Les informés du matin du lundi 30 janvier 2023

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00:00 (Générique)
00:07 -Ravi de vous retrouver aux côtés de Renaud Delis.
00:09 On est ensemble jusqu'à 9h30 pour une nouvelle édition
00:12 des "Informés" du matin consacrée dans un premier temps
00:14 à la réforme des retraites.
00:16 Pour en parler, ce matin, j'ai le plaisir d'accueillir
00:18 Alix Bouilleguet, éditorialiste à France Info,
00:20 Canal 27. Bonjour et bienvenue.
00:22 -Bonjour. Merci, Marc.
00:23 -Et à vos côtés, Jean-Rémi Baudot, le brief politique
00:25 chaque matin sur France Info. Bienvenue.
00:27 -Bonjour, Marc. -Également à la table,
00:28 des "Informés" veillés d'armes chez les syndicats.
00:31 Renaud Delis, avant la 2e journée de manifestation
00:33 contre la réforme des retraites.
00:35 -Demain, une 2e journée de mobilisation nationale
00:37 avec des défilés un peu partout dans le pays
00:40 et puis des grèves annoncées dans de nombreux secteurs,
00:43 notamment dans celui des transports,
00:45 où le trafic devrait être très perturbé.
00:47 Dans le même temps, le texte, le projet de loi,
00:49 arrive aujourd'hui même en commission des lois
00:52 à l'Assemblée nationale, où les 7 000 amendements
00:56 vont commencer à être examinés.
00:58 -A la veille de cette journée,
01:00 que reste-t-il à négocier dans ce texte,
01:03 entre l'exécutif d'une part et puis l'opposition,
01:06 les syndicats et aussi une partie de la majorité ?
01:08 D'ailleurs, il y a en tout cas un point qui ne bougera pas.
01:11 Ça, Elisabeth Borne, la Première ministre,
01:13 l'a confirmé samedi sur France Info,
01:16 c'est le report de l'âge légal.
01:18 -Non, ça n'est plus négociable, la retraite à 64 ans
01:22 et l'accélération de la réforme tourenne,
01:23 c'est le compromis que nous avons proposé,
01:26 après avoir entendu les organisations patronales
01:28 et syndicales, après avoir échangé
01:30 avec les différents groupes parlementaires.
01:33 Je pense qu'on a été à l'écoute et l'objectif,
01:36 c'est d'assurer l'avenir de notre système de retraite,
01:39 c'est-à-dire qu'il soit à l'équilibre en 2030.
01:42 -Le report de l'âge légal du départ en retraite à 64 ans
01:44 n'est donc plus négociable.
01:46 Rappelons d'ailleurs que le candidat Macron avait évoqué, lui,
01:48 l'âge de 65 ans pendant la campagne présidentielle.
01:51 Dès lors, est-ce qu'il y a encore des points qui peuvent bouger,
01:55 soit dans les discussions avec les syndicats, si elles reprennent,
01:58 soit surtout à l'Assemblée nationale,
01:59 lors du débat parlementaire qui va s'ouvrir ?
02:02 -Qui veut répondre en premier ? Alex Bouyagué.
02:04 -Ce qui me semble intéressant, c'est déjà se dire
02:06 pourquoi est-ce qu'Elisabeth Borne, elle agite le chiffon rouge ?
02:10 C'est-à-dire les 64 ans, c'est vrai qu'à la fois
02:11 pour les syndicalistes, à la fois pour les Français,
02:13 c'est quand même quelque chose qui peut un peu effrayer.
02:17 Je pense qu'il y a deux manières de voir les choses.
02:19 Soit on se dit, quelle idée d'envenimer le débat,
02:22 alors que justement, il va y avoir un débat
02:24 pour crever les abcès, pour discuter.
02:28 Pourquoi est-ce qu'elle n'y est pas allée, Mezzo-Voce,
02:30 sur les 64 ans, en insistant plus sur les 43 annuités
02:33 pour obtenir une retraite à taux plein,
02:35 en disant "on peut améliorer le texte".
02:37 Ça, c'est une première vision.
02:39 Et puis la deuxième vision, c'est de se dire, après tout,
02:41 peut-être qu'elle assume enfin sa réforme.
