Les Vraies Voix responsables avec Thierry Braillard, ancien Secrétaire d’état aux sports, Romain Molina, journaliste sportif d’investigation, auteur des livres “the beautiful game” et “les guerres des bonnes affaires au Yémen” aux éditions Exuvie et William Gasparini, professeur en sociologie et sciences du sport à l’université de Strasbourg.
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00:00 Sud Radio, les vraies voies qui font bouger la France, 19h20, les vraies voies responsables.
00:07 Bienvenue dans les vraies voies responsables avec tous nos invités ce soir et au sommaire de cette émission.
00:11 Trois fédérations sportives françaises dans la tourmente ces dernières années,
00:15 semaine en tout cas, foot, rugby et handball.
00:18 Le monde des principales fédérations de sport collectif français a été largement émaillé
00:22 par des scandales de corruption, de harcèlement sexuel et de pédophilie.
00:25 Ces constats aggravants ternissent-ils l'image du sport français à l'étranger ? On en parlera avec nos invités.
00:31 Entre incompétence des dirigeants, opacité, conflit d'intérêt et dérapage,
00:34 des valeurs du sport sont mises à mal, quels que soient les sujets.
00:37 De nombreuses fédérations ont montré tour à tour incohérence de leur prise de décision,
00:41 non-respect des procédures, inégalité femmes-hommes, opacité des délibérations.
00:45 Leur décompte a sonné, faut-il réformer les fédérations sportives françaises ?
00:50 Vous pouvez témoigner au 0826 300 300.
00:52 Et puis le sport business, entre passion et dérive, derrière l'éthique et les valeurs du sport,
00:56 se cache un univers qui ne connaît pas la crise.
00:59 Pour plus de ses riches, en tout cas fédérations françaises,
01:02 le sport ou les sportifs sont-ils devenus une vulgaire marchandise qui peut rapporter gros ?
01:08 On en parle tout de suite.
01:09 Et on va en parler avec nos invités.
01:16 Aujourd'hui Thierry Braillard est avec nous, ancien secrétaire d'Etat au sport
01:21 et aujourd'hui avocat. Thierry Braillard, bonsoir, merci d'être avec nous.
01:25 Romain Molina est avec nous, journaliste sportif d'investigation,
01:28 auteur des livres "The Beautiful Game" et "Les guerres des bonnes affaires" au Yémen,
01:32 aux éditions Exuvie, est avec nous, bonsoir.
01:36 - Bonsoir. - Et le dernier, notre invité, troisième invité.
01:39 - William Gasparini, professeur en sociologie et sciences du sport à l'université de Strasbourg,
01:43 titulaire d'une chaire Jean Monnet en sociologie européenne du sport,
01:46 auteur de "Le football des nations", des terrains de jeux aux communautés imaginées,
01:50 sociologie de l'organisation sportive ou encore "L'Europe du football", bonsoir.
01:54 - Merci d'être avec nous Thierry Braillard, on va commencer avec vous,
01:58 ancien secrétaire d'Etat forcément au sport.
02:02 Quand on voit le constat aujourd'hui de ces trois fédérations,
02:05 qui sont trois fédérations des mastodontes aujourd'hui,
02:09 le bilan il est catastrophique ou c'est quelque chose,
02:12 une petite musique qu'on entendait depuis longtemps quand même ?
02:16 - C'est une petite musique qu'on entendait depuis longtemps,
02:21 et on l'entendait tellement que, et les gens ne le savent peut-être pas,
02:25 mais vous savez qu'il y a un adage qui dit "nul n'est censé ignorer la loi",
02:28 et il y a une loi... - Je crois que c'est l'article 1 du code pénal voté par les avocats.
02:33 - Il y a une loi, la loi du 2 mars 2022, qui a été votée récemment,
02:38 et qui organise la rénovation du mouvement sportif et des fédérations,
02:44 sauf que cette loi s'applique à partir du 1er janvier 2024.
02:49 Donc, j'allais dire, on est un peu à la fin d'un système,
02:53 avant qu'il y ait un système beaucoup plus vertueux,
02:56 qui débute à partir du 1er janvier 2024.
02:59 - Romain Molina, vous qui vivez à l'étranger, on peut le dire,
03:03 est-ce que ça ternit gravement l'image du sport français ?
03:07 Ou alors est-ce qu'à l'étranger, on pense aux exploits de Mbappé,
03:11 aux exploits d'E.H.Baller, et dans les pays anglo-saxons,
03:15 comme c'est plus un sport de pays anglo-saxons,
03:18 aux magnifiques essais d'Antoine Dupont ?
03:21 - Sportivement, la France est une des meilleures nations au monde,
03:25 notamment en termes de discipline collective et individuelle.
03:28 Néanmoins, dans ces fédérations, on est moqués à l'étranger,
03:31 mais il ne faut pas croire qu'ailleurs c'est mieux.
03:34 C'est le monde du sport en général qui a un véritable problème.
03:37 C'est un industrie criminel qui devrait être considéré comme tel,
03:40 comme le trafic d'êtres humains ou de drogue.
03:43 Et comme M.Brayard, que je connais, on en avait parlé il y a quelques mois,
03:46 ce qu'a fait la Fédération française de foot,
03:49 qui a notamment dissimulé plein de choses vis-à-vis de la loi française,
03:52 et un jour on va voir que la loi, on est dans un état de droit, ça s'applique.
03:55 Je tiens aussi à signaler une petite chose, il y a d'autres fédérations,
03:58 comme la FFKMDA, donc de kickboxing, muay thai et discipline associée,
04:01 à côté, ce qu'on a cité, ce sont des petits joueurs de bonne taux.
04:04 Et puis en revers, c'est aussi politique, parce qu'on va se remarquer
04:07 que dans toutes ces fédérations-là, il y a des connexions politiques,
04:10 et combien de gens ont protégé ces gens du football, du rugby, du hand,
04:13 et des autres disciplines associées.
04:16 - Même question avec vous, William Gasparini.
04:19 Aujourd'hui, souvent, les amateurs de foot, de hand, de rugby,
04:22 tombent un petit peu de leur chaise en se disant,
04:25 on n'imaginait pas que derrière ces fédérations, il se passe tout ça.
04:28 On savait tous à peu près qu'il y avait des omertas,
04:31 mais là, on tombe vraiment sur des faits qui sont catastrophiques.
04:36 - Alors, oui, c'est peut-être pas forcément nouveau,
04:41 parce que depuis que les fédérations sportives existent en France,
04:44 il y a toujours eu des affaires.
