Aurélie Trouvé (LFI) invitée du 8h30 le 18 février 2023

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La députée France insoumise de Seine-Saint-Denis Aurélie Trouvé était l'invitée du "8h30 franceinfo", samedi 18 février 2023.

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00:00 [Musique]
00:05 – Bonjour Aurélie Trouvé. – Bonjour.
00:07 – La nuit a été courte, les débats sur la réforme des retraites
00:10 se sont terminés tard hier soir à l'Assemblée nationale,
00:12 sans vote des députés sur le texte du gouvernement.
00:16 C'est le ministre du Travail, Olivier Dussopt,
00:18 qui a clôt les débats dans une ambiance, une nouvelle fouette électrique.
00:21 [Applaudissements]
00:23 – L'Assemblée nationale n'ayant pas émis de vote en première lecture
00:26 sur l'ensemble du projet de loi,
00:28 le gouvernement saisira le texte, le Sénat du test,
00:32 il a initialement présenté, modifié par les amendements votés par votre Assemblée.
00:37 Mesdames et Messieurs les députés insoumis, vous m'avez insulté 15 jours,
00:42 vous chantez, mais vous m'avez insulté, personne n'a craqué,
00:45 personne n'a craqué et nous sommes là devant vous pour la réforme.
00:50 – Vive ambiance une fois de plus dans l'hémicycle
00:52 et maintenant le gouvernement a les mains libres,
00:54 en quelque sorte, pour transmettre le texte qu'il souhaite au Sénat
00:58 puisqu'il n'y a pas eu de vote, avec ou sans les amendements votés,
01:00 en remettant l'article 2 qui a été rejeté en séance,
01:03 est-ce que c'est vraiment ce que vous vouliez ?
01:05 – C'est ce que le gouvernement impose, surtout depuis le début,
01:07 il impose ce qu'on appelle le 47.1, c'est une forme de 49.3 déguisé,
01:12 c'est-à-dire qu'il dit "vous n'aurez que 9 jours"
01:14 – Procédure accélérée.
01:14 – Procédure accélérée pour prendre de court la mobilisation des Français
01:17 mais surtout pour ne pas répondre à nos questions,
01:21 9 jours d'examen, jour pour jour,
01:23 on a demandé à chaque fois, tous les jours, toutes les heures,
01:25 de prolonger le débat la semaine prochaine et les semaines suivantes,
01:28 ça a été refusé.
01:29 – Ils ont demandé à chaque fois, tous les jours, toutes les heures,
01:31 que vous retiriez des milliers d'amendements.
01:33 – Oui, mais nous, nous voulions débattre réellement de ce texte,
01:35 on en a retiré, mais si vous voulez, de toute façon, en 9 jours,
01:37 c'est impossible d'examiner un tel texte,
01:39 et surtout, il s'agissait pour nous de mettre le gouvernement
01:43 face à ces contradictions, ces mensonges, ces arnaques,
01:46 ce qui fait que le ministre Dussopt, à la fin, craque
01:49 parce que nous n'avons cessé de lever des lièvres au fur et à mesure des jours,
01:52 et évidemment, si on avait continué, on aurait sans doute levé encore des lièvres,
01:56 surtout, ils n'ont pas répondu à la plupart de nos questions,
01:58 là, on a appris hier soir, par exemple, à 23h, qu'ils prenaient en compte,
02:02 enfin, qu'ils faisaient un deal foireux avec les Républicains
02:05 qu'allait sans doute coûter, je dis sans doute, on ne sait pas,
02:07 10 milliards supplémentaires, ce qui fait que finalement,
02:10 cette réforme, sans doute, ne rapportera plus rien,
02:13 ne permettra même plus de faire des économies,
02:15 donc on veut repousser l'âge légal de départ à la retraite
02:18 de 2 ans, de 62 à 64 ans, avec finalement une réforme
02:21 qui ne permettrait plus, quasiment, de faire des économies,
02:24 donc à la fin, on se demande à quoi bon cette réforme.