02:43 Sa réforme, quand on dit "reculer l'âge de la retraite",
02:46 ça veut dire tout simplement "travailler davantage".
02:48 Et donc oui, aujourd'hui, les 64 ans,
02:50 c'est l'objectif de la retraite.
02:53 Donc aujourd'hui, elle dit la vérité aux Français.
02:55 On peut y voir effectivement une démarche
02:58 de vouloir cadrer ce débat et de dire "ben voilà,
03:00 il y a des impondérables, et puis il y a le reste
03:03 dont on va pouvoir discuter".
03:04 – Alors le reste, c'est quoi, Jean-Rémi Baudot ?
03:06 Qu'est-ce qui est sur la table, désormais, lors des examens,
03:10 à la fois en commission qui commence aujourd'hui,
03:11 ça va durer trois jours, et puis à partir de lundi prochain,
03:14 devant l'hémicycle de l'Assemblée.
03:15 – D'ailleurs, il faut noter que tout ce qui sera négocié en commission
03:18 ne servira à rien, puisque ce qui revient en hémicycle
03:22 le lundi prochain, il repart du texte initial.
03:25 Donc en fait, les commissions d'une certaine manière…
03:26 – C'est étonnant comme fonctionnement.
03:27 – Voilà, c'est comme ça sur un texte budgétaire.
03:29 Non, les compromis sur la retraite des femmes éventuellement,
03:31 sur la question de la pénibilité.
03:33 Il y a la question de la clause de revoyeur,
03:35 qui est peut-être intéressante, qui est un point
03:36 qu'on commence à voir émerger,
03:40 qui l'idée ce serait de dire "ben en fait, peut-être
03:42 ce sera 63 ans à la fin du quinquennat,
03:44 et puis après on verra, on fera donc un bilan d'étapes".
03:47 Ça c'est peut-être une espèce de soupape
03:49 qui pourrait permettre à l'exécutif de donner un peu de mou,
03:54 une soupape pour rétablir les comptes publics,
03:55 pour essayer de s'ajuster à la croissance.
03:57 Ce que je trouve intéressant dans la phrase d'Elisabeth Banz
04:00 ce week-end sur France Info, c'est…
04:02 Elle dit "les 64 ans ne sont plus négociables",
04:03 mais à quel moment est-ce que les 64 ans
04:05 ont réellement été négociables ?
04:07 Vous l'avez dit, Renaud, tout à l'heure,
04:09 Emmanuel Macron, lui, il avait dit "65".
04:11 Donc ils arrivent à 64.
04:13 Personne n'a jamais parlé au sein du gouvernement
04:16 ou de l'exécutif de redescendre en dessous des 64.
04:17 Donc en fait, ce 64, il n'était pas vraiment négociable.
04:20 Depuis le début, on était déjà un peu…
04:22 au taquet du truc.
04:24 Parce que rappelons quand même que le projet du gouvernement,
04:26 c'est de faire des économies entre 12 et 17 milliards par an.
04:29 Et qu'à partir du moment où vous touchez à la question de l'âge,
04:34 en fait, déjà à 64 ans,
04:35 sur le modèle qui est promu par le gouvernement,
04:37 vous êtes déjà dans le bas de la fourchette
04:39 de ce que vous recherchez.
04:40 Le Fil Info à 9h10 avec Maureen Suynard.
04:42 Et on vous retrouve dans un instant.
04:44 Mieux vous reportez votre voyage
04:47 si vous avez prévu de prendre le train
04:49 à partir de 19h ce soir.
04:51 Et demain, toute la journée,
04:52 il y aura de fortes perturbations liées au mouvement de grève
04:55 contre la réforme des retraites.
04:57 Un TGV et WeGo sur trois circuleront,
04:59 deux TER sur dix,
05:00 et quelques intercités,
05:02 trafic aussi perturbé dans les transports en commun
05:05 de nombreuses villes françaises.
05:07 Le texte arrive aujourd'hui, d'ailleurs, à l'Assemblée nationale.
