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La maire de Strasbourg (Bas-Rhin), Jeanne Barseghian, propose avec 32 autres élus en France d'abaisser l'âge légal de vote à 16 ans. Le politologue strasbourgeois Sébastien Michon n'imagine pas de grand chamboulement, même si la mesure était appliquée avant les prochaines élections municipales.

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Transcription
00:00Jusqu'à 9h, ici matin, 7h45, c'est une mesure, Sébastien, qui ramènerait potentiellement, avec de gros guillemets, 1,6 million de nouveaux électeurs dans les urnes.
00:10La maire de Strasbourg, Jeanne Barseguian, s'engage avec une trentaine d'autres élus en France pour un abaissement de l'âge légal, pour voter de 18 à 16 ans,
00:19et ça possiblement dès les prochaines municipales. L'année prochaine, elle signe une tribune dans le journal Ouest France.
00:24Bonne ou mauvaise idée, 03, 88, 25, 15, 15.
00:27Bonjour Sébastien Michon, chercheur au CNRS de Strasbourg, spécialiste en sociologie politique.
00:34Ils ont des avis, accordons-leur une voix, c'est ce qu'écrivent les signataires dans cette tribune, est-ce que c'est aussi simple que ça ?
00:41En tout cas, c'est faisable, puisque c'est fait dans d'autres pays, ça a été fait notamment en Autriche, à Malte, pour l'ensemble des élections,
00:50ça a été fait aussi au niveau local en Allemagne, donc oui, dans l'absolu, on peut abaisser l'âge aux élections locales notamment,
01:00il y a eu des propositions de loi, et ça a été fait il y a 50 ans, puisqu'on avait abaissé de 21 ans à 18 ans le droit de vote à toutes les élections,
01:10la majorité électorale. Voilà, après, tout le monde n'est pas d'accord avec cette mesure.
01:14Les avis sont partagés, vous avez raison de le dire, même chez les premiers concernés d'ailleurs, certains ont hâte de voter, d'autres beaucoup moins.
01:22Je me sens trop jeune encore, et politique, je ne m'y connais pas, je ne connais rien, je suis perdu là-dedans, non, non, c'est trop jeune.
01:27Nous, les jeunes, en général, on ne s'intéresse pas forcément à la politique, on est plus en mode, on vit notre vie tranquille, et voilà, on verra ça plus tard quand on grandit.
01:35Ça vous paraît réaliste, Sébastien Michon, 16 ans pour voter, ou c'est trop jeune, comme le pensent ces deux lycéens musulmans lousiens ?
01:41Pour certains, la citoyenneté est un processus, et donc, il y a pas mal de personnes défavorables qui considèrent qu'à 16 ans, on n'est pas encore mûre.
01:52Alors après, les jeunes ont des cours d'éducation morale et civique à l'école, puis au collège, donc il y a une préparation,
02:00et donc les défenseurs, en fait, de cette mesure prônent aussi un accompagnement.
02:05Il n'y a pas de réponse simple et claire.
02:09Il y a besoin d'être mûre, concrètement, pour pouvoir voter, ou une voix est une voix, et c'est l'essence de la démocratie ?
02:15On peut choisir en tant que citoyen français ?
02:17L'essence de la démocratie, c'est ça, c'est une voix égale une voix.
02:20Et donc, après, les défenseurs de cette mesure considèrent que les jeunes sont les personnes les plus concernées, en fait, par les lois.
02:29Alors, effectivement, si on prend l'exemple du travail, ce sont les personnes qui vont entrer dans la vie active,
02:35et donc qui vont être davantage concernées par les lois sur le travail que les personnes qui partent à la retraite ou qui sont déjà à la retraite.
02:43Donc, voilà, effectivement, les jeunes sont les électeurs de demain, représentent l'avenir, il faut donc les impliquer, c'est important,
02:51sachant qu'il y a un fort taux d'abstention, notamment chez les plus jeunes, les 18-24.
02:56Et on sait aussi, par ailleurs, que plus on implique tôt les jeunes, et plus ils ont tendance à participer durablement.
03:05Permettre aux jeunes de 16 ans de voter aux prochaines élections municipales.
03:08Voilà le sujet du jour.
03:10On vous pose la question, est-ce que selon vous c'est une bonne idée, ou est-ce une mauvaise idée ?
03:14Vous réagissez au 03 88 25 15 15.
03:16Sébastien Michon, chercheur au CNRS à Strasbourg, spécialiste en sociologie politique.
