• l’année dernière
Viols, agressions, deuils insurmontables, accidents de la vie : dans "Trauma", anonymes et célébrités reviennent pour Yahoo sur un traumatisme qui a bouleversé leur vie.Violée par son entraîneur entre ses 15 et 17 ans, l’ex-championne de patinage artistique, Sarah Abitbol est sortie du silence en 2020 en publiant son livre "Un si long silence" (ed. Plon), un témoignage qui avait provoqué un véritable raz-de-marée médiatique. Pour Yahoo, la sportive de 47 ans a accepté de revenir sur son histoire, expliquant notamment la manière dont elle est parvenue à briser l’omerta. Comme le rappelle le gouvernement sur son site Internet, la personne victime de violence ou d’agression sexuelle a tout intérêt à en parler à une personne de confiance, à un professionnel (médecin, assistante sociale, assistant social, avocate, avocat) ou à une association spécialisée. Et ce, que les faits soient anciens ou récents. Le 3919 est également à disposition pour les écouter et les guider.

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Transcription
00:00 Il y a trois ans, j'avais vu le film La Consolation
00:03 sur l'histoire de Flavie Flamand et j'ai revu mon agresseur.
00:06 Je me suis vue dans ce film et je me suis dit,
00:08 "Sarah, faut que tu parles parce que ton agresseur,
00:10 il est toujours en place, il est toujours à la patinoire."
00:12 Et il continue, sans doute.
00:15 Et je me sentais complice de ce silence.
00:17 J'appelais beaucoup mon ami Bruno Solo,
00:23 qui est ambassadeur à La Voix de l'Enfant.
00:25 Et Bruno m'a dit, "Sarah, faut que tu parles.
00:26 Voilà, on est en 2020 maintenant.
00:30 Les choses ont évolué et tu ne t'iras jamais bien
00:32 si tu ne parles pas."
00:33 Et j'étais dans l'anti-vie.
00:34 J'étais malheureuse, j'étais triste.
00:35 Il y avait plein de choses que je ne pouvais pas faire.
00:37 Les centres commerciaux, les voyages.
00:39 J'étais vraiment très, très limitée.
00:40 Et j'ai décidé de parler, de rentrer en contact
00:44 avec Emmanuel Anison, ma co-auteur,
00:47 grâce à Bruno et grâce à Flavie.
00:49 On a commencé une enquête avec Emmanuel Anison
00:51 pour rechercher des victimes du même agresseur.
00:54 Mais à chaque fois, malheureusement, ça nous disait,
00:56 "Ça fait 30 ans, c'est bon, lâche-moi,
00:59 je n'ai plus envie que tu m'appelles."
01:01 Voilà, ce n'étaient que des réponses négatives,
01:03 alors qu'on savait que ça s'était passé.
01:05 J'écrivais déjà des cauchemars que j'avais la nuit.
01:09 Je les écrivais sur un bout de papier.
01:11 Et donc, j'ai dit à Emmanuel,
01:13 "Pourquoi est-ce qu'on n'écrirait pas un livre, du coup ?
01:16 Pourquoi pas ?"
01:17 Et on a commencé comme ça.
01:18 Bon, ça a été compliqué et difficile avec Emmanuel
01:21 pour lui expliquer ce qui s'était vraiment passé.
01:25 Et j'ai eu vraiment du mal à dire ce mot "viol",
01:28 mais j'ai réussi à le dire pour la première fois à elle.
01:31 Ça a été pour moi très dur,
01:33 mais je pense que ça a été à la fois quelque chose de positif,
01:37 parce qu'il faut faire de ce malheur une force.
01:40 Et quand je vois le résultat aujourd'hui
01:42 avec 50 fédérations qui ont été touchées,
01:44 900 cas avérés,
01:46 je me dis, "Eh bien, heureusement que j'ai parlé."
01:48 Ça a eu une incidence sur la championne que je suis
01:51 parce que je pense que j'aurais pu être
01:53 championne du monde en solo
01:55 et non pas en couple artistique.
01:57 Je pense que je suis peut-être passée à côté, effectivement,
02:00 d'une excellente carrière soliste.
02:02 Maintenant, je ne regrette rien.
02:03 [Générique]

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