ZED - Zone d'éducation documentaire - En avant citoyens !

  • l’année dernière
Dans ce nouveau numéro de ZED, Valérie Brochard et les équipes de LCP ont posé leurs caméras dans une classe du collège André Chénier à Eaubonne, dans le Val-d'Oise.
Après le visionnage du documentaire : « En avant, citoyens ! », les élèves ont échangé avec Céline Crespy, réalisatrice du documentaire et journaliste à LCP, et avec Camille Etienne, militante écologiste.
Le documentaire raconte l'expérience de trois citoyens, engagés dans la lutte contre le réchauffement climatique. Et les collégiens ? Quelles actions, chacun à son niveau, pour s'engager aussi ? Quels gestes pour sauver la planète ?
Un partage de savoir et d'expérience.... parce que c'est avec cette génération que se joue l'avenir.

Pour donner la parole aux jeunes, pour les confronter aux enjeux du monde et les aider à décortiquer le travail journalistique, la Chaîne parlementaire apporte ses films et pose ses caméras dans un établissement scolaire.
Une classe visionne et étudie un documentaire avec l'un de ses professeurs et échange ensuite avec l'auteur ou le réalisateur lors d'un débat animé par Valérie Brochard, parce qu'il n'y a pas d'âge pour questionner le monde et ses images.

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Transcription
00:00:00 *Musique*
00:00:22 *Musique*
00:00:23 *Musique* "J'aime nos antennes"
00:00:24 *Musique* "La zone d'éducation documentaire"
00:00:26 *Musique* "Pour vous donner la parole et vous aider à décortiquer le travail journalistique"
00:00:29 *Musique* "LCP apporte ses films et pose ses caméras dans un établissement scolaire"
00:00:33 *Musique* "Mais on est où là ?"
00:00:34 *Musique* "Au collège André Chenier"
00:00:35 *Musique* "Dans quelle ville ?"
00:00:36 *Musique* "A la ville d'Aubonne"
00:00:37 *Musique* "Dans quelle classe ?"
00:00:38 *Musique* "En 3ème an"
00:00:39 *Musique* "Et vous avez regardé quel documentaire ?"
00:00:40 *Musique* "On avait un citoyen"
00:00:41 *Musique* "Alors vous savez quoi ? On va laisser les téléspectateurs le regarder"
00:00:44 *Musique* "Eux aussi on se retrouve tous ensemble dans votre CDI juste après"
00:00:47 *Musique*
00:00:52 Les sondages décrivent des citoyens désenchantés par la politique, abstentionnistes potentiels
00:00:58 Et si certains français exprimaient leur citoyenneté autrement ?
00:01:02 *Musique*
00:01:06 Je vais vous raconter l'histoire de 3 citoyens ordinaires engagés dans un combat colossal
00:01:12 La lutte contre le dérèglement climatique
00:01:16 *Musique*
00:01:26 Alexandre Hanero
00:01:28 "La vraie problématique c'est la surconsommation de tous et donc c'est ça qui est un vrai problème aujourd'hui"
00:01:34 "Depuis la fin de la seconde guerre mondiale c'était nécessaire mais depuis on n'a pas changé de modèle"
00:01:39 "Et je pense qu'on est vraiment arrivé au bout et que ça s'essouffle"
00:01:42 *Musique*
00:01:45 Xavier Murat
00:01:47 "Si on attend que le politique règle, on peut toujours attendre il va rien se passer"
00:01:53 "Donc c'est soit on râle, ça va pas forcément faire avancer les choses"
00:01:57 "Soit on se dit bah tiens on se prend en main on fait les choses telles qu'on a envie de les réaliser soi-même"
00:02:02 "Et puis on y va hein"
00:02:04 *Musique*
00:02:07 Alice Bigorne
00:02:09 "Je passe mon message, j'essaie de le passer au plus grand nombre"
00:02:12 "Parce que plus on sera nombreux et plus les actions seront palpables"
00:02:17 "Et si nous les citoyens on met des choses en place, il y a des choses qui peuvent changer"
00:02:22 *Musique*
00:02:24 Ces citoyens pèsent sur la vie de la cité par l'action
00:02:29 Ils influencent les décisions politiques jusqu'à pousser les portes des ministères
00:02:34 "Les citoyens sont là pour nous titiller, pour nous solliciter"
00:02:38 "On voit que la préoccupation environnementale est très forte"
00:02:41 "Après ce que les citoyens attendent de nous, en tout cas ce qu'ils me disent"
00:02:45 "C'est qu'ils attendent de nous qu'on mette les cadres et qu'on donne les moyens de le faire"
00:02:49 *Musique*
00:02:51 Nos déchets, Alexandra, Xavier et Alice les ont pris pour cibles
00:02:56 Ceux produits par notre consommation, conséquence du mythe de la croissance infinie
00:03:02 Rebut de notre civilisation
00:03:05 *Musique*
00:03:08 Voyage chez des français qui font de la politique sans en avoir l'air
00:03:13 *Musique*
00:03:27 Mon voyage m'a menée sur la plage de l'Espiguet
00:03:31 *Bruit de pas*
00:03:35 Pas l'ombre d'un touriste, nous sommes à la mi-décembre
00:03:38 Rendez-vous avec Xavier Murard
00:03:41 "Moi le constat c'est de se dire, on peut faire les choses, on peut les faire changer"
00:03:47 "Mais voilà, faut repasser à l'action"
00:03:50 Xavier a pour ambition de nettoyer la mer, tout simplement
00:03:55 "Voilà, voilà quoi, une pince à linge, là je pense que ça devait être une bassine, un seau"
00:04:02 "Voilà, là c'est un emballage, c'est écrit en chinois dessus et en anglais, donc je sais pas ce que c'est"
00:04:07 "Et ça au fil des années, ça devient tout petit"
00:04:11 "On a autant des problèmes de pollution liés au micro-plastique qui vont aller sur les animaux marins"
00:04:18 "Donc ça peut monter dans la chaîne alimentaire, ça peut être ingéré par des poissons et ainsi de suite"
00:04:24 "Et ça, ça n'a rien à faire en mer"
00:04:27 270 000 tonnes de plastique colonisent les océans de la planète
00:04:33 L'équivalent d'un nouveau continent
00:04:36 Xavier agit en mer Méditerranée, une véritable cuvette de déchets
00:04:42 "En automne, les cours d'eau vont déborder, prendre tous les déchets qui sont sur les rives ou autres"
00:04:48 "Ça fait comme un effet de chasse d'eau, donc c'est comme ça qu'on se retrouve avec tous ces déchets dans la mer Méditerranée"
00:04:54 "Ça arrive de partout"
00:05:01 "Attends, c'est pas tous là, c'est plastique, ceux-là c'est du plastique mou, c'est pas bon"
00:05:10 A la déchetterie du Gros du Roi, ça déborde
00:05:14 Et le plastique est indestructible
00:05:18 "Voilà, c'est malheureux mais c'est la réalité, c'est ce qu'on trouve, des choses comme ça"
00:05:28 "Des fois on trouve aussi la date, donc on a des choses qui datent des années 70, en état parfait"
00:05:36 "Comment ça ?"
00:05:37 "Des pots de yaourt des années 70, avec écrit la date limite, c'est assez effrayant"
00:05:43 Pour son projet, Xavier a quitté son emploi il y a 5 ans
00:05:49 Avec une conviction, le plastique est un puissant vecteur pour questionner notre civilisation
00:05:57 "Le déchet marin va apporter une émotion, quand je dis une émotion, ça va permettre de sensibiliser plus globalement à la problématique des déchets"
00:06:08 "Si on prend une déchetterie dans les terres, avec des déchets partout autour, ça peut interpeller certaines personnes, ça peut choquer bien évidemment"
00:06:19 "Mais pour la plupart, personne ne voit le problème"
00:06:21 "Et là, en mer, les gens vont aller à la plage, s'ils voient 2-3 déchets sur la plage, là ça va choquer"
00:06:27 "Et s'ils voient une tortue ou un animal emmêlé dans des filets ou dans du plastique ou autre, là ça choque"
00:06:36 "Et ce plastique, on se demande pourquoi il est là"
00:06:39 "Et là c'est toute notre société de consommation qui interpelle et là on a des messages à faire passer, c'est ça qui est fort"
00:06:44 Son projet s'appelle "Recyclons"
00:06:50 Xavier cherche à fédérer autour de lui tous les protagonistes possibles pour mieux collecter et valoriser ce plastique
00:06:58 Dans le port du Gros du Roi, je vais faire connaissance avec Jeff Gros
00:07:06 Comme tous les hommes de la mer, il ne pêche pas que des sols ou des dorades
00:07:16 Dans ces filets, il y a, vous vous en doutez, des déchets
00:07:21 "Ça c'est la mauvaise pêche du jour en matière"
00:07:27 "Alors expliquez-nous ce qu'il y a là-dedans"
00:07:31 "Bah essentiellement du plastique"
00:07:33 "Ça c'est la journée, vu que hier on l'a vidé déjà"
00:07:36 "Avec les grosses pluies qu'il y a eu et ce qui l'a déversé le Rhone, on a pas eu pas mal d'arbres et pas mal de plastique"
00:07:43 D'un côté, les pêcheurs ramassent gratuitement
00:07:46 De l'autre, l'agglomération du Gros du Roi leur met à disposition des poubelles spéciales
00:07:51 "C'était construit avec eux le projet"
00:07:54 "C'était de voir déjà s'ils ramenaient des déchets et puis nous ont dit spontanément qu'ils en ramenaient"
00:07:59 "Et après de voir qu'est-ce qui pourrait être fait avec eux pour qu'on mette les choses en place tout simplement"
00:08:06 "Nous c'était obligé qu'on l'accepte, si on n'accepte pas ça c'est du n'importe quoi"
00:08:12 "On est directement impacté donc maintenant ce qu'il faut c'est que les autres ports fassent pareil et de partout qu'ils fassent pareil, ça serait bien"
00:08:19 Xavier a pour ambition d'étendre cette collaboration ailleurs en France
00:08:26 Et il va falloir convaincre
00:08:38 Près de la moitié des plastiques servent à fabriquer des emballages
00:08:42 Et si on s'en passait ?
00:08:44 La personne que je vais rencontrer s'est donnée pour mission de les réduire pour ne pas avoir à les détruire
00:08:51 Elle s'appelle Alice Bigornia
00:08:55 "Alors on est dans votre épicerie ici où vous faites la chasse aux emballages c'est ça ?"
00:09:03 "Exactement c'est une épicerie en vrai qui couvre l'ensemble des produits du quotidien, vous allez pouvoir acheter avec vos contenants ou ce qu'on met à votre disposition"
00:09:12 Pour Alice utiliser une nouvelle enveloppe à chaque fois qu'on consomme un produit est absurde
00:09:19 Les matières premières puisées pour la fabrication des emballages ne sont pas infinies
00:09:24 Et après il faut encore les recycler, ce qui consomme aussi de l'énergie
00:09:32 "Je me suis rendu compte qu'il y avait vraiment urgence pour nos enfants et que c'était faisable et facile"
00:09:39 "Donc l'idée c'est de réutiliser un maximum les contenants qu'on a à la maison"
00:09:43 Dans sa boutique Alice s'élève contre le gâchis au sens large
00:09:48 Le vrac permet aussi d'ajuster ses achats à ses besoins
00:09:53 Et dans un premier temps cela en est presque déstabilisant
00:09:57 "J'ai l'impression que je suis un peu perdue au niveau quantité, combien dois-je en prendre quand on a plus d'emballages, de poids"
00:10:04 "Exactement, alors c'est vrai qu'il va falloir s'habituer petit à petit, en fait on se rend compte des volumes qu'on consomme"
00:10:10 "Et puis là à la rigueur pour tout ce qui est apéro ou confiserie c'est sympa de pouvoir varier donc plutôt qu'avoir un gros paquet"
00:10:17 "Vous êtes en train de me dire que vous faites la chasse aux emballages et au gaspillage aussi"
00:10:21 "Exactement, c'est exactement ça"
00:10:24 Alice prêche, évangélise, convertit et explique comment changer ses habitudes de toujours
00:10:32 "Est-ce que je peux vous aider mesdames ?"
00:10:35 "C'est à rien pour combien ?"
00:10:37 "En fait l'idée c'est de ne prendre que les quantités dont vous avez besoin en réutilisant au maximum vos contenants"
00:10:42 "Et il n'y a pas de minimum, il vous faut un quart de cuillère à café d'une épice, vous prenez que ce qu'il vous faut"
00:10:47 Sa boutique est située dans un quartier populaire de Lille
00:10:52 On est loin du cliché du client Bobo Bio, souvent décrit pour ce type de consommation
00:10:57 "Mon engagement c'est de promouvoir cette envie de consommer autrement, cette envie de faire changer les choses par des actions concrètes"
00:11:07 "Parce que tout le monde consomme pour se nourrir, moi je rêve que demain en bas de chez nous il n'y ait que des épiceries en vrai"
00:11:16 "On a mieux à faire avec toute l'énergie qu'on dépense pour créer ces emballages"
00:11:22 "Les ingénieurs sont bourrés d'idées donc on pourrait faire plein d'autres choses plutôt que de revoir la forme ou la couleur du bouchon d'emballage d'épices par exemple"
00:11:35 En France, chaque foyer jette plus de 52 kilos d'emballages plastiques par an
00:11:42 Mais comment s'en passer complètement ?
