JEUDI 6 DÉCEMBRE 2018
Philippe Dufieux
Professeur d’histoire de l’architecture,
École nationale supérieure d’architecture de Lyon
Pour les tenants d’une histoire de l’architecture fondée sur les ruptures, les expériences constructives
et spatiales des premières décennies du XXème siècle entendent délibérément tourner le dos à la production de
la période concordataire en affirmant une nouvelle modernité, du Raincy
à Assy. C’est oublier combien cet héritage demeure prégnant dans la production de la première moitié du siècle et combien les modèles perdurent dans la culture contemporaine, qu’il s’agisse des
coupoles de P. Abadie au Sacré-Cœur de Montmartre (1919) comme des variations orientalisantes autour de la basilique de Fourvière. En ce sens,
la basilique Sainte-Thérèse de Lisieux, bénite solennellement en juillet 1937 par le cardinal Pacelli – futur Pie XII – au terme du 11ème congrès eucharistique national, s’affirme comme l’ultime conclusion de l’archéologisme du XIXème siècle, érigeant dans le ciel normand
ses ambitieuses coupoles comme un véritable défi aux
expériences modernistes de l’entre- deux-guerres. Pour les tenants
du temps long, l’immuabilité
du programme de l’église (J. Guadet), induit incidemment d’« innover selon la tradition » (dom Bellot) dans une conception dynamique (dom Delattre) dont l’ouvrage Art et scolastique
de J. Maritain (1919) demeure le traité fondateur. Pour les zélateurs de cette troisième voie, la permanence
du programme de l’église est aussi synonyme de continuité apostolique
et liturgique dans une visée hautement théologique.
Toujours est-il qu’entre archéologie et modernité, la loi de Séparation de l’Église et de l’État (1905) ouvre la voie à une période emprunte d’un souffle de liberté, étouffé un siècle durant par la police architecturale de l’État.
Philippe Dufieux
Professeur d’histoire de l’architecture,
École nationale supérieure d’architecture de Lyon
Pour les tenants d’une histoire de l’architecture fondée sur les ruptures, les expériences constructives
et spatiales des premières décennies du XXème siècle entendent délibérément tourner le dos à la production de
la période concordataire en affirmant une nouvelle modernité, du Raincy
à Assy. C’est oublier combien cet héritage demeure prégnant dans la production de la première moitié du siècle et combien les modèles perdurent dans la culture contemporaine, qu’il s’agisse des
coupoles de P. Abadie au Sacré-Cœur de Montmartre (1919) comme des variations orientalisantes autour de la basilique de Fourvière. En ce sens,
la basilique Sainte-Thérèse de Lisieux, bénite solennellement en juillet 1937 par le cardinal Pacelli – futur Pie XII – au terme du 11ème congrès eucharistique national, s’affirme comme l’ultime conclusion de l’archéologisme du XIXème siècle, érigeant dans le ciel normand
ses ambitieuses coupoles comme un véritable défi aux
expériences modernistes de l’entre- deux-guerres. Pour les tenants
du temps long, l’immuabilité
du programme de l’église (J. Guadet), induit incidemment d’« innover selon la tradition » (dom Bellot) dans une conception dynamique (dom Delattre) dont l’ouvrage Art et scolastique
de J. Maritain (1919) demeure le traité fondateur. Pour les zélateurs de cette troisième voie, la permanence
du programme de l’église est aussi synonyme de continuité apostolique
et liturgique dans une visée hautement théologique.
Toujours est-il qu’entre archéologie et modernité, la loi de Séparation de l’Église et de l’État (1905) ouvre la voie à une période emprunte d’un souffle de liberté, étouffé un siècle durant par la police architecturale de l’État.
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Art et design