• l’année dernière
Claude Farge vient nous raconter la genèse et la mission de l'école TUMO au Forum des Images.

Aïssa Maïga a réalisé un documentaire à impact sur le sujet de l'eau et de la dignité humaine.

Abonnez-vous et rendez-vous le dimanche, à 9h sur C8 pour plus d'envies d'agir !

https://paris.tumo.fr/
https://www.film-documentaire.fr/4DACTION/w_fiche_film/63694_0

Category

📺
TV
Transcription
00:00 [Musique]
00:09 Bonjour et bienvenue dans Envie d'agir où je suis ravie d'accueillir aujourd'hui Claude Farge,
00:14 accompagné de Joely et Angie, pour le Forum des images et TUMO.
00:19 Bonjour à tous les trois.
00:20 Bonjour.
00:21 Merci d'être avec nous.
00:23 Claude, je vais commencer par vous.
00:24 Vous êtes le directeur général de TUMO Paris et aussi de Forum des images.
00:30 Est-ce que vous pouvez nous expliquer ce qu'est TUMO ?
00:32 Très bien.
00:33 TUMO est une aventure qu'on a initiée il y a cinq ans au Forum des images.
00:37 Le Forum des images, pour ceux qui ne le connaissent pas, c'est un lieu dédié au cinéma, aux jeux vidéo.
00:41 On voit énormément de films, de réalisateurs, d'acteurs.
00:43 C'est quelque chose d'absolument passionnant.
00:44 Mais on voulait aller plus loin dans l'éducation.
00:46 Et donc le projet TUMO est né de là.
00:48 C'est une école pour faire simple, gratuite, j'insiste là-dessus, pour les 12-18 ans.
00:53 Pour Paris et Île-de-France, il n'y a pas de critère de sélection.
00:56 Et dans cette école, les élèves viennent à côté de l'école.
00:58 Donc c'est trois heures par semaine en plus de l'école.
01:01 Et ils apprennent à réaliser des films, des jeux vidéo, de la 2D, de la 3D, de la musique à l'image, du dessin.
01:07 Donc tous les métiers, toutes les activités créatives qui se servent de l'outil numérique.
01:11 En combien de temps ils apprennent ça ?
01:13 Alors c'est trois heures par semaine.
01:14 Et puis lorsqu'ils s'inscrivent, ils peuvent le faire en un an.
01:17 Mais généralement, il faut deux à trois ans pour faire le tour un petit peu de l'ensemble des huit activités qu'on propose à TUMO.
01:22 Et d'où est née cette idée de créer cette école qui est très intéressante ?
01:27 Gratuite en plus.
01:29 Alors c'est né en Arménie figurez-vous, il y a une quinzaine d'années.
01:34 L'Arménie, il faut savoir que ça peut étonner.
01:37 C'était un pays qui était avec une vraie tradition des mathématiques et de la science, y compris dans l'ex-Bloc soviétique.
01:41 Et donc les gens qui ont créé ça, c'est des gens, il y a une grande diaspora arménienne à travers le monde.
01:45 Et le couple qui a créé ça a beaucoup travaillé à Los Angeles, dans l'IT et dans l'éducation.
01:50 Ils sont revenus au pays pour créer TUMO Arménie.
01:54 Il faut savoir qu'en Arménie, c'est gigantesque.
01:56 C'est 20% de la population des jeunes arméniens qui passent par cette école alors que c'est une initiative privée et gratuite.
02:01 Donc c'est absolument incroyable.
02:02 Ça change le monde, ça change leur pays de l'intérieur.
02:05 Et donc Anne Hidalgo, lorsque elle a visité cette école il y a un peu plus de six ans, a voulu importer le modèle également pour Paris, s'inspirer de ce modèle.
02:12 Donc on a été la première déclinaison internationale de TUMO.
02:15 Sachant que depuis, ça fait florès puisqu'il y a des TUMO qui se disséminent un peu partout dans le monde.
02:20 Et du coup, les jeunes qui viennent à votre rencontre, qui profitent en fait de ce programme,
02:26 il y a une forme d'éducation que vous leur apportez à l'image, comme une forme d'alphabétisation,
02:33 comme savoir mieux lire les images en fait.
02:36 C'est une nouvelle forme de lecture.
02:37 C'est exactement ça.
02:38 Il faut savoir que pendant des centaines d'années, on a eu une vraie tradition de l'écrit.
02:41 Et donc à l'école, on enseignait comment avoir un discours critique par rapport à l'écrit.