05:09 Le gouvernement ferme la porte à toute négociation
05:12 sur le report de l'âge légal de départ à 64 ans,
05:15 mais se dit prêt à des aménagements
05:17 sur les trimestres de maternité, par exemple.
05:20 Renault et Nissan refondent leur alliance.
05:22 Renault va réduire sa part du capital dans Nissan de 43 à 15 %.
05:27 Nissan va par ailleurs investir dans Ampère,
05:29 le futur pôle électrique de son partenaire français,
05:33 pour en devenir un actionnaire stratégique.
05:35 Dans un documentaire de la BBC,
05:37 Boris Johnson raconte les menaces de Vladimir Poutine
05:41 juste avant l'invasion en Ukraine.
05:43 Un missile, ça prendrait une minute,
05:45 aurait lancé le président russe,
05:46 selon l'ancien Premier ministre britannique.
05:49 ...
05:52 -France Info.
05:53 ...
05:55 -Les informés.
05:56 Renaud Hély, Marc Fauvel.
05:58 ...
06:00 -Je résume ce que vous disiez.
06:01 J'aurais mis Baudot d'une part, le gouvernement,
06:04 et je vous cite au taquet du truc.
06:05 Ca, il faudra nous expliquer tout à l'heure.
06:08 Et puis, vous nous avez listé ce qui était, pour vous,
06:10 les trois possibles points de discussion
06:13 à l'Assemblée sur cette réforme des retraites,
06:15 la pénibilité, les carrières des femmes
06:17 et la clause de revoyure.
06:18 Vous en voyez d'autres ?
06:20 -Il y a éventuellement aussi la question des carrières longues,
06:23 et notamment que pour les gens qui ont commencé à travailler à 20 ans,
06:27 il n'est pas allé au-delà de 43 années de cotisation.
06:29 On sait que c'est une demande du groupe LR, en particulier.
06:32 Mais dans les points évoqués à l'instant par Jean-Rémi Baudot,
06:35 tous importants,
06:37 l'un me semble essentiel,
06:38 c'est celui de cette fameuse clause de revoyure.
06:41 Rappelons que le report de l'âge légal
06:43 du départ d'entreprise à 64 ans est un report progressif.
06:46 L'âge légal de 64 ans ne rentrera en vigueur
06:48 de fait qu'en 2030, en tout cas si la réforme est adoptée.
06:51 À partir de là, à la fin du quinquennat, en 2027,
06:54 on devrait être à un âge légal
06:56 de l'ordre de 63 ans et 3 mois, a priori, en moyenne.
06:59 Et sur ce point-là, justement, les députés LR,
07:01 une bonne partie du groupe LR, en tout cas,
07:04 demandent à évoquer ces dernières semaines
07:06 lors des négociations avec le gouvernement,
07:08 l'idée d'une clause de revoyure à la fin du quinquennat
07:12 pour voir s'il y a besoin d'aller jusqu'à 64 ans
07:14 ou finalement peut-être d'en rester à cet âge
07:17 qui sera autour de 63 ans à la fin du quinquennat.
07:19 Et on sait que ce sont les députés LR
07:21 qui vont faire la décision à l'Assemblée nationale,
07:24 en tout cas qui peuvent permettre au gouvernement
07:27 de ne pas recourir au 49-3, ce qui aurait des conséquences
07:30 politiques probablement assez fâcheuses,
07:32 y compris dans l'opinion.
07:34 Et donc, sur ce point-là,
07:35 alors Elisabeth Warren ne reprend pas le terme de clause de revoyure,
07:39 elle parle de "point d'étape", peut-être en 2027,
07:42 c'est peut-être quelque chose d'envisageable.
07:44 Mais le fait de ne pas se déjuger sur l'objectif de 64 ans,
07:47 effectivement, il n'y a pas de surprise
07:49 que Elisabeth Warren, samedi, dise "ce point-là n'est plus négociable",
07:53 c'est vrai qu'il ne l'a jamais vraiment été,
07:56 c'est le cœur de la réforme,
07:58 c'est d'ailleurs le nœud du bras de fer avec les syndicats.
08:01 Si le gouvernement abandonnait les 64 ans,
08:03 il y aurait une crise politique dans la majorité,
08:06 la chute du gouvernement et des élections anticipées.
