• il y a 2 mois
Sarah Abitbol, ancienne championne de patinage artistique et fondatrice de l'association "La voix de sarah" est l'invitée de Télématin. Victime de viol par son entraineur Gilles Beyer, elle milite depuis pour un plus grand contrôle des éducateurs sportif et a participé à la rédaction d'une loi pour mieux protéger les mineurs. 

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Transcription
00:00Sarah Bitbol, si vous êtes là aujourd'hui, c'est notamment parce que vous avez été plus jeune victime de viol par votre entraîneur Gilles Beyer,
00:07aussi parce que vous avez créé une super association qui s'appelle La Voix de Sarah,
00:11et aussi parce que vous avez participé à l'écriture d'une loi très importante qui nous aide dans cette rentrée sportive cette année.
00:19Elle renforce des choses, et notamment le contrôle des 2 millions d'éducateurs sportifs français pour mieux protéger les mineurs.
00:26Qu'est-ce qu'elle va changer, cette loi-là ?
00:28Elle change beaucoup de choses. Déjà, c'est un contrôle annuel.
00:31On a aussi les contrôles des bénévoles, qui n'étaient pas contrôlés auparavant.
00:36Et ça va permettre aux parents de mettre les enfants avec plus de sérénité.
00:40Pourquoi ? Parce que les présidents de clubs sont responsables maintenant.
00:45Ils ont une responsabilité pénale.
00:47Ça veut dire que si, par exemple, un jeune athlète va voir le président en disant que des choses graves sont arrivées,
00:52on ne parle pas de petites choses, on parle de choses vraiment très graves, psychologiquement, physiquement ou sexuellement,
00:57il se doit de remonter l'information à Signal Sport.
01:01S'il ne remonte pas l'information, là, il risque l'emprisonnement et 15 000 euros d'amende.
01:06Et ça, ce n'était pas le cas avant ?
01:07Et ça, ça n'était pas le cas avant.
01:09Moi, je mettais plainte à l'époque à mon président de club qui m'avait dit
01:13« Écoute, si tu ne portes pas plainte, on ne peut rien faire ».
01:15Ça, ça n'existe plus.
01:16Et les parents aussi, qui sont en général au courant des problèmes,
01:21peuvent aussi remonter l'information à ce moment-là à une association, par exemple à la voix de Sarah.
01:26Et nous, on signale, nous-mêmes en tant qu'association à Signal Sport, pour remonter l'information.
01:31Donc voilà, ce qu'il faut, c'est de la sérénité, parce que le sport, c'est bon pour la santé, c'est une école de la vie.
01:37Il faut profiter de cet élan olympique pour mettre nos enfants dans les clubs sportifs.
01:42On a dit qu'il y avait 2 millions d'éducateurs sportifs.
01:45J'imagine qu'il n'y a pas 2 millions de contrôleurs ou d'inspecteurs qui vont pouvoir les surveiller.
01:50Donc comment, concrètement, ces éducateurs sportifs-là, ils sont contrôlés, justement ?
01:55Ils sont contrôlés via les présidents de fédérations ou les présidents de clubs.
02:00Ça devient une obligation et le ministère des Sports, d'ailleurs, doit envoyer, là, ces jours-ci,
02:05puisque c'est la rentrée, à tous les présidents, la manière dont ça doit être fait pour que ce soit obligatoire.
02:11C'est le casier judiciaire qu'on regarde ?
02:13Oui, le casier judiciaire et le fichier B2.
02:16Et maintenant, par exemple, quand un entraîneur a été condamné et n'a plus le droit d'entraîner,
02:22même un entraîneur qui a été condamné à l'étranger ne peut plus revenir en France entraîner grâce à ce fichier.
02:28Ça, c'est une nouveauté.
02:29On a travaillé avec le sénateur Sébastien Pla, d'arrache-pied, avec les avocats et toute son équipe.
02:35Et vraiment, je ne remercierai jamais assez M. le sénateur pour sa confiance,
02:39parce que les enfants et la nouvelle génération, c'est ce qu'il faut préserver.
02:44Il faut les protéger, effectivement.
02:45Est-ce qu'on a une idée des signalements reçus ?
02:47Je crois que la loi a été mise en place en mars, me semble-t-il, dernier.
02:51Est-ce qu'on sait un petit peu déjà s'il y a plus de retours qu'avant la loi ou pas ?
02:56Là, on en est au début de cette loi.
03:00On est à 2 000 cas avérés aujourd'hui au niveau de tous les sports, bien sûr, tous sports confondus.
03:07Là, c'est la rentrée, donc on aura des retours très rapidement, incessamment, sous peu, avec la rentrée sportive.
03:15On dit que les Jeux olympiques de Paris 2024, olympiques et paralympiques, ont fait bouger pas mal de lignes,
03:20que ce soit sur l'inclusion ou sur tout un tas d'autres sujets.
