"Les Marioles" pour succéder aux "Guignols" : "On manque d’impertinence dans le paysage médiatique", selon le fondateur du site, Denis Robert.

  • l’année dernière
Le site d’information indépendant Blast lance une campagne de financement participatif pour lancer une émission de satire politique avec des marionnettes, "Les Marioles". Le fondateur du média numérique, Denis Robert, est l’invité médias de Célyne Baÿt-Darcourt, le 13 février 2023.

Category

🗞
News
Transcript
00:00 Bonjour Céline Bidarco, votre invité média est journaliste, il a fondé le site d'information
00:04 indépendant Blast il y a deux ans et il veut maintenant ressusciter les guignols de l'info
00:08 ou plutôt une émission de satire politique avec des marionnettes.
00:11 Bonjour Denis Robert, ah oui attention ce ne sera pas les guignols, vous n'en avez pas
00:15 le droit, ça appartient à Canal+ vos marionnettes ce sont les marioles.
00:18 Quand est née cette idée ? C'est la vôtre ?
00:20 Oui, en tout cas sur Blast on avait fait un JT qu'on appelait le JT à la con.
00:26 Je pense qu'on doit faire de l'humour, l'humour est très important aujourd'hui.
00:30 Dans le paysage on manque d'impertinence et l'espace occupé par les guignols manquait.
00:38 Donc on s'est dit avec Bruno Gassiot qu'on allait réinventer quelque chose et il y a
00:44 eu une gestation assez longue de 4-5 mois avant d'arriver à une formule qu'on est
00:49 en train de roder.
00:50 Vous dites qu'il n'y a plus d'espace de liberté dans le paysage médiatique, ça
00:54 me surprend parce que qu'est-ce que vous insinuez ? Que la télé censure ?
00:56 Non, on n'a plus d'impertinence, il n'y a plus de caricature, il n'y a plus d'humour,
01:03 c'est dans ce sens-là que je voulais le dire.
01:05 Après les médias quand même, on ne va pas faire le combat entre médias mainstream
01:10 et médias indépendants, mais c'est quand même un phénomène que si j'étais à France
01:14 Info ou dans des grands médias j'analyserais.
01:17 Pourquoi on a tant de succès par exemple ? C'est bien parce que notre meilleur VRP
01:23 c'est Vincent Bolloré par exemple.
01:26 La télévision qui fait les informations qu'il fabrique c'est tellement mauvais, c'est
01:29 tellement outrancier, c'est tellement militant que quand on est indépendant, ça semble
01:35 un peu aujourd'hui surnaturel.
01:36 Mais c'est pour ça aussi que les gens nous soutiennent.
01:37 On a 22 000 abonnés, donc c'est aussi pour ça que les gens nous soutiennent.
01:40 Il n'y a plus d'impertinence selon vous, Denis Robert, la marionnette d'Emmanuel
01:44 Macron sur votre site qui fait un doigt d'honneur, ça c'est de l'impertinence pour vous ?
01:47 Non, d'abord Macron est capable de faire des doigts d'honneur dans la vraie vie, parce
01:53 qu'on ne sait pas comment se comportent les gens dans la vraie vie.
01:57 Tout le monde est capable.
01:58 Bolloré parle comme un chartier par exemple.
02:00 Les gens qui le connaissent le racontent ça.
02:03 Donc là les marioles, encore une fois, il faut être un peu indulgent.
02:08 On ne va pas être bon tout de suite, donc on essaie d'inventer un langage nouveau et
02:14 on essaie d'être drôle.
02:15 Ça ne veut pas dire que d'ailleurs quand les guignols existaient, puisque vous parliez
02:18 des guignols, ils n'étaient pas marrants tous les jours.
02:21 Il y avait un sketch qui était hilarant sur la semaine.
02:24 C'est très difficile d'être drôle au quotidien.
02:26 C'est vraiment dur, ça je peux vous le dire.
02:28 Il y a deux marionnettes qui sont prêtes, donc Emmanuel Macron et Vincent Bolloré.