08:09 Donc ça, c'est impossible.
08:10 De fait, politiquement, c'est possible dans les faits,
08:13 évidemment dans le cas du gouvernement.
08:15 En revanche, cette histoire de "point d'étape"
08:18 à la fin du quinquennat, c'est peut-être une voie de sortie,
08:21 en tout cas d'un point de vue parlementaire,
08:23 pour obtenir le soutien de la droite.
08:25 Reste à savoir si ça contribuerait, et a priori non,
08:28 à apaiser certains syndicats, dont la CFDT,
08:31 Laurent Berger est très clair,
08:32 pas question d'aucun report d'âge légal pour la CFDT.
08:35 – Vous vous rendez compte, comme ils sortent les rames, en fait.
08:38 – Vous parlez de moi ? Merci, Jérémy.
08:40 – Non, non, je parle du gouvernement,
08:42 on va conserter, etc.
08:44 Ils se retrouvent dans une situation, en fait,
08:46 politiquement de blocage, avec effectivement leur principal partenaire,
08:49 à savoir l'ELR.
08:50 – En même temps, c'est le début de la discussion parlementaire.
08:53 – Oui, mais on est sur un blocage quasiment de principe, en tout cas,
08:57 et l'ELR, une partie de l'ELR, ils sont en train d'hésiter.
09:00 Il y a même, en gros, une 10, 15 députés de la majorité
09:03 qui eux-mêmes hésitent.
09:04 Donc en fait, là, le gouvernement sort un peu les rames,
09:07 et c'est vrai que la question de cette clause de revoyure,
09:10 c'est aussi une manière de dire, non mais attendez,
09:12 on va pas s'y mettre, on va pas s'y mettre, on va pas s'y mettre,
09:15 on va pas s'y mettre, on va pas s'y mettre, on va pas s'y mettre,
09:19 on va pas s'y mettre, on va pas s'y mettre, on va pas s'y mettre,
09:22 on va pas s'y mettre, on va pas s'y mettre, on va pas s'y mettre.
09:25 Alors que la réalité, c'est qu'aujourd'hui, le gouvernement a globalement perdu la bataille de l'opinion,
09:29 et c'est ce qui rend les choses extrêmement compliquées,
09:32 c'est ce qui devrait d'ailleurs faire que demain, les manifestations,
09:35 je vais y arriver, seront massives. – Alex Bouillaguet.
09:38 – Parce que ça veut dire que dans le cadre du quinquennat 2027, on s'arrête à 63,
09:43 est-ce que la CFDT peut se dire, bon, on a évité le pire,
09:46 et finalement accompagner cette réforme, à partir du moment où effectivement,
09:50 il y a à ce stade une dizaine de députés encore à convaincre,
09:56 c'est-à-dire entre ceux qui ont été perdus, il y en a une douzaine,
09:58 c'est nos confrères de France Inter qui ont fait le décompte,
10:00 une douzaine de députés de la majorité qui ne voteront pas en l'Etat la réforme,
10:05 on a aussi nos 16 républicains sur les 62, donc si on fait le calcul…
10:09 – 12 + 16 = 28. – Voilà, 28,
10:12 ça veut dire qu'on arrive à 283 députés, si on compte les 249 de la majorité…
10:18 – Je retrès, j'essaie de vous suivre.
10:19 – On arrive à 283, 289, ça veut dire qu'il en manque 6,
10:24 il en manque 6, et donc ces 6, ils vont être récupérés sur les femmes,
10:30 sur les 44 annuités pour les carrières longues,
10:34 et puis sur l'emploi des seniors,
10:36 et pourquoi pas cette cause de revoyure qui pourrait…
10:39 – C'est pour ça que c'est intéressant, indépendamment du côté arithmétique,
10:41 mais sur le plan politique et la discussion parlementaire,
10:43 ce qui est vrai qu'il y a une explosion, parce qu'il y a un paradoxe aussi,
10:46 on peut difficilement d'un côté reprocher à l'exécutif d'être sourd et aveugle,
10:50 et d'être déjà prêt à imposer le 49-3,
10:53 et s'oppleindre justement de l'absence de discussion au Parlement,
10:57 et de l'autre côté l'accuser d'être déjà sur le point de reculer,
11:01 d'abandonner, de dénaturer sa réforme,
11:04 parce qu'il pourrait éventuellement, et ça ce n'est qu'une hypothèse,
11:06 on verra à l'issue de la discussion parlementaire,
11:08 envisager la mise en œuvre d'une forme de clause de revoyure en 2027.
