"Les rues sont envahies, réveille-toi" : le premier jour de la guerre en Ukraine raconté par notre envoyé spécial

  • l’année dernière

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Transcription
00:00 Clovis Casali, vous étiez l'un des premiers envoyés spéciaux pour France 24 il y a un an en Ukraine.
00:06 Absolument, on est arrivé la veille de l'invasion. Un des derniers avions avant la fermeture de l'espace aérien.
00:12 On est allé se coucher tranquillement. 4h du matin, 5h du matin, un de mes collègues tape à ma porte de l'hôtel, de ma chambre,
00:19 et me dit « Les Russes ont envahi, réveille-toi, il faut sortir ». On est sorti tout de suite, on est allé Place Maïdan où on était.
00:25 On a fait des duplexes. Regardez.
00:28 On a entendu des explosions pendant une bonne partie de la matinée. Depuis une heure ou un peu plus d'une heure, on n'entend plus d'explosion.
00:35 On a vu de la fumée plus tôt ce matin ici à Kiev. C'est un mélange d'inquiétude, d'amertume, d'incompréhension chez les gens.
00:43 On a parlé avec des Ukrainiens qui se promenaient. Il faut dire que les rues ici dans le centre-ville sont assez vides, très peu de gens,
00:49 assez peu de circulation, avec des voitures de police et des militaires déployés dans le centre-ville, assez peu de gens.
00:58 Chlovis, cette intervention russe, personne n'y croyait, y compris Volodymyr Zelensky. Il y a un an, on parlait en fait de manœuvre d'intimidation.
01:05 Et puis Moscou, du côté de Poutine, avait commencé par un mensonge, puisque Moscou n'envahirait pas l'Ukraine.
01:11 Alors les Américains, les Britanniques pensaient qu'il y aurait cette invasion. Les autres, non. Les Ukrainiens non plus.
01:17 On pensait, à Kiev, qu'il y aurait peut-être des opérations dans l'Est, bien sûr, dans le Donbass.
01:23 Les combats, les tensions faisaient rage depuis des années. Mais pas Kiev, pas une invasion massive comme elle a eu lieu de tous les côtés.
01:30 Et c'est ça qui était difficile à imaginer en Ukraine quand on s'y trouvait. Les Ukrainiens ne pouvaient pas comprendre
01:37 que Vladimir Poutine lance une telle opération contre un pays en quelque sorte ami, parce qu'il y a énormément d'Ukrainiens
01:44 qui ont de la famille en Russie, bien sûr. Alors le matin de l'invasion, panique dans l'hôtel. Le personnel. Les gens nous disent
01:50 qu'il va falloir évacuer, parce que le personnel, beaucoup, beaucoup d'employés avaient tout simplement fui,
01:55 comme tant d'autres Ukrainiens avaient tenté de fuir la capitale. Donc nous, on a essayé de joindre notre fixeuse,
02:02 qui est la journaliste locale, notre traductrice, qui est aussi le chauffeur. Elle nous dit « Je vais bientôt devoir partir,
02:08 parce qu'en banlieue, il y a des combats. Il y a ma famille. Je vais aller essayer de retrouver mes parents pour aller les sauver,
02:13 aller les chercher, aller en lieu sûr vers Lviv ». Donc on s'est retrouvés sans traductrice, sans voiture. Finalement,
02:21 on a réussi à trouver un hôtel. On a trouvé un hôtel où on pouvait dormir dans les sous-sols, parce que la cave était
02:27 plutôt bien agencée, on va dire. Et on savait surtout qu'il y allait y avoir de la nourriture encore pour quelques jours,
02:32 parce qu'on savait pas à ce moment-là ce qui allait se passer à Kiev. On envisageait, on imaginait un siège de la ville,
02:38 parce que les Russes avançaient, avançaient. Avec leur puissance militaire, on imaginait que ça serait une affaire
02:45 de jours peut-être d'heures avant qu'ils arrivent à Kiev. Les Russes pensaient que ça allait être une guerre éclair.
02:51 Ça n'a pas été le cas. — Et comment les Ukrainiens ont réagi à ce moment-là ? — Vraiment, honnêtement, c'était assez incroyable
02:56 à voir. On a vu des professeurs, on a vu des civils, des agriculteurs prendre les armes, parfois des fusils de chasse,
03:03 pour se défendre, pour établir des « checkpoints », comme on appelle ça en anglais, des barrages. On en a vu un peu partout.
03:10 Il y avait des périodes de couvre-feu pour traquer – rappelez-vous – les saboteurs russes. Il y avait des cellules dormantes
03:16 dans la ville, certainement avant même le jour de l'invasion, pour essayer de préparer l'avancée des Russes,
03:23 et pour but aussi de semer le chaos. Et pour terminer, une image que je retiendrai forcément.
03:29 C'est plusieurs matins, j'ai croisé le maire de la ville, Klitschko, en tri militaire avec ses hommes, qui se préparaient à aller au front
03:36 chaque matin pour aller combattre les Russes ou au moins être avec les soldats ukrainiens en première ligne.
03:43 Et quand je l'interrogeais, je lui disais « Ça s'est passé comment ? ». Il me disait « C'était très très dur, mais on va tenir bon.
03:49 On va rester là. On va défendre notre pays. Avec tous les Ukrainiens, qu'ils soient professeurs, qu'ils soient ingénieurs,
03:54 ils ont pris les armes. On va défendre notre nation. Et on a besoin d'armes, toujours plus d'armes de la part de l'Occident ».
04:01 Et Washington, la France et bien d'autres pays les ont fournies ces armes pour repousser l'invasion russe.
04:07 — Merci beaucoup, Clovis Casali. Merci à vous pour votre témoignage.

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