle formule de l'ancien premier ministre
15:42 québécois Jacques Parizeau, il garde les émotions
15:44 pour la musique et pour sa femme.
15:46 Et la séduction, la séduction,
15:48 la capacité de séduire, c'est réduit
15:50 à la culture du viol.
15:52 Alors quand on a cette espèce de réduction
15:54 du masculin à la masculinité toxique,
15:56 quand on a cette réduction de
15:58 toutes les figures qui autrefois étaient censées
16:00 inspirer, que ce soit le chevalier,
16:02 que ce soit
16:04 les différentes formes d'héroïsme, l'aventurier,
16:06 faites la liste des aventuriers possibles,
16:08 ou les différents héros possibles,
16:10 en fait, aujourd'hui le masculin est renversé.
16:12 Et là, il y a cette idée qu'il faut
16:14 faire tomber le masculin
16:16 d'une manière ou de l'autre.
16:18 Et là, ça se met de manière...
16:20 Je pourrais donner un exemple, ça se fait à l'école,
16:22 soit dit en passant.
16:24 Il y a des ateliers de plus en plus en Amérique du Nord.
16:26 Mais pas seulement en Amérique du Nord,
16:28 où on va chercher à faire une pédagogie
16:30 non-genrée pour les jeunes garçons
16:32 et les jeunes filles. Donc à l'école,
16:34 le jeune garçon doit devenir, jouer à être une jeune fille,
16:36 et la jeune fille doit jouer à être un garçon.
16:38 Pourquoi? Pour être capable
16:40 de déconstruire les préjugés de genre
16:42 qu'ils porteraient en eux.
16:44 Donc ce sont des journées pédagogiques consacrées
16:46 à la déconstruction de l'identité.
16:48 Il y a aussi le contrôle
16:50 de l'énergie du jeune homme à l'école,
16:52 qui sont sous Ritalin, on dit chez nous,
16:54 Ritaline, je crois, on dit chez vous.
16:56 Donc le contrôle pharmaceutique des émotions du jeune homme,
16:58 ce qui était autrefois vu comme une marque de vitalité.
17:00 L'énergie du jeune homme,
17:02 cette espèce d'énergie conquérante du jeune...
17:04 du garçon qui finalement veut jouer au cow-boy,
17:06 et ainsi de suite, on dit, ah, c'est un problème,
17:08 cette énergie, on va te neutraliser.
17:10 Alors moi, je vois ça, il y a une forme
17:12 de guerre contre les garçons aujourd'hui,
17:14 il y a une guerre contre la masculinité,
17:16 il y a cette idée que tout cela est masculinité toxique,
17:18 et devant cela, la défense de la figure
17:20 de l'homme, ça nous ramène à une scène très belle
17:22 dans Le Parrain, que j'ai déjà citée ici,
17:24 mais que je citerai encore longtemps,
17:26 quand Johnny Fontaine, vous savez, c'est une forme de faux
17:28 Frank Sinatra, au début dans Le Parrain,
17:30 ça va se plaindre à Don Corleone,
17:32 "Ah, parrain, parrain, ça va mal pour moi,
17:34 "je ne peux pas de moi", puis il se met à pleurer,
17:36 Johnny Fontaine, il se met à pleurer,
17:38 "Qu'est-ce que je peux faire, parrain ?"
17:40 Et là, Le Parrain, qui est joué par Marlon Brando,
17:42 en Don Corleone, le gifle, clac, clac,
17:44 il dit, "Tu peux te comporter comme un homme."
17:46 Autrement dit, arrête de pleurer,
17:48 occupe-toi de ta famille, sois fier de toi,
17:50 mais aujourd'hui, "comporte-toi comme un homme",
17:52 on ne sait plus ce que ça veut dire,
17:54 parce que l'homme est nécessairement toxique.
17:56 - J'ai l'impression de revoir Marlon Brando.
17:58 - C'est une scène magnifique.
18:00 - Je vous vois venir également, Mathieu,
18:02 je devine, selon vous, avec la théorie du genre.
18:04 - Il faut y revenir. La théorie du genre,
18:06 qui officiellement n'existait pas il y a quelques années,
18:08 se radicalise d'une année à l'autre.
18:10 Il faut comprendre, on la résume,
18:12 on la rappelle dans ces quelques mots,
18:14 la théorie du genre nous dit que le masculin et le féminin
18:16 n'existent pas, ce sont de pures constructions sociales.
18:18 D'ailleurs, l'ensemble de la société est une pure construction sociale,
18:20 il n'y a pas de nature humaine,
18:22 il n'y a pas de nature dans le féminin,
18:24 il n'y a pas de nature dans le masculin.
18:26 Donc, il faut tout déconstruire.
18:28 Il faut ramener l'humanité à ce qu'ils appellent
18:30 la fluidité de genre.
18:32 Il faut revenir au magma originel,
18:34 avant la formation des identités, des cultures, des sexes,
18:36 des langues, des religions.
18:38 Il faut revenir au point de départ de l'humanité
18:40 avec ce type de fantasme démiurgique
18:42 de ce que j'appelle la gauche religieuse,
18:44 où il ne s'agit plus d'aménager le monde,
18:46 de le transformer, de le réformer,
18:48 mais de créer l'homme à partir de l'être humain,
18:50 à partir d'une matrice complètement nouvelle.
18:52 Donc, la théorie du genre, qui officiellement n'existe pas,
18:54 dans les faits, est normalisée aujourd'hui
18:56 dans l'administration, dans la pédagogie,
18:58 dans le discours des entreprises.
19:00 Et à travers cela, je parle d'une existence
19:02 de plus en plus virtuelle.
19:04 Les sexes disparaissent, le corps disparaît,
19:06 et c'est en train de se distancer en passant
19:08 une forme d'existence de plus en plus virtuelle
19:10 avec sa part de mutilation, d'auto-mutilation
19:12 physique et psychique, parce qu'on pousse
19:14 les jeunes hommes et les jeunes femmes, d'ailleurs,
19:16 à se détester eux-mêmes, à vouloir s'arracher
19:18 à leur propre corps, à leur identité,
19:20 pour devenir de purs anges.
19:22 - Vous avez parlé des hommes, mais est-ce que la femme
19:24 n'est pas aussi déconstruite, Mathieu?
19:26 - L'homme déconstruit répond aussi la femme déconstruite,
19:28 parce que qu'est-ce que la féminité aujourd'hui?