04:47 Seulement, les affaires les plus récentes, elles sont beaucoup plus médiatisées,
04:50 il y a beaucoup plus d'adhérents,
04:53 et donc c'est un phénomène qui, en plus,
04:56 est relayé par les médias, ce qui était moins le cas avant,
04:59 et aujourd'hui, effectivement, on tombe peut-être des nues,
05:02 mais on sait très bien comment fonctionnent toutes ces fédérations.
05:05 Alors, comme l'a dit Thierry Briard,
05:08 c'est vrai qu'avec la nouvelle loi du 2 mars 2022,
05:11 il va y avoir des changements, mais qui vont arriver en 2024,
05:14 mais pour l'instant, il y a un problème structurel,
05:17 et surtout, il y a un problème de personnes,
05:20 et notamment d'hommes, puisqu'on va peut-être en parler par la suite,
05:23 c'est avant tout des présidents hommes qui gèrent les fédérations sportives.
05:26 Et donc ça, peut-être, il faudrait revoir,
05:29 même s'il y a des quotas, il y a de la parité,
05:32 mais dans la réalité, ça reste un système
05:35 largement dominé par des présidents hommes,
05:38 ce qui explique aussi certaines affaires.
05:41 - Thierry Briard, d'autres pays ont été frappés par des scandales énormes.
05:44 Alors, si on prend le football en Italie,
05:47 entre les matchs truqués du Toto Nero, c'était dans les années 80,
05:50 ensuite le Calciopoli, le Cacios Commessi,
05:53 l'affaire des athlètes paralympiques espagnols
05:56 qui était valide, ça avait fait scandale,
05:59 notamment sur le basket, ils avaient été disqualifiés,
06:02 le dopage chez les athlètes américains dans l'affaire Balco,
06:05 les questions qu'on se pose légitimement sur la surmortalité
06:08 des champions du monde sur Sud-Africain de rugby en 95,
06:11 est-ce que vous diriez que le sport français aujourd'hui est au même niveau,
06:14 ou c'est quand même dans un autre registre ?
06:17 - On est dans un autre registre, mais Romain Moïna a raison
06:20 de rappeler qu'il n'y a pas qu'en France
06:23 où on a des difficultés, vous venez déjà de les épeler.
06:26 - J'en avais d'autres à citer, mais c'était pour pas être trop long.
06:29 - Je pense simplement que c'est mon sentiment,
06:32 et je vais être un peu optimiste ce soir par rapport aux crises
06:35 qu'il y aura au travers ces fédérations, on est à la fin d'un système.
06:38 Et je crois vraiment que la nouvelle loi va apporter un nouveau système.
06:41 Pour que vos éditeurs comprennent, la parité
06:44 va être obligatoire dans les instances.
06:47 Un comité d'éthique doit être créé par chaque fédération,
06:50 qui devra se référer à une charte éthique
06:53 que va devoir faire le Comité National Olympique et Sportif Français.
06:56 Ce comité d'éthique sera indépendant.
06:59 On a vu par exemple dans la crise de la Fédération Française du Rugby,
07:02 le rôle important que jouait le comité d'éthique
07:05 quand il a fallu prendre des positions
07:08 ou défendre des positions.
07:11 Donc on est dans le bon sens, je crois qu'il y a de plus en plus de transparence,
07:14 il y a une volonté de limitation des mandats,
07:17 trois mandats maximum. On a connu par le passé,
07:20 quand j'étais au gouvernement, il y avait des présidents de fédé qui en étaient à 5
07:23 ou 6 mandats. Donc je pense qu'il faut à terme
07:26 lever l'opacité. L'opacité a existé.
07:29 On le voit avec la Fédération Française de Football.
07:32 On peut voir aussi que M. Molina
07:35 a sorti des faits,
07:38 pas simplement des phrases, des faits.
07:41 - Des livres, des vidéos, etc. - Des pièces
07:44 et montrant qu'il y avait une opacité. Je pense que cette crise
07:47 montre qu'à terme, il faudra que cette opacité disparaisse complètement
07:50 et qu'il faut qu'il y ait les outils pour qu'elle disparaisse,
07:53 qu'il y ait des lanceurs d'alerte, qu'il y ait des comités qui puissent
07:56 entendre des voix. On l'a vu pour le harcèlement sexuel.
07:59 Il a fallu qu'une courageuse
08:02 patineuse qui s'appelle Sarah Abbol décide
08:05 de parler et de briser l'omerta.
08:08 On voit que dans le football,
08:11 il y a eu aussi une omerta et où peut-être
08:14 la Fédération Française à l'époque n'a pas pris les décisions
08:17 qui s'engagent. Parce que quand on a quelqu'un,
08:20 je fais référence à une enquête de M. Molina,
08:23 qui sévit à Clairefontaine, plutôt que de dire
08:26 "il faut arrêter", on la licencie
08:29 mais on lui permet d'aller dans un club
08:32 où elle va poursuivre. Tout ça est très grave
08:35 et je pense qu'on arrive au bout de ce chemin.
08:38 - Justement, M. Molina, là en JO 2024,
08:41 Coupe du monde de rugby, on parlait tout à l'heure
08:44 de l'image de la France. Est-ce que ça peut créer
08:47 un précédent ?
08:50 Est-ce que finalement cette image
08:53 que l'on pensait, nous, amateurs de foot
08:56 classique dorés, est-ce que ça ne va pas créer quelque chose
08:59 pour ces grands événements ? Est-ce qu'on ne va pas nous le reprocher ?
09:02 Parce que j'imagine que quand on ouvre la boîte de Pandore,
09:05 derrière, il y a une déferlante d'événements et de scandales
09:08 qui vont sortir avec. - C'est inimaginable.
09:11 On parlait du CNOSF, le comité olympique français,
09:14 qui est dirigé aujourd'hui par Mme Henriquez. Déjà, premier point, j'aimerais dire que
09:17 je comprends l'idée de la parité, mais ce qui importe, c'est la compétence.
09:20 - Absolument. - Je m'en fous que ça soit une femme ou un homme, honnêtement.
09:23 Je vais vous dire une chose, les femmes qui étaient au comité de direction de la Fédération
09:26 française de foot, elles ne sont pas parties à cause d'un homme, M. Legrève, mais à cause d'une femme, Mme Ardoin.
09:29 Les deux femmes qui dirigeaient le foot français, Mme Henriquez,
09:32 qui est à la tête du comité olympique français, et Mme Ardoin, se faisaient la guerre
09:35 pour être la seule femme à réussir. Donc, c'est pas parce qu'on est une femme
09:38 que forcément ça va être bien. Pour ça, il faudra remettre ça en place.
09:41 Et malheureusement, il y a plein de femmes très hauts dans le sport français
09:44 qui vont flinguer les autres. Maintenant, sur le comité olympique français,
09:47 je pose juste une question, parce qu'en effet, les Jeux olympiques arrivent.