00:11:46 L'emballage est aussi une protection pour transporter nos aliments, même chez Alice
00:11:53 Aujourd'hui c'est jour de livraison
00:12:00 "Mais Alice, c'est plein d'emballages"
00:12:02 "Ah mais bien sûr, je rêve d'être une pompe à essence de flocons d'avoine et d'avoir un jour un camion citernes qui vienne me livrer et remplir directement mes bacs"
00:12:10 "En revanche ce que vous devez savoir c'est que nous si on tient compte de nos déchets, on doit vous permettre à vous de diviser par 20 les vôtres ceux de la maison"
00:12:17 "Allez on l'embarque"
00:12:19 Les géants de l'agroalimentaire commencent tout juste à se mettre à emballer en gros volume
00:12:26 Ils sont désormais motivés par la croissance constante du marché du vrac, même en temps de pandémie Covid
00:12:33 Remarquez cette marque de pâte au sachet bleu et blanc, elle s'est mise il y a quelques mois à changer son process de fabrication pour emballer différemment
00:12:41 Alice peut désormais la vendre
00:12:43 "Il n'était pas intéressé par notre marché, il ne s'est pas manifesté il y a 6 ans"
00:12:47 "Donc là c'est tout le travail de notre centrale d'achat aussi, d'avoir cette relation avec des fournisseurs, avec des marques françaises et prêtes à jouer le jeu du gros contenant"
00:12:56 "Donc là on démarre avec cette marque et je ne vous cache pas que c'est un grand succès"
00:13:02 En 6 ans, Alice a prouvé que son modèle pouvait être viable
00:13:07 Il y a quelques mois, elle a ouvert sa 3ème boutique dans l'agglomération liloise
00:13:13 Certaines de nos ordures n'en sont pas vraiment
00:13:22 Nos épluchures de légumes, nos pelures de fruits, nos restes de repas
00:13:29 Un tiers de nos poubelles domestiques, on les appelle les bio-déchets
00:13:34 Et ils intéressent une jeune femme partie à la conquête d'un nouveau territoire
00:13:40 Elle s'appelle Alexandra Nero
00:13:47 "Bonjour, bonjour Alexandra, merci de nous avoir rejoint, alors là on est en plein coeur de Bordeaux"
00:13:54 "On ne peut pas être plus au coeur, donc on est sur le pont de pierre, lieu parfait pour faire du vélo"
00:14:00 "Et au coeur aussi de nos collègues puisqu'on a des adhérents sur les deux rives"
00:14:04 Alexandra fait des tournées pour ramasser toutes ses épluchures dans l'hyper-centre-ville
00:14:11 Là où elles sont mélangées au reste des déchets, dans la poubelle du tout-venant
00:14:19 "Aujourd'hui le non-sens c'est que les bio-déchets sont incinérés et les bio-déchets c'est majoritairement de l'eau"
00:14:26 "Donc en fait on brûle de l'eau aujourd'hui dans les incinérateurs"
00:14:29 "Les bio-déchets c'est essentiellement de l'eau ?"
00:14:32 "Les épluchures c'est 60% de flotte en fait et aujourd'hui c'est brûlé et ça demande une énergie folle de brûler de l'eau"
00:14:39 "Donc nous on essaye, on voudrait montrer qu'on peut faire autrement"
00:14:45 Dans le coffre de son drôle de vélo, des seaux utilisés depuis des siècles au Japon ou en Amérique du Sud
00:14:52 Des seaux qu'on appelle des bokashi
00:14:55 "Hop, le fameux seau bokashi"
00:15:00 "C'est un seau ordinaire en fait ?"
00:15:03 "Tout à fait, il est muni d'une grille au fond et d'un couvercle hermétique"
00:15:06 "Donc c'est la différence avec un seau classique, comme ça les liquides et les solides vont pouvoir se séparer"
00:15:12 "Oui bonjour c'est Alexandra Brécu pour le bokashi, je suis en bas"
00:15:15 Les habitants chez qui Alexandra collecte payent 70 euros par an et 4 euros par ramassage
00:15:22 "Bonjour, je viens pour l'échange du seau"
00:15:29 Un public de convaincus, 500 foyers à Bordeaux et ses alentours
00:15:33 Sur les épluchures, des granulés mâchent le travail
00:15:40 "Entre chaque couche de déchets, on vient mettre ça pour tasser dessus"
00:15:45 "C'est des acides lactiques, c'est la même chose qu'on utilise pour faire de la choucroute, des légumes lactofermentés, du pain, du fromage"
00:15:52 "Et juste on l'utilise pour les biodéchets, pour ralentir la putréfaction, faire en sorte que ça ne moisisse pas"
00:15:57 "Et donc qu'on puisse le garder chez soi plusieurs semaines sans contraintes"
00:16:00 "Et c'est ça le gros avantage du bokashi"
00:16:02 "Sur un volume comme ça, ça fait combien de temps à peu près que vous n'y avez pas confié ?"
00:16:06 "Alors la dernière fois, je pense que c'était il y a deux mois, quelque chose comme ça, ouais"
00:16:10 "Ah oui ? Donc vous l'avez gardé très longtemps en fait"
00:16:14 "Et on le sent au poids, il doit faire au moins 12 kilos celui-là"
00:16:17 "Écoutez, moi je trouve pas que ça sente mauvais en fait, en toute franchise"
00:16:21 "Non, ça sent l'épluchure, mais ça sent pas la pourriture"
00:16:25 "C'est la fermentation du déchet"
00:16:28 Pour remener son projet, Alexandra a fondé Récup, là encore une association
00:16:34 Elle se verse un SMIC et emploie deux jeunes en service civique
00:16:38 "Pour regarder la tournée de ce soir, Benoît je crois qu'il va la faire en deux fois si je ne me trompe pas"
00:16:44 Une application optimise le tout, et surtout les tournées
00:16:49 Récup collecte 50 tonnes de biodéchets par an à Bordeaux et sa métropole
00:16:56 Une goutte d'eau par rapport aux 87 000 tonnes jetées dans leurs poubelles par les habitants
00:17:03 "Même si c'est une petite goutte d'eau, je préfère être une goutte d'eau et que ce soit cette goutte d'eau qui fasse déborder le vase"
00:17:09 "Qu'est-ce que ça veut dire ça ?"
00:17:12 "Peut-être que c'est cette goutte d'eau et cette action en plus qui va faire changer les choses, on sait jamais"
00:17:16 "Peut-être que nos petites actions au fur et à mesure vont enclencher un mouvement et un vrai changement au niveau des politiques publiques"
00:17:22 "Au niveau de l'organisation de la ville et promouvoir une agriculture locale, des jardins partagés, des composteurs partout en ville"
00:17:30 "Donc c'est pour tout ça que je fais ça"
00:17:33 Le projet d'Alexandra est global
00:17:36 Elle imagine un autre monde où le déchet des villes serait source de vie
00:17:44 Voici le jardin de Caroline Miquel
00:17:54 La maraîchère fait pousser des légumes en biodynamie
00:18:00 Sans aucun engrais chimique
00:18:03 "Alors qu'est-ce que vous faites là Alexandra ?"
00:18:09 "Je suis en train de récupérer tout le jus que les adhérents n'ont pas conservé chez eux"
00:18:13 "Parce que le jus du bokashi est extrêmement nourrissant"
00:18:17 "C'est un engrais très puissant, qu'il ne faut jamais utiliser pur d'ailleurs"
00:18:23 De façon pour l'instant artisanale, Alexandra travaille à ce que les épluchures deviennent compost
00:18:30 "Donc là je fais le mélange entre les biodéchets et le broyat"
00:18:37 "Dans 6 mois, on ne reconnaîtra absolument pas les légumes, on ne reconnaîtra pas le broyat"
00:18:44 "Tout aura été digéré par les micro-organismes qui sont dans le bokashi"
00:18:51 Et tout finira dans le demi hectare de potager
00:18:55 Mais quand j'ose dire à Alexandra qu'elle valorise des déchets, elle me reprend immédiatement
00:19:02 "Ce n'est pas du déchet, le déchet c'est ce qu'on met à l'incinérateur"
00:19:07 "Nous on continue le cycle de cette matière qui se transforme au fur et à mesure"
00:19:11 "Qui va devenir du sol et qui va permettre de faire d'autres légumes"
00:19:14 "C'est assez puissant comme sensation de se dire que d'un côté on bétonne tout partout pour construire, construire, construire"
00:19:22 "On artificialise les sols et nous on en reconstruit à partir de quelque chose qu'on appelle du déchet à la base"
00:19:28 "Je suis plutôt fière de créer du sol"
00:19:33 "Vous êtes magicienne un peu"
00:19:35 "Je suis Dieu"
00:19:37 Alexandra imagine une boucle vertueuse
00:19:42 D'une part la production agricole des campagnes
00:19:45 De l'autre les besoins alimentaires des villes et leurs déchets
00:19:50 Tout cela dans un périmètre tout proche
00:19:54 "Ca paraît un peu utopique"
00:20:00 "Ca paraît utopique puisqu'on a décidé de faire de l'économie linéaire depuis toujours"
00:20:03 "On achète, on consomme, on jette"
00:20:05 "Mais justement on est en train d'essayer de faire changer ça"
00:20:09 "Il y a de plus en plus sur tous les sujets l'économie circulaire qui s'invite"
00:20:13 "Donc non non on va y arriver"
00:20:17 "Le compostage c'est quand même vraiment quelque chose de très naturel et simple à faire"
00:20:22 "C'est juste ne pas jeter dans la poubelle noire, jeter à côté"
00:20:25 "Et mettre dans une autre boîte et ensuite nous on s'occupe du reste"
00:20:29 D'aucuns pourraient prétendre que son action est minuscule
00:20:35 Mais elle veut inspirer les pouvoirs publics
00:20:38 Bientôt, une obligation légale pourrait bien faire avancer les projets d'Alexandra
00:20:45 A travers mon voyage, j'ai cherché à comprendre ce qui avait mis ces citoyens en action
00:21:00 Pourquoi subitement, alors que rien ne les y prédestinait
00:21:04 Ils s'étaient mis à faire de leur vie la lutte contre nos déchets
00:21:09 Delphine est la compagne de Xavier, le chasseur de plastique en mer
00:21:27 "Vous êtes zéro déchet ?"
00:21:30 "On essaie, on n'est pas complètement zéro déchet, mais on essaie de faire ce qu'on peut"
00:21:37 "C'est des changements de comportement, petit à petit on essaie de..."
00:21:42 "On regarde des photos avec papa et maman"
00:21:46 Tous deux se sont rencontrés il y a 20 ans
00:21:50 Ils étaient alors étudiants en environnement
00:21:53 "Tiens regarde on va montrer maman avec les tortues là"
00:21:58 "Alors là c'est le cocktail, les cocotiers, le sable, la plage, l'océan, la tortue et l'arc-en-ciel"
00:22:03 "Et maman derrière, c'est pas le top ça ?"
00:22:06 "C'est une tortue verte, elle est magnifique"
00:22:08 Delphine travaille à la protection des tortues marines
00:22:12 "Tu vois pourquoi ça nous manque un peu, parce que c'était comme ça tout le temps"
00:22:16 "T'as des cocotiers ?" "Oui"
00:22:18 "C'est papa sur un chameau"
00:22:20 "Dans son ancien travail, papa voyageait beaucoup, il allait partout"
00:22:23 "Ça c'est en mer rouge, regarde Alexandrie"
00:22:26 "Ah oui, et là on était en hélico au dessus de la ville"
00:22:29 "Pour le boulot que je faisais, pour une mission"
00:22:32 "Là c'était au Mozambique"
00:22:35 "Ah tiens regarde, et là le canal de Suez, ça c'est marrant"
00:22:40 "Tu vois là, on dirait que le bateau il est dans le désert"
00:22:43 "Mais en fait il est sur l'eau, il y a un canal"
00:22:46 "Dites moi Xavier, il y a eu beaucoup de pays différents dans votre vie"
00:22:49 "Oui, énormément de voyages, oui"
00:22:51 "Je partais beaucoup en mer donc forcément c'était..."
00:22:55 "Un coup en Afrique, en Amérique du Sud, en Asie, en Europe du Nord"
00:23:00 "C'était un peu partout, des traversées en mer aussi"
00:23:04 "Entre de l'Amérique, du Golfe du Mexique jusqu'en Écosse"
00:23:09 "Ou de la Norvège juste dans le Golfe Persique"
00:23:14 "Et c'était des missions, vous habitez en France avec vous ou vous habitez à l'étranger ?"
00:23:19 "Non, on habitait également à l'étranger et puis après on habitait en France"
00:23:22 "Et après c'était des missions pour partir en mer, faire de la topographie marine"
00:23:28 A l'époque, il avait un salaire très confortable et des collègues sympathiques
00:23:33 Mais à l'aube de la quarantaine, il a eu besoin de changer de cap
00:23:38 "La topographie marine c'était de la géophysique pour voir ce qu'il y a dans le sous-sol"
00:23:42 "Donc généralement c'est des applications énergétiques, soit du pétrole, du gaz ou autre"
00:23:46 "Donc le côté chercher du pétrole, bon là il y avait un petit problème d'ancrage"
00:23:52 "Ca veut dire quoi un problème d'ancrage ?"