02:26 – Pour expliquer, Aurélie Trouvé, c'est un amendement du gouvernement,
02:29 une explication donnée hier par le ministre du Travail à la fin des débats
02:32 pour dire que les personnes qui ont commencé à travailler tôt
02:35 ne travailleraient pas plus de 43 ans,
02:37 il dit très exactement qu'il reprend l'amendement d'Aurélien Pradié,
02:40 député Les Républicains, amendement qui avait été chiffré à 10 milliards
02:44 par la Première Ministre, ça c'est pour expliquer globalement
02:47 ce que vous évoquez de manière un peu sommaire.
02:49 Plus globalement, sans rentrer dans le détail de chacune des prises de parole hier,
02:53 est-ce que tout de même après 9, 10 jours de débats, des nuits courtes,
02:58 des séances qui sont achevées à minuit, des reprises à chaque fois à 9h du matin,
03:01 vous vous dites des heures de rappel au règlement,
03:04 vous vous dites quand même tout ça pour ça, ça a été un débat médiocre ?
03:08 – Le problème c'est les délais qui ont été…
03:12 ce cadre extrêmement contraint qui a été posé dès le départ.
03:15 – Mais vous vous levez avec le sentiment d'un gâchis ce matin ?
03:17 – Alors gâchis parce qu'il était depuis le début construit comme ça.
03:22 – Inéluctable.
03:23 – À partir du moment où vous n'avez que 9 bouts de journée,
03:26 ce n'est pas des journées entières, 9 bouts de journée pour un texte aussi essentiel,
03:29 pour prendre de court la mobilisation des Français,
03:31 à partir de là, de toute façon, les dés étaient pipés.
03:34 – Ça ne pouvait pas se passer autrement ?
03:35 – Ça ne pouvait pas se passer autrement dans le sens où ils ont refusé
03:39 à chaque fois de prolonger ces débats,
03:42 mais par contre là où ça a été utile quand même, c'est de lever ses lièvres.
03:45 Par exemple, le minimum à 1200 euros qui nous avait été vendu,
03:49 enfin voilà, pour que les Français acceptent cette réforme.
03:53 Je rappelle quand même qu'il y a encore 80% des Français contre cette réforme
03:56 et ça ne cesse d'augmenter, et qu'il y a des millions de gens
03:58 dans la rue toutes les semaines.
04:00 Les 1200 euros minimum, au début on nous a dit 2 millions de personnes,
04:03 c'est tombé à 40 000, là on apprend depuis 2 jours
04:05 que ce serait sans doute autour des 15 000.
04:07 On va arriver à zéro, je ne sais pas, mais vous vous rendez compte
04:10 de toutes ces questions essentielles auxquelles on n'a pas de réponse.
04:13 Donc ça n'a pas été vain, tous ces débats, ça reviendra peut-être
04:16 dans les débats au Sénat, ensuite en commission mixte paritaire
04:18 à l'Assemblée nationale, mais votre position peut être dure à comprendre
04:23 et à entendre pour beaucoup de Français, vous vous dites que vous regrettez
04:25 finalement qu'on n'ait pas pu aller jusqu'au bout de l'examen du texte
04:27 parce que le gouvernement n'en a pas laissé le temps.
04:29 En même temps, vous avez tout fait pour que ce ne soit pas le cas non plus,
04:31 avec des milliers d'amendements déposés.
04:34 Comment pensez-vous pouvoir tenir cette ligne, y compris vos alliés
04:36 dans l'ANUP vous le reprochent ?
04:38 Alors d'abord, on a joué pleinement notre rôle de parlementaires,
04:41 c'est-à-dire d'examiner pleinement un texte et de prendre le temps pour ça.
04:45 Je rappelle que la première loi sur les retraites avait duré 5 mois d'examen.
04:49 Voilà, c'est le temps qu'il faut pour un texte aussi essentiel
04:52 qui va faire bosser deux ans de plus des millions de Françaises et de Français.
04:56 Un texte qui va s'en prendre d'abord aux femmes,
04:58 on l'a rappelé tout au long des débats, les premières perdantes
05:01 de cette réforme sont les femmes qui devront,
05:04 d'ailleurs c'est dans l'étude d'impact du gouvernement,
05:06 bosser bien davantage encore que les hommes à cause de cette réforme.