11:12 On a suffisamment dit que justement le résultat des législatives
11:15 au mois de juin dernier, normalement aurait dû en quelque sorte
11:19 obliger les deux camps, d'ailleurs majorité et opposition,
11:21 à revoir un peu le fonctionnement du Parlement,
11:23 ce n'est pas le cas, depuis huit mois que cette assemblée est en place,
11:28 grosso modo ce n'est pas le cas, à quelques rares exceptions près,
11:32 on voit bien que le fait qu'il n'y ait qu'une majorité relative
11:36 n'a pas d'une part visiblement incité l'exécutif à faire preuve
11:39 de davantage d'ouverture à l'endroit des oppositions,
11:41 et la réciproque est vraie.
11:43 Donc je trouve ça relativement sain d'un point de vue démocratique,
11:47 d'ailleurs, peut-être que cette discussion parlementaire,
11:49 peut-être, rien n'est garanti, va peut-être servir à quelque chose
11:52 dans les semaines qui viennent.
11:53 – Peut-être juste une petite chose qu'on entend beaucoup
11:55 dans l'opposition sur le fait de dire, bah oui c'est le 47-1,
11:59 donc ça veut dire 50 jours, ça veut dire qu'on n'a pas de débat.
12:01 – 47-1, je précise pour ceux qui ne sont pas comme vous,
12:04 tous les soirs le nez dans la Constitution,
12:05 c'est l'article de la Constitution qui fait que ce texte est examiné
12:08 lors d'un projet de loi rectificative du budget de la sécurité sociale.
12:12 – Et qui doit être cadré, donc 20 jours à l'Assemblée nationale,
12:15 ensuite il passe au Sénat, ensuite ça passe par une commission
12:18 mixte paritaire, bref, ces débats dits très serrés par l'opposition,
12:24 dans les faits, si on regarde à la fois la réforme Touraine
12:27 et à la fois la réforme Werth, donc les deux précédentes réformes
12:31 des retraites, en fait il y a eu moins de temps consacré
12:34 aux réformes des retraites dans l'hémicycle, moins de séances
12:37 et moins d'heures là-dessus, donc c'est vrai que c'est plus
12:41 d'une impression, moins qu'avec le processus aujourd'hui.
12:43 – Il y avait beaucoup moins d'amendements aussi,
12:45 il y avait quelques centaines d'amendements.
12:46 – Oui mais après les amendements, c'est les députés qui les posent,
12:48 s'ils veulent plus de débats, ils mettent moins d'amendements.
12:50 – Oui, s'ils veulent bloquer…
12:51 – En fait chacun est désormais face à ses responsabilités,
12:53 c'est-à-dire que si on imagine qu'effectivement le Parlement
12:56 est là pour essayer de rectifier le projet du gouvernement,
13:01 c'est effectivement aux oppositions ainsi qu'à la majorité
13:05 de faire des propositions et donc de ne pas bloquer.
13:07 On se souvient que malgré tout, le texte de 2019,
13:11 il y a eu un blocage à l'Assemblée et le gouvernement est passé
13:16 par 49-3, cette réforme des retraites de 2019-2020
13:18 qui n'a jamais été appliquée.
13:20 – Mais qui peut être appliquée d'ailleurs.
13:21 – Qui pourrait d'ailleurs, mais ce qui est certain,
13:22 c'est qu'en tout cas l'opinion se souvient du 49-3
13:25 et ne se souvient pas du blocage, donc en fait politiquement,
13:27 le gouvernement est perdu et perdant s'il passe en force.
13:31 Donc en fait là, chacun est face à ses responsabilités,
13:34 si les oppositions ont vraiment envie de faire bouger ce texte
13:36 et de se battre, eh bien il faut y aller d'un point de vue législatif
13:38 et donc ne pas bloquer au Parlement.