09:50 Mme Henriquez, quand même, qui a couvert tous les cas à Clairefontaine,
09:53 c'était par M. Braillard, elle est sautée, citée
09:56 dans les PV judiciaires qu'on a publiés
09:59 dans les médias, et je retiens, c'est une autre affaire,
10:02 elle a quand même fait des attestations et témoignages jusqu'à la gendarmerie
10:05 pour défendre quelqu'un, M. Fortepaul, qui a été condamné par la justice
10:08 pour harcèlement sexuel à la Fédération française de foot.
10:11 Est-ce que cette dame peut légitimement être à la tête des Jeux 2024 ?
10:14 Alors, je sais qu'elle a un frère très important, M. Karl-Oliv, qui a les oreilles du président,
10:17 mais là, encore une fois, je vais redire, si les politiques n'arrêtent pas
10:20 de faire le copinage, on va rester avec Mme Henriquez, à la tête,
10:23 et si vous trouvez ça normal, moi, c'est pas mon camp.
10:26 Je suis pas si optimiste.
10:27 - William Gasparini, qui est sociologue, et sociologue notamment spécialisé dans le sport,
10:31 comme vous voyez toutes ces accumulations d'affaires,
10:34 est-ce que vous dites que, je dirais pas que c'est obligatoire,
10:37 mais que dans tout produit, et le sport est un produit médiatique,
10:41 il y a des dérives et que ça en fait partie ?
10:44 - Oui, alors, bien sûr, une fédération, c'est une institution
10:49 comme n'importe laquelle, comme les entreprises,
10:52 où on a aussi des affaires, donc ni plus ni moins.
10:55 Ce n'est pas propre à la France, ça a été dit,
10:58 puisque les fédérations, il y a des affaires dans toutes les fédérations
11:02 olympiques ou non olympiques, dans tous les pays,
11:05 ce sont des ONG qui sont de droit privé,
11:09 avec des fonctionnements assez opaques, pas très transparents,
11:14 et selon les pays qui accueillent ces fédérations,
11:17 il peut y avoir une politique plus ou moins volontariste.
11:20 Moi, je pense que la France est quand même un peu plus volontariste,
11:23 l'État est plus présent en France, en matière de sport,
11:26 que dans d'autres pays, en Italie, en Espagne, en Angleterre.
11:29 Mais malgré une politique volontariste avec des lois,
11:34 on voit qu'il y a tout de même des dérives,
11:37 et ces dérives, en fait, elles ne sont jamais dénoncées de l'intérieur,
11:40 c'est toujours de l'extérieur.
11:43 S'il n'y avait pas eu MeToo, on n'aurait pas eu toutes ces affaires
11:46 de harcèlement sexuel déclarées.
11:49 Alors ça, c'est une constante dans toutes les fédérations sportives,
11:52 chaque fois qu'il y a des mouvements,
11:56 que ce soit des mouvements féministes,
11:59 tous les mouvements un peu innovants,
12:01 viennent toujours de l'extérieur, ce n'est jamais de l'intérieur
12:04 que les fédérations dénoncent des faits, c'est toujours par l'extérieur.
12:07 - Est-ce que ça va, Thierry Braillard,
12:09 cette nouvelle loi qui va tomber en 2024,
12:12 est-ce que ça va... parce qu'il faut que ça joue quelque chose
12:15 sur les clubs, en fait, sur les petits clubs,
12:18 sur ces gamins, est-ce que ça va changer quelque chose dans l'organisation,
12:21 est-ce que ça va permettre peut-être plus de lumière sur les affaires,
12:25 est-ce que véritablement ce n'est pas un cache-misère, cette loi,
12:28 et on ne va pas encore retourner dans des guerres d'Ego,
12:31 dans des guerres d'Omerta, et reprendre le courant
12:35 de ce qui s'est passé pendant des années ?
12:37 - Non, je ne le pense pas, je pense véritablement
12:39 qu'on est sur un bon chemin.
12:42 Peut-être pour aller dans le sens de la personne qui vient de parler...
12:46 - William Gasparini.
12:48 - Monsieur Gasparini, je pense que le monde sportif,
12:51 historiquement, est assez conservateur.
12:53 Et qu'il faut qu'il devienne de plus en plus progressiste.
12:56 Et c'est vrai que... - Il faut y voir précaré, en fait.
12:59 - Ne serait-ce que pour modifier une règle au football ou au rugby,
13:02 c'est déjà très compliqué. - Si on ne lui impose pas,
13:05 il ne va pas de lui-même faire les changements.
13:07 C'est pour ça que je me suis permis de parler de cette loi.
13:09 Il a fallu que ce soit le législateur qui impose les choses,
13:12 pour que les fédérations puissent dire "oui, c'est vrai,
13:15 le mandat de 3 ans, maintenant on ne va pas pouvoir faire 4 mandats".
13:19 Un mandat est de 4 ans, une fédération est calée sur le rugby olympique.
13:24 La parité dans les instances, il va falloir s'y mettre.
13:28 C'est la loi qui l'impose.
13:30 Si la loi ne l'impose pas, on ne le fait pas.
13:32 Il y a toutes ces évolutions parce que...
13:34 - On voit bien que dans les entreprises, il y a plein de lois qui sont imposées.
13:38 - Il y a un côté conservateur.
13:40 Je pense qu'il faut que le sport devienne beaucoup plus progressiste.
13:42 - Oui, mais c'est ce que je vous disais.
13:44 Il y a quand même pas mal de choses aujourd'hui dans les entreprises,
13:46 avec des lois et du législatif, qui ne sont pas non plus appliquées.
13:49 - Il faudra qu'elles soient appliquées.
13:51 Mais après, vous savez, les fédérations, aujourd'hui,
13:53 sont des petites entreprises, avec des budgets de plusieurs millions d'euros.
13:58 Avec un président qui, souvent, n'a pas de rémunération.
14:02 Ça pose aussi un problème.
14:04 On l'a vu avec le rugby.
14:06 La loi permet, aujourd'hui, collégialement,
14:09 de fixer, éventuellement, une rémunération pour le président.
14:11 Moi, d'une personne, je pense aujourd'hui que j'y suis favorable.
14:14 Mieux vaut que le président ait une rétribution,
14:17 plutôt qu'il n'en prenne pas et qu'il se débrouille pour faire d'autres choses,
14:21 qui sont peut-être hors la loi.
14:23 Donc, là aussi, transparence.
14:25 - En tout cas, vous me tournez la perche, parce que dans un instant,
14:27 on va revenir sur la question de la réforme des fédérations sportives françaises.
14:31 Vous voulez poser des questions ou nourrir le débat,
14:35 vous êtes les bienvenus.
