Les informes du matin du lundi 30 Janvier 2023

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00:00 Ravi de vous retrouver aux côtés de Renaud Dely. On est ensemble jusqu'à 9h30 pour une nouvelle édition des informés du matin consacrée dans un premier temps à la réforme des retraites.
00:09 Pour en parler ce matin, j'ai le plaisir d'accueillir Alix Bouillaguet, éditorialiste à France Info, Canal 27. Bonjour et bienvenue.
00:15 Bonjour, merci Marc.
00:16 Et à vos côtés, Jean-Rémi Baudot, le brief politique chaque matin sur France Info. Bienvenue.
00:20 Bonjour Marc.
00:21 Également à la table des informés, veillés d'armes chez les syndicats, Renaud Dely, avant la deuxième journée de manifestation contre la réforme des retraites.
00:28 Demain, une deuxième journée de mobilisation nationale avec des défilés un petit peu partout dans le pays et puis des grèves annoncées dans de nombreux secteurs,
00:36 et notamment dans celui des transports où le trafic devrait être très perturbé. Dans le même temps, le texte, le projet de loi, arrive aujourd'hui même en commission des lois
00:45 à l'Assemblée nationale où les 7000 amendements vont commencer à être examinés. À la veille de cette journée, que reste-t-il à négocier dans ce texte entre l'exécutif d'une part
00:57 et puis l'opposition, les syndicats et aussi une partie de la majorité d'ailleurs ? Il y a en tout cas un point qui ne bougera pas, ça Elisabeth Borne, la Première ministre,
01:06 l'a confirmé samedi sur France Info, c'est le report de l'âge légal.
01:11 Non, ça n'est plus négociable, la retraite à 64 ans et l'accélération de la réforme tourenne, c'est le compromis que nous avons proposé après avoir entendu
01:19 les organisations patronales et syndicales, après avoir échangé avec les différents groupes parlementaires. Je pense qu'on a été à l'écoute et l'objectif,
01:29 c'est d'assurer l'avenir de notre système de retraite, c'est-à-dire qu'il soit à l'équilibre en 2030.
01:35 Le report de l'âge légal du départ en retraite à 64 ans n'est donc plus négociable. Rappelons d'ailleurs que le candidat Macron avait évoqué, lui, l'âge de 65 ans
01:43 dans la campagne présidentielle. Dès lors, est-ce qu'il y a encore des points qui peuvent bouger, soit dans les discussions avec les syndicats, si elles reprennent,
01:51 soit surtout à l'Assemblée nationale, lors du débat parlementaire qui va s'ouvrir ?
01:55 Qui veut répondre en premier ? Alex Bouillaguet.
01:57 Peut-être ce qui me semble intéressant, c'est déjà se dire pourquoi est-ce qu'Elisabeth Borne, elle agite le chiffon rouge. C'est-à-dire les 64 ans, c'est vrai qu'à la fois
02:05 pour les syndicalistes, à la fois pour les Français, c'est quand même quelque chose qui peut un peu effrayer. Je pense qu'il y a deux manières de voir les choses.
02:12 Soit on se dit, quelle idée d'envenimer le débat, alors justement, il va y avoir un débat pour crever les abscès, pour discuter. Pourquoi est-ce qu'elle n'y est pas allée,
02:22 Mezzo-Voce, sur les 64 ans, en insistant plus sur les 43 annuités pour obtenir une retraite à taux plein, en disant on peut améliorer le texte.
02:30 Ça, c'est une première vision. Et puis la deuxième vision, c'est de se dire, après tout, peut-être qu'elle assume enfin sa réforme.
02:36 Sa réforme, quand on dit travailler, reculer l'âge de la retraite, ça veut dire tout simplement travailler davantage. Et donc oui, aujourd'hui, les 64 ans, c'est l'objectif de la retraite.
02:46 Donc aujourd'hui, elle dit la vérité aux Français. On peut y voir effectivement une démarche de vouloir cadrer ce débat et dire, ben voilà, il y a des impondérables.