19:30 On va nous expliquer qu'en fait, elle est soumission
19:32 et alienation. Le désir d'être belle,
19:34 le désir de séduire, puis sans penser à ça,
19:36 la féminité, c'est large. Ça va de Jeanne d'Arc
19:38 à Bonne Mine, en passant...
19:40 Il y a plusieurs images possibles,
19:42 et il y a plusieurs visages désirables de la féminité.
19:44 Mais aujourd'hui, c'est-à-dire que jeunes,
19:46 de Falbala à Bonne Mine, faites la liste des images
19:48 dans la bande dessinée. Or, qu'est-ce qu'on voit
19:50 aujourd'hui? Même la féminité devrait se déconstruire.
19:52 C'est la célébration du trans, la célébration de l'androgyne,
19:54 la célébration du non-genré, la célébration
19:56 de ce qui n'a plus rien à voir avec la nature des sexes.
19:58 Et ça, ça s'incarne dans la culture populaire
20:00 des derniers jours. On a vu la mort de Raquel Welch,
20:02 et là, on a vu ça, puis on se dit...
20:04 Il était une fois une beauté naturellement contemplée
20:06 et désirée. Et là, on voit ce que devient Madonna
20:08 dans la culture populaire, qui devient finalement...
20:10 qui passe dans le domaine du post-humain,
20:12 qui passe dans le domaine du...
20:14 dans la modification même du rapport au visage.
20:16 Alors, à travers tout ça, qu'est-ce qu'on voit?
20:18 Ensuite, c'est une idéologie. C'est une idéologie, bien sûr,
20:20 que le monde réel continue d'exister,
20:22 mais puisqu'il n'est plus symbolisé par la culture.
20:24 Mais qu'est-ce qui reste du masculin
20:26 lorsqu'on a perdu la capacité de construire
20:28 culturellement la masculinité?
20:30 Il reste une forme de virilité primitive
20:32 qui s'exprime dans le porno, notamment.
20:34 Et qu'est-ce qui reste du féminin
20:36 quand on a sacrifié justement la culture,
20:38 les formes de travail de civilisation?
20:40 Bien, une forme de féminité bimbo
20:42 qui, elle aussi, se donne dans le...
20:44 dans le... dans le... dans le...
20:46 dans le bimbo qui, elle aussi, se donne dans le porno.
20:48 À travers tout ça, néanmoins,
20:50 les êtres humains, les hommes, les femmes
20:52 parviennent de moins en moins à se désirer.
20:54 Ils sont de plus en plus connectés à une sexualité virtuelle,
20:56 dénaturalisée, dénaturée,
20:58 désincarnée. Donc, à travers tout ça,
21:00 des sexes qui ne se désirent plus,
21:02 des sexes qui ne savent plus qu'ils existent.
21:04 C'est une culture de mort qui se dessine
21:06 et on ose appeler ça émancipation.
21:08 - Arthur de Vatrigan, vous n'êtes pas un homme déconstruit,
21:10 que sache. - Pas que je sache.
21:12 J'ignorais de le savoir.
21:14 Au début de l'année, la tradition veut qu'on adresse ses voeux.
21:16 Et c'est un exercice assez fastidieux
21:18 parce que, généralement, le 1er janvier,
21:20 on a la gueule de bois. Et je ne sais pas pour vous,
21:22 mais en 2023, j'avais l'impression d'avoir passé
21:24 une année encore plus brutale, comme si j'étais séquestré
21:26 par Mona Chaunet, Alice Coffin
21:28 et Sandrine Rousseau, pendant un an,
21:30 le genre de choses qui vous rend le goulag sympathique.
21:32 Et donc, les seuls voeux que j'avais,
21:34 c'était plus de Belmondo et moins de Rousseau.
21:36 Pas que pour emmerder
21:38 les féministes néo-féministes constipées,
21:40 c'était parce qu'il y avait deux raisons
21:42 qui étaient importantes. La première, c'est qu'en 2023,
21:44 l'année s'annonçait brutale.
21:46 Elle se confirme. Et pour ça,
21:48 pour s'en sortir un minimum, je pense qu'on avait
21:50 besoin d'émancipation, mais la vraie, pas la fausse
21:52 qu'on nous vend, de rêver et un peu d'idéal.
21:54 Et la seconde, c'était qu'on savait
21:56 qu'on allait donc déconstruire le réel,
21:58 mais c'était une spécialité de la gauche.
22:00 Mais là, on commençait à s'attaquer à nos références
22:02 et aussi à saloper nos rêves. Et c'était un peu embêtant.
22:04 Parce qu'en fait, qu'est-ce que c'est
22:06 que l'attaque de la masculinité ? C'est la volonté
22:08 de gommer toute norme. Sauf que
22:10 sans norme, il n'y a plus de commun. C'est-à-dire plus
22:12 d'idéal. Et sans commun, on n'est finalement
22:14 que des zombies. Parce que la masculinité,
22:16 c'est pas un truc qui existe comme ça,
22:18 c'est un truc qui existe en miroir.
22:20 C'est quelque chose qui existe aux yeux d'un homme ou d'une femme.
22:22 Je vous raconte une petite anecdote rapide.
22:24 Chaîne de conneries que Mathieu aime beaucoup. Vous savez,
22:26 quand il a été casté pour James Bond, qu'il a fait découvrir,
22:28 personne n'en voulait.
22:30 Les producteurs en voulaient, mais Yann Fleming, le créateur de James Bond,
22:32 n'en voulait pas. Et c'est Mme Fleming
22:34 qui lui a dit "écoute, prends-le, il a le charisme sexuel
22:36 requis". Le truc qu'Alice Coffin
22:38 pourra jamais comprendre. Et ça veut dire quoi ?
22:40 Ça veut dire tout simplement que, quand vous êtes une femme,
22:42 globalement, évidemment,
22:44 vous rêvez d'avoir Chaîne de conneries comme
22:46 amant quand il est de James Bond, vous rêvez d'avoir Chaîne de conneries
22:48 comme époux quand il est
22:50 dans la poursuite d'Octobre Rouge, ou
22:52 comme papa dans The Rock. Pour les garçons,
22:54 c'est pareil. Vous avez envie d'être Chaîne de conneries
22:56 dans L'Homme qui a voulu être roi quand vous avez 20 ans,
22:58 et puis vous avez envie d'être Malone dans Les Incorruptibles
23:00 quand vous en avez 60. En fait, ça s'appelle
23:02 l'héroïsme. Avant, l'héroïsme, vous savez, c'était
23:04 mourir comme Roland en s'ennant le corps. Aujourd'hui,
23:06 on nous explique que l'héroïsme, c'est faire un
23:08 coming-out sans sa transidentité sur grand écran,
23:10 ou incarner Cédric Heroux qui ouvre
23:12 les portes de la vallée de la Roya.