14:36 C'est les Vrais Voix Responsables, 0826 300 300.
14:39 On vous attend et on est ensemble avec Philippe David, jusqu'à 20h.
14:42 A tout de suite.
14:43 - Sud Radio, les vraies voix qui font bouger la France.
14:46 19h20, les Vrais Voix Responsables.
14:49 - Bienvenue dans les Voix Responsables.
14:50 On est ravis de vous retrouver.
14:51 On revient sur les événements qui ont émaillé certaines fédérations sportives.
14:57 Même si ce sont des fédérations, en tout cas, c'est des problèmes qui viennent depuis bien longtemps.
15:02 Thierry Braillard est avec nous pour en parler, ancien secrétaire d'État au sport et avocat.
15:06 Romain Molina, qui est avec nous, journaliste sportiste d'investigation et auteur des livres
15:11 "The Beautiful Game et les guerres des bonnes affaires" au Yémen, aux éditions ÉQVI.
15:16 Et William Gasparini, professeur en sociologie et sens du sport à l'université de Strasbourg.
15:21 Et aussi avec ce livre, "Le football des nations, des terrains de jeu aux communautés"
15:26 imaginé aux éditions de la Sorbonne.
15:29 On parle de cette réforme, éventuellement, des fédérations.
15:33 La ministre Amélie Houdier à Castellaradis dit "Rénover la gouvernance des fédérations".
15:38 Vous, en tant qu'ancien ministre, Thierry Braillard, ça veut dire quoi ?
15:42 - Plus de transparence, plus de démocratie, moins d'entre-soi, plus de progressisme.
15:48 Et le fait que le licencié du club Lambda se sente impliqué dans la gouvernance de sa fédération.
15:56 Avec le vote des clubs, plus de démocratisation.
15:59 C'est ça que je pense que la ministre a voulu dire.
16:02 On a les outils, maintenant il va falloir les appliquer.
16:05 - Mais souvent on dit que là, par exemple, au dernier vote dans la fédération française de rugby,
16:10 qu'il y a eu un peu de pression sur les petits clubs.
16:14 Mais comment faire en sorte que tout ça n'existe plus ?
16:17 C'est compliqué quand même.
16:19 - S'il y a eu pression, en tout cas ça n'a pas marché.
16:21 Puisque le vote a été négatif sur le référendum.
16:24 Donc voyez, comme quoi il y a une évolution.
16:27 Parce que ce sont les clubs qui se prononcent.
16:30 Donc ça c'est la démocratisation, plutôt que des représentants locaux qui font de l'entre-soi.
16:36 - Romain Molina, on a un peu l'impression que les fédérations c'est un peu en état dans l'état,
16:42 ou des états dans l'état. Est-ce que c'est un peu ça ?
16:44 - Complètement. Même M. Braillard l'a bien connu, il pourra vous dire.
16:48 Prenez la fédération française de foot, M. Legret,
16:50 souvent il ne passait pas par son ministre tutel.
16:53 Il appelait directement le président de la République, notamment M. Hollande.
16:55 Il s'en vantait devant des journalistes.
16:57 Et il y a aussi un autre problème, c'est des fois les fédérations internationales comme la SIFA,
17:00 qui vont introduire cette idée d'aucune ingérence politique,
17:03 qui est en fait une menace pour protéger les présidents de fédérations qui votent pour eux-mêmes.
17:07 Alors ils font souvent ça en Afrique et en Asie, c'est plus facile de faire ça qu'en Europe.
17:10 Donc vous avez aussi des fois les super protections des fédérations internationales,
17:14 mais ce sont des états dans l'état.
17:16 Et c'est un véritable problème parce que l'OBERTA qui existe,
17:19 et alors je veux bien l'optimisme, mais il y a quand même des codes qui durent depuis des décennies et des décennies.
17:23 On parle quand même de par exemple sur des décennies d'abus sur mineurs à Clairefontaine,
17:28 qui sont enfin validés par l'audit qui a d'ailleurs été commandé par la ministre des Sports.
17:31 Moi je me bats sur ces dossiers depuis des années.
17:33 Alors comment on va réussir à faire changer cette culture-là ?
17:36 Parce qu'il y a une loi, mais il y a aussi un autre problème, vous l'avez dit,
17:38 les menaces etc. c'est un milieu qui est naturellement hors la loi pour beaucoup de gens,
17:43 qui sont dans un bien de qualité générale,
17:45 et pour faire changer ça, ça ne va pas être si facile que ça, moi je pense.
17:48 William Gasparini, comment éviter justement cette proximité entre le politique finalement
17:54 et les fédérations ?
17:56 Bernard Laporte qui était ministre sous Sarkozy, avec Noël Legrette qui était PS,
18:01 enfin voilà, qui était maire,
18:03 et on sent quand même qu'il y a une proximité, que c'est services rendus,
18:06 que c'est souvent des anciens sportifs, d'au niveau,
18:08 comme si on leur avait dit "ben voilà, vous êtes formidables, on va vous nommer".
18:11 Est-ce que là il n'y a pas un peu d'ingérence finalement dans le sport par le politique ?
18:15 Oui, enfin, c'est pas nouveau, de toute façon il y a un lien très fort entre le sport et le politique,
18:23 et c'est vrai que, pour arriver au sommet d'une fédération,
18:26 il faut avoir suivi une sorte de voyage initiatique,
18:30 être passé par les clubs, les différentes instances départementales, régionales etc.
18:35 et à un moment, pour certains, être président de une fédération ou président d'un comité,
18:42 c'est aussi un tremplin politique.
18:44 On pense tous à Tapie dans les années 90,
18:48 où il y avait une forte ingérence entre la présidence d'un club et il est devenu ministre aussi,
18:54 mais le sport était un tremplin pour ces personnes,
18:56 et on voit qu'il y a des liens très forts historiquement,
19:00 malgré l'autonomie, il y a un lien très fort.
19:02 Mais je voulais revenir juste sur la question de la démocratie,
19:05 comme l'a dit l'ancien secrétaire d'Etat,
19:08 c'est vrai que dans le système fédéral actuellement, c'est une démocratie indirecte,
19:12 elle est diluée, elle n'est pas directe,
19:14 mais ça vient aussi du fait que beaucoup de sportifs ne s'impliquent pas,
19:18 ne militent pas, ne s'engagent pas.
19:21 Regardez, moi qui ai beaucoup étudié les assemblées générales dans les clubs
19:26 ou dans les comités départementaux, il n'y a personne,
19:29 il n'y a que des retraités qui sont là,
19:32 et donc les sportifs ne prennent pas la parole, ne s'expriment pas,
19:35 ne militent pas, et ensuite ne s'impliquent pas dans les élections.
