Thierry Breton, ancien ministre de l'Économie et ancien commissaire européen au marché intérieur est l'invité de c'est pas tous les jours dimanche
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00:00– Bonsoir Thierry Breton. – Bonsoir.
00:05– Merci d'être avec nous ce soir dans C'est pas tous les jours dimanche,
00:07ancien commissaire européen, ancien ministre de l'économie et des finances,
00:10alors que cela fait 100 jours que Donald Trump a de nouveau pris possession du bureau Oval,
00:14avec les désordres que l'on sait, économiques, géopolitiques, on en parlera dans un instant.
00:19On parlera aussi de la situation budgétaire ici en France,
00:2140 milliards d'euros sans augmenter les impôts, est-ce une équation impossible ?
00:26Mais d'abord Thierry Breton, 3 mois donc de mandat de Donald Trump
00:29et un risque de chaos économique entre droits de douane,
00:32menace de limogéage du patron de la Fed, la banque centrale américaine.
00:36Est-ce que le président américain est en train de mettre 100 dessus dessous l'économie mondiale ?
00:42– Oui on peut dire ça, on peut dire ça, on a l'impression,
00:45Benjamin Hamel, que en fait ça fait beaucoup plus longtemps que 100 jours.
00:49Ces 100 jours, ils nous ont semblé très longs par rapport effectivement à toutes les mesures,
00:55les annonces, contre-annonces, contre-mesures qui ont été prises par la Maison-Blanche
01:00et par le président Donald Trump lui-même.
01:02Oui, c'est vrai évidemment, d'abord sur la guerre en Ukraine, on l'oublie aussi.
01:08Il avait promis de régler la situation en 24 heures.
01:10– D'abord en 24 heures, puis en 100 jours.
01:12Et puis on voit maintenant que Marco Rubio, qui est le secrétaire d'État,
01:16c'est-à-dire le ministre des Affaires étrangères américain,
01:19commence à dire que finalement si c'est vraiment trop compliqué, ils vont se retirer.
01:22On a vu également, bien entendu, tout ce qui s'est passé avec ces droits de douane,
01:26vous venez de faire allusion, et puis quand même des annonces, des reculades.
01:33Le fait aussi qu'il y a quand même un fait qui va rester dans l'histoire économique, me semble-t-il,
01:37d'abord que cette situation, contrairement à toutes les crises économiques,
01:43on n'en est pas encore là, mais ça peut venir, elle est due à un homme.
01:48Généralement, c'est des situations qui sont des situations macroéconomiques,
01:53qui vont créer ensuite des perturbations mondiales sur les monnaies, sur les systèmes économiques.
01:59Là, c'est un homme.
01:59– C'est un danger pour le monde ?
02:01– C'est un homme en tout cas qui a créé ces perturbations.
02:04Alors, on sait qu'il est dans sa méthode dite transactionnelle, il va très loin,
02:10il revient ensuite derrière pour donner le sentiment à ses contreparties
02:14qu'ils ont fait un bon deal et il espère les amener là où il veut.
02:19Sauf que les marchés financiers sont aussi les maîtres du jeu, et on l'a vu du reste.
02:25Alors qu'il a reculé massivement sur 194 pays, sur 195 qu'il avait taxé jeudi 194 parce que la Chine n'en fait pas partie, on le sait.
02:36Sous la pression des marchés, on le sait, il y a maintenant un peu plus d'une semaine.
02:39Et lorsque, effectivement, pour la première fois depuis des décennies,
02:46les États-Unis ont failli rater une émission de dette obligataire pour se refinancer.
02:51On oublie que les États-Unis, c'est le pays en volume le plus endetté du monde,
02:56à près de 35 000 milliards de dollars de dette.
02:59On oublie aussi, peut-être Donald Trump lui-même l'a oublié,
03:02que 25 % de ceux qui prêtent de l'argent aux États-Unis pour vivre au-dessus de ces moyens,
03:08on en parlera pour la France, vous voyez, on n'est pas tout seul,
03:11mais que ça nous sert de leçon, car ceux qui prêtent de l'argent,
03:15les Japonais, les Chinois, mais aussi les Anglais, mais aussi les Allemands, mais aussi l'Europe,
03:21pour 25 % d'entre eux prêtent l'argent précisément aux États-Unis,
03:25qui doit se refinancer pour financer son modèle économique, pour financer sa défense,
03:29pour financer l'ensemble, je dirais, de sa croissance.
03:33Et si jamais ceux-ci ne sont pas en rendez-vous,
03:35eh bien, il s'est passé ce qui s'est passé il y a une semaine.
03:37Et donc, Donald Trump a dû rabattre la voilure, comme on le sait.
03:41Et qui a expliqué effectivement cette reculade.
03:43On va détailler tous les effets sur l'économie mondiale, l'économie française également,
03:47mais d'un mot sur la négociation possible.
03:51On a vu en fin de semaine la dirigeante italienne, Georgia Meloni,
03:54aller voir Donald Trump.
03:56Certains se posaient la question de savoir si elle pouvait être une messagère,
04:01si elle pouvait essayer de faire valoir les intérêts européens.
04:03Bon, résultat, elle a parlé pendant à peine quelques minutes.
04:06Rien n'est sorti de cet entretien, si ce n'est des engagements de l'Italie vis-à-vis des États-Unis,
04:11notamment sur le gaz liquéfié.
04:13Bon, ça veut dire quoi ?
04:14Ça veut dire qu'à la fin, on ne peut pas négocier avec Donald Trump que c'est peine perdue ?
04:18Il faut être très clair dans la situation que nous vivons, Benjamin Duhamel.
04:23On fait une situation qui est inédite, on le dit.
04:25L'Europe, elle est représentée par ses institutions.
04:28L'Europe est forte, précisément dans ce type de négociation,
04:33parce que l'Europe, c'est 27 États membres,
04:35et que nous pesons le poids de 450 millions de consommateurs.
04:39Nous sommes la deuxième économie mondiale, extraordinairement puissante,
04:43forte d'une épargne qui est l'une des plus abondantes au monde.
04:47Et c'est parce que nous sommes ensemble que nous pesons.
04:49Ça n'a pas l'air d'être très efficace pour l'instant.
04:50Alors, on verra, mais surtout, ce qui est très important,
04:55c'est que dans nos institutions européennes,
04:57pour précisément utiliser cette force en particulier dans les négociations commerciales
05:02et peser de tout notre poids,
05:03c'est la Commission européenne qui a reçu délégation exclusive,
05:06je dis bien exclusive, de négocier au nom des 27.