02:31 On sent clairement que ça va être vos deux bêtes noires.
02:33 Pas tellement, mais on n'a pas les moyens d'en faire.
02:36 Ça coûte 10 000 euros de faire une marionnette.
02:38 C'est pour ça qu'on fait ce crowdfunding sur Kiss Kiss.
02:41 Ils en avaient 300 à l'époque des guignols.
02:45 Et 15 millions d'euros de budget annuel.
02:47 Ce qui n'est pas votre cas.
02:48 Non, mais on ne sait jamais.
02:49 Il y a une forte adhésion quand même.
02:51 On voit bien que les gens...
02:53 Et en fait, c'est le public qui va décider.
02:55 Pour l'instant, en 5-6 jours, on récolte presque 250 000 euros.
02:59 Donc ça veut dire qu'on va exister jusqu'en juin si les gros cochons ne nous mangent pas.
03:05 Mais pourquoi avez-vous choisi, dès le départ, Vincent Bolloré ?
03:08 Il est vraiment incontournable ?
03:09 Là, je dois dire que c'est un peu un choix comme ça.
03:12 C'est devenu évident puisque c'est lui.
03:14 Quand même, il faut se souvenir qu'il a racheté Canal et tout ça.
03:18 Et il a plombé les guignols.
03:20 C'est comme s'il avait acheté Canal pour censurer les guignols,
03:24 qui était une formidable émission, qui marchait au temps de l'escurcite et de greffe.
03:28 C'était formidable.
03:29 Et lui, il arrive et il fout tout en l'air.
03:31 Et donc, parce que justement, cette manière qu'ils avaient de se moquer des politiques,
03:35 d'apporter quelque chose de l'humour et libérateur.
03:38 Vous parliez tout à l'heure de liberté.
03:39 Ce n'est pas le problème.
03:40 On n'est pas en dictature en France.
03:42 Ce n'est pas ce que je veux dire.
03:43 Mais les guignols amenaient ça.
03:47 C'est-à-dire qu'aujourd'hui, sur les retraites, le discours du gouvernement, c'est affolant.
03:51 Donc, s'il y avait les guignols, il y aura les marioles pour parler de ça.
03:55 On voit que ça amène une voix dissonante.
03:58 Et ça réveille des choses dans le public.
04:00 Quelles que soient les classes sociales d'ailleurs.
04:03 Vous dites "on n'est pas en dictature en France".
04:05 Vous travaillez justement sur ce projet avec Bruno Gassiot, auteur historique des guignols.
04:09 Lui, il a parlé de dictature sanitaire pendant la crise du Covid.
04:12 Il est très virulent sur les réseaux sociaux contre Emmanuel Macron.
04:14 Est-ce qu'il n'est pas un peu gênant pour vous ?
04:16 Pas du tout.
04:17 C'est un peu le chef d'orchestre.
04:18 C'est-à-dire qu'il a été 20 ans à fabriquer les guignols.
04:25 Ça a été un peu de son âme, avec de l'épine, d'autres personnes.
04:30 Et Bruno, d'abord, c'est mon copain.
04:32 Et donc, quand il est sur le projet mariole, à la limite, ce n'est presque pas idéologique.
04:40 L'humour est forcément idéologique.
04:43 Il ne part pas avec un a priori en disant "je vais me faire Macron, je vais me faire
04:46 Bolloré", etc.
04:47 Il part en se disant "on part".
04:49 D'abord, c'est collectif.
04:50 Il n'est pas du tout l'auteur des sketchs qu'on fait.
04:53 Il est un des auteurs.
04:54 C'est très compliqué la mécanique interne des marioles.
04:59 Il faut les fabriquer.
05:00 Ensuite, il y a des imitateurs, il y a des marionnettistes.
05:04 Il faut écrire ces sketchs.
05:06 Et ce n'est pas simplement du dialogue.
05:09 C'est un jeu entre les sons, les images, la 3D.
05:12 Maintenant qu'on est au travail, je peux vous dire que ce n'est pas de la tarte.