23:14 Le problème, c'est que l'époque n'est plus aux chansons,
23:16 mais l'époque est à l'époque mesquin,
23:18 à l'époque misérable, et
23:20 résultat, on s'étonne que le gillade ou la chenouf
23:22 intéressent plus la jeunesse, aujourd'hui,
23:24 sous perfusion d'inclusion. Donc je pense qu'on a vraiment
23:26 besoin d'une vraie reconquête, mais pas du tout médiocre,
23:28 pas étriquée, mais justement une reconquête
23:30 de démesures, d'idéal comme la France sait le faire.
23:32 Parce que, la vérité, c'est que
23:34 la condition féminine est infiniment
23:36 plus enviable au pays du mal blanc,
23:38 malgré ce qu'on peut dire, et que
23:40 n'importe jamais ailleurs qu'en France,
23:42 dans toutes les époques, la femme a été aussi
23:44 célébrée et admirée. Donc je pense
23:46 qu'il faut célébrer l'homme de l'Occident, sa finesse
23:48 dans la lourdeur, sa vulnérabilité,
23:50 évidemment, sa virilité,
23:52 parce que si la masculinité
23:54 occidentale dégage, une autre masculinité
23:56 va prendre sa place. Et c'est là, je vous promets,
23:58 que vous ne pourrez pas la repousser à coup de chronique de France Inter,
24:00 ou à coup de Saint-Père-Ture-Luré, ou à coup
24:02 d'Essail pas épilé. - Mathieu Bocquete,
24:04 en 30 secondes. - Un dernier mot,
24:06 je faisais la liste des figures féminines,
24:08 je faisais référence à la culture de la bande dessinée
24:10 en parlant de Bonne Mine,
24:12 Falbala, mais si je peux me permettre d'autres figures
24:14 qui sont nécessaires, Simone Weil,
24:16 Anna Arendt, on pourrait multiplier chez les philosophes
24:18 aujourd'hui, Bérénice Neuvet, on recevra une philosophe
24:20 remarquable tantôt. Donc simplement dire que les figures
24:22 féminines existent dans notre culture, sont nombreuses,
24:24 et que je précisais simplement avec cette idée
24:26 que ça ne voulait pas dire que
24:28 cette espèce de... qu'il fallait déconçurer le féminin
24:30 pour arriver à une féminité véritablement émancipée.
24:32 - Et vous recevez... - C'est une dernière réflexion.
24:34 - Vous recevez une femme dans un instant. - Absolument, Juliette Funès.
24:36 - Juliette Funès, auteure du siècle déségaré,
24:38 pour en finir avec ses identités, qui nous figent.
24:40 La publicité, on revient dans un instant.
24:42 (musique)
24:44 (musique)
24:46 20h30 sur CNews,
24:48 le point sur l'information,
24:50 et on reprend face à Bocoté.
24:52 (musique)
24:54 - Dans les Hauts-de-Seine,
24:56 suicide confirmé à la Défense.
24:58 Vers 17h, une personne s'est jetée
25:00 de plusieurs étages. La chute provoquant
25:02 un énorme bruit aurait été perçue
25:04 par les passants comme une détonation,
25:06 engendrant un mouvement de panique
25:08 dans le centre commercial des Quatre-Temps.
25:10 L'accès au transport en commun au quartier
25:12 de la Défense a été interrompu.
25:14 Agression aux urgences de l'hôpital
25:16 Ambroise-Paris à Boulogne-Biancourt.
25:18 Cinq membres du personnel ont été
25:20 blessés par un patient cet après-midi.
25:22 Ce dernier était en unité d'hospitalisation
25:24 courte durée. Lorsqu'il s'en est pris
25:26 à deux médecins, deux infirmiers
25:28 et un agent de sécurité,
25:30 le patient a été interpellé par la police.
25:32 Le 24 février
25:34 marquera un an de guerre
25:36 en Ukraine. Selon une enquête
25:38 au Pignon Way pour le Parisien,
25:40 80% des Français sondés
25:42 sont inquiets. Ils s'alarment
25:44 des conséquences du conflit sur leur propre
25:46 foyer. Par ailleurs,
25:48 77% redoutent une
25:50 troisième guerre mondiale. La crainte
25:52 d'un risque nucléaire demeure également.
25:54 La seconde partie de Face à Beaucoter
26:00 toujours avec Mathieu Beaucoter, bien sûr,
26:02 Arthur de Vatrigan. Mathieu, vous recevez
26:04 Julia de Funès. Bonsoir.
26:06 Vous êtes auteur du "Siecle des égarés".
26:08 Pourquoi vous avez reçu Julia de Funès, Mathieu ?
26:10 Elle nous propose une réflexion dans son dernier ouvrage
26:12 sur le concept de l'identité qui est central
26:14 aujourd'hui dans la vie politique, mais elle a mené aussi
26:16 une réflexion au fil du temps sur le rapport au travail.
26:18 Et Dieu sait qu'avec
26:20 le débat qui traverse la France
26:22 aujourd'hui sur le rapport au travail, c'était une
26:24 évité de choix. Julia de Funès, bonsoir.
26:26 Alors, question première. Il y a le débat
26:28 sur les retraites, mais le débat sur les retraites
26:30 s'est transformé au fil des semaines
26:32 en deux débats sur le mal-être au travail,
26:34 le rapport au travail
26:36 dans la société française, mais probablement
26:38 plus largement. Est-ce qu'on peut dire que ce
26:40 débat couvait depuis longtemps
26:42 dans la société française la
26:44 part d'aliénation nouvelle qui est liée au monde professionnel ?
26:46 Oui, c'était très frappant
26:48 même avant la période Covid. Moi, j'étais quotidiennement
26:50 dans les entreprises et on demandait déjà
26:52 beaucoup de conférences sur le sens du travail, etc.