05:09Oui, mais sauf que Donald Trump ne veut pas en faire parler
05:12de la présidente de la Commission européenne, M. Lambert Erlein.
05:15Vous mettez le doigt sur un point très important, effectivement.
05:18L'ensemble des États membres et les chefs d'État et de gouvernement des 27
05:22sont libres de leur politique, évidemment,
05:26et de leur politique, bien entendu, en matière d'affaires étrangères.
05:31Ils vont voir qu'ils veulent, c'est bien normal.
05:33Mais la compétence commerciale, c'est la commission.
05:35Que Georgia Meloni aille voir le président Trump si elle le souhaite,
05:39de même que Emmanuel Macron lui parle souvent, c'est normal.
05:42En revanche, elle n'a strictement aucun mandat,
05:45et jamais elle n'en aura, pour négocier au nom des 27.
05:48Et c'est une personne qui a obtenu ce mandat.
05:52Cette personne s'appelle Ursula von der Leyen.
05:54Alors, elle a été désignée...
05:55Mais encore une fois, Thierry Breton, Donald Trump ne veut pas l'avoir.
05:57Alors, elle a été désignée par les 27, au sein du Conseil européen,
06:03et par le Parlement européen.
06:04Donc, c'est notre démocratie continentale qui l'a désignée.
06:08Nous n'avons pas choisi, nous, Européens, Donald Trump.
06:12Nous n'avons pas choisi, nous, Européens, Xi Jinping, en Chine.
06:15Mais ils y représentent, chacun d'entre eux, leur pays.
06:20Eh bien, voyez-vous, pour nous, c'est Mme Mandarleyenne.
06:23D'accord, mais qu'est-ce qu'on peut...
06:24Oui, mais elle doit s'imposer...
06:25Mais s'imposer comment ?
06:26Quand vous voulez inviter quelqu'un à dîner,
06:28et que la personne ne veut pas dîner avec vous,
06:29vous n'allez pas la contraindre.
06:30Nous avons, aujourd'hui, à mener, pas une négociation,
06:34mais trois négociations.
06:35Si vous me donnez une minute,
06:36je vais peut-être l'expliquer très brièvement
06:39pour vos téléspectateurs.
06:41Pourquoi je dis qu'il y a trois négociations ?
06:43Parce que, finalement, Donald Trump, il a trois objectifs.
06:46Avec cette guerre tarifaire mondiale, au fond,
06:48cette guerre des droits de douane mondiale qu'il a décrétée.
06:51Le premier, c'est qu'il veut augmenter les droits de douane.
06:54Alors, on l'a vu, minimum de 10%.
06:56Parce qu'il a fait une promesse électorale importante
06:58pendant sa campagne électorale.
07:00Il a indiqué qu'il voulait baisser l'impôt sur les sociétés
07:03et que, pour rééquilibrer son budget,
07:05il a augmenté les droits de douane au prorata de la baisse
07:07pour baisser les impôts sur les sociétés de 30% à 15%.
07:11Ces 10%-là, c'est donc une décision politique.
07:13Il faut donc négocier avec quelqu'un qui ait précisément un mandat politique.
07:18Deuxième négociation, il veut réindustrialiser son pays.
07:22C'est son droit et on peut le comprendre.
07:24Il ne dit pas que des sottises.
07:26Donald Trump, loin s'en faut.
07:27Il veut réindustrialiser les États-Unis,
07:29la Roosevelt en particulier.
07:30Vous savez, ces fameux États du centre des États-Unis
07:32qui ont perdu beaucoup d'emplois industriels.
07:34Et pour ceci, il a sélectionné 4 ou 5 secteurs clés.
07:39C'est l'automobile, ce sont les semi-conducteurs,
07:41c'est évidemment la pharmacie, peut-être le bois, etc.
07:48Et donc, pour ça, il a dit, écoutez,
07:50je mets 25% de droits de douane supplémentaires
07:51et si vous venez me voir pour venir vous installer aux États-Unis,
07:56je vais baisser ce montant arbitraire.
07:57C'est une deuxième négociation.
07:58Celle-ci est industrielle.
07:59Et puis, il y en a une troisième qui est qu'il veut baisser,
08:02réduire les différentiels de balance commerciale.
08:06Les États-Unis, on le sait, ont un déficit avec le monde de 1 000 milliards.
08:10Il veut le baisser.
08:10Et là, c'est donc une négociation de ministre du commerce
08:14et donc de commissaire au commerce.
08:15On voit donc qu'il y a trois négociations.
08:17Une politique, une industrielle,
08:19ce serait plutôt à la main de Stéphane Séjourné,
08:21une autre sur le commerce extérieur,
08:23à la main du commissaire en charge, Maros Sefcovic.
08:26Et derrière, il faut, ou plutôt devant,
08:27il faut évidemment une chef d'orchestre
08:30qui est ursée la bande arrière.
08:31Alors, si jamais elle ne peut pas avoir rendez-vous avec Donald Trump,
08:35ne serait-ce que d'aller à Washington,
08:37accompagnée de ses équipes.
08:38Donc, il faut qu'elle y aille à minima.
08:39Mais bien entendu, pour nous représenter.
08:41Même si elle n'est pas reçue.
08:41C'est quand même une forme d'humiliation pour l'Union Européenne.
08:44On n'est plus là pour savoir si on se fait émulier ou pas.
08:46On est là pour assumer.
08:47Donc, il faut y aller.
08:49C'est mon intime conviction.
08:51Il faut assumer ce pourquoi on a été désigné, élu.
08:55Elle est trop faible.
08:55Mais je ne dis pas ça.
08:57Je dis simplement qu'encore une fois,
08:58ce n'est pas aux autres de choisir avec qui on va négocier.
09:02Il se trouve que pour nous, c'est une personne.
09:05On peut être d'accord ou pas être d'accord.
09:06Ce n'est plus la question.
09:08Elle s'appelle Ursula von der Leyen.
09:09C'est à elle à mener ses négociations.
09:11Par ailleurs, Thierry Breton,
09:12je ne sais pas vous faire offense que de dire
09:13qu'il est d'une autorité publique
09:14que vous n'aviez pas les meilleures relations
09:15avec Ursula von der Leyen quand vous étiez commissaire.
09:17Oui et non.
09:18On pouvait avoir des différents politiques.
09:21Mais ce n'est pas la question.
09:21Je viens de vous dire que c'est elle qui est désignée.
09:24C'est elle qui est en charge.
09:25C'est donc elle qui doit être à la fois reconnue,
09:29respectée et menée.