02:45 Nous baignons, et ce n'est pas un mystère, dans un monde de l'image, partout.
02:48 Et l'enjeu, c'est que les jeunes notamment aient une certaine distance par rapport à l'image,
02:52 qu'ils ne prennent pas pour argent comptant, dès que c'est une image, que ça soit forcément sacralisé.
02:56 Et de la même manière qu'à l'époque, on avait un discours critique par rapport à l'écrit,
02:59 ce qu'on essaye d'amener dans TUMO, c'est un discours critique, une certaine distance par rapport à l'image.
03:04 Mais la particularité de TUMO, c'est que pour faire ça, en fait, on leur fait pratiquer de l'image.
03:08 On leur apprend à le faire soi-même.
03:09 Lorsqu'on voit une photo dans un journal, lorsqu'on a soi-même vu avec Photoshop, par exemple,
03:14 ce qu'on travaille sur des logiciels professionnels, ce qu'on peut faire,
03:16 du coup, forcément, ça crée une distance parce qu'on sait comment on peut utiliser aussi l'image,
03:21 comment c'est aussi beaucoup une question de point de vue.
03:23 Oui, donc ils en se ressortent extrêmement enrichis parce que l'apprentissage de cette lecture des images
03:29 n'est pas enseignée à l'école, même aujourd'hui ?
03:32 Elle est enseignée, mais de manière à toujours cette tradition de l'écrit, finalement,
03:36 avoir un discours critique.
03:37 Oui, on reste très classique dans les programmes.
03:38 Voilà, là, on a vraiment cette approche par le faire qui est très importante.
03:41 C'est génial, c'est très complémentaire.
03:42 Et puis, si je peux me permettre, au cœur de TUMO aussi, il y a cet apprentissage d'éducation à l'image,
03:46 mais aussi la dimension sociale et citoyenne qui est centrale dans TUMO,
03:49 puisqu'on a plus de 40 % de jeunes filles qui s'intéressent à ces sujets-là,
03:52 et également 40 % d'enfants qui viennent des quartiers prioritaires,
03:55 qui s'intéressent à ces questions-là.
03:57 Et on sait que c'est un vrai enjeu pour l'avenir, que la population féminine
04:00 et la population issue des minorités et des publics dits éloignés s'intéressent
04:03 et comprennent que l'outil numérique et la création est un outil d'émancipation.
04:06 Que ce ne soit pas simplement de la consommation passive sur les réseaux sociaux ou à la télévision, pardon,
04:10 mais que c'est un outil de citoyenneté pour aller plus loin dans sa propre vie.
04:15 Et pourquoi est-ce que vous pensez que ce n'est pas encore dans les écoles,
04:17 parce que c'est primordial, effectivement ?
04:19 Alors, si on prend par exemple le modèle TUMO, ce serait extrêmement difficile de le dupliquer à l'école,
04:24 parce que c'est une pédagogie qui est extrêmement bienveillante,
04:26 dans le sens où, certes, on peut échouer à un exercice...
04:29 Elles disent oui, hein !
04:30 On va venir tout de suite à vous, là.
04:31 Juste après, on va se parler.
04:33 Non, mais ça veut dire qu'on peut le refaire autant de fois qu'on le souhaite.
04:37 Donc, ça veut dire que ne serait-ce que cette notion de temporalité est assez peu compatible,
04:40 finalement, avec un dispositif de large échelle.
04:42 Et puis, il y a quand même cette tradition de l'écrit qui reste profondément ancrée.
04:45 C'est vrai, mais qui, peut-être grâce aussi à vos initiatives, petit à petit, va changer.
04:50 Alors, vous parliez de 40 % de jeunes filles qui profitaient du programme TUMO.
04:55 On en a deux exemples avec nous aujourd'hui, et on en est ravis.
04:58 Merci d'être là à nouveau, Joely et Andy.
05:02 Dites-nous, vous, pourquoi vous êtes allées à TUMO ?
05:06 De quoi rêviez-vous ? Qu'est-ce que vous avez fait ?
05:08 Du coup, moi, je vais commencer.
05:10 Je suis arrivée à TUMO depuis plus de 4 ans, maintenant.
05:13 Donc, j'étais en 5e à l'époque.
05:15 Et avant tout, c'était de comprendre ce qu'il y avait derrière le jeu vidéo,
05:20 derrière le cinéma, etc.
05:22 C'était d'être un peu actrice de ces métiers-là.
05:26 Et particulièrement le jeu vidéo, c'est un monde dans lequel je baigne beaucoup.