02:55 Et puis il y a le reste dont on va pouvoir discuter.
02:57 Alors le reste, c'est quoi, Jean-Rémi Baudot ? Qu'est-ce qui est sur la table désormais lors des examens, à la fois en commission qui commence aujourd'hui,
03:04 ça va durer trois jours, et puis à partir de lundi prochain, devant l'hémicycle de l'Assemblée ?
03:08 D'ailleurs, il faut noter que tout ce qui sera négocié en commission ne servira à rien, puisque ce qui revient en hémicycle lundi prochain, il repart du texte initial.
03:17 Donc en fait, les commissions, d'une certaine manière…
03:19 Ça, c'est étonnant comme fonctionnement.
03:20 Voilà, c'est comme ça sur un texte budgétaire. Non, les compromis sur la retraite des femmes éventuellement, sur la question de la pénibilité.
03:26 Il y a la question de la clause de revoyeur, qui est peut-être intéressante, qui est un point qu'on commence à voir émerger,
03:32 qui, l'idée, ce serait de dire, bah en fait, peut-être ce sera 63 ans à la fin du quinquennat, et puis après, on verra, on fera donc un bilan d'étapes.
03:40 Ça, c'est peut-être une espèce de soupape qui pourrait permettre à l'exécutif de donner un peu de mood,
03:46 une soupape pour rétablir les comptes publics, pour essayer de s'ajuster à la croissance.
03:50 Ce que je trouve intéressant dans la phrase d'Elisabeth Banz, ce week-end sur France Info, c'est…
03:54 Elle dit "les 64 ans ne sont plus négociables", mais à quel moment est-ce que les 64 ans ont réellement été négociables ?
04:00 Vous l'avez dit, Renaud, tout à l'heure, Emmanuel Macron, lui, il avait dit 65.
04:04 Donc, ils arrivent à 64. Personne n'a jamais parlé, au sein du gouvernement ou de l'exécutif, de redescendre en dessous des 64.
04:10 Donc, en fait, ce 64, il n'était pas vraiment négociable depuis le début. On était déjà un peu au taquet du truc.
04:17 Parce que rappelons quand même que le projet du gouvernement, c'est de faire des économies entre 12 et 17 milliards par an.
04:22 Et qu'à partir du moment où vous touchez à la question de l'âge, en fait, déjà à 64 ans, sur le modèle qui est promu par le gouvernement,
04:30 vous êtes déjà dans le bas de la fourchette de ce que vous recherchez.
04:33 Le Fil info à 9h10 avec Maureen Suynard. Et on vous retrouve dans un instant.
04:37 Mieux vaut reporter votre voyage si vous avez prévu de prendre le train à partir de 19h ce soir.
04:44 Et demain, toute la journée, il y aura de fortes perturbations liées au mouvement de grève contre la réforme des retraites.
04:49 Un TGV et WeGo sur trois circuleront, deux TER sur dix et quelques intercités,
04:55 trafic aussi perturbé dans les transports en commun de nombreuses villes françaises.
04:59 Le texte arrive aujourd'hui, d'ailleurs, à l'Assemblée nationale.
05:02 Le gouvernement ferme la porte à toute négociation sur le report de l'âge légal de départ à 64 ans.
05:08 Mais se dit prêt à des aménagements sur les trimestres de maternité, par exemple.
05:12 Renault et Nissan refondent leur alliance. Renault va réduire sa part du capital dans Nissan de 43 à 15%.
05:20 Nissan va par ailleurs investir dans Ampère, le futur pôle électrique de son partenaire français,
05:25 pour en devenir un actionnaire stratégique.
05:28 Dans un documentaire de la BBC, Boris Johnson raconte les menaces de Vladimir Poutine,
05:33 juste avant l'invasion en Ukraine.
05:35 Un missile, ça prendrait une minute, aurait lancé le président russe, selon l'ancien Premier ministre britannique.
05:42 [Musique]
05:44 France Info
05:46 [Musique]
05:48 Les informés, Renaud Delis, Marc Fauvel
05:51 [Musique]
05:53 Je résume ce que vous disiez il y a quelques instants, Jérémy Baudot.