05:11 Ça dépend des situations, certaines gagneront aussi, mais ça dépend des situations.
05:14 Oui, mais en moyenne, dans l'étude d'impact, vous regarderez,
05:16 c'est les femmes qui ont un temps de travail supplémentaire
05:20 le plus important par rapport aux hommes.
05:22 Ça c'est la première chose, nous avons joué ce rôle de parlementaires.
05:25 Mais nous avons joué aussi notre rôle de première force d'opposition politique
05:29 à cette réforme, en écho à la mobilisation des Français,
05:32 en écho à ces 9 travailleurs sur 10 en France qui sont contre cette réforme.
05:36 Donc échec du débat parlementaire, mais succès pour la France insoumise.
05:39 Alors pour la NUPES, surtout pour...
05:41 Alors succès, est-ce qu'on peut parler d'un succès dans le sens où
05:45 nous n'avons pas réussi à prolonger ces débats au-delà ?
05:49 Mais en tant que première force d'opposition,
05:51 nous avions aussi le rôle de dérouler un projet alternatif,
05:55 c'est-à-dire que pendant des jours, nous avons proposé des solutions alternatives
05:59 de financement de la caisse des retraites.
06:01 Par exemple, si vous taxez,
06:05 si vous prélevez 2% de la fortune des 43 milliardaires en France,
06:09 c'est d'ailleurs Oxfam qui avait sorti ça,
06:11 eh bien vous pouvez financer ce système des retraites à terme.
06:16 Si vous faites cotiser à 10%,
06:19 ce sont les dividendes qui ne cessent d'exploser,
06:23 eh bien là aussi vous pouvez financer la caisse des retraites.
06:26 Donc nous avons voulu montrer aussi, au fur et à mesure de nos amendements,
06:30 que l'on pouvait faire autrement.
06:32 Et pour ça, il fallait dérouler nos amendements.
06:34 Donc ça a été rejeté dans les débats d'hier.
06:36 Exactement.
06:37 Tout le monde ne dit pas la même chose à la France Insoumise.
06:39 Jean-Luc Mélenchon, par exemple,
06:41 il n'évoque pas le besoin de temps pour dérouler un projet alternatif.
06:44 Il dit que l'objectif c'était de ne pas aller à l'article 7.
06:47 Il dit que quand les communistes, par exemple, retirent leurs amendements,
06:50 je le cite, pourquoi se précipiter à l'article 7 ?
06:53 Hâte de se faire battre.
06:54 Est-ce que vous avez fait traîner les débats
06:57 pour empêcher un vote démocratique ?
06:59 Nous n'avons pas fait traîner les débats,
07:01 nous avons voulu pleinement, je le répète,
07:03 jouer notre rôle parlementaire.
07:04 Ce qui importe, par ailleurs,
07:06 c'est ce que nous avons décidé dans notre groupe parlementaire,
07:09 la France Insoumise.
07:10 Nous avons eu des discussions tous les jours
07:12 pour savoir ce que nous allions faire tactiquement.
07:14 D'ailleurs, je le dis, nous avons eu des appréciations tactiques différentes
07:18 en fonction des forces politiques de la NUPES,
07:20 mais nous avons été unis...
07:21 Qui s'expriment clairement aujourd'hui.
07:23 Mais nous avons été unis sur l'essentiel.
07:25 Et d'ailleurs, j'observe que d'autres responsables politiques de la NUPES
07:28 le disent, y compris aux partis socialistes
07:31 et dans les autres forces politiques,
07:33 c'est que nous avons mené ensemble cette bataille,
07:36 d'abord contre la réforme,
07:37 et nous allons continuer à la mener dans la rue,
07:40 puisque nous sommes ensemble pour dire
07:42 que nous soutenons de toutes nos forces
07:43 les mobilisations intersyndicales
07:45 et la mobilisation du 7 mars à venir.
07:47 Vous savez que l'intersyndicale dit
07:48 "si le gouvernement et les parlementaires restent sourds,
07:52 nous mettrons la France à l'arrêt",
07:53 et bien ils sont sourds.