13:40 – Alex Bouillaguet, Jean-Rémi Baudot, Renaud Dely,
13:43 un petit passage par le fil info puisqu'il est 9h20,
13:45 c'est le moment de retrouver Maureen Suynère,
13:47 on parlera juste après du plan contre le racisme
13:49 qui est dévoilé aujourd'hui par le gouvernement.
13:51 [Musique]
13:53 – Alors que plus d'un million de personnes se disent victimes
13:55 de discrimination en France chaque année,
13:57 le gouvernement présente son plan pour lutter contre le racisme
14:01 et l'antisémitisme, 80 mesures présentées aujourd'hui au total,
14:05 par exemple une visite mémorielle pour tous les élèves
14:07 au cours de la scolarité.
14:09 À l'Assemblée nationale, c'est la réforme des retraites
14:11 qui est examinée en commission dès aujourd'hui,
14:13 deuxième journée de grève interprofessionnelle demain.
14:16 Contre le texte, fortes perturbations à prévoir dans les transports,
14:20 les organisations lycéennes appellent au blocage
14:22 des établissements dès aujourd'hui.
14:24 6 000 emplois bientôt supprimés chez Philips
14:27 après les 4 000 annoncés en octobre dernier.
14:30 La valeur boursière de l'entreprise néerlandaise a chuté
14:33 après le rappel d'appareils respiratoires.
14:35 Ces appareils qui traitent l'apnée du sommeil
14:38 sont soupçonnés d'utiliser des substances toxiques.
14:41 Seul un fumeur sur cinq considère qu'il y a un risque de tomber malade
14:45 si l'on consomme plus de 20 cigarettes par jour.
14:48 Le résultat du baromètre publié par l'Institut national du cancer
14:51 aujourd'hui, une partie de la population sous-estime le lien
14:54 entre tabac, alcool et cancer,
14:57 le cancer responsable de 167 000 morts par an en France.
15:01 ...
15:04 -France Info.
15:05 ...
15:07 -Les informés.
15:08 Renaud Delis, Marc Fauvel.
15:10 -On en vient donc, Renaud Delis,
15:13 au plan contre le racisme, l'antisémitisme
15:15 et les discriminations présentés par le gouvernement.
15:18 -Présenté par Elisabeth Borne, la première ministre,
15:21 à l'occasion entourée d'une dizaine de membres de son gouvernement.
15:24 La première ministre promet du concret sur quatre ans dans ce plan,
15:28 du concret notamment à l'école, pour inciter,
15:31 notamment pour obliger plutôt les élèves, les classes,
15:34 à faire un voyage mémoriel au cours de leur scolarité,
15:38 pour faciliter aussi le dépôt de plaintes,
15:41 pour inciter les gens victimes de discrimination
15:43 à déposer plainte plus facilement,
15:46 ou encore, le gouvernement envisage d'étendre le testing,
15:49 le testing pour l'accès au logement ou à l'emploi en particulier,
15:52 une pratique développée ces dernières années
15:55 par l'association SOS Racisme,
15:57 dont le président, Dominique Soppo,
15:59 était l'invité de France Info ce matin.
16:01 -Ce que l'on attend de l'Etat, au-delà de la question
16:04 de peut-être davantage financer des testings,
16:07 on verra si les moyens sont mis sur la table,
16:09 c'est de faire en sorte de développer
16:11 une vraie politique publique, de se comporter en Etat régalien,
16:15 qui vote des lois, qui développe des aggravations de peine,
16:19 par exemple, qui fait en sorte de rendre des formations obligatoires
16:22 pour que les personnes comprennent ce que c'est que les discriminations.
16:26 -Qu'est-ce que serait une vraie politique publique ?
16:29 Quels moyens faudrait-il mettre pour lutter contre le racisme,
16:33 l'antisémitisme et les discriminations ?
16:35 -Alex Bouyagué.
16:36 -C'est un peu du bon sens.
16:38 Je trouve qu'il y a des bonnes idées,
16:40 par exemple, le voyage scolaire, les visites mémorielles.
