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Laurent Guillot, directeur général du groupe Orpea depuis juillet 2022, était mercredi 25 janvier l'invité de franceinfo. Il répondait aux questions de Marc Fauvelle.

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Transcription
00:00 de maltraitance généralisée. Il y a un an, un livre enquête, "Les Fossoyeurs" de Victor Castaner, mettait en lumière
00:05 la situation dans les EHPAD du groupe Orpea, le géant français du secteur. Depuis,
00:10 la direction du groupe a démissionné, les contrôles dans les EHPAD se sont multipliés
00:14 et la nouvelle direction d'Orpea promet que toutes les leçons ont été tirées.
00:18 Bonjour Laurent Guillaume.
00:19 - Bonjour Marc Favel.
00:20 - Directeur général d'Orpea, vous êtes en place depuis sept mois, très clairement sans ce livre.
00:24 Il y a un an, rien n'aurait changé ?
00:27 - Rien n'aurait changé je pense, on a changé énormément de choses dans les six derniers mois.
00:32 D'abord, comme vous l'avez dit,
00:34 nous avons changé la direction générale, plus de 30 personnes ont sont parties.
00:39 - C'est le premier coup de balai.
00:41 - Nous avons fait partir 30 personnes, elles sont reparties toutes spontanément, on va dire, depuis ces tolérances zéro, sur les pratiques
00:47 illégales et sur les pratiques
00:50 financières d'optimisation.
00:52 - On va faire point par point, si vous le permettez,
00:55 revenir sur ce qui a changé ou pas d'ailleurs dans vos EHPAD depuis un an.
00:59 Il se trouve qu'une nouvelle édition des Fausses Soyeurs sort aujourd'hui en librairie avec de nouveaux chapitres.
01:02 Vous l'attendez avec un petit peu de fébrilité ou pas ?
01:05 - Je crois qu'on a déjà les bonnes feuilles dans certains journaux.
01:10 - Vous les avez lus ?
01:11 - Dans les journaux, oui j'ai lu les journaux,
01:14 j'ai pas eu accès aux livres, mais on voit que ça concerne beaucoup
01:18 les anciens dirigeants et les pratiques des anciens dirigeants, et puis aussi les coulisses
01:22 de la sortie du livre et les difficultés que monsieur Castaner a eues. Je crois que ça concerne le passé, moi je suis là plutôt pour
01:29 m'occuper de l'avenir et du présent.
01:31 - Vous pouvez dire avec certitude ce matin à ce micro qu'aujourd'hui aucun de vos 270 000 résidents n'est maltraité ?
01:36 - Non, je ne peux malheureusement pas dire ça, c'est un métier très difficile,
01:40 c'est un métier sur lequel de temps en temps des erreurs arrivent.
01:44 Ce que je peux dire, c'est que nous faisons tout notre maximum,
01:47 tout notre possible pour donner les moyens à nos équipes pour qu'elles fassent le mieux possible leur travail.
01:52 - Mais on n'est pas à l'abri de maltraitance encore peut-être aujourd'hui ?
01:55 - Je crois que personne, privé, public, associatif, ne peut dire qu'on est à l'abri d'une erreur,
02:00 et il faut corriger cette erreur sans arrêt et travailler sans arrêt pour améliorer
02:04 la qualité du soin et la qualité de l'accompagnement que l'ensemble du système propose.
02:10 - Bon, vous avez lu les bonnes feuilles de la dernière livraison de Victor Castaner, vous avez lu sans doute aussi
02:14 le dernier rapport de la défenseur des droits qui s'en est été expliqué à ce micro il y a quelques jours,
02:19 elle dit que tant qu'il n'y aura pas assez de personnel dans les EHPAD, la maltraitance
02:23 continuera forcément, pas assez de temps pour s'occuper dignement des personnes âgées, pour prendre le temps de les laver, de leur parler,
02:29 tout simplement. Elle dit qu'il faudrait huit salariés pour dix résidents en EHPAD,
02:33 et qu'aujourd'hui vous êtes à six salariés seulement. Est-ce que c'est vrai ? Est-ce que ça augmente ?
02:37 - D'abord, elle a raison sur le constat qu'il faut suffisamment de personnel
02:41 pour accompagner nos patients, nos résidents, pour accompagner nos personnes âgées. Elle a entièrement raison.
02:47 Et d'ailleurs c'est pour ça que depuis que je suis arrivé, ce taux d'encadrement,
02:50 il a augmenté de 10% par rapport à ce qu'il était en début d'année 2022, donc entre fin d'année 2022 et début d'année 2022,
02:57 il a augmenté de 10%. - Donc vous en êtes où aujourd'hui ? - Ça veut dire quatre ou cinq personnes de plus par établissement.
03:03 - Mais ça veut dire que ça fait combien aujourd'hui ? - Très légèrement en dessous de
03:06 le 8 pour 10, comme le recommande la défenseur des droits. - Vous allez continuer à embaucher ?
03:10 - Nous allons continuer à embaucher. Nous avons embauché à peu près 800 personnes par mois sur les quatre derniers mois
03:17 de l'année 2022 et nous allons continuer sur 2023.
03:21 - 53 familles ont déposé plainte contre Orpéa. Si des procès ont lieu un jour, Laurent Guillaume, est-ce que vous serez face à elles, au tribunal ou à leur côté ?