07:54 Donc nous appelons à mettre la France à l'arrêt le 7 mars.
07:56 Appréciation tactique différente,
07:58 mais nous sommes d'accord sur l'essentiel,
08:00 et surtout l'essentiel c'est de dire
08:01 que la seule responsabilité de ce qui s'est passé,
08:04 c'est ce gouvernement qui a imposé 9 bouts de journée d'examen.
08:07 Il n'y a pas de responsabilité de votre côté sur le blocage des débats ?
08:10 La seule chose que nous avons demandé tous les jours,
08:13 c'est de poursuivre ces débats.
08:14 La semaine prochaine, nous avons une semaine de vacances parlementaires.
08:18 On va revenir sur les distinctions stratégiques avec la NUPES,
08:21 surtout aussi vos rapports avec les syndicats,
08:24 puisque le prochain acte maintenant,
08:25 ça va se passer dans la rue le 7 mars,
08:27 juste après le début des débats au Sénat.
08:30 Ce sera juste après le FILINFO 8h41.
08:32 Diane Fershit.
08:33 À la conférence de Munich sur la sécurité,
08:36 la France et l'Allemagne se disent
08:38 pour intensifier le soutien militaire à l'Ukraine,
08:40 une intensification réclamée à de multiples reprises par Kiev
08:43 face à l'invasion russe.
08:44 Pour Emmanuel Macron, l'heure n'est pas au dialogue.
08:47 Direction le Sénat pour le projet de loi de réforme des retraites,
08:50 les débats se sont conclus sans vote à minuit à l'Assemblée nationale.
08:53 Clôture des débats dans la confusion au sujet des carrières longues,
08:56 la motion de censure présentée par le Rassemblement national
08:59 a sans surprise été rejetée.
09:01 L'homicide involontaire retenu dans la mise en examen de Pierre Palmad,
09:04 l'humoriste impliqué dans un grave accident la semaine dernière en Seine-et-Marne.
09:08 Pierre Palmad est placé sous assignation à résidence
09:10 dans un service hospitalier d'adictologie.
09:13 Il est sous bracelet électronique.
09:14 Trois autres personnes ont été grièvement blessées dans l'accident,
09:17 dont une femme enceinte de plus de six mois
09:19 qui a perdu son enfant à naître, ainsi qu'un enfant de six ans.
09:22 Banque Populaire sera absente la prochaine édition du Vendée Globe l'an prochain.
09:26 Le sponsor affirme que les conditions ne sont plus réunies
09:29 pour pouvoir aborder sereinement la course.
09:31 Banque Populaire en pleine polémique après avoir évincé
09:34 la navigatrice Clarisse Crémer en raison de sa maternité.
09:38 Aurélie Trouvé, députée La France Insoumise
09:51 de Seine-Saint-Denis,
09:53 vous nous parliez des dissensions stratégiques
09:56 avec vos alliés de la NUPES, vous qui êtes de La France Insoumise.
10:00 La politique c'est beaucoup de la stratégie,
10:01 on est souvent d'accord sur le fond, parfois pas d'accord sur la stratégie.
10:04 Et là c'est ce qui saute aux yeux, puisque les verts
10:06 disent que c'est un raté stratégique
10:08 de La France Insoumise, que vous,
10:10 insoumis par la voix de Manuel Lepompard, de Jean-Luc Mélenchon,
10:12 vous reprochez à vos alliés d'avoir retiré leurs amendements
10:15 et que vous vous retrouviez seul dans cette situation.
10:18 Aujourd'hui, est-ce que vous allez pouvoir recoller les morceaux
10:20 avec vos alliés dans les prochaines batailles parlementaires qui arrivent ?
10:22 Bien entendu, la prochaine bataille va se jouer surtout dans la rue.
10:27 Et ça va être notre capacité, la NUPES,
10:30 à soutenir, unis,
10:32 les mobilisations intersyndicales à venir.
10:34 Les syndicats qui vous demandaient d'aller jusqu'au bout de l'examen du texte.