00:23:55 "Disons on fait des études d'environnement et puis après on se finit à chercher du pétrole"
00:23:59 "Donc on se dit on n'a pas forcément envie de faire ça"
00:24:02 "Donc du coup c'est parti sur recyclons, c'est parti comme ça"
00:24:06 Xavier a beaucoup cherché avant de trouver sa voie
00:24:15 "J'ai appris qu'il y avait zéro filière sur les déchets marins, les filets de pêche, sur tous ces sujets là"
00:24:19 "Je me suis dit mais c'est pas possible, il n'y a rien en France"
00:24:22 "Et j'ai commencé à regarder ce qui se faisait à l'étranger, j'ai vu qu'il y avait des petites choses"
00:24:25 "Je me suis dit c'est bon, c'est parti, on va lancer un truc en France"
00:24:28 "Et voilà, le déclic il a été là, c'était voilà"
00:24:31 C'est aussi au tournant de la quarantaine qu'Alice est devenue la reine du vrac
00:24:42 Elle a brutalement quitté son poste de directrice marketing pour une marque de prêt-à-porter bon marché
00:24:49 Alice a eu une sorte d'overdose, de trop plein
00:24:54 "Et bien c'est là"
00:24:56 "Oui, bienvenue"
00:24:57 "Merci"
00:24:58 C'était précisément au moment où son entreprise fêtait l'anniversaire de la marque
00:25:03 "Il est arrivé un moment où ce que je faisais n'avait plus vraiment de sens pour moi sans savoir l'expliquer"
00:25:09 "Et là je me suis rendue compte que, ben ouais, commander des goodies pour l'anniversaire de la marque"
00:25:14 "C'est quoi l'intérêt quoi ? Est-ce qu'il vaut mieux pas utiliser cet argent pour promouvoir un nouveau mode de consommation"
00:25:21 "Pour aller parler dans les écoles, pour passer ces messages d'actes citoyens de changement"
00:25:30 Cette prise de conscience remonte à 2015
00:25:34 Date à laquelle j'ai rencontré et interviewé Alice pour un premier documentaire sur les emballages
00:25:40 Après avoir quitté son emploi de directrice marketing, elle avait décidé de transformer sa façon de consommer
00:25:47 "Bonjour"
00:25:48 "Bonjour"
00:25:49 "Bonjour"
00:25:50 Mais en 2015, Alice manquait de choix de produits
00:25:55 La vente en vrac n'existait quasiment pas en France
00:25:58 "Tu veux lesquels ?"
00:26:00 "Les choux cavi s'il te plaît"
00:26:02 "Non non non, les derniers là-bas"
00:26:04 "Il faut accepter la limite de ce choix là et le fait qu'on ait moins de produits à choisir en même temps"
00:26:12 "Si c'est des produits de qualité, moi ça me pose pas de problème, ça fait moins de déchets"
00:26:16 En 2015, elle faisait un peu l'effet d'original à force de balader ses boites vides et ses housses en tissu chez tous les commerces en bio
00:26:29 "C'est marrant de revoir ces images parce que c'était vraiment le démarrage de notre démarche"
00:26:35 "Là on le voit au début du reportage, on avait pas beaucoup de choix"
00:26:38 "On le voit dans les épiceries qu'on tient aujourd'hui, y'a beaucoup plus de choix, on peut se faire plaisir sur plein de choses"
00:26:43 "On est plus obligé d'aller dans un seul magasin où le boucher vous regarde pas bizarre parce que vous venez avec votre tupperware"
00:26:49 "Là y'en a plein qui acceptent le truc, y'en a qui font des remises"
00:26:53 "Je vous sens presque émue en fait de revoir ces images"
00:26:56 "En fait ce qui est émouvant c'est de se dire qu'on est rentré dans un truc qui semblait pas si facile que ça y'a 6 ans"
00:27:04 "Et en fait 6 ans plus tard c'est toujours là et ça fonctionne toujours"
00:27:08 "Donc bah ouais c'est la solution quoi, c'est la solution"
00:27:11 Alice a converti toute sa famille au vrac
00:27:16 Elle a surtout élevé ses deux filles pour générer le moins de déchets possible
00:27:21 Le moteur c'est montrer aux plus jeunes les bons gestes
00:27:29 Parce que pour nous il est entre guillemets un petit peu tard, nous les dégâts sont faits
00:27:33 On peut juste essayer de se donner bonne conscience en rattrapant le truc
00:27:36 Pour mes filles il faut que ça devienne des rituels, des habitudes de consommation
00:27:41 Le moteur oui c'est "quel avenir pour mes enfants"
00:27:45 "Plutôt légumes grillés lardons ou un peu de risotto avec poutine, des frissons à la cuve"
00:27:53 "Moi si je schématise un petit peu j'ai presque été élevée dans le caddie du supermarché"
00:28:02 "Parce que dans les années 70 le supermarché est arrivé avec ses solutions de consommation rapides et efficaces"
00:28:11 "Là on est en train de faire marche arrière quoi"
00:28:14 "Y'a rien qui nous impose en fait notre manière de consommer, on fait un peu ce qu'on veut"
00:28:19 "A nous de boycotter des trucs qui nous plaisent pas"
00:28:21 "Je suis libre de choisir d'aller au supermarché ou pas, je suis libre de choisir d'acheter des vêtements seconde vie ou pas"
00:28:27 "Voilà"
00:28:29 Notre adepte du Bokashi, elle, vit dans cette maison de centre-ville, en colocation
00:28:37 "Y'a pas de sonnette hein"
00:28:42 "Et voilà c'est à nouveau nous, merci de nous recevoir chez vous en tout cas"
00:28:48 Alexandra, c'est l'histoire d'une bonne élève
00:28:54 Son père travaille dans l'industrie automobile
00:28:57 Sa mère élève ses trois enfants
00:29:00 Il y a deux ans, la jeune femme obtient un master en économie du développement
00:29:07 Étudiante, elle a déjà lancé son association
00:29:12 "Moi j'ai été élevée en milieu rural, donc petite fille d'agriculteur"
00:29:16 "Et la nature a toujours eu une place importante, j'ai toujours eu une maison avec jardin"
00:29:21 "Et le compost faisait partie intégrante de notre quotidien en fait"
00:29:25 "C'était la corvée quand on était petit de sortir sous la pluie en botte pour aller vider le composteur"
00:29:30 "Et quand j'ai passé mon bac et qu'après je suis partie faire mes études en ville"
00:29:35 "Du jour au lendemain j'ai tout vidé dans ma poubelle noire"
00:29:38 "Et ça a été pas douloureux mais c'était pas naturel en fait"
00:29:43 "Tout simplement de juste se mettre à jeter ses déchets en sachant que ça allait rien devenir"
00:29:48 Dans la colocation, Alexandra est la benjamine
00:29:53 Les autres sont trentenaires, électriciens, ingénieurs mécaniques ou travailleurs sociaux
00:30:04 Je perçois une génération en quête de nouveaux modes de vie sur fond de crise climatique
00:30:11 "Si on a envie de continuer à vivre un peu heureux, il faut mettre en place des choses qui marchent"
00:30:17 "Et on a plein de choses à inventer, enfin je pense qu'on a plein de choses à revendiquer dans notre génération"
00:30:22 "Et en même temps on se dit est-ce que ça sert vraiment à quelque chose, la tâche est tellement immense"
00:30:27 "Bah sinon on est tous crevés franchement, non mais c'est vrai, sinon ça sert à rien"
00:30:32 "Si on se dit ça, on donne pas de sens à notre vie aussi"
00:30:36 "On est des humains en vrai, on a besoin d'avoir un sens dans notre vie"
00:30:39 "Et ça, on le donne en tout cas actuellement"
00:30:42 "Oui on peut se dire à l'échelle mondiale ça va pas changer le monde après tout"
00:30:47 "Mais en même temps ça change vachement les relations qu'on a tous les jours"
00:30:51 "Avec notre environnement, avec les gens qui nous entourent, ça compte vachement"
00:30:59 "La vraie problématique c'est la surconsommation de tous"
00:31:04 "Et donc c'est ça qui est un vrai problème aujourd'hui"
00:31:07 "Alors qu'on peut vivre avec un peu moins tout en étant tout aussi heureux"
00:31:11 "Est-ce qu'il y a une forme de gravité et d'inquiétude aussi dans votre combat ?"
00:31:16 "Au début oui, quand on se rend compte qu'il y a un vrai problème"
00:31:21 "Avec de réchauffement climatique et d'extinction des espèces etc."
00:31:25 "Et de tout ce qu'on entend sur le plastique et tout ça"
00:31:27 "Au début il y a une vraie urgence et une vraie tristesse qui arrivent"
00:31:31 "Mais soit on décide juste d'être déprimé et d'aller vivre en autarcie au fin fond de la campagne"
00:31:38 "Soit on décide de vivre au milieu de tout le monde et d'essayer de changer les choses à son échelle"
00:31:55 Au fil des mois, je me suis demandé comment allaient évoluer leurs projets
00:32:00 Et quel rapport ces trois citoyens entretenaient-ils aux politiques
00:32:05 C'est sur la côte atlantique que je vais retrouver Xavier
00:32:12 Six mois après le gros du roi, les pêcheurs de la ville des Sables-de-Lonne sont prêts à collecter les plastiques en mer
00:32:24 Ce jeudi là se tient l'ultime réunion pour passer à la phase opérationnelle
00:32:29 Xavier est un peu tendu
00:32:32 Autour de la table, deux personnes de l'agglomération des Sables-de-Lonne
00:32:45 Un représentant des pêcheurs
00:32:48 Et surtout un chénon capital, Paul Clément, le recycleur qui traitera les plastiques en bout de course
00:32:54 Mais très vite arrive la question qui fâche
00:33:16 Xavier bafouille car il doit leur faire comprendre que c'est à la ville de payer la facture
00:33:21 Tout dépend de Paul Clément, l'industriel qui va recycler le plastique et de son devis
00:33:27 Un chiffre est lancé, le projet coûtera moins de 1000 euros par an
00:33:44 Grand oral validé
00:33:46 Les Sables-de-Lonne adoptent le projet
00:33:50 Rien d'étonnant en définitive selon Xavier, ce ne serait que le résultat d'une certaine pression de l'opinion publique
00:33:57 Comme je l'ai dit aujourd'hui c'est vraiment on a qu'à voir toutes les manifestations, toutes les marches, toutes les initiatives qui existent
00:34:06 Tout ce bouillonnement qui est là autour de ça et ça c'est un bruit de fond qui progresse, qui grossit
00:34:13 Et aujourd'hui les gouvernants ils vont devoir prendre ça en compte, c'est obligé
00:34:18 Dans son projet, Xavier a l'ambition de suivre la filière jusqu'au bout
00:34:24 Les déchets ramassés en mer vont finir au centre de tri de Paul Clément
00:34:31 Tous collectivement nous produisons des montagnes de plastique
00:34:41 Ici plus qu'ailleurs, on s'en occupe avec soin car pour les recycler, il faut d'abord y mettre de l'ordre
00:34:48 C'est ici qu'on trie du plastique en quantité, 3000-3500 tonnes par an, donc ça fait
00:35:01 C'est effrayant, là c'est le tsunami, il y a la vague qui s'écrase, c'est effrayant et tout le monde devrait voir ce type de site
00:35:13 C'est fou, tout ça normalement ça doit partir à l'enfouissement ou à l'incinération et là tout est trié et chaque bout de plastique va être valorisé
00:35:25 Le plastique c'est compliqué, PET, PEHD, PVC, en fait il y en a 7 grandes sortes
00:35:31 Pour les recycler, il faut absolument les trier par catégorie parce qu'on ne sait pas encore faire autrement
00:35:37 C'est un peu comme si vous essayiez de recycler du verre et de l'aluminium, mélangé, ça ne marche pas
00:35:45 Une fois séparés les uns des autres, il y a encore du travail
00:35:52 Le broyage et le lavage
00:35:55 Un plastique c'est un peu comme une pâtisserie, un plasturgiste il va faire un gâteau et pour faire son gâteau il lui faut la bonne farine
00:36:08 Et nous on sait préparer la farine, en fait entre le plasturgiste et la farine il y a le copounder qui va rajouter un peu ce qu'il faut là dedans pour que la recette soit excellente
00:36:19 Pour une société qui va recycler ces plastiques-là en palette localement
00:36:24 On a vraiment tout un programme, aujourd'hui c'est atteignable, il y a deux ans ça ne l'était pas
00:36:28 Et bien voilà le produit final qu'on va préparer ici, ce qu'on appelle de la paillette, c'est du polypropylène
00:36:37 C'est quel type d'objet les polypropylène ?