19:39 - Mais William Molina, vous avez écrit un livre qui s'appelle "L'Europe du football",
19:42 vous avez une chaire, Jean Monnet en sociologie européenne du sport,
19:45 c'est la même chose en Angleterre, en Allemagne, en Italie, en Espagne qu'en France ou pas ?
19:50 - Tout pareil, il y a une crise du bénévolat,
19:54 on trouve de moins en moins de personnes qui veulent s'impliquer dans les fédérations,
19:59 alors les hommes s'impliquent plus que les femmes,
20:03 parce que la société est faite aussi pour que les hommes s'impliquent davantage,
20:07 les réunions ont lieu en soirée, etc.
20:09 donc effectivement on a un système qui est très patriarcal,
20:13 et vous savez qu'aujourd'hui il n'y a que deux femmes présidentes de fédérations olympiques,
20:18 il y en a un peu plus dans les fédérations militaires multisport,
20:21 et donc c'est un système, comme c'était dit, assez conservateur,
20:25 mais qu'on retrouve dans tous les pays européens,
20:28 sauf que dans certains pays, les fédérations sont encore plus autonomes qu'en France.
20:34 En France, je l'ai dit, il y a une tradition d'intervention de l'État,
20:38 c'est depuis les années 1940, ce n'est pas récent,
20:42 c'est la Charte des sports en 40, en 45, la loi Maso ensuite, etc.
20:46 Donc il y a toujours eu une ingérence, c'est plus important que du politique,
20:52 mais en fait c'est pour encadrer aussi des pratiques sportives,
20:55 et c'est vrai que pour les fédérations internationales,
20:58 elles regardent ça d'un très mauvais oeil, de voir que la France intervient dans le monde fédéral,
21:05 c'est beaucoup moins le cas en Angleterre, c'est beaucoup moins le cas en Espagne, en Italie,
21:09 où il y a une autonomie beaucoup plus grande des fédérations,
21:12 qui reste associative, qui reste des ONG, comme les autres.
21:17 - Et puis il y a forcément, Thierry Braillard, du clientélisme,
21:21 le sport c'est quand même une manne d'électeur potentiel,
21:25 donc forcément il y a toujours un lien entre le politique et le sport,
21:30 et ça restera aujourd'hui.
21:32 - Oui, même si quand on se présente à une fédération,
21:37 on ne va pas sortir une étiquette politique.
21:40 - Mais vous regardez, vous regardez, pardon de vous le dire,
21:43 les Douillet, Laura Flessel, Roxana Marisset...
21:47 - Mais c'est les ministres, ce n'est pas les présidents de fédérations.
21:49 - Non, je parle des ministres, et je parle effectivement du politique avec les fédérations,
21:54 je parle de La Porte, je parle de tous ces gens-là,
21:57 qui aujourd'hui sont arrivés au gouvernement, ils partent dans les fédérations,
22:02 enfin voilà, il y a une espèce de ligne à tourner, à prendre, non ?
22:07 - Oui, mais bon... - Vous avez le droit de dire que je dis des bêtises,
22:10 mais moi c'est du 94. - Non, non, pas du tout, mais là, si vous voulez,
22:13 on parle par exemple des fédérations,
22:16 c'est vrai que le code Bernard Laporte est particulier,
22:19 puisqu'il a été au gouvernement pour ensuite se présenter et être élu à une fédération.
22:24 Autrement, il y a d'autres fédérations, je pense à Philippe Bannat,
22:28 le président de la fédération de handball, à Jean-Pierre Suitta,
22:31 le président de la fédération de basket, pour ne citer que ces deux,
22:34 sincèrement, ils n'ont jamais mis en avant quelconque étiquette politique.
22:39 Donc là, c'est quand même le prisme qu'on a sur la fédération de foot et la fédération de rugby,
22:44 parce que c'est quand même d'elle qu'on parle beaucoup en ce moment.
22:47 - Romain Molina, est-ce qu'il y a un exemple aujourd'hui dans le monde de fédérations
22:50 qui sont, avec des guillemets, exemplaires,
22:53 ou en tout cas vis-à-vis desquelles on pourrait prendre des exemples de fonctionnement ?
22:57 - Dans le monde, peut-être pas, mais sur la planète Mars, peut-être !
23:00 - Non, mais peut-être que ça existe !
23:02 - Pas à ma connaissance.
23:04 On va dire que dans les pays scandinaves, ça peut aller,
23:07 mais encore, il faudrait examiner les fonds de tiroirs.
23:10 Je rappelle que la fédération islandaise, on prend souvent l'Islande en exemple,
23:13 la fédération de foot, tout le comité de direction a dû démissionner,
23:16 parce qu'ils avaient couvert un viol.
23:17 Ce qui est quand même marrant, à comparer à la fédération française de foot,
23:19 on remarque le nombre de démissions absolument incroyable des membres du comité exécutif,
23:22 qui ne pensent qu'à une chose, c'est garder le pouvoir, alors qu'ils ont couvert plein de choses.
23:25 Honnêtement, il n'y a pas beaucoup de modèles.
23:27 Je dirais quand même quelques pays scandinaves, mais sinon pas grand-chose de plus.
23:31 Le nombre d'affaires, j'en traite dans le monde entier,
23:33 ça va de la Barbade à la Mongolie, en passant par le Laos, des pays africains,
23:36 c'est passant RDC au Gabon, etc.
23:38 Et c'est aussi, et je le redis, le problème, c'est que souvent, plus que le politique,
23:41 ce sont la fédération qui est au-dessus.
23:43 C'est-à-dire la fédération internationale de taekwondo, de rugby, de basket.
23:46 Je suis dans un cas au Mali, on a plusieurs rapports,
23:49 j'ai pu lire le New York Times et autres, qui a une pédocrinalité depuis 20 ans,
23:52 et vous avez la fédération internationale de basket qui couvre ça.
23:55 Il y a encore un magazine allemand qui en a parlé la semaine dernière,
23:58 et personne ne dit rien.
24:00 Donc le problème, des fois, c'est les fédérations,
24:02 et ce qu'il y a au-dessus d'eux, pourquoi ? Parce qu'on vient au système de vote,
24:04 c'est comme disait M. Bras sur la démocratie.
24:06 Parce que les prédétenants des superstructures internationales,
24:08 elles sont élues par ces mêmes prédétenants de fédération.
24:10 Donc c'est-à-dire qu'on les protège.
24:12 Et souvent, c'est aussi un problème pour les gouvernements,
24:13 qui ne peuvent pas réellement faire appliquer les lois.
24:15 Mais la question se pose sur l'indépendance,
24:17 alors il faut arrêter l'indépendance de ces fédérations.