10:37 En ce qui concerne, on dialogue très régulièrement avec les syndicats,
10:42 donc il n'y a pas de problème là-dessus.
10:43 Ensuite, on peut avoir des différences d'appréciation tactiques,
10:47 ce qui ne veut pas dire que nous ne soyons pas d'accord
10:48 sur l'essentiel et sur la stratégie.
10:50 À savoir, de mettre à bas cette réforme,
10:52 d'être en écho aux préoccupations des Françaises et des Français.
10:56 Nous avons joué, nous, notre rôle de parlementaires dans l'hémicycle.
11:00 Je l'ai dit, pourquoi nous l'avons joué ?
11:03 Parce que nous avons voulu dérouler un contre-projet,
11:05 nous avons voulu nous battre pied à pied face à ce gouvernement
11:11 et lever les lièvres, les mettre face à leurs contradictions,
11:13 leurs mensonges, leurs arnaques.
11:14 Ça, c'est la première chose.
11:15 Notre autre rôle, ce sera dans la rue,
11:18 ce sera en appui, en tant que mouvement politique,
11:21 avec tous nos militants,
11:22 en appui de ces mobilisations intersyndicales.
11:25 Et c'est quand même historique le fait qu'on ait
11:27 une telle unité de tous les syndicats de salariés
11:31 qui dit "Attention, si vous ne nous écoutez pas,
11:32 on mettra la France à l'arrêt de la Synchronisation".
11:34 - Vous allez arriver au syndicat, d'un mot sur la NUPES,
11:37 quand Jean-Luc Mélenchon écrit hier soir sur son blog
11:40 que les Insoumis ont tenu bon,
11:41 même quand leurs alliés de la NUPES se sont, je le cite,
11:43 "Hélas, alignés sur les leçons de bonne manière
11:46 données par la Macronie".
11:48 Est-ce qu'il vous rend vraiment service
11:51 pour souder cette alliance et la maintenir en un seul bloc ?
11:55 - Alors d'abord, je le redis,
11:57 Jean-Luc Mélenchon a son appréciation.
11:59 Nous avons tous des appréciations de la situation.
12:03 Ce que je pense, c'est que maintenant,
12:04 il va falloir resserrer les coudes
12:06 dans cette mobilisation à venir.
12:08 L'important est de gagner contre cette réforme.
12:10 - Et vous alliez demander ?
12:11 - Et de... Je pense que l'important maintenant,
12:14 c'est que les Français se disent qu'ils peuvent gagner.
12:16 - Et vos alliés demandent à resserrer les coudes.
12:18 Sandrine Rousseau hier, qui dit "il y a un effort à faire
12:20 pour passer de LFI à la NUPES",
12:22 ils font un acte II de la NUPES.
12:25 - Depuis des mois et des mois, nous construisons cette NUPES.
12:28 D'ailleurs, je le rappelle, la France Insoumise a lancé,
12:31 a été motrice dans la construction de cette NUPES
12:34 il y a six mois et nous continuons de l'être.
12:36 Et nous avons quatre forces politiques
12:38 qui auront parfois des différences d'appréciation tactique,
12:42 mais qui restent unies sur l'essentiel.
12:43 - Est-ce que vous dites à vos alliés ce matin
12:45 "C'est pas grave, laissons ça de côté,
12:47 l'important c'est le 7 mars."
12:49 - Mais c'est pas que c'est pas grave,
12:50 c'est qu'évidemment, il continuera à y avoir
12:52 des appréciations tactiques différentes.
12:55 On va avoir un texte sur l'énergie et le nucléaire.
12:58 Nous n'aurons pas les mêmes appréciations,
13:00 y compris sur le fond, entre les quatre forces politiques.
13:02 Donc une alliance comme la NUPES,
13:06 elle va passer par des moments où il y aura
13:08 parfois des désaccords,
13:10 mais ce qui importe c'est de rester unis sur l'essentiel.
13:13 D'abord le programme,
13:14 je rappelle que nous avons des centaines de mesures en commun,
13:17 qui nous permettent d'ailleurs d'être alliés
13:18 contre cette réforme et de dire aussi
13:20 "Nous avons un projet alternatif qui est la réforme à 60 ans,
13:23 et on l'a portée et on le porte ensemble."