26:54 Donc, je crois que c'est une force structurelle
26:56 que le Covid a amplifiée, évidemment, puisqu'on
26:58 s'est tous posé la question de "à quoi je sers si on
27:00 n'était pas des métiers dits de première ligne, etc.
27:02 Et puis là, la réforme qui fait du travail
27:04 une valeur cardinale, or on voit très
27:06 clairement que ce n'est plus du tout concevable
27:08 comme une valeur cardinale. Et c'était,
27:10 d'ailleurs, on a raison de ne pas le concevoir comme une valeur
27:12 parce que si une valeur
27:14 c'est ce qui vaut par soi, c'est ce qui vaut
27:16 en soi et qui n'a pas de prix.
27:18 La générosité est une valeur, l'amour est
27:20 une valeur, mais le travail a un prix. C'est pour ça
27:22 qu'on travaille, c'est pour être payé.
27:24 Le premier besoin, c'est bien celui-ci. Donc, s'il a
27:26 une valeur marchande, c'est que ce n'est pas une valeur
27:28 morale, c'est qu'il n'est pas une valeur. Or,
27:30 faire une réforme sur
27:32 une valeur qui n'en est pas, en fait,
27:34 c'était un pari raté d'avance.
27:36 - Mais vous dites que ce n'est pas une valeur en soi.
27:38 Cela dit, depuis, on pourrait dire,
27:40 la nuit des temps, une formule exagérée,
27:42 il y a cette idée que le travail permet à l'homme d'être
27:44 maître de sa vie, d'assurer la protection des siens
27:46 et qu'il s'accomplit aussi dans le monde,
27:48 non seulement sur le mode du loisir, justement,
27:50 mais il participe à la construction du monde
27:52 par son travail. Est-ce qu'il n'y a pas
27:54 une forme de valeur intrinsèque
27:56 au fait de participer au monde de cette manière?
27:58 - Que le travail ne soit pas une valeur,
28:00 ça ne veut pas dire qu'il n'a pas de valeur et qu'il n'est
28:02 pas essentiel, bien sûr, à l'accomplissement
28:04 de l'homme, à tout ce que vous voulez, mais on remarque
28:06 très clairement que depuis quelques années,
28:08 depuis des générations, le travail
28:10 était devenu une finalité en tant que telle.
28:12 Je ne sais pas comment vous avez été éduqués,
28:14 mais moi, avoir un travail, c'était un bon
28:16 travail, c'était réussir ma vie sociale et on
28:18 insistait beaucoup sur le travail. C'était
28:20 un des buts de l'existence. Et c'est
28:22 ce paradigme-là qui est en train de changer.
28:24 Aujourd'hui, pour que le travail fasse sens,
28:26 il faut qu'il concède à n'être qu'un moyen
28:28 au service d'autre chose que lui-même. Ça peut être
28:30 un salaire, ça peut être nous rendre rire ses enfants,
28:32 on peut lui acheter une maison, tout ce que vous voulez,
28:34 mais si, le paradoxe est le suivant, si on ne
28:36 le pense plus comme un moyen, mais qu'on continue
28:38 de le penser comme une finalité en tant que telle,
28:40 il perd absolument tout son sens.
28:42 Et c'est ce qui est remarquable dans
28:44 les existences aujourd'hui. Je ne crois pas à la
28:46 grande démission ou à la flemme des plus jeunes,
28:48 comme on l'invoque souvent en disant "les plus jeunes de génération
28:50 ne veulent rien faire". Je crois que c'est ne rien
28:52 comprendre, tomber dans cette moralité, c'est ne rien
28:54 comprendre au changement de place dans la vie
28:56 des gens qu'occupe aujourd'hui le travail, qui n'est
28:58 plus une finalité, mais un moyen. - Et qu'est-ce qui est à l'origine
29:00 de ce basculement du rapport au travail ?
29:02 - Je crois que c'est les générations progressives
29:04 qui nous acculent à repenser notre modèle.
29:06 Et quand on a des enfants qui nous ont
29:08 vu travailler tout le temps et perdre,
29:10 comme on dit facilement, perdre sa vie à vouloir la gagner,
29:12 forcément, il y a un décalage
29:14 et on se re-questionne.
29:16 Et là, les plus jeunes générations
29:18 nous forcent à repenser
29:20 ce modèle-là, ce paradigme-là.
29:22 - Vous avez utilisé une formule qui est très présente en ce moment,
29:24 on parle du sens du travail.
29:26 Il n'y a pas quelque chose d'étrangement
29:28 technocratique dans cette idée qu'on pourrait
29:30 redonner du sens au travail
29:32 par tel ou tel atelier, par tel ou tel...
29:34 Il y a une espèce de volonté d'injecter
29:36 du sens à la seringue, comme si
29:38 en tant que tel, c'était un environnement
29:40 tellement déshumanisé, mécanisé,
29:42 bureaucratisé, qu'il fallait donner un sens
29:44 artificiel pour permettre aux gens de ne pas flancher
29:46 complètement. - Mais c'est très lié à ce qu'on disait
29:48 juste avant, c'est-à-dire que comme le travail devient un moyen,
29:50 il faut absolument trouver un sens, c'est-à-dire une extériorité.
29:52 Quand une de nos activités a du sens,
29:54 c'est qu'elle répond à autre chose qu'elle-même.
29:56 Et je le concède volontiers,
29:58 il y a quelques années encore, il y a 6 ou 7 ans,
30:00 je regardais avec un peu de
30:02 scepticisme et de cynisme
30:04 cette question du sens, en me disant
30:06 c'est du marketing éthique, mais franchement
30:08 la performance est l'unique sens de l'entreprise.
30:10 Et c'est une énorme erreur de
30:12 raisonner comme je raisonnais il y a 6 ans encore
30:14 aujourd'hui, parce qu'on voit très clairement dans les entreprises
30:16 qui parviennent à attirer, à recruter,
30:18 fidéliser, j'en parle plus, ça ne marche plus,
30:20 mais en tout cas attirer, recruter, sont celles qui ont
30:22 une raison d'être, comme on dit maintenant, parce que le sens
30:24 va être remplacé par l'expression
30:26 raison d'être, ou une raison d'être,
30:28 qu'elle soit environnementale, humanitaire,
30:30 sociétale, peu importe, mais qui ont une raison d'être
30:32 très forte. Pourquoi ça marche,
30:34 ce sens-là ? Je crois que c'est un des seuls,
30:36 parce que je ne crois plus du tout aux valeurs de l'entreprise,
30:38 à la culture de l'entreprise, ça ne constitue plus
30:40 un sens pour les salariés,
30:42 et ça ne l'a jamais constitué, mais on avait
30:44 l'hypocrisie de dire que ça nous motivait à une certaine
30:46 époque. Aujourd'hui on est dans un tel culte de l'authenticité
30:48 qu'on ose dire
30:50 que de toute façon les valeurs de l'entreprise, on n'en a rien
30:52 à faire, en gros, je schématise un peu.