00:36:39 C'est très courant dans une maison, les bassines, les seaux, la pelle à ordures, c'est très très courant
00:36:49 Donc là concrètement, on ne peut pas en faire tomber, ça c'est de la paillette de PEHD
00:36:54 Donc là vraiment la destination est simple, c'est pour refaire des tuyaux directement
00:37:04 Là on est sur un gisement de pétrole, dur, pas besoin d'aller en Arabie Saoudite ou je sais pas où
00:37:09 On l'a ici, en France, et après on arrive à le valoriser et en faire quelque chose, c'est ça qui est génial
00:37:15 Un gisement de pétrole qui doit devenir rentable, devenir objet pour avoir une valeur économique
00:37:24 C'est la conviction de Xavier
00:37:33 Mon voyage me mène en Catalogne, je me rends dans une usine impressionnante que s'apprête à découvrir Xavier
00:37:40 Ici, les granulés de déchets plastiques vont être transformés, ceux-là sont en PET, de l'ancienne bouteille d'eau
00:37:49 Xavier a rencontré Michel Tchepa, un autre français qui croit en la deuxième vie des déchets
00:37:57 Vous avez derrière vous, enfin derrière Xavier plutôt, vous avez des silos où là on vient mettre les granulés de matière plastique recyclée
00:38:06 qui vont ensuite rentrer dans un process d'extrusion et ensuite de filature
00:38:10 Xavier découvre que le filateur espagnol a investi pour assurer une fibre recyclée avec les mêmes qualités qu'une matière plastique
00:38:20 C'est impressionnant de voir cet outil industriel, c'est costaud
00:38:27 Pour que le recyclage s'impose à long terme, ce fil doit intégrer des filières économiquement intéressantes
00:38:34 Ce qui m'a plu dans cette affaire, c'est de dire on va aller chercher les compétences
00:38:43 parce que moi, Xavier Murard, je n'ai pas les compétences
00:38:46 C'est comme ça qu'on s'est trouvé avec Michel pour transformer le déchet
00:38:50 Le déchet, c'est ça l'important, c'est que chacun a un rôle dans cette chaîne de valeur
00:38:54 et pour que ça fonctionne, il faut marcher avec des professionnels et qu'ils savent faire leur métier
00:38:59 En fait, là c'est vraiment qu'un fil et après là c'est un mélange de fils, c'est ça
00:39:05 Et ça commence à fonctionner, des centaines de marques utilisent déjà cette fibre espagnole pour avoir une image plus verte auprès des consommateurs
00:39:14 Il y a des vêtements bien sûr, là par exemple je vous montrerai mais là il y a les serviettes de bain
00:39:19 Voilà par exemple, du vêtement à travers des matières qui contiennent du fil siqual
00:39:24 Donc ça c'est de l'habillement, vous avez du jean aussi, du dénime par exemple qui peut être développé
00:39:29 Donc ça c'est fait en Espagne, les texiles sont faits en Espagne
00:39:32 Sur ces chaussures, il y a du fil qui vient d'ici en fait ?
00:39:36 Oui, c'est du fil recyclé, d'accord, 100% recyclé, issu de déchets, soit post-consommateur, soit déchets sauvages collectés dans la mer
00:39:44 et on en a refait un produit avec une valeur
00:39:47 Ça c'est des plastiques issus de déchets, mais ça c'est du polypropylène, c'est des nouveaux matériaux
00:39:51 Ça c'est du polyester et là on est en train de travailler de nouveaux matériaux, qui correspondent à d'autres déchets
00:39:56 Donc il y a du déchet marin là-dedans aussi ?
00:39:59 Oui, mais c'est d'autres industries, c'est d'autres technologies, c'est d'autres besoins, c'est d'autres impératifs techniques
00:40:05 Mais c'est la même méthode, le même modèle
00:40:07 Donc ça veut dire que là on n'est plus sur le textile, on est sur d'autres applications
00:40:11 Pour réduire l'impact de nos déchets, tous nos produits du quotidien devraient être fabriqués avec des considérations d'éco-conception
00:40:20 C'est assez bien, c'est une belle qualité ça
00:40:23 L'éco-conception, ça veut dire que les entreprises doivent trouver des solutions sur les matériaux et sur leur process
00:40:28 pour ne plus utiliser un matériau vierge, mais non seulement intégrer des matériaux qui ont été recyclés
00:40:35 et de pouvoir aussi développer des filières qui leur permettent que leurs produits soient recyclables
00:40:43 Donc ce n'est pas simplement dire "ah le produit est recyclé"
00:40:45 C'est le produit recyclé mais qui soit recyclable
00:40:48 Et là il y a des enjeux terribles
00:40:50 On ne prend pas nos responsabilités, c'est-à-dire on le sait forcément
00:40:54 Quand on produit quelque chose, on sait qu'en fin de vie ça va être un problème
00:40:58 Et ça, ça n'a jamais été évoqué
00:41:00 Donc c'est simple de faire des produits, ça ce n'est pas un problème
00:41:03 Mais de gérer leur fin de vie, c'est nettement plus compliqué
00:41:06 Du déchet plastique au produit, Xavier est allé jusqu'au bout
00:41:12 Il a réussi à fédérer des énergies du monde de la pêche, des politiques et des industriels
00:41:30 Dans le petit univers des épiceries en vrac, Alice a été une pionnière
00:41:36 Clara, vous n'avez pas les cuillères pour l'huile de coco ?
00:41:41 Donc ce meuble a été fait pour prendre appui sur le muret
00:41:45 On a fermé l'accès à la cave
00:41:47 Aujourd'hui, Didier Onretta porte le projet plus globalement
00:41:51 Il est à la tête d'une franchise et a vu les esprits s'éclairer au fil des années
00:41:57 Pour en 2018, il y a un vrai changement, je dirais que tout ça coïncide à la montée du mouvement Greta Thunberg
00:42:03 On sent que là, ça commence à secouer très fort sur la jeune génération qui se pose beaucoup de questions et qui a envie d'action
00:42:08 Et puis, simultané avec le départ de nicotinamide, qui dans notre pays a fait un petit peu d'électrochoc sur une partie de la population
00:42:15 Et là, le politique se réveille et commence véritablement à s'intéresser au sujet
00:42:19 Dans la foulée, Didier Onretta fonde Résovrac, un groupe de lobbying qui entend bien compter dans le débat public
00:42:28 A la suite de la Convention citoyenne pour le climat, le projet de loi "climat et résilience" a été voté
00:42:37 Et Résovrac a été associé aux décisions
00:42:42 Bonjour à tous
00:42:45 Entrez
00:42:47 Barbara Pompili, la ministre de la transition écologique, veut obliger les grandes surfaces à proposer 20% de vrac d'ici 2030
00:42:59 C'est vrai que le Résovrac fait partie de ceux qui ont permis d'apporter cette petite expertise supplémentaire
00:43:07 Pour moi, c'est vraiment un grand coup d'accélérateur d'enfin avoir un objectif dans le dur de la loi
00:43:14 Là, ce n'est plus juste un objectif théorique, c'est dans la loi, il va falloir qu'il y ait 20% dans les grandes surfaces qui soient consacrées au vrac
00:43:21 Mais est-ce que c'est un projet de loi qui est difficile à porter ?
00:43:24 Et vous, est-ce que vous sentez aussi des réticences ? Parce qu'effectivement, il s'agit de gros changements en réalité
00:43:28 Il y a des résistances ?
00:43:30 Il y a toujours des résistances parce qu'il y a le réflexe qui est assez classique
00:43:36 de "Oh là là, on n'aime pas trop le changement"
00:43:39 Ça, ce sont des résistances assez classiques
00:43:42 Et puis après, il y a encore une fois des peurs réelles sur le coût aussi que ça peut engendrer
00:43:49 Que ce soit pour les industriels mais aussi pour les consommateurs
00:43:53 Des résistances, il va y en avoir aussi parce que le vrac est et sera mobilisateur d'espace de manière beaucoup plus importante que ne l'est le pré-emballé
00:44:01 Et puis il y a probablement encore quelques voies qui vont apparaître parce que ça fait disparaître la visibilité des marques
00:44:08 En tout cas, ça minimise... Donc on voit tous ces champs de résistance qui vont exister les uns après les autres
00:44:13 Ça peut s'interpréter
00:44:15 Dans ses échanges avec la ministre, Rezovrac a été moins loin que les propositions remises par la convention citoyenne au président de la République
00:44:25 Loin de ses tractations, Alice, elle, préfère agir sur le terrain
00:44:33 Consciente d'avoir semé une graine il y a six ans, une graine qui a bien germé
00:44:38 L'idée c'était d'amorcer quelque chose et de faire en sorte que ça bouge
00:44:46 Eh bien oui, ça bouge
00:44:48 En six ans, ça a bougé et même quand on est le nez dedans, on a l'impression que ça ne bouge pas assez vite
00:44:52 Mais si, ça bouge
00:44:53 C'est utile, ça a donné envie à plein d'autres d'ouvrir des épiceries comme ça
00:44:58 Ça a donné envie à plein d'autres
00:45:00 Des citoyens qui se sont dit "mais oui, c'est comme ça qu'on doit consommer" qui s'y mettent
00:45:05 Mais aussi, aux grandes surfaces, aux politiciens qui l'air de rien de là-haut nous observent quand même
00:45:12 Et se disent "tiens, c'est quoi ce truc ? Finalement, c'est peut-être utile"
00:45:15 Et aujourd'hui, c'est le cas
00:45:17 Et où en sont les bokashi ?
00:45:22 Depuis des années, nous sommes habitués à voir nos cartons ou nos plastiques collectés séparément
00:45:29 Bientôt, ce sera le cas pour les bio-déchets
00:45:33 Toutes les villes devront s'y mettre
00:45:36 Autant dire qu'Alexandra espère que ces bokashi soient de la partie
00:45:41 En juin 2020, Bordeaux, traditionnellement à droite, a vu un écologiste remporter la mairie
00:45:48 Et ben voilà, nous y sommes
00:45:50 Ça y est, c'est parti
00:45:52 Ça change des choses, le changement de couleur politique pour vous à la mairie ?
00:45:57 En tout cas, on l'espère
00:45:59 Durant ce mandat, il y a l'obligation réglementaire de tri des bio-déchets qui va arriver
00:46:02 Donc il va nécessairement se passer des choses
00:46:04 Vous avez des questions en tout cas ?
00:46:06 Oui, des questions sur comment ils voient cette obligation arriver en 2023
00:46:11 Dans quelle mesure nous pouvoir nous appuyer sur notre développement, plein de choses
00:46:16 Alexandra redoute que son association ne fasse pas le poids face à Veolia ou Suez, les géants du ramassage
00:46:24 Dans la bataille des marchés publics qui aura lieu dans quelques mois
00:46:28 Elle espère un appui du maire
00:46:31 Nos tonnages sont tellement minuscules par rapport à la capacité des autres grands acteurs
00:46:38 qu'on peut très vite se faire étouffer
00:46:41 Alors on peut et on peut vous aider, on est un service de développement économique
00:46:45 et on peut faire en sorte d'essayer de fédérer toutes ces associations, tous ces acteurs qui travaillent autour de cette filière
00:46:52 pour aider les acteurs entre eux à se rencontrer, à échanger, à s'unir même par rapport à certains marchés
00:47:00 Je pense que c'est aussi le rôle d'une métropole et des services de développement économique
00:47:04 une métropole qui travaille beaucoup sur le secteur de l'économie sociale et solidaire
00:47:09 Il n'y a pas de solution, il n'y a pas de solution limite
00:47:11 Ce sont des micro-solutions, en plus on les expérimente, on voit quelles sont celles qui sont les plus efficaces
00:47:17 et moi je trouve ça très bien qu'on soit un peu plus à l'initiative, un peu plus innovants
00:47:24 que la collecte traditionnelle avec le camion qui s'adresse à vous, la poubelle érise
00:47:29 En attendant, Alexandra développe son concept
00:47:35 Et si le Bokashi crée du lien social ?
00:47:38 Au cœur de ses logements HLM débute une expérimentation étonnante
00:47:45 Au milieu des tours, un jardin partagé, entretenu par un habitant
00:47:49 Et Alexandra en pleine explication auprès de l'émissaire du bailleur social
00:48:00 Jonathan Klein, lui, l'habitant jardinier, est un converti
00:48:07 Il y a du Bokashi partout
00:48:09 Clairement, le Bokashi c'est la matière première, sans ça, moi je n'ai pas de sol
00:48:13 soit il faut que je l'achète, donc en fait, si je récupère le Bokashi, je le travaille à brû
00:48:19 je l'amène ici, en fait on l'étale ici, et là on le voit, il y a encore sur toutes les surfaces
00:48:25 en fait c'est tout bénef' quoi
00:48:27 Et on protège le sol aussi, on évite qu'il soit trop sec grâce au broyat de bois qui n'est encore pas trop transformé
00:48:34 Dans notre idée et dans ce qu'on aimerait développer avec Bokashi, avec Jonathan
00:48:39 avec les villes désignées du Bouska et Bordeaux Métropole
00:48:43 c'est vraiment de proposer aux habitants d'avoir un outil simple pour pouvoir composter tous leurs déchets alimentaires
00:48:49 qui pourront voir de leurs propres yeux où est-ce qu'il va être valorisé
00:48:53 c'est-à-dire sous leurs fenêtres, dans le jardin qui est animé par un habitant du quartier
00:48:58 et autour de ça après on peut imaginer plein de choses
00:49:01 Non mais l'idée c'est ça, c'est d'aller pousser le lien à son maximum
00:49:04 en permettant aux habitants de se retrouver autour d'un sujet qui à la base n'est pas du tout de l'amour, qui est le déchet
00:49:10 et de faire en sorte que les gens se rencontrent et échangent
00:49:13 on parle de plus en plus de café compost, de discussions autour des bacs de compostage
00:49:19 soit pour venir vider, soit pour venir retourner, soit pour épandre
00:49:23 Donc s'il y avait un petit carré de pommes de terre, comme vous le voyez en fait il y a quelques plants de pommes de terre
00:49:28 donc j'attends les prochains enfants qui vont dire... je vais leur dire "vas-y" et ils tient
00:49:32 il sera content, il verra les pommes de terre dans la terre
00:49:34 s'il veut il part avec quelques unes et puis il vit chez lui à ses petites filles
00:49:38 Ici aussi c'est un peu leur...
00:49:40 Ah oui ici c'est leur...