24:20 Les mettre sous tutelle gouvernementale ?
24:22 Je ne sais pas.
24:23 Non, je pense qu'il y a un modèle français qui existe,
24:28 et qui a quand même fait ses preuves.
24:30 Je vous dis simplement, il fallait arriver à plus de démocratisation dans le sport,
24:34 et dans le monde fédéral.
24:36 La loi du 2 mars 2022, on peut le regretter d'ailleurs,
24:40 appliquer qu'à partir du 1er janvier 2024 pour les fédérations,
24:45 et du 1er janvier 2028, me semble-t-il, pour les fédérations régionales.
24:50 Je pense que le législateur aurait pu dire, accélérer,
24:53 faire une application plus rapide.
24:55 - William Gasparini, on parlait de la FIFA il y a quelques instants,
24:58 à la bouche de Romain Molina,
25:00 comment vous avez analysé, vous en tant que sociologue,
25:02 cette scène surréaliste au début de la Coupe du monde au Qatar,
25:05 où le patron de la FIFA, Gianni Fantino, peut dire que
25:08 bon, les morts sur les chantiers, finalement, le droit du travail,
25:11 ça évolue, des propos totalement surréalistes,
25:14 et qu'il est quand même resté patron de la FIFA,
25:16 qui est l'instance suprême au niveau mondial.
25:20 Pour sortir du cadre franco-français.
25:24 - William Gasparini ?
25:26 - Est-ce qu'il est avec nous ? Est-ce qu'il nous entend ?
25:28 - On n'entend plus William Gasparini ?
25:30 - Ah non c'est bon, là on vous entend, on vous entend.
25:32 - C'est la Coupe du monde.
25:34 - Ah on n'entend plus.
25:35 - La FIFA n'était pas, comment dire, la plus militante.
25:40 - A priori, il y a un souci de ligne.
25:44 - Oui voilà.
25:46 - Oui là on vous entend à nouveau, oui.
25:48 - Ça coupe, ça coupe, ça coupe.
25:52 - Et moi ça coupe.
25:53 - Vous bougez pas, on revient dans un instant.
25:55 On va faire une petite pause comme ça, on va vous rappeler.
25:57 Pour être sûre, vous restez avec nous,
25:59 on continue d'en parler, on parlera de ce sport business aussi.
26:02 Est-ce que finalement, trop d'argent, forcément tue les valeurs du sport ?
26:06 C'est une vraie question, on en parle dans un instant.
26:08 0826 300 300.
26:10 Si vous voulez participer au débat, on vous attend jusqu'à 20h.
26:12 A tout de suite.
26:13 - Sud Radio, les vraies voix qui font bouger la France.
26:15 19h20, les vraies voix responsables.
26:18 - Et on parle des scandales qui touchent les fédérations françaises
26:21 en compagnie de Thierry Braillard, ancien secrétaire d'état au sport,
26:23 Romain Molina, journaliste sportif d'investigation,
26:26 auteur de "The Beautiful Game" et "Les Gardes",
26:28 "Les Bonnes Affaires au Yémen",
26:29 William Gasparini, professeur en sociologie et sciences du sport
26:31 à l'université de Strasbourg,
26:33 et titulaire d'une chaîne Jean Monnet en sociologie européenne du sport,
26:36 auteur du "Football des Nations", des "Terrains de jeux aux communautés imaginées",
26:39 de la sociologie, de l'organisation sportive,
26:41 et de l'Europe du football.
26:42 On vous a trouvé William Gasparini,
26:44 vous avez fait tellement de livres que ça fait beaucoup.
26:46 Vous nous entendez bien ?
26:48 Vous aviez entendu ma question sur le président de la FIFA
26:51 qui a balancé des énormités pour sortir du cadre franco-français
26:54 et qui est toujours en place ?
26:56 - Oui, vous m'entendez là ?
27:00 - Oui, très bien.
27:02 - Infantino, comme la plupart des présidents de la FIFA qui sont passés,
27:07 se sentent au-dessus des lois,
27:09 notamment des lois nationales,
27:11 et au-dessus des règles et du droit social.
27:14 Et donc Infantino s'en fichait un peu de tout ce qui s'est passé avant,
27:20 notamment pendant la construction, avec ses décès, ses morts,
27:23 et ce non-respect du droit des travailleurs
27:26 durant la Coupe du Monde au Qatar.
27:28 Et pour lui, c'est "the show must go on",
27:32 c'est-à-dire qu'il faut que la Coupe se déroule sans problème.
27:37 Et donc, voilà, c'est pas étonnant les déclarations qu'il a faites.
27:41 - Sur le sujet des dérives du sport business,
27:45 on a tous en tête les montants mirobolants
27:49 des tractations entre les clubs, de rachats de joueurs,
27:53 est-ce qu'à un moment donné, il faut, Thierry Braillard par exemple,
27:57 il faut que tous ces prix redeviennent un peu plus cohérents ?
28:00 Parce que là, à chaque fois, on se dit
28:02 "c'est le joueur le mieux payé du monde",
28:04 et puis un an après, on en a un autre,
28:06 et est-ce que cet argent finalement qui coule à flot,
28:08 parce que c'est ça qui coule à flot,
28:10 doit être d'une manière ou d'une autre régulé ?
28:13 - Il y avait un outil qui avait été mis en place à l'époque
28:17 où Michel Platini présidait l'UEFA,
28:20 qui s'appelait le Fair Play Financier,
28:22 et qui expliquait qu'un club ne pouvait pas dépenser plus
28:26 que les recettes qu'il recevait.
28:28 C'était vertueux, et c'était pour éviter que des clubs sans dettes
28:32 perturbent après, j'allais dire, l'éthique des championnats.
28:36 - Mais avec beaucoup de dérive, parce que ça protégeait les clubs historiques.
28:40 - Oui, mais ça les protégeait tellement que tout a explosé.
28:44 - Oui, mais ça c'est l'arrêt Bosseman, plus.
28:46 - Non, ça n'a rien à voir.
28:48 - Si sur les prix des transverses, si.
28:50 - L'arrêt Bosseman, c'est un arrêt de décembre 1995.
28:52 C'est l'ouverture, GRD Frontières, à tous les sportifs
28:56 sans que le critère de nationalité puisse jouer.
28:58 Le Fair Play Financier a été mis en place bien plus tard.
29:01 Et le Fair Play Financier, c'était vraiment pour essayer
29:04 de trouver un équilibre financier.
29:06 Et on peut dire aujourd'hui que l'UEFA ne l'applique plus,
29:10 ou l'applique très mal, si bien que les Etats souverains
29:14 ou des clubs comme Manchester City ou Paris Saint-Germain
29:18 ont pu, j'allais dire, ne pas respecter à la lettre la règle
29:24 sans avoir la moindre sanction.