30:54 Mais ce qui marche, c'est la raison d'être de l'entreprise.
30:56 Pourquoi cet idéal commun
30:58 fonctionne ? C'est parce qu'à mon sens,
31:00 c'est un des seuls qui rehausse l'individu.
31:02 Les individus sont fiers
31:04 lors d'un dîner de dire "moi, mon entreprise
31:06 elle a un impact environnemental,
31:08 en bossant dans cette boîte-là, j'ai quand même
31:10 un impact sur cette problématique-là".
31:12 Donc en fait, ça marche, ce sens-là,
31:14 parce que ça rehausse l'individu.
31:16 Mais je ne crois pas que le sens soit
31:18 une idole, et je crois qu'aujourd'hui
31:20 c'est un impératif, c'est rentable
31:22 pour les entreprises d'insister, de travailler
31:24 leur raison d'être.
31:26 - Mais est-ce qu'il n'y a pas un temps, je vous dirais,
31:28 le risque d'idéologisation d'entreprise ainsi ?
31:30 Parce que les discours à la mode
31:32 changent, en 2019,
31:34 2018, ça va être l'environnement,
31:36 de partir de 2020, c'est la question du racisme systémique
31:38 à cause de l'événement Floyd aux États-Unis,
31:40 demain, j'ignore ce que ça sera,
31:42 mais est-ce qu'il n'y a pas un risque que les entreprises,
31:44 pour être capables de s'accorder à l'idéologie
31:46 dominante, finalement, empruntent
31:48 le sens médiatiquement dominant du moment,
31:50 quitte à modifier ça ensuite au fil des modes ?
31:52 - Mais je ne crois pas que ce soit une idéologie,
31:54 le sens, et pourtant, vous me connaissez un peu,
31:56 je suis très critique sur les normes
31:58 procédurales dans les entreprises,
32:00 et mon Dieu, elles sont ensevelies de ça.
32:02 Mais la raison d'être, je ne crois pas que ce soit une idéologie,
32:04 parce que concrètement, il y a un impact dans le réel,
32:06 c'est que quand elles n'en ont pas, les salariés
32:08 ne viennent pas, c'est une source de motivation,
32:10 d'attractivité forte.
32:12 Donc je ne crois pas que ce soit une idéologie,
32:14 et j'ai oublié...
32:16 - Je me permets de vous donner un exemple, en fait.
32:18 Maison d'édition, par exemple, il y a un auteur
32:20 qui s'appelle Jordan Peterson, qui est très connu
32:22 dans le monde anglo-saxon, et une maison d'édition
32:24 qui dit, les employés de la maison d'édition,
32:26 nous, on est au service de valeur d'inclusion,
32:28 d'ouverture, de tolérance.
32:30 Cet auteur est étranger aux valeurs
32:32 que nous voulons porter comme entreprise,
32:34 est-ce que ça, ce n'est pas un risque de dérive, justement ?
32:36 - Ah si, mais je n'assimile pas les problématiques
32:38 que vous mentionnez, d'inclusion, de diversité,
32:40 avec la question du sens. Pour moi, c'est deux choses
32:42 complètement différentes. Et on se rend compte,
32:44 c'est ça que je voulais dire tout à l'heure, ça m'a échappé,
32:46 mais qu'on arrive à un âge
32:48 de notre pays où l'économie sans,
32:50 si je prends l'écologie comme raison d'être, par exemple,
32:52 sans écologie devient insensée.
32:54 L'écologie sans économie est impuissante aussi.
32:56 Donc on voit bien qu'il faut poser
32:58 une finalité, un sens,
33:00 à notre capitalisme, à notre
33:02 mode de fonctionnement. Et sur les
33:04 problématiques diversitaires et inclusives,
33:06 alors ça, oui, je vous rejoins, il y a une grande part
33:08 d'idéologie dans les
33:10 organisations, mais pour moi, c'est un peu décorrélé
33:12 la question du sens.
33:14 - Arthur de Matrigan. - Justement, cette politique
33:16 qui rentre dans l'entreprise,
33:18 on a eu des quotas, on a
33:20 évidemment les chartes d'inclusion,
33:22 les chartes d'écologie, tout le monde est touché par ça
33:24 aujourd'hui, toutes les boîtes sont touchées par ça.
33:26 Est-ce que déjà c'est nouveau ? Ou c'est quelque
33:28 chose qui est revenu souvent ?
33:30 Et quel est l'impact, en fait,
33:32 sur le... Est-ce que c'est un danger pour le mode
33:34 managérial, cette imposition du politique dans l'entreprise ?
33:36 - Oui, pour moi. Oui, c'est nouveau.
33:38 Non, ça dépend ce qu'on inclut dans la catégorie,
33:40 la parité, par exemple, c'est pas nouveau, et ça fait
33:42 partie aussi de cette logique-là. Mais l'inclusion
33:44 diversitaire, c'est quand même assez récent,
33:46 ça va avec les mouvements woke que vous
33:48 avez mentionnés tout à l'heure.
33:50 Et il s'agit pas de nier
33:52 le besoin d'ouverture. Moi, je ne critique
33:54 pas l'ambition et...