05:55 D'une part, le gouvernement, et je vous cite au taquet du truc.
05:58 Ça, il faudra nous expliquer tout à l'heure ce que ça voulait dire.
06:00 Et puis, vous nous avez listé ce qui était, pour vous, les trois possibles points de discussion à l'Assemblée sur cette réforme des retraites.
06:07 La pénibilité, les carrières des femmes et la clause de revoyure.
06:11 Renaud Delis, vous en voyez d'autres, vous ?
06:13 Il y a éventuellement aussi peut-être la question des carrières longues.
06:16 Et notamment que pour les gens qui ont commencé à travailler à 20 ans,
06:19 il n'est pas allé au-delà de 43 années de cotisation.
06:22 On sait que c'est une demande du groupe LR, en particulier.
06:25 Mais dans les points évoqués à l'instant par Jérémy Baudot, tous importants,
06:29 l'un me semble effectivement essentiel, c'est celui de cette fameuse clause de revoyure.
06:33 Rappelons que le report de l'âge légal du départ en retraite à 64 ans est un report progressif.
06:38 L'âge légal de 64 ans n'entrera en vigueur de fait qu'en 2030, en tout cas si la réforme est adoptée.
06:44 À partir de là, à la fin du quinquennat en 2027, on devrait être à un âge légal de l'ordre de 63 ans et 3 mois, a priori, en moyenne en tout cas.
06:52 Et sur ce point-là, justement, les députés LR, une bonne partie du groupe LR,
06:56 en tout cas, demandent à évoquer ces dernières semaines, lors des négociations qu'il y a eu avec le gouvernement,
07:01 l'idée d'une clause de revoyure à la fin du quinquennat, pour voir s'il y a besoin finalement d'aller jusqu'à 64 ans,
07:08 ou finalement peut-être d'en rester à cet âge qui sera autour de 63 ans à la fin du quinquennat.
07:12 Et on sait que ce sont les députés LR qui vont faire la décision à l'Assemblée nationale,
07:17 en tout cas qui peuvent permettre au gouvernement de ne pas recourir au 49-3,
07:21 ce qui aurait des conséquences politiques probablement assez fâcheuses, y compris dans l'opinion.
07:26 Et donc sur ce point-là, alors Elisabeth Borne, elle ne reprend pas le terme de "clause de revoyure",
07:30 elle parle de "point d'étape", peut-être en 2027, c'est peut-être quelque chose d'envisageable.
07:36 Ça permettrait au gouvernement de ne pas se déjuger sur l'objectif de 64 ans.
07:41 Et effectivement, il n'y a pas de surprise le fait qu'Elisabeth Borne, samedi, dise "ce point-là n'est plus négociable".
07:45 C'est vrai qu'il ne l'a jamais vraiment été, c'est le cœur de la réforme.
07:48 C'est d'ailleurs le nœud du bras de fer, en quelque sorte, avec les syndicats.
07:53 C'est-à-dire que si le gouvernement abandonnait les 64 ans, très clairement,
07:56 il y aurait une crise politique dans la majorité, probablement la chute du gouvernement
07:59 et des élections législatives anticipées.
08:01 Donc ça, c'est impossible.
08:03 De fait, politiquement, c'est possible dans les faits,
08:05 mais en tout cas, politiquement, ce n'est pas évidemment le cas dans le cadre du gouvernement.
08:08 En revanche, cette histoire de "point d'étape" à la fin du quinquennat,
08:12 c'est peut-être une voie de sortie, en tout cas d'un point de vue parlementaire,
08:16 pour obtenir le soutien de la droite.
08:18 Reste à savoir si ça contribuerait, et a priori non, à apaiser certains syndicats,
08:22 dont la CFDT, Laurent Berger est très clair,
08:24 pas question d'aucun report d'âge légal pour la CFDT.
08:27 – Vous vous rendez compte, comme ils sortent les rames, en fait.
08:29 – Vous parlez de moi ? Merci, j'aurais aimé.