03:21Votre invité, Sébastien Cabruta dos Santos.
03:22Ils sont très nombreux dans les manifestations, ces jeunes, parfois même pas majeurs,
03:27notamment sur ces mobilisations pour un monde plus écologique.
03:32Là, sur les 33 maires qui signent la tribune, la grande majorité est à gauche, PS ou écologiste.
03:39Ça doit bien vouloir dire quelque chose, quand même, en termes de politique.
03:42Oui, clairement, et c'était déjà le cas au niveau de la proposition de loi qui avait été faite en 2020
03:47pour abaisser l'âge à 16 ans, mais alors pour toutes les élections, il y avait...
03:52Qu'est-ce qu'il y a derrière, concrètement ?
03:53Ben, concrètement, on sait que les 18-24 ans sont surprenentés parmi les électeurs de gauche,
03:59puisqu'on avait entre 40 et 50% des électeurs de 18-24 qui s'étaient portés pour un candidat du nouveau Front populaire,
04:08donc de gauche.
04:10Aux dernières législatives ?
04:11Aux dernières législatives, donc, effectivement, on considère que les jeunes sont davantage situés à gauche.
04:19Davantage encore en Alsace, d'ailleurs.
04:21Avec des bémols, parce que le Rassemblement national a eu pas mal de voix du côté des jeunes,
04:27une très forte progression lors du dernier scrutin.
04:31Après, il ne faut pas non plus considérer que tous les jeunes sont de gauche,
04:35ça se voit au niveau des votes des 18-24, mais il faut aussi voir la spécificité des 16-18 ans.
04:43La plupart des 16-18 ans, enfin, quasiment tous d'ailleurs, sont encore chez leurs parents.
04:49Il n'y a pas cette autonomisation que l'on voit au niveau des jeunes actifs, des étudiants.
04:55Et donc...
04:55Ça veut dire quoi, en fait ? Concrètement, on vote comme papa et maman,
04:59sous-entendu, ça ne changerait pas grand-chose sur un scrutin municipal ?
05:04Mais concrètement, on a plus de chance, c'est une hypothèse,
05:07parce que ça, il faudrait voir précisément,
05:10mais on a plus de chance de voir des 16-18 ans voter comme leurs parents
05:14que des 18-24 ans.
05:16Vous dites que c'est les deux tiers des jeunes qui votent à peu près comme leurs parents,
05:225% des jeunes étudiants seulement, qui sont vraiment en opposition.
05:25Ils sont en opposition, ça c'est avéré.
05:29Donc après, sur les 16-18 ans, il faudrait voir ce que ça donne.
05:31Mais il y a moins ce processus d'autonomisation,
05:34on n'a pas encore quitté la maison,
05:36on est moins dans des contextes sociaux un peu différenciés,
05:39avec quand on est étudiant, on va être entouré de beaucoup de jeunes,
05:43il y a beaucoup de discussions, beaucoup d'interactions sociales, etc.
05:46Ce qui peut favoriser une forme d'autonomisation,
05:49ou de différenciation par rapport à la famille, par rapport aux parents.
05:53A baisser le droit de vote à 16 ans, question du jour,
05:55à laquelle répond Pierre de Lingolsheim.
05:56Soyez le bienvenu, Pierre.
05:57– Bonjour, Pierre.
05:58– Bonjour, écoutez, moi je pense que c'est une excellente chose,
06:04parce que le plus tôt, conforme à la citoyenneté, le mieux ça vaut.
06:09Mais par contre, je me demande pourquoi est-ce qu'on met les municipales,
06:18et pourquoi pas pour élire un président, pourquoi pas pour élire un député.
06:24Et ça, c'est quelque chose que je ne comprends pas.
06:27Est-ce que c'est peut-être plus difficile à mettre en œuvre ?
06:30Voilà, c'est peut-être pour cette raison.
06:31– Ce qui n'est pas encore fait, c'est une idée,
06:34on est encore dans de la politique fiction ce matin, Pierre,
06:37mais votre idée est très intéressante.
06:38Pourquoi est-ce que les signateurs, Sébastien Michon,
06:40les signataires de cette tribune, se sont taxés vraiment sur les municipales ?
06:44Est-ce que c'est juste une question de calendrier,
06:45puisque c'est les prochaines élections qui arrivent dans tout juste un an ?
06:48– Certainement.
06:49– Je n'ai pas de ligne directe.