00:49:42 Les framboises, ils adorent ça
00:49:45 Chacun à leur manière, tous partagent le sentiment que le citoyen est le moteur du changement
00:49:55 et le politique dans tout ça
00:50:00 Il faut du citoyen, mais après le politique doit prendre ses responsabilités, ça c'est évident
00:50:05 Aujourd'hui, en tout cas, ça serait temps qu'ils montrent leur engagement
00:50:11 et qu'ils fassent preuve un peu plus de courage et de volonté sur certains sujets, mais c'est très compliqué
00:50:18 Je pense qu'on est nombreux à ne plus attendre grand chose des politiciens
00:50:21 En revanche, si nous les citoyens on met des choses en place et on embarque avec nous
00:50:32 il y a des choses qui peuvent changer, il y a des choses qui peuvent évoluer
00:50:36 et qui vont davantage correspondre à ce que nous les citoyens on attend et ce qu'on veut voir évoluer
00:50:46 Souvent il y a beaucoup de choses qui se passent par le bas, à force de pression et d'action citoyenne on finit par changer des choses
00:50:53 Vous pensez ça ? Vous ne pensez pas qu'aujourd'hui le moteur est le politique ?
00:50:57 Ça va dans les deux sens
00:50:59 La convention citoyenne pour le climat n'aurait pas eu lieu sans les Gilets jaunes
00:51:02 Le résultat aujourd'hui n'est pas non plus très intéressant
00:51:09 mais ça a été la mobilisation citoyenne qui a fait qu'il y a eu cette convention qui a été mise en place
00:51:15 et je ne dis pas qu'il faut faire ce mode d'action pour que le politique bouge
00:51:20 mais tout est lié aux citoyens et à la participation des habitants
00:51:24 Je garde à l'esprit le souvenir de l'énergie qu'il déploie pour faire changer la vie de la cité
00:51:32 Quoi de plus politique à mes yeux
00:51:35 Ces citoyens ordinaires ne regardent pas ailleurs au moment où la maison brûle
00:51:43 [Musique]
00:51:48 [Musique]
00:52:15 C'était En Avant Citoyens, un film réalisé par Céline Crespi
00:52:19 Bonjour, juste à vos côtés on accueille Camille Etienne
00:52:22 Bonjour, vous êtes militante écologiste, activiste pour la justice sociale et climatique
00:52:27 Merci infiniment à toutes les deux d'avoir accepté de participer à ZED, la zone d'éducation documentaire
00:52:33 Nous sommes à Aubonne dans le Val d'Oise
00:52:35 et ce sont les élèves du collège André Chenier qui vont vous poser plein de questions
00:52:39 Ils ont vu évidemment le documentaire, ils connaissent vos actions
00:52:43 Juste avant de leur laisser la parole, j'aimerais vous poser quelques questions
00:52:48 D'abord, quand je vous dis le mot écologie, vous pensez à quoi ?
00:52:52 Oui ?
00:52:53 Sauver la planète
00:52:54 Le recyclage
00:52:55 Pollution
00:52:56 L'environnement
00:52:57 L'écosystème
00:52:58 Contre des glaces
00:52:59 Aya ?
00:53:00 Éco-responsable
00:53:01 Ok, allez c'est à vous de poser les questions
00:53:04 Et on commence avec Elisa
00:53:06 Pourquoi avez-vous choisi ce thème de l'écologie ?
00:53:11 Alors moi j'ai pris ce thème parce qu'il me semble que c'est le défi majeur du 21ème siècle
00:53:17 Vous voyez, le dérèglement climatique remet en cause totalement nos modes de vie
00:53:22 et quelque part remet un peu en péril notre survie à moyen terme ou à long terme
00:53:28 et donc il me paraissait intéressant de parler de ça
00:53:33 et de le faire à travers des citoyens
00:53:35 C'est-à-dire qu'on a coutume de dire que les français sont de moins en moins intéressés par la politique
00:53:41 et moi j'ai fait le pari, en tout cas c'est ce que je ressentais en tant que journaliste et reporter
00:53:46 qu'il y a des gens qui avaient envie de faire de la politique autrement
00:53:49 c'est-à-dire pas simplement aller voter etc. mais faire changer les choses
00:53:54 parce que faire de la politique c'est aussi agir pour faire changer les choses et faire évoluer la société
00:54:00 et donc de combiner un peu les deux, c'est-à-dire l'impératif environnemental qui devrait tous nous concerner
00:54:07 et des citoyens qui ont envie d'agir concrètement, ça me paraissait un bon documentaire
00:54:13 Dans votre documentaire, quel est le personnage qui vous a le plus touché ?
00:54:17 Alors moi je les ai aimés tous les trois, mais je crois que celui qui m'a le plus touché c'est Alexandra Neyrou
00:54:24 parce que d'abord elle est jeune et je trouve que c'est à la jeune génération aussi de s'emparer de ces questions-là
00:54:31 parce qu'elle a une vraie vision politique des choses, parce qu'elle se dit "c'est le citoyen qui doit faire"
00:54:36 puisque les politiques apparemment ne font pas assez et puis voilà, après c'est une question de rencontre et je l'ai trouvé très attachante
00:54:43 Et vous, quel est le personnage qui vous a le plus marqué ?
00:54:46 Alice aussi
00:54:48 Moi aussi je trouve que le vrac c'était bien parce que c'est compliqué vu que tout le monde part en grande surface
00:54:54 du coup le vrac c'est moins facile d'accès
00:54:58 du coup il faut avoir du courage quand même pour tenir une épicerie de vrac parce que c'est difficile tous les jours
00:55:03 Est-ce que vous avez l'impression que ces trois personnages, Alice, Alexandra et Xavier
00:55:08 dans le documentaire on l'entend "goutte d'eau dans la mer" ou "goutte d'eau qui fait déborder le vase"
00:55:15 est-ce que vous avez l'impression que leurs trois actions c'est vraiment des tout petits trucs, c'est vraiment des gouttes d'eau dans la mer
00:55:21 ça ne va rien changer ? Ou est-ce que vous avez l'impression au contraire que c'est le début d'un grand changement ?
00:55:27 Oui, dis-nous
00:55:28 Si eux par exemple ils font ces petites actions et qu'à travers le documentaire ils donnent l'exemple
00:55:33 ça peut encourager d'autres personnes à le faire donc non, ce ne sont pas forcément des choses qui ne servent à rien
00:55:39 Moi je dis que c'est un peu les deux parce que c'est des petites actions qui vont débloquer un grand changement
00:55:44 Ok, alors on va continuer avec toi Bilawal
00:55:46 Camille Etienne, qu'est-ce qui vous a motivée à devenir militante pour l'écologie ?
00:55:51 Ecoute, ce n'est pas un choix, je ne me suis pas réveillée un matin en me disant "c'est bon j'ai envie d'être écolo, j'ai trouvé ma vocation"
00:55:57 comme si j'avais envie d'être je ne sais pas boulangère ou peu importe
00:56:01 Non, c'est vraiment plus une nécessité, moi j'ai grandi à la montagne et du coup j'ai vu, quand tu parlais de fondre des glaces
00:56:08 moi j'ai vu les glaciers, vraiment, j'en parlais avec mes grands-parents et je voyais que eux c'était fou
00:56:14 parce que j'avais des photos de mes grands-parents, de ma grand-mère à mon âge qui était sur un glacier qui était beaucoup plus grand
00:56:19 et le mien quand je le voyais là maintenant en 2020, il était en train de disparaître et ça, ça m'a profondément touchée
00:56:28 et je pense que pas tout le monde a besoin forcément de vivre près d'un glacier, ça peut être des choses autour de chez vous
00:56:35 peut-être que vous pouvez trouver qu'il y a trop de béton ici et que vous aimeriez bien avoir plus de nature autour
00:56:40 peut-être que ça peut être parce que vous avez des gens qui tombent malades à cause de la pollution de l'air dans votre entourage
00:56:45 c'est de trouver une raison qui m'a un petit peu endignée et je me suis dit "mais là c'est injuste"
00:56:50 et si c'est injuste, qu'est-ce que je fais ?
00:56:52 soit je trouve ça triste et alors je reste là, comme ça, et puis c'est comme ça
00:56:56 ou alors je me dis "ok, je vais me battre contre ce qui a permis cette injustice"
00:57:01 et c'est comme ça que je suis devenue activiste pour le climat, c'est parce que je suis commencée à vouloir me battre
00:57:06 pour juste, ça peut être les déchets, ça peut être les glaciers
00:57:09 et puis plus tu creuses et plus tu vois des injustices et plus t'as envie de te dire "bah, c'est pas normal qu'on les laisse faire"
00:57:14 donc je vais commencer par faire ma part et petit à petit m'engager
00:57:18 et puis après tout se déroule et on devient une force un peu inarrêtable
00:57:21 Quels sont vos trois principaux combats pour sauver la planète ?
00:57:25 Mon combat du moment c'est sur les fonds marins, moi je connaissais rien du tout aux fonds marins
00:57:29 donc si je vous dis ça c'est aussi parce qu'on n'a pas besoin, on est légitime
00:57:33 vous êtes légitime, quoi qu'il se passe, d'où vous venez, moi je connaissais rien du tout à l'océan
00:57:37 et pour autant je me bats pour éviter que des bateaux aillent chercher des minerais
00:57:41 c'est des pierres qui sont utiles pour les batteries, par exemple les batteries de téléphone et tout ça
00:57:45 qui peut être utile, sauf qu'en fait c'est hyper dangereux pour les baleines et tout ça
00:57:50 et puis aussi parce que ça libère ce qu'on appelle le carbone, le CO2, qui est capturé dans les fonds marins
00:57:56 on dit souvent que l'Amazonie, la forêt, c'est le poumon de la planète, en vrai c'est les océans d'abord
00:58:00 la moitié de l'oxygène qu'on expire elle vient de l'océan, donc moi j'essaye de faire en sorte que les bateaux
00:58:04 ne réussissent pas à partir et qu'on protège ces fonds marins
00:58:07 puis après pour aller plus rapidement sur les deux autres, il y en a un c'est une pipeline en Ouganda
00:58:11 entre l'Ouganda et la Tanzanie et ce serait une bombe climatique, ce qu'on appelle, c'est à dire que ça émettrait
00:58:15 plein de CO2 dans l'atmosphère, sauf qu'on en a déjà assez
00:58:18 et la dernière je dirais que c'est plutôt d'être là, je pense que c'est ça mon plus grand combat
00:58:22 c'est que tout seul on n'y arrivera à rien, il ne faut pas attendre d'avoir des héros ou des héroïnes
00:58:27 mais c'est vraiment de vous donner l'énergie de vous dire que vous êtes assez, que vous êtes légitime
00:58:34 que vous êtes super important et importante, parce que là où on est fort c'est quand on est nombreux
00:58:38 A votre avis est-ce que l'on peut vivre uniquement de matériaux recyclés ?
00:58:42 Ça supposerait de changer complètement notre mode de fonctionnement, ça c'est certain
00:58:47 une chose à comprendre c'est qu'on va devoir produire et consommer moins, c'est sûr
00:58:51 là on produit trop, on consomme trop mais surtout de choses inutiles
00:58:54 il y a plein de choses qu'on a qui en vrai ne sont pas utiles
00:58:56 donc la première question à se poser c'est de se dire qu'est-ce qui compte vraiment ?
00:59:00 et à partir de ça, en effet, se dire est-ce qu'on ne produirait pas ça avec les matériaux qu'on a déjà extraits
00:59:05 parce qu'extraire des matériaux, l'extractivisme, ce qu'on appelle, ça pollue en soi, ça émet du CO2
00:59:11 ou tout un tas d'autres gaz à effet de serre, ça prend des ressources naturelles qui sont limitées
00:59:15 donc il faudrait qu'on le fasse le moins possible
00:59:17 On continue avec Diana
00:59:18 Est-ce que les usines peuvent recycler ? Les déchets ne sont pas plus polluants que les déchets eux-mêmes ?
00:59:24 En fait, tu résumes tout avec cette question, c'est de dire
00:59:27 c'est pour ça que je dis qu'il va falloir produire moins
00:59:29 c'est-à-dire que même si c'est super important et il faut qu'on recycle les matériaux, c'est sûr évidemment
00:59:35 c'est comme il n'y a pas d'énergie parfaitement propre
00:59:37 en fait tout ce qu'on fait va générer de la pollution en plus
00:59:41 et donc du coup l'objectif c'est vraiment de se dire comment est-ce qu'on réduit à la marge
00:59:45 c'est-à-dire qu'il y a plein de Français et de Françaises aujourd'hui qui n'ont pas le choix
00:59:48 d'acheter du plastique tout le temps, d'acheter plein d'emballages, de consommer de l'industriel
00:59:52 parce que c'est moins cher et donc comment est-ce qu'on fait en sorte que ce soit accessible à tout le monde
00:59:57 c'est ça moi qui m'intéresse aussi
00:59:59 Et Youb, on continue avec toi
01:00:00 Madame Crespi, quel impact souhaiteriez-vous que ce reportage ait sur le mouvement écologique et sur les consommateurs ?