05:31 Et donc, de passer de l'autre côté du miroir, on va dire, c'était vraiment très intéressant.
05:36 Et ça m'a permis de découvrir plein de nouveaux outils professionnels,
05:40 et de faire plein de rencontres, du coup.
05:42 Et du coup, vous avez passé combien de temps ?
05:44 Depuis 2017, je crois que c'est ouvert, TUMO.
05:46 Donc, je suis là depuis le tout début.
05:48 Ah oui, des vraies fidèles !
05:50 Alors, moi, ça va faire 3-4 ans que je suis à TUMO.
05:54 Donc, je me suis inscrite à TUMO, notamment parce qu'il y avait la spécialité cinéma et musique.
05:59 Donc, deux domaines qui m'intéressent énormément.
06:02 Car notamment, je voudrais travailler dans le monde du cinéma.
06:07 Donc, c'est vraiment un lieu bienveillant, dans lequel les étudiants apprennent à leur rythme.
06:13 Il n'y a pas de notes imposées ou quoi.
06:16 C'est vraiment, chacun apprend à son rythme, et je trouve ça très important.
06:20 Et c'est vraiment un lieu très bienveillant.
06:25 Et notamment, c'est un lieu d'échange entre les étudiants, mais également des professionnels.
06:32 Je trouve ça très important, et aussi, ça permet aux étudiants de nous projeter,
06:37 et de poser plein de questions sur ces différents domaines-là.
06:41 Oui, si je peux juste rajouter quelque chose, surtout on a le choix des matières qu'on veut étudier.
06:47 Par exemple, moi j'ai plus fait du cinéma, du jeu vidéo, mais toi plutôt du cinéma.
06:51 Du cinéma, de la musique.
06:53 En fait, le fait d'avoir le choix, je trouve ça très important pour nous étudiants d'aujourd'hui,
07:00 de faire le choix, de savoir qu'est-ce qu'on veut faire, de savoir qu'est-ce qu'on veut entreprendre.
07:04 De découvrir ce qui existe pour savoir ce qu'on veut faire.
07:07 Et peut-être qu'un jour, vous serez réalisatrice, et peut-être vous, vous travaillerez dans les jeux vidéo.
07:12 En l'occurrence, je voudrais partager avec vous trois le message engagé d'une personne que vous allez forcément reconnaître.
07:19 On regarde.
07:20 Ça, c'est une photo qui a été prise au Niger, dans un village qui s'était dans une zone qui s'appelle Lazaouak,
07:30 qui est une zone assez éloignée de la capitale.
07:32 J'ai fait des allers-retours là-bas pendant un an, pour un documentaire que je réalise,
07:36 qui s'appelle "Marcher sur l'eau".
07:38 C'est un projet qui parle du manque d'eau en Afrique de l'Ouest, en relation avec le réchauffement climatique.
07:44 L'idée, c'était vraiment d'aborder cette question-là, pour moi, à travers la vie d'un village, la vie d'une communauté,
07:50 à travers les yeux d'une jeune fille qui a 14 ans, qui s'appelle Houlaï,
07:54 et qu'on suit comme ça pendant un an, avec sa famille, ses amis, à l'école,
07:59 avec cette question centrale du manque d'eau qui fait que cette jeune fille qui a 14 ans,
08:03 qui va en cours, est empêchée parce que l'eau se trouve à plusieurs kilomètres,
08:10 et que pour ravitailler la famille, les enfants, les parents,
08:13 tout le monde doit faire des allers-retours dans ce puits.
08:16 La question de l'eau, évidemment, ne concerne pas que ce village nigérien.
08:19 On sait que toute la planète, d'ici peu de décennies, va être confrontée à une urgence hydrique
08:27 qui va exacerber les tensions entre les pays, entre les communautés.
08:32 En France, en l'occurrence, on n'est jamais confronté à ce manque crucial.
08:36 Il y a des chiffres qui nous… qui convoquent un sentiment de responsabilité,
08:41 en même temps qu'un sentiment d'impuissance.
08:43 Mais se dire que toutes les minutes et demie, un enfant meurt du fait du manque d'accès à l'eau potable,
08:50 c'est au-delà de l'intolérable.
08:53 Je n'ai pas de baguette magique et je ne suis pas là pour délivrer des leçons,
08:57 mais simplement pour être un passeur.
09:01 J'espère qu'à travers ce film, j'ai des téléspectateurs,
09:04 l'idée qu'on ne forme qu'un et que la destinée de populations
09:10 qui aujourd'hui sont directement confrontées au manque d'eau est aussi notre destinée.
