C’est le matin. Nous sommes sur la place du marché, parmi la foule. Et un homme fou – homme taxé de fou par la plupart, mais qui est à vrai dire un homme de grande lucidité – vient de s’y précipiter, une lanterne à la main, à la recherche de… Dieu.
Face aux moqueries des gens, il les a transpercé du regard et leur a annoncé la cruelle vérité que « Dieu est mort » ; et que nous sommes, nous tous, les hommes, ses meurtriers. Oui, notre vision chosiste, scientifique, techniciste, utilitariste, égoïste du monde a eu raison de Dieu et des valeurs suprêmes qu’il incarnait. Et l’existence d’avoir perdu son but et son sens ultimes. Et l’humanité de se replier toujours davantage sur elle-même.
Et l’homme fou de continuer à interroger la foule en ces termes : « Ne cheminons-nous pas à l’écart de tous les soleils ? » N’avons-nous pas perdu nos guides de lumière ? Ne sombrons-nous pas toujours davantage dans la nuit ?
Même si on ne se l’avoue pas, si on fait mine de rien, ne sommes-nous pas toujours chahutés dans tous les sens ? « Ne sommes-nous pas continuellement en train de tomber, de chuter ? Et ce vers l’arrière, vers le côté, vers l’avant, de tous les côtés ? Existe-t-il encore un en haut et un en bas ? » Avons-nous encore des repères ? « N’errons-nous pas comme à travers un néant infini ? » Notre vie, notre travail, nos efforts ne sont-ils pas vains ? L’existence n’est-elle pas devenue absurde ? Dénuée de sens ?
Autant de questions dont les réponses vont de soi, si on accepte de ne pas se voiler la face : oui, nous avons perdu nos guides de lumière ; oui, ce sont d’autres valeurs que celles de Dieu, valeurs chosistes, égoïstes, économiques, qui imprègnent dès lors nos existences ; et nous sommes toujours en train de sombrer, d’errer et de nous agiter dans tous les sens.
Aussi désagréable que soit son constat tragique – constat loin de tout athéisme moqueur –, l’homme poursuit son interrogation : « L’espace vide ne souffle-t-il pas sur nous ? Ne fait-il pas toujours plus froid », dans nos têtes, dans nos cœurs ?
En dépit des progrès scientifiques, des infinies possibilités de nous informer, de communiquer, n’y comprenons-nous pas de moins en moins ? Comment les choses se passent, se font et se défont ? Comment il se fait que les choses naissent et meurent, vont et viennent ? Et vers où elles vont – et viennent ? Et pourquoi ? Et comment ?
Et l’homme de demander encore : l’obscurité, « la nuit ne vient-elle pas toujours de nouveau ? » N’y a-t-il pas, en même temps qu’on met toujours plus de choses en lumière, toujours plus de zones d’ombres, « toujours plus de nuit ? » N’avons-nous pas toujours peur ? « Ne faut-il pas, dès le matin, allumer des lampes ? » Faire de gros efforts pour ne pas être trop inquiétés et y voir un peu clair ?
Chut, tendons l’oreille ! « N’entendons-nous pas encore le bruit des fossoyeurs qui enterrent Dieu ? », demande alors l’homme. N’entendons-nous pas toute une agitation, tout un bruit de pelles, un brouhaha de machines...
Face aux moqueries des gens, il les a transpercé du regard et leur a annoncé la cruelle vérité que « Dieu est mort » ; et que nous sommes, nous tous, les hommes, ses meurtriers. Oui, notre vision chosiste, scientifique, techniciste, utilitariste, égoïste du monde a eu raison de Dieu et des valeurs suprêmes qu’il incarnait. Et l’existence d’avoir perdu son but et son sens ultimes. Et l’humanité de se replier toujours davantage sur elle-même.
Et l’homme fou de continuer à interroger la foule en ces termes : « Ne cheminons-nous pas à l’écart de tous les soleils ? » N’avons-nous pas perdu nos guides de lumière ? Ne sombrons-nous pas toujours davantage dans la nuit ?
Même si on ne se l’avoue pas, si on fait mine de rien, ne sommes-nous pas toujours chahutés dans tous les sens ? « Ne sommes-nous pas continuellement en train de tomber, de chuter ? Et ce vers l’arrière, vers le côté, vers l’avant, de tous les côtés ? Existe-t-il encore un en haut et un en bas ? » Avons-nous encore des repères ? « N’errons-nous pas comme à travers un néant infini ? » Notre vie, notre travail, nos efforts ne sont-ils pas vains ? L’existence n’est-elle pas devenue absurde ? Dénuée de sens ?
Autant de questions dont les réponses vont de soi, si on accepte de ne pas se voiler la face : oui, nous avons perdu nos guides de lumière ; oui, ce sont d’autres valeurs que celles de Dieu, valeurs chosistes, égoïstes, économiques, qui imprègnent dès lors nos existences ; et nous sommes toujours en train de sombrer, d’errer et de nous agiter dans tous les sens.
Aussi désagréable que soit son constat tragique – constat loin de tout athéisme moqueur –, l’homme poursuit son interrogation : « L’espace vide ne souffle-t-il pas sur nous ? Ne fait-il pas toujours plus froid », dans nos têtes, dans nos cœurs ?
En dépit des progrès scientifiques, des infinies possibilités de nous informer, de communiquer, n’y comprenons-nous pas de moins en moins ? Comment les choses se passent, se font et se défont ? Comment il se fait que les choses naissent et meurent, vont et viennent ? Et vers où elles vont – et viennent ? Et pourquoi ? Et comment ?
Et l’homme de demander encore : l’obscurité, « la nuit ne vient-elle pas toujours de nouveau ? » N’y a-t-il pas, en même temps qu’on met toujours plus de choses en lumière, toujours plus de zones d’ombres, « toujours plus de nuit ? » N’avons-nous pas toujours peur ? « Ne faut-il pas, dès le matin, allumer des lampes ? » Faire de gros efforts pour ne pas être trop inquiétés et y voir un peu clair ?
Chut, tendons l’oreille ! « N’entendons-nous pas encore le bruit des fossoyeurs qui enterrent Dieu ? », demande alors l’homme. N’entendons-nous pas toute une agitation, tout un bruit de pelles, un brouhaha de machines...
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Éducation