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00:00Nous sommes en ligne avec Mgr Benoît Cignetti. Bonsoir à vous, curé doyen de la ville de Lille.
00:04Est-ce que vous constatez, mon père, comme dans d'autres diocèses, un afflux de fidèles qui viennent se recueillir après la mort du pape François ?
00:12Oui, bonsoir. Hier, quand on a appris la nouvelle, on a sonné le glas dans la paroisse, dans le centre-ville de Lille.
00:19Et aussitôt, ce n'est pas des dizaines, mais des centaines de personnes qui sont venues, naturellement.
00:24Des gens habitués, des paroissiens, j'allais dire, réguliers, mais aussi pas mal de gens qui ne mettent pas beaucoup les pieds dans une église
00:32et qui, comme me l'a confié l'un d'eux quand je l'ai rencontré, étaient très touchés par la personnalité, par le type de message que portait le pape François
00:42et qui ne voulait pas rester seul en un moment dans lequel il était saisi par beaucoup d'émotions.
00:47Il m'a dit, peut-être même que je resterai tout à l'heure pour la messe. Je ne sais pas s'il l'a fait ou pas.
00:52Mais en tout cas, beaucoup de gens, oui, sont venus, partout. Et c'est pareil, la cathédrale de Lille hier soir,
00:57Metz avec l'Archevêque, il y a eu beaucoup de monde. On a fait une veillée de prière à l'église Saint-Maurice hier soir.
01:04Beaucoup de monde. Il y a une émotion qui est bien sensible, bien tangible.
01:09Monseigneur Benoît Cignetti, on a dit que le pape était soit progressiste, soit conservateur sur les questions de société.
01:17Au fond, moi, je pense qu'il échappait au clivage politique traditionnel.
01:21Est-ce que vous partagez cette analyse ou pas ?
01:24Moi, je pense que c'est le pape qui accueillait le fils prodigue.
01:29Et je trouve très intéressant ce clivage entre conservateur ou progressiste,
01:36enfin, quels que soient les mots qu'on utilise.
01:38Pour moi, ce qui me frappe, c'est que ce pape, il a parlé à ceux qui étaient dans la peau du fils prodigue.
01:43Et il est vrai que quand on reprend la parabole dans Saint-Luc, il y a deux fils dans cette parabole.
01:48Il y a le fils prodigue, celui qui s'en va, qui flambe tout l'argent de son père et puis qui se perd dans la vie,
01:54qui est paumé, qui est au bord du suicide et puis qui rentre en espérant que peut-être son père lui pardonnera
02:01et celui-ci lui ouvre les bras.
02:02Puis il y a l'autre fils, le fils aîné, qui lui a toujours été sage, dans les clous, droit dans ses bottes
02:08et qui, quand il voit la manière dont le fils prodigue est accueilli, se révolte contre le père
02:12et manifeste son propre problème spirituel.
02:16C'est qu'en fait, il n'avait pas compris qui était son père et quel était l'amour, la miséricorde qui venait de son père.
02:22Et pour moi, voyez-vous, il y a quelque chose de ça qui nous est arrivé avec le pape François.
02:27C'est qu'il s'est tellement adressé au fils prodigue que nous, qui sommes un peu les fils aînés, on va dire,
02:32on s'est dit, mais quand même, flûte quoi, ça va.
02:35Et nous, alors, on se casse la tête à être des bons catholiques, à être bien dans les clous
02:40et c'est la récompense qu'on a.
02:42Je trouve que c'est intéressant de se laisser interroger par ce petit problème spirituel
02:46que le fils aîné a dans la parabole.
02:49Mgr Dossignetti, on a beaucoup évidemment évoqué les relations entre la France et le pape François.
02:54Est-ce qu'il avait été peut-être dérangé par la laïcité à la française,
02:58la constitutionnalisation de l'IVG, la loi sur la fin de vie, la PMA ?
03:01Est-ce que ce sont des choses qui peut-être l'ont éloigné de notre pays ?
03:05Peut-être.
03:06Je pense qu'effectivement, comme l'a dit tout à l'heure l'un de vos invités,
03:09il avait sans doute un grand amour de la culture française, de la littérature française.
03:14Il l'a abondamment cité, abondamment lu et étudié.
03:17Je pense que c'était le pape des périphéries.
03:19On l'a évidemment dit et que son intérêt était d'aller vers les périphéries.
03:23Ce n'est pas qu'il n'aimait pas la France.
03:25Ça n'a pas de sens de penser qu'il n'aimait pas la France.
03:29Ça n'a de sens de penser qu'on peut ne pas aimer tel ou tel pays en tant que tel.
03:34Il peut avoir été en désaccord avec, il l'a été, de manière certainement très forte,
03:39avec un certain nombre de décisions qui ont été prises autour de l'avortement,
03:42autour de l'euthanasie actuellement, etc.
03:44Surtout quand ces décisions étaient prises quelques jours après qu'on les ait accueillies,
03:48par exemple en grande pompe à Marseille.
03:50Quelque chose qui était un petit peu irritant, on va dire, pour le moins.
03:55Mais ceci étant dit, il avait d'abord l'intérêt d'aller vers les périphéries.
04:01Il allait dans des pays où aucun pape n'est allé parce qu'il n'y a juste quasiment pas de catholiques.
