Le séisme raconté par une Française expatriée en Turquie

  • l’année dernière
"On a assisté à des scènes terrifiantes de gens qui entendent les cris de leurs proches mais qui ne peuvent pas les sortir des décombres…"

Française expatriée en Turquie, Clémence raconte le séisme et l'esprit d'entraide dont font preuve les survivants.

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Transcript
00:00 On était dans notre lit, dans la nuit de dimanche à lundi,
00:04 quand les secousses ont commencé.
00:06 On a été littéralement projetés hors du lit.
00:09 Et les secousses continuaient, donc on a attrapé notre bébé,
00:12 on l'a emprisonné dans des couvertures,
00:13 parce qu'il fait très très froid.
00:15 On a essayé de prendre deux, trois affaires
00:16 et de courir vers la voiture qui se réfugiait.
00:19 Les secousses continuaient toujours,
00:20 ça a dû durer au moins une minute trente,
00:22 enfin ça semblait interminable évidemment.
00:24 Et on est restés dans la voiture,
00:28 les voisins, les gens autour sont venus s'amuser aussi,
00:32 les enfants qui n'ont pas forcément de voiture
00:33 sont venus se réfugier avec nous
00:35 pour avoir un peu de chauffage, parce qu'il fait très froid.
00:37 Et ensuite, il y a eu un deuxième schisme qui a frappé.
00:43 Donc les bâtiments se sont écroulés,
00:47 il y a un chaos pas possible dans toute la ville.
00:50 Les bâtiments qui restent encore menacent de s'écrouler également.
00:55 Les gens ne peuvent plus rentrer pour chercher des vêtements,
00:57 ne peuvent plus utiliser leur salle de bain,
01:01 il n'y a pas d'eau courante, il n'y a pas d'électricité,
01:04 ça fait trois jours que c'est comme ça.
01:06 Et il n'y a pas eu d'aide non plus nationale ou internationale
01:10 sur le premier jour.
01:12 Donc les locaux se sont retrouvés à sortir leurs proches des décombres.
01:16 Et on a assisté à des scènes vraiment terrifiantes
01:21 de gens qui disaient qu'ils entendent les cris de leurs proches
01:25 mais ils ne peuvent pas accéder pour les sortir des décombres.
01:28 Les gens doivent se nourrir, les gens doivent se laver, se réchauffer.
01:34 Les gens ont des enfants, les enfants sont dans la rue.
01:37 Il n'y a plus d'essence.
01:40 Ils essayent de donner de l'essence à hauteur de 100 liras,
01:43 ce qui doit faire 2-3 litres d'essence par personne.
01:47 Donc ça suffit juste à se réchauffer pour la journée.
01:50 Personne ne sait quoi faire.
01:51 Les routes étaient coupées puisque c'est complètement détruit.
01:56 Et puis là aujourd'hui, on a décidé avec ma famille
02:00 de partir vers Mersin qui est une autre ville sur la côte
02:04 et qui semblerait être un petit peu moins toussée.
02:07 Donc on est sur la route et visiblement on n'est pas les seuls à partir.
02:14 Les gens ont peur, on a peur évidemment.
02:17 On ne sait plus quoi faire.
02:19 Les bâtiments qui sont encore en place menacent de s'écrouler.
02:23 Et la situation commence à être insalubre.
02:25 On a dû passer par la ville d'Ampioche qui est une des grandes villes du Hatay.
02:29 Et la situation est catastrophique.
02:32 Il n'y a pas de mots pour expliquer ce qui se passe là-bas.
02:34 Donc je voulais juste le partager avec tout le monde
02:39 et inciter les gens à faire des dons.
02:48 Nous voilà bien arrivés à Mersin après 6 heures de route.
02:51 On peut dire qu'il y a un véritable décalage entre les scènes qu'on a vécues ce matin
02:55 et ces 3 jours de chaos intense.
02:58 Et le paysage que j'ai derrière moi.
03:01 Donc je pense qu'on peut dire qu'on est sains et saufs.
03:04 On s'est réfugiés dans l'appartement de vacances de ma belle famille.
03:08 On est venus à 9 personnes.
03:09 On a dû partir sans un au revoir.
03:12 On a juste tout laissé sur place ce matin.
03:15 Mais on pense que l'entraide va continuer.
03:19 En fait, il faut savoir que Samanda c'est un peu comme un grand village
03:22 et que tout le monde se connaît.
03:24 Les gens sont très proches.
03:26 Et c'est comme ça qu'on a pu vivre ces derniers jours.
03:28 C'est grâce à l'entraide.
03:30 Nous, on a eu pas mal de chance parce qu'en fait, mon beau-père a une auto-école.
03:33 Et c'est comme ça aussi qu'on a pu venir parce que sinon, il n'y a plus d'essence.
03:38 On a aussi pu en faire profiter d'autres personnes qui avaient envie de partir.
03:41 Il faut qu'on continue à s'entraider.
03:44 Et surtout qu'on continue à penser aux victimes et aux familles des victimes sur place.
03:52 Nous, on a eu plutôt de la chance dans mon entourage très, très proche.
03:56 Mais dans chaque famille, il y a un ou deux décès par famille.
04:01 Donc, on espère que l'entraide va continuer.
04:05 [Musique]
04:23 [SILENCE]

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