06:52– Est-ce que du coup, on pourrait aussi appliquer ça aux législatifs,
06:56aux européennes, pourquoi pas, même si ça concerne davantage de pays,
07:00ou restons à laisser en France pour l'élection présidentielle ?
07:03– On pourrait avoir une majorité électorale pour toutes les élections à 16 ans,
07:07donc ça demanderait forcément une loi et l'accord du Parlement.
07:11– Mais loi ordinaire, dit l'UNICEF, qui porte également cette tribune.
07:14– Mais là, la mesure, enfin, il y avait une proposition de loi en 2020,
07:19c'est ressorti là, maintenant, c'est porté par des maires,
07:22c'est avant les municipales, c'est une manière d'être dans l'agenda
07:25sans se porter candidat directement.
07:28Donc clairement, il y a une question de calendrier.
07:30– Ils disent coucou, on aime bien les jeunes, mais ça…
07:33– Coucou, on est là, on arrive.
07:34– Coucou, on est là, on aime bien les jeunes,
07:36et ça ne fait de mal à personne, on a envie de dire.
07:38– Voilà, mais ça ne sera pas mis en place d'ici les municipales.
07:41– Pierre était plutôt pour cet abaissement à 16 ans.
07:45Je crois que Catherine de Ringback, Prémaso,
07:47n'est pas tout à fait de cet avis à soigner.
07:48La bienvenue Catherine.
07:49– Bonjour Catherine.
07:50– Pour vous, ce n'est pas une bonne idée, 16 ans, droit de vote ?
07:52– Je ne sais pas si c'est une bonne ou une mauvaise idée.
07:55Moi, j'ai juste des réflexions.
07:57Ok, on va leur donner une possibilité éventuellement, pourquoi pas ?
08:01Mais alors, il faut les responsabiliser sur d'autres choses aussi.
08:04Je veux dire, on ne peut pas donner que du plus,
08:06et sans certaines obligations.
08:08– Alors, qu'est-ce que vous voulez dire par là exactement, Catherine ?
08:10– Au niveau d'être responsable d'actes, de certains actes,
08:14vous comprenez, le fait de pouvoir voter,
08:17ça nous engage dans la vie quotidienne.
08:22À 18 ans, on est responsable de ces actes, on est d'accord.
08:24– Donc, droit de voter, ça veut aussi dire droit pénal,
08:28ça veut aussi dire droit d'avoir le permis de conduire dès 16 ans,
08:31on rabaisse tout d'un coup.
08:32– Non, non, peut-être, voilà, peut-être pas,
08:35on l'a déjà donné à 17 ans, on l'a déjà donné à 17 ans,
08:37je ne sais pas si vous êtes au courant.
08:39Je suis, on est ok.
08:41Donc, voilà, mais je veux dire, dans l'ensemble des choses,
08:45quand j'entends que pénalement, on n'est pas responsable
08:47avant tel et tel âge, voilà.
08:50Maintenant, pourquoi les mairies ?
08:52Je me pose la question aussi,
08:54comme vient de dire monsieur,
08:55est-ce qu'il y a un intérêt particulier maintenant ?
08:58Pour certaines maires, ils ont peur de ne pas avoir dans cette voix des anciens,
09:02je ne sais pas.
09:03Et c'est mettre en porte-à-faux aussi les anciens avec les jeunes.
09:07Je ne vois vraiment pas l'intérêt de la chose.
09:09– On entend votre avis ce matin, Catherine.
09:11En tout cas, c'est ce qu'on retiendra de votre intervention, Sébastien Michon.
09:15Merci d'avoir été avec nous ce matin.
09:17Pas sûr, même si c'était accepté,
09:21si la loi ordinaire devait passer,
09:22si l'on devait le constitutionnaliser,
09:24que ça change grand-chose sur les échiqués politiques d'aujourd'hui,
09:27souvent on vote comme papa et maman
09:29quand on est encore à la maison
09:30et ensuite ça change assez peu.
09:33C'est ce que vous nous disiez ce matin.
09:34Merci en tout cas.
09:35– Merci à vous.
09:36– Décliptage, chercheur au CNRS à Strasbourg,
09:38spécialiste en sociologie politique.
09:40Sébastien Michon, merci.
09:41– Et chers auditeurs, merci d'avoir réagi.
09:43C'est votre moment chaque jour.
09:43L'actualité avec vos témoignages.
09:46– Sous-titrage Société Radio-Canada

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