08:31 – Non, non, je parle du gouvernement.
08:33 C'est-à-dire que là, après des semaines de "on va concerter", etc.,
08:37 ils se retrouvent dans une situation, en fait, politiquement de blocage,
08:39 avec effectivement leur principal partenaire, à savoir l'LR…
08:41 – En même temps, c'est le nœud de la discussion parlementaire.
08:43 – Pardon ?
08:44 – La discussion parlementaire n'a pas débuté.
08:45 – Oui, mais on est sur un blocage quasiment de principe, en tout cas,
08:48 et les LR, une partie des LR, ils sont en train d'hésiter.
08:52 Il y a même, en gros, une 10, 15 députés de la majorité qui, eux-mêmes, hésitent.
08:57 Donc, en fait, là, le gouvernement sort un peu les rames.
08:59 Et c'est vrai que la question de cette clause de revoyure,
09:01 c'est aussi une manière de dire "non, mais attendez,
09:03 en fait, on ne s'est peut-être pas bien compris, regardez,
09:05 finalement, ce n'est pas si mal", alors que la réalité,
09:07 c'est qu'aujourd'hui, le gouvernement a globalement perdu la bataille de l'opinion.
09:10 Et c'est ce qui rend les choses extrêmement compliquées.
09:12 C'est ce qui devrait d'ailleurs faire que demain,
09:14 les manifestations, je vais y arriver, seront massives.
09:17 – Alex Bouillaguet.
09:18 – C'est peut-être aussi parce que le gouvernement se rend compte
09:20 qu'il a perdu la bataille de l'opinion,
09:22 qu'il y a une forme de désinhibition d'Elisabeth Borne sur les 64 ans.
09:27 Après, cette clause de revoyure à 63 ans, c'est vrai que c'est assez habile.
09:30 Parce que ça veut dire que, dans le cadre du quinquennat 2027,
09:34 on s'arrête à 63.
09:36 Est-ce que la CFDT peut se dire "bon, on a évité le pire
09:39 et finalement, accompagné cette réforme" à partir du moment où,
09:43 effectivement, il y a à ce stade une dizaine de députés encore à convaincre.
09:49 C'est-à-dire, entre ceux qui ont été perdus, il y en a une douzaine,
09:51 c'est nos confrères de France Inter qui ont fait le décompte,
09:53 une douzaine de députés de la majorité qui ne voteront pas en l'État la réforme.
09:57 On a aussi nos 16 républicains sur les 62.
10:01 Donc, si on fait le calcul…
10:02 – 12 + 16 = 28.
10:03 – Voilà, 28, ça veut dire qu'on arrive à 283 députés.
10:08 Si on compte les 249 de la majorité…
10:11 – Je retrèche, j'essaie de vous suivre.
10:13 – On arrive à 283, 289.
10:15 – Il en manque 6, Bertrand Renard.
10:17 – Il en manque 6 et donc ces 6, ils vont être récupérés sur les femmes,
10:23 sur les 44 annuités pour les carrières longues et puis sur l'emploi des seniors.
10:29 Et pourquoi pas cette clause de revoyure qui pourrait…
10:32 – C'est pour ça que c'est intéressant, indépendamment du côté arithmétique,
10:35 mais sur le plan politique et la discussion parlementaire,
10:37 ce qui est vrai qu'il y a un paradoxe aussi.
10:39 On peut difficilement d'un côté reprocher à l'exécutif d'être sourd et aveugle
10:44 et d'être déjà prêt à imposer le 49-3
10:47 et se plaindre justement de l'absence de discussion au Parlement
10:50 et de l'autre côté l'accuser d'être déjà sur le point de reculer,
10:55 d'abandonner, de dénaturer sa réforme parce qu'il pourrait éventuellement,
10:59 et ça ce n'est qu'une hypothèse, on verra à l'issue de la discussion parlementaire,
11:02 envisager la mise en œuvre d'une forme de clause de revoyure en 2027.
