• il y a 8 ans
Entretien filmé avec Jean-Marc Hofman, commissaire de l’exposition, adjoint au conservateur, Cité de l’architecture & du patrimoine, et Claire Maingon, conseil scientifique, maître de conférences en histoire de l'art contemporain, université de Rouen.
Cet entretien est diffusé dans le cadre de l’exposition présentée du 11 mars au 04 juillet 2016 à la Cité de l’architecture & du patrimoine.
Realisation Julien Borel.


Conçue dans le cadre des commémorations du centenaire de la première guerre mondiale, l’exposition 1914-1918 Le patrimoine s’en va-t-en guerre entend souligner l’instrumentalisation et la sacralisation dont fait l’objet le patrimoine artistique et architectural détruit lors du conflit. Elle invite aussi à s’interroger sur la notion d’identité, sur l’enjeu qu’a toujours représenté le patrimoine en temps de guerre, comme en témoigne, aujourd’hui encore, l’actualité en Syrie, en Irak ou au Yémen.

L’exposition explore, pour le cas français, la manière dont les artistes et les intellectuels, notamment les historiens de l’art, se sont mobilisés aux premières heures de la guerre, au lendemain de l’incendie de la bibliothèque de Louvain et du bombardement de la cathédrale Notre-Dame de Reims.
Les scènes de destructions patrimoniales saisies par l’objectif des photographes ou immortalisées par les peintres, s’ajoutent aux oeuvres des dessinateurs et caricaturistes. Elles saturent l’espace médiatique et attisent le discours de haine envers l’ennemi. Au-delà de la perte qu’elles représentent, ces destructions nourrissent ainsi la propagande et alimentent la culture de guerre.

A Paris, ce message s’incarne dans des expositions fondées sur l’exaltation du patrimoine architectural et artistique meurtri. La première se tient en 1915, au palais du Trocadéro, dans les salles du musée de Sculpture comparée dont le musée des Monuments français est l’héritier. Elle trouve un prolongement spectaculaire l’année suivante au Petit Palais, avec l’Exposition d’oeuvres d’art mutilées ou provenant des régions dévastées par l’ennemi.
Ces manifestations sur le vandalisme allemand complètent l’arsenal de publications et de conférences sur les « villes martyres », l’un des thèmes de prédilection développés par la propagande antigermanique pour atteindre chaque foyer français et convaincre les pays neutres de s’engager.
La cause patrimoniale instrumentalisée pour orienter les opinions constitue, en ce sens, une véritable arme idéologique.

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