09:15 Aujourd'hui, l'urgence est telle que chaque geste compte,
09:19 aussi bien le geste de la personne qui est chez elle, qui se brosse les dents en coupant l'eau,
09:25 que les décisions intergouvernementales qui sont prises.
09:28 Je ne suis pas du tout en train de délivrer le message du mode d'emploi, pas du tout.
09:34 Mais tous les jours, je m'interroge sur les questions de respect de l'autre,
09:38 parce qu'au fond, il s'agit de ça.
09:39 Que l'autre soit la nature ou que l'autre soit quelqu'un qui a une autre couleur de peau,
09:43 ou que l'autre soit quelqu'un qui vit dans un pays dit pauvre,
09:47 c'est la question du respect de l'être humain, de la dignité, de l'intégrité.
09:52 Il y a les petits gestes et la responsabilité collective.
09:56 Merci beaucoup Aïssa Baïga, actrice et réalisatrice qu'on adore.
10:00 Mieux appréhender les images, c'est aussi leur donner la capacité à transmettre des messages,
10:06 comme fait Aïssa. Qu'est-ce que vous en pensez ?
10:08 Moi, je pense que c'est très important aujourd'hui qu'à travers le cinéma et à travers l'art qu'on crée,
10:14 on puisse passer un message.
10:17 Je trouve ça très important aussi de changer le monde à travers cela.
10:25 Et vous Joely ?
10:27 Moi, je pense que ce qui est super important, c'est qu'on revoit aussi l'écologie à travers ce petit reportage.
10:34 C'est une thématique internationale, peut-être même interplanétaire.
10:40 C'est super important d'avoir des initiatives comme ça, donc je soutiens ce reportage totalement.
10:46 Claude ?
10:48 Je trouve intéressant Aïssa Baïga, c'est quelqu'un qu'on connaît bien au Forum des images.
10:52 On imagine bien qu'elle revient de ce tournage en Afrique avec des centaines, voire des milliers de rushs.
10:58 Donc, ça veut dire qu'il y a bien la question du regard qui se pose.
11:01 C'est un peu ce qu'on enseigne à Thumot, c'est-à-dire qu'il y a bien une personne, un regard,
11:04 qui va choisir parmi cette montagne d'images, qui a choisi de tourner ci plutôt que ça.
11:08 Et ça, c'est vraiment un enjeu.
11:09 On se rend compte par exemple à Thumot que des gens passionnés par le cinéma,
11:12 qui ont peut-être vu beaucoup de vidéos sur YouTube ou sur d'autres médias,
11:15 ne connaissent pas forcément, alors je ne vais même pas parler de Mankiewicz,
11:18 mais ils ne connaissent même pas Spielberg.
11:20 Donc, comprendre que c'est une personne et un thème qui est porteur,
11:24 c'est un des enjeux de ce dont on parlait tout à l'heure, c'est-à-dire l'éducation aux images.
11:27 Comment on fait si on veut s'inscrire à Thumot ?
11:30 Alors, c'est assez simple puisque c'est gratuit.
11:32 C'est en ligne, il suffit de se renseigner sur le site Thumot Paris.
11:34 Et puis, d'ici quelques jours, le 28 janvier, nous avons une opération Thumorientation,
11:39 à la fois pour les élèves de Thumot, puisqu'on leur fait rencontrer tout un tas d'écoles.
11:43 On parle de Thumot, mais après, il y a la suite.
11:45 Nos deux invités sont bien placés pour le savoir.
11:47 Mais également, c'est ouvert beaucoup plus largement pour les gens qui s'intéressent au modèle Thumot
11:50 et qui voudraient s'inscrire.
11:51 Et c'est quoi votre envie d'agir dans les prochaines années, avec Thumot notamment ?
11:56 J'ai envie que les gens comprennent que le numérique est une formidable opportunité,
12:02 je le disais un peu tout à l'heure, d'émancipation,
12:04 et pas simplement quelque chose qui est fait pour consommer et s'abrutir.
12:08 Et je pense que c'était au cœur du projet qu'on a voulu avec la mairie de Paris,
12:11 avec tout un tas d'autres partenaires qui nous accompagnent.
12:13 Mais pour moi, c'est essentiel.
12:14 Très bien, merci beaucoup.
12:15 Merci à tous les trois d'avoir été là.
12:18 J'espère vous revoir très vite.
12:21 Et vous aussi, je vous dis à très vite sur C8 pour plus d'envie d'agir.
12:25 Merci.

Recommandations