11:06 – On a suffisamment dit que justement le résultat législatif au mois de juin dernier
11:10 normalement aurait dû en quelque sorte obliger les deux camps,
11:13 d'ailleurs majorité et opposition, à revoir un peu le fonctionnement du Parlement.
11:16 Ce n'est pas le cas depuis huit mois que cette assemblée est en place.
11:22 Grosso modo ce n'est pas le cas, à quelques rares exceptions près.
11:25 On voit bien que le fait qu'il n'y ait qu'une majorité relative
11:29 n'a pas d'une part visiblement incité l'exécutif à faire preuve
11:32 de davantage d'ouverture à l'endroit des oppositions
11:34 et la réciproque est vraie.
11:36 Donc je trouve ça relativement sain d'un point de vue démocratique d'ailleurs,
11:40 peut-être que cette discussion parlementaire, peut-être, rien n'est garanti,
11:43 va peut-être servir à quelque chose dans les semaines qui viennent.
11:46 – Peut-être juste une petite chose qu'on entend beaucoup dans l'opposition
11:49 sur le fait de dire "oui c'est le 47.1, donc ça veut dire 50 jours,
11:53 ça veut dire qu'on n'a pas de débat".
11:54 – 47.1 je précise pour ceux qui ne sont pas comme vous,
11:56 tous les soirs menés dans la Constitution, c'est l'article de la Constitution
11:59 qui fait que ce texte est examiné lors d'un projet de loi rectificative
12:03 du budget de la sécurité sociale et qui doit être cadré,
12:06 donc 20 jours à l'Assemblée Nationale, ensuite il passe au Sénat,
12:09 ensuite ça passe par une commission mixte paritaire.
12:12 Bref, ces débats dits très serrés par l'opposition,
12:17 dans les faits si on regarde à la fois la réforme Touraine
12:20 et à la fois la réforme Werth, donc les deux précédentes réformes des retraites,
12:25 en fait il y a eu moins de temps consacré aux réformes des retraites dans l'hémicycle,
12:30 moins de séances et moins d'heures là-dessus,
12:32 donc c'est vrai que c'est plus une impression…
12:34 – Moins qu'avec le processus d'aujourd'hui.
12:36 – Moins qu'avec le processus d'aujourd'hui en France.
12:38 – Il y avait beaucoup moins d'amendements aussi, il y avait quelques centaines d'amendements.
12:40 – Oui mais après les amendements c'est les députés qui les posent,
12:42 s'ils veulent plus de débats ils mettent moins d'amendements.
12:44 – Oui s'ils veulent bloquer…
12:45 – En fait chacun est désormais face à ses responsabilités,
12:47 c'est-à-dire que si on imagine qu'effectivement le Parlement est là
12:49 pour essayer de rectifier le projet du gouvernement,
12:54 et bien c'est effectivement aux oppositions ainsi qu'à la majorité
12:58 de faire des propositions et donc de ne pas bloquer.
13:01 On se souvient que malgré tout, le texte de 2019,
13:05 il y a eu un blocage à l'Assemblée et le gouvernement est passé par 49-3,
13:10 cette réforme des retraites de 2019-2020 qui n'a jamais été appliquée.
13:13 – Mais qui peut être appliquée d'ailleurs.
13:14 – Qui pourrait d'ailleurs, mais ce qui est certain c'est qu'en tout cas
13:16 l'opinion se souvient du 49-3 et ne se souvient pas du blocage.
13:19 Donc en fait politiquement le gouvernement est perdu et perdant s'il passe en force.
13:24 Donc en fait là chacun est face à ses responsabilités,
13:27 si les oppositions ont vraiment envie de faire bouger ce texte et de se battre,
13:30 eh bien il faut y aller d'un point de vue législatif et donc pas bloquer au Parlement.
13:33 – Alex Bouillaguet, Jean-Rémi Baudot, Renaud Dely, un petit passage par le fil,
13:37 il faut puisqu'il est 9h20, c'est le moment de retrouver Maureen Suynère,
13:40 on parlera juste après du plan contre le racisme qui est dévoilé aujourd'hui par le gouvernement.