03:29 - Je pense que ce qui est important c'est de commencer à discuter avec elles sur ces 53 plaintes. Nous n'avons pas été
03:36 directement saisis. Les plaintes ont été déposées directement et je n'ai pas accès aux matériaux. - Mais vous les soutenez ?
03:42 - Et je n'ai pas accès. Nous allons regarder cas par cas ce qui est évidemment
03:46 nous sommes à côté d'elles dans leur souffrance, nous sommes à côté d'elles dans leur
03:51 difficulté. Nous ce qui nous intéresse et ce qui est vraiment important c'est de, dans les situations actuelles, essayer de les résoudre le plus vite possible
03:58 pour pas que ces
04:01 pratiques perdurent. - Il y a un an on apprenait aussi combien coûtent, coûtait les repas chez Orpéa, 4,20 euros
04:07 pour tous les repas du jour, c'est-à-dire petit déjeuner, déjeuner, goûter, dîner. Est-ce que ça a changé ?
04:11 - Nous avons augmenté le coût du repas de 35 % entre
04:15 2021 et 2023. - Donc aujourd'hui c'est quoi 5,50 euros, 6 euros pour toute une journée de repas ? - Beaucoup plus de frais, beaucoup plus de
04:22 bio, beaucoup plus de local
04:26 et ça ça demande du temps parce que vous voyez on est aussi
04:29 sujet, et c'est normal, à des contraintes de sécurité alimentaire.
04:33 Donc pour acheter local le poisson du coin il faut qu'il y ait quelqu'un qui aille qualifier
04:39 et s'assurer que la qualité est bonne. - Le steak haché de 80 grammes
04:43 pile et pas un gramme de plus avec 8 grammes de biscottes à côté
04:46 écrasé, c'est terminé, il n'y a plus de rationnement ? - Non il n'y a pas de rationnement chez Orpéa.
04:50 - Le gouvernement a promis de faire contrôler tous les repas dans deux ans, les vôtres et ceux de vos concurrents, ça semble mal parti puisque
04:56 l'an dernier seuls 20 % des établissements l'ont été contrôlé. Est-ce que vous dites à l'État "Allez-y,
05:01 contrôlez-moi, j'ai plus rien à cacher" ?
05:03 - Allez-y, contrôlez-moi, je n'ai plus rien à cacher. - Et contrôlez-moi par surprise. - Plus de 60,
05:09 plus de deux tiers des EHPAD Orpéa ont été contrôlés dans les six premiers mois de l'année 2022, donc
05:15 j'allais dire, ceux d'Orpéa ont été largement contrôlés et surtout venaient renforcer les contrôles, des contrôles inopinés,
05:23 j'ai aucun problème, et donnaient des moyens aux ARS pour faire ces contrôles. - La défenseure des droits dit aussi que dans certains EHPAD on continue à
05:29 appliquer les protocoles sanitaires comme au temps des confinements,
05:31 interdiction des visites, interdiction de se prendre la main,
05:35 est-ce que vous avez pris des mesures là-dessus ? Est-ce que vous êtes sûr que tous ces protocoles ont été levés ?
05:40 - Non, tous les protocoles n'ont pas été levés, il est encore indispensable que vous veniez quand vous êtes
05:45 extérieur à l'établissement avec un masque, que vous vous laviez les mains, et je crois que c'est tout à fait normal pour ne pas dissimuler
05:51 la maladie dans nos EHPAD. - Mais on ne peut pas interdire les visites aujourd'hui, on ne doit pas interdire les visites.
05:53 - Les visites ne sont pas interdites dans nos EHPAD.
05:56 - Et on peut se tenir la main quand on vient voir un de ses proches ? - Et on peut se tenir la main à condition de s'être lavé la
06:00 main et de prendre les mesures de sécurité nécessaires.
06:02 - Depuis un an, Orpea a plongé en bourse, votre groupe est plombé également par une dette de quasiment 10 milliards d'euros,
06:07 des négociations avec vos créanciers ont échoué il y a quelques jours, est-ce que vous êtes là aussi ce matin pour rassurer les investisseurs ?
06:14 - La... - Vous pouvez le dire.
06:17 - Les discussions ont échoué,
06:20 la Caisse des dépôts et consignations
06:23 est ce rêve très bon... - Qui est le bras financier de l'État qui hésite pour l'instant à vous rejoindre et qui dit
06:28 si on investit 1,7 milliard dans Orpea, on veut prendre le contrôle.
06:32 - J'ai aucun problème avec ça. - Oui, ça c'est un message que vous passez au gouvernement. - La Caisse des dépôts
06:37 serait un bon actionnaire, vous imaginez comment, en quel point ça rassurait nos salariés,
06:42 à quel point ça rassurait nos patients et nos résidents,
06:45 après il faut qu'ils trouvent un accord avec les créanciers.
06:47 - S'il n'y a pas d'accord, est-ce que vous êtes sûr de pouvoir continuer à payer les salaires ?
06:50 - S'il n'y a pas d'accord, je trouverai une autre solution avec d'autres actionnaires.
06:54 - Laurent Guillot, directeur général d'Orpea, invité d'Actu de France Info, merci,
06:57 bonne journée à vous, sachez qu'après-demain, Victor Castanet débattra justement avec le ministre des Solidarités,
07:02 Jean-Christophe Combes, sur notre antenne, rendez-vous vendredi 8h30.

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