16:43 C'est vrai que pour des collégiens,
16:45 pour des lycéens, d'aller à Auschwitz,
16:48 d'aller à Orodour-sur-Glane, c'est le concret qui saute aux yeux.
16:51 Forcément, ça vaut tous les cours d'enseignement civique,
16:55 si en plus c'est bien accompagné pendant l'année.
16:57 C'est vrai que j'ai plus de réserve sur ce testing,
17:00 parce que qu'est-ce qui empêchera une entreprise
17:03 de ne pas prendre quelqu'un pour des motifs racistes
17:06 après un entretien ? Je vois pas trop...
17:08 -De jouer le jeu pendant la phase décidée.
17:10 -Des motifs non avoués, évidemment, lors de l'entretien.
17:13 -Exactement. Donc ça, je vois pas trop l'intérêt de ça,
17:17 mais parfois, il vaut mieux faire les choses
17:19 que ne rien faire du tout.
17:21 Et puis, il y a aussi un autre point,
17:23 c'est les sanctions policières
17:24 pour justement les policiers qui seraient suspectés
17:27 d'avoir des motivations racistes.
17:29 -Sanctions renforcées. -Sanctions renforcées.
17:32 Là aussi, on se dit "bon, pourquoi pas ?"
17:34 Sauf que dans les faits, on se rend compte
17:37 que c'est très exceptionnel qu'un policier soit condamné
17:40 et purge une peine pour ce type de délit,
17:43 d'autant que c'est souvent parole contre parole.
17:45 Donc là aussi, je vois pas très bien
17:47 la concrétisation de tout ça.
17:49 -Jean-Emile Baudot.
17:51 -On rappelle que c'est le deuxième plan en cinq ans,
17:53 le dernier, c'était en 2018, qui devait faire 2018-2020,
17:56 qui, de l'avis des spécialistes du dossier,
17:59 n'a pas été un succès, voire a été un échec.
18:02 On va pas faire semblant de découvrir le phénomène.
18:04 Les crimes et délits à caractère raciste,
18:07 plus 13 % entre 2019 et 2011,
18:09 c'est plus de 1 million de personnes...
18:11 -2010-2021. -Oui, 2021, pardon.
18:13 Plus de 1 million de personnes chaque année,
18:15 1300 condamnations.
18:17 Ce que ça met dans l'idée des personnes
18:19 qui se retrouvent discriminées,
18:20 c'est que se tourner vers la justice ne sert à rien.
18:23 C'est un peu le problème aujourd'hui.
18:25 Le gouvernement dit dans ce plan
18:27 qu'il faut aider à porter plainte, etc.
18:29 Sauf qu'aujourd'hui, il y a des tas d'enquêtes,
18:32 l'enquête Téo, "Trajectoire et origine",
18:34 qui a permis de quantifier ça,
18:36 montre que les discriminations augmentent.
18:38 On voit aussi que les gens ne se tournent
18:41 assez peu vers la justice,
18:43 donc il y a un très gros problème de concrétisation.
18:47 Effectivement, ça rejoint ce que disait Alix à l'instant.
18:51 Et il y a un autre truc,
18:52 l'espèce de climat dans lequel on vit,
18:54 la banalisation de la parole raciste.
18:56 Prenez l'année qu'on a vécue en 2022
18:58 avec une présidentielle qui a été largement tournée
19:01 vers des questions d'identitaires, d'identité,
19:04 parfois des paroles racistes.
19:05 Quand un Éric Zemmour part de remigration,
19:08 de grands remplacements, que beaucoup légitimentent,
19:11 c'est difficile ensuite de lutter derrière.
19:13 Quand vous avez sur des chaînes d'opinion
19:15 des gens qui font le lien entre les musulmans
19:18 qui se foutraient de la République, etc.,
19:20 c'est évidemment une citation,
19:22 vous êtes dans un climat national
19:23 avec finalement une parole raciste qui s'est banalisée.
19:26 Et donc, on comprend à quel point c'est compliqué aujourd'hui
19:30 pour le gouvernement et pour tous les acteurs
19:32 de ces questions-là de venir bouger un peu les curseurs
19:35 et de venir faire baisser ces questions-là.