05:15 On tourne de main la suite et c'est très compliqué.
05:19 Et Bruno, sans lui, ce n'est pas possible.
05:22 Il sait faire.
05:23 Il a le savoir-faire.
05:24 - Mais ça va être des marioles de gauche, clairement ?
05:26 - Pas du tout, non.
05:27 On va se moquer aussi.
05:29 La gauche, franchement, est dans un tel état que ça va être assez facile.
05:32 - Donc de la nupe ?
05:33 - Oui, bien sûr.
05:34 Mais on a pas envie.
05:35 Le truc, c'est que lui, comme moi, comme toute l'équipe, parce que d'autres personnes
05:40 sont avec nous et on va dévoiler leur identité plus tard, dans les jours qui viennent, l'idée,
05:47 ce n'est pas du tout d'imiter les guignols.
05:49 C'est-à-dire qu'on ne va pas avoir des marionnettes politiques, comme c'était le cas avant.
05:53 Il n'y aura pas de Chirac, il n'y aura pas de Pépé.
05:55 D'abord, on n'a pas le droit.
05:56 Et en plus, ce n'est pas intéressant.
05:57 - Avec Pépé Dias, ce serait compliqué.
05:58 - Oui, encore que.
06:00 Mais on est plus dans ce qu'il y a derrière le pouvoir.
06:05 Par exemple, on va sans doute faire ou Larry Fink, le patron de Black Rock, ou un personnage
06:09 qui va s'appeler McKinsey.
06:11 On questionne le pouvoir.
06:12 On va essayer de raconter les coulisses de ce qui se passe derrière ce jeu d'ombre ou
06:17 ce jeu politique.
06:18 - Mais vous, Denis Robert, personnellement, vous aimeriez bien avoir Pascal Praud, je
06:24 crois.
06:25 Vous voulez vous payer Canal.
06:26 - Oui, c'est-à-dire que je trouve qu'il est tellement emblématique de la médiocrité.
06:29 Je veux dire, moi, quand je regarde son émission, je la regarde pour comprendre à quel point
06:37 ils sont arrivés très très loin.
06:39 Le type qui vous dit qu'il est dans la réalité et que tous les autres sont des cons, c'est
06:43 quand même quelqu'un qui a dévissé un moment.
06:45 Et pourtant, il a une grosse audience.
06:46 Et pourtant, Bolloré, c'est quand même ce type qui a fabriqué Zemmour, qui fait qu'aujourd'hui,
06:51 on met des saloperies dans la tête des Français, qu'il y a une France qui a dévissé complètement.
06:56 Moi, je le vois.
06:57 J'habite en province et je vois des endroits où il n'y a pas un arabe et les gens deviennent
07:01 racistes parce qu'ils regardent CNews tous les jours.
07:04 Ils pensent que l'islam est une religion dangereuse.
07:06 Tout ça, c'est très grave.
07:08 Donc nous, on va les égratigner un peu.
07:11 Mais c'est pour ça qu'on existe.
07:12 - Alors que Blast existe et les marioles n'existent pas encore, ça, ce sera grâce
07:17 aux dons que vous allez recevoir.
07:18 Vous en êtes à 220 000 euros sur la plateforme KissBank.
07:20 - C'est ça.
07:21 On a un premier stade à 250.
07:22 Et cette fin de semaine, on sort.
07:24 Là, on a sorti 3-4 sketchs avec les voeux de Macron qu'on avait fait en fin d'année.
07:28 Et on en sort 4-5 en cette fin de semaine et la semaine prochaine.
07:33 Et sur le site, ce soir, il y a, hier soir, on a mis en ligne les marionnettistes qui
07:37 racontent comment ils fabriquent des marionnettes.
07:39 - C'est ce qui s'appelle un excellent teasing.
07:40 Merci beaucoup d'être venu, Denis Robert.
07:41 - C'est moi qui vous remercie.
07:42 Merci beaucoup.
07:43 - Et votre appel aux dons pour le projet des marioles de Blast est donc sur la plateforme
07:46 KissKissBankBank.

Recommandée