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"Ici, vous êtes traité pour l'individu que vous êtes (…) il n'y a aucune différence entre nos clients solidaires et bénéficiaires"

Dans le restaurant de Samir, riches et pauvres se côtoient. Mêmes tables, même carte… La seule différence : pour les plus démunis, le menu ne dépasse pas 3 euros. Bienvenue à L'Homme Tranquille Le Mans.

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Transcription
00:00 - Et toi, Danny ? - Pas mal.
00:01 - Lasagne aussi ?
00:02 - Dans ce restaurant, on est vraiment respecté, on est vraiment reconnu.
00:06 - Tu veux le quoi ? Le dessert avec quatre petites choses ?
00:08 - Ouais.
00:09 - Ouais, si tu me suis dit, tu es gourmand.
00:11 - On va tout de suite se mettre.
00:13 - Ouais.
00:13 Qui peut aller au restaurant aujourd'hui ?
00:19 Sincèrement, ça devient de plus en plus compliqué.
00:21 Ces personnes qui voient les autres aller au restaurant qu'ils veulent,
00:25 ne peuvent pas rentrer, qu'on entendent parler.
00:27 Là, je suis plutôt fier de me dire, on a ouvert la porte et c'est accepté par tout le monde.
00:32 Mon parcours personnel, il a été ponctué de choses très difficiles.
00:38 Mais j'ai sûrement dire, grâce à Samir, qu'il y a été une connexion quelque part.
00:46 On m'a dit que vous étiez client solidaire.
00:50 Qu'est-ce que ça veut dire, client solidaire ?
00:52 Ici, il y a deux types de clients, si j'ai bien compris.
00:55 Il y a ceux qui sont bénéficiaires et ceux qui ont la chance d'avoir des revenus corrects
01:03 et qui payent plein pour.
01:04 Et ça compense ceux qui n'ont pas les moyens de s'offrir au moins un repas convenable.
01:10 Donc c'est leur chance ici, pour quelques euros, de pouvoir bénéficier d'un repas.
01:15 Je trouve que c'est bien ce qu'il a fait.
01:20 De pouvoir accéder à des loisirs qu'on n'a pas l'habitude d'avoir.
01:25 En entrée, vous avez de la tarte aux tontes, de la tarte aux oignons,
01:29 un voluté de petits marrons et de better nuts,
01:32 de la crème brûlée aux poireaux et une petite émulsion de poivrons et de brocolis.
01:37 La tarte au citron ?
01:38 Oui, je prends ça.
01:38 Ça marche.
01:39 La toute première fois, il y a toujours un petit moment d'appréhension quand même.
01:44 Mais quand on revient la deuxième fois, la troisième fois,
01:47 on revient parce qu'on a été très bien accueillis,
01:51 parce qu'on a pu discuter avec les autres clients,
01:53 parce qu'il y a une bonne ambiance et parce que l'assiette est bonne.
01:56 On arrive à nouer quand même un dialogue avec des personnes
02:00 avec qui on n'aurait pas noué de dialogue ailleurs.
02:04 Je suis en famille ici.
02:06 C'est ma petite famille.
02:08 On mange ensemble, on boit le café ensemble, on rigole ensemble.
02:11 Mais qu'est-ce que vous voulez de plus ?
02:13 Une entrée gourmande et deux volutés s'il te plaît.
02:16 Le plaisir de sortir, d'aller au restaurant,
02:19 c'est un plaisir de retrouver ça.
02:21 Au restaurant, vous êtes traité pour l'individu que vous êtes.
02:25 Toute personne qui souhaite avoir accès à un repas à bas coût,
02:28 entre 1 et 3 euros, doit impérativement passer par le Café Solidaire
02:32 qui est au 2 Biscuits de Bône.
02:34 C'est de là-bas qu'on va faire l'entretien diagnostique,
02:36 comprendre quelle est la situation.
02:37 Pourquoi est-ce que la personne a du mal à payer un restaurant
02:40 ou même avoir accès à la nourriture tout court ?
02:42 À partir de là, nous allons mettre en place un plan d'accompagnement social.
02:45 Soit nous, on peut le faire, soit on met en réseau avec nos partenaires associatifs.
02:49 Et après, du Café Solidaire, un coup de téléphone est donné ici au restaurant
02:52 pour réserver une table.
02:53 Il y a une sorte de forme de respect.
02:55 On a le cadre qui va déjeuner avec la personne sans ressources.
02:58 On a le migrant qui va déjeuner avec le médecin.
03:02 Là, chacun est traité exactement à la même enseigne.
03:06 C'est ce que j'ai vraiment voulu faire, ce qu'avec mon équipe on veut,
03:09 c'est mixer les populations, qu'on arrête de fracturer cette société
03:12 où tu es pauvre, tu as mangé sur tel ou tel coin de trottoir,
03:16 vous avez le droit à la super table avec le couvert en argent.
03:19 Là, tout le monde est traité à égalité.
03:21 Vous avez peut-être pu le voir tout au long de ce service,
03:24 il n'y a vraiment aucune différence entre nos clients solidaires et nos bénéficiaires.
03:29 Ça reste en fait des clients "landers", nos clients bénéficiaires.
03:32 Le but, c'est qu'au sein de ce restaurant,
03:36 ils ne sentent pas la différence qu'ils peuvent rencontrer dans la vie de tous les jours.
03:42 Que ce soit un vrai moment convivial, qu'ils mangent à une bonne table,
03:46 où on prend soin d'eux et on les sèche comme tout client.
03:50 On se plaint beaucoup de ne pas mettre en place le vivre ensemble,
03:53 de ne pas le voir évoluer, c'est une vieille ancienne, c'est un serpent de mer.
03:57 Le vivre ensemble, et personne ne fait l'effort de créer un lieu où on va mixer les populations.
04:01 Il est possible de le faire au cinéma, il est possible de le faire dans un musée,
04:04 ça doit être possible dans un restaurant.
04:05 En mars 2021, je décide de fonder l'association "L'Esprit de Barbara"
04:09 pour garder l'esprit de ce que nous faisions à la maison de quartier.
04:12 On ouvre un café solidaire au mois de juillet 2021.
04:16 Et on a toujours en tête de se dire qu'il faut qu'on arrive à recréer un lieu de mixité sociale,
04:21 où on peut échanger, se faire accompagner, répondre aux problématiques administratives, d'emploi, sociale.
04:29 Et on voulait aussi avoir un côté restauration comme on le faisait avec un vrai chef, une vraie cuisine.
04:35 Donc pendant un an et demi, j'ai cherché, cherché, cherché.
04:37 Et à beau jour, on me propose de racheter un front de commerce ici à l'Homme Tranquille.
04:42 Et voilà, depuis le 17 octobre 2022, on est ouvert à l'Homme Tranquille.
04:46 Tartes à l'oignon, très très bonnes, ils sont parfaits.
04:51 Lasagne au bœuf et puis une tarte aux pommes en dessert.
04:57 Tranquille.
04:59 L'Homme Tranquille.
05:01 Au revoir, belle journée.
05:03 Merci.
05:04 (Rires)

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