33:56 Oui, enfin, la philosophie de ces
33:58 entreprises-là qui essayent d'élargir
34:00 le spectre. Mais le problème, c'est
34:02 qu'on le voit très clairement, concrètement, aujourd'hui
34:04 dans les organisations, les gens sont
34:06 choisis pour leur
34:08 statistique pigmentaire, si vous voulez,
34:10 ou pour leur figuration identitaire,
34:12 et certainement pas pour leur
34:14 mérite. On veut pas ce noir,
34:16 on veut un noir. Et quand
34:18 l'adjectif devient
34:20 un substantif, là, on ne reconnaît
34:22 plus du tout la singularité de la personne,
34:24 donc on n'est pas du tout dans de la reconnaissance diversitaire,
34:26 on est dans de
34:28 l'apport statistique, et qui est
34:30 tout l'inverse de l'ambition
34:32 première de ces mouvements-là. Donc il faut faire une
34:34 différence, je crois, entre cette idéologie qui veut
34:36 des quotas, qui remplit
34:38 les statistiques, et puis
34:40 la juste cause qui peut être entendue,
34:42 et qui peut, on sait très clairement aujourd'hui,
34:44 qu'être noir, même si on n'est pas du tout dans un
34:46 racisme systémique en France,
34:48 mais il y a du racisme en France, et que c'est plus
34:50 compliqué la vie d'un noir
34:52 que la vie d'un blanc, ou c'est plus compliqué d'être homosexuel
34:54 que d'être hétérosexuel, et ça veut pas
34:56 dire qu'on verse pour autant
34:58 dans un racisme ou une homophobie
35:00 structurelle, bien sûr que non. Mais je crois qu'on peut
35:02 avoir la pensée suffisamment
35:04 élargie pour se dire "on n'est pas, nous,
35:06 concernés par des problématiques comme ça", mais on
35:08 peut comprendre la juste
35:10 défense, la défense loyale et
35:12 juste de certaines causes, sans verser
35:14 dans l'idéologie intransigeante,
35:16 et avant que je vienne sur le plateau, vous avez eu
35:18 des bons exemples. Donc c'est cette
35:20 ligne de crête qui est difficile à tenir, et
35:22 c'est ce que j'essaye de faire dans le livre,
35:24 entre la défense loyale et l'idéologie
35:26 intransigeante. – Justement, vous nous conduisez
35:28 au sujet, donc vous avez consacré un ouvrage
35:30 à la question identitaire au sens large,
35:32 c'est un terme qu'on utilise aujourd'hui,
35:34 le XXe siècle était le siècle de la question sociale,
35:36 le XXIe siècle, pour l'instant,
35:38 est en bonne partie celui de la question identitaire.
35:40 Et vous dites, vous voyez les réalités
35:42 que ça recouvre, mais vous êtes sceptique devant
35:44 l'utilisation de ce terme, et plus encore de ce
35:46 concept qu'est l'identité. D'où viennent
35:48 vos réserves par rapport à ce concept ? – C'est
35:50 un concept très incertain, parce que si vous prenez
35:52 l'histoire de la philosophie, vous vous rendez compte que ce
35:54 concept est fondé sur du
35:56 sable, sur du vin, et sur une ambiguité,
35:58 une antinomie, enfin,
36:00 une antinomie est forcément irréconciliable, mais
36:02 si vous ouvrez le dictionnaire au mot "identité",
36:04 vous avez deux exceptions du terme, ça veut dire à la fois
36:06 le même, être identique, A=A,
36:08 c'est une notion presque mathématique,
36:10 et l'identité c'est bien la spécificité,
36:12 la différence, donc ça veut dire à la fois le même
36:14 et le différent. Donc vous voyez qu'il y a une
36:16 contradiction inhérente à ce concept,
36:18 et dans toute quête
36:20 identitaire, on retrouve cette ambivalence
36:22 qui oscille en
36:24 permanence entre le besoin
36:26 d'identification, la recherche du même,
36:28 et le besoin d'individualisation,
36:30 la recherche de la spécificité,
36:32 le devenir soi.
36:34 Donc c'est un concept très hasardeux,
36:36 et si vous essayez, je me suis amusée dans
36:38 le livre, enfin "amusée" entre guillemets,
36:40 mais je me suis amusée dans le livre
36:42 à trouver des assignations à l'identité,
36:44 on définit souvent l'identité comme l'enracinement,
36:46 la culture, le corps,
36:48 enfin vous pouvez prendre toutes les définitions, les assignations
36:50 classiques, aucune ne marche,
36:52 pour deux raisons philosophiques
36:54 incontestables, c'est qu'à chaque
36:56 fois que vous cherchez une identité, vous recherchez
36:58 quelque chose de fixe,
37:00 de stable, si on recherche l'identité de la France,
37:02 c'est qu'est-ce qui perdure à travers les siècles
37:04 et qui permet de définir la France.
37:06 Or tout ce qui est, est soumis au devenir,
37:08 on n'y a rien de figé, il n'y a rien de fixe,
37:10 donc déjà l'identité est impossible
37:12 par cet aspect
37:14 identitaire, et juste la dernière chose,
37:16 c'est la permanence qui rend impossible ce concept d'identité,
37:18 et la deuxième chose, c'est que dès qu'on va
37:20 vouloir définir l'identité, on va utiliser des
37:22 termes généraux, des catégories,
37:24 quand vous définissez votre identité,
37:26 que je dis vous êtes gentil, vous êtes
37:28 journaliste, vous êtes ce que vous voulez,
37:30 vous voyez à chaque fois, j'aurais pu
37:32 prendre d'autres choses, mais là on ne se connaît pas.
37:34 - C'est retenu.
37:36 - Eh bien vous voyez que ce sont des catégories,
37:38 des généralités, or chercher une identité
37:40 c'est chercher une spécificité, donc jamais
37:42 une généralité ne permet de parvenir
37:44 à une spécificité. - Et pourtant, et pourtant,
37:46 l'époque est habitée par ce désir d'identité,
37:48 de continuité historique des peuples.
37:50 Vous nous dites par exemple,
37:52 le monde est soumis à la loi du devenir,
37:54 on ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve,
37:56 donc il n'y a pas d'être, il n'y a que le devenir,
37:58 ou l'être et le devenir, j'entends l'argument.
38:00 Mais est-ce qu'on ne peut pas répondre que néanmoins
38:02 il existe une telle chose qu'une continuité historique,
38:04 une capacité de se reconnaître dans un monde
38:06 qui est marqué sous le signe,
38:08 non seulement de continuité, mais d'un désir de continuité,
38:10 et on peut aussi devenir étranger
38:12 en son propre pays, quand la composition
38:14 démographique de son pays change complètement,
38:16 quand ce qu'on reconnaissait comme étant les valeurs
38:18 légitimes sont inversées, et tout ça très rapidement.
38:20 Est-ce que le concept d'identité ne permet pas
38:22 néanmoins de nommer ce désir d'enracinement,
38:24 ce désir de permanence,
38:26 qui quoi qu'on en dise,
38:28 est inscrit dans la nature humaine?