01:00:08 Alors, moi j'adorerais qu'il y ait un impact
01:00:11 et c'est vrai que quand on fait des documentaires, quand on fait des films, quand on est journaliste
01:00:15 c'est ça qu'on a envie, c'est un peu, voilà, tirer la sonnette d'alarme et qu'il y ait un impact
01:00:21 alors je pense que ça peut plus avoir un impact sur les consommateurs
01:00:25 parce que finalement le téléspectateur il peut se laisser surprendre à regarder ce documentaire
01:00:30 et à se dire "bah ouais finalement le vrac c'est pas si compliqué que ça"
01:00:34 "ah oui bah tiens il me semble qu'il y a une épicerie qui s'est mise il n'y a pas longtemps"
01:00:38 et puis à prendre conscience, moi par exemple en tant que journaliste alors que je connaissais déjà le sujet
01:00:44 ce qui m'a impressionné c'est quand je suis allée dans ce centre de tri
01:00:47 où on voit ces montagnes de déchets
01:00:50 Nos déchets
01:00:52 Alexandra, Xavier et Alice les ont pris pour cibles
01:00:56 Ceux produits par notre consommation
01:00:59 conséquence du mythe de la croissance infinie
01:01:02 Rebut de notre civilisation
01:01:05 En fait je suis arrivée là et je me suis dit "eh ben bon sang on regarde et là on reconnaît un ancien balai"
01:01:12 "enfin tout ce qu'on a chez nous en fait"
01:01:14 et on se dit "eh ben finalement à chaque fois qu'on a un objet il a une fin de vie"
01:01:18 et cette fin de vie c'est là
01:01:20 comme si c'était un petit peu l'aboutissement de notre société de consommation
01:01:24 où on achète des choses sans y penser
01:01:26 "bah oui on fait ses courses etc"
01:01:28 et donc ce que j'aimerais c'est que ce documentaire il ait un petit peu cet impact modestement
01:01:33 j'espère qu'il l'aura
01:01:35 sur les gens en se disant "eh oui une prise de conscience"
01:01:39 On continue avec Liem
01:01:41 Ce reportage a-t-il eu un impact sur vos habitudes écologiques ? Si oui lesquelles ?
01:01:45 J'ai plus aujourd'hui tendance à consommer en vrac etc
01:01:50 parce qu'en fait quand on achète quelque chose on a l'impression que ça coûte cher
01:01:54 mais en fait ça ne coûte rien
01:01:55 imaginez un petit jouet
01:01:57 un petit jouet que vous voyez qu'il y a quelques années on vous offrait dans un Happy Meal pour ne pas le citer
01:02:04 aujourd'hui c'est plus autorisé
01:02:06 mais ce petit jouet en fait
01:02:08 ce petit jouet on nous le donne gratuitement
01:02:10 donc il ne nous coûte rien
01:02:12 on va jouer 5 minutes avec
01:02:14 et puis après c'est terminé
01:02:16 en fait ce petit jouet il a fallu du plastique
01:02:18 il a fallu tirer des ressources
01:02:20 souvent il a été fait au bout du monde
01:02:22 donc il a fallu du transport pour l'apporter etc
01:02:25 et en fait il y a une telle conséquence sur l'environnement
01:02:27 que tout est disproportionné
01:02:30 l'intérêt qu'on a nous de ce petit jouet
01:02:33 et finalement le coût pour la planète
01:02:36 et donc je pense qu'aujourd'hui je suis plus regardante
01:02:39 dans ce que j'achète
01:02:41 et notamment en termes de biens technologiques
01:02:45 le portable, les téléphones
01:02:47 tant que ça marche en fait il n'y a pas besoin de changer les trucs
01:02:50 et vous ?
01:02:52 en regardant le documentaire
01:02:53 est-ce que ça vous a fait changer de regard ?
01:02:56 est-ce que quand vous avez vu justement cette montagne de déchets
01:02:59 elles sont hyper impressionnantes
01:03:01 enfin moi elles m'ont impressionnée
01:03:03 ces images, vous aussi ça vous a impressionné ?
01:03:05 vous saviez qu'il y avait des montagnes comme ça de déchets
01:03:07 dans des usines de recyclage ?
01:03:09 oui ? dis nous
01:03:10 moi ce qui m'a le plus impressionné
01:03:12 je me souviens un peu du nombre exact
01:03:15 de déchets qu'il y a dans la mer
01:03:17 et c'est ça qui m'a impressionné
01:03:19 est-ce que vous vous êtes dit
01:03:20 moi qu'est-ce que je pourrais faire moi ?
01:03:22 d'essayer d'acheter moins de choses inutiles
01:03:25 qui joue aux jeux vidéo ?
01:03:27 voilà
01:03:28 est-ce que vous achetez des jeux d'occase ?
01:03:30 moi j'ai toujours acheté des jeux d'occase
01:03:32 c'est un système qui a toujours fonctionné
01:03:34 pourquoi on le fait pas pour tout le reste ?
01:03:35 qui a des jeux d'occasion ?
01:03:37 ça vous semble normal non ?
01:03:39 on va pas acheter un jeu tout neuf
01:03:42 vous voyez ?
01:03:43 est-ce que ce déclic là on peut l'avoir pour d'autres choses ?
01:03:46 pour les voitures par exemple
01:03:47 aussi ?
01:03:48 bien sûr, acheter une voiture d'occasion
01:03:50 les téléphones
01:03:51 téléphones d'occasion bien sûr
01:03:53 Samia ?
01:03:54 pour moi ça c'est pas de l'écologie
01:03:55 c'est des économies
01:03:56 on peut gaspiller moins d'argent en faisant ça
01:03:58 ok, du coup c'est pas lié ?
01:04:00 un petit peu quand même
01:04:02 mais c'est bien !
01:04:04 je crois que c'est intéressant qu'on ait cette discussion
01:04:06 parce que c'est facile aussi de se dire
01:04:09 il faut qu'on achète d'occasion
01:04:11 sauf qu'en fait on a baigné dans une société de consommation
01:04:13 on est nés dedans
01:04:14 qui a été décidé par nos parents
01:04:16 et donc parfois l'image qu'on a
01:04:18 d'être la réussite
01:04:20 de ce qui va être dirigé
01:04:22 vers cette consommation
01:04:24 toujours effrénée
01:04:25 on n'est pas super libre
01:04:26 on imagine qu'on fait ce qu'on veut
01:04:28 mais toute la journée
01:04:30 que ce soit la publicité
01:04:31 que ce soit la publicité sur les réseaux sociaux aussi
01:04:33 on baigne dans un monde qui nous pousse
01:04:35 à consommer tout le temps
01:04:36 donc il faut déjà en avoir conscience
01:04:38 et en prendre conscience pour essayer de s'en extraire un petit peu
01:04:40 on poursuit avec toi, Yanancia
01:04:42 est-ce que certaines de vos idées ont fait avancer
01:04:44 la cause écologique ?
01:04:46 l'intégralité de mes journées est vers cet objectif là
01:04:48 après moi je ne crois pas du tout
01:04:50 aux gestes individuels
01:04:52 j'ai l'impression que mes idées moi tout seule
01:04:54 elles ne sont pas très intéressantes
01:04:55 en revanche
01:04:56 là où elles sont puissantes
01:04:57 c'est quand elles donnent envie à d'autres de nous rejoindre
01:04:59 et quand on s'organise ensemble
01:05:01 pour un but précis
01:05:02 là c'est incroyable ce qu'on peut faire
01:05:04 moi j'ai envie d'essayer vraiment
01:05:06 à essayer même localement
01:05:07 chez vous là, ici, dans ce collège là
01:05:09 qu'est-ce que vous voudriez porter comme combat dans ce collège ?
01:05:11 mieux manger à la cantine ?
01:05:13 avoir des choses locales ?
01:05:14 avoir un compost ici ?
01:05:16 par quoi vous voudriez commencer là tout de suite ?
01:05:18 faire un vide-racing géant dans le collège
01:05:20 avec des trucs cools ?
01:05:22 trouvez-le, peut-être que c'est une idée nulle
01:05:24 mais c'est vous qui avez les meilleures idées
01:05:26 et ce serait trop génial que vous vous décidiez ensemble d'un projet
01:05:28 que vous vous disiez comment est-ce qu'on le fait advenir
01:05:30 et puis vous verrez qu'après c'est là
01:05:32 où on a l'impression qu'on change vraiment le monde
01:05:34 parce qu'on change d'abord notre monde
01:05:36 et notre rapport au monde
01:05:37 et ça c'est super puissant
01:05:38 on poursuit avec toi, Emma
01:05:39 qu'attendez-vous des politiciens sur le sujet de l'écologie
01:05:42 et avez-vous déjà été reçus par l'Elysée
01:05:44 pour faire part de vos idées ?
01:05:46 j'ai jamais été reçu par l'Elysée
01:05:48 par des ministres de ce gouvernement là
01:05:50 quelques-uns déjà, un petit peu
01:05:52 beaucoup à l'Assemblée Nationale, au Sénat, tout ça
01:05:54 mais non, ce que j'attends très simplement
01:05:56 c'est de...
01:05:58 d'être à la hauteur de l'enjeu
01:06:00 et de tenir leurs promesses
01:06:02 et peut-être de cesser de nous mépriser aussi
01:06:04 de cesser ce mépris qui fait qu'ils remettent
01:06:06 toute la pression sur les gens
01:06:07 et donc on a l'impression que c'est nous qui sommes pas assez bien
01:06:09 c'est toujours la faute de ceux qui peuvent le moins
01:06:11 donc moi ce que j'attends
01:06:12 c'est qu'ils réussissent à faire payer
01:06:13 ceux qui sont vraiment responsables
01:06:15 c'est que ce soit ces grands multinationales qui
01:06:17 qui fassent le plus d'efforts
01:06:18 c'est que ce soit ces ultra-riches
01:06:20 qui arrêtent de prendre leur jet privé
01:06:21 qu'il y ait des vraies lois concrètes
01:06:23 pour que les responsables des émissions
01:06:25 payent d'abord et que chacun fasse selon ses moyens
01:06:27 ça, ça serait vraiment très cool
01:06:29 Julia, tu voulais rajouter quelque chose ?
01:06:30 moi j'ai une question
01:06:32 qu'est-ce que vous pensez des actions
01:06:34 des activistes écolo
01:06:36 qui par exemple
01:06:38 bloquent des routes ou qui jettent
01:06:40 de la soupe sur des tableaux
01:06:42 c'est une super question !
01:06:43 est-ce que vous pensez que c'est trop extrême ou pas ?
01:06:45 je ne sais pas
01:06:46 Elio, tu voulais rajouter quelque chose ?
01:06:48 on peut dire que ce qu'ils font c'est extrême
01:06:50 mais au moins après on les écoute
01:06:52 c'est peut-être leur seul moyen de se faire voir
01:06:54 ok
01:06:55 du coup, Camille ?
01:06:57 tu sais que cette oeuvre elle a pas été gâchée
01:06:59 c'était sur la vitre qui protégeait le tableau
01:07:01 et qu'au bout de 10 minutes
01:07:03 ils ont tout nettoyé et qu'il y a rien de...
01:07:05 il y a certaines actions qu'on va faire pour plaire
01:07:07 pour rassembler plein d'hommes autour de nous
01:07:09 pour embarquer tout le monde, faire des marches
01:07:11 pour que les gens s'engagent
01:07:12 et il y a des fois où on ne va pas chercher à plaire
01:07:14 mais à déranger
01:07:16 et à déranger ça veut dire bousculer l'ordre en place
01:07:18 c'est de se dire, puisqu'on ne nous met pas des caméras sur nous
01:07:20 c'est pas grave, on va monter sur scène
01:07:22 et on va prendre le micro parce qu'on ne nous donne pas la parole
01:07:24 et c'est ça qu'ils ont voulu faire
01:07:26 c'est-à-dire se dire, on va aller là où on va déranger assez
01:07:28 pour qu'on nous écoute enfin
01:07:30 donc c'est des gens qui sont un peu dans une forme de désespoir
01:07:32 de se dire, on crie dans le vide
01:07:34 et tant pis, on va prendre le mégaphone et parler
01:07:36 et ça puisse bousculer, moi qui adore
01:07:38 j'utilise beaucoup l'art
01:07:40 pour mobiliser et tout, l'idée de se dire
01:07:42 ça c'est une oeuvre d'art, au début j'étais là, ah, sûr, vous êtes sûr
01:07:44 et en fait, je me suis dit, ok, ça m'a dérangée
01:07:46 et ça a créé un débat, et là c'était intéressant
01:07:48 Samia ?
01:07:50 Pensez-vous que les politiques sont responsables du changement climatique ?
01:07:52 Bah, responsables, on l'est tous un peu
01:07:54 puisque c'est nos modes de vie
01:07:56 mais là où ils sont
01:07:58 responsables, c'est que
01:08:00 en fait,
01:08:02 aujourd'hui, on dit qu'un pays
01:08:04 va bien quand il a de la croissance
01:08:06 économique, ça vous en avez
01:08:08 tous entendu parler, on dit, alors combien
01:08:10 on va avoir de croissance, 2% de croissance
01:08:12 3% de croissance, 4% de croissance
01:08:14 en fait, ça veut dire qu'il faut toujours produire plus
01:08:16 produire plus, consommer plus
01:08:18 donc c'est pour ça qu'on achète de plus en plus
01:08:20 ce qu'on nous donne en vie, à travers la publicité
01:08:22 d'acheter, d'acheter, d'acheter
01:08:24 et on se dit, ah bah ça c'est une société qui va bien
01:08:26 donc je pense que là où le politique
01:08:28 il est responsable
01:08:30 c'est d'abord qu'il a le pouvoir
01:08:32 et qu'en plus, il continue avec
01:08:34 ces vieilles façons
01:08:36 de penser le monde, et ces vieilles façons de penser
01:08:38 le monde, c'est de penser que plus on a de croissance
01:08:40 et plus la société va bien, bah non
01:08:42 aujourd'hui, on n'a pas assez de ressources
01:08:44 le réchauffement climatique il arrive
01:08:46 donc il faut penser autrement l'économie
01:08:48 et ça veut pas dire
01:08:50 que parce qu'on va avoir moins de croissance économique
01:08:52 on va avoir moins de bonheur, au contraire
01:08:54 au contraire, et je pense que c'est là
01:08:56 où le politique
01:08:58 il a pas encore pris la mesure de ce qui arrivait
01:09:00 Pourquoi selon vous ils agissent pas ?