09:30Donc aller à Washington,
09:31même si c'est pour rester à la porte du bureau ovale
09:33et ne pas rentrer dedans.
09:34Mais je ne suis pas sûr que M. Sefcovitch
09:36ou M. Séjourné rentreront au bureau ovale.
09:38Il y a des négociations qui se mêlent ailleurs.
09:40Il y a cette pause de 90 jours, Thierry Breton,
09:42sur les droits de l'homme pour les 194 pays.
09:45Et il y a la Chine.
09:46Le 195ème.
09:47On a le sentiment qu'il y a une forme de fébrilité
09:49du côté des États-Unis
09:50puisque Donald Trump a accordé
09:52un certain nombre d'exemptions
09:53sur notamment les téléphones portables,
09:57les iPhones,
09:57sur le matériel informatique.
09:59On a aussi des phrases
10:01qui sont quelque peu ambiguës.
10:02Il reconnaît notamment
10:03que ces droits de l'homme
10:04pourraient à un moment donné
10:05aboutir à ce que, je cite,
10:06les gens n'achètent plus.
10:07Ce qui est une forme de reconnaissance assez naïve.
10:10Est-ce que la Chine est en train
10:11de faire plier Donald Trump ?
10:13Avec tout le respect qu'on doit
10:15au président des États-Unis
10:15parce qu'au fond, il a été élu.
10:17Et donc, c'est le président des États-Unis.
10:19C'est en référence par rapport
10:20à ce que nous venons de dire.
10:21Et donc, nous devons le respecter
10:23pour ce qu'il est,
10:24comme lui doit nous respecter
10:25pour ce que nous sommes.
10:26Donc, avec tout le respect qu'on lui doit,
10:28il n'en demeure pas moins
10:29que sa politique économique
10:31et en particulier de droit de douane,
10:33elle est à tout le moins brouillonne,
10:36voire, elle donne le sentiment
10:38plutôt d'être conduite,
10:40comme dirait les enfants,
10:42qu'avec une politique de gribouille.
10:43C'est-à-dire ceux qui disent
10:44que c'est un grand dessin,
10:45il avait parfaitement anticipé
10:46le fait de reculer,
10:48c'est l'art de ville.
10:48Alors, je n'en crois pas un mot.
10:50Je n'en crois pas un mot.
10:52Je vais vous donner deux exemples,
10:54peut-être, pour illustrer.
10:56Ça ne veut pas dire pour autant
10:57qu'il va retomber sur ses pieds
10:58et qu'il dira qu'il a eu raison.
10:59Mais ça, on le sait.
11:00Moi, je le pratique depuis
11:01un certain nombre d'années.
11:03Mais, je n'en crois pas un mot.
11:06Pourquoi ?
11:07Parce qu'effectivement,
11:07il annonce ses droits de douane
11:08qui, au fond, vont monter
11:09jusqu'à 145% avec la Chine.
11:12Et ce faisant,
11:12il décrète de fait
11:14un embargo avec la Chine.
11:16Sauf que, Benjamin Duhamel,
11:18la Chine,
11:19depuis que nous avons favorisé,
11:22poussé pour que la Chine
11:24rentre dans l'Organisation mondiale
11:25du commerce,
11:26c'est-à-dire au début des années 2000,
11:29la Chine, depuis maintenant,
11:31est devenue un partenaire
11:31extraordinairement important
11:33pour la planète.
11:34C'est plus de 30%,
11:35plus d'un tiers
11:35de la base manufacturière
11:37du monde est en Chine.
11:39C'est un peu l'ugine du monde
11:40et en particulier les États-Unis.
11:42Donc, se rendre compte,
11:44finalement,
11:45que si jamais on crée un embargo,
11:47ça va pénaliser qui en premier ?
11:49Je ne dis même pas
11:50les consommateurs américains,
11:51les entreprises américaines
11:52qui ont des chaînes de valeur,
11:54des multiples quiriels
11:55de sous-traitants
11:56qui sont aujourd'hui
11:57installés en Chine
11:58et que donc ceux-ci
11:59ne vont plus pouvoir fournir
12:00les composants clés,
12:01les composants critiques
12:01pour l'industrie automobile,
12:03pour l'industrie aéronautique,
12:05pour l'industrie de défense,
12:06pour l'industrie du numérique
12:08et donc,
12:08il se rend compte de ça.
12:10Qu'est-ce qui s'est passé ?
12:11Il a vraisemblablement
12:12dû recevoir
12:13un coup de fil
12:14de deux de ses amis
12:15que je connais bien par ailleurs
12:16et donc,
12:16c'est pour ça que je dis
12:17que ce sont des amis.
12:18Le premier,
12:19c'est Michael Dell.
12:20Michael Dell,
12:20c'est le président
12:21de Dell Computing.
12:22Dell,
12:23c'est le fabricant,
12:24le numéro un,
12:25de fabricant de serveurs,
12:26c'est-à-dire
12:26de ses supercalculateurs
12:28et de ses calculateurs.
12:29Il est basé à Austin,
12:30au Texas,
12:31qui est une ville
12:31qui est très trumpiste
12:32et qui est un grand soutien
12:34de Donald Trump
12:35et j'imagine
12:36que comme il fait
12:37tous ses serveurs,
12:38la quasi-totalité
12:38sont fabriqués en Chine.
12:40Il a dû lui dire
12:40« Monsieur le Président,
12:42cher Donald,
12:43si c'est ça,
12:45il n'y a plus d'ordinateurs
12:45aux Etats-Unis. »
12:46Il y en a un autre
12:47qui s'appelle Tim Cook.
12:48Tim Cook,
12:48c'est le président d'Apple.
12:50Alors,
12:50même motif,
12:51même punition
12:51si vous le permettez.
12:53Alors lui,
12:54ses iPhones,
12:55ceux que nous utilisons
12:55du reste nous aussi,
12:56sont tous fabriqués en Chine.
12:58Un petit peu maintenant
12:58en Inde,
12:59mais très peu.
13:00Et donc,
13:00il a dû lui dire
13:01« Monsieur le Président,
13:02cher Donald,
13:02si tu fais ça
13:03ou si vous faites ça,
13:05il n'y a plus d'iPhone du tout. »
13:07Donc,
13:07qu'est-ce qu'il a fait ?
13:08Il a rétropédalé tout de suite.
13:09Il a dit
13:09« Bon ben,
13:10pour tout ce qui est électronique,
13:12au sens large,
13:13qui inclut évidemment
13:13les ordinateurs… »
13:15Non,
13:15mais ce que vous dites,
13:16c'est quand même
13:16un piètre négociateur.