38:30 - Oui, vous avez raison. Vous avez tout à l'heure,
38:32 juste petite parenthèse, après je réponds à la question,
38:34 vous avez cité Simone Veil, l'enracinement,
38:36 c'est quand même un délit.
38:38 La première partie, ça s'appelle les besoins de l'âme.
38:40 Il y a tout, sauf l'identité.
38:42 C'est quand même paradoxal.
38:44 - Parce que ce n'était pas le langage de l'époque.
38:46 - Non, mais vous...
38:48 - Vous n'avez pas utilisé le... - Ce n'est pas le concept d'identité.
38:50 Mais sur l'histoire, je vous assure,
38:52 sur l'histoire, vous avez tout à fait raison,
38:54 je ne dis pas, et je ne suis pas du tout pour dire
38:56 que tout est devenir, tout est évanescent
38:58 dans cette philosophie pseudo-bouddhiste,
39:00 ce n'est pas du tout mon point. J'insiste beaucoup
39:02 sur le sentiment de soi, et donc un sentiment identitaire
39:04 absolument nécessaire. L'histoire est constitutive.
39:06 Il ne s'agit pas de nier
39:08 cet aspect
39:10 d'enracinement et d'histoire.
39:12 Mais, vous savez, c'est Fyntol Kölkrod
39:14 qui a une bonne formule,
39:16 dans "L'identité malheureuse", je crois,
39:18 qui dit que l'histoire, la culture,
39:20 c'est le "nous" dans le jeu.
39:22 Donc on ne peut pas définir non plus le "soi"
39:24 par ce qui n'est pas soi. Mais évidemment qu'on procède
39:26 de l'histoire, mais l'histoire est un point de départ,
39:28 ce n'est pas une ligne d'arrivée.
39:30 On ne peut pas faire de notre passé un avenir,
39:32 on ne peut pas faire de notre passé
39:34 une projection.
39:36 J'adore la phrase de René Schaer qui résume un peu cette idée.
39:38 Ça veut dire que, bien sûr,
39:40 il y a l'être, il y a l'histoire, il y a l'enracinement,
39:42 mais il n'y a pas que ça non plus. Notre héritage n'est précédé
39:44 qu'un testament. Elle est magnifique cette phrase,
39:46 elle résume tout. Et c'est exactement la même chose,
39:48 je fais un parallèle sur l'être
39:50 et le devenir. Je ne suis pas
39:52 du tout dans l'optique,
39:54 et ça c'est l'optique woke, de dire qu'il n'y a que le devenir
39:56 et finalement il n'y a pas d'être substance.
39:58 Sur les problématiques d'homme-femme que vous avez mentionné,
40:00 c'est exactement ça. Est-ce que je suis un homme, est-ce que je suis une femme ?
40:02 Si j'ai décidé d'être un homme ou une femme, je le suis.
40:04 Donc je pense que
40:06 l'erreur vient de cette... Il faut penser ensemble
40:08 le mot "être". C'est-à-dire qu'il y a un être substance,
40:10 il faut rester aux prises avec le réel,
40:12 et un être devient... - Traduisons ça
40:14 politiquement un instant, si je peux me permettre.
40:16 Beaucoup de gens aujourd'hui vont voter
40:18 en se disant "la France n'est plus la France"
40:20 et je dois voter pour qu'elle le redevienne.
40:22 Cette phrase, pour vous, a-t-elle un sens ?
40:24 - Aucun. Parce que si je leur demande
40:26 de définir la France, je comprends
40:28 le sentiment. - Imaginons que la France devienne
40:30 à 80% musulmane dans un siècle, par exemple.
40:32 Que la France soit culturellement
40:34 africanisée dans un siècle.
40:36 Est-ce que la France serait encore la France pour vous ?
40:38 - Ce sera la France, puisque c'est la France.
40:40 Donc il n'y a pas de problème.
40:42 Sauf qu'elle est indéfinissable.
40:44 S'ils disent "la France n'est plus la France",
40:46 quelle image avait-il de la France antérieure ?
40:48 Et là, on va arriver sur les apories
40:50 du concept qu'on ne pourra pas définir. Mais je comprends
40:52 ce sentiment. Et donc j'insiste sur le besoin
40:54 d'un sentiment collectif, d'un sentiment
40:56 d'un "nous". Mais la thèse
40:58 du livre, c'est de dire, en gros, si on
41:00 veut retrouver un sentiment identitaire,
41:02 il ne faut pas passer par le concept
41:04 d'identité. Et le collectif...
41:06 Vous savez, un exemple, j'ose un truc politique,
41:08 ce n'est pas tout à fait mon genre, mais
41:10 vous savez, avec
41:12 le phénomène Éric Zemmour
41:14 finalement, qui a vraiment
41:16 monté, je trouve
41:18 qu'il avait fait appel
41:20 à ce besoin de sentiment d'identité,
41:22 de retrouvailles avec la France.
41:24 Et au moment où il a voulu dire "finalement,
41:26 la France, c'est ça, on ferme à l'Ukraine",
41:28 tout s'est effondré. C'est-à-dire
41:30 que dès qu'on veut préciser ce
41:32 sentiment identitaire par l'identité,
41:34 on achoppe et
41:36 on se fourvoie. Donc pour moi,
41:38 le sentiment collectif, par exemple,
41:40 si vous dites "l'identité
41:42 de la France, c'est ça, rassemblons-nous derrière cette idée-là",
41:44 ça ne marchera pas parce qu'on n'aura pas une idée commune.
41:46 En revanche, une émotion,
41:48 la conscientisation d'un risque, s'il y a un attentat demain,
41:50 vous allez voir que le pays, évidemment, est très solidaire et
41:52 qu'il y a un sentiment d'unité nationale.
41:54 Donc je crois beaucoup plus à l'émotion,
41:56 au collectif, à la conscientisation d'un risque
41:58 pour rassembler un peuple qu'à une étiquette
42:00 identitaire qui ne fonctionne jamais.
42:02 - Arsene Vatrigan. - Je vais faire le lien avec
42:04 votre précédent livre,
42:06 votre travail sur le bonheur.
42:08 Justement, on parle beaucoup de sentiments.
42:10 Mais est-ce que ce n'est pas ça le problème,
42:12 ou en tout cas le point de départ de ces changements ?
