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Yann Auger, directeur général du réseau d’épiceries solidaires Andès, était l'invité de France Inter mercredi 23 avril, à l'occasion de la publication du premier baromètre national des travailleurs pauvres.

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Transcription
00:00Travailler et malgré tout avoir faim, c'est la réalité d'une majorité d'actifs selon le premier baromètre national des travailleurs pauvres.
00:09Sondage publié ce matin, réalisé par l'Institut Ipsos pour Landès.
00:14Bonjour Yann Auger, vous êtes directeur général de Landès Réseau qui rassemble plus de 600 épiceries solidaires dans toute la France.
00:22Une épicerie solidaire en quelques mots, rappelez-nous.
00:24En quelques mots, une épicerie solidaire c'est une structure d'aide alimentaire qui accompagne des personnes en situation de précarité
00:31et qui essaye de le faire dans un cadre qui ressemble à un commerce ordinaire où les personnes choisissent leurs produits, payent, pas cher mais payent, comme dans un commerce ordinaire.
00:42Alors d'abord entendons-nous sur la définition de travailleurs ou travailleuses pauvres, jusqu'à quel revenu en vient ?
00:47On se base sur la définition de l'INSEE, tout simplement, donc c'est 60% du revenu médian, donc c'est à peu près 1200 euros pour une personne seule.
00:571200 euros net, tout à fait.
00:59Exactement.
01:00Les critères du baromètre, ils rassemblent environ 17% des actifs français, c'est ça.
01:05Parce que vous parlez aussi de ceux qui sont à temps partiel.
01:08Exactement, on a pris une approche un peu plus large, outre la problématique de leur revenu pour ces travailleurs pauvres ou précaires, on a également pris en compte leur situation contractuelle.
01:20Donc c'est exactement ce que vous citez, les contrats précaires, les CDD, etc.
01:24Et les secteurs concernés, on les connaît, on les rappelle souvent, l'entretien, l'aide à domicile, l'agriculture aussi ?
01:30Les secteurs concernés sont très nombreux, effectivement ceux que vous citez en font partie, il y en a d'autres.
01:36Ce qui est intéressant, c'est qu'on est là sur un phénomène très général, enfin ce qui est intéressant et préoccupant, c'est que c'est très général.
01:42Et donc ce n'est pas forcément lié à un secteur ou quelques secteurs en particulier.
01:45Alors c'est donc le premier sondage de ce type que vous menez avec Ipsos.
01:49L'enseignement le plus frappant concerne sans doute donc l'alimentation.
01:53Une personne interrogée sur deux dit ne pas manger à sa faim.
01:56C'est exactement ça et donc si une personne interrogée sur deux dit ne pas manger à sa faim, ça veut dire que 10% des travailleurs dans le pays ne mangent pas à leur faim, si on élargit un petit peu le propos.
02:10Donc c'est un constat extrêmement préoccupant qui porte à la fois sur les quantités mais aussi sur la qualité de la nourriture auquel ces travailleurs pauvres peuvent accéder.
02:21Puisqu'on a des chiffres pas très réjouissants par exemple sur la possibilité d'accéder aux fruits et légumes frais, ce qui semble très compliqué pour 70% des travailleurs pauvres qui ont été interrogés.
02:33Et autre chiffre qui semble assez hallucinant, plus de 20% des parents interrogés conseillent à leurs enfants de manger le plus possible à la cantine.
02:42C'est tout à fait ça. Il y a quelques chiffres inquiétants pour ce qui est de l'impact sur les enfants.
02:49Il y a effectivement le fait de manger plus à la cantine.
02:53Il y a des parents qui doivent restreindre les quantités de nourriture qu'ils sont en mesure de proposer à leurs enfants.
02:59Le chiffre est de 34% quand même.
03:01Donc c'est extrêmement préoccupant pour l'impact sur les enfants, sur les familles.
03:05Il y a des postes de dépense qui sont, on va dire, quasi supprimés quand on est travailleur ou travailleuse pauvre.
03:12Il y a les loisirs, etc.
03:13Pour reparler de l'alimentation, en fait, c'est la variable d'ajustement.
03:17C'est tout à fait ça.
03:21L'alimentation, c'est souvent, après quelques postes plus accessoires, la variable sur laquelle on joue.
03:27D'abord sur la qualité, donc on réduit la qualité des produits que l'on achète et que l'on mange.
03:35Et puis ensuite, pour les situations les plus extrêmes, qui sont relativement courantes,
03:41donc malheureusement une diminution des quantités.
03:44Ce qu'on voit aussi dans ce sondage, ce sont les conséquences sur la santé, notamment psychologique,
03:49puisqu'une grande majorité des interrogés disent se sentir très seuls face à cette situation.
03:53C'est l'un des constats les plus préoccupants.
03:56Les conséquences sont multiples.
03:58Les travailleurs pauvres se sentent seuls, ressentent des impacts sur leur santé physique, sur leur santé mentale, n'ont pas d'espoir.
04:06Ça, c'est un constat vraiment accablant et très clair.
04:10Ils ne pensent pas être en mesure d'aller vers une amélioration de leur situation.
04:15Donc on est sur un phénomène aux multiples impacts croisés et qui se nourrissent mutuellement, d'ailleurs.
04:21Et dernier aspect, le recours aux aides.
04:23La majorité des sondés, les deux tiers, ne se tournent pas en fait vers les aides alimentaires, c'est ça ?
04:27C'est ça. Le recours à l'aide alimentaire, ça reste fort complexe pour certaines populations.
04:36On le comprend. S'agissant des travailleurs pauvres, il y a la crainte de ne pas y avoir droit, de ne pas être éligible, de ne pas passer les seuils qui donnent droit.
04:44Mais il peut y avoir aussi d'autres facteurs, comme la honte peut-être de demander de l'aide alors que ces personnes travaillent, sont en emploi, sont normalement en mesure d'avoir une vie normale et sont malgré tout contraintes d'aller faire appel aux associations.
05:01En quelques mots, pour parler de solutions, est-ce qu'il est temps de parler peut-être d'une sécurité sociale alimentaire ?
05:06Certaines associations le demandent, ce serait garantir une alimentation de qualité aux foyers les plus modestes ?
05:11Ça peut faire partie des pistes de travail à long terme. Effectivement, c'est intéressant. Il y a beaucoup d'expérimentations en cours sur la sécurité sociale de l'alimentation.
05:22Mais là, on est quand même sur une perspective de très long terme, à plus court terme quand même.
05:26Les épiceries sont là pour accueillir ces travailleurs pauvres qui peuvent se tourner vers nous.
05:33Et ces épiceries, il faut qu'on les aide et également dans leur mission.
05:38Donc on est en recherche de dons, de produits, de dons financiers, de bénévoles pour le bon fonctionnement de ces établissements.
05:46Merci beaucoup Yann Ogé, directeur général de l'Andaise, d'avoir été l'invité de France Inter ce matin. Bonne journée.

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