13:25 C'est ça qui est important,
13:26 de montrer aux Français que nous sommes prêts à gouverner ensemble.
13:29 Et nous continuons à l'être.
13:31 Et ce qui n'empêche pas ces différences d'appréciation.
13:34 Sinon nous serions une seule force politique.
13:36 - Et sur les syndicats, il devait y avoir une réunion cette semaine
13:40 pour accorder les violons.
13:42 Elle n'a pas eu lieu finalement.
13:43 - Alors j'en suis bien au courant
13:45 puisque j'étais de l'organisation de la préparation.
13:48 - Au sein de la France Insoumise,
13:49 l'une de celles chargée de maintenir les relations avec les syndicats, je le précise.
13:52 - Alors cette réunion a été reportée tout simplement
13:54 parce qu'il y a eu une fuite dans la presse sur le lieu.
13:58 Voilà, tout simplement.
13:59 Donc nous n'étions plus capables de maintenir les conditions.
14:03 - Elle aura lieu cette réunion ?
14:04 - Je peux vous le dire, elle aura lieu.
14:06 - Vous ne le direz pas, je le comprends.
14:08 - Nous sommes en train de la préparer parce que nous tenons absolument,
14:11 et ça c'est aussi une position commune des quatre forces politiques de la NUPE,
14:14 parce qu'elle est très forte, de dire nous avons besoin de ce dialogue.
14:18 Nous avons besoin d'échanger sur les mobilisations,
14:20 d'échanger sur ce que nous prévoyons ensemble.
14:24 Et surtout nous avons des combats communs.
14:26 Nous sommes chacun dans notre rôle, c'est un rôle différent.
14:28 Moi-même j'étais président d'une association avant.
14:31 Je ne confonds pas, et il y a indépendance des structures,
14:34 des organisations entre les associations, les syndicats d'un côté
14:37 et les forces politiques de l'autre.
14:39 Donc je ne confonds pas, et nous ne confondons pas le rôle de chacun.
14:43 Mais nous pouvons avoir des combats en commun.
14:45 Et donc nous pouvons nous parler pour savoir comment ou mieux
14:48 rendre complémentaires nos mobilisations ou nos initiatives.
14:53 - Pour repréciser, cette réunion qui aura lieu dans les prochains jours,
14:56 ce que vous nous confirmez ce matin, sera quoi le but exactement ?
14:59 Vous allez, ça veut dire quoi, accorder ces violons ?
15:02 Ça veut dire quoi, s'harmoniser ?
15:04 - Déjà c'est d'expliquer ce que nous faisons chacun,
15:08 pourquoi nous le faisons, pourquoi nous décidons de telle ou telle initiative.
15:12 - Répondre aux critiques par exemple sur le spectacle des violons.
15:14 - Comment nous apprécions par exemple le fait que ce gouvernement reste absolument figé,
15:20 refuse absolument, et là aussi c'est historique, d'écouter les Français.
15:25 Comment nous pouvons réagir à cela, face à cette loi injuste et cruelle ?
15:29 Et c'est ça l'essentiel.
15:30 - Sauf que vous n'êtes pas d'accord avec les syndicats.
15:33 Vous allez certainement avoir les oreilles quissives dans cette réunion,
15:35 puisque eux vous rappellent qu'ils voulaient que ce débat parlementaire avance,
15:39 que l'article 7 notamment soit étudié.
15:42 Et Laurent Berger le dit très bien, il dit même que c'est honteux
15:44 ce qui s'est passé à l'Assemblée alors que la rue, elle, est mobilisée,
15:47 structurée dans une ambiance plutôt calme et digne, etc.
15:50 Comment vous allez soutenir cette position ?
15:52 Et comment accorder surtout vos violons, comme le dit Naila Latrousse, avec ces syndicats ?
15:57 - Je crois que ce qui est honteux, et Olivier Lefort l'a très bien dit hier,
16:00 alors qu'on disait "Ah la NUPES, ça ce qu'elle n'est pas divisée",
16:03 il l'a dit, ce qui est honteux en premier lieu, c'est ce qu'a fait le gouvernement.