42:14 C'est qu'on est passé, en Occident du moins,
42:16 d'une quête de la vérité, qui était le point de départ
42:18 de tout Occidentaux, français,
42:20 à une quête du bonheur qui est forcément individuelle.
42:22 Est-ce que le bonheur a remplacé la vérité ?
42:24 Et dans ces cas-là, à partir du moment où tout ne peut être que dilué,
42:26 parce que chacun peut le trouver
42:28 en fonction de son moment, en fonction de son
42:30 besoin d'aujourd'hui, qui ne sera pas le même
42:32 que celui d'hier et de demain,
42:34 il n'y a plus rien qui n'existe.
42:36 - Oui, vous avez raison. Moi, je suis critique
42:38 sur cette notion de bonheur, mais elle s'explique
42:40 structurellement, généalogiquement.
42:42 C'est-à-dire que l'individu, on est dans une société
42:44 qui a cédé au culte de l'individu. C'est le XXe siècle.
42:46 Toutes les grandes autorités qui donnaient un sens
42:48 aux existences individuelles se sont progressivement effondrées.
42:50 Ce qui fait que l'individu se retrouve
42:52 seul face à lui-même, face au vertige du
42:54 "sois-toi-même, réussis ta vie, trouve un sens à ton existence".
42:56 Et si l'individu devient la valeur cardinale,
42:58 les questions essentielles deviennent celles
43:00 de son identité, de son bonheur et de sa santé.
43:02 On l'a vu avec la période Covid.
43:04 On le voit avec l'hégémonie de la notion
43:06 de bonheur qui traverse toutes les sphères,
43:08 y compris l'entreprise, énormément.
43:10 Et moi, toutes les tentatives qui consistent
43:12 à uniformiser, à homogénéiser le bonheur
43:14 sont pour moi, au mieux vaines,
43:16 au pire, très dangereuses.
43:18 Parce que le bonheur est une affaire subjective,
43:20 le bien-être est une affaire subjective.
43:22 Si je vous demande autour de la table "Qu'est-ce que serait
43:24 mon bonheur demain ?" j'aurai autant de personnes
43:26 que de... de réponses que de personnes
43:28 autour de la table. Donc c'est quelque chose,
43:30 c'est une affaire entre soi et soi-même.
43:32 Et toutes les modes, les normes
43:34 comportementales qui visent le bien
43:36 me semblent très dangereuses. D'ailleurs, l'histoire est truffée
43:38 des pires idéologies qui ont toujours été commises
43:40 au nom du bien, de l'humanité. Donc l'argument du bien
43:42 est un très mauvais argument.
43:44 Quand d'ailleurs quelqu'un vous dit "Fais ça, c'est pour ton bien",
43:46 en général, il faut se méfier, c'est toujours pour le sien.
43:48 Et donc, c'est pas du tout, effectivement,
43:50 une valeur... c'est essentiel pour l'individu,
43:52 je crois pas que ça puisse faire l'objet d'une politique
43:54 ou de quelque chose.
43:56 Et... non, juste un dernier point, alors,
43:58 sur le sentiment, vous avez raison,
44:00 je trouve qu'il y a une inflation du sentimentalisme,
44:02 tout doit être émotion, c'est pas du tout
44:04 ce dans quoi je verse. Mais néanmoins,
44:06 on voit que les...
44:08 avec la réforme des retraites, c'est très frappant.
44:10 Dès qu'on ne fait pas, qu'on ne touche pas
44:12 un sentiment ou une passion humaine,
44:14 on n'arrive à rien, on arrive à un discours technocratique
44:16 qui ne parle absolument à personne.
44:18 Les guerres, c'est exactement la même chose. On fait pas
44:20 une guerre pour un intérêt rationnel, pour le prix du...
44:22 pour le cours du pétrole ou le prix des matières premières
44:24 à chaque fois, et d'ailleurs, il y a souvent
44:26 une composante identitaire.
44:28 On part en guerre pour défendre un territoire,
44:30 une religion, un langage, tout ce que vous voulez,
44:32 mais c'est beaucoup plus passionnel que ça.
44:34 Donc, sans tomber dans le sentimentalisme,
44:36 les fusions sentimentales
44:38 qui... qui... qui est très
44:40 présente autour de nous, néanmoins,
44:42 sans toucher les individus
44:44 dans ce qu'ils ont de plus... plus intime,
44:46 c'est très compliqué de mener, à terme,
44:48 des... des... des réformes
44:50 ou des... des projets communs.
44:52 - Il nous reste 30 secondes. Je vous repose la question autrement
44:54 parce qu'elle me semble importante.
44:56 Vous est-il possible de concevoir la... quelqu'un qui dit
44:58 "Je me sens étranger en mon propre pays."
45:00 Est-ce que c'est un pur sentiment déconnecté de la réalité
45:02 ou ça peut correspondre à une réalité?
45:04 - Ah non, ça correspond à une réalité.
45:06 Mais après, si on creuse ce qu'il entendait par son propre pays,
45:08 ça devient difficile à définir.
45:10 Et un pays évolue...
45:12 - Si je vous dis l'identité, c'est pas une liste d'épicerie
45:14 qu'on peut cocher à la suite, mais ça réfère à quelque chose
45:16 qui est parfaitement par le concept d'identité.
45:18 - Oui, un sentiment collectif,
45:20 un sentiment d'un "nous", et ça, je suis...
45:22 je suis tout à fait d'accord. On le ressent.
45:24 On voit très bien qu'entre...
45:26 enfin, entre... il y a 20 ans et aujourd'hui,
45:28 je suis plus dans le même pays.
45:30 Donc c'est une réalité, je le nie pas du tout.
45:32 Mais dire "C'est plus l'identité de la France",
45:34 là, je ne bascule pas dans cette proposition-là.
45:36 C'est la France et c'est l'évolution de la France.
45:38 - Comme disent les Anglais, "agree to disagree".
45:40 (rires)
45:42 - Merci beaucoup, Gillia Dufinesse.
45:44 C'est un des plus beaux livres de votre ouvrage.
45:46 Le siècle des égarés pour en finir
45:48 avec ces identités qui nous figent.
45:50 Merci à tous les deux. Arthur De Vatrigan,
45:52 la une de l'incorrect. Urgence ! - Cours sur l'hôpital.
45:54 - L'hôpital, avec cet article de Rémi Carlu.
45:56 Formidable.
45:58 Infos poursuit sur CNews.
46:00 ...