03:23Est-ce que vous considérez que sur la question des violences sexuelles et sexistes,
03:27ces Jeux, ils ont aussi fait progresser la cause ?
03:30On a eu quelques ateliers, nous, avec la voix de Sarah, qui ont été effectués,
03:35mais je pense qu'effectivement, on aurait dû en parler plus.
03:37Je trouve ça un petit peu dommage.
03:39J'aurais voulu véhiculer, effectivement, cette image à la fois positive,
03:45parce qu'effectivement, avec cette loi Habitball, on avance.
03:49Donc, ce qui m'est arrivé, oui, c'est triste, mais maintenant, je me relève,
03:52maintenant, je suis positive, je revis, je renais, je n'ai plus d'angoisse, je voyage seule.
03:57Donc, je voulais véhiculer cette image, et il est vrai qu'on est passé un petit peu à côté.
04:01Pourquoi ? Qu'est-ce qui explique ça ?
04:04Est-ce que c'est parce que c'est encore un tabou trop grand ?
04:06C'est parce que les Jeux olympiques, c'est la fête, et ce sujet-là, ce n'est pas la fête ?
04:09C'est quoi l'explication ?
04:10A Tokyo, on avait parlé de Simon Biles, par exemple, qui était touché à l'océan.
04:13Tout à fait, et moi, j'ai fait un parallèle sur une autre chaîne télé par rapport à Simon Biles.
04:19Je pense que les Jeux olympiques, c'est une fête sportive, effectivement,
04:22que les violences sexuelles, parfois, on en parle de manière négative.
04:25Donc, on est un peu triste, et pourquoi ? On va encore parler de ça.
04:29Mais non, il faut en parler, parce qu'il faut préserver, il faut sensibiliser.
04:33Et je crois que…
04:34Il faut libérer la parole, comme on dit, la parole et l'écoute.
04:36Voilà, libérer la parole.
04:37Donc, on va effectivement essayer d'y remédier pour les prochains Jeux olympiques en France, à Nice,
04:42notamment, avec le patinage artistique et tout ça.
04:45J'espère bien, effectivement, être présente sur ces Jeux concernant un petit peu pas mal de domaines.
04:51On sait que la parole de grands sportifs est importante sur tout un tas de sujets.
04:54Et sur celui-là, bien évidemment, on a vu que ces Jeux ont créé des vocations.
04:58On voit partout en France, dans tous les clubs sportifs, une augmentation des inscriptions,
05:03des jeunes qui viennent tester, etc.
05:05La loi dont on parlait, à laquelle vous avez participé, est-ce qu'elle nous permet de dire,
05:09aujourd'hui, les jeunes qui vont dans ces clubs sportifs, quels qu'ils soient, sont en sécurité,
05:13vont être en sécurité, désormais ?
05:15Ou est-ce qu'on pourrait encore faire plus ? Et comment ?
05:18Je pense qu'on avance.
05:19Maintenant, il appartient aux adultes de former un filet de sécurité pour nos enfants,
05:24pour que les parents, vraiment, les mettent dans les clubs sportifs avec beaucoup plus de confiance.
05:29Le risque zéro n'existe pas, mais il y a une conscience générale.
05:33Et le ministère des Sports, avec, à l'époque, Roxana Maracinianou,
05:36avait pris les choses en main avec cette cellule Signal Sport.
05:40Et on avance, maintenant, effectivement, le risque zéro.
05:42Donc là, c'est un travail de terrain qui reste à faire.
05:44C'est un travail de terrain.
05:45Et nous, avec la voix de Sarah, avec Katia Palla, Charlène,
05:48on est toute une équipe où, évidemment, on manque encore d'argent pour être encore plus sur le terrain.
05:53Mais on y va, on y est, et on lâchera rien.
05:55Il y a beaucoup de parents qui nous regardent.
05:57Qu'est-ce que vous avez envie de leur dire ?
05:59À quoi doivent-ils être attentifs pour prévenir ces violences sexuelles et sexistes
06:04qui restent parfois sous silence ?
06:07Alors, il faut faire attention aux comportements de l'enfant.
06:10Les repères, les différents repères, c'est perte d'appétit ou alors boulimie.
06:16L'enfant aussi peut se retrouver seul.
06:19Il peut aussi avoir une différence scolaire tout d'un coup inexpliquée.
06:24Il peut avoir des maux de ventre, par exemple.
06:28Tout ça, ce sont des signaux qu'il faut interpréter.
06:32Parce que l'enfant a du mal à parler.
06:34Moi, j'ai mis 30 ans à parler, à verbaliser.
06:36Donc tous ces signes, il faut y faire vraiment très attention.
06:39Parce qu'on met ça aussi sur le signe de l'adolescence.
06:41Non, mais c'est l'adolescence.
06:43Non, ce n'est pas spécialement une crise d'adolescence.
06:45Donc faire attention aux changements de comportement de l'enfant.

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