16:07 - Mais alors les syndicats vous mettent un peu dans le même sac aujourd'hui,
16:10 sur ce débat parlementaire qui n'a pas pu avancer.
16:13 - Eux aussi tapent et tapent d'abord.
16:16 Accusent et dénoncent d'abord ce gouvernement qui refuse d'examiner pleinement cette réforme.
16:21 - Enfin bref, vous vous mettez d'accord dans la rue avec eux maintenant.
16:24 - Pour prendre de court les mobilisations.
16:26 Donc je crois que ce qu'il y a de très fort entre nous,
16:28 c'est cette volonté de mettre à bas ce projet de réforme,
16:32 en écho, je le répète, à tous ces Français.
16:35 - En vue du 7 mars.
16:36 - Il y a quand même 9 travailleurs sur 10 contre cette réforme, c'est historique.
16:40 Comment se fait-il que ce gouvernement soit sourd,
16:42 après tout ce que nous avons levé comme lièvre,
16:45 nous n'avons toujours pas de réponse sur une tonne de questions.
16:47 Vous savez, on a bossé avec des dizaines d'économistes,
16:50 puis parce qu'on bosse avec des dizaines de chercheurs en économie,
16:53 qui ont soulevé des lièvres, un par un, sur les 1200 euros.
16:57 Ou par exemple, vous avez vu le fait qu'on ait,
16:59 que quand on commence à 18 ans, on devra cotiser 43 annuités.
17:03 19 ans, 44 annuités. 20 ans, 43 annuités.
17:06 On n'a pas eu de réponse.
17:07 - Il y a eu cet annoncement du gouvernement dans les derniers moments de débat hier à l'Assemblée.
17:10 - Alors voilà, à 23h, hop, ils sortent du chapeau, une solution.
17:12 - On va y trouver juste pour en revenir quand même à ce qui se profile,
17:15 juste après le début des débats au Sénat,
17:18 la manifestation du 7 mars, les syndicats qui appellent à mettre la France à l'arrêt.
17:22 Vous, ce que vous dites maintenant aux syndicats,
17:24 on a eu des divergences tactiques, comme vous l'avez dit,
17:26 maintenant on travaille ensemble sur cette journée de mobilisation,
17:28 c'est ça votre objectif maintenant ?
17:29 - Alors, depuis le début, on dit qu'on appuie de toutes nos forces les mobilisations intersyndicales.
17:33 Par ailleurs, nous avons une campagne de la NUPES,
17:36 au-delà des murs de l'Assemblée,
17:38 nous avons fait des centaines de meetings NUPES,
17:41 et nous allons les continuer, nous avons des tracts communs,
17:43 des affiches en commun, nos militants organisent des collectifs citoyens dans chaque vie,
17:47 et je le dis, là je fais un appel,
17:49 vraiment former des collectifs citoyens, entre associations, syndicats, citoyens,
17:53 forces politiques, partout dans vos villes, nous en avons besoin,
17:56 nous pouvons gagner, parce que la vraie bagarre, elle sera là.
17:59 C'est-à-dire que vous avez 80% des Français qui sont contre cette réforme,
18:03 mais pas assez encore de Français qui pensent qu'on peut gagner.
18:06 Eh bien, oui, je le dis, nous pouvons gagner,
18:08 il y a eu dans l'histoire, maintes fois,
18:10 eh bien des projets de lois qui ont été repoussés,
18:14 même si un gouvernement reste sourd,
18:17 même s'il impose un véhicule législatif à l'Assemblée nationale,
18:20 un examen qui ne permet pas un réel vote,
18:24 même s'il y a tout ça, eh bien nous pouvons gagner.
18:27 Merci à vous Aurélie Trouet, on arrive au terme de cet entretien,
18:30 malheureusement 8h51, merci d'avoir répondu à l'invitation de France Info,
18:34 députée de la France Insoumise de Seine-Saint-Denis, merci Anne.
18:37 Et il a la trousse, Service politique de France Info.

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