04:06Quand il va en Mongolie, il y a quelques centaines de catholiques en Mongolie.
04:09Qu'est-ce qu'il va faire dans ce pays, dans ces grandes steppes, ces grands déserts ?
04:12Il y va précisément pour porter l'évangile.
04:15C'est ça aussi la mission.
04:16Ça n'est pas allé là où tout le monde est, c'est allé là où le Christ est peu ou pas ou quasiment pas annoncé
04:24pour soutenir ceux qui croient en lui et puis pour donner le visage d'une église
04:29qui parle à tous les hommes et pas à des petits cercles fermés historiquement.
04:35Monseigneur Dossignetti, une dernière question concernant le successeur du pape François.
04:38Je sais qu'il est tôt pour l'évoquer.
04:39Mais est-ce qu'il aura selon vous à réformer, à gérer, à apaiser une église qui est aujourd'hui divisée ?
04:47L'église, elle a toujours été à la fois divisée et en même temps éprise d'un désir de communion.
04:55Il n'y a pas plus de division aujourd'hui, à moins qu'on en reste dans le prisme franco-français.
05:00Mais je veux dire, la question de la division de l'église, il y a toujours eu des querelles dans l'église
05:06parce que Dieu soit loué, l'église n'est pas l'armée des clones.
05:10Et donc, on a heureusement le droit de penser différemment et d'en parler.
05:14Je pense que le pape à venir, quel sera-t-il ? On le verra bien.
05:19Moi, je suis certain que nous aurons le pape, que l'Esprit Saint sera susurré à l'oreille et au cœur des cardinaux
05:26qui vont se réunir en conclave. Et j'ai une grande confiance sur leur capacité à accueillir l'Esprit Saint
05:32et à agir selon ce qu'il leur dit, comme ils l'ont fait jusqu'à maintenant, en tout cas dans l'époque moderne,
05:38de manière assez admirable.
05:40Eh bien, merci beaucoup Mgr Benoît de Cinetti, curé-doyen de la Ville de Lille,
05:44d'avoir consacré un petit peu de temps à notre émission pour nous parler du pape François
05:48qui, évidemment, sera donc inhumé samedi, messe à 10h samedi en Saint-Pierre-de-Rome,
05:58Laurent d'Andrieux. Une cérémonie très sobre, très simple. C'est ce qu'il a souhaité, en tout cas.
06:02C'est ce qu'il a souhaité. Ça correspond effectivement à l'une de ses lignes directrices de son pontificat.
06:08Ça correspond effectivement déjà à l'exemple qu'il a donné avec les obsèques de Benoît XVI
06:14qu'il avait organisées. Donc c'est tout à fait logique, oui.
06:18Mais qui avaient duré quand même trois heures, ces obsèques ?
06:21Non, moi j'y étais, je crois que c'était un peu moins que ça.
06:26Jules Torres ?
06:27Oui, mais c'est sûr que ça va être un moment attendu. On l'a dit tout à l'heure,
06:31la place Saint-Pierre va être noire de monde, mais c'était déjà le cas.
06:36En réalité, dimanche, on les a commentés hier dimanche soir chez Eliott de Val, ces images-là,
06:41et on voyait des milliers de fidèles qui étaient très heureux de ce qu'ils voyaient,
06:46et surtout que c'était une surprise. Moi j'avais des connaissances, des amis qui étaient présents sur place,
06:50et c'est vrai que ça a fait plaisir.
06:52Et c'est d'autant plus, elle est d'autant plus belle cette mort du pape François
06:56qu'elle intervient le lundi de Pâques.
06:58On l'a dit, c'est un signe de plus qui vient auréoler un pontificat
07:02où certes il n'y aura peut-être pas eu de révolution,
07:04mais en tout cas il aura donné le meilleur de lui-même pour rassembler les chrétiens.
07:08Un parpe réformateur, M. Dandrieux, Laurent Dandrieux.
07:1280% des évêques, les cardinaux ont été changés.
07:15Oui.
07:15Il a braqué une partie des catholiques.
07:17Mais il a surtout essayé de faire bouger les lignes sur un certain nombre de sujets.
07:22Il a complètement inversé l'héritage de Benoît XVI sur un certain nombre de questions,
07:29notamment sur la question des traditionnalistes.
07:32Beaucoup de gens considèrent qu'il a un peu annulé l'héritage de théologie morale
07:36de Benoît XVI et de Jean-Paul II.
07:39Moi, je fais partie, je ne vais pas le cacher,
07:42des gens qui ont été un peu bousculés,
07:45pas forcément dans le bon sens du terme, par ce pontificat.
07:48Arthur Erlin nous disait tout à l'heure que c'était un affranchi.
07:52Et je pense que c'est vrai.
07:55Mais ce n'est pas forcément ce qu'on attend d'un pape.
07:57Parce que c'est vrai que la première mission du pape,
07:59c'est d'abord de transmettre le dépôt de la foi
08:02et de conforter ses frères dans la foi.
08:05Et je pense qu'il a souvent, par sa volonté absolue de bouger les lignes
08:10et de surprendre et de ne pas se laisser enfermer dans les conformismes,
08:14il a introduit aussi beaucoup de confusion.
08:17Merci.
08:18Merci.
08:19Merci.

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