01:09:02 Bah parce qu'ils ont peur du changement
01:09:04 je pense qu'en fait on a tous peur du changement
01:09:06 et que eux, bah s'ils prennent des décisions
01:09:08 du jour au lendemain, s'ils disent
01:09:10 bah voilà, on arrête ça
01:09:12 on continue ça, et donc ils préfèrent
01:09:14 essayer de
01:09:16 faire à moitié, un petit peu
01:09:18 avec des vieux modèles
01:09:20 On continue avec toi, Eliott
01:09:22 Pensez-vous que les actions écologiques comme celles
01:09:24 contenues dans votre reportage peuvent toucher et influencer
01:09:26 les politiciens ?
01:09:28 C'est un peu prétentieux, j'espère
01:09:30 moi je fais encore une fois ce métier pour ça
01:09:32 mais bon, je pense que
01:09:34 les solutions en fait, ils les connaissent
01:09:36 ils ont pas besoin de mon documentaire
01:09:38 Après, il y a
01:09:40 toute une réflexion qui avait été faite
01:09:42 sur le VRAC pendant que
01:09:44 je réalisais le documentaire
01:09:46 et qui va obliger
01:09:48 à partir de 2030
01:09:50 à toutes les grandes surfaces
01:09:52 donc supermarché et hypermarché
01:09:54 qui sont encore les endroits
01:09:56 où la majorité, la grande majorité
01:09:58 des gens achètent
01:10:00 de proposer 20%, donc
01:10:02 1/5 du volume en VRAC
01:10:04 donc ça c'est Barbara Pompili qui avait mis ça
01:10:06 dans son projet de loi "Climat et résilience"
01:10:08 donc ça c'est un petit plus
01:10:10 mais pour moi ça va pas assez loin
01:10:12 ça va pas assez loin, mais là où
01:10:14 pour rebondir un petit peu sur ce qu'on disait tout à l'heure
01:10:16 bien sûr que nous, citoyens
01:10:18 vous, citoyens de demain
01:10:20 vous devez faire, mais
01:10:22 je pense que les politiques à un moment, faut un peu
01:10:24 les pousser, c'est à dire qu'eux aussi
01:10:26 ils ont envie, ils ont
01:10:28 besoin d'être un peu dans l'air du temps
01:10:30 donc s'ils voient ces mouvements citoyens
01:10:32 prendre des initiatives
01:10:34 demander, etc
01:10:36 ils vont un petit peu
01:10:38 être obligés de le faire
01:10:40 Camille Etienne, vous en pensez quoi, vous, de cette loi ?
01:10:42 Moi cette loi, c'est
01:10:44 trop bien, il y avait 150 citoyens
01:10:46 qui s'étaient réunis, ça s'appelait la convention citoyenne pour le climat
01:10:48 qui avait été tirée au sort et tout
01:10:50 qui avaient décidé 150 mesures pour que
01:10:52 la France réduise ses émissions. Et puis le président
01:10:54 avait dit "je traduirais vos mesures en une loi
01:10:56 concrète" sauf que cette loi
01:10:58 elle avait été torpillée. Nous on était super déçus
01:11:00 parce que c'était beaucoup de travail de plein de français
01:11:02 qui avaient donné de leur temps, de citoyens
01:11:04 et du coup on s'est dit "ok on va camper devant l'Assemblée Nationale"
01:11:06 on va aller camper pour que
01:11:08 nos députés viennent nous voir. Donc on a commencé
01:11:10 à 5 à mi, vraiment, et puis petit à petit
01:11:12 il y a eu 1 député, 2 députés, 3 députés
01:11:14 et on a eu des gens qui venaient de partout
01:11:16 en France pour être là et être avec
01:11:18 nous pendant ces 3 semaines de débat dans cette fameuse
01:11:20 place Sérieux. Ça c'était génial
01:11:22 donc moi je me suis beaucoup battue pour que cette loi climat
01:11:24 elle reprenne un peu de sa vigueur et
01:11:26 ce genre d'action aussi que vous pouvez faire
01:11:28 en tant que citoyens, c'est pas juste vous changer vos
01:11:30 modes de consommation mais s'engager comme ça
01:11:32 collectivement et rejoindre ce genre d'action
01:11:34 c'est assez fou. Pour être très précis
01:11:36 fin du chauffage sur les terrasses,
01:11:38 le 20% de vrac à partir de 2030
01:11:40 arrêter de louer
01:11:42 les passoires thermiques etc. C'est quoi ?
01:11:44 C'est rien ? C'est
01:11:46 quand même bien ? Non c'est pas
01:11:48 moi qui dis que c'est pas assez. C'est simplement
01:11:50 factuellement on est en train
01:11:52 de dépasser ce qu'on appelle des seuils
01:11:54 des limites planétaires. C'est comme si
01:11:56 je sais pas, on était en train de marcher au bord
01:11:58 de cette salle là et que
01:12:00 chaque génération faisait un petit peu un pas de plus sauf que nous
01:12:02 on est vraiment la génération si on fait le pas de plus
01:12:04 et ben on tombe dans le vide.
01:12:06 Donc c'est super important ce qui se joue maintenant
01:12:08 donc face à cette urgence là, factuellement
01:12:10 dire "ah on va arrêter de chauffer les terrasses
01:12:12 dans 10 ans" ou "on fera un petit peu de vrac
01:12:14 quand même en 2030". Non mais vous vous rendez compte
01:12:16 en 2030 moi j'aurai 32 ans
01:12:18 rien qu'en 2050 y'a plus de plastique
01:12:20 que de poissons dans les océans. Mais ça n'a aucun
01:12:22 sens de dire "ah on va interdire les fourchettes
01:12:24 en plastique". Enfin c'est bien mignon mais
01:12:26 il faut aller beaucoup plus loin que ça. Il faut être courageux
01:12:28 un petit peu et puisque eux à priori ne le sont
01:12:30 pas assez, il va falloir que nous on soit courageux
01:12:32 dans ce qu'on va leur demander.
01:12:34 Mariama ?
01:12:36 En quoi l'économie circulaire est une solution pour sauver
01:12:38 la planète ? Alors l'économie
01:12:40 circulaire c'est
01:12:42 une très bonne idée. C'est à dire qu'encore une fois
01:12:44 éviter d'aller puiser des ressources, se dire
01:12:46 "ben voilà le plastique on en a, on va faire
01:12:48 on va réutiliser
01:12:50 etc etc". Mais pour
01:12:52 moi c'est que quand
01:12:54 on peut pas faire autrement. C'est à dire que
01:12:56 en fait si je vous dis
01:12:58 qu'est-ce qui est mieux ? De
01:13:00 recycler sa bouteille plastique ou de prendre sa gourde ?
01:13:02 A votre avis ?
01:13:04 Ben de prendre sa gourde. Parce qu'en fait
01:13:06 tout ce plastique, même le
01:13:08 recyclage, et y'avait ça tout à l'heure dans ta question
01:13:10 même ce recyclage, il produit
01:13:12 on a besoin
01:13:14 de l'énergie. Une autre image
01:13:16 moi qui m'a frappée quand j'ai fait ce
01:13:18 documentaire, c'est quand on va dans
01:13:20 l'usine qui refait du fil
01:13:22 avec le plastique.
01:13:24 Xavier découvre que le filateur
01:13:26 espagnol a investi pour
01:13:28 assurer une fibre recyclée
01:13:30 avec les mêmes qualités qu'une matière
01:13:32 plastique.
01:13:34 C'est impressionnant de voir
01:13:36 cet outil industriel quoi, c'est
01:13:38 costaud hein. Je voyais y'avait
01:13:40 l'énergie partout, c'était une vraie usine
01:13:42 on avait l'impression. Et en fait je me
01:13:44 disais, est-ce que tout ça a du sens ?
01:13:46 Donc l'économie circulaire,
01:13:48 ouais c'est super, mais le mieux encore une
01:13:50 fois c'est beaucoup de moins consommer.
01:13:52 En fait, et encore une fois de pas
01:13:54 se dire la croissance, acheter, acheter, acheter.
01:13:56 En fait faut tous qu'on
01:13:58 qu'on arrête d'acheter en fait.
01:14:00 On vit comme des nantis, on se rend pas compte.
01:14:02 On consomme beaucoup trop.
01:14:04 Le meilleur déchet c'est celui qu'on produit pas.
01:14:06 Et le déchet c'est inventé
01:14:08 par l'humain. La question pour moi c'est de comment
01:14:10 est-ce qu'on arrête cette logique qui crée
01:14:12 du déchet en fait.
01:14:14 C'est fondamental.
01:14:16 Yanis, on continue avec toi. Pensez-vous que les
01:14:18 personnes qui ne s'engagent pas
01:14:20 pour l'écologie sont irresponsables ?
01:14:22 Tu penses à qui ?
01:14:24 Les citoyens. Y'en a d'entre vous
01:14:26 qui ont l'impression de pas s'engager ?
01:14:28 Et pourquoi ?
01:14:34 Vous vous sentez loin de ça ?
01:14:36 Ça vous concerne pas ?
01:14:38 Les choses par exemple qu'on a vues dans le reportage
01:14:40 moi je les ai jamais faites.
01:14:42 Par exemple ce recyclage.
01:14:44 Et pourquoi ? Parce que t'as pas
01:14:46 accès à ça ou parce que tu n'y avais pas pensé ?
01:14:48 C'est plus quoi ?
01:14:50 C'est plus que j'ai eu pas accès. Par exemple le vrac j'ai pas accès.
01:14:52 Et surtout que j'y ai pas pensé.
01:14:54 C'est intéressant ce que tu dis, c'est que t'y as pas accès.
01:14:56 Jamais je pourrais
01:14:58 en vouloir à quelqu'un par exemple
01:15:00 qui vient pas avec moi en manifestation
01:15:02 le vendredi ou le samedi parce que
01:15:04 il doit faire trois jobs pour payer
01:15:06 ses études. Parce qu'on a pas accès.
01:15:08 Être écolo n'est pas facile
01:15:10 aujourd'hui pour tout le monde. D'autant plus quand on
01:15:12 n'est pas les plus privilégiés. Et ça c'est super
01:15:14 important de le comprendre. C'est à dire que
01:15:16 comment est-ce qu'on fait maintenant pour
01:15:18 créer une société où on a accès à ses choix ?
01:15:20 Et donc là ce qui est intéressant dans ce que vous avez dit
01:15:22 c'est comment est-ce qu'on réclame ce choix ?
01:15:24 C'est ça qui m'intéresse. Et pour moi c'est ça qui est puissant.
01:15:26 C'est à dire d'aller dire "mais c'est pas
01:15:28 normal, pourquoi est-ce qu'il y a pas de compost du tout autour de nous ?
01:15:30 Pourquoi ?
01:15:32 On n'a pas le droit
01:15:34 de recycler complètement
01:15:36 nos déchets organiques. Je suis sûre que si
01:15:38 Yanis t'écris, ou même toute la classe vous écrivez
01:15:40 une lettre au maire d'ici,
01:15:42 je suis sûre qu'avec
01:15:44 vos signatures à vous et vos discours à vous,
01:15:46 potentiellement ça peut fonctionner.
01:15:48 C'est ça que je veux essayer de vous faire prendre conscience.
01:15:50 Donc moi jamais je pourrais en vouloir à ceux qui
01:15:52 ne sont pas écolos mais parce qu'ils ne peuvent
01:15:54 pas, ils n'ont pas cette option
01:15:56 du choix. Et donc là où ça devient intéressant
01:15:58 pour moi c'est quand du coup on fait de
01:16:00 cette injustice une indignation
01:16:02 qu'on transforme en une action. Et là ça devient
01:16:04 super puissant.
01:16:06 Selon vous, pour quelle raison la
01:16:08 population française ne se sent pas
01:16:10 ou très peu concernée par l'écologie ?
01:16:12 Bah moi je pense
01:16:14 que la population française, elle se sent
01:16:16 concernée. Regardez tout à l'heure
01:16:18 quand on a dit écologie, qu'est-ce que ça évoque ?
01:16:20 Tout le monde avait des tas de mots à dire, etc.
01:16:22 Et d'autant plus
01:16:24 depuis cet été où on a été tous
01:16:26 très choqués par les températures
01:16:28 extrêmement hautes, par
01:16:30 les feux de forêt, par
01:16:32 toutes ces catastrophes climatiques qui arrivent
01:16:34 et qui arrivent beaucoup plus vite que ce qu'on imaginait
01:16:36 finalement. Donc je pense que les gens
01:16:38 se sentent concernés. Simplement
01:16:40 c'est comment passer à l'action
01:16:42 et comment transformer d'abord
01:16:44 une forme de sidération et de peur
01:16:46 on parle souvent de
01:16:48 gens qui sont éco-anxieux, c'est-à-dire "ah oui mon
01:16:50 Dieu, est-ce qu'il va y avoir la fin du monde ? Est-ce qu'on va pouvoir
01:16:52 vivre dans 10 ans, 20 ans comme on vit aujourd'hui ?"
01:16:54 En action. Et en fait
01:16:56 c'est comment passer à l'action.
01:16:58 C'est peut-être ça. Après nous, ce qu'on peut
01:17:00 se dire, c'est changer un peu les choses
01:17:02 et peut-être changer aussi
01:17:04 nos rêves. Changer nos rêves.