19:37 – Renaud Delis.
19:38 – C'est vrai qu'il y a deux dimensions
19:40 mais qui doivent s'alimenter l'une l'autre
19:42 pour lutter contre toutes les formes de racisme.
19:45 Il y a d'une part toute la dimension éducative,
19:47 il y a aussi une journée de formation
19:49 pour 731 000, je crois, fonctionnaires
19:52 ou employés d'éducation nationale.
19:54 – L'idée étant que tous les fonctionnaires
19:56 suivent cette formation dans les cinq années qui viennent.
19:59 – Voilà, donc plus de 700 000 parents en tout cas.
20:02 Il y a le message à destination des élèves
20:05 et évidemment s'attaquer au racisme,
20:07 c'est s'y attaquer dès le plus jeune âge,
20:09 c'est une question d'éducation d'abord,
20:11 on voit d'ailleurs qu'on mise à nouveau,
20:13 une fois de plus, et à raison bien sûr,
20:15 sur l'éducation nationale et sur l'école
20:17 qui est une institution essentielle,
20:18 c'est aussi dans les familles,
20:20 je veux dire que normalement on doit aussi contribuer
20:22 évidemment à lutter contre ce fléau
20:24 et puis ensuite il y a la réparation,
20:26 c'est-à-dire la sanction et la réparation
20:28 et là Jean-René Baudot a raison quand il pointe
20:30 en fait un défaut de confiance,
20:31 un défaut de confiance dans les institutions de la République
20:34 et d'abord dans celle de la justice,
20:36 de la part en tout cas des personnes victimes de discrimination.
20:39 Cette défiance, il faut s'y attaquer, il faut y remédier,
20:42 c'est d'autant plus difficile dans le contexte politique
20:44 qu'évoquait Jean-René Baudot à l'instant,
20:47 c'est vrai que l'extrême droite, sous des formes multiples si j'ose dire,
20:50 elle a pesé fortement lors de la dernière élection présidentielle
20:53 et elle pèse dans les consciences et dans les dépas publics
20:55 avec un certain nombre de clichés racistes,
20:58 xénophobes qui sont brandis de temps à autre,
21:01 et Jean-René Baudot le rappelait,
21:03 après c'est aussi malheureusement un fléau
21:06 qui est de plus en plus attisé à l'échelle mondiale,
21:09 en tout cas européenne, on le voit,
21:11 ces tensions identitaires qui peuvent générer du racisme,
21:14 et c'est vrai qu'aussi en France,
21:15 on ne met peut-être pas suffisamment l'accent
21:17 sur ce qui fonctionne bien aussi en quelque sorte,
21:21 je vais prendre un exemple anecdotique mais ô combien symbolique
21:24 et je sais qu'il vous tient à cœur à vous aussi Marc comme à moi d'ailleurs,
21:27 ce qu'on a vu par exemple lors de la Coupe du monde de football
21:29 avec cette formidable équipe de France qu'on connaît,
21:32 de très longue date et qui mélange toutes les origines,
21:34 on a pu constater aussi qu'hélas d'autres pays
21:37 qui étaient représentés à cette Coupe du monde,
21:39 leurs supporters ou autres, eux avaient des manifestations racistes,
21:42 y compris d'ailleurs à l'encontre de l'équipe de France,
21:45 alors qu'en France ces moments de communion collective,
21:49 notamment autour des grands événements sportifs,
21:51 montrent qu'il y a quand même un métissage
21:53 qui fonctionne aussi bien dans notre pays.
21:57 Merci à tous les trois,
21:58 Renaud Delis, Jean-Rémi Baudot de France Info,
22:00 Radio Alix Bouillaguet, France Info,
22:02 Canal 27 chaque matin, l'édito politique à quelle heure ?
22:06 Il y en a plusieurs.
22:07 Le premier, le deuxième, le troisième, la douze.
22:09 6h40, 7h15 et 7h50 l'interview politique.
22:13 C'est lequel le mieux ?
22:15 Vous n'êtes pas du matin Renaud, bonne journée à tous.
22:18 [Musique]

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