13:18Ça veut donc dire
13:19que tout ceci
13:19n'est pas pensé.
13:21Parce que,
13:21j'ajoute que c'est quand même
13:22dans les relations
13:24de commerce
13:25entre la Chine
13:26et les États-Unis,
13:28on parle quand même
13:28de pratiquement un quart.
13:30Un seul coup,
13:30pouf,
13:31il y a un quart
13:31qui sont sortis
13:33de l'écran radar.
13:34Donc oui,
13:34quand je vous dis
13:35que ça donne le sentiment
13:35un peu d'une politique
13:36de gribouille,
13:36mais ça veut dire quoi
13:37derrière ça ?
13:38Ça veut dire que
13:39les Chinois
13:39savent très bien
13:41qu'aujourd'hui,
13:43ils s'organisent
13:44précisément
13:44dans ce combat,
13:46dans cette lutte.
13:47Parce que c'est une lutte
13:48que Donald Trump
13:49a lancée
13:50contre les Chinois.
13:51Il n'a du reste
13:52pas complètement tort.
13:53C'est souvent du reste
13:54le cas.
13:55Ces analyses instinctives
13:56pour beaucoup d'entre elles
13:57partent souvent
13:58d'un constat
13:58qui n'est pas un constat fou.
14:00C'est vrai
14:00qu'il faut rééquilibrer
14:02ce qui se passe
14:02maintenant avec la Chine.
14:03On en est, nous,
14:04du reste bien conscients.
14:05Mais c'est sans doute
14:05la pire des manières
14:06de le faire.
14:07Mais après,
14:07sur l'exécution,
14:09on voit que finalement,
14:11comme disent certains,
14:13il faut des adultes
14:14dans la pièce.
14:15Ils ne sont peut-être
14:15pas toujours là.
14:16Et il n'en reste plus beaucoup.
14:17Juste un mot
14:18avant de parler
14:18des déclarations
14:19du ministre
14:20de l'économie et des finances
14:20sur le patriotisme
14:22ou non des patrons français
14:24pour le consommateur français,
14:26pour celui ou celle
14:27qui nous regarde ce soir
14:28et qui se demande
14:29l'impact sur son quotidien
14:30de tous ces combats économiques
14:32de grande ampleur.
14:33Qu'est-ce qui est le plus à craindre ?
14:34Est-ce que c'est
14:35la guerre économique
14:36entre la Chine et les États-Unis ?
14:37Est-ce que ce sont
14:38les droits de douane
14:38si jamais ils étaient rétablis
14:40au bout de 90 jours ?
14:41Quel est le plus grand risque
14:42pour le consommateur français ?
14:43D'abord, un mot.
14:44La première victime de tout ça,
14:46ça va être plutôt
14:46le consommateur américain.
14:47Il faut bien en être conscient
14:48parce que c'est lui,
14:49à la fin, qu'il va payer
14:50l'augmentation des droits de douane
14:51dans les supermarchés,
14:53les Wal-Mart, Radio Chac
14:55et autres.
14:57Et ça, c'est vraiment
14:58très important
14:58parce que c'est aussi
14:59sans doute
15:00une pression...
15:01Ce qui peut aboutir
15:01à une forme de rééquilibrage.
15:03Voilà.
15:05Même si, encore une fois,
15:06il faut bien comprendre
15:08que Donald Trump
15:09va revenir
15:10sur certaines de ses
15:11propositions excessives
15:13en arrière
15:13et que c'est ça
15:14ce qu'on appelle
15:15dans son livre
15:16l'art du deal.
15:16du reste,
15:18la jeune femme
15:20qui tient
15:22les conférences de presse
15:23à la Maison-Blanche
15:24à Mlewit
15:25tous les jours
15:25insulte
15:28vos confrères journalistes
15:29en disant
15:30« Mais vous n'avez rien compris,
15:31tout ce qui se passe
15:31ce n'est pas des reculades,
15:32c'est l'art du deal. »
15:33Bon, donc, il va retomber
15:34sur ses pieds.
15:35Il n'a pas moins
15:36qu'on va reculer.
15:37Donc, on ne sait pas encore
15:38où ça va finir.
15:38Maintenant, pour les consommateurs
15:39français,
15:40alors, il se trouve que nous
15:41en France, bien sûr,
15:43sur l'ensemble de l'Europe,
15:44il y a des pays
15:45qui sont plus exposés
15:45que nous.
15:46L'Allemagne en particulier,
15:47qui se porte beaucoup
15:48aux Etats-Unis,
15:48elle est donc très exposée
15:49en particulier à cause
15:50de son secteur automobile
15:51ou de la machine outil.
15:52L'Italie également
15:52est très exposée.
15:54Nous en France,
15:55j'allais dire,
15:55hélas,
15:56on n'a que 1,5%
15:57du PIB qui est concerné,
15:59donc, c'est relativement faible.
16:01On le sait,
16:01c'est évidemment
16:02ce qui concerne le luxe,
16:04les spiritueux,
16:05le domaine un peu agricole,
16:08l'aéronautique.
16:09Mais enfin, voilà.
16:10Donc, on ne va pas
16:10être très exposés,
16:12mais il y aura sans doute
16:12un impact.
16:13On estime peut-être
16:14à 0,2,
16:14peut-être 0,2 points
16:15de croissance.
16:17Malheureusement,
16:17la croissance,
16:18on n'arrête pas de la revoir
16:18à la baisse.
16:19Je rappelle que Michel Barnier,
16:20sur 2025,
16:21c'était 1,2.
16:22Puis après ça,
16:22on dit que c'est 0,9.
16:24Puis après ça, 0,7.
16:25Et maintenant,
16:25la Banque de France
16:26et autres nous disent
16:26que c'est peut-être
16:27un peu optimiste.
16:28Donc, pour la croissance,
16:29oui, il y aura sans doute
16:30un petit impact.
16:31Et pour le consommateur,
16:33sans doute pas grand-chose
16:34pour une raison
16:35qui est à la fois
16:37bonne et mauvaise.
16:38D'abord,
16:40sur lequel il faut
16:41qu'on soit extrêmement attentif.
16:42On va avoir évidemment
16:43un nombre très important
16:45de produits
16:45qui étaient destinés
16:46au marché américain
16:47qui ne vont plus trouver
16:49des bouchées
16:49sur le marché américain
16:50et qui risquent d'arriver
16:51sur le marché européen.
16:53Avec donc, quelque part,
16:54un impact plutôt déflationniste.
16:55C'est-à-dire que ces marchés
16:56vont venir en abondance.