01:17:06 Est-ce que c'est super
01:17:08 de penser qu'un influenceur
01:17:10 qui habite à Dubaï, qui pollue,
01:17:12 qui fait que
01:17:14 faire des trucs pour
01:17:16 nous faire acheter des choses
01:17:18 et qui en plus ne paye pas ses impôts en France,
01:17:20 est-ce que c'est ça un modèle en fait ?
01:17:22 C'est peut-être nous aussi à essayer de voir
01:17:24 quels sont nos rêves.
01:17:26 Et du coup
01:17:28 de faire passer
01:17:30 pour ceux qu'on a considérés comme des gagnants
01:17:32 pour finalement des has-beens.
01:17:34 On aurait pu les trouver super au XXème
01:17:36 siècle mais là ils ne sont pas du tout dans
01:17:38 ce qui est important aujourd'hui.
01:17:42 Quelles seraient les solutions
01:17:44 pour que le coût de l'écologie
01:17:46 ne freine pas les ambitions
01:17:48 des citoyens ?
01:17:50 C'est une vaste question. En fait ça dépend
01:17:52 de ce qu'on a comme ambition
01:17:54 et ça dépend de la société qu'on veut.
01:17:56 La société
01:17:58 que vous, vous voulez.
01:18:00 Encore une fois je reviens sur cet exemple
01:18:02 qui peut paraître un peu bébête mais
01:18:04 est-ce que nos rêves,
01:18:06 réussir dans la vie, c'est de se dire
01:18:08 qu'on va à Dubaï trois fois par an
01:18:10 pour aller faire des courses ?
01:18:12 Ou est-ce que c'est de se dire que
01:18:14 en fait on mange vachement bien
01:18:16 parce qu'on connaît le paysan d'à côté
01:18:18 et qu'on a moins de biens
01:18:20 et qu'on a peut-être plus de liens entre les gens ?
01:18:22 Pour moi j'ai envie de te répondre comme ça.
01:18:24 Je ne sais pas si je réponds bien à ta question
01:18:26 mais j'ai envie de te répondre comme ça.
01:18:28 C'est quoi qui vous manque ?
01:18:30 Toi t'aimerais bien que ça ressemble à quoi ?
01:18:32 Pour toi, là, juste vivre ici
01:18:34 de manière plus écologique ce serait quoi ?
01:18:36 Je ne sais pas, je n'ai pas dit.
01:18:38 Tu n'as pas posé la question encore ? Non.
01:18:40 Est-ce que le fait, par exemple, je te donne une idée comme ça,
01:18:42 le fait qu'il y ait peut-être moins de voitures,
01:18:44 est-ce que ça c'est quelque chose qui te parlerait ?
01:18:46 Le fait que, par exemple, pour toi
01:18:48 un environnement qui serait un tout petit peu plus écologique
01:18:50 ce serait qu'on se déplace plus en vélo, tout simplement ?
01:18:52 Non, pas en vélo.
01:18:54 Mais en fait,
01:18:56 en voiture électrique.
01:18:58 Oui ? Ok.
01:19:00 Ça serait mieux que les voitures avec de la fumée qui sort par derrière.
01:19:02 Voilà. Naïm ?
01:19:04 Pensez-vous qu'on puisse équilibrer
01:19:06 le confort de vie
01:19:08 et l'écologie ?
01:19:10 Alors, ta question elle est très intéressante
01:19:12 parce que c'est souvent ce qu'on nous dit.
01:19:14 C'est souvent ce qu'on dit, ah bah non, bah oui,
01:19:16 pour être écolo, bah en fait, faut renoncer.
01:19:18 Voilà. On imagine,
01:19:20 même il y a des hommes politiques très haut placés
01:19:22 qui disent, enfin, vous voulez vivre un petit peu
01:19:24 comme des amiches, etc. Vous avez peut-être déjà entendu
01:19:26 cette expression.
01:19:28 Et bah en fait, moi je pense tout le contraire.
01:19:30 Je pense tout le contraire parce que,
01:19:32 par exemple, si on prend
01:19:34 une des mesures
01:19:36 qui est essentielle aujourd'hui
01:19:38 pour réduire notre impact,
01:19:40 c'est de mieux isoler les logements.
01:19:42 Alors ça paraît comme ça
01:19:44 un petit peu pas très sexy comme question,
01:19:46 mais en fait c'est capital.
01:19:48 C'est-à-dire qu'aujourd'hui, il y a plein de bâtiments
01:19:50 qui sont mal isolés, du coup, on chauffe, on chauffe,
01:19:52 c'est comme si on chauffait dehors, donc ça n'a pas de sens.
01:19:54 Et bah là, si on isole mieux,
01:19:56 c'est bien pour la planète, parce que du coup,
01:19:58 après on va avoir moins de consommation
01:20:00 d'énergie, mais c'est vachement mieux pour les habitants.
01:20:02 Et puis, en plus, c'est
01:20:04 économique tout à l'heure, tu disais écologique,
01:20:06 économique, donc en fait, il n'y a pas forcément d'opposition.
01:20:08 Asma, on continue avec toi.
01:20:10 Pensez-vous que la situation climatique
01:20:12 est encore rattrapable actuellement ?
01:20:14 Il faut faire beaucoup d'efforts.
01:20:16 J'ai envie de dire ça.
01:20:18 On ne pourra pas revenir en arrière,
01:20:20 mais
01:20:22 il faut qu'on fasse beaucoup d'efforts
01:20:24 et il faut vraiment,
01:20:26 sans mauvais jeu de mots, passer la seconde.
01:20:28 Il ne faut vraiment y aller pas avec des petites
01:20:30 mesurettes. En fait, il faut changer
01:20:32 de modèle de société.
01:20:34 Mais ce n'est pas forcément
01:20:36 triste, en fait. Pas du tout.
01:20:38 Il y a de l'espoir ou pas, Camille ?
01:20:40 Oui, après, il faut
01:20:42 aussi être lucide sur le fait qu'on va vivre
01:20:44 des conséquences du dérèglement climatique de plus en plus.
01:20:46 Il y a une inertie aussi
01:20:48 des émissions qui sont émises et qui restent
01:20:50 très très longtemps dans l'atmosphère pour certains gaz.
01:20:52 C'est-à-dire qu'il faut qu'on sache qu'on va rentrer
01:20:54 dans une forme d'incertitude.
01:20:56 On va avoir de plus en plus de feux de forêt, sûrement.
01:20:58 Nous, notre génération, on va connaître
01:21:00 de plus en plus des inondations. Donc il faut y être prêt.
01:21:02 Il faut avoir le courage de la lucidité
01:21:04 de se dire "Ok, ça arrive, on va
01:21:06 s'y préparer". Plus on fait le courage de savoir
01:21:08 vraiment ce qui nous arrive, plus aussi on se rend compte
01:21:10 qu'on peut s'adapter à ça
01:21:12 de plus en plus et qu'on peut éviter
01:21:14 une immense partie. Juste pour finir,
01:21:16 il y a cette idée de faire le deuil,
01:21:18 qu'on va changer le monde. Moi, j'ai toujours dit
01:21:20 "Ok, on va changer le monde". On va déjà
01:21:22 réussir à changer un peu notre monde et à le dérouter.
01:21:24 Ça, dérouter, c'est vraiment dire
01:21:26 "Ok, il y a cette espèce d'autoroute de la croissance
01:21:28 comme tu disais. Là, on va peut-être essayer
01:21:30 de décaler un peu le chemin, de faire un pas de côté.
01:21:32 Rien que pour ça, en fait, ça vaut le coup
01:21:34 de se battre. Bah, Élise,
01:21:36 est-ce que vous serez susceptible de refaire un reportage
01:21:38 dans les années à venir,
01:21:40 afin de connaître leur évolution ?
01:21:42 Ah bah oui, moi j'adorerais. J'adorerais
01:21:44 retourner voir mes trois personnages,
01:21:46 Xavier, Alice
01:21:48 et Alexandra, pour voir effectivement
01:21:50 comment, d'abord, eux,
01:21:52 ils ont évolué dans leur tête
01:21:54 et comment, concrètement,
01:21:56 ils ont fait évoluer
01:21:58 leur projet. Mais je suis sûre qu'ils
01:22:00 continueront.
01:22:02 Concrètement, ils m'expliquaient, eux, ils avaient tous eu
01:22:04 un changement de vie, sauf Alexandra,
01:22:06 qui était jeune et qui s'était engagée
01:22:08 assez jeune dans ce combat-là.
01:22:10 Mais Xavier, comme Alice,
01:22:12 ils avaient connu autre chose. Xavier,
01:22:14 je vous le rappelle, lui, il travaillait pour des entreprises
01:22:16 pour chercher du pétrole. Donc,
01:22:18 il avait fait un sacré chemin dans sa tête.
01:22:20 Et, en fait, il disait
01:22:22 que quand il vivait plus
01:22:24 en accord avec
01:22:26 ses convictions, ça le rendait heureux.
01:22:28 Et Alice, c'est pareil. En faisant ses petites
01:22:30 épiceries en vrac et en essayant, etc.,
01:22:32 rien que d'agir, en fait, ça rend heureux.
01:22:34 Et même si c'est à petite échelle.
01:22:36 - Est-ce que
01:22:38 vous avez des nouvelles d'eux, là, concrètement, aujourd'hui ?
01:22:40 Et est-ce qu'ils savent que leurs
01:22:42 documentaires, en tout cas que les images
01:22:44 que vous avez tournées d'eux, seront diffusées à des élèves ?
01:22:46 Qu'est-ce qu'ils en pensent ? - Alors, je leur ai dit.
01:22:48 Je leur ai dit. Je les ai appelées pour
01:22:50 le leur dire. Donc, ils étaient ravis.
01:22:52 Et donc, j'ai pris des nouvelles,
01:22:54 effectivement. Donc, Alexandra,
01:22:56 elle, elle a arrêté, en fait,
01:22:58 son association de ramassage, etc.,
01:23:00 parce qu'elle s'est fait embaucher par une collectivité
01:23:02 locale qui, malgré son jeune âge,
01:23:04 l'a mise responsable, justement,
01:23:06 d'organiser sur tout un territoire,
01:23:08 au nord de Bordeaux, la collègue
01:23:10 de biodéchets et de mettre à plus grande échelle
01:23:12 son projet. Donc, ça, c'était formidable.
01:23:14 Et elle m'a raconté à quel point, d'ailleurs,
01:23:16 le documentaire avait eu un impact
01:23:18 sur ce recrutement, parce qu'en fait,
01:23:20 il avait été vu par les gens
01:23:22 de la collectivité
01:23:24 de Libourne qui l'ont recruté à la suite de ça.
01:23:26 Donc, c'est formidable.
01:23:28 Xavier, lui, il passe d'une association
01:23:30 à la création d'une entreprise
01:23:32 et il veut élargir le champ des possibles
01:23:34 en plus des déchets marins.
01:23:36 Il veut revaloriser les déchets,
01:23:38 notamment dans les déchetteries,
01:23:40 qui, contrairement à ce qu'on croit, sont parfois
01:23:42 enfouies, parfois brûlées, enfin, tout n'est pas
01:23:44 recyclé. Donc, lui, il veut continuer.
01:23:46 Voilà. Et Alice,
01:23:48 elle a toujours ses trois épiceries
01:23:50 et elle me dit que c'est difficile
01:23:52 parce qu'effectivement, l'inflation
01:23:54 et on revient sur des questions de moyens,
01:23:56 le Covid, etc.,
01:23:58 tout ça, là, a vachement ralenti
01:24:00 et c'est pas évident.
01:24:02 Voilà. C'est pas évident,
01:24:04 mais elle garde ses trois épiceries, elle a toujours beaucoup d'énergie.
01:24:06 - Quand vous voyez, Camille, cette classe
01:24:08 qui vous pose plein de questions, là, pendant
01:24:10 un petit temps, qu'est-ce que vous vous dites ?
01:24:12 - C'est là où je vois beaucoup d'espoir. J'ai l'impression d'avoir
01:24:14 une classe qui a
01:24:16 envie de se reprendre
01:24:18 en main, ce qui paraît nous échapper
01:24:20 et ça, c'est là où se joue tout
01:24:22 pour moi. Donc, je suis assez contente de nous avoir rencontrées.
01:24:24 - Est-ce que ça vous parle, tout ça ?
01:24:26 Dis-moi, Samir. - Avec
01:24:28 toutes ces questions, mon point de vue
01:24:30 que j'ai sur l'écologie,
01:24:32 elle a changé, je trouve. - D'accord.
01:24:34 - Moi, je voudrais recycler, maintenant. - Tu voudrais recycler ?
01:24:36 - Oui. - OK, super. David ?
01:24:38 - Qu'on n'a pas forcément
01:24:40 besoin d'attendre des politiques pour agir.
01:24:42 - OK.
01:24:44 On s'arrête là. Merci infiniment
01:24:46 à toutes les deux pour ces échanges
01:24:48 passionnants. L'émission est déjà terminée.
01:24:50 Merci. Bravo, les élèves, vous pouvez vous applaudir.
01:24:52 On peut aussi
01:24:54 remercier vos professeurs au fond de la classe
01:24:56 qui vous ont aidés à préparer
01:24:58 cette émission. Et puis nous, on se retrouve très vite
01:25:00 avec un nouveau film et une nouvelle classe
01:25:02 parce qu'il n'y a pas d'âge pour questionner le monde
01:25:04 et ses images. Salut, les élèves.
01:25:06 - Salut.
01:25:08 ...
01:25:28 ♪ ♪ ♪

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