13:45 [Musique]
13:46 – Alors que plus d'un million de personnes se disent victimes de discrimination en France,
13:50 chaque année le gouvernement présente son plan pour lutter contre le racisme
13:54 et l'antisémitisme, 80 mesures présentées aujourd'hui au total,
13:58 par exemple une visite mémorielle pour tous les élèves au cours de la scolarité.
14:02 À l'Assemblée Nationale, c'est la réforme des retraites qui est examinée en commission dès aujourd'hui,
14:06 deuxième journée de grève interprofessionnelle demain.
14:09 Contre le texte, fortes perturbations à prévoir dans les transports,
14:13 les organisations lycéennes appellent au blocage des établissements dès aujourd'hui.
14:17 6 000 emplois bientôt supprimés chez Philips après les 4 000 annoncés en octobre dernier.
14:23 La valeur boursière de l'entreprise néerlandaise a chuté
14:26 après le rappel d'appareils respiratoires.
14:28 Ces appareils qui traitent l'apnée du sommeil sont soupçonnés d'utiliser des substances toxiques.
14:34 Seul un fumeur sur cinq considère qu'il y a un risque de tomber malade
14:38 si l'on consomme plus de 20 cigarettes par jour.
14:41 Le résultat du baromètre publié par l'Institut National du Cancer aujourd'hui.
14:45 Une partie de la population sous-estime le lien entre tabac, alcool et cancer.
14:50 Le cancer responsable de 167 000 morts par an en France.
14:54 [Musique]
14:57 France Info
14:59 [Musique]
15:00 Les informés Renaud Delis, Marc Fauvel
15:04 Et on en vient donc Renaud Delis au plan contre le racisme, l'antisémitisme
15:08 et les discriminations qui est présenté aujourd'hui par le gouvernement.
15:11 Présenté aujourd'hui effectivement par Elisabeth Borne, la Première ministre,
15:13 qui sera d'ailleurs pour l'occasion entourée d'une dizaine de membres de son gouvernement.
15:17 La Première ministre promet du concret sur quatre ans dans ce plan.
15:21 Alors du concret notamment à l'école, pour inciter notamment,
15:25 pour obliger plutôt les élèves, les classes à faire un voyage mémoriel
15:29 au cours de leur scolarité.
15:32 Pour faciliter aussi le dépôt de plaintes,
15:34 pour inciter les gens victimes de discrimination à déposer plainte plus facilement.
15:38 Ou encore, le gouvernement envisage d'étendre le testing,
15:42 le testing pour l'accès au logement ou à l'emploi en particulier.
15:45 Une pratique qui a été développée ces dernières années par l'association SOS Racisme.
15:50 L'association dont le président Dominique Soppo était l'invité de France Info ce matin.
15:54 Ce que l'on attend de l'État au-delà de la question de peut-être davantage financer des testings,
16:00 on verra si les moyens sont mis sur la table,
16:03 c'est de faire en sorte de développer une vraie politique publique,
16:06 de se comporter en État régalien, qui vote des lois,
16:09 qui développe des aggravations de peine par exemple,
16:13 qui fait en sorte de rendre des formations obligatoires
16:16 pour que les personnes comprennent ce que c'est que les discriminations.
16:19 – Alors qu'est-ce que serait une vraie politique publique ?
16:24 Quels moyens faudrait-il mettre pour lutter contre le racisme,
16:27 l'antisémitisme et les discriminations ?
16:29 – Alex Bouyagué.
16:30 – Moi je trouve que c'est un peu du bon sens,
16:32 je trouve qu'il y a des bonnes idées, par exemple le voyage scolaire,
16:35 les visites mémorielles, c'est vrai que pour des collégiens,
16:39 pour des lycéens, d'aller à Auschwitz, d'aller à Eurodur-sur-Glane,
16:43 c'est le concret qui saute aux yeux,
16:45 et ça vaut tous les cours d'enseignement civique,
16:48 si en plus c'est bien accompagné pendant l'année.