17:01Et il faut aussi
17:02que là,
17:02on soit très attentif
17:04à ce que ça ne déstabilise pas
17:05des ports entiers
17:06de notre industrie,
17:07de nos PME,
17:08qui vont du reste souffrir,
17:10qui risquent de souffrir de cela.
17:11Donc, il faut qu'on se protège
17:12contre ça.
17:13Mais pour le consommateur,
17:14au fond,
17:15on sera certainement
17:17beaucoup plus épargné,
17:18j'allais dire,
17:19que le consommateur américain,
17:21même si, encore une fois,
17:23ces guerres tarifaires,
17:23ces guerres tarifaires,
17:25on le sait,
17:25ne font que des perdants.
17:27Thierry Breton,
17:28je voudrais qu'on parle
17:28des propos d'un des hommes
17:29les plus riches du monde
17:31qui ont été très largement
17:31commentés cette semaine.
17:33Homme le plus riche de France,
17:34Bernard Arnault,
17:35patron de LVMH,
17:35qui s'en est pris
17:36à la bureaucratie européenne
17:38et a expliqué
17:39que s'il allait produire
17:40aux Etats-Unis,
17:41ce serait de la faute
17:41de l'Europe
17:42et pas de celle
17:43de Donald Trump.
17:44Vous qui êtes le partisan
17:46d'une Europe
17:47qui parle le langage
17:48de la force,
17:49ce type de propos
17:50de la part
17:50d'un homme aussi influent
17:52que Bernard Arnault,
17:53ça n'aide pas l'Union Européenne
17:54dans ce type
17:55de bras de fer
17:56avec les Etats-Unis ?
17:58Bernard Arnault parle
17:59de là où il est,
17:59c'est-à-dire un très grand
18:00chef d'entreprise,
18:01vous l'avez rappelé
18:01à l'instant,
18:03et moi qui le connais bien,
18:05je peux vous dire
18:06qu'il dit de là où il est
18:08et avec ses mots,
18:09peut-être de façon
18:10un peu moins diplomate
18:11que certains,
18:12il dit ce que je dis.
18:14Il dit que dans les négociations...
18:15Vous dites que l'Europe
18:15est bureaucratique,
18:16vous qui avez été
18:17commissaire européen ?
18:18Eh bien, quand je vous dis
18:20qu'il faut que l'Europe
18:20reprenne un leadership politique
18:24précisément pour négocier,
18:26parce qu'on négocie
18:27entre politiques,
18:28pardon, mais Donald Trump
18:29c'est un politique
18:29avant d'être un économiste,
18:31je crois que tout le monde
18:31s'en est rendu compte,
18:33donc il faut que nous discutions
18:34en politique
18:35et non pas en technocrate,
18:38eh bien, on dit la même chose.
18:39Donc là-dessus, il a raison.
18:40L'Europe est trop bureaucratique
18:41aujourd'hui.
18:42Mais aujourd'hui,
18:42je le redis moi
18:43avec mes mots,
18:44mais finalement on dit
18:45la même chose,
18:46on ne peut pas laisser
18:48cette négociation,
18:49alors qu'on n'a pas voulu,
18:51il ne faut pas inverser les rôles,
18:53celui qui l'a voulu,
18:54c'est Donald Trump.
18:54C'est ce que dit Bernard Arnault.
18:55Quand on lit Bernard Arnault,
18:56quand on l'écoute,
18:57on a le sentiment qu'au fond
18:58les potifs,
18:59ce seraient les Européens
19:00et pas Donald Trump.
19:01Je dis qu'à partir du moment
19:03où cette guerre-là
19:04est enclenchée,
19:06il faut qu'on s'organise
19:07pour y répondre,
19:07parce que nous sommes
19:08un grand continent
19:09et qu'on ne peut pas
19:10baisser les Chines.
19:11Et donc, comment faire
19:12pour pouvoir répondre,
19:13et je le redis,
19:14aux trois négociations
19:16que j'ai rappelées tout à l'heure
19:17à votre micro,
19:18eh bien, il faut le faire
19:19non pas de façon technocratique,
19:21c'est vrai que ça peut donner
19:22peut-être un peu le sens
19:23à certains aujourd'hui,
19:25mais de façon politique
19:26et donc,
19:27ça se traduit par quoi ?
19:29Envoyant nos politiques
19:29et notre politique,
19:30c'est-à-dire Mme Van der Leyen,
19:32pour mener cette négociation,
19:33mais on dit la même chose.
19:34Ça, c'est votre idée fixe.
19:35Le ministre de l'Économie
19:36et des Finances,
19:36Éric Lombard,
19:37appelle dans les colonnes
19:39de la Tribune dimanche
19:39les patrons français
19:40au patriotisme économique.
19:43Il n'est pas assez patriote,
19:44Bernard Arnault,
19:45dans ses propos ?
19:45Alors, je ne sais pas
19:46ce que ça veut dire
19:46que le patriotisme économique.
19:48Ce que je sais, en revanche,
19:49c'est que...
19:49C'est assez clair.
19:50C'est de dire que
19:51dans les actions au quotidien
19:53des chefs d'entreprise,
19:54ils doivent,
19:54si on prend le cas d'espèce,
19:56éviter de viser
19:58la bureaucratie européenne
19:59ou les normes
20:00qui sont édictées.
20:01Non, non, c'est pas ça.
20:02Benjamin Duhamel,
20:03je connais assez bien
20:04l'ensemble des patrons européens.
20:07Ils sont patriotes.
20:09Ils privilégient...
20:11C'est pas ce que dit, Éric Lombard.
20:12Attendez.
20:13Ils privilégient effectivement
20:15leur pays.
20:16Ils y sont attachés.
20:18Croyez-le bien.
20:19Maintenant,
20:20qu'est-ce qui se passe
20:21dans cette négociation ?
20:22Dans cette négociation,
20:23je parle du second segment,
20:24la négociation industrielle,
20:27où précisément,
20:27pour pouvoir renégocier
20:29avec l'administration américaine,
20:33ces droits de douane
20:34surréalistes,
20:35les fameux 25%
20:36pour le secteur automobile,
20:3725% pour l'esprit conducteur,
20:3925% pour la pharmacie,
20:41il vaut mieux arriver
20:42groupé
20:43plutôt qu'isolé.
20:44Parce que...
20:45Est-ce qu'il ne faut pas...
20:45Je vais terminer,
20:46si vous permettez.
20:46Est-ce qu'il ne faut pas,
20:46Thierry Breton,
20:47pour être patriote
20:48économiquement parlant,
20:49est-ce qu'il ne faut pas
20:50éviter les critiques
20:51sur l'Union européenne
20:53ou...
