PRÉCISION DE CE QUE VEUT DIRE le mot « esthétique ». Pour mieux comprendre comment il se fait qu’on puisse expérimenter le monde comme un immense complexe artistique, ou justement esthétique.
Dans le langage courant, le terme « esthétique » est aujourd’hui synonyme de « beauté ». Si quelqu’un trouve quelque chose d’« esthétique », c’est qu’il le trouve « beau ». Quand on parle d’« esthétique », on pense aux « salons d’esthétique », à la « chirurgie esthétique », qui nous permettent de remodeler et d’embellir les formes de notre corps, de notre visage : notre nez, par exemple, ou nos fesses, ou encore nos seins…
Pourquoi ? C’est simple : pour être, ou plutôt paraître le plus jeune, le plus frais, le plus dispo, le plus clinquant et le plus beau possible.
C’est toujours la même histoire : être ou plutôt paraître en fonction d’une idée : de l’idée qu’on se fait du beau ; de notre idéal de beauté, qu’on désire voir incarné dans notre personne. Et hop, on va voir une esthéticienne ou un chirurgien esthétique, qui va, de ses mains, de ses outils, de ses produits, nous améliorer, nous façonner une apparence de rêve, la plus conforme possible à notre idéal de beauté. Quitte à nous dénaturer un peu…
Cette entente de l’esthétique provient de l’époque moderne, où est née la « science du beau » et par suite la « philosophie de l’art », c’est-à-dire l’étude des émotions, des jugements et autres considérations liées à la beauté, tant artistique que naturelle. L’esthétique est alors la réflexion du sujet sur l’objet « beau » – objet qu’on a fini par devenir nous-mêmes.
Et pourtant, à l’origine, en Grèce, le terme n’a pas le moindre rapport avec l’idée du beau. Et s’il est lié à l’art, c’est uniquement parce qu’en Grèce, au fond, tout est artistique, ou plutôt esthétique : au sens de l’aisthèsis : c’est-à-dire de la sensibilité, de la perception sensible et affective propre à chaque être vivant.
Et les Grecs ont tellement raison : ce qui caractérise tout phénomène vivant est bien sa sensibilité esthétique. Le fait qu’il soit aux aguets, toujours en train de sentir, de regarder, d’écouter ce qui se passe, ce qui se joue ; toujours prêt à accompagner les choses, à leur faire écho, à les fuir (si elles sont terribles) ou à leur sauter dessus et les dévorer (s’il en a les moyens et l’occasion). Telle est donc la dimension « esthétique », ou « aisthésique » de la vie, qui fait de tout être vivant une œuvre d’art. Et du monde entier un immense complexe artistique, – ou « esthétique ».
Conclusion : contrairement à ce qu’on a tendance à croire, la valeur d’un individu ne dépend nullement de son image, de son apparence, de ses idées – aussi bien ordonnées soient-elles –, mais de sa sensibilité esthétique : de son ouverture, de ses nuances, de la manière dont il est capable de sentir et de jouer avec les forces de vie qui nous traversent tous de fond en comble.
Qu’on se le dise ! Cultivons notre sensibilité, comportons-nous en artistes de nous-mêmes et de la vie!
Dans le langage courant, le terme « esthétique » est aujourd’hui synonyme de « beauté ». Si quelqu’un trouve quelque chose d’« esthétique », c’est qu’il le trouve « beau ». Quand on parle d’« esthétique », on pense aux « salons d’esthétique », à la « chirurgie esthétique », qui nous permettent de remodeler et d’embellir les formes de notre corps, de notre visage : notre nez, par exemple, ou nos fesses, ou encore nos seins…
Pourquoi ? C’est simple : pour être, ou plutôt paraître le plus jeune, le plus frais, le plus dispo, le plus clinquant et le plus beau possible.
C’est toujours la même histoire : être ou plutôt paraître en fonction d’une idée : de l’idée qu’on se fait du beau ; de notre idéal de beauté, qu’on désire voir incarné dans notre personne. Et hop, on va voir une esthéticienne ou un chirurgien esthétique, qui va, de ses mains, de ses outils, de ses produits, nous améliorer, nous façonner une apparence de rêve, la plus conforme possible à notre idéal de beauté. Quitte à nous dénaturer un peu…
Cette entente de l’esthétique provient de l’époque moderne, où est née la « science du beau » et par suite la « philosophie de l’art », c’est-à-dire l’étude des émotions, des jugements et autres considérations liées à la beauté, tant artistique que naturelle. L’esthétique est alors la réflexion du sujet sur l’objet « beau » – objet qu’on a fini par devenir nous-mêmes.
Et pourtant, à l’origine, en Grèce, le terme n’a pas le moindre rapport avec l’idée du beau. Et s’il est lié à l’art, c’est uniquement parce qu’en Grèce, au fond, tout est artistique, ou plutôt esthétique : au sens de l’aisthèsis : c’est-à-dire de la sensibilité, de la perception sensible et affective propre à chaque être vivant.
Et les Grecs ont tellement raison : ce qui caractérise tout phénomène vivant est bien sa sensibilité esthétique. Le fait qu’il soit aux aguets, toujours en train de sentir, de regarder, d’écouter ce qui se passe, ce qui se joue ; toujours prêt à accompagner les choses, à leur faire écho, à les fuir (si elles sont terribles) ou à leur sauter dessus et les dévorer (s’il en a les moyens et l’occasion). Telle est donc la dimension « esthétique », ou « aisthésique » de la vie, qui fait de tout être vivant une œuvre d’art. Et du monde entier un immense complexe artistique, – ou « esthétique ».
Conclusion : contrairement à ce qu’on a tendance à croire, la valeur d’un individu ne dépend nullement de son image, de son apparence, de ses idées – aussi bien ordonnées soient-elles –, mais de sa sensibilité esthétique : de son ouverture, de ses nuances, de la manière dont il est capable de sentir et de jouer avec les forces de vie qui nous traversent tous de fond en comble.
Qu’on se le dise ! Cultivons notre sensibilité, comportons-nous en artistes de nous-mêmes et de la vie!
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