29:26 Et ça, c'est une réalité qui fait que le foot business,
29:30 comme le disait Cécile Dominibus, se continue.
29:33 On l'a vu là avec le mercato d'hiver.
29:35 On dit que les clubs sont détaillés et n'ont pas d'argent,
29:37 mais pourtant il y a eu énormément de transferts
29:39 et des chiffres assez mirobolants.
29:41 - Et Romain Molina, justement, sur cette question
29:43 de l'argent qui coule à flot,
29:45 on n'a pas l'impression qu'il y ait de crise,
29:47 on parle de crise un petit peu partout dans le monde,
29:49 mais là, finalement, le sport,
29:51 on passe des stades financiers qui sont mirobolants, en fait.
29:57 - Il faut comprendre que c'est une économie, après,
30:00 qui marche, parce qu'il y a des gens qui consomment.
30:03 La plupart de ces gens sont en droit TV,
30:05 c'est plus de 50% des budgets des clubs.
30:07 Là, on a quand même une stagnation, réduction.
30:09 - Est-ce que les télés pourront encore payer,
30:13 à un moment donné ? C'est ça le souci.
30:15 - Là, il y a une stagnation, voire une réduction
30:17 sur certains contrats qu'on peut voir un peu à l'étranger.
30:19 De toute façon, le marqueur, c'est l'Angleterre.
30:21 L'Angleterre, c'est là où il y a le plus d'argent,
30:23 notamment dans le milieu du football.
30:24 On voit que les contrats de Sky commencent à stagner.
30:26 Il n'y a qu'en France, on a les intelligents
30:27 du football professionnel qui pensent qu'ils vont faire
30:28 soit trois en termes de droit TV.
30:30 Mais ce n'est pas grave, on ira à une nouvelle faillite,
30:32 et l'État français va encore sauver les clubs.
30:33 Mais je tiens à dire que c'est une économie qui se tient.
30:36 C'est-à-dire que vous avez des investisseurs,
30:38 vous avez du merchandising, vous avez droit TV,
30:39 vous avez plein de choses.
30:40 Néanmoins, le vrai danger, il est là.
30:42 Qui devient propriétaire des clubs ?
30:44 On voit que, par exemple, en France, vous me prenez,
30:46 il y a eu problème dans le basket,
30:47 vis-à-vis du rachat de pots.
30:48 On voit que dans le rugby, l'été dernier,
30:50 il y a eu un problème avec une circonstance un peu tragique.
30:52 On se rend compte que parfois,
30:53 certains éléments de contrôle,
30:54 comme la DNCG en France,
30:55 laissent passer des montages financiers très hasardeux,
30:57 et que c'est la très très grande finance internationale
30:59 qui arrive, qui est financée elle-même
31:01 par d'autres financiers.
31:02 Donc aujourd'hui, vous avez par exemple un groupe,
31:03 c'est le 20 World Group,
31:04 qui donne des prêts à des clubs afin de racheter.
31:07 Moi, ce que je vois, c'est qu'il y a quand même
31:08 de plus en plus de dettes,
31:09 et qu'on est sur un mur de dettes à chaque fois,
31:11 qu'on va étaler sur des années et des années.
31:13 Donc, quand même, j'ai un peu peur à l'avenir,
31:15 mais tant que le système des droits TV tient,
31:16 la bulle, elle n'exposera pas.
31:18 - Mais est-ce que ces fédérations pourront gérer ces clubs
31:20 qui sont avec des financements étrangers ?
31:23 Est-ce qu'à un moment donné,
31:24 ils ne vont pas perdre le lead sur tous ces systèmes ?
31:28 Est-ce qu'ils vont encore avoir la force,
31:30 les fédérations françaises,
31:32 sur tous ces intérêts étrangers ?
31:34 - La fédération française, par exemple, de foot,
31:36 elle s'occupe des compétitions amateurs.
31:37 C'est la Ligue de football professionnelle qui,
31:38 elle, alors là, achète un immeuble à 127 millions d'euros,
31:41 on fait couler le champagne à flots,
31:42 il y a de l'argent qui coule de partout,
31:44 et ils sont persuadés de faire 1,8 milliard de droits TV
31:47 en 2007-2028, j'ai le business plan.
31:49 Alors je ne sais pas qui sont les intelligents
31:50 qui ont conçu ça,
31:51 mais s'ils veulent se planter, ce n'est pas trop mal.
31:53 Donc il y a une course quand même,
31:54 j'ai presque à l'armement, à l'ivresse,
31:56 en pensant qu'on va faire fortune, fortune, fortune.
31:57 On rappelle qu'il y a quelques années,
31:58 le football français s'est quand même pris un mur
32:00 avec la faillite de Média Pro.
32:01 On a eu le milliard, on a eu le milliard,
32:02 on a vu ce qui s'est passé.
32:03 Il y a quand même eu des aides spéciales.
32:05 Et là, ils ont quand même hypothéqué
32:06 l'avenir du foot français avec un deal,
32:07 avec une compagnie qui s'appelle CVC,
32:09 en vendant 10% des futurs droits TV.
32:11 Donc là, aujourd'hui, ça va,
32:12 on a épongé quelques dettes,
32:13 mais attention à l'avenir,
32:14 et malheureusement, je le répète,
32:15 beaucoup de dirigeants ne se contrôlent pas
32:18 et se perdent là-dessus.
32:19 Et que dire des organes de contrôle
32:20 qui laissent passer des montages terribles ?
32:22 Je vous dis juste une dernière anecdote.
32:23 Vous avez un club de France, en Ligue 2,
32:25 qui a donné à la DNCG,
32:26 qui est censée être un organe de contrôle,
32:28 des faux documents.
32:29 Je les ai contactés, même pas un mot, rien.
32:31 Donc à partir de là,
32:32 quand on parle de contrôle et tout,
32:33 je rigole un peu.
32:34 - William Gasparini,
32:35 on parle du sport business,
32:36 vous qui êtes sociologue.
32:37 Est-ce que ça ne va pas
32:38 dans le sens de l'histoire,
32:39 l'économie mondiale financiarisée,
32:41 le sport mondial financiarisé ?
32:43 - Oui, tout à fait.
32:48 C'est l'évolution depuis le début du sport.
32:51 Il faut savoir que le sport, en France,
32:55 et dans le monde en général,
32:56 c'est financiarisé depuis les années 1980.
33:00 C'est en lien avec aussi l'ouverture libérale
33:03 du marché de la télévision.
33:05 C'est Canal+, mais en Europe,
33:07 c'était avant déjà en Espagne, en Italie, en Angleterre.