20:53Il s'agit simplement de redire...
20:56Il s'agit simplement de redire
20:58que l'Union européenne
20:59est une institution
21:00également politique
21:01et qu'elle doit jouer
21:02ce rôle politique.
21:03Sur les normes,
21:04bien sûr qu'il y a trop de normes,
21:05bien sûr qu'il faut
21:06faire un peu le nettoyage,
21:08mais je rappelle que ces normes,
21:09elles ont toutes été votées,
21:11toutes,
21:11ce n'est pas décrété
21:12par des bureaucrates,
21:13elles ont été votées
21:14par le Parlement européen
21:15et donc par les députés
21:16que nous élisons
21:17dans chacun de nos pays
21:18et par les 27.
21:20Donc il faut maintenant,
21:20évidemment,
21:21elles sont peut-être
21:21plus au goût du jour.
21:22Mais revenons,
21:23une dernière seconde
21:24si vous le permettez
21:24sur ce que dit Bernard Arnault
21:27et ce que dit
21:27avec ses propres mots
21:29le Président de la République aussi
21:30lorsqu'il dit
21:30il vaut mieux
21:31venir grouper
21:32les entreprises,
21:34les entreprises...
21:34Pardon Thierry Breton,
21:35mais Emmanuel Macron,
21:35il dit il faut que
21:36les grandes entreprises françaises
21:37arrêtent d'investir
21:38aux Etats-Unis le temps...
21:39Je voudrais juste terminer
21:39mon raisonnement
21:40que je n'arrive pas à dérouler
21:41si vous me donnez deux secondes
21:43parce que c'est important.
21:45Donc, encore une fois,
21:46les entreprises,
21:47elles décident
21:48par elles-mêmes
21:49où il faut investir
21:51et personne ne peut le décider
21:52pour elles.
21:53Beaucoup d'entreprises
21:54européennes et françaises
21:55ont déjà des projets
21:56d'investissement
21:57aux Etats-Unis.
21:58Ça date en particulier
21:59de l'IRA,
22:00Inflation Reduction Act.
22:01Ça, il ne faut pas les arrêter.
22:02Mais c'est le choix
22:02des entreprises,
22:03personne ne peut l'arrêter
22:04bien entendu.
22:04C'est leur choix,
22:05c'est le choix
22:06de leur conseil d'administration,
22:07de leurs actionnaires
22:08et ça se passera.
22:09Ce que dit
22:10Bernard Arnault
22:11et ce qu'a dit
22:12avec ses mots
22:13le Président de la République,
22:14c'est
22:14venons grouper
22:15parce que
22:16évidemment,
22:17on sera beaucoup plus fort
22:18et moi je rajoute
22:19pas seulement au niveau français,
22:20au niveau européen
22:21parce qu'effectivement,
22:23il y a beaucoup d'entreprises
22:24qui ont décidé
22:24depuis longtemps
22:25de mettre quelques usines
22:26par exemple automobiles
22:27aux Etats-Unis.
22:28Arrivons avec un paquet complet
22:29parce qu'on sera plus fort
22:30pour négocier
22:31contre, je dirais,
22:33ces droits de douane
22:34abracadabrantesques
22:35comme disait Jacques Chirac
22:36et revenir à la raison.
22:39C'est donc une logique
22:40là encore
22:40de négociation
22:41et de rapport de force.
22:42Jacques Chirac
22:43qui lui-même citait
22:44Arthur Rimbaud d'ailleurs.
22:45Deux réactions
22:45suscitées par les propos
22:47de Bernard Arnault.
22:48La première,
22:49celle de Michel-Éloire Leclerc
22:50qui s'adresse directement
22:51à lui en disant
22:52« Fais société,
22:53je lance un appel à Bernard Arnault
22:54fais société,
22:55fais nation »
22:56comme si Bernard Arnault
22:57ne faisait pas suffisamment
22:58société ou nation.
23:00Michel-Éloire Leclerc
23:01est le directeur
23:02de la communication
23:03des centres Leclerc.
23:04Laissons-le
23:05à faire sa communication.
23:07Ça, c'est pour
23:08Michel-Éloire Leclerc.
23:09Deuxième réaction,
23:10celle-là politique
23:11du patron du Parti communiste
23:13Fabien Roussel.
23:14Voilà ce qu'il dit
23:14face à la guerre économique
23:15de Trump.
23:16Des grands patrons européens
23:17et français nous menacent.
23:18Soit on accède
23:19à leur demande
23:19de cadeaux fiscaux supplémentaires,
23:20soit ils partent investir
23:21aux États-Unis.
23:22Dans l'histoire,
23:23il y a toujours eu
23:24la résistance
23:24et la collaboration.
23:26Oui.
23:27Ne mélangeons pas tout.
23:30N'appelons pas l'histoire
23:31là où elle n'a pas lieu d'être.
23:34Mais il y a une forme
23:34en tout cas de démoi
23:35qui est suscitée
23:36par ces propos de Bernard.
23:37Oui, c'est normal.
23:40Ce n'est pas n'importe qui.
23:42Et encore une fois,
23:42je le redis.
23:43Et je le redis
23:44de façon très simple,
23:45très calme,
23:46mais très déterminée.
23:48Nous devons mener
23:48cette négociation
23:49de façon radicale
23:53parce que nous sommes
23:53une Europe puissance.
23:54et entre la vassalisation,
23:58c'est-à-dire
23:58on ne ferait rien,
23:59on ne bouge pas,
24:01et le fait de s'organiser
24:02pour riposter,
24:03vous me trouverez
24:04de mon côté
24:04toujours du côté,
24:07en ce qui me concerne,
24:08de l'Europe puissance.
24:09Thierry Breton,
24:09un tourbillon économique mondial
24:11qui a bien évidemment
24:11des conséquences en France.
24:12François Bayrou
24:13qui a alerté cette semaine
24:14sur les 40 milliards d'euros
24:16d'économies à trouver
24:16lors du prochain budget.
24:17Je rappelle que vous avez
24:18été ministre de l'économie
24:19et des finances
24:19entre 2005 et 2007,
24:20que d'ailleurs,
24:21à votre époque,
24:21les choses se passaient
24:22plutôt mieux
24:23sur le plan budgétaire.
24:25même si en 2007
24:27arrive un Premier ministre,
24:29François Fillon,
24:29qui déclare
24:30peu de temps
24:31après son arrivée à Matignon,
24:32je suis à la tête
24:32d'un État en faillite.