16:51 C'est vrai que j'ai plus de réserve sur ce testing,
16:54 parce que qu'est-ce qui empêchera une entreprise
16:56 de ne pas prendre quelqu'un pour des motifs racistes après un entretien ?
17:01 Je ne vois pas trop…
17:02 – De jouer le jeu pendant la phase décidée, et pas ensuite.
17:04 – Des motifs non avoués évidemment lors d'entretiens.
17:06 – Exactement, donc ça je ne vois pas trop l'intérêt de ça,
17:11 mais enfin parfois il vaut mieux faire les choses que de ne rien faire du tout.
17:14 Et puis il y a aussi un autre point dont vous n'avez pas parlé,
17:16 c'est la sanction aussi policière pour justement les policiers
17:20 qui seraient suspectés d'avoir des motivations racistes.
17:23 – Sanctions renforcées.
17:24 – Sanctions renforcées, là aussi on se dit "bon pourquoi pas ?"
17:27 sauf que dans les faits on se rend compte que c'est très exceptionnel
17:30 qu'un policier soit condamné et purge une peine pour ce type de délit,
17:36 d'autant que c'est souvent parole contre parole.
17:38 Donc là aussi je ne vois pas très bien la concrétisation de tout ça.
17:43 – Jean-Rémi Baudot.
17:44 – On rappelle que c'est le deuxième plan en 5 ans,
17:46 le dernier c'était en 2018, qui devait faire 2018-2020,
17:49 qui de l'avis en tout cas des spécialistes du dossier
17:52 n'a pas été un succès, voire a été un échec.
17:55 En fait on ne va pas faire semblant de découvrir le phénomène,
17:57 les crimes et délits à caractère raciste,
17:59 plus 13% entre 2019 et 2011, c'est plus de 1 million de personnes…
18:03 – 2019 et 2021.
18:04 – Oui 2021 pardon, plus de 1 million de personnes chaque année
18:07 et il y a seulement 1300 condamnations.
18:09 Ce que ça met dans l'idée des personnes qui se retrouvent discriminées,
18:12 c'est qu'en fait se tourner vers la justice ne sert à rien.
18:15 Et c'est un petit peu le problème aujourd'hui,
18:17 c'est-à-dire que le gouvernement dit dans ce plan
18:19 "il faut aider à porter plainte etc."
18:22 sauf qu'aujourd'hui il y a des tas d'enquêtes,
18:24 l'enquête Téo, la trajectoire et l'origine,
18:26 qui a permis de quantifier un petit peu ça,
18:28 montre que les discriminations elles augmentent
18:30 et on voit aussi que les gens ne se tournent finalement
18:32 assez peu vers la justice parce qu'ils se disent
18:34 qu'in fine ça ne servira à rien.
18:36 Donc là il y a quand même un très gros problème de concrétisation
18:40 et effectivement ça rejoint ce que disait Alix à l'instant.
18:44 Et puis il y a un autre truc qui est quand même aussi
18:46 l'espèce de climat dans lequel on vit depuis quelques mois,
18:48 la banalisation de la parole raciste.
18:50 Prenez l'année qu'on a vécue en 2022 avec une présidentielle
18:53 qui a été largement tournée vers des questions d'identitaires,
18:56 d'identité parfois, des paroles racistes.
18:58 Quand un Éric Zemmour part de remigration,
19:01 de grand remplacement que beaucoup légitiment ce discours-là,
19:04 c'est difficile ensuite de lutter derrière.
19:06 Quand vous avez sur des chaînes d'opinion des gens
19:08 qui font le lien entre les musulmans qui se foutraient
19:11 de la République etc. c'est évidemment une citation.
19:13 En fait vous êtes dans un climat national
19:17 avec finalement une parole raciste qui s'est banalisée.
19:19 Et donc on comprend à quel point c'est compliqué aujourd'hui
19:22 pour le gouvernement et pour tous les acteurs de ces questions-là
19:27 de venir bouger un peu les curseurs et de venir faire baisser ces questions-là.
19:30 – Renaud Dely.