33:11 Donc vous avez raison de dire
33:14 que ces salaires sont élevés
33:17 du fait des droits de télévision et du sponsor.
33:20 Maintenant, je pense que là où il faut regarder,
33:23 c'est le modèle américain
33:25 et qui touche certains sports.
33:27 Vous savez qu'en Europe,
33:28 nous avons un modèle qu'on appelle européen,
33:31 qui est un modèle associatif
33:32 basé sur la méritocratie du système.
33:35 C'est un système qui est un peu opposé
33:38 au modèle nord-américain,
33:40 qui est un modèle basé sur des franchises
33:42 où on paye.
33:44 Et même si on est dernier du championnat,
33:46 on ne descend jamais dans la ligue inférieure
33:48 puisqu'on a payé.
33:49 Ce n'est pas le modèle européen.
33:51 Par contre, ce modèle américain
33:53 est en train de toucher le modèle européen,
33:55 notamment avec le basket.
33:56 Vous savez qu'actuellement, il y a un conflit
33:58 au sein du championnat européen de basket
34:02 entre un système fédéral, qui est la FIBA,
34:06 et un système plus libéral,
34:07 qui est un modèle un peu qui ressemble à l'NBA,
34:10 qui est un système semi-fermé.
34:12 Et pour le hockey, c'est le cas aussi.
34:15 Pour l'instant, l'UEFA résiste à ce modèle.
34:18 Mais je pense qu'il faut regarder aussi
34:21 l'évolution du sport
34:23 et le fait qu'on soit touché par ce modèle nord-américain
34:27 qui est beaucoup plus libéral que le modèle européen.
34:29 Une réaction Thierry Berlier ?
34:31 Très juste.
34:32 L'exemple de l'Euroleague de basket,
34:34 c'est donc aujourd'hui le premier championnat fermé
34:38 où les équipes sont inscrites pour une durée de 3 ans.
34:41 Elles ont l'assurance que pendant 3 ans,
34:44 les 16 équipes de mémoire
34:46 vont faire le championnat européen
34:48 en jouant toutes les semaines.
34:50 On est dans une ligue fermée.
34:51 C'est une première en Europe.
34:53 Car c'est vrai qu'auparavant,
34:55 il y avait cette méritocratie
34:57 où il y avait au moins une descente et une montée
34:59 de la division inférieure à la division supérieure.
35:01 On a frôlé la même chose au football
35:03 avec la Superligue que voulaient faire les grands clubs
35:05 sauf le Bayern et le PSG qui ont été les premiers opposants.
35:08 Juste avant de finir,
35:10 parce que quand on voit, on parle de cet argent,
35:12 fédération et surtout des ligues,
35:14 finalement, in fine, tout cet argent devait servir
35:16 aux clubs amateurs, aux sports amateurs en général.
35:19 On a l'impression qu'il n'y a pas de russiellement.
35:21 Ou en tout cas très peu,
35:23 parce qu'on a quand même
35:25 plein de gamins aujourd'hui
35:27 qui sont dans des tout petits clubs
35:29 et ces gens-là n'ont pas beaucoup d'argent.
35:31 - Ça dépend des sports.
35:33 Il y a des expériences qui ont été très positives.
35:35 Je me souviens, lors de la Coupe du monde de rugby
35:37 de 2007, derrière,
35:39 il y a vraiment eu un effet
35:41 Coupe du monde de rugby pour les clubs amateurs.
35:43 On a un mauvais exemple
35:45 de mon point de vue,
35:47 c'est la Coupe du monde de foot féminin
35:49 qui a eu lieu en France
35:51 et qui devait, j'allais dire,
35:53 donner un nouvel élan au foot féminin.
35:55 Et on se rend compte
35:57 qu'il n'y a pas eu ce nouvel élan-là.
35:59 Donc, ça dépend
36:01 des fédérations et ça dépend
36:03 des organisations.
36:05 Quand la fédération française de basket
36:07 a organisé le championnat du monde,
36:09 il y a eu un effet
36:11 sur les clubs amateurs
36:13 et d'ailleurs, c'est une fédération
36:15 qui a eu de plus en plus d'augmentation
36:17 de licenciés. Donc, ça dépend
36:19 des cas et ça dépend des fédérations.
36:21 - Romain Molina,
36:23 peut-être le mot de la fin ?
36:25 - Je suis totalement d'accord avec M. Breillard
36:27 quand il dit que sur certaines fédérations,
36:29 ça marche bien cette idée de ruissellement, mais pour d'autres, non.
36:31 Là, on a parlé des grandes fédérations, on aurait pu parler
36:33 davantage du hand. Il y a également beaucoup de problèmes
36:35 au tennis, à ce niveau-là,
36:37 notamment quand la ministre était là.
36:39 Moi, j'aimerais juste terminer sur une chose qui m'inquiète quand même,
36:41 c'est l'audit de la fédération française de foot menée
36:43 par le ministère, puisque je connais personnellement
36:45 des gens qui ont contacté la mission d'audit
36:47 qui n'ont jamais eu de réponse, alors qu'ils ont donné des documents.
36:49 Certains faits ont été altérés, il y a eu des erreurs factuelles,
36:51 etc. Et j'ai presque
36:53 envie de me poser la question s'il ne faudrait pas faire
36:55 un audit de l'audit. Et quand je vois ça, j'ai quand même
36:57 très peur pour l'avenir du sport français, quand on voit
36:59 à quel point une ministre se compromet pour
37:01 des questions d'ego, quitte à passer des deals
37:03 avec d'autres personnes. Donc, j'ai quand même une grande crainte que
37:05 la politique s'implique trop et qu'elle veut quand même
37:07 sauvegarder le système, surtout avant l'application
37:09 de la loi en 2020. - Eh bien, merci beaucoup.
37:11 En tout cas, c'était passionnant de vous écouter tous les trois.
37:13 Merci beaucoup Thierry Braillard, ancien secrétaire
37:15 d'Etat au sport, et avocat
37:17 Romain Molina, journaliste sportif
37:19 d'investigation et William Gasparini,
37:21 professeur en sociologie et en sciences
37:23 du sport à l'université de Strasbourg.
37:25 C'était passionnant, on aurait pu vous écouter encore pendant
37:27 des heures. Vous restez avec nous
37:29 sur Sud Radio, bien entendu, dans un instant.
37:31 Notre ami Yvan Cujus. - Le Loft Music
37:33 où il reçoit Patrick Chenet, Philippe Hersen
37:35 et Anaïs Delva. - Et demain,
37:37 on se retrouve à 17h. - Et tout de suite,
37:39 on va parler d'argent. Conseil de famille, Stéphane Moller.
37:41 - Salut, à demain.