24:33Est-ce qu'aujourd'hui,
24:35en 2025,
24:36en avril 2025,
24:38il y a un État en faillite ?
24:40Est-ce que le risque
24:41en est là ?
24:42Puisque vous faites référence
24:43à l'histoire,
24:44vous également,
24:44il n'y a pas que
24:45M. Fabien Roussel.
24:47Effectivement,
24:48entre 2005 et 2007,
24:49les dernières trois années
24:51du mandat de Jacques Chirac,
24:53nous avons baissé
24:54pour la première fois
24:55depuis longtemps
24:55et de façon volontaire
24:56l'enditement de la France
24:57de 67% à 62%.
24:59Et c'est vrai
25:00qu'on avait à l'époque
25:011200 milliards d'euros
25:03de dettes.
25:04Ce qui a fait dire
25:05à François Fillon,
25:06j'étais d'accord avec lui,
25:07que c'était trop.
25:08François Fillon
25:08est resté 5 ans
25:09Premier ministre,
25:10on s'en souvient,
25:11et la dette est passée
25:13de 1200 milliards
25:14à 1800 milliards.
25:16Il y a eu
25:17une petite crise financière
25:18en 2008.
25:18Il y a eu
25:18une petite crise financière
25:19en 2008.
25:20Mais voyez-vous,
25:22l'Allemagne,
25:23en 2007,
25:24Benjamin Dunamel,
25:25elle est à 67%
25:27d'endettement.
25:28La France,
25:28c'est qu'à 62%.
25:29Cinq ans plus tard,
25:31l'Allemagne
25:31est à 78%.
25:33La France est à 95%.
25:35Même crise
25:35des deux côtés du Rhin.
25:37Donc,
25:37encore une fois,
25:38chacun,
25:38je veux bien qu'on dise
25:39tout ce qu'on veut,
25:40mais au fond,
25:41derrière,
25:42il y a une chose.
25:44C'est qu'effectivement,
25:45on a laissé,
25:45on a laissé,
25:46on a été beaucoup trop laxiste
25:47sur nos finances publiques
25:48en France,
25:49et qu'il faut maintenant,
25:50c'est même pas une urgence,
25:52reliser,
25:53vous l'avez lu,
25:53évidemment,
25:54vous l'avez entendu,
25:55le discours de François Béroux
25:56sur le diagnostic,
25:57il est exact.
25:59On ne peut pas continuer comme ça,
26:00c'est plus possible,
26:013 300 milliards de dettes,
26:02désormais,
26:03je rappelle,
26:042007,
26:04on était à 1 200.
26:05sur l'urgence,
26:06Thierry Breton,
26:07et sur la façon d'y remédier.
26:09Est-ce que si on fait,
26:10l'année prochaine,
26:10dans le budget 2026,
26:1140 milliards d'euros d'économies,
26:13est-ce que ça veut dire
26:13que ça aura un impact
26:15sur la croissance ?
26:16Est-ce que ça veut dire aussi
26:17qu'il faudra,
26:17à un moment donné,
26:18que les Français,
26:19comment dire,
26:20constatent qu'on ne peut pas
26:22faire 40 milliards d'euros
26:23sans s'en prendre
26:24à leur modèle social ?
26:25Est-ce que c'est ce à quoi
26:25les Français doivent se préparer ?
26:26Certainement pas.
26:28Je le dis de la façon plus claire.
26:28Donc, c'est un dolor.
26:29Claire, certainement,
26:30d'abord, rien n'est un dolor,
26:31mais je voudrais qu'on arrête
26:33de dire aux Français
26:35qu'en permanence,
26:37tous les ans,
26:38on leur dit comme message politique,
26:40il faut que vous vous serriez
26:41la ceinture,
26:42il faut que vous fassiez
26:43des efforts.
26:44C'est terminé.
26:46La machine France,
26:47le pays France,
26:48c'est combien,
26:49Benjamin Duhamel ?
26:50Le pays France,
26:51pour le faire fonctionner,
26:52c'est entre 1 500
26:53et 1 600 milliards d'euros
26:55par an.
26:56C'est ça ce qu'on dépense
26:57pour faire fonctionner
26:58le pays France.
26:58Avec 50% de dépense.
26:59Avec 50% de dépense sociale.
26:59Attendez, attendez.
27:00Qui ont un impact direct
27:01pour les Français.
27:01J'ai juste donné pour voter
27:02les spectateurs
27:02quelques chiffres
27:03que peut-être
27:04tout le monde n'a pas en tête.
27:05Le budget de l'État
27:06pour faire fonctionner
27:07tous nos ministères,
27:08nos fonctionnaires,
27:09les rémunérés,
27:10nos armées,
27:11c'est 330,
27:12350 milliards.
27:13Le budget
27:14de la sécurité sociale
27:16qui fonde
27:17notre lien social
27:18et nos retraites,
27:19c'est 900 milliards.
27:21Trois fois plus
27:21que l'État.
27:22Donc, on dépense
27:23aujourd'hui,
27:24et je ne dis pas
27:24que c'est mal,
27:25mais on dépense
27:26aujourd'hui
27:26900 milliards
27:27pour précisément
27:29notre pacte social.
27:31Il date de quand,
27:32Benjamin Duhamel,
27:32ce pacte social ?
27:33Il date du Conseil National
27:35de la Résistance
27:37qui avait été créé
27:37en 1943.
27:40Jean Moulin
27:40en était le premier président.
27:43Et derrière,
27:44à la libération,
27:46on a fondé
27:46effectivement
27:47une promesse.
27:49Cette promesse,
27:50c'était que
27:51l'État
27:51allait s'occuper
27:53de notre sécurité
27:56sanitaire
27:57en matière de santé
27:59et de notre retraite.
28:00C'est l'État
28:00qui s'en occupe.
28:01C'est un magnifique projet.
28:03À l'époque...
28:04Qui coûte trop cher aujourd'hui ?
28:05À l'époque,
28:05Benjamin Duhamel,
28:06on rentre dans la période
28:07des 30 glorieuses,
28:09on est à 4-5%
28:10de croissance,
28:11on est dans une démographie
28:12d'après-guerre galopante
28:13et donc le système,
28:14il fonctionne
28:15jusqu'en 1981
28:16où ce système
28:18commence à s'enrier.
28:20La dette de la France
28:21en 1981,
28:22elle est de 20%
28:23par rapport au PIB.
28:24Lorsque François Mitterrand
28:25quitte le pouvoir
28:2714 ans plus tard,
28:28elle est de 53%.