19:31 – C'est vrai qu'il y a deux dimensions qui sont plus ou moins
19:33 prises en compte dans ce plan mais qui doivent s'alimenter l'une l'autre
19:36 pour lutter contre toutes les formes de racisme.
19:38 Il y a d'une part toute la dimension éducative évidemment.
19:40 Il y a aussi une journée de formation pour 731 000 fonctionnaires
19:46 ou employés de l'éducation nationale.
19:48 – L'idée étant que tous les fonctionnaires suivent cette formation
19:50 dans les cinq années qui viennent.
19:52 – Voilà, donc plus de 700 000 par an en tout cas.
19:55 Il y a le message à destination des élèves.
19:58 Et évidemment s'attaquer au racisme c'est s'y attaquer dès le plus jeune âge.
20:02 C'est-à-dire c'est une question d'éducation d'abord.
20:04 On voit d'ailleurs qu'on mise à nouveau, une fois de plus,
20:07 et à raison bien sûr sur l'éducation nationale et sur l'école
20:09 qui est une institution essentielle, c'est aussi dans les familles.
20:13 C'est-à-dire que normalement on doit aussi contribuer à lutter contre ce fléau.
20:17 Et puis ensuite il y a la réparation, c'est-à-dire la sanction et la réparation.
20:20 Et là Jean-René Baudot a raison quand il pointe en fait un défaut de confiance.
20:24 Un défaut de confiance dans les institutions de la République
20:26 et d'abord dans celle de la justice, de la part en tout cas
20:28 des personnes victimes de discrimination.
20:30 Donc ça, cette défiance, il faut s'y attaquer, il faut y remédier.
20:35 C'est d'autant plus difficile dans le contexte politique
20:38 qu'évoquait Jean-René Baudot à l'instant.
20:40 C'est vrai que l'extrême droite, sous des formes multiples si j'ose dire,
20:43 elle a pesé fortement lors de la dernière élection présidentielle
20:46 et elle pèse dans les consciences et dans les débats publics
20:48 avec un certain nombre de clichés racistes, xénophobes,
20:52 qui sont brandis de temps à autre, et Jean-René Baudot le rappelait.
20:56 Après, c'est aussi malheureusement un fléau qui est de plus en plus attisé
21:01 à l'échelle mondiale, en tout cas européenne, on le voit,
21:04 ces tensions identitaires qui peuvent générer du racisme.
21:07 Et c'est vrai qu'aussi en France, on ne met peut-être pas suffisamment l'accent
21:10 sur ce qui fonctionne bien aussi en quelque sorte.
21:14 Je vais prendre un exemple anecdotique, mais ô combien symbolique,
21:17 et je sais qu'il vous tient à cœur, à vous aussi Marc comme à moi d'ailleurs,
21:20 ce qu'on a vu par exemple lors de la Coupe du monde de football,
21:22 avec cette formidable équipe de France qu'on connaît, etc.,
21:25 qui est très longue date et qui mélange toutes les origines,
21:27 on a pu constater aussi qu'hélas, d'autres pays qui étaient représentés
21:31 à cette Coupe du monde, leurs supporters ou autres,
21:33 eux avaient des manifestations racistes, y compris d'ailleurs
21:36 à l'encontre de l'équipe de France, alors qu'en France,
21:39 ces moments de communion collective, notamment autour des grands événements sportifs,
21:44 montrent qu'il y a quand même un métissage qui fonctionne aussi bien dans notre pays.
21:50 Merci à tous les trois, Renaud Delis, Jean-Rémi Baudot,
21:53 France Info, Radio Alix Bouillaguet, France Info, Canal 27 chaque matin.
21:57 L'édito politique à quelle heure ?
21:59 Oh, il y en a plusieurs.
22:00 Le premier, le deuxième, le troisième, il y en a douze.
22:02 6h40, 7h15 et 7h50 l'interview politique.
22:07 C'est lequel le mieux ?
22:09 Vous n'êtes pas du matin Renaud, bonne journée à tous.
22:11 - C'est ça, les sous-titres.

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