28:29Parce qu'on va commencer
28:30précisément
28:31à utiliser l'endettement
28:32parce qu'on ne peut plus
28:33se payer ça
28:34pour se payer
28:34notre modèle social.
28:35Donc qu'est-ce que je dis ?
28:36Je dis qu'aujourd'hui,
28:38le Premier ministre
28:39a raison
28:40de poser
28:41cette question
28:42sur la table.
28:43Il va falloir
28:43qu'on en discute.
28:44900 milliards,
28:45nous dépensons,
28:46pour précisément
28:47et nos retraites
28:48et notre bien social.
28:49Est-ce que par exemple
28:50Thierry Bresson ?
28:51Et donc il faut
28:51maintenant s'asseoir
28:52autour de la table.
28:53Vous voyez,
28:53on parle de 40 milliards,
28:54je le dis
28:55pour nos téléspectateurs,
28:56on parle de 40 milliards
28:58sur 1 600 milliards.
28:59Est-ce que ce n'est pas faisable ?
29:01Bien sûr que oui
29:01que c'est faisable.
29:02Simplement pour prendre
29:02un exemple précis.
29:03Bien sûr que oui
29:03que c'est faisable
29:03et que ça ne doit pas être
29:05précisément
29:05un,
29:07en augmentant les impôts
29:08parce que là,
29:08on a déjà les impôts
29:09les plus élevés
29:10de tous les pays de l'OCDE.
29:11Donc ça,
29:11il faut qu'on soit là-dessus
29:12extrêmement clair.
29:13Mais deux,
29:14oui,
29:14il va falloir qu'on commence
29:15à regarder deux choses.
29:16Un,
29:17qu'on travaille mieux.
29:17Il y a tellement d'agences
29:18qu'il faut reprendre en main.
29:19Il y a tellement
29:20d'éléments
29:22que l'État fait mal.
29:23Oui,
29:24mais il y a aussi le fait
29:25qu'il va sans doute
29:26falloir aussi
29:26qu'on discute.
29:27Qu'on travaille plus longtemps.
29:28Qu'on discute,
29:29mais qu'on discute encore une fois.
29:30Oui, bien sûr,
29:31qu'on discute sur...
29:33Aujourd'hui,
29:33les Français travaillent
29:35en moyenne
29:35100 heures de moins
29:37par an
29:38que l'ensemble
29:39de la moyenne européenne.
29:40100 heures de moins par an,
29:41ça veut dire
29:42deux heures de moins
29:42par semaine.
29:43Il faut peut-être en parler.
29:45Et puis,
29:45je voudrais dire une chose
29:46qui est extrêmement importante.
29:48Derrière,
29:48il y a la responsabilité.
29:49Ce thème de la responsabilité.
29:51Autant je le redis
29:52haut et clair
29:53à votre micro ce soir,
29:55il faut arrêter
29:56de dire
29:56mais désormais,
29:57il va falloir
29:58que les Français
29:58se serrent la ceinture.
30:00C'est à l'État
30:00à se serrer la ceinture.
30:02C'est à l'État
30:02à faire le travail.
30:04Il faut des politiques derrière
30:05qui mènent ce travail,
30:07y compris
30:07qui proposent peut-être
30:08de revoir
30:09ce pacte
30:11qui avait été créé
30:12à l'issue
30:13du Conseil National
30:13de la Résistance
30:14et de faire introduire
30:16peut-être aussi
30:16de la retraite
30:18non plus uniquement
30:19par répartition
30:19mais aussi par capitalisation.
30:22C'est ce qu'il faut
30:22maintenant amener
30:23évidemment en consensus
30:24mais j'espère
30:26qu'on va le faire
30:27dans les 18 mois
30:27qui viennent
30:28et que ce sera
30:29un élément majeur
30:30du débat présidentiel
30:32qui s'annonce devant nous.
30:33Justement débat présidentiel
30:34un tout dernier mot
30:34Thierry Breton
30:35Le Monde s'est interrogé
30:37cette semaine
30:37dans ses colonnes
30:37sur l'hypothèse
30:38d'un PDG de la France
30:39pour 2027.
30:40C'était une analyse
30:41signée Claire Gatinois
30:42vous qui avez été
30:43chef d'entreprise
30:44aussi responsable politique
30:45est-ce que c'est ce qu'il faut
30:46à la France
30:47un PDG
30:48pour la France
30:49en 2027 ?
30:50J'ai été chef d'entreprise
30:52vous l'avez rappelé
30:53tout à l'heure
30:53j'ai été ministre
30:54j'ai été commissaire européen
30:55ce sont trois fonctions
30:57qui n'ont rien à voir
30:58la France
30:59c'est pas une entreprise
31:00une entreprise
31:02c'est pas un pays
31:03donc non
31:04Ça pourrait être vous
31:05le PDG de la France
31:05en 2027 ?
31:06Certainement
31:06Benjamin Duemel
31:07oui pourquoi pas
31:08mais la France
31:09c'est pas
31:10la France
31:10c'est pas
31:11une entreprise
31:12et donc
31:13quand on décide
31:15de servir
31:17l'intérêt général
31:17il faut le faire
31:19ça s'improvise pas
31:20regardez
31:21ce qui se passe
31:21quand ça s'improvise
31:22je pense que
31:23l'exemple d'Elon Musk
31:24qui s'est
31:26auto-décrété
31:28d'un seul goût
31:29homme politique
31:30du jour au lendemain
31:31je pense qu'il ne survivra pas
31:33aux 130 jours
31:34qui lui étaient réservés
31:34Mais très sérieusement
31:35sur vos ambitions
31:36à vous Thierry Breton
31:37on avait cité
31:39souvent quand il y a
31:40des changements
31:40de Premier ministre
31:41votre nom revient
31:42Non je ne l'ai pas vu
31:43en revanche
31:43j'ai vu celui de
31:44M. Michel-Edouard Leclerc
31:45c'est vrai
31:45qui ne ferme pas
31:46tout à fait la porte
31:47même si ça dépend
31:48un peu du jour
31:48où on l'interage
31:49donc vous si je vous pose
31:50la question
31:50ambition politique
31:51Elysée 2027
31:52Mes ambitions
31:53ce n'est certainement
31:53pas celle-là
31:54c'est au contraire
31:54de continuer à éclairer
31:55nos concitoyens
31:56c'est vrai
31:56dans un monde
31:57de là où je peux
31:58dans un monde
32:00qui est
32:01on l'a vu
32:02au cours de notre entretien
32:03assez incertain
32:04qui est
32:06